« Tu cherches des médicaments ? », lance discrètement un vendeur, sur l’avenue Blaise-Diagne, en plein centre-ville de Dakar. Dès que son nouveau client prononce le mot coronavirus, le jeune Sénégalais lui propose de s’engouffrer dans le marché Keur Serigne Bi, le principal marché informel de médicaments du Sénégal. Il assure être en possession d’un remède contenant de la chloroquine, la substance active utilisée contre le paludisme et actuellement testée pour déterminer son efficacité contre le Covid-19.
Au Sénégal, des premiers résultats officiels démontrent que l’hydroxychloroquine, proche de la chloroquine, permettrait une guérison plus rapide de la maladie qui a touché 1 329 personnes dans le pays et provoqué 11 décès au 6 mai. La difficulté de se procurer ces médicaments dans le circuit formel pousse de plus en plus de Sénégalais à se tourner vers le marché informel, qui représente entre 18 et 22,7 millions d’euros, selon le syndicat des pharmaciens privés du Sénégal. Une somme non validée par les autorités pharmaceutiques.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) reste prudente face à ce traitement, mais a surtout alerté sur la hausse des ventes de faux médicaments supposés traiter le Covid-19, notamment en Afrique. Des traitements de chloroquine falsifiés retrouvés au Niger, au Cameroun et en République démocratique du Congo (RDC) pourraient engendrer des « effets secondaires graves », a prévenu l’OMS.
Trois fois le prix habituel
A l’entrée du marché Keur Serigne Bi de Dakar, des racoleurs proposent un « médicament pour les poumons efficace contre le coronavirus » mais aussi du Plaquenil, à base d’hydroxychloroquine, pour le moment en rupture de stock. « Nous avons trop de demandes, mais des boîtes vont arriver demain », assure un vendeur. A l’intérieur, une dizaine d’hommes lit le Coran devant une mosquée, à l’ombre des grands arbres de la cour du marché. Cheikh, le marchand de chloroquine, y a laissé ses clients pour se faufiler seul jusqu’à l’arrière-boutique où sont cachés les médicaments. Il revient avec une boîte de Nirupquin.
« Les gens viennent souvent en acheter depuis le coronavirus. C’est pour cela que les prix ont augmenté », explique le vendeur, qui propose la boîte de 100 comprimés à 8 000 francs CFA (12 euros), soit plus de trois fois son prix habituel. « Une députée est même venue acheter une boîte à 25 000 francs CFA [38 euros] », argumente-t-il.
Sur l’emballage, quelques fautes d’orthographe en français, en arabe et en anglais attirent l’œil. « La Nirupquin n’est pas un médicament légalement commercialisé au Sénégal, assure Assane Diop, président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal. La notice, le logo et la présentation de la boîte me laissent penser que c’est un faux médicament qui imite la Nivaquine, antipaludique longtemps commercialisé au Sénégal. »
Manque de traçabilité
Une adresse accompagne le nom de la société pharmaceutique Syncom Formulations, légalement enregistrée en Inde. « Ces laboratoires produisent souvent des médicaments légaux mais, en parallèle, ils fabriquent aussi des traitements qui contiennent de faux dosages et des impuretés », explique Serge Barbereau, ancien président de l’ONG internationale Réseau médicaments et développement (Remed). Il remarque tout de même une amélioration puisque l’adresse et le nom du laboratoire sont indiqués, contrairement aux boîtes de Nirupquin qu’il avait trouvé en Guinée en 2006, fabriquées en Inde.
La plupart de ces produits sont importés du Nigeria, de Guinée-Conakry, de Gambie, de Chine et d’Inde. Mais le manque de traçabilité empêche de connaître précisément leur composition. « Les dosages non respectés peuvent entraîner des effets secondaires néfastes, comme des problèmes cardiaques, des risques d’atteinte de la rétine, de l’œil et du système auditif », s’inquiète Assane Diop.
« Les conseils donnés par les vendeurs sont aussi très dangereux, car ils ne sont pas habilités et ne connaissent pas les produits », continue le spécialiste, pour qui la lutte contre les médicaments falsifiés est un « combat depuis deux décennies », préexistant largement au Covid-19.
Marché tenu par la confrérie mouride
« Les autorités doivent faire des efforts. Les sanctions ne sont pas assez sévères et se limitent à des amendes ou à une peine de prison d’un an, souvent avec sursis », constate M. Diop. La ville de Touba et le marché Keur Serigne Bi de Dakar sont, rappelle-t-il, les deux hauts lieux du marché informel, tenus par la puissante confrérie mouride.
« Un pas a été franchi avec l’adoption en conseil des ministres de la convention internationale Medicrime relative à la vente de médicaments falsifiés, concède le pharmacien. Mais elle n’est pas encore signée, le projet de loi doit encore passer devant l’Assemblée nationale. »
Ancien de l'école William Ponty, Souley ou Grand Jules comme l'appelaient affectueusement ses parents de Kaffrine, fief Ndoucoumane, est de la lignée des Beuleup. Fils de Ahmadou Diakhou Ndao et de Adam Kéwé Ndao, Souley est le petit fils de Kéwé Ndao, sa grand mère maternelle. Son grand père paternel Ngouniary, Général et Chef de guerre, était le frère du dernier Beuleup Ibrahima Ndao de son vrai nom Kimitang. Orphelin de père, il fut élevé par son oncle Ousmane Kéwé Ndao avec son frère et ami Mady Ndao, mon homonyme. Son enfance était rythmée par l’école coranique, l’école française et les travaux champêtres à Sanghol.
Sa carrière professionnelle débute à Khombole, puis Thiès (école Chateau d’eau) et ensuite Louga(C.E.G Montagne), sa ville natale. Oui, le Saloum Saloum est né à Louga, au début des années 30, où son père servait dans l’administration coloniale. Informé de sa naissance pendant qu’il était de passage à Louga, Ckeikh Al Khalifa Serigne Babacar Sy (RTA) demande à ce qu’on lui donne le nom de Souleymane.
Arrivé à Kébémer en 1969, il ne quitta cette ville qu’en 1996, année de sa retraite. Moussé Ndao, pour parler comme les kébémerois ou Doyen comme on l’appelait, en pionnier, y ouvrit le premier C.E.G (College d’Enseignement Général) avec une classe. Il l’élargit en C.E.M, puis en C.E.S et enfin en Lycée. 27 années durant lesquelles, en bon éducateur, il planta des graines du savoir et aida des jeunes à traverser les problématiques de l’adolescence.
