SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 29 avril 2020.
"Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Lat DIOP, Administrateur civil Principal, est nommé, Directeur général de la LONASE, en remplacement de Monsieur Amadou Samba KANE.
Monsieur Babacar BA, Administrateur civil est nommé, Secrétaire général de l’Agence de la Sécurité de Proximité (ASP), en remplacement de Monsieur Boubacar Traoré."
LES CLASSES D'EXAMEN ROUVRENT LE 2 JUIN
S’agissant de l’Enseignement supérieur, il est recommandé aux académies, de réfléchir sur les modalités de reprise globale des enseignements dans la période du 02 au 14 juin 2020 - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 29 avril 2020.
"Le Conseil des ministres s’est tenu le mercredi 29 avril 2020 en visioconférence, sous la présidence du Chef de l’Etat, son Excellence, Monsieur Macky SALL.
Le Chef de l’Etat a, en ce début du mois béni de Ramadan, adressé ses chaleureuses félicitations et souhaiter ses meilleurs vœux à la Oumah Islamique. Il a saisi cette période de ferveur religieuse et de solidarité pour prier, avec l’ensemble de la Nation, pour la consolidation d’un Sénégal prospère dans la paix, la santé et le bien-être des populations.
Le Président de la République a informé le Conseil avoir participé, le lundi 27 avril, en visioconférence, au Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), à l’effet de valider le Plan de Riposte communautaire face à la pandémie du COVID-19.
Le Chef de l’Etat, revenant sur la stratégie nationale de lutte contre le COVID-19, a souligné l’impératif d’accroître la vigilance collective et d’asseoir le sens civique des populations, afin d’assurer l’appropriation optimale et l’efficacité de la stratégie de lutte déployée depuis le 02 mars 2020. Il a, à ce titre, demandé au Gouvernement de renforcer la mobilisation efficace de l’ensemble services de l’Etat et des personnels de santé, ainsi que la mise en œuvre d’une communication de proximité efficiente et adaptée.
Le Président de la République, face à la multiplication de comportements à risque a requis, l’application de nouvelles mesures plus coercitives au niveau des transports interurbains, des lieux de commerce et espaces publics.
Il a, par ailleurs, invité le Ministre de la Famille, avec le soutien du Ministre de l’Intérieur et du Ministre de la Santé et de l’Action sociale, à dérouler, sur l’ensemble du territoire national, un dispositif spécial de protection sociale des enfants en situation difficile.
Le Chef de l’Etat, au sujet du soutien stratégique de l’Etat aux entreprises à travers les mécanismes du FORCE COVID - 19, a rappelé aux membres du Gouvernement l’urgence d’intensifier l’exécution des mesures administratives, financières, fiscales et sociales, sans précédent, initiées par l’Etat. Il a, à cet effet, demandé au Ministre de l’Economie et du Plan, en rapport avec les ministres impliqués, l’APIX et les organisations patronales, de définir une feuille de route intégrant des actions consensuelles chiffrées, afin de préserver les emplois et de relancer durablement l’activité économique nationale.
Le Président de la République, évoquant la fête internationale du travail, a saisi l’occasion du Conseil pour adresser ses chaleureuses félicitations, ses encouragements et son soutien permanent aux vaillants travailleurs, dont la contribution dynamique à la prospérité nationale et à la stabilité sociale du Sénégal reste exemplaire. Il a en outre salué la décision historique des centrales syndicales de ne pas présenter cette année de cahier de doléances et de sursoir à toutes les festivités. Il a particulièrement félicité les syndicats pour leur engagement patriotique remarquable dans la lutte contre le COVID-19.
Le Chef de l’Etat a invité, dans cet élan, le Ministre du Travail et du Dialogue social, à œuvrer avec le Patronat et les membres du Gouvernement, à la finalisation du Pacte de Stabilité sociale et d’Emergence économique (PSSEE), symbole du nouveau contrat social sur la période 2020-2025.
Le Président de la République a, enfin, insisté sur l’importance primordiale qu’il accorde à l’élargissement notable de l’accès à la formation professionnelle pour promouvoir l’emploi. Il a rappelé sa décision d’allouer, depuis 2019, l’intégralité de la Contribution Forfaitaire à la Charge de l’Employeur (CFCE) au Fonds de Financement de la Formation Professionnelle et Technique (3FPT).
Le Président de la République a, ainsi, demandé au Ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat, d’accélérer la construction des 15 centres de formation professionnelle et technique prévus cette année, ainsi que l’aménagement et la construction du site de recasement des mécaniciens.
