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27 septembre 2025
L’ÉTAT PROCÈDE À LA VENTE DES APPARTEMENTS "EDEN ROC" DE BIBO BOURGI
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) avait, dans son arrêt du 23 mars 2015, condamnant Karim Wade et Cie, ordonné la confiscation de plusieurs biens meubles, immeubles, divis et indivis*.
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) avait, dans son arrêt du 23 mars 2015, condamnant Karim Wade et Cie, ordonné la confiscation de plusieurs biens meubles, immeubles, divis et indivis*.
C’est dans ce cadre qu’ont été confisqués les appartements "Eden Roc" de Bibo Bourgi, un des co-accusés de Karim Wade dans le procès dit des biens mal acquis.
Alors au nombre de 24, lesdits apparemments sont situés au centre-ville de Dakar, précisément sur la corniche Ouest, entre l’hôtel Sokhamon et l’Ambassade de Suisse. « Aux termes des dispositions de l’article 21 de la loi numéro 76-66 du 2 juillet 1966 portant Code du domaine de l’Etat, modifiée, ces biens entrent d’office dans le domaine privé de l’Etat », mentionne-t-on dans le communiqué de presse de la Direction générale des Impôts et Domaines.
Mieux, le document indique qu’après « l’accomplissement de toutes les formalités requises, la commission de contrôle des opérations domaniales a, en sa séance du 20 avril 2017, émis un avis favorable pour la vente des appartements "Eden Roc". Le directeur des Domaines est chargé d’y procéder ».
A cet effet, mentionne-t-on dans le document, il est porté à la connaissance du public que la mise en vente débutera le mardi 21 juillet 2020 et sera clôturée le mardi 28 juillet 2020. Une visite des lieux sera organisée le jeudi 23 juillet 2020. Avis aux potentiels acquéreurs...
* Dans une copropriété divise, le propriétaire détient la totalité de l’unité dans laquelle il habite et une partie des parties communes, appelée quote-part. En copropriété indivise, les propriétaires détiennent ensemble la totalité de l’immeuble et profitent d’un usage exclusif de leur appartement.
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LA DÉCOLONISATION DES ESPRITS EST FONDAMENTALE
La question des langues est essentielle. Les Africains doivent se départir du complexe du colonisé en quête permanente de l'aval de l'Occident. Le travail de Boubacar Boris Diop à travers l'écriture wolof est remarquable - ENTRETIEN AVEC NGUGI WA THIONG'O
Entretien avec le célèbre écrivain kenyan, Ngugi wa Thiong'o.
L'auteur de "Decolonising the Mind : the Politics of Language in African Literature" publié en 1986, parle des rapports de domination entre les différentes langues. Selon le romancier, celui qui ne parle pas sa langue maternelle ou la langue de chez lui, est tout bonnement assimilable à un esclave. Car, ajoute-il, la langue en tant qu'outil de transmision des cultures, participe à la colonisation fortement à la colonisation des esprits.
Ngugi wa Thiong'o encourage donc ses pairs écrivains à promouvoir les langues africaines, à l'instar de Boubacar Boris Diop dont il salue le travail d'écriture et de traduction en wolof.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
SALUT L’ARTISTE !
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec la pandémie, la culture a été atteinte au cœur de toutes ses activités. Les artistes ont perdu de la ressource matérielle mais pas ce supplément d’âme qui les pousse à faire parler leur cœur
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 18/07/2020
A la différence de la maladie à coronavirus, la culture est exposition, vernissage, confluence, promiscuité, rapprochement. La Covid est implosion, confinement, distanciation, méfiance, éloignement. La culture est liberté, appel du grand air, élan vers l’autre. La Covid est repli sur soi, internement, masque, barrières contre l’autre.
La culture est une affaire publique, en osmose avec la masse, parle le langage des masques, vit par et pour les autres. Le virus est une menace, crée la peur et la panique, frappe aveuglément, tue celui qui est le cœur même de la culture : l’homme. Il empêche le bonheur partagé dans les rassemblements et regroupements.
La culture, c’est le temps des accolades et de l’insouciance joyeuse. La pandémie oblige à rester sur le qui-vive, à mimer l’affection et la poignée de mains, ce rituel de nos civilisations. Elle limite les joies et les émotions. La culture est le condensé de nos valeurs communes. La Covid-19 pointe nos faiblesses et les frontières de notre savoir, limite nos capacités de mouvement, réduit notre ardeur au travail.
La culture c’est aussi bonne franquette, bonne chère, bonheur intégral, oubli de soi. Elle réunit. Elle est bonté et beauté. Rien que le nom de la pandémie transporte le malheur dans son train de restrictions. La culture, c’est, dit-on, ce qui reste quand on a tout oublié. Le virus c’est ce qu’on ne peut oublier tant qu’il reste.
L’expression artistique, musicale, cinématographique, photographique ou autre, a l’ambition de faire tomber les masques. Son projet ultime est de montrer l’homme tel qu’il est et non tel que le virus voudrait qu’il fût.
Suspension des sorties nocturnes
Culture et pandémie n’ont jamais fait bon ménage. La première, bien qu’immatérielle, souffre du malheur que la seconde fait abattre sur le monde. Frappée dans ses différentes composantes, la culture a été atteinte au cœur de toutes ses activités : musées, salles de cinéma et établissements de nuit fermés, concerts interdits. Conséquences : Sorties nocturnes suspendues.
Habitués à côtoyer la misère humaine, reflet du bonheur parfois éteint chez l’homme, les artistes reproduisent, à leur manière, la réalité du monde. Ils ont plié mais n’ont pas rompu, initié des actions pour maintenir l’espoir en dépit des innombrables pertes en vies humaines dont celles de célébrités de leur univers. Leur génie créateur est resté actif. Avec l’aide des prodiges du numérique, ils se sont évertués à redonner espoir à tous ceux qui commençaient à désespérer de la vie.
En dehors du huis clos nécessaire avec la muse qui inspire le créateur, le fait culturel repose sur une audience, des spectateurs, des critiques, des amateurs, des connaisseurs et des mécènes. Avec les moyens et le style qui leur sont propres, les musiciens, au nom de leurs pairs artistes, se joignent au chœur des ennemis de l’ennemi invisible. Ils investissent le champ de bataille avec leurs outils habituels, engagent leur talent au profit des causes de l’humanité.
Sans nouvelles munitions car utilisant les mêmes armes. Des armes ? Elles ont pour noms : amour, protection de notre monde, refus des excès de nos habitudes de citadins parvenus. Nous aimons leurs paroles, sommes sensibles à leur mélodie et admiratifs de leur talent mais ignorons parfois leurs conseils discrets.
Lanceurs d’alerte
Malgré notre silence, parfois notre indifférence, ils poursuivent, avec persévérance, leur mission d’éveilleurs de conscience et de lanceurs d’alerte. Leurs recommandations, véritables antidotes, avant les guerres, les épidémies et nos dérapages d’hommes imprudents nous font regretter de n’être perméables bien souvent qu’à nos distractions hédonistes et indifférentes aux leçons qui éduquent et guident dans la vie.
Pas de restriction pour les artistes devant l’amour, « le lait de la tendresse humaine », selon la magnifique expression de Shakespeare pour abreuver de plaisir les habitants de notre planète dans quelque hémisphère qu’ils se trouvent. Aujourd’hui, comme hier, leurs messages sont identiques, et ne sont muets ni surpris devant les douleurs de notre temps.
A défaut de pouvoir exercer leur art en communiant avec un public réel, ils ont exploité la magie du virtuel et nous ont donné des moments d’intense bonheur. Comme ce concert planétaire imaginé par Lady Gaga le 18 avril dernier, et celui produit sur le continent à l’occasion de la journée de l’Afrique le 25 mai. Il y a de la noblesse dans ces deux initiatives car elles sont dédiées aux autres.