A sa retraite en 1996, il s’installa à Thiès où habitaient sa belle famille et ses grand frères Elhadj et Mamadou Ndao. A mon retour au Sénégal, je découvris un autre homme communément appelé Pa Ndao ou Délégué de quartier. Oui, il fut le Délégué de quartier de Mbour 3 pendant plus d’une décennie mais rendit le tablier malgré l’opposition des autorités administratives de la ville. Il voulait se consacrer davantage à Dieu son Créateur. Ses journées étaient partagées entre la mosquée et les daraas jusqu’à son rappel à Dieu à l’age de 88 ans.
Papeu, je découvre avec ta disparition que la générosité n’a de sens que lorsqu’elle est englobée de discrétion, de foi et d’humilité.
Ton épouse, notre maman, en bonne musulmane, est restée stoïque face à l’épreuve.Tes enfants font leur deuil en priant pour toi mais aussi en racontant des anecdotes sur ta vie.
Des récitals de Coran ont été organisés dans les mosquées et Daraas de Kébémer, Ndande, Thiès, Sokone, Darou Marnane, Kaffrine, Siweul et Dakar.
Aujourd’hui, marquant le 8eme jour de ton rappel à Dieu, nous allons encore prier pour toi dans les mosquées et les daraas que tu affectionnais tant. Nous sommes tristes mais acceptons la volonté divine sur toi le Talibé Cheikh. Nous prions que Cheikh Ahmed Tidjany Cherif (RTA) t’accueille pour te remettre entre les bras de notre Prophète Mouhammad (PSL). Qu’Allah te couvre de sa miséricorde et que Firdaws soit ta demeure éternelle.
Je ne pourrais terminer sans présenter mes condoléances et celles de la famille à tout le Ndoucoumane, à tout le département de Kébémer et à toute la ville de Thiès.
Ndoucoumane prie pour toi Souley / Grand Jules
Kébémer prie pour toi Moussé Ndao / Principal /Doyen
Thiès prie pour toi Pa Ndao / Délégué.
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 6 mai 2020.
"Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris la décision suivante :
Monsieur Mary Teuw NIANE, ancien ministre, est nommé, Président du Conseil d’Administration de PETROSEN Holding, en remplacement de Monsieur Abdourahmane SECK."
UN SUIVI PRÉSIDENTIEL DU PLAN DE RÉSILIENCE FORCE COVID-19
Le chef de l'Etat a demandé aux membres du gouvernement de lui faire le point, tous les quinze jours, de l’état d’exécution des mesures sectorielles relevant du Programme de résilience économique et sociale - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 6 mai 2020.
"Le Conseil des ministres s’est tenu le mercredi 06 mai 2020 en visioconférence, sous la présidence du Chef de l’Etat, son Excellence, Monsieur Macky SALL.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, informé le Conseil de son entretien téléphonique, le 4 mai 2020, avec sa Sainteté le Pape François. Il a salué leur convergence de vues sur l’annulation de la dette africaine et la réponse du Pape, à la pandémie du COVID-19, par son appel à l’universalité de la prière, de la fraternité et de la solidarité.
Le Président de la République, au titre du lancement des activités du Comité de suivi des opérations du FORCE COVID-19, s’est félicité de l’installation de la structure, le 29 avril 2020 ; ce qui traduit davantage sa volonté de toujours consolider la transparence et la bonne gouvernance. Il a, ainsi, demandé aux membres du Gouvernement d’apporter le concours et l’assistance nécessaires au bon déroulement de la mission du Comité.
Le Chef de l’Etat a, par ailleurs, indiqué au Ministre de la Santé, la nécessité de partager avec les acteurs et les populations, la nouvelle stratégie de prise en charge extra hospitalière des cas contacts du COVID-19, tout en veillant à celle des patients atteints d’autres maladies dans les hôpitaux.
Abordant la question de la préparation de la réouverture en juin, des écoles, universités et établissements d’enseignement supérieur, le Président de la République a invité les Ministres de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, à finaliser avec l’implication de l’ensemble des acteurs de la communauté scolaire et universitaire, les modalités pratiques de reprise progressive des enseignements dans le respect strict des règles sanitaires fixées.
Le Président de la République a, au sujet du suivi-évaluation du déploiement des plans de résilience sectoriels pour asseoir la stabilité durable de l’économie nationale, demandé aux membres du Gouvernement de faire le point, tous les quinze (15) jours, de l’état d’exécution des mesures sectorielles relevant du Programme de résilience économique et sociale (PRES). Il a, également, demandé au Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération et au Ministre des Finances et du Budget de présenter, chaque mois, un rapport exhaustif sur la mise en œuvre du PRES en cohérence avec le suivi du PSE.
Le Chef de l’Etat a également invité le Ministre des Transports terrestres à diligenter l’accompagnement de l’Etat aux différentes parties prenantes du sous-secteur des transports terrestres. Il a aussi invité le Ministre de la Culture et de la Communication à veiller à la répartition rapide des fonds de soutien destinés aux acteurs culturels et de la Presse.
Le Président de la République est revenu sur l’importance qu’il accorde au développement de la Presse, en indiquant au Ministre de la Communication l’urgence de finaliser le dispositif d’application du Code de la Presse.
Le Chef de l’Etat, au titre du climat social, de la gestion et du suivi des affaires intérieures, a évoqué le plan de modernisation de la Société nationale « LA POSTE ». A cet effet, il a souligné que la Poste constitue un service public historique auquel de nouvelles missions financières, émergentes et complexes ont été assignées.
Le Président de la République a dans cette perspective demandé au Ministre de l’Economie Numérique et au Ministre des Finances et du Budget de finaliser, d’ici la fin de l’année 2020, le Plan de transformation de la POSTE, au regard de ses nouvelles missions financières.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur la préparation de la campagne agricole, en informant de la validation du programme agricole 2020-2021, à hauteur de soixante (60) milliards de FCFA.
Le Président de la République a, dès lors, demandé au Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural de veiller à la répartition optimale des financements alloués aux différents volets et filières, afin de consentir aux producteurs, des prix de cession fortement subventionnés pour les semences, engrais et équipements agricoles.
Au titre des Communications,
Le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur la gestion de la crise liée au COVID-19.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait le point sur la mobilisation des contributions au FORCE COVID-19 et sur l’exécution budgétaire.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur l’assistance à nos compatriotes dans la Diaspora et sur la situation internationale.
Le Ministre en charge de la Solidarité nationale a fait le point sur l’état de la mobilisation et de la distribution de l’aide alimentaire d’urgence.
Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait le point sur la mise en place d’une plateforme digitale permettant de donner les informations nécessaires sur l’appui destiné aux entreprises.
Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait une communication sur la situation de la pandémie et le plan d’investissement d’Urgence pour un système de santé et d’action sociale résilient et durable 2020-2024.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une communication portant sur l’exportation des fruits et légumes, la préparation de la campagne agricole 2020-2021 et la menace acridienne.