Au titre des Communications :
Le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur le suivi des directives présidentielles, notamment de l’état d’avancement du TER.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait une communication sur la mobilisation des ressources du FORCE COVID-19.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur la situation de l’assistance à nos compatriotes dans la diaspora.
Le Ministre en charge de la Solidarité nationale a fait le point sur le démarrage de la distribution de l’aide alimentaire d’urgence.
Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait une communication sur la situation de la pandémie du COVID-19.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une communication sur la préparation de la campagne agricole 2020-2021.
Le Ministre de de l’Eau et de l’Assainissement a fait le point sur les mesures prises pour lutter contre les inondations.
Le Ministre des Pêches et de l’Economie maritime a fait le point sur la délivrance des licences de pêche au Sénégal.
Les Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle ont fait des communications sur la reprise des enseignements. Le Conseil a arrêté la date de reprise des cours, à compter du 02 juin 2020 pour les élèves en classe d’examen. S’agissant de l’Enseignement supérieur, le Conseil a recommandé aux académies, de réfléchir sur les modalités de reprise globale des enseignements dans la période du 02 au 14 juin 2020.
Le Ministre de la Culture et de la Communication a fait le point sur les fonds d’aide à la presse et à la culture dans le cadre du COVID-19.
Le Ministre du Travail et du Dialogue social a fait une communication sur la célébration de la fête internationale du travail de cette année.
Le Ministre en charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent a fait le point sur les avancées et la mise en œuvre des réformes.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
- le projet de loi relative aux modalités d’exercice par l’Etat de ses pouvoirs de police en mer ;
- le projet d’ordonnance portant aménagement des sanctions relatives aux violations des dispositions prises pour lutter contre le COVOD-19 dans le secteur des transports terrestres.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Lat DIOP, Administrateur civil Principal, est nommé, Directeur général de la LONASE, en remplacement de Monsieur Amadou Samba KANE.
Monsieur Babacar BA, Administrateur civil est nommé, Secrétaire général de l’Agence de la Sécurité de Proximité (ASP), en remplacement de Monsieur Boubacar Traoré."
AUDIO
"TIRONS QUELQUE CHOSE DE POSITIF DE CE DÉSORDRE UNIVERSEL"
Le prix Nobel de littérature nigérian, Wole Soyinka, revient sur la lettre qu'il a cosignée avec 100 autres intellectuels d’Afrique et de la diaspora, pour une rupture dans la gouvernance en Afrique
C’est une parole rare que nous vous proposons d’écouter. Celle du prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka. Il vient de cosigner avec 100 intellectuels d’Afrique et de la diaspora une lettre ouverte aux gouvernants africains en temps du Covid-19. Une lettre dans laquelle les dirigeants sont appelés à gouverner enfin avec compassion et à voir cette crise comme une opportunité pour un changement radical de direction... Extrait de ce grand entretien.
RFI : Pourquoi en pleine pandémie y a-t-il urgence à faire passer ce message collectif des intellectuels africains aux dirigeants du continent ?
Wole Soyinka : Vous posez une immense question. Pour moi, c’est le moment de rappeler nos dirigeants à l’ordre, pour leur dire « faisons en sorte que tout cela ne soit pas encore un gâchis, tirons quelque chose de positif de ce désordre universel ». Dans cette lettre qu’on m’a envoyée, j’ai immédiatement reconnu les mêmes inquiétudes dans le contexte de cette épidémie universelle, qui pose un défi très spécifique au continent africain, comme on le voit aujourd’hui.
C’est une « tempête tectonique », dites-vous, qui devrait pousser les dirigeants du continent a un « changement radical de direction » à « gouverner enfin avec compassion » 60 ans après les indépendances africaines comment réinventer d’autres manier de gouverner « à l’africaine » ou d’autres manière de faire propre à chaque pays du continent ?
Je ne vais pas utiliser l’expression « façon de faire africaine », car c’est une expression toujours sujette à débat. Cette expression a été corrompue par de nombreux dirigeants. Quelqu’un comme Mobutu avait sa « façon de faire africaine », vous voyez ? Idi Amin aussi avait sa « façon africaine ». Ils sont nombreux sur le continent africain… Regardez-les, tous citeront toujours une « façon africaine » de faire les choses. Mais cela va plus loin que ça. Il faut explorer les possibilités que nous offrent toutes nos façons de vivre que nous avons totalement négligées : une manière de vivre en communauté, la capacité de dire « d’accord pour aller jusqu’à un certain point mais pas plus loin », un vrai sens de la responsabilité vis-à-vis de son voisinage, en tant que membre d’une communauté. Ce sont des manières de faire spécifiques qui existent, mais qui ont été négligées et corrompues, et parfois délibérément récupérées par les dirigeants africains, simplement pour rester au pouvoir.