Ces grands événements n’ont pas occulté l’engagement et l’apport des nombreux peintres, acteurs, réalisateurs, metteurs en scène, musiciens qui nous ont fait partager de grands moments de joie depuis leur confinement. Grâce à eux, nous avons un temps oublié nos angoisses et surtout réalisé que notre espèce est éternelle. D’autres artistes, localement, ont participé à des activités de sensibilisation et d’éducation des citoyens.
Supplément d’âme
Pourtant la culture a été touchée de plein fouet par la pandémie et beaucoup de ceux qui en vivent ont vu tarir leurs sources de revenus. Ils ont perdu de la ressource matérielle mais pas ce supplément d’âme qui les pousse à faire parler leur cœur en allant vers les autres. Ils se sont consacrés à leurs contemporains, en particulier aux aides-soignants et à des populations africaines démunies dont certaines nourrissent encore des doutes sur la réalité de la Covid-19.
Autour de l’artiste américaine, Lady Gaga, l’ex-Beatle Paul Mac Cartney, le talentueux Elton John, le monument Stevie Wonder et bien sûr la bande des inusables Rolling Stones, Mike Jagger en tête, monstres sacrés qui suscitent l’extase chez les fans, ont égayé nos périodes de masque, de distanciation physique. Ils ont soutenu des malades, qui sans eux, auraient difficilement été pris en charge par les médecins.
Dans cette démonstration de solidarité et de compassion, les stars africaines n’étaient pas en reste et ont pris le relais, à l’initiative de l’animateur-producteur Amobe Mevegue et sous la houlette de Youssou Ndour avec leur ainé Salif Keita ainsi que l’idole des jeunes, Fally Ipupa.
A côté de ces musiciens de renom, tant d’autres vedettes comme Angélique Kidjo, Didier Awadi, Magic System, Sidiki Diabaté,Oumou Sangaré, Ziza, Fanicko, Tiken Jah Fakoly, Femi Kuti, Zeynab ouBebi Philip ont donné leur temps, leur talent et leur énergie pour convaincre de l’existence de la Covid-19.
Destin unique
Le Guadeloupéen Jacob Devarieux, du Kassav, a ajouté sa note à l’adresse de l’Afrique et de sa diaspora pour dire et redire que pire qu’une maladie, la Covid-19 est une pandémie.
Tous ces artistes engagés savaient que de son repos éternel, leur inoubliable doyen Manu Dibango veillait, outre-tombe et les encourageait avec son inimitable voix de stentor.
Sur les traces de leurs devanciers, les musiciens africains ont magnifié notre unicité de destin sur cette planète. Global World et WAN, l’ont mis en exergue. « Together as one » (Unis comme un. Même monde que nous sommes, représentons et habitons).
Ils ont marché dans les sillons tracés par les initiateurs de l’élan de solidarité lancé à travers « We are the World» par Michael Jackson, Diana Ross, Lionel Richie, sans oublier Stevie Wonder, le regretté Ray Charles et naturellement le maître d’œuvre, Quincy Jones.
Tous s’étaient unis en 1981 pour alerter le monde d’une terrible famine dans la Corne de l’Afrique, plus particulièrement en Ethiopie, en détresse absolue. C’est ce même idéal de solidarité humaine qui inspirera quatre ans plus tard le gigantesque double concert de LIVE AID 1985 en même temps au stade de Wembley à Londres et à Philadelphie sous la houlette de l’anglais Bob Geldof et d’autres grands noms de la musique mondiale.
Dans le même stade mythique de la capitale britannique, en 1988, des artistes de tous horizons, toutes races et religions confondues, se sont retrouvés pour dire non au régime ignominieux de l’Apartheid et exiger la libération de Nelson Mandela, entré comme un géant dans la légende.
Ce rassemblement célébrait en même temps les 70 ans du héros de la lutte pour l’égalité des races. Et aussi réveillait les puissants de notre époque sur une injustice. Objectif atteint le 11 février 1990 avec la libération de Madiba et célébré, au même endroit, le 16 avril de la même année.
A la différence du cas de Mandela, médiatisé à juste titre, des millions de femmes, d’hommes et d’enfants ont partagé des sorts identiques dans l’anonymat. La musique a permis de les replacer sous la lumière de l’histoire.
Les artistes, tous genres d’expression confondus, ont toujours épousé les causes de notre temps faisant fi des barrières artificielles érigées par les fractures de l’histoire.
Citoyens d’une planète en perte de repères, ils ont choisi la mission d’être, à leur façon, des relais de la sublime ode à l’amour de l’immense poète et penseur pakistanais Mohamed Iqbal :
« Apparais ô cavalier du destin,
Apparais ô lumière de l’obscur royaume du changement,
Apaise le tumulte des nations,
Enchante nos oreilles avec la musique
Lève-toi et accorde la harpe de la fraternité ».
Dostoïevski avait raison : « la beauté sauvera le monde ».
AU MALI, LES PROTESTATAIRES DISENT NON À LA CEDEAO
Le mouvement de contestation a rejeté samedi un compromis proposé par la médiation ouest-africaine et prévoyant le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keita dit "IBK", dont il continue de réclamer la démission
Menée par l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan, l'équipe de médiation dépêchée mercredi au Mali par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a de nouveau rencontré vendredi soir le Mouvement du 5-Juin (M5-RFP), l'alliance qui défie le pouvoir dans la rue.
Dans un climat d'exaspération nourrie depuis des années par l'instabilité sécuritaire liée aux violences jihadistes et intercommunautaires dans le centre et le Nord du pays, le marasme économique ou une corruption jugée endémique, la troisième grande manifestation à l'appel du M5-RFP, le 10 juillet, a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako.
"La délégation du M5-RFP se démarque des propositions de solutions de la Mission de la Cédéao qui ne correspondent absolument pas aux aspirations et attentes exprimées par le M5-RFP et portées par l’écrasante majorité du peuple malien", a signifié le mouvement dans un communiqué à l'issue de la réunion qui s'est achevée dans la nuit.
Samedi, Goodluck Jonathan a assuré à la presse que les négociations n'avaient pas échoué et que la médiation poursuivrait son travail.
Vendredi soir durant la réunion, la médiation de la Cédéao qui tente d'empêcher que la crise politique au Mali ne s'aggrave encore et d'éviter une nouvelle effusion de sang, a proposé un plan de sortie de crise en plusieurs points, selon le M5-RFP.
Selon le mouvement, ce plan prévoit expressément le maintien du président Keïta dans ses fonctions, ainsi notamment qu'une recomposition de la Cour constitutionnelle - qui a fait déborder la colère en invalidant une trentaine de résultats des législatives de mars-avril -, un réexamen du contentieux électoral et un gouvernement d'union nationale.
"Ces propositions ont réduit tout notre combat à des questions électorales", a regretté devant la presse Choguel Maiga, un des dirigeants du M5-RFP, alliance hétérogène de chefs religieux et de personnalités du monde politique et de la société civile.
Lors de cette réunion, le M5-RFP a "réitéré ses demandes (...) notamment la démission" du chef de l'Etat, mais la Cédéao a fait savoir que cette exigence était "pour elle une ligne rouge", poursuit le mouvement dans son communiqué.
Selon le M5-RFP, les propositions de la médiation sont identiques à celles déjà formulées par le chef de l'Etat et qu'il a déjà rejetées.Elles "ne tiennent aucunement compte du contexte socio-politique et des risques majeurs que la gouvernance de Ibrahim Boubacar Keïta fait peser sur l’existence même du Mali en tant que Nation, République et démocratie".