Le Ministre de l’Industrie a rendu compte de la visite de terrain effectuée auprès des entreprises établies au Parc industriel de Sandiara.
Les Ministres de l’Education nationale, de l‘Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle ont rendu compte des dispositions pédagogiques à prendre pour la continuité des enseignements et pour la reprise des cours, en relation avec les Instances d’académie.
Le Ministre de l’Elevage a fait le point sur le processus d’acquisition de l’aliment de bétail dans le cadre du COVID-19.
Le Ministre de la culture a fait une communication sur la gestion de l’aide à la presse.
Le Ministre de la Microfinance, de l’Economie sociale et solidaire a fait une communication sur la situation du système financier décentralisé et le mécanisme de gestion de l’appui mis à disposition dans le cadre du COVID-19.
Le Ministre en charge du Suivi du PSE a fait le point sur la mise à disposition diligente du foncier au profit des projets prioritaires.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
- le projet de loi portant ratification du traité relatif à la création du corridor Dakar-Abidjan ;
- le projet de décret relatif au contrôle de gestion.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris la décision suivante :
Monsieur Mary Teuw NIANE, ancien ministre, est nommé, Président du Conseil d’Administration de PETROSEN Holding, en remplacement de Monsieur Abdourahmane SECK."
par Amdy Moustapha Niang
DU DÉSÉQUILIBRE ENTRE L’HOMME ET LA FEMME DANS NOTRE SOCIÉTÉ
Dans la famille sénégalaise où nous avons construit notre humanisme, la femme reçoit une éducation de soumission
Qu'est-ce qui serait à l'origine du déséquilibre dans la relation de complémentarité du binôme Homme & Femme dans la société sénégalaise ?
Je dirai notre éducation sans sourciller.
Nous sommes dans une société patriarcale où la démarcation entre les sexes est très tôt opérée, même dans les taches ménagères.
Dans la famille sénégalaise où nous avons construit notre humanisme, la femme reçoit une éducation de soumission. Ce qui n'est certes pas répréhensible dans une certaine mesure.
Mais paradoxalement, le sexe opposé, lui, est éduqué à être dominant, servi comme un prince sans qu'il y ait à son niveau une préparation à une vie de complémentarité mais plutôt à une relation asymétrique à son fort avantage.
Ce qui laisse apparaître une nette césure dans le legs social entre homme et femme.
Cela modèle une psychologie phallocentrique populaire qui ne donne à la femme aucune chance d'exprimer ses prédispositions naturelles.
Grandi dans cette atmosphère, nous reproduisons les mêmes stimuli dans nos relations de couple.
Ce qui, à mon avis de profane, constitue la chape de plomb qui fait couler beaucoup ménages.
Dans nos sociétés africaines en général, celle sénégalaise en particulier, le mariage ne s'apprend pas dès le bas âge. Le train du mariage est pris après-gare par un nombre incalculable de gens qui, n'ayant pas tort d'eux d'eux-mêmes, passent à côté de la moyenne. Qui accuser, alors ? Notre structure sociale bien sûr !
Oui la femme doit se soumettre, mais à quel genre d'homme ?
J'ai l'habitude de dire que si les femmes doivent copier sur Soxna Jàara, les hommes également ont l'obligation de ressembler à Màam Mor Anta Saly Mbackè.
C'est ça l'équilibre !
BARA GUEYE DE "CLEAN OIL" ET DES GRIOTS ARRÊTÉS
Ce week-end, un mariage de VIP a été célébré à Dakar. Il y avait beaucoup de gens connus. Des photos et vidéos ont été partagées sur les réseaux sociaux. Ce qui a choqué beaucoup de Sénégalais, en cette période d’état d’urgence
Ce week-end, un mariage de VIP a été célébré à Dakar. Il y avait beaucoup de gens connus. Des photos et vidéos ont été partagées sur les réseaux sociaux. Ce qui a choqué beaucoup de Sénégalais, en cette période d’état d’urgence et d’interdiction des rassemblements.
Le procureur ne s’est pas fait prier pour s’autosaisir. Il a instruit les éléments de la Brigade de recherches de procédé à l’arrestation de toutes les personnes identifiées et ayant pris part à la fête.
Ainsi, le marié Bara Guèye a été arrêté. La mariée, selon des sources d’’’EnQuête’’, est malade. Raison pour laquelle elle n’a pas déféré à la convocation, hier. A part les mariés, le ‘’snappeur’’ Niang Kharagne Lô a été convoqué et mis aux arrêts ainsi que le ‘’griot des VIP’’ Alassane Mbaye et la chanteuse de ‘’Ngoyaan’’ Khady Mboup. Des amis du couple ont également passé la nuit d’hier à la Brigade de recherches.
Il s’agit notamment de l’ex-mannequin et femme du footballeur Ibou Touré, Adja Diallo, Mansour Ndao, ami de Bara Guèye, et deux autres filles, amies de la mariée. Une dizaine de personnes est emprisonnée pour avoir violé l’interdiction de rassemblements. Et sauf changement, ce beau monde sera présenté au procureur, aujourd’hui. Ces personnes pourraient être déférées, selon nos sources.
"IL FAUDRA PRÉPARER LA POPULATION À COHABITER AVEC LE VIRUS"
Ancien praticien des hôpitaux de Paris, spécialiste de médecine interne, orientation maladies immunitaires, Docteur Alioune Blondin Diop dissèque la situation pandémique due au coronavirus
Ancien praticien des hôpitaux de Paris, spécialiste de médecine interne, orientation maladies immunitaires, Docteur Alioune Blondin Diop dissèque, pour ‘’EnQuête’’, la situation pandémique due au coronavirus.
Après deux mois de pandémie, quel regard portez-vous sur l’évolution du coronavirus au Sénégal ?
D’abord, permettez-moi de saluer l’augmentation du nombre de tests que j’ai appelé de tous mes vœux. Dans la stratégie que j’ai proposée en guise de riposte à la pandémie de Covid-19, je préconisais que soit mis en place un système de confinement ciblé, combiné à la réalisation de tests larga manus, en particulier dans les zones qui pouvaient devenir des épicentres transitoires ou prolongés de la maladie. Aujourd’hui, force est de constater que les zones comme Dakar ou Touba sont devenues les régions où l’épidémie connaît une expansion en nombre de cas contacts, mais aussi et surtout en nombre de cas dits communautaires. Ce que j’attendais de cette stratégie était d’augmenter le nombre de personnes susceptibles d’être dépistées, afin de déceler les personnes contacts beaucoup plus tôt, dans un objectif de prise en charge plus précoce. C’est ce qui est en cours de réalisation.