Pour moi, cette lettre veut signifier à ces dirigeants : Pourriez-vous, juste, un moment, oublier le pouvoir et penser au peuple ? Cesser de penser aux prochaines élections et réfléchir plutôt à ce qui est vraiment essentiel pour que l’humanité, sur notre continent africain, soit un pilier de notre conception globale du monde ? Regardez ce qui se passe en ce moment avec Museveni, qu’on a glorifié à une époque comme un leader révolutionnaire, conscient du risque d’abus de pouvoir, conscient de l’humanité de son peuple. Il est devenu encore un autre tyran, comme Mugabe ; il persécute des artistes comme Bobi Wine, il tue, simplement pour rester au pouvoir.
Est ce que vous iriez jusqu’à dire que cette épidémie fait office de révélateur de certaines erreurs de développement du passé ?
Tenez, regardez mon Nigeria, regardez ce que mon pays gagne avec le pétrole. Et regardez nos infrastructures : demandez-vous combien d’hôpitaux nous avons, combien d’infrastructures ? Combien d’installations nous pourrions faire réquisitionner par l’État et convertir en centres de quarantaine… En termes d’infrastructures, nous sommes l’un des États les plus pauvres de la planète. Pourquoi en sommes-nous là ? C’est sur cela que porte notre lettre ouverte. Nous disons : au moins à partir d’aujourd’hui, maintenant que les conséquences de cette terrible négligence sont flagrantes, qu’allez-vous enfin faire de ça ? Voulez-vous saisir cette opportunité pour réfléchir à notre pleine et entière existence en tant que peuple, et à votre existence à vous en particulier, en tant que dirigeant sur le continent africain… un continent qui porte une histoire d’esclavage, de colonisation, de néo-colonisation, d’exploitation sans fin ? Et si cet évènement était le moment de vous poser, pour enfin réfléchir, et vous demander si vous n’avez pas trahi votre propre peuple, trahi votre propre humanité ?
Mais ce que révèle cette épidémie ne concerne pas que les dirigeants africains, rappelons qu’à l’élection de Donald Trump vous aviez vous-même, Wole Soyinka déchiré votre carte verte, votre permis de résident permanent aux États-Unis… un geste fort que vous ne regrettez pas j’imagine ?
Pour moi ce n’était pas un problème, (rires) pas du tout ! Mais vous voyez, il a prouvé qu’il était encore pire que ce que je pensais, bien, bien pire ! Pouvez-vous imaginer en ce moment n’importe quel autre dirigeant annoncer qu’il va retirer ses fonds d’une organisation internationale dédiée à l’éradication d’une épidémie comme celle d’aujourd’hui, et qui vise plus généralement au bien-être des êtres humains ? Je me demande parfois : Trump est-il vraiment un être humain ? Est-ce qu’il fait partie de votre humanité et de la mienne ? Cet homme, je ne sais pas de quelle planète il vient.
► Wole Soyinka était aussi l’invité de Caroline Lachowsky dans Autour de la Questionce mercredi.
par Abdou Latif Coulibaly
RÉPONSE À EMMANUEL DESFOURNEAUX
EXCLUSIF SENEPLUS - La vocation première de la fonction de Macky Sall n’est pas de porter le renouveau de l’Afrique - Il n’a pas non plus à porter la rupture historique pour tout un continent
Abdou Latif Coulibaly répond à notre éditorialiste Emmanuel Desfourneaux qui, à travers son texte intitulé "Pour un nouvel ordre politique sénégalais", analyse les différentes postures du président Macky Sall, à l'aune de cette crise du coronavirus.
« Macky Sall peut-il incarner le renouveau africain et la rupture historique ? »
La réponse à cette interrogation que vous posez d’emblée coule de source : la vocation première de la fonction de Macky Sall n’est pas de porter le renouveau de l’Afrique. Il n’a pas non plus à porter la rupture historique pour tout un continent. L’intéressé ne revendique pas, non plus, une telle mission. Il reste convaincu que les Sénégalais l’ont d’abord élu pour assurer un leadership politique marquant, lui permettant de prendre en charge les exigences de son peuple. Il est tout aussi conscient qu’il doit, dans cet esprit, continuer de marquer d’une empreinte positive et remarquable, comme cela a été le cas depuis notre indépendance, toutes les dynamiques économiques, diplomatiques et autres qui feront que l’Afrique sera toujours bien et positivement présente dans le concert des nations du monde.