"Cette exigence de démission est fondée sur l’incapacité avérée de M. Ibrahim B. Keita à redresser le Mali, sa gouvernance ayant conduit à la perte de l’intégrité territoriale et à la dislocation de l’unité nationale, sa perte de légitimité, les violations graves des droits et libertés, et plus récemment les massacres perpétrés (...) contre des manifestants aux mains nues", poursuit-il.
Les trois jours de troubles de juillet, marqués par des saccages et des affrontements entre lanceurs de pierres et forces de sécurité tirant à balles réelles, ont fait onze morts selon les autorités, 23 selon le M5.
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LES DERNIÈRES HEURES D'ADAMA TRAORÉ
Le 19 juillet 2016, à la gendarmerie de Persan, Adama Traoré gît, inanimé. Il est 19 h 05 quand le médecin déclare son décès. Depuis, au gré des expertises contestées et des témoignages contradictoires, cette affaire judiciaire ne s’est jamais refermée
Que s'est-il passé le 19 juillet 2016, jour de la mort d'Adama Traoré ? Une enquête vidéo du Monde.
Le 19 juillet 2016, dans la cour de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, Adama Traoré gît, inanimé. Il est 19 h 05 quand le médecin du SAMU appelé sur place déclare son décès. Depuis, au gré des expertises contestées et des témoignages contradictoires, cette affaire judiciaire hors norme ne s’est jamais refermée.
Grâce à l’analyse des images de vidéosurveillance, au recoupement des échanges radio des forces de l’ordre, aux récits de témoins et à des simulations 3D, l’équipe vidéo du Monde, en partenariat avec le collectif d’experts Forensic Architecture, a reconstitué les deux heures critiques qui ont précédé la mort d’Adama Traoré.
LA SÉRIE MAÎTRESSE D'UN MARIÉ A LE MÉRITE DE FAIRE BOUGER LES LIGNES
Journaliste culturelle et critique de cinéma, Oumy Regina Sambou a atterri sur le plateau de la série à succès ‘’Maitresse d’un homme marié’’. Son rôle de femme célibataire, exigeante, voulant le meilleur pour sa sœur Dalanda, a fait jaser. Entretien
Journaliste culturelle, bloggeuse et critique de cinéma, Oumy Regina Sambou a atterri sur le plateau de la série à succès ‘’Maitresse d’un homme marié’’. Son rôle de femme célibataire, exigeante, voulant le meilleur pour sa sœur Dalanda, a fait jaser. ‘’EnQuête’’ a voulu mieux connaitre l’actrice qui, dans cet entretien, invite le public à en tirer des leçons de vie.
Comment avez-vous vécu cette deuxième saison de ‘’MDHM’’ ?
Pour moi, ce fut une très belle expérience. J’ai eu l’occasion, à plusieurs reprises, d’aller sur un plateau de tournage, surtout quand il s’agit de cinéma. Mais, à chaque fois, je n’ai pas pu avoir le temps de me lancer. Cette fois-ci, c’est le cas avec ‘’Maitresse d’un homme marié’’. Tout est parti d’un délire, d’une boutade et je me suis retrouvée sur un plateau à devoir jouer un rôle.
En fait, je regardais la saison 2 et Tahirou m’énervait tout le temps. J’ai commencé à dire à Kalista, qui est une amie, qu’il fallait que je vienne jouer. Et je n’arrêtais pas de le dire sans vraiment me prendre au sérieux. Je ne savais pas que Kalista allait me prendre au sérieux et un beau jour, elle m’envoie un e-mail et me dit : ‘’Tu tournes demain.’’ J’étais surprise, mais en même temps je me suis dit : je lui fais confiance, je sais que nous avons les mêmes critères, nous avons le même niveau d’exigence. On se côtoie professionnellement depuis 2009. Donc, il y a une relation de confiance qui s’est établie. Je me suis dit que si elle croit que je peux le faire, donc je n’ai pas de raison de douter. Et c’est comme ça que je me suis retrouvée sur le plateau, en pleine épidémie de coronavirus avec le couvre-feu et autres contraintes.
Justement, quelle a été l’ambiance, dans un contexte de crise sanitaire ?
Vous pouvez imaginer dans quelles conditions le tournage se passait. L’équipe était restreinte, pour respecter les consignes sanitaires, les mesures barrières, parce qu’il y avait même des distributions de masques. Quand on arrivait, il fallait faire très attention lors du maquillage, tout le monde devait avoir son masque, le gel. Cela n’a pas du tout était facile et pour moi, c’est cela l’une des plus grandes choses qui m’ont marquée dans ce tournage, parce qu’à aucun moment dans la série, on ne parle de coronavirus. Et cela, je pense, c’est un choix, dans la mesure où la série, quand même, est intemporelle et il ne fallait pas aussi que cette pandémie apparaisse trop pour ne pas stresser les gens. C’est peut-être également ce qui fait que les gens oublient qu’à cause de la pandémie, il y a beaucoup de choses qui ont dû être changées parce qu’il y a une différence entre ce qui était prévu sur le programme et ce qui a été effectivement fait. Tout le tournage s’est déroulé à Dakar.
Or, on a bien vu que dans la première saison, les gens bougeaient beaucoup. Dans la deuxième, personne n’a pu bouger. On était donc obligé de faire preuve d’une certaine ingéniosité pour trouver les locaux et parfois en raison de la maladie, les lieux où on devait tourner étaient fermés. Parfois, il a fallu négocier. Aussi, il y a beaucoup de scènes où il devait y avoir énormément de figurants, mais cela n’a pu être possible. C’est le cas de la scène du baptême où, si c’était en temps normal, il y aurait une fête plus grande que ça, avec un bon nombre de figurants. Imaginez, même les funérailles de Bakary Sagna, qui allaient être un grand événement en temps normal, mais à cause du coronavirus ça n’a pas été le cas. J’ai assisté à la réalisation d’une série et je ne perds pas de vue qu’un plateau de tournage, habituellement, ne doit pas être comme ça. C’est beaucoup plus animé d’habitude, et pour moi c’est une grosse prouesse ce qu’ils ont réussi à faire.
Mais le public n’a pas été informé de toutes ces contraintes…
Je pense que la production a choisi de se taire sur cet aspect. On a continué à tourner pour vraiment montrer une vie normale, histoire de ne pas tomber dans le stress ambiant.
Votre rôle a essuyé pas mal de critiques. Parfois, des paroles assez dures, des insultes. Comment avez-vous géré tout cela ?
Personnellement, cela m’a tellement fait rire. En fait, ce que je dis, c’est que, si ce n’était pas à cause de mes amies, ma famille, mes proches qui m’appellent tout le temps pour me dire de ne pas réagir, j’allais mener le débat (rires). Mais vraiment, j’ai adoré le rôle. Je me suis amusée, parce que dans la vraie vie, j’aurais pu avoir ce rôle (rires). La fille qu’on voit fait focus sur ses objectifs. On lui a parlé de divorce, elle n’a même pas cherché à faire la médiation. Ce n’est pas son problème. Après, au fur et à mesure des choses, le personnage évolue et c’est cela aussi le travail avec Kalista. On ne sait jamais, à l’avance, comment le personnage évolue. On reçoit toujours les documents à la veille du tournage.