Plus globalement, il faut remarquer que le développement de la maladie s’est fait en trois phases. La première, c’était les cas importés. Mais, à partir du 20 mars, la fermeture des frontières a permis de réduire de façon drastique l’ensemble des cas importés. Depuis le 4 avril, nous n’avons quasiment plus de cas importés. La deuxième phase est celle du confinement. Elle se matérialise par l’état d’urgence, le couvre-feu et, dans une moindre mesure, la loi d’habilitation qui ont été des mesures fortes. Elles ont contribué, avec les messages de prévention, de respect des barrières de transmission du virus, à passer d’une épidémie essentiellement importée à une épidémie à progression plutôt lente, essentiellement nationale avec, en plus, des cas communautaires... Durant la troisième phase, on a enregistré une augmentation du nombre de cas avec une proportion de 10 % respectée. Il y a aussi et surtout la proportion de transmission communautaire qui inquiète de plus en plus. D’une part, cela est dû à l’augmentation du nombre de tests, mais aussi, il faut le reconnaitre, à un relâchement dans le confinement préconisé.
Ainsi, nous sommes passés ou en train de passer d’une épidémie relativement contrôlée au début à une épidémie totalement hors de contrôle. Ce qui a, certainement, poussé les autorités à rendre systématique le port du masque. Mais, d’un point de vue pédagogique, cette dernière mesure a rendu le message totalement flou, dans la mesure où l’on passe une logique de ‘’restez chez vous’’ à une logique de ‘’portez des masques’’. La campagne de sensibilisation pour rendre compréhensible ce changement de paradigme a été insuffisante, à mon avis.
Ces derniers jours, on a noté une diminution du nombre de guérison. Qu’est-ce qui peut l’expliquer ?
En réalité, cela traduit l’efficacité de la prise en charge de mes confrères. Après avoir soigné les patients de la première vague qui étaient traités précocement, il reste en hospitalisation les personnes présentant des symptômes plus sévères, mais dont la proportion par rapport aux personnes guéries reste équilibrée. En dépistant les personnes précocement, on augmente les chances de tomber sur les porteurs sains, de personnes pauci-symptomatiques, c’est-à-dire présentant très peu de symptômes. Lesquels guériront aussi vite que la première vague.
Il n’y a donc pas de crainte à ce niveau. La seule chose qu’il faudrait craindre, est en rapport avec l’appréhension que la population générale manifeste par rapport à cette maladie et qui peut conduire certaines personnes à fuir les circuits de prise en charge classique, réduisant ainsi le succès constaté ces dernières semaines en termes de guérison. Cette stigmatisation non souhaitable pourrait conduire à éviter les structures sanitaires, au risque de développer des complications sévères au domicile. Nous sommes en droit de nous poser la question de savoir si les décès constatés à domicile, dernièrement, ne sont pas une conséquence d’un retard de prise en charge, en rapport avec une stigmatisation supposée ou avérée.
L’augmentation des tests a aussi pour corolaire l’augmentation du nombre de cas positifs. Que faudrait-il faire pour éviter que nos hôpitaux ne soient débordés ?
Le Sénégal a pris l’option d’hospitaliser toutes personnes présentant des symptômes, depuis le patient pauci-symptomatique, en passant par le patient moyennement sévère, jusqu’à celui relevant d’une prise en charge en réanimation. Il s’agit d’un principe de précaution maximale. Cela est tout à notre honneur. Cependant, l’augmentation du nombre de tests s’accompagnera inéluctablement d’une augmentation de personnes dépistées positives. Si le pays continue d’hospitaliser toutes personnes à PCR positive, en effet, on peut craindre un risque de saturation de nos structures hospitalières. Il va donc falloir sélectionner les personnes dont la structure de la famille et du domicile permettra d’envisager un confinement à domicile, comme cela se passe en Europe et aux États-Unis. Une personne positive, consciente de sa maladie, disposant d’un moyen de communication, maîtrisant les gestes barrières, mais étant pauci-symptomatiques, peut tout à fait être retenue à son domicile avec une surveillance rapprochée d’une équipe mobile sanitaire. Nous devrons réfléchir à cette solution dans un avenir proche.
Certes, il n’y a pas encore beaucoup de décès. Mais rapporté au nombre total de cas graves, le taux est quand même assez important. Cela ne traduit-il pas une certaine faiblesse dans la prise en charge de la maladie ?
Vous avez absolument raison. Mais cette situation n’aura rien de spécifique au Sénégal, puisque le nombre de morts que vous constatez en Europe et aux États-Unis est en partie lié à l’augmentation du nombre de cas de façon générale, mais aussi et surtout à la vieillesse de leurs populations. En ce qui nous concerne, si l’épidémie continue de croître à cette vitesse, il y aura inéluctablement une proportion de personnes, à l’instar des 10 décès constatés, qui malheureusement, ne pourront être prises en charge correctement par le service de réanimation. Il est donc indispensable que nous continuions à mettre l’accent sur la prévention, sur les barrières de transmission, sur la réduction du nombre de cas communautaires et sur la précocité de la prise en charge de nos patients, qu’ils soient pauci-symptomatiques ou symptomatiques légers ou modérément atteints. Il faut souhaiter, pour notre pays, que la courbe de croissance de l’épidémie ne suive pas celle des pays occidentaux.
Qu’est-ce qui explique le nombre réduit de cas graves dans des pays comme le Sénégal ?
D’abord, je souhaiterais que nous ne parlions pas trop vite, puisque nous n’en sommes qu’au début de l’épidémie. Ceci peut être la résultante de trois facteurs. Le premier, c’est la précocité de la prise en charge de nos patients. C’est une stratégie qui est adoptée par le ministère de la Santé et qui semble donner des résultats. Le deuxième, très probablement, c’est en rapport avec la jeunesse de la population qui dispose d’une immunité de prémunition ou d’un système immunitaire plus jeune et mieux à même de pouvoir combattre un virus. Troisièmement, il faut noter que nous n’en sommes qu’au début de l’épidémie. Il serait donc précoce, voire prématuré de ne parler que de cas très peu graves pour l’instant.
La stratégie du gouvernement consiste jusque-là à ne tester que les contacts à haut risque et ceux qui ont des symptômes. Que pensez-vous d'une telle option, à l'aune de la multiplication des cas communautaires ?
C’est une très bonne question. C’est une stratégie que j’ai jugé utile à un certain moment de l’épidémie. Mais déjà, le 25 mars, lors d’une stratégie que j’ai proposée, j’ai préconisé que l’on puisse réaliser des dépistages systématiques dans toutes les contrées du pays qui, par l’augmentation du nombre de cas, se transformaient en épicentre de la maladie. J’ai toujours pensé qu’après le confinement, il fallait compléter la stratégie par un dépistage généreux en confinant des quartiers, des communes ou des villes, le tout accompagné d’une stratégie de masques pour les confinements à domicile, par quartier. En plus du confinement, il faut un respect des mesures barrières, un dépistage ciblé, mais en nombre important et non exclusivement lié au contact, le tout dans un contexte de masque rendu disponible par un coût accessible.