Le renouveau global de ce contient sera la synergie de tous les renouveaux émanant des différentes nations et des convergences majeures réussies dans le cadre de l’Union Africaine (UA). A défaut, ce renouveau et la rupture historique tant souhaités ne seront jamais. L’Afrique est diverse et multiple. Il n’y a pas qu’une seule Afrique ! Autre précision nécessaire, vous dites : « Chaque pays possède son mythe fondateur. En France, c’est son nouvel ordre politique issu de la révolution française. Aux États-Unis d’Amérique, c’est l’esprit pionnier avec la conquête de l’ouest. Et au Sénégal ? C’est d’après moi, la Renaissance africaine consacrant le {paradigme sacré de l’égale dignité de tous les peuples et de toutes les cultures} ». C’est votre liberté de porter votre choix sur la Renaissance Africaine - même si elle reste encore une aspiration légitime parlant à peu de Sénégalais -, pour nous laisser croire qu’elle devrait constituer notre mythe fondateur. Vous n’y avez pas échappé, cette prétention dont certains ont souvent fait montre, aujourd’hui comme hier, pour faire des choix à notre place. C’est pour cela, pour ma part, que je ne vois pas autre mythe fondateur pour le Sénégal que son indépendance, marquée par cette date symbole du 4 avril, consacrant notre accession à la souveraineté nationale et à la liberté à laquelle tout peuple devrait prétendre.
Ces deux précisions faites, je souhaiterais dire à l’endroit d’Emmanuel Desfourneaux qui a publié un article intéressant sur le Sénégal et son président dans le site SenePlus (27/04/2020), qu’expliquer une situation n’est pas nécessairement la dénoncer. Je n’ai pas dénoncé le libéralisme, j’ai plutôt relevé, pour m’en désoler, le caractère outrancier du néolibéralisme, son caractère sauvage, diront d’autres. Je l’ai fait pour expliquer ses effets pervers sur la situation sanitaire de l’ensemble des pays luttant contre cette pandémie du Covid-19. Un des chantres les plus marquants du néolibéralisme dans le monde actuel, en l’occurrence, le président Emmanuel Macron, mettait en lumière dans une des nombreuses adresses qu’il a faites à son peuple, depuis l’avènement de la pandémie du Covid-19 chez lui, en déclarant : « Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché ", ajoutant que "Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie, au fond à d'autres, est une folie." C’est dans ces mots du chef de l’Etat français que se trouvent les tares du libéralisme forcené dont j’ai parlé. Ces tares ne sont pas la substance, ni l’essentiel même du libéralisme économique. Ç’en est qu’une vile et dangereuse perversion. Le président Macky Sall, dans son mémorable adresse à la Nation, le 03 avril 2020, à la veille de la célébration du 60ème anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, soulignait avec force la nécessité, désormais, de promouvoir un développement à visage humain et à redéfinir les priorités « (…) La tourmente qui secoue le monde a fini de révéler au grand jour la fragilité de tous les pays et leurs vulnérabilités communes. Alors, il est temps de repenser l’ordre des priorités. (…) . Il est temps de travailler ensemble à l’avènement d’un nouvel ordre mondial qui met l’humain et l’humanité au cœur des relations internationales », dit-il, sachant que ces relations internationales sont placées sous le signe du capitalisme libéral outrancier. Dans un tweet du 03 avril 2020, il disait ceci : « Au demeurant, cette crise doit aussi nous faire réfléchir sur nos limité et vulnérabilité ». Le 22 du même mois, il soutenait par le même canal que : « La crise mondiale que nous traversons doit nous permettre de faire émerger de nouveaux systèmes de production et de consommation plus respectueux de notre environnement. Préservons notre planète pour les générations futures ». L’amalgame sciemment entretenu est frappant quand vous écrivez : « Même si le Covid-19 revêt un caractère de force majeure selon Abdou Latif Coulibaly, il n’en demeure pas moins vrai que la part de responsabilité des politiques est indiscutable. Ils ont largement profité du système qu’ils ont beau jeu de dénoncer aujourd’hui ! Tous les investissements de la phase 1 et 2 du PSE ont été rendus possibles par « l’idéologie libérale forcenée » (Latif Coulibaly) à laquelle de surcroît l’APR appartient ! ». Je suis loin d’être la seule personne au monde à dire que le Covid-19 et la pandémie qu’il a provoquée constituent des cas de force majeure. La diffusion et la propagation vertigineuse de la maladie qui a attaqué et fait plier les systèmes de santé les plus vigoureux du monde, ont été aggravées par la structuration de la mondialisation et l’organisation des marchés qui en découlent. Dire cela n’est pas dénoncer le libéralisme. Il s’agit là de constater simplement les effets pervers d’un néolibéralisme triomphant et ravageur.