Donc Regina, on voit que c’est une personne qui a un bon fond et qui considère que sa nièce (parce que c’est la tante de Dalanda dans la série) méritait plus qu’un homme comme Tahirou et la suite lui a finalement donné raison. Quand on vous critique, c’est parce que vous faites les choses pour autrui et vous les faites bien. Lorsque vous ne faites rien de bon, personne n’en parle, personne ne vous calcule. Mais quand vous en arrivez à vous faire détester à cause d’un rôle, c’est que vous jouez bien. J’ai reçu des messages d’amis me disant ‘’Je t’assure que si je ne te connaissais pas avant la série, j’allais te détester naturellement’’ (rires). Il y a ma grande sœur et ses amies qui me disent que parfois elles ont juste envie de me donner une claque quand elles suivent la série. Même dans la rue, c’était assez amusant aussi avec les réactions des gens qui viennent discuter, échanger et me demander pourquoi je tiens tant à les faire divorcer. C’était vraiment une belle expérience pour moi.
Tout comme la première saison, ‘’MDHM’’ a réussi à scotcher le public avec la saison 2. Comment expliquer un tel succès ?
C’est dans la droite ligne du retentissement de la première saison. Cette série a le mérite de faire bouger les lignes, de mettre sur la place publique des sujets quasi-tabous, ce dont on ne parle pas trop dans notre société sénégalaise actuelle. On vit dans un pays où la polygamie est légalisée et donc les gens se disent que même si vous signez monogamie, cela ne vous engage à rien. Tout en sachant aussi que personne ne va laisser une femme ester en justice contre son mari pour bigamie. Ce dont les hommes ne se privent pas. Ils se marient sans même que le divorce ne soit prononcé. Mais qu’une femme le fasse, c’est une totale aberration. Comme je dis souvent, ‘’Maitresse d’un homme marié’’ a le mérite de montrer les humains tels qu’ils sont. Au Sénégal, dans les productions audiovisuelles, on a tendance à blâmer les femmes. On voit toujours un bon samaritain qui lui montre la voie de la rédemption, alors que ‘’Maitresse d’un homme marié’’ vient mettre tout le monde dans un même paquet. Si la société est dégoutante, on est tous responsable et c’est un message qui a du mal à passer. Moi, je ris quand je vois des gens qui disent que ‘’MDHM’’ est une série qui diabolisent les hommes. Mais dans cette série, on oublie aussi que les femmes sont cash. Quand elles veulent quelque chose, elles se battent pour l’avoir coûte que coûte. Elles ne calculent même pas les impacts que cela peut avoir sur la vie des gens. Vous prenez tous les personnages, ils sont tous comme ça. Cela traduit cette forme d’égoïsme dans notre société qu’on a tendance à ériger en règle. Ce serait bien que chacun se mette dans la peau d’un des personnages et voit réellement l’impact des faits et gestes qu’il pose.
Ce retentissement est aussi africain…
Tout à fait. Je ne me souviens pas d’une série sénégalaise qui a eu autant de succès. On se souvient de ‘’Tundu wundu’’ d’Abdoulahad Wone qui avait été primé au Fespaco, qui a eu un succès sur le plan international. Mais le réalisateur me disait un jour que certes il en était fier, mais ‘’Tundu wundu’’, en ayant un succès international, a perdu son public local. Ce qui n’a pas été le cas de ‘’Maitresse d’un homme marié’’. La série a gardé son public local et a su fédérer un public international, parce que la problématique que Kalista a choisie est transversale, elle interpelle toutes les femmes, peu importe le pays. La principale histoire est celle de la polygamie qui est un débat dans plusieurs pays. En Côte d’Ivoire, on parle de la légaliser ou non.
On voit que la plupart des autorités sont polygames, mais ce n’est pas légal. En Guinée également, les gens sont confrontés à ce genre de problème. Et là, la série parle de la polygamie, mais elle n’est pas dans le jugement, c’est ce que les gens ne comprennent pas toujours en faisant un procès à Kalista, alors qu’elle n’en fait pas. Elle parle de choses qui la passionnent, des choses qu’elle a vues, connues et elle en a fait un film. Maintenant, à chacun d’en prendre et d’en laisser, de choisir ce qui lui parle, ce qui peut lui servir de viaduc afin d’éviter de commettre les mêmes erreurs que certains personnages.
DAKAR, ORPHELIN DE SON COEUR BATTANT POUR DEUX ANS
Le marché Sandaga, patrimoine historique et haut lieu du commerce informel au Sénégal, est aujourd’hui dans un état de délabrement dangereux. Sa réhabilitation ne déplaît pas mais les occupants attendent de savoir où ils seront recasés
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 18/07/2020
À quelques centaines de mètres du Palais de la République et de l’Assemblée nationale, le marché Sandaga, patrimoine historique et haut lieu du commerce informel au Sénégal, est aujourd’hui dans un état de délabrement dangereux. Sa réhabilitation ne déplaît pas mais les occupants attendent de savoir où ils seront recasés, et s’ils pourront revenir.
À 56 ans, Sokhna Fall est une femme dynamique établie au marché de Sandaga depuis plus de dix ans.
Vendeuse de salades, de tomates, de persil chinois et autres légumes frais, elle ne semble pas abattue par la décision du gouvernement sénégalais de fermer provisoirement le lieu pour réhabilitation. Au contraire.
«L’initiative des autorités doit ravir tout le monde car ce marché porte une part de notre histoire. Le voir chaque matin dans cet état délabré me met mal à l’aise, c’est inadmissible. En plus de sa vétusté et des risques d’accident, des malfaiteurs y font régner leur loi en toute impunité… Cette décision est celle qu’il fallait prendre», dit-elle à Sputnik.
Le marché Sandaga était l’une des destinations préférées des Dakarois. Mais ils vont devoir s’habituer à ne plus y mettre les pieds pour une durée d’au moins deux ans. De même que les touristes européens, asiatiques, américains, etc. Ce haut lieu du business local va être fermé pour réhabilitation. Après plusieurs reports dus aux refus des occupants de partir, le Président Macky Sall s’est montré déterminé et a fixé un ultime délai au lendemain de la Tabaski (fête du sacrifice du mouton) prévue en fin juillet.
«La modernisation de Sandaga (se fera) à travers un projet qui prend en compte les caractéristiques du patrimoine historique. Le Sandaga nouveau aura la forme et les contours d’un bâtiment historique reconstruit avec une mezzanine et un parking en sous-sol, un rez-de-chaussée, 949 étals dédiés aux vendeurs de légumes, fruits, poissons et autres denrées, un niveau supérieur et une terrasse», écrit le Bureau d’information gouvernemental (BIG) sur son site.
La saison 2 de ‘’Maitresse d’un homme marié’’ a pris fin lundi, à la grande surprise de son public. Toutefois, certaines réalités de terrain ont pesé sur la balance.
Les rideaux sont tombés, les lumières éteintes. La série culte sénégalaise, africaine fait une pause difficilement acceptée par ses fidèles téléspectateurs. Déjà, l’annonce, la semaine dernière, d’une fin de saison a suscité colère chez certains, tristesse chez d’autres. Un goût d’inachevé chez cette catégorie de personnes qui a fini de complètement l’intégrer dans son quotidien. Ce n’est pas Fatima Hann qui dira le contraire.
La jeune étudiante en 5e année de médecine, fraichement mariée, ne s’en remet pas. ‘’Je comptais les jours entre le lundi et le vendredi, tellement j’avais hâte de suivre le prochain épisode. Au début, je croyais que c’était juste une rumeur cette fin de saison, mais non. Ça été brusque, il y a beaucoup de suspense et en fait, ‘MHM’ fait partie de nous (rires)’’, confie-t-elle sur un ton à la fois chaleureux et triste. Fatima est de ceux-là qui, après un bon bain le soir, se plonge dans l’univers de ‘’Maitresse d’un homme marié’’ sur Youtube, allongé, écouteurs dans les oreilles. ‘’Cette série va beaucoup me manquer’’ murmure-t-elle.