Peu ou prou, le gouvernement est en train d’adapter cette stratégie, mais de façon à mon sens un peu trop lente et trop progressive. Je ne suis pas dans le secret des dieux et j’insiste sur le fait que le dépistage massif par quartier ou par commune, pour un pays de 16 millions d’habitants, pourrait constituer une solution, dans l’état actuel de l’épidémie au Sénégal. En admettant que nous connaissions une épidémie à croissance lente, puis à croissance exponentielle, puis un pic, enfin une décroissance un peu à l’image de ce qui se passe dans les pays européens et américains, il conviendrait alors, en fin d’épidémie, de proposer des tests sérologiques et non des tests de dépistage génomique. Les tests sérologiques permettraient de nous faire une idée sur l’immunité collective de la population sénégalaise. La connaissance de cet élément permettrait d’adapter le type de stratégie adoptée après la crise.
Les cas contacts sont jusque-là confinés dans les hôtels. Est-ce la meilleure formule, selon vous ?
Les capacités hôtelières du Sénégal sont importantes. Cela est lié à notre statut de pays touristique qui rend disponible un bon nombre de lits d’hôtel. Certains réceptifs ont accepté d’héberger des personnes contacts et cela est tout à leur honneur. Votre question appelle un certain nombre de réflexions sur cette épidémie, avec la stigmatisation des personnes atteintes, qu’elles soient porteuses du virus ou qu’elles en soient guéries. Le même phénomène a été observé pour l’épidémie Ebola, mais encore plus pour le sida. Cela pose un problème de l’identification des personnes contacts, celles atteintes de forme grave ou celles atteintes de forme modérée pouvant s’aggraver. Il faut comprendre que le rejet, par la communauté, de personnes susceptibles d’avoir été contaminées par le coronavirus, réduit l’efficacité des mesures de prévention et d’information, de communication mises en place par le ministère de la Santé et ses équipes. Il conviendrait que les associations communautaires, que les relais communautaires, les leaders politiques, religieux et artistiques puissent travailler à la banalisation de cette maladie, sans en nier son caractère grave.
Pour en revenir à l’hôtel, il permet de contourner cette difficulté de stigmatisation et de rejet des personnes en contact. Néanmoins, certains témoignages de personnes contacts ayant séjourné dans des hôtels de la place ne sont pas très satisfaisants et décrivent ce séjour comme un véritable supplice, voire un emprisonnement. Si nous souhaitons que la population adhère à ce type de solution de surveillance et d’entrée dans les circuits de soins, il conviendrait d’améliorer les conditions d’accueil et d’accompagnement psychologique de ces personnes qui, somme toute, ne sont pas malades.
Est-ce que la stratégie de l'immunisation collective, bien qu'ayant montré ses limites dans certains pays développés, ne serait pas mieux adapté chez nous ?
C’est une question qui appelle plusieurs réponses. D’abord, l’état des connaissances actuelles ne permet de déterminer si la contamination d’un grand nombre de personnes dans notre population pourrait s’accompagner d’une immunisation collective. Quelques études réalisées en Chine et plus récemment en France et en Italie rapportent que l’immunisation ne concerne que 21 % des populations testées et guéries. Ce qui, théoriquement, laisse penser qu’une nouvelle contamination pourrait être possible pour les 79 % restants. Ensuite, le nombre de cas communautaires et les contaminations qui pourraient en résulter pourraient impliquer des personnes soit porteuses de comorbidités soit à une immunité faible en raison de leur âge. Ce qui se traduirait par une mortalité élevée. Enfin, à l’instar de ce qui s’est produit dans la région est de France (le patient de Mulhouse), le Sénégal ne serait pas à l’abri d’un virus qui, au gré d’une mutation, entraînerait une contamination sévère de personnes à risque avec, à l’issue, une mortalité plus importante.
Au rythme où vont les choses, quand est-ce que nous pouvons envisager la fin de l’épidémie ?
Si je détenais une boule de cristal, j’aurais pu répondre sans difficulté, mais ce n’est pas le cas. Aucun pays de la planète ne s’est totalement débarrassé de la maladie, pour l’instant. Mais, au risque de vous décevoir, je pense qu’il faudra préparer la population sénégalaise et africaine, de façon générale, à cohabiter avec le virus ; dans le respect d’un certain nombre de gestes barrières et en modifiant totalement notre façon de vivre, de communiquer, d’échanger et de vivre avec notre environnement. Enfin, l’histoire des épidémies révèle que celles-ci apparaissent, augmentent, se développent et décroissent ; parfois spontanément, sans l’intervention de l’humain. Nous ne disposons, pour l’instant, ni de traitement et aucun vaccin n’est attendu avant 18 mois. Si nous sommes dans le schéma d’une épidémie qui s’éteindrait spontanément, il faudrait nous attendre à une nouvelle épidémie dans les 10 ans à venir. Cette récurrence étant la conséquence de notre nouvelle façon de vivre et de la globalisation de nos économies.
Cela m’amène à demander aux autorités sénégalaises, au ministère de la Santé en particulier, d’éviter de rejeter les quelques personnes venant de pays étrangers, surtout limitrophes. Il va falloir que l’Afrique comprenne que la solution au contrôle de l’épidémie sera régionale ou ne sera pas. Si le Sénégal arrive à contrôler son épidémie et que la situation ne s’améliore pas en Guinée-Bissau, en Guinée, au Mali, en Mauritanie, il est clair que notre pays s’exposera à une récidive de son épidémie. Et ce, quelles que soient les fermetures de frontières qui auront été mises en place. La CDEAO et les organismes communautaires régionaux devraient réfléchir à des solutions globales qui, inéluctablement, se révéleraient être les solutions les plus stables et les réponses les mieux adaptées à une riposte efficace et durable.