Devons-nous encore demander la permission pour débattre de la problématique de la dette publique de l’Afrique, selon notre point de vue ? J’en ai parfois le sentiment, surtout quand je lis sous votre plume ce qui suit : « pourquoi toujours attendre une crise pour refonder les priorités des priorités, en particulier en faveur de l’économie de vie dédiée au bien-être humain (J. Attali), concept semblable à celui de l’économie réelle de Macky Sall ? » Je comprends bien ce que Jacques Attali dit et votre référence qui est en fait, traduisant la marque d’une paresse intellectuelle, car elle ne démontre nullement la pertinence de votre propos. Celle-ci met au contraire en évidence la faiblesse du raisonnement par le raccourci schématique sous l’aspect duquel il se présente. Vous savez comme moi, que toute crise dans la quasi-totalité des circonstances où elle survient, est souvent un révélateur marquant d’une défaillance ou d’un manquement. Manquements et défaillances qui ne sont, hélas, observables et palpables qu’après sa survenance. Sans l’apparition de la crise, on n’aurait certainement pas pu en prendre connaissance ou conscience. Il ne s’agit en rien d’attendre une crise pour opérer des changements. Le cas échéant, il s’agirait plutôt d’une attitude de sagesse relevant d’un simple bon sens. Le drame, ce n’est pas de vivre une crise qui, de surcroît, relève d’un cas de force majeure. Le drame serait d’opposer à la crise, de l‘irresponsabilité, en se montrant incapables de comprendre les leçons qu’elle enseigne, afin d’en tirer toutes les conséquences. Contrairement à ce que vous semblez dire, constater un cas de force majeure qui est hors du contrôle des humains n’est pas ignorer et encore moins absoudre des responsabilités en cause dans la gestion de cette crise ou dans l’organisation des services et secteurs de l’Etat qui devraient aider à la résoudre. Aussi, comme toujours, devons-nous en Afrique recevoir à la moindre occasion des leçons de tout le monde. Et celles venant en particulier de personnes parées de bonnes intentions, entre autres, activistes, africanistes « généreux », que sais-je encore, tous trop confortablement engoncés dans des certitudes totalement détachées des réalités que nous vivons sur ce continent. Non évidemment !
En lisant votre texte, j’ai noté cette interrogation : « comment en quelques jours Macky Sall est-il passé de l’allégorie de la main tendue à l’Occident au titre de l’annulation de la dette à celle du demi-dieu panafricain avec le Covid-organics ? La première réponse qui me vient à l’esprit, est d’ordre ontologique de l’être complexe du politique sénégalais : tourmenté existentiellement entre l’infiniment français et l’infiniment africain. Cette explication d’inspiration pascalienne du déséquilibre politique, trait caractéristique de la vie politique sénégalaise depuis 60 ans, est une réalité constante de la présidence salliste. Rappelez-vous la controverse sur les desserts des tirailleurs ! ».
Soyons plus justes dans la critique, si nous la voulons constructive. S’endetter, pour venir ensuite, en tenant compte de circonstances particulières et exceptionnelles, demander que le remboursement de cette dette soit reconsidéré, voire effacer n’est en aucune manière assimilable à l’allégorie à laquelle vous faites allusion. Sous ce rapport, je m’interroge pour savoir quel rapport cohérent faut-il établir entre la demande d’effacement de la dette publique africaine et l’entretien que le président Macky Sall a eu avec son homologue malgache, au sujet du traitement appelé Covid-organics qui est trouvé par les chercheurs de Madagascar ? Aucun rapport à notre avis. Le sophisme de la réponse trahit quelque part une totale vacuité du raisonnement. Ç’en est ainsi quand l’auteur s’interroge : « comment en quelques jours Macky Sall est-il passé de l’allégorie de la main tendue à l’Occident au titre de l’annulation de la dette à celle du demi-dieu panafricain avec le Covid-organics ? » Pour étayer une envie folle de dénier à Macky Sall tout droit de réclamer un effacement de dette, vous lui opposez ceci : « Sans doute Macky Sall manœuvre-t-il autant en faveur de l’annulation du service de la dette publique pour la faire supprimer à moindre coût ; elle a doublé au Sénégal depuis 2013 et son niveau élevé a poussé le FMI fin 2019 à obtenir l’augmentation de l’électricité (…). ». Votre raccourci est trop simpliste. Voilà ce qui me paraît plus juste d’écrire : En septembre 2015, le Comité national de la dette mentionnait que l’encours de la dette publique du Sénégal était à 3.076,2 milliards de francs à la fin de 2012. Cette dette est passée à 3.341,7 milliards en 2013 et à 4.112,9 en 2014. Cette tendance haussière s’est poursuivie en 2015 avec 4.597,6 milliards de francs et au premier trimestre 2016 avec un encours qui se situe à 4.745,3 milliards de francs, explique la Direction de la dette publique.