Ce que les fans de ‘’MHM’’ adulent le plus, c’est le fait que tout le monde se retrouve dans cette série. En d’autres termes, chacun ou chacune arrive à s’identifier à un personnage. ‘’J’avoue qu’au début, lors de la première saison, j’avais beaucoup d’appréhensions. Je me disais que ‘MHM’ a copié sur les comportements européens, quand j’ai vu le jeu de Marème. Mais après cinq épisodes, mon regard a complètement changé. La série révèle au grand jour notre quotidien, tout ce dont on a peur en tant que femme. Tout ce qu’on ne dit pas. En tout cas, vivement la troisième saison’’, souhaite pour sa part Dieynaba Sarr, la trentaine, exerçant dans une agence immobilière de la place. Ayant opté pour le port du voile, elle a ‘’adoré’’ l’entrée d’Anthia (également voilée) l’amie de Dalanda, dans la deuxième saison.
A côté des femmes accros à la série, il y a des hommes qui ne ratent aucun épisode. Pour certains, ‘’MHM’’ les aide à comprendre les femmes. Pour d’autres, la beauté des actrices attirent et imposent le respect. De l’avis de Moustapha Guèye, Marodi et ses acteurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. ‘’ Ce que j’ai le plus aimé, c’est la mise en valeur de nos tenues africaines. ‘MHM’ est un mélange de tradition et de modernité si bien agencé. Je n’approuve pas tout, comme par exemple le comportement de Dalanda, mais je dois reconnaitre que l’équipe est très talentueuse’’, affirme le jeune entrepreneur. Il estime d’ailleurs qu’aucun homme ne devrait signer la monogamie pour plus de ‘’sécurité’’.
‘’Une production obéit à des normes’’
Si cette fin est mal digérée, il se trouve que la production avait établi, dès le départ, le nombre d’épisodes de la deuxième saison. ‘’Aujourd’hui, je pense que c’est Marodi qui est plus habilité à répondre à cette question de fin de saison. La pandémie n’a rien à voir avec le nombre d’épisodes de cette saison. Depuis la première saison, on savait que la saison compterait 32 épisodes. Une production obéit à des normes. Une maison de production peut décider de faire 200, 10 ou 20 épisodes. Cela n’est pas de mon ressort. Aussi, pour passer d’un produit à un autre, il faut marquer une pause. On a fait 32 épisodes. On est arrivé à un moment où on s’arrête pour repartir de plus belle et de poser des actes qui vont nous permettre, demain, si on veut revenir, de le faire avec quelque chose de concret’’, explique la scénariste de la série, Kalista Sy.
Cette année, l’impact a été encore plus ressenti. Entre ceux qui ont dénoncé une diabolisation de la gent féminine, les scènes ‘’choquantes’’ et ces femmes qui ont vu à l’écran l’histoire de leur vie, les fans s’accordent sur le fait que ‘’MHM’’ pousse à la réflexion, parfois sans qu’on ne s’en rende pas compte. Les préjugés d’hier ont laissé place à la curiosité et ensuite à l’analyse de chaque situation. Force est de constater que le personnage de Dalanda a marqué les esprits. Elle représente la femme posée, à fort caractère, émancipée. La jeune dame ose dire ce qu’elle pense, ce qu’elle veut, mais surtout ce qu’elle ne veut pas. Et pour d’autres, celle qui fait la grosse tête. Une attitude bien rare dans les ménages sénégalais où la femme choisit souvent d’endurer et de subir pour ne pas être mal vue. Au Sénégal et même partout en Afrique, le regard de la société pèse lourd, encore plus quand on nait femme. ‘’MHM’’ a su aborder, de manière audacieuse, la condition féminine sous toutes ses facettes. Djalika, Mamy, Racky, Marème, Amsa, Lala… racontent chacune une histoire particulière. Le rapport au mariage, l’indépendance financière, le choix de vie, la famille, le travail sont autant de thèmes mis sur la table sous différents angles, pour inviter à une introspection. Autant de sujets communs aux Africains qui ont fait vibrer plusieurs pays. De la Côte d’Ivoire, du Congo, du Cameroun, du Tchad, du Niger… et bien d’autres.
Les internautes entre félicitations et tristesse
Malgré les nombreuses critiques parfois salées, de nombreux internautes arrivaient à capter le ou les messages que contient chaque épisode. Selon la réalisatrice, ‘’il y a eu plus de vues pour cette saison 2 avec au moins deux millions par épisode, alors qu’à la saison 1, on était à un million et quelques. Là, on a franchi la barre de deux millions. Donc, cela veut dire que la communauté s’est beaucoup agrandie. On a une communauté très dense qui est là’’.
De son point de vue les critiques font partie du métier. ‘’Chacun son travail. Moi, je suis dans la création et le public est dans son rôle d’aimer ou de ne pas aimer un produit. Il ne faut pas refuser qu’on vous critique’’, ajoute-t-elle.
Dans le dernier épisode de la saison 2, publié lundi dernier, les commentaires continuent de pleuvoir. ‘’Sincèrement, c’est la meilleure série africaine que j’ai regardée depuis que je suis née. Même si c’est en wolof, on va tous apprendre’’, écrit Omayorah Baya Nour. ‘’En tout cas, je m’incline, chers frères et sœurs sénégalais. C’est l’Afrique qui gagne. Recevez les bravos de la RDC. J’attends impatiemment la saison 3. Félicitations à vous les acteurs. Et à la chaine de diffusion, vous faites un bon et grand boulot. Vraiment chapeau’’, applaudit Grâce Kayembe. ‘’Waouuh ! Vous avez tapé fort Marodi ! Je suis impatiente pour la saison 3’’, félicite Anta Guèye. ‘’L’instrumental me donne toujours autant de frissons. Je suis secouée par les rebondissements. Que de grands acteurs ! Et une grosse pensée à toute l’équipe derrière, invisible, mais indispensable. Vivement la saison 3 !’’, s’impatiente Célestin Kouao.
Mais tous les commentaires ne sont pas positifs. ‘’Franchement, c’est n’importe quoi la fin. Les scénarios sont pires’’, se désole Béber Daurado.
‘’On avait des doutes, des peurs’’
Pourtant, les choses n’ont pas du tout été faciles derrière la caméra. ‘’Au début de la pandémie, on avait des doutes, des peurs. On se demandait si ce projet qui venait de démarrer allait se terminer et on a réfléchi, vu qu’il y avait un couvre-feu à respecter. On a déployé une stratégie pour pouvoir continuer le travail en respectant bien sûr les mesures de protection avec des masques qui étaient disponibles pour l’équipe technique, pour les acteurs. Un thermo-flash pour mesurer la température, des gels. A chaque fois qu’on tournait dans un endroit où il y avait de l’eau, on demandait aux gens de privilégier le lavage des mains. Tout ceci nous a permis de pouvoir continuer le travail.
La difficulté, c’était au niveau du décor où on avait des limites. On ne pouvait pas tourner en extérieur. On ne pouvait pas tourner la nuit. Il fallait forcément finir avant le couvre-feu et que tout le monde soit chez lui. On s’est déployé, on a réduit nos équipes, mais on a continué le travail et ça été une très belle leçon de vie qui nous appris à revoir notre manière de travailler, à aller droit au but et d’être encore plus inventif et de donner à chaque fois du contenu aux Sénégalais et à toutes les personnes à travers le monde qui étaient confinés’’, confie Kalista.
ÉPREUVES PHYSIQUES AU BAC, TALLA CORRIGE HANN
L’épreuve d’éducation physique et sportive aura finalement lieu lors de la session du Bac et est prévue dès jeudi prochain. Une volte-face qui risque une nouvelle fois de perturber le calendrier scolaire.