par Abdourahmane Sarr
FINANCEMENT DE L’UEMOA : PROPOSITION POST-COVID
Là où l’Europe peut créer un mécanisme de stabilité en faisant lever des fonds par une entité garantie aux titres refinançables par la BCE, nous pouvons faire jouer le même rôle à la BCEAO sans la garantie des Etats si elle a la maîtrise de son bilan
Le Sénégal a lancé le débat sur la dette africaine, et par la voix de son ministre des Finances, a soutenu que son annulation permettrait de mobiliser des ressources nouvelles pour financer une reprise intéressante pour l’Afrique et ses partenaires. Il s’agirait donc de la reconstituer et rapidement en levant notre contrainte de critère de convergence sur le déficit budgétaire. Le Bénin, par la voix de son ministre des Finances, a lui exprimé une préférence pour des financements nouveaux plutôt que l’annulation ou le moratoire d’une dette jugée soutenable, invoquant des difficultés futures de mobilisation de ressources du marché qui en découleraient. Tidjane Thiam, figure emblématique d’une Afrique compétente et écoutée de la finance internationale, signataire d’une tribune en faveur du moratoire, voit en ce moratoire une solution immédiate et temporaire de libération de liquidités sans ressources nouvelles. Pour notre part, nous nous sommes exprimés contre l’annulation de notre dette et pour une autonomie monétaire afin de faciliter le refinancement de cette dette en monnaie nationale principalement, avec la souscription de non-résidents (voir Annulation de Dettes Non, Souveraineté Monétaire Oui). En effet, dans la gestion d’une dette souveraine, l’accès aux marchés pour le refinancement d’un niveau de dette soutenable est plus important que la capacité de remboursement avec des recettes effectives. Il est donc important d’être perçu par les marchés comme un souverain solvable qui respecte ses engagements. Nous soutiendrions une annulation de dette pour le Sénégal, si le président Macky Sall s’engageait à ne pas la reconstituer principalement en devises bien que finançable de l’extérieur.
Cela dit, ce débat public est sain comme le soulignait Kako Nubukpo dans une récente contribution, puisque pour notre part, le dénominateur commun de ce débat est que l’Afrique a besoin de ressources extérieures complémentaires pour son développement. Comment mobiliser ces ressources tout en nous affranchissant du joug de nos « partenaires au développement » ? Nous avons noté que Tidjane Thiam en des circonstances différentes de temps et de lieux a exprimé les points de vue suivants : i) « il faut du capital supplémentaire qui entre en Afrique pour la croissance » (ii) « c’est une folie que de financer les infrastructures avec des eurobonds » (iii) « l’Afrique doit utiliser son épargne pour financer ses infrastructures ». Comment réconcilier ces trois positions ? Clairement, l’insuffisance de l’épargne intérieure ou une utilisation optimale de nos revenus pour la consommation intérieure plutôt que l’investissement, nécessite un complément d’épargne extérieure n’ayant pas meilleurs usages (dettes ou fonds propres). Cette épargne extérieure peut être mise à disposition sous forme d’engagements en devises ou en monnaie nationale. Nous supposons donc que le problème que Tidjane Thiam a eu avec les eurobonds est qu’ils sont une dette en devises. Si tel est le cas, nous partageons avec lui une préférence pour l’endettement en monnaie nationale afin de réduire le risque de change du portefeuille de dette extérieure de nos Etats.
Il se trouve néanmoins que la raison principale pour laquelle nos Etats, Côte d’Ivoire et Sénégal, avaient émis des eurobonds dans des montants qui ont alerté Tidjane Thiam en 2018 n’était pas seulement liée au financement d’infrastructures (voir notre contribution « Eurobonds : le Sénégal et la Côte d’Ivoire au Secours de la BCEAO et des Banques»). Il s’agissait beaucoup plus d’une gestion macroéconomique, car notre banque centrale avait besoin de renflouer ses réserves de change après avoir excessivement financé nos états en monnaie nationale par le bais du refinancement de titres détenus par les banques. Cette thèse a été confirmée par le FMI. Une réduction relative de son volume de refinancement en conséquence avait créé une tension de liquidité dans le secteur bancaire et le marché des titres, générant un effet d’éviction du secteur privé. Au vu de cette expérience, comment lever des fonds sur les marchés internationaux pour renflouer nos réserves de change et soutenir la liquidité bancaire sans contraindre nos Etats à s’endetter en devises ?
Nous avons proposé que la BCEAO puisse émettre des titres sur le marché international sans la garantie des Etats sur la base de la solidité de son propre bilan dans la mesure où ses statuts le lui permettent. Elle pourrait ainsi lever jusqu’à 16 milliards de dollars, soit l’équivalent de ses réserves de change. Les fonds levés représenteraient des réserves de change portant leur niveau à 32 milliards de dollars immédiatement disponibles, alors que l’engagement extérieur de 16 milliards pourrait être sur une période relativement longue (5 ans) et renouvelable. Ainsi, une BCEAO à la gouvernance réformée aurait une capacité renforcée d’intervention, et donc de refinancement de crédits en soutien à la croissance mais sous le leadership du secteur privé.
Les non-économistes ne comprennent souvent pas comment il se fait qu’on ne puisse pas utiliser nos réserves de change pour des investissements alors qu’elles sont disponibles. Les économistes leur répondent toujours que la contrepartie circule déjà dans l’économie, et qu’il n’était pas possible de la réinjecter une deuxième fois. C’est vrai. Mais une façon de s’assurer que cette épargne extérieure est utilisée dans notre économie, est de permettre à la banque centrale d’emprunter son équivalent plutôt que d’attendre qu’on nous la prête par le biais d’eurobonds émis par nos états à des banques internationales. Si le financement graduel de l’économie que ces réserves permettraient ne réduit pas significativement le niveau de nos avoirs extérieurs nets, l’opération ne se solderait pas nécessairement en une dette nette ingérable par la BCEAO. Une autonomie d’objectif donnée à la BCEAO sur le taux de change tout en préservant sa mission première de stabilité des prix faciliterait cette gestion. Le refinancement par la banque centrale, à sa guise, de projets en soutient à l’exportation, à la substitution efficiente d’importations, et à la croissance serait ainsi bénéfique pour notre économie. Titrisés, des actifs de certains projets bien structurés pourraient même être vendus à l’international avec la participation de la BOAD.
Nous voyons là que notre destin n’est pas entre les mains de nos partenaires au développement, bilatéraux ou multilatéraux, si nous décidons de prendre la responsabilité de gérer nos finances. Là où l’Europe, par la solidarité, peut créer un mécanisme de stabilité en faisant lever des fonds par une entité garantie aux titres refinançables par la BCE, nous pouvons faire jouer le même rôle à la BCEAO sans la garantie des Etats si elle a la maîtrise de son bilan. Elle est notre meilleure institution et devrait pouvoir jouer un rôle réellement supranational auprès de nos états dans un monde post-Covid submergé de liquidités.