En effet, de 7.505,1 en 2019, l'encours de la dette est projeté à 8.076,6 en 2020. De même, la charge financière de la dette établie à 364,80 milliards FCFA contre 273,19 en 2019, est en hausse de 91,61 milliards FCFA. Il faut toutefois ajouter à ces remarques d’autres données qui éclairent davantage. En 2013, année de référence de votre texte, la valeur du produit intérieur brut courant était évaluée à 16,05 milliards de dollars américains, avec une croissance de l’économie atteignant à peine 3%. Quand cette dette a été doublée, ce même produit intérieur courant a atteint 24,12 milliards de dollars américains. Avec en prime un taux de croissance de l’économie oscillant (2015-2019) entre 6 et 7,6%. Les efforts réalisés dans le cadre de la gestion budgétaire, mais surtout les investissements faits grâce au produit de la dette, ont permis au cours de cette période de sortir le Sénégal du lot des vingt cinq économies les moins avancées au monde. Pourquoi omettre de souligner que l’augmentation ou plutôt le doublement de la dette du pays a servi et bien servi les intérêts économiques du de la nation ? Comme nous le constatons ensemble, les réalités économiques sont plus complexes que ne laissent apparaître la formule lapidaire et le raccourci avec lesquels vous avez abordé la question de la dette, pour tenter de disqualifier la demande du Sénégal. Dès lors, pourquoi le Sénégal serait-il moins digne et moins respectable que l’Allemagne, quand ce pays après avoir plongé le monde dans la plus grande catastrophe mondiale, la seconde guerre mondiale, a demandé et obtenu l’effacement de sa dette constituée après la défaite de 1945. Après avoir causé les pires crimes à l’humanité, ce pays a obtenu l’effacement de sa dette ? Il en était ainsi parce que, selon le professeur Éric Toussaint : « les puissances occidentales ont voulu après la seconde guerre mondiale éviter de faire peser sur l’Allemagne le poids de remboursements insoutenables car elles ont considéré qu’ils avaient favorisé l’accession du régime nazi au pouvoir ». Selon le même auteur, Éric Toussaint : « Après la seconde guerre mondiale, de multiples conditions ont été réunies pour permettre à l’Allemagne de l’Ouest de se développer rapidement en permettant la reconstruction de son appareil industriel ».
Pour en revenir aux méfaits du néolibéralisme outrancier et déshumanisant, je voudrais souligner avec l’auteur sud-coréen Chang qui, dans son ouvrage intitulé (Kicking Away the Ladder), explique que : « les politiques néolibérales, connues sous le vocable de (consensus de Washington), outre de les empêcher de se développer, comportent des périls multiformes. Elles sont en effet source d’insécurité et d’incertitudes car dans une situation de pénurie (…) ». Comment ne pas admettre que cette crainte prophétique suggérée par le livre de Chang, s’est aujourd’hui matérialisée avec les décisions unilatérales de restriction d’exportation de pays du Nord, dont dépend une partie de l’humanité pour disposer de nourriture et de médicaments. Chang indique que les pays riches sont montés sur le sommet du monde, en appliquant des politiques volontaristes interventionnistes et protectionnistes faites d’Etat acteur qui impulse aussi bien l’offre que la demande. Ainsi, les pays riches n’ont pas utilisé les préceptes libéraux au moment où ils étaient dans les stades de sous-développement. Les pauvres eux n’ont, depuis le début des années 80, eu de cesse d’ouvrir leurs marchés, de privatiser leurs économies, de promouvoir la concurrence et surtout de réduire l’instrument budgétaire. Ils sont soumis à l’application du dogme washingtonien qui les oblige à adopter les politiques de concurrence et de libéralisation faute de quoi, ils s’exposent à la sanction des guichets du FMI et de la Banque Mondiale. Cette anomalie qui structure les relations économiques internationales justifie et donne une totale légitimité à la demande d’effacement de la dette publique de l’Afrique et une réduction de sa dette commerciale. Il n’échappe à personne que le fardeau de la dette constitue une menace pour la stabilité de l’Afrique et présente de graves implications pour la paix et la sécurité dans le monde. C’est cela qu’il faut impérativement repensé. Le Prix Nobel nigérian, Wole Soyinka a raison quand il dit dans une interview accordée à RFI (mercredi 29 avril 2020 :« On ne comprendrait pas si l’Afrique n’apprend rien et ne fait rien à la suite de ce désordre universel ».
Abdou Latif Coulibaly est ministre, porte-parole de la présidence de la République du Sénégal
LA COTE D'IVOIRE NE RECONNAIT PLUS LA COUR AFRICAINE DES DROITS DE L'HOMME
"A partir de ce jour, la Côte d'Ivoire a décidé de retirer sa reconnaissance de la compétence de la Cour africaine des droits de l'Homme", a déclaré une ministre lors d'une conférence de presse facilitée par le porte-parole du gouvernement
Le gouvernement de la Côte d'Ivoire a annoncé mercredi qu’il ne reconnaît plus l’autorité de la Cour africaine des droits de l'Homme et des Peuples, évoquant "une grave perturbation à l’ordre juridique interne" et "une véritable insécurité juridique" émanant des décisions de cette entité panafricaine.
"A partir de ce jour, la Côte d'Ivoire a décidé de retirer sa reconnaissance de la compétence de la Cour africaine des droits de l'Homme", a déclaré une ministre lors d'une conférence de presse facilitée par le porte-parole du gouvernement et diffusée en direct via Facebook. "C'est un exercice légitime de la souveraineté", a-t-elle précisé.
La veille, un tribunal ivoirien avait condamné l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro à 20 ans de prison pour détournements de deniers publics. Ni l'accusé ni ses avocats n'étaient présents au procès.
Un verdict qui intervient une semaine après que la cour panafricaine basée à Arusha (Tanzanie) ait ordonné l’annulation des poursuites judiciaires contre M. Soro, qui brigue la présidence de son pays.
Cette décision de l’instance juridique panafricaine a fait des remous dans le paysage politique ivoirien et déclenché le courroux du gouvernement.
Mardi un conseiller de l’ex-chef des rebelles des Forces nouvelles avait déclaré que la décision de la justice ivoirienne était “illégale, illégitime et sans valeur" car elle n’est pas au-dessus de la cour basée à Arusha.
Le retrait de la Côte d'Ivoire a été critiqué par l'ONG Amnesty International.
"La décision de retirer aux individus et organisations non gouvernementales le droit de soumettre directement des plaintes à la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples marque un recul pour les droits humains en Côte d’Ivoire", a déploré Alice Banens, conseillère juridique pour l'Afrique au sein de l'ONG. "Cette décision, qui prendra effet dans un an, intervient dans un contexte pré-électoral où le gouvernement ivoirien a multiplié les attaques contre des opposants politiques et voix dissidentes", a-t-elle ajouté.
Composée de 11 juges, la Cour africaine est une cour régionale créée par les pays africains. Tout citoyen et des associations dont le pays reconnait l'autorité de la Cour peuvent la saisir. Elle a tenu sa première séance ordinaire en 2006.
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L'INSTITUT PASTEUR DE DADAR VEUT FACILITER LE DÉPISTAGE DU COVID-19 EN AFRIQUE
Le Docteur Amadou Sall, revient sur la progression de la pandémie sur le continent, ainsi que sur les efforts de son Institut pour améliorer le dépistage de la maladie.
Au Sénégal, l’Institut Pasteur de Dakar est en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. Son Administrateur général, le Docteur Amadou Sall, revient sur la progression de la pandémie sur le continent, ainsi que sur les efforts de son Institut pour améliorer le dépistage de la maladie. Pour l’heure, les pays africains enregistrent au total 1425 décès provoqués par le coronavirus, tandis que 32 000 cas ont officiellement été détectés, des bilans bien moindres qu’en Europe, aux États-Unis ou encore en Asie.
"En Afrique, il n’y a pas suffisamment de laboratoires, notamment aux niveaux décentralisés", explique sur France 24 le Docteur Amadou Sall, Administrateur général de l’Institut Pasteur de Dakar, au Sénégal, l’un des centres de recherche les plus réputés au monde.
Il explique que son Institut travaille à l’élaboration de tests de dépistage rapides du Covid-19, en partenariat avec l’entreprise britannique Mogolic, et via la plateforme sénégalaise Diatropix. Ces tests visent à déterminer en seulement dix minutes si un individu est porteur du virus.
"Les prototypes sont au stade d’évaluation et ce processus devrait se terminer courant le mois de juin", affirme le Docteur Sall, ajoutant que l’objectif est ensuite de "faciliter l’accès" des différents pays africains à ces kits de dépistage et de les vendre à prix coûtant, soit "maximum un euros".
MODY GUIRO RASSURÉ PAR LES MESURES DU PRÉSIDENT SALL
Mody Guiro, après avoir craint des pertes d’emplois du fait de la pandémie de Covid-19, s’est dit rassuré par les mesures prises par Macky pour protéger les travailleurs pendant cette crise.
Dakar, 29 avr (APS) - Le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), Mody Guiro, après avoir craint des pertes d’emplois du fait de la pandémie de Covid-19, s’est dit rassuré par les mesures prises par le chef de l’Etat, Macky Sall, pour protéger les travailleurs pendant cette crise.
Le président de la République a pris une ordonnance pour interdire les licenciements et garantir des revenus aux travailleurs mis en chômage technique durant la pandémie de coronavirus, a annoncé le ministre du Travail, Samba Sy, le 10 avril dernier.
L’ordonnance du chef de l’Etat ‘’vise, dans les limites de la durée de la loi d’habilitation, d’une part, à interdire le recours au licenciement, d’autre part, à garantir un revenu au travailleur mis en chômage technique’’, a dit M. Sy lors d’un point de presse.
‘’L’ordonnance comporte des mesures comme l’interdiction, durant la pandémie de Covid-19 et dans les limites de temps de la loi d’habilitation (…) du 2 avril 2020, de tout licenciement autre que celui motivé par une faute lourde du travailleur‘’, a-t-il précisé.
A la veille de la célébration de la fête du travail, le leader de la CNTS s’est montré rassuré par ces mesures, après avoir un temps eu des craintes sur d’éventuelles pertes d’emplois.
‘’Oui nous avons craint cela, mais heureusement pour nous, le président de la République a très tôt pris des mesures pour la protection des droits des travailleurs, mais aussi des mesures pour l’accompagnement des entreprises dans ces moments de crise’’, a-t-il dit.
Le leader syndical estime que "le chef de l’Etat a très tôt pris le taureau par les cornes’’. Il a souligné que les mesures qu’il a prises sont des "mesures à saluer’’, car venant en réponse au souhait des organisations syndicales pour la protection des droits des travailleurs par ces temps de crise.
‘’Dans notre entretien au Palais de la République, la protection des droits des travailleurs a été le maître mot de notre discussion. Et il a répondu largement à notre appel, avec les mesures qu’il a prises pour la protection des droits des travailleurs, mais aussi l’accompagnement accordé aux entreprises est à saluer’’, a ajouté Mody Guiro.
Selon lui, le Covid-19 est une pandémie qui a bouleversé le pays, comme partout ailleurs dans le monde. ‘’Les habitudes ont changé et des gestes barrières sont imposés en vue de diminuer la propagation du coronavirus’’, a-t-il dit.
Il affirmé que sa centrale n’a pas voulu être en reste par rapport à l’adaptation que requiert le nouveau contexte. "Le service minimum est appliqué dans toutes les entreprises du pays, voire celles du monde. C’est ce que nous avons appliqué à la Bourse du travail. En effet, pour parer à toute éventualité, nous avons fermé nos bureaux pour plus de sécurité’’, a-t-il indiqué.
Il signale avoir opté, depuis le mois de mars, pour le télétravail dans le souci de protéger les travailleurs et ceux qui sont affiliés à la CNTS, où il y a ‘’beaucoup d’entrées et de sorties’’.
‘’C’est pourquoi, après concertation avec les membres du bureau confédéral, nous avons jugé nécessaire de rester à la maison et de respecter les mesures barrières pour stopper la propagation du coronavirus’’, a-t-il ajouté.
Plus de 120.000 travailleurs appartenant à 108 syndicats sont affiliés à la CNTS.
Ces 108 syndicats sont représentés dans le bureau confédéral, qui se réunit chaque mois, ou en cas de besoin. Mais chaque syndicat a son autonomie de fonctionnement.