L’épreuve d’éducation physique et sportive aura finalement lieu lors de la session du Bac et est prévue dès jeudi prochain. Une volte-face qui risque une nouvelle fois de perturber le calendrier scolaire.
Cette reprise des cours est décidément pleine de rebondissements. Alors que le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri) avait pris un arrêté, le 25 juin dernier, pour annoncer que l’épreuve d’éducation physique et sportive est suspendue pour cette session du Bac, les candidats seront finalement évalués dans cette matière.
Dans un arrêté pris ce jeudi, le ministre de l’Education nationale a décidé d’organiser les examens d’Eps à «l’issue de plusieurs concertations». Selon Mamadou Talla, «il a été retenu que les épreuves d’Eps auront finalement lieu conformément aux dispositions en vigueur relatives à l’organisation des examens du Cfee, du Bfem et Bac» après un avis favorable du Mesri, qui avait décidé que la note de contrôle continu du premier semestre sera comptabilisée pour les candidats officiels déclarés aptes et qu’une dispense a été accordée d’office à tous les candidats individuels. «Aucun bonus ou malus ne leur sera appliqué», avait-il dit.
Face à cette nouvelle donne, le gouvernement a lancé une course contre la montre pour insérer cette épreuve dans le calendrier des examens. Elle se déroulera du 23 au 28 juillet. «Chaque candidat fera ses deux épreuves individuelles retenues, en l’occurrence le saut et la course de vitesse, dans le respect strict du protocole sanitaire. Les présidents des de Jury doivent impérativement remonter les notes à l’Office du Bac au plus tard le 29 juillet», ordonne le ministre de l’Education, qui a fait sauter l’épreuve de «gymnastique», qui se déroule dans un espace clos. Une façon de limiter les risques de contamination du coronavirus, qui a mis l’école à l’arrêt pendant quatre mois.
Aujourd’hui, les professeurs d’Education physique et sportive, qui avaient pris leurs vacances, sont rappelés à leurs postes avec les examens programmés dès jeudi prochain. «Je vous demande de prendre toutes les dispositions nécessaires pour en informer les candidats, les enseignants et les parents et assurer la préparation des élèves avant le démarrage des évaluations», poursuit M. Talla. Il faut aussi «prévoir des heures de préparation en Eps pour les élèves» pour assurer leur «remise en condition physique», car ils n’ont plus fait cours depuis le mois de février.
Bien sûr, le ministère de l’Education a aussi dû mettre en place un protocole sanitaire comme le «port obligatoire du masque, de tenues propres adaptées et chaussures de sport, mouchoirs ou serviettes» et la mise en place d’un «dispositif d’orientation des candidats, la vérification de la fonctionnalité des infrastructures sportives comme le sable, les aires de saut, le traçage de couloirs pour la course».
Il faut savoir qu’au lendemain de la décision du ministère de l’Education d’exclure cette discipline de la reprise, le Collectif des professeurs d’éducation physique et sportive (Eps) s’y était opposé en lui rappelant que les épreuves de déroulent dans un espace libre aéré, sans confinement, donc la distanciation physique est naturelle. Il rappelait que «chaque candidat effectue son exercice seul et sans contact et avait suggéré le passage des élèves par petits groupes de vingt-cinq (25) candidats, encadrés et gérés chacun par un évaluateur».
LE PARCOURS D'UN MIRACULÉ
Mamoudou Ibra Kane retrace son enfance à Bokidiawé, ses débuts prometteurs dans la presse et pour laquelle il nourrit de grands rêves. Il se remémore également ses nombreux problèmes de santé qui ont fait craindre le pire à ses proches
«Journaliste un jour, journaliste toujours», telle est la devise de Mamoudou Ibra Kane, Directeur Général du groupe Emedia Invest. C’est dans ses bureaux sis au Point-E, siège du dernier né des groupes de presse sénégalais, que le célèbre journaliste à la voix de Stentor, a accueilli notre équipe pour parler de son Parcours (émission diffusée sur la chaine youtube de L’Asnews». Pendant un tour d’horloge, ce natif du Nguenaar a retracé son enfance à Bokidiawé (dans le Fouta), ses premiers contacts avec Dakar la capitale et ses débuts prometteurs dans la presse et pour laquelle il nourrit de grands rêves. Dans cet entretien accordé à «Lasnews.info», il évoque la disparition de ses parents, se remémore ses nombreux problèmes de santé qui ont fait craindre le pire à ses proches. Ce miraculé qui revient de loin a vécu pleinement sa jeunesse et s’est distingué par ses talents de danseur, faisant de lui le chouchou des jeunes filles de son village lors des soirées Coladera.
Qui est Mamoudou Ibra Kane?
Mamoudou Ibra Kane est journaliste et directeur général du groupe Emedia Invest.Je suis né et j’ai grandi au Fouta, dans un village appelé Bokidiawé. Mon père est un fils du Nguenaar et je le suis aussi. Mais j’ai des attaches aussi dans le Bosseya, parce que ma mère vient de Agnam Siwol. Je suis né vers la fin des années 1960, début 1970. Je suis un fils du Fouta et du Sénégal. Je suis enraciné et ouvert.
Voudriez-vous nous raconter votre enfance?
Je suis né dans un contexte de valeurs, c’est à-dire une famille où tout le monde est cultivateur, ménagère, berger, chasseur, pêcheur. Autrement dit, des gens très dignes. Souvent, on qualifie ce genre de famille comme des gens pauvres. Mais moi, je dirais que je suis né dans une famille modeste. La richesse importait peu à nos yeux. La plus grande richesse au monde pour nous, c’est de savoir qui on est, de croire en soi et d’être fier de ses valeurs. Mais il fallait également avoir beaucoup d’ambitions. En réalité, le fait d’être né dans un petit village où dans la banlieue ne doit pas être un blocage pour qui que ce soit. Pour moi, cela devrait être plutôt une source de motivation. Je suis né dans un milieu d’école coranique. J’en profite pour rendre hommage à mes parents et à mon maître coranique Baba Baye Ndianoor qui m’a appris le Coran. Et comme tous les apprenants, j’étais «talibé» et je mendiais pour manger. À l’époque, le riz était rare, donc on nous donnait du mil, du sucre, des biscuits, des bougies et de la cola entre autres. J’aimais aussi un plat traditionnel qu’on appelle le «Gniri Bouna» qui se fait rare de nos jours. Et c’est dommage que les gens ne connaissent plus ce plat qui devrait être gardé, parce qu’il est sain. En tout cas, chez moi, je fais tout pour garder certains plats et je demande qu’on les prépare pour que mes enfants puissent les connaître. Ils ne sont pas nés au Fouta, mais je fais tout pour qu’ils connaissent leur tradition. D’ailleurs, c’est pour cette raison que je les amène au Fouta chaque Tabaski, parce que je prône les valeurs traditionnelles avant la modernité. Quel que soit le lieu où on vit, on doit connaître ses origines pour avoir des repères.
Quel genre d’enfant était Mamoudou ? Calme, timide ou terrible?
J’ai toujours été calme. Je ne pouvais pas être terrible, parce que j’étais maladif à tel point que mes parents n’avaient plus d’espoir que je vive assez longtemps. Alhamdoulilah, je rends grâce à Dieu qui m’a permis de grandir et d’être là jusqu’à présent. J’étais aussi très timide. D’ailleurs, quand j’ai commencé la radio, une de mes tantes, qui m’écoutait un jour, a juré que ce n’était pas moi. Car elle me connaissait comme une personne taciturne.J’étais timide, mais avec ce métier que j’ai choisi, je me soigne.Il faut savoir que dans la timidité, il y a également des ressources. Ce qui est important quand on veut être journaliste, c’est de tirer le meilleur de ses ressources, mais aussi d’avoir confiance en soi pour bien les exploiter. Tout début dans ce métier est difficile. Certains commencent avec des blocages, parce qu’ils n’ont pas l’habitude des caméras, du micro et autres. Mais ils ne doivent pas s’inquiéter, car c’est dans la timidité qu’on se réveille.