Ce que nous disons a été mis en œuvre par la Tunisie au début des années 2000. La Banque Centrale de Tunisie avait alors un programme d’émission de titres à moyen terme sur les marchés européens, japonais, et américains d’une valeur de 2 milliards de dollars qui équivalait au niveau de ses réserves de change de l’époque. Le prospectus indiquait que les fonds étaient destinés à renflouer ses réserves de change et à financer l’état Tunisien sans sa garantie. Si nous faisions la même chose, n’utiliserions-nous pas l’épargne nationale pour financer le secteur privé et des projets d’infrastructures rentables allant dans le sens de l’interpellation de Tidiane Thiam ? Crédit Suisse faisait partie des banques participantes. Cela nous semble préférable que d’emprunter la même épargne à travers le trésor d’un état tiers comme nous l’avons fait depuis 1960 pour remettre les fonds à nos états défaillants qui ont voulu conduire le développement à la place du secteur privé national. Annuler la dette pour la reconstituer de cette manière n’est pas souhaitable. Nos Etats pourront davantage se concentrer à développer le marché financier régional avec l’apport de non-résidents en monnaie nationale.
Alors, respectons les critères de convergence après le rattrapage contracyclique de la crise, renforçons notre banque centrale indépendante, et donnons-lui le mandat d’accompagner le développement sous le leadership du secteur privé et l’appui des états sur des choix consensuels avec l’exutoire du taux de change. Nos Etats se concentreraient davantage sur les services publics qui nous sont communs (santé, éducation, infrastructure de base, sécurité) dont la qualité dépendra d’une vraie politique de décentralisation. L’inclusion financière de nos populations et de nos collectivités locales leur permettra de participer à l’avènement de collectivités locales fortes soutenues par des petites et moyennes entreprises nationales résilientes.
De ce dernier point de vue, nous réitérons que l’Afrique devra capitaliser sur sa démographie en reconstruction et son urbanisation croissante qui ne seront plus des handicaps mais des atouts. Ces deux facteurs conjugués à la digitalisation des échanges permettront aux populations des zones urbaines de mobiliser l’épargne en monnaie nationale correspondant aux dépôts stables de leurs portefeuilles électroniques pour leur transformation en financements à moyen terme. Elles auront ainsi également une option sur le refinancement de la banque centrale, et donc sur les réserves de change, et pourront disposer de fonds propres pour leurs projets sans passer par le crédit bancaire. En effet, nos banques peinent à transformer nos dépôts à vue stables en des financements à moyen et long termes au profit de nos entreprises.
Librement.
par Mamadou Niang
MIEUX COMPRENDRE LE PLAIDOYER FORT DE MACKY SALL POUR L’AFRIQUE !
La dette doit être annulée mais le système qui l’entretient doit aussi disparaître, car même si la dette est annulée, elle pourrait renaître de ses cendres si le système est maintenu
Au début de la crise sanitaire du COVID19, le président Macky Sall a très tôt pris les devants pour demander l’annulation de la dette publique africaine et le réaménagement de sa dette privée selon des mécanismes à convenir. Cet appel du président Macky Sall a eu des échos favorables un peu partout dans le monde. Cependant, il faut comprendre que le plaidoyer du président, va au-delà, de la simple demande d’annulation de la dette africaine.
Il plaide en outre, pour l’abolition de l’ordre mondial en cours et l’instauration d’un nouvel ordre mondial, qui redéfinit l’ordre des priorités, qui investit dans l’économie réelle, bref il plaide pour un monde nouveau. Ainsi, pour mieux comprendre l’aspiration du président à un nouvel ordre mondial, il est important de revenir sur quelques aspects factuels de l’ordre mondial en cours. En effet, nul besoin d’être économiste, statisticien, géographe, historien, philosophe ou sociologue pour appréhender le dérèglement du monde, il faut juste être un humain. Car l’humain débarrassé de tous ses titres, grades et distinctions demeure le seul baromètre de l’humanité pour moi.
Mais malheureusement, nous sommes dans un système qui petit à petit a gangrené le monde dans lequel nous vivons, un monde qui a perdu ses valeurs morales et éthiques, un monde où l'Homme est piétiné, humilié, instrumentalisé, réduit à une simple cellule réactive et fonctionnelle d’un macro-processus planétaire. Ce macro-processus est fondé et entretenu par le mercantilisme, le matérialisme et la cupidité, il est centré sur lui-même et sur ses propres intérêts. Ainsi, l’économie mondiale hyper financiarisée se caractérise aujourd’hui, par un jeu d’acteurs vicieux et véreux, car depuis que certains aventuriers financiers que j’appelle les rapaces de la finance mondiale ont su que l’on pouvait plus facilement et rapidement s’enrichir avec la finance qu’avec l’économie réelle, ils ont transformé la planète en un gigantesque casino où l’argent est complètement déconnecté de toute production, de tout effort physique et/ou intellectuel, et de toute activité socialement utile. Les places boursières sont transformées en des lieux de trading à haute fréquence où le sort de centaines de millions d’humain se décide sur un coup de dés. Le résultat de ces procédés ésotériques financiers font que des montants d’argent peuvent multipliés par mille ou perdus simplement, en quelques secondes sans qu’aucun banquier ou statisticien ne puisse expliquer, ce qui s’est exactement passé, car le robot en charge des opérations spéculatives a décidé en quelques nanosecondes de vous faire gagner ou perdre, l’opération échappe même au trader, c’est-à-dire à l’opérateur des marchés financiers. Personne ne comprend, mais les verdicts gagnés ou perdus sont acceptés par tous : bienvenu dans la sorcellerie financière 2.0 où le virtuel a pris le dessus sur le réel.
La conséquence immédiate de cette virtualisation de la finance mondiale est que l’économie est devenue profondément dysfonctionnelle, et désormais c’est la finance qui actionne l’économie et non l’inverse. Cette situation a eu comme corollaire la concentration de la richesse mondiale entre les mains d’une minorité active qui asservit la majorité passive. Ainsi, le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser à cause de cette dynamique négative qui habite l’actuel ordre mondial, d’ailleurs cet ordre mondial entretient les fondements d’un monde structurellement inégal. En outre, la dette des pays pauvres sous sa forme actuelle est un obstacle structurel au développement économique et social car le complexe enchevêtrement des causes historiques profondes fait que la dette est similaire à une addition dans un restaurant où les clients précédents laissent l’addition aux clients suivants ainsi de suite, de génération en génération.
Le malheur, c’est qu’à force de voir le système ainsi, on le croit créé et arrangé par Dieu. Alors que Dieu n’y est pour rien, car les mécanismes de prédation avec les prêts prédateurs auxquels les pays pauvres de la planète sont confrontés sont le fruit d’une invention humaine. Donc la dette, telle que nous la connaissons aujourd’hui est greffée sur ce système, qui à travers les institutions financières internationales, organise une prédation légale et systématique des pays pauvres. Ces propos en substance du juge Kéba Mbaye citant un éditorial de Béchir Ben Yahmed, lors de sa leçon inaugurale portant sur l’éthique, aujourd’hui, à l’UCAD, le 14 décembre 2005 sont illustratifs de la situation : « (…) De leur côté, les anciennes puissances coloniales ont mal aidé. Quant à la Banque mondiale et au FMI, agents d’un ordre économique mondial injuste, ils ont erré. Cette conjonction de facteurs défavorables, toujours à l’œuvre en 2005, près de cinquante ans après les indépendances, explique les malheurs actuels du seul continent qui voit augmenter le nombre de ses démunis». Ainsi, ma conviction personnelle est que non seulement la dette doit être annulée mais le système qui l’entretient doit aussi disparaître, car même si la dette est annulée, elle pourrait renaître de ses cendres si le système est maintenu, l’histoire nous l’a déjà démontré. Et je reprécise ici que je parle uniquement des prêts prédateurs qui deviennent des dettes non remboursables dans le temps et qui finalement asservissent les États qui les ont contractées.
Cependant, je ne saurais passer sous silence un fait, car il y quelques jours après les sorties réussies du président Macky Sall plaidant l’annulation de la dette africaine, l’économiste sénégalais, Felwine Sarr a soutenu lors d’une interview avec la TV5 que : « Économiquement, la dette n’est pas un problème si elle est sous contrôle, c’est-à-dire bien investie. Malheureusement, certains Etats africains profitent de cette crise pour jouer sur ce que je nomme la politique de la compassion et demander l’annulation de leur dette. Hors, nous ne devrions pas tendre la main. Il faut changer de discours. Assumons nos dettes, payons-les, gérons-les comme il faut et arrêtons de venir quémander une annulation tous les vingt ans. » Ces propos de Felwine Sarr ne se justifient pas car la demande d’annulation de la dette africaine n’est pas une stratégie de politique compassionnelle, non ! Cette demande est faite dans un contexte particulier où aucun économiste, mieux aucun oracle ne peut prédire ce qui va se passer après cette crise sanitaire. D’ailleurs, au-delà du contexte mondial marqué par cette crise du COVID19, il sait que la dette africaine comme toute la dette des pays pauvres est une stratégie de prédation savamment orchestrée.
En fin de compte, comme le président Macky Sall, je pense que le temps d’un postulat radical, qui place l’humain et l’environnement au cœur de nos préoccupations et de nos actions, est plus que venu, il faut que l’humanité accepte audacieusement d’instaurer un nouvel ordre international légitime. D’autant plus que cette crise sanitaire offre aux tenants de l’ordre mondial inique, la chance de restaurer leur crédibilité morale car elle a produit les conditions de dépassement de cet ordre cannibale. Sinon le monde post-covid2019 risque d’être un monde bipolaire, non pas idéologiquement mais cette fois ci matériellement avec d'un côté les très riches et de l’autre côté les très pauvres qui seront de plus en plus nombreux.
par Yoro Dia
L'AUTRE GRANDE GUERRE
Macky devrait d’ores et déjà dire aux Sénégalais que la bataille économique de l’après-Covid-19 sera plus dure que celle contre la pandémie et qu’il n’aura à offrir que de la sueur si on veut respecter le rendez-vous de l’émergence en 2035
«Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, des larmes et de la sueur.» Ainsi parlait Sir Winston Churchill à la Grande Bretagne à la veille de la seconde Guerre mondiale quand il en devint le Premier ministre dans des circonstances exceptionnelles. Il réussit avec son discours de vérité à fouetter l’orgueil de ce grand Peuple, à le mobiliser pour gagner cette grande guerre. Le président Macky Sall devrait d’ores et déjà dire aux Sénégalais que la bataille économique de l’après-Covid-19 sera aussi dure, sinon plus dure que la bataille contre le Covid-19 et qu’il n’aura à offrir que de la sueur, énormément de sueur si on veut respecter le rendez-vous de l’émergence en 2035, car le «temps et la marais» n’attendent personne, comme on dit au pays de Churchill.
Nous gagnerons la bataille contre le Covid-19. C’est évident. Est-ce que c’est une question de semaines ou de mois ? C’est tout ce qu’on ne sait pas. C’est pourquoi il faut se préparer à l’après-Covid-19 parce que, soit le virus disparaît soit il va rester un encombrant «hôte étranger qui vit parmi nous». Il n’y a pas de troisième voie. Mais quel que soit le cas, il faut que l’économie redémarre pour la simple raison que nous n’avons pas le choix. Les prochains mois vont être très durs. Macky Sall a été chef de guerre contre le Covid-19, il faut qu’il le reste dans la deuxième phase économique de la guerre. Churchill a été un grand chef de guerre. Avec ténacité, détermination et bravoure, il est parti d’une situation désespérée, a su redonner confiance à un pays à genoux, l’a relevé et l’a mené à une victoire éclatante. C’est une des rares fois où un homme seul a su changer le cours de l’histoire. Churchill savait parler aux généraux et amiraux, mais avait montré toutes ses limites en économie lors d’un précédent passage au gouvernement comme chancelier de l’Echiquier. Son passage à la tête des finances fut tellement catastrophique que Keynes prit sa plume pour attirer l’attention du pays sur les «conséquences économiques de M. Churchill». Dès la fin de la guerre, les Anglais qui savaient tout de Churchill choisirent de le renvoyer dans l’opposition après l’avoir porté au pinacle de la gloire.
Le président Macky Sall, contrairement à Churchill et ses limites économiques, a consacré l’essentiel de son énergie à l’émergence, dont la marche en fast track subit un coup de frein brusque avec l’obstacle Covid-19. C’est après le Covid-19 que le fast track aura tout son sens, parce qu’on saura si le président de la République est en mesure de profiter d’une situation exceptionnelle (comme Churchill à la veille de la guerre) pour mobiliser l’énergie des Anglais en leur vendant l’espérance (la victoire finale, objectif clairement défini), car comme dit Napoléon, «les grands chefs sont des marchands d’espérance». Le pays a besoin d’espérance.
Il urge, alternativement à la communication quotidienne sur le nombre de cas, le nombre de guéris et le nombre de morts, de «vendre» au pays une autre espérance, un futur à côté de ce présent sinistre. L’histoire a toujours montré que dans une situation exceptionnelle, si les chefs sont exemplaires, le Peuple suit. Avec le Covid-19 et surtout l’après, Macky Sall a une situation exceptionnelle. Est-ce qu’il va être le Churchill de 1939 ou de 1945, ou celui dépassé par la crise économique, nous le serons dans les jours qui viennent. La bataille de la reprise économique commence maintenant. Et c’est une guerre structurelle dont dépend notre avenir, alors que la bataille contre le Covid-19, au fond, est conjoncturelle.