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18 juillet 2025
par l'éditorialiste de seneplus, bacary domingo mané
MACKY EN MODE DIGITAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le chef de l’Etat est parvenu à se faire remarquer au milieu de ce vacarme médiatique dont le covid-19 constitue le centre d’intérêt, grâce à une stratégie de communication de crise digitale bien huilée
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 01/05/2020
La pandémie du covid-19 est-elle en train de nous révéler le talent caché de communiquant digital du président Sall ? L’interrogation ne manque pas de consistance, si l’on en juge par la cadence des tweets inondant la toile - à un rythme presqu’effréné - depuis le début de cette maladie qui donne le tournis à l’humanité toute entière.
Le chef de l’Etat est parvenu à se faire remarquer au milieu de ce vacarme médiatique dont le covid-19 constitue le centre d’intérêt. Grâce à une stratégie de communication de crise digitale bien huilée, il a su jeter un pont sur ce vaste océan du monde, pour échanger à la fois avec les Sénégalais et les citoyens de la planète.
Exit la com politique de Mame Boye !
Il a compris que la communication politique moderne n’est plus descendante, mais place plutôt l’interaction au cœur du rapport entre la personnalité politique et les populations. Exit la logorrhée, refuge parfois d’un verbiage survolant à tire-d’aile la réalité sociale. Internet a fait changer à la politique ses codes. L’interaction est passée du B2B - en transitant par le B2C - au H2H où l’échange vise l’humain à l’humain, car le but ici étant de consumer l’image élitiste qui fait du politique un héros.
Le premier des Sénégalais est à l’heure de l’Inbound marketing, une approche de la communication politique qui donne au récepteur toute la considération requise, à travers un échange constructif capable de susciter l’intérêt du répondant. Le tweet n’est pas un lieu de palabres, le message doit être construit avec juste 140 caractères.
Certes, le tweet permet d’aller à l’essentiel, mais sa principale faiblesse réside dans cette forme d’écriture brève qui ne donne pas la possibilité d’étayer un propos par une argumentation construite.
Depuis le début de la crise de la maladie à coronavirus, le président Sall a tweeté plusieurs fois et à un rythme régulier. On y voit défiler les mots : crise, gestes barrières, prévention, grave, unis, ensemble, dette, solidarité, etc. Tantôt, il sensibilise sur la gravité de la pandémie, tantôt il appelle à l’union sacrée. Le chef de l’Etat se drape parfois du manteau de panafricaniste pour demander, par exemple, l’annulation de la dette des pays africains.
En moyenne trois tweets par jour, histoire de montrer qu’il a le lead de la communication en cette période difficile pour tout dirigeant mesurant à sa juste valeur la détresse humaine sur fond d’angoisse existentielle des populations redoutant à chaque instant de faire l’expérience de la limite. A l’image de tous les dirigeants du monde, le président Sall ne peut dissimuler la peur qui se lit sur sa mine patibulaire traduisant les pulsions d’un cœur qui bat la chamade.
Mais, il a parfaitement compris que garder le témoin de la communication est une belle opportunité pour ne pas subir la crise ! Et la toile offre, non seulement cette possibilité de rester à flot, mais aussi de créer le buzz.
Imposer son leadership au plan continental
Cette présence proactive sur l’échiquier médiatique, par le canal d’une communication digitale qui intègre parfaitement les codes de l’interaction, cache mal une volonté de profiter de cette crise pour polir une e-reputation, un leadership qui ne doit pas faiblir.
C’est d’ailleurs par un tweet du 25 mars dernier qu’il invite les partenaires bilatéraux et multilatéraux à accompagner la résilience du continent africain en annulant la dette. Depuis, l’information a fait le tour du monde, les grands médias ont repris cet appel réfléchi et courageux. C’est encore par le même canal qu’il a usé de diplomatie pour interagir avec le président de Madagascar sur la question de la commande du fameux Covid-Organics, au plaisir de milliers d’africains
Mieux que les autres outils de relation publique, le digital est aujourd’hui, on le sait, un des meilleurs canaux de communication grâce à la spontanéité, l’instantanéité et la réactivité qu’il offre.
Le digital est un puissant instrument de communication politique qui permet un dialogue direct entre dirigeants et populations. Le community manager du Palais l’a tellement compris, que son innovation à diffuser les messages à la nation en live sur les pages du président, n’a pas échappé à la vigilance des spécialistes en communication politique. Le «défilé digital» du 4 avril dernier organisé par ses services, était une parfaite réussite pour un coup d’essai.