Malgré votre timidité, vous êtes devenu journaliste. Qu’est-ce qui vous a poussé à embrasser ce métier qui fait qu’on est au-devant de la scène?
C’est une très bonne question. Ce choix n’était pas évident au départ. En fait, j’avais un oncle qui s’appelle Cissé Baydala Kane, qui était procureur général et une personnalité très connue du régime de Senghor jusqu’à celui de Wade. Il était également mon homonyme, puisque, dans mon village, on m’appelait affectueusement Cissé. Il était donc ma référence. C’est pourquoi, quand j’ai eu le Bac, mon premier choix a été de faire droit. Cela a coïncidé avec un contexte très difficile, c’est pourquoi mes études de droit n’ont pas été un succès. Il faut le dire, puisque j’ai repris la première année. On a connu l’année blanche en 1988. L’année suivante a été déclarée invalide. Entre-temps, j’ai décidé de faire le concours du Cesti, parce que le journalisme était ma seconde passion. On me surnommait même «Cissé Radio», car j’aimais beaucoup écouter la radio, surtout les reportages sportifs avec Abdoulaye Diaw qui a beaucoup suscité cette vocation de journaliste en moi. Dans mon village, on me sollicitait beaucoup pour des commentaires de matchs. C’est là que ma passion pour le journalisme s’est réveillée. Ainsi, j’ai fait le concours du Cesti que j’ai réussi en étant major du concours ; on était plus de 800 candidats à l‘époque. A ma sortie du Cesti, j’ai aussi été deuxième de ma promotion option télévision. Quand j’ai choisi la télévision, un de nos formateurs m’a conseillé de faire d’abord la presse écrite qui est la base de la télévision et de la radio. Donc pour ma première année, j’ai fait mon stage en presse écrite à «Walf Quotidien». Ensuite pour la télévision, je suis allé à la Rts. Un jour, j’ai fait un commentaire sur un accident d’avion à Tambacounda en 1996.Quand on a diffusé l’élément, le lendemain on m’a demandé d’arrêter mon stage. Ce qui a été un coup très dur pour moi. Et cela avait fait beaucoup de bruit jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Cela a été un choc, mais aussi une autre source de motivation. Je me suis dit que rien n’était perdu, même si j’étais en chômage. Mais ce chômage était une leçon pour moi. C’est ainsi que j’ai atterri à Walfadjiri. Je rends hommage à ce groupe qui m’a donné ma chance et mon premier salaire. C’est ainsi que l’aventure s’est poursuivie jusqu’au Groupe Futurs Medias où j’ai été le Directeur de la Rfm pendant 10 ans, Directeur Général pendant 6 ans. Juste pour dire que j’ai très tôt eu des responsabilités.
Où avez-vous fait vos études?
J’ai fait mes études primaires à Bokidiawé, à l’école 1. Ensuite j’ai démarré le collège à Matam où j’ai fait un an. Durant cette période, j’ai eu beaucoup d’amis d’enfance avec qui je garde toujours de bonnes relations. Arrivé en 5e secondaire, mon oncle Cissé Kane m’a transféré à Dakar le 24 septembre 1984.Ici, ma grande sœur Marième Kane et son époux m’ont accueilli chez eux et sont devenus des seconds parents pour moi, parce que j’ai perdu mes parents très tôt. D’ailleurs, j’en profite pour demander au Tout-Puissant de les accueillir au Paradis.Donc de la 5e à la 3e secondaire, j’ai fréquenté le CEM El Hadji Ogo Diop des Parcelles Assainies. Ensuite de la Seconde jusqu’en Terminale, j’étais au lycée Blaise Diagne. Le Bac en poche, j’ai fait ma première année de droit à l’Ucad, avant de rejoindre le Cesti où j’ai fait ma formation en journalisme.
Quelles sont vos références dans le métier ?
Comme je vous l’ai dit tantôt, j’aimais beaucoup Laye Diaw, mais aussi des grands noms comme Mbaye Sidy Mbaye, Sada Kane, Ibrahima Bayo, Mame Less Camara, Hélène Harley, Gabriel Jacques Gomis, Babacar Diagne, Mamadou Malaye Diop, Bara Diouf, Babacar Touré, Abdou Latif Coulibaly entre autres. Je ne peux pas citer tout le monde, mais j’aimais beaucoup écouter et lire leurs productions. J’avais également beaucoup de chance d’avoir comme mentor Mamadou Ndiaye qui est aujourd’hui le Directeur de la Communication, du Numérique et de l’Edition au sein de Emedia Invest. Je l’ai connu à travers un de mes grands frères qui s’appelle Mouhamadou Ndiaye. Il me l’a présenté en 1993 alors que je faisais ma formation au Cesti. C’est ainsi qu’il a négocié mon premier stage à Walfadjiri puisqu’il avait de bonnes relations avec Sidy Lamine Niass, Tidiane Kassé, Jean Meissa Diop, Abdourahmane Camara, Ousseynou Diop. Cela prouve juste qu’il est important d’avoir des références avant d’embrasser un métier : parce qu’une référence peut constituer un point de fixation ou une boussole qui t’oriente. C’est la clé du succès dans tout métier.
Avec toute cette timidité, comment s’est déroulée la présentation de votre premier journal?
Ah ! Avec une forte émotion. Rien qu’en m’en rappelant, j’ai envie de rire. Il faut dire que mon premier journal fut une catastrophe totale. Je présentais le journal de 07h à «Walf Fm». Mais avant de commencer à présenter, j’ai fait avec Mame Less Camara une semaine de training. La veille où je devais présenter le premier journal de «Walf Fm» à 07h, je me suis couché à 04h du matin, j’ai juste eu deux heures de sommeil. Une fois dans le studio, vous ne pouvez même pas imaginer ce qui m’est arrivé. C’était tout un problème rien que pour sortir un seul mot, sans compter les hésitations, les fautes et autres. Cela a été une épreuve, mais c’est dans l’épreuve qu’on se façonne. Et dans cet échec, il y avait quand même du positif. Car l’histoire retiendra que j’étais le premier à présenter le journal parlé de «Walf Fm». En plus, j’ai eu une très bonne formation au Cesti et je devais y croire. Et quand on a un bon encadreur comme Mame Less Camara qui nous fait confiance, on en fait un défi. C’est à partir de ce moment que je me suis promis que j’irai de l’avant et travaillerai bien pour satisfaire les gens qui m’écoutent. Surtout que je suis convaincu que l’effort finit toujours par payer.
D’un petit garçon timide qui a quitté Bokidiawé à actuel Directeur Général d’un groupe de presse, que de chemin parcouru. Etes-vous satisfait de ce que vous avez accompli ? Et que retenez-vous de particulier de votre carrière ?
Je dirais que je ressens une satisfaction totale pour mon parcours. La moindre des choses qu’on puisse faire, c’est de rendre grâce à Dieu, surtout quand il nous permet de réaliser certains rêves. Cela dit, j’ai toujours envie de continuer. La preuve, c’est à ce stade de ma vie que j’ai encore plus de motivation dans ce métier. Parce ma devise c’est : «journaliste un jour, journaliste toujours». Donc, si le Tout-Puissant me le permet, mon ambition est de faire beaucoup plus de choses dans ce métier. Pour le moment, je ne dirais pas que j’ai réussi ma vie, parce que la réussite, c’est sur une longue durée. On peut démarrer avec beaucoup de succès, mais à tout moment, une seule erreur peut faire basculer ce succès. En ce moment, les gens vont oublier tout le travail qu’on a abattu dans ce métier. Cela prouve encore une fois que l’humilité et la modestie sont très importantes dans tout métier, notamment le journalisme. J’ai l’habitude de dire à la nouvelle génération : lâchez-vous, éclatez-vous, soyez ambitieux, saisissez votre chance, c’est une opportunité qu’on vous donne, comme nos aînés nous l’ont donnée. Mais la règle d’or, c’est l’humilité. Et éviter de vous considérer comme des personnes incontournables. Il faut également cultiver le leadership, connaître et découvrir sa mission, et l’accomplir avec beaucoup de détermination et humilité.
A combien s’élevait votre premier salaire?
Si ma mémoire est bonne, j’ai démarré avec un salaire de 148 000 Fcfa, car Sidy Lamine nous avait recrutés sur la base de la convention.
Avec le travail qui doit être très prenant, trouvez-vous du temps pour vous rendre souvent à Bokidiawé, votre royaume d’enfance?
Bien sûr que je m’y rends, mais ce n’est pas comme je le voudrais. Auparavant, à chaque fois que j’avais mes vacances, je m’y rendais pour me reposer et y passer la Tabaski. Mais quand j’ai commencé à travailler, je suis resté une dizaine d’années sans y retourner, surtout avec la perte de mes parents. Mais cela n’enlève en rien l’amour que j’ai de ma terre natale. D’ailleurs, je le dis haut et fort, je suis un fils du Fouta et j’en suis fier. C’est la raison pour laquelle j’ai pris une résolution, depuis quelques années, de passer chaque année la Tabaski au Fouta. Et si Dieu le veut bien, cette année je compte bien m’y rendre avec ma famille pour la fête. Car la Tabaski au Fouta est la meilleure au monde. On y passe de très bons moments, même si beaucoup de traditions ont disparu. D’ailleurs, on ne voit plus certaines fêtes d’antan.
Justement en parlant de festivités, peut-on savoir quel genre de jeunesse vous avez vécue? Casanier ?Ou avez-vous croqué la vie à pleines dents ?
J’ai fait tout ce qu’un jeune normal doit faire. J’aimais bien les soirées (Coledra). Et j’étais un bon danseur ; d’ailleurs je pense que les filles m’aimaient bien pour ça. En plus, à notre époque, on faisait des danses très classiques, différentes de ce que font les jeunes d’aujourd’hui. La nouvelle génération ne connaît pas les danses comme «les trois pas», les «zouk», entre autres clés, qui n’ont rien à voir avec les danses qu’on voit actuellement. Notre génération était très civilisée et classe.On était très élégant avec beaucoup d’urbanité.
En bon Foutanké, savez-vous labourer la terre?
(Rires) Il y a deux choses qui m’ont empêché d’être un grand paysan. La première, c’est que je n’étais pas toujours très en forme. La deuxième, c’est que mes parents m’épargnaient trop les lourdes tâches. N’empêche, je me rendais aux champs pour faire ce qu’on appelle en Pulaar «hiwde», c’est-à-dire surveiller et chasser les oiseaux herbivores qui détruisaient nos cultures. Parfois, j’apportais le repas à la famille. Tout cela, pour dire que je connais bien l’agriculture, parce que cela fait partie de mon milieu naturel. Peut-être que dans un futur proche, je vais essayer d’exploiter un projet agricole. Surtout qu’aujourd’hui, on parle beaucoup de foncier. Et en tant que natif du Fouta, cela m’intéresse beaucoup.
Quelle estla situation matrimoniale de Mamoudou Ibra Kane ?
Je suis dans le mariage depuis 2000 et j’ai des enfants.
Peut-on connaître votre plat préféré?
En tant que Sénégalais, mon plat préféré, c’est l’incontournable «Ceebu jën Penda Mbaye». Mais je rêve vraiment de retrouver un plat traditionnel qui s’appelle le «Gniri Bouna» que j’aimais beaucoup. J’en suis nostalgique.
Dans quelle partie du monde passez-vous vos vacances la plupart du temps?
Moi, j’ai la même philosophie que Senghor, c’est-à-dire «Enracinement et ouverture». Je peux aller au Fouta, en Casamance, à Saly, au Sine-Saloum. Par contre, il arrive que je parte à l’extérieur, parce que les voyages sont les meilleurs moyens de découvrir et d’apprendre beaucoup de choses. Les voyages constituent un livre ouvert.Quand on est africain, on doit apprendre à connaître le mode de vie du reste du monde. Pour cela, on doit se rendre en Amérique, en Asie, en Europe et même en Afrique, si on en a les moyens. Cela permet d’avoir une meilleure compréhension du monde, mais également de la vision. Si on n’a pas l’occasion de découvrir d’autres contrées, notre vision ne peut pas être large. Le combat de cette génération doit être l’intégration. Pour cela, il ne suffit pas de connaître seulement le Sénégal. Il faut s’ouvrir aux autres pays pour leur montrer que nous sommes aussi capables de conquérir des marchés chez eux.Je le dis surtout pour les médias. Il est important que les médias du Sénégal et de l’Afrique toute entière soient debout pour apporter de nouvelles versions pour la presse africaine. Il faut qu’on arrête de consommer seulement ce que les autres produisent, et qu’on essaie d’offrir aux autres quelque chose. Les populations également doivent être fières et respecter nos médias. C’est vrai que le challenge, c’est que les médias essaient d’abord de gagner ce respect et cette considération de leur part. Mais il est temps que les Sénégalais arrêtent d’accabler et de minimiser nos médias en faveur des médias étrangers. C’est bien de regarder les chaînes étrangères, mais il faut donner d’abord la force à nos médias. Mon ambition est qu’on ait de grandes télévisions, de grandes radios, de grands journaux, de grands sites internet. Mon rêve, c’est qu’un jour, l’Américain soit scotché aux chaînes sénégalaises, que le Chinois écoute nos radios, lise nos journaux et s’informe dans nos sites internet. Mais cela requiert des productions de qualité, du professionnalisme. Et si on ne le fait pas, il y va de la pérennité de notre métier. Les médias sénégalais constituent une grande richesse, avec beaucoup de créativité comme les séries, les arts, la musique et autres. Mais si on ne fait pas attention, les pays qui ont de grands médias vont venir s’emparer de toutes ces ressources. Nous devons refuser qu’une telle chose arrive un jour. Donc, nous devons nous organiser et avoir un intérêt commun. La concurrence est certes une bonne chose, mais si on fédère nos forces, on va faire de la presse sénégalaise une industrie. Je lance donc un appel à tous les acteurs comme Babacar Touré, Racine Talla, Yakham Mbaye, Youssou Ndour, El Hadji Ndiaye, Mbakiyou Faye, Bougane Guèye, Maïmouna Ndour Faye et tous les membres de la corporation pour s’organiser, se battre afin de mieux valoriser et renforcer notre secteur. Mais nous devons également renforcer le professionnalisme et ne plus laisser d’autres personnes s’emparer de ce pour quoi on a lutté pendant des années. Cet appel est valable pour le Cnra, le Cdeps, le Synpics, le Cored, l’Appel. J’interpelle tout le monde, presse publique, presse privée à s’organiser pour défendre ce secteur essentiel. Le Sénégal ne peut pas se développer tant qu’on ne respecte pas le secteur des médias, notamment l’audiovisuel, parce que c’est la base de l’industrie culturelle.