LE SÉNÉGAL PRIVÉ DES PRÉCIEUSES DEVISES DE SES ÉMIGRÉS
Les quelque 2 milliards d'euros que la diaspora envoie officiellement chaque année représentent 10% du PIB du pays et un ballon d'oxygène indispensable pour de très nombreuses familles. Mais ces dernières semaines, les envois ont baissé "d'au moins 25%"
Tidiane Konté, père de famille dakarois sans emploi de 56 ans, serre entre ses doigts "le dernier reçu" de l'argent envoyé d'Espagne par son frère.Depuis l'apparition du coronavirus, les transferts des travailleurs émigrés en Europe se sont presque taris, mettant en difficulté de nombreux Sénégalais.
"Mon frère travaille dans des plantations à Saragosse (nord de l'Espagne).La dernière fois qu'il nous a envoyé de l'argent, c'était en février, 422 euros", soit près de cinq fois le salaire minimum au Sénégal, maugrée Tidiane Konté dans sa maison de Keur Massar, dans les faubourgs de la capitale sénégalaise.
Conséquence : "Nous ne mangeons plus de viande", dit-il.
La Banque mondiale estime qu'en raison de la pandémie de Covid-19, les sommes envoyées par les travailleurs migrants dans leur pays d'origine, qui représentent jusqu'à un tiers de l'économie de certains pays pauvres, vont chuter de 20% cette année, s'établissant à 445 milliards de dollars contre 554 milliards en 2019.
Cette baisse, la plus importante de l'histoire récente, est largement liée aux "pertes d'emplois, fermetures d'entreprises et mesures de confinement" dans les pays d'émigration, explique à l'AFP Dilip Ratha, économiste au département Migration et Transferts d'argent de la Banque mondiale.
Elle représente la "perte d'un important filet de sécurité pour beaucoup de familles pauvres et a un impact direct sur les dépenses consacrées à l'alimentation, à la santé et à l'éducation", souligne-t-il.
Le ministère sénégalais de l'Economie est même plus pessimist e: "On anticipe une baisse de l'ordre de 30% pour 2020" des transferts depuis l'étranger, indique un de ses responsables.
- Trois millions d'émigrés -
Le Sénégal, ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest, est jusqu'ici relativement épargné par l'épidémie.Le pays compte moins de 1.000 cas et une dizaine de décès.
Mais les mesures destinées à endiguer la propagation du virus, comme l'instauration d'un couvre-feu, la fermeture des frontières et l'interdiction de circuler entre les régions rendent encore plus difficile le quotidien d'une population vivant en grande partie au jour le jour.
Les autorités estiment à environ 3 millions les Sénégalais partis travailler à l'étranger, notamment en France, en Espagne et en Italie, sur une population de 16 millions d'habitants.
Les quelque 2 milliards d'euros qu'ils envoient officiellement chaque année à leurs proches représentent 10% du PIB du Sénégal et un ballon d'oxygène indispensable pour de très nombreuses familles.
En comptant "les sommes versées par la voie informelle", ces montants peuvent même être doublés, estime un responsable du ministère des Affaires étrangères.
Ces dernières semaines, les envois ont toutefois baissé "d'au moins 25%", a constaté le gérant d'une boutique de Rufisque, autre banlieue de Dakar, où les bénéficiaires peuvent venir retirer leur argent.
"J'ai même fait quatre transferts destinés à des Sénégalais en Europe, que leurs familles ont voulu aider", s'étonne pour sa part une employée de banque.
- Bouillie de mil -
Même constat à l'intérieur du pays."Nous nous débrouillons pour assurer, difficilement, les trois repas" quotidiens, affirme Fatou Seydi, première épouse d'une famille polygame de Kolda, en Haute Casamance (sud).Son mari, qui "travaille dans une ferme en Espagne" a suspendu ses transferts de mensuels de 300 à 450 euros destinés à nourrir les 15 membres de la famille.
Abdoulaye Cissé, jeune journaliste bénévole d'une radio de Kolda, ne peut quant à lui plus compter sur l'aide de son frère, émigré dans le sud de l'Italie.
"Il dit avoir l'argent mais ne peut pas l'envoyer à cause du confinement" dans la péninsule, qui l'empêche de se rendre dans les officines spécialisées dans les transferts internationaux.Les huit membres de sa famille ont donc "remplacé le lait et le pain du petit-déjeuner par de la bouillie de mil", dit-il.
D'autres Sénégalais sont retenus au pays par la fermeture des frontières aériennes.C'est le cas d'Abdoulaye Baldé, 45 ans, qui travaille "depuis une vingtaine d'années" dans un magasin de fruits et légumes de Barcelone et qui devait "reprendre le travail le 24 février".
"Je sais que j'ai perdu mon emploi.J'envoyais plus de 300.000 CFA (450 euros) par mois pour ma mère, mes deux femmes, mes enfants, mon frère et ma soeur.Je n'ai pas de revenus ici", soupire-t-il.
Le gouvernement sénégalais a prévu une enveloppe d'une vingtaine de millions d'euros pour "assister, soutenir et protéger" les travailleurs émigrés.Il a également lancé une vaste distribution de vivres pour soutenir les familles en difficulté aux quatre coins du pays.
LE VOYAGE SANS RETOUR DES EXPATRIÉS SÉNÉGALAIS DÉCÉDÉS DU COVID-19
En France, au moins 45 Sénégalais ont été déclarés morts du Covid-19. Beaucoup attendent d’être enterrés dans leur pays d’origine
En France, le Collectif pour le rapatriement des corps des Sénégalais décédés du Covid-19 se bat pour que Dakar lève l’interdiction du rapatriement des dépouilles des expatriés morts du coronavirus. Des dizaines de familles en France sont concernées et vivent en plein désarroi.
En cette journée du 4 avril 2020, Nicolas Mendy n’a pas la tête à célébrer les 60 ans de l’indépendance du Sénégal. Il vient de perdre son père, Dionsignou, victime du coronavirus, à l’hôpital Cochin de Paris. Sa détresse est immense, mais elle le sera encore plus quand il apprendra quelques jours plus tard qu’il ne pourra pas l’enterrer au Sénégal, son pays natal. Dionsignou était arrivé en France en 1968 pour travailler chez Renault, il y est resté à sa retraite, en 2009.
Les autorités françaises ont pourtant établi un document pour le rapatriement du corps, mais le consulat du Sénégal en France signifie à Nicolas que les morts de Covid-19 ne peuvent pas être rapatriés au pays, conformément à une directive du gouvernement. Un coup de massue pour Nicolas. « Le souhait de mon père était d’être enterré au Sénégal. C’est son vœu. Toute la famille est au Sénégal, je suis son seul enfant en France. Je ne me vois pas enterrer tout seul mon père ici. »
« Un deuxième deuil »
Comme Nicolas, plusieurs dizaines de familles sénégalaises dans le monde sont dans l’expectative face à la décision de leur pays. En France, au moins 45 Sénégalais ont été déclarés morts du Covid-19. Beaucoup attendent d’être enterrés dans leur pays d’origine. Le grand-père d’Awa en fait partie. Cette infirmière de 31 ans est submergée par les émotions liées à son travail actuellement, la perte de son grand-père et maintenant la détresse de sa grand-mère. « Ma grand-mère ne comprend pas pourquoi son mari n’est toujours pas enterré, témoigne Awa avec la voix qui tremble. Elle se réveille au milieu de la nuit, elle a des crises d’angoisse. Elle est fatiguée. La seule chose qu’elle veut, c’est enterrer son mari au Sénégal selon sa volonté. Aujourd’hui, le deuil ne peut même pas encore commencer parce que vous avez encore le corps dans vos bras. C’est horrible, c’est une torture! C’est même un deuxième deuil. »
Face à cette situation, Nicolas Mendy a décidé de porter le combat. Il est l’un des initiateurs du Collectif pour le rapatriement des corps des Sénégalais décédés du Covid-19. Cette association regroupe les membres des familles de personnes décédées du coronavirus en France – mais aussi aux États-Unis, en Italie, ou au Brésil – et bénéficie du soutien d’expatriés pas forcément touchés par la directive du gouvernement sénégalais. Pour Seydina Omar Bâ, le coordonnateur du collectif, c'est d'abord un « combat de principe ». « La personne qui enterre son proche doit pouvoir le faire au Sénégal. On veut que l’État du Sénégal rétablisse cette liberté », exige le sociologue qui informe qu’à « l’heure actuelle, 80Sénégalais sont décédés du Covid-19 » à travers le monde.
« Nous ne demandons pas d’aide financière à notre pays, insiste Nicolas Mendy. On veut juste un laissez-passer pour nos morts. Il n’y a aucun danger, les corps sont mis dans un coffret un aluminium hermétique puis dans un cercueil en bois fermé. Il n’y a pas de risque de transmission. »
L’appel du ministre des Affaires étrangères
Le collectif dénonce ainsi le prétexte sanitaire brandi par l’État sénégalais pour justifier l'embargo. Le docteur Adama Bâ Faye, réanimateur dans une clinique toulousaine, balaie cet argument sur le risque de transmission. « Le gouvernement sénégalais nous avait brandi une directive de l’OMS, mais vérification faite, la dernière directive ne mentionne aucunement une interdiction de rapatriement de corps. Mieux, l’organisation onusienne a même allégé les premières directives car désormais en France, par exemple, la famille peut voir le corps du défunt et se trouver dans la même pièce. Pour les musulmans, les gens peuvent même procéder à la toilette funéraire. Tout cela pour dire qu’il y a aucun risque pour le rapatriement des corps morts du Covid-19. Sinon, en tant que médecin, je n’aurais jamais défendu cette thèse-là. Nous avons envoyé nos arguments médicaux au ministère de la Santé mais il n’y a toujours pas eu de réponse de leur part. ».
Le Sénégal reste donc sur sa position malgré les nombreuses lettres motivées et les demandes de dérogations. « Jusqu’au moment où je vous parle, on a une fin de non-recevoir, se désolé Seydina Omar Bâ. Le 13 avril, le ministre des Affaires étrangères, Amadou Bâ, m’a appelé au téléphone. Mais pendant une demi-heure, il ne m’a donné aucun argument scientifique ou médical capable d’étayer leur décision. Il y a toujours des corps de Sénégalais rapatriés, mais c’est injuste de mettre l’embargo que sur les victimes du coronavirus. »
En attendant, les proches sont entre la résignation et la prière. Awa, petite fille d’Ousmane, tirailleur de la guerre d’Algérie, est en colère, elle. « Ce qui me fait mal, c’est que cette situation de crise pousse au laxisme aussi en France. Comme de déclarer mon grand-père décédé du Covid-19 sans avoir fait un test qui le prouve. Mon grand-père est décédé à la maison. Il était malade et avait une altération de son état général, mais il n’est pas mort du Covid-19. La preuve, ma grand-mère avec qui il partagé son lit a été testée négatif après. Comment peut-on expliquer cela? En attendant, le fait de l’avoir mis dans les victimes du coronavirus le prive d’enterrement au Sénégal. C’est aberrant! »
Les chefs religieux sollicités
L’attente, c’est le quotidien de Nicolas Mendy. Il espère une décision rapide et positive de la part du gouvernement sénégalais. Car ce chef de sécurité incendie ne sait pas s’il pourra continuer à verser les 55 euros journaliers pour garder le corps de son père dans un funérarium. « De toute les façons, le corps ne peut être gardé que pendant trois mois maximum. Il faudra que la situation se décante. »
Sinon ? Nicolas fera certainement comme Samba Diallo et les amis de Mamadou Ndour, décédé du coronavirus à 70 ans et enterré au cimetière de Thiais (Île-de-France) après des jours d’attente pour obtenir un laissez-passer. « Mamadou Ndour était arrivé en France pour un rendez-médical, et finalement, il a été enterré par nous ses amis, loin de ses femmes et de ses enfants, témoigne Samba Diallo. On n’avait pas le choix, on ne sait pas combien de temps cette crise va durer, on s’est donc cotisés pour lui acheter une concession funéraire pour 30ans à 3500euros. »
Aujourd’hui, le collectif continue de mettre la pression sur le gouvernement en faisant intervenir les leaders d’opinion au Sénégal et surtout les chefs religieux. Il espèrent qu’avec le mois de ramadan en cours, les autorités sénégalaises prêteront une oreille plus attentive.
LE PRÉSIDENT DE LA BAD CONTRE-ATTAQUE
Dans deux lettres consultées par « Le Monde Afrique », l’avocat d’Akinwumi Adesina interpelle le Comité d’éthique chargé de vérifier les faits dénoncés par des lanceurs d’alerte
Le Monde Afrique |
Joan Tilouine et Yassin Ciyow |
Publication 01/05/2020
La Banque africaine de développement (BAD) lutte sur plusieurs fronts. Face à la pandémie de Covid-19, elle a créé un fonds d’urgence doté de 10 milliards de dollars et croule sous les requêtes de pays du continent africain qui, pour la première fois en vingt-cinq ans, devrait plonger dans la récession économique. En interne ensuite, la direction de l’institution de financement panafricaine se retrouve contestée par une partie des employés.
Révélée par Le Monde Afrique le 6 avril, l’enquête interne qui vise Akinwumi Adesina, le président nigérian de la BAD dont le siège est à Abidjan, a provoqué une onde de choc et donne lieu à de vifs débats sur la gouvernance de l’établissement. Son patron est accusé de comportements « contraires à l’éthique », « violation du code de conduite » et de favoritisme dans l’octroi de postes stratégiques et de contrats de plusieurs millions de dollars.
« Allégations fallacieuses »
En janvier, « un groupe de membres du personnel, préoccupés » a déposé une plainte et transmis au Bureau de l’intégrité et de la lutte contre la corruption, aux présidents du Comité d’éthique et du Comité d’audit et des finances un document détaillant les griefs reprochés à M. Adesina.
Puis, en avril, ces employés anonymes, mués en lanceurs d’alerte, se disent intimidés. Ils dénoncent des manœuvres de « proches du président » pour « saboter » l’enquête et des « tentatives faites pour découvrir [leurs] identités ». Ils décident alors de s’adresser directement aux gouverneurs de la BAD, représentant les 54 pays membres africains et les 26 pays non régionaux (dont la France).
Au lendemain des révélations faites par Le Monde Afrique, M. Adesina a dénoncé des « allégations fallacieuses » dans un communiqué de presse, prédisant que « bientôt, la vérité éclatera au grand jour ». Et d’ajouter : « Le comité d’éthique du conseil d’administration mène actuellement son action dans le cadre de ses systèmes d’examen interne. (…) Laissons le comité achever son examen et ses travaux sans interférence de quiconque ni de quelque média que ce soit. »
Pourtant, Le Monde Afrique a pu consulter des documents qui contredisent son propos. Ce sont deux lettres datées du 10 février et du 10 mars, signées par Elie Whitney Debevoise, ancien directeur exécutif américain de la Banque mondiale (2007-2010) devenu avocat et lobbyiste établi à Washington. Ces missives du conseil de M. Adesina sont adressées au président du comité d’éthique de la BAD, le Japonais Takuji Yano.
Affaire particulièrement sensible
Ce dernier, qui représente son pays au sein de l’institution financière panafricaine, se retrouve chargé d’orchestrer l’enquête visant M. Adesina et de vérifier les dénonciations des lanceurs d’alerte. Aujourd’hui, il se retrouve sous pression. « Le traitement de la divulgation à ce jour n’a pas été conforme aux règles et procédures de la Banque », lui reproche Me Debevoise dans ces lettres.
L’avocat américain n’hésite pas à critiquer la gestion de cette affaire particulièrement sensible par M. Yano qu’il accuse d’avoir transmis la note des lanceurs d’alerte au conseil d’administration de la BAD, sans avoir au préalable « consulté le département du conseil juridique ».
Dans un style comminatoire teinté de paternalisme, le conseil de M. Adesina donne la marche à suivre au président du comité éthique, estimant que « des mesures correctives doivent être prises immédiatement pour protéger la Banque et les droits du président à une procédure régulière ».
Après un rappel des règlements administratifs et protocolaires de la BAD, Me Debevoise conclut en déplorant que le comité d’éthique présidé par M. Yano ait « violé [le] principe » de confidentialité, « perdu de vue sa mission » et qu’il est, selon lui, « malheureusement trop tard pour refermer le génie dans la bouteille ».
Dans l’ombre des lanceurs d’alerte
Une métaphore qui fait référence aux fuites contenues dans la note des lanceurs d’alerte et sont reprochées à M. Yano. Des informations qui, d’après l’avocat, nuisent à la « réputation » du président Adesina, « en particulier dans les capitales » des Etats membres de la BAD.
Le Japonais Takuji Yano n’est pas le seul à être suspecté, sans preuves pour le moment, d’avoir facilité cette fuite à l’origine de cette contestation interne sans précédent qui cristallise des tensions géopolitiques. L’affaire est d’autant plus cruciale qu’elle a éclaté à quelques mois de la réélection escomptée de M. Adesina – seul candidat à la présidence de l’institution financière multilatérale de développement – dont le premier mandat se termine en août.
Le représentant des Etats-Unis à la BAD, J. Steven Dowd – un homme d’affaires proche du président américain Donald Trump – est publiquement soupçonné d’avoir conseillé dans l’ombre les lanceurs d’alerte pour déstabiliser M. Adesina. L’Américain est depuis la cible d’une contre-attaque orchestrée par des proches du président de la BAD qui diffusent dans certains médias cette version d’un présumé règlement de compte.
Contacté, M. Dowd n’a pas souhaité réagir. « Tout est faux et il n’a jamais collaboré avec ces lanceurs d’alerte dont il ignore l’identité », explique une source proche de M. Dowd. Et de préciser : « La position américaine a été de préconiser le recours à des enquêteurs externes indépendants pour être sûr que ce dossier, pris très au sérieux, soit traité de la meilleure manière. »
Dans l’une de ses lettres, Me Debevoise recommande sans ambages au comité d’éthique de « s’arrêter (…) et de rester concentré sur son mandat limité ». Petit avertissement ou simple conseil ? Il n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde Afrique, tout comme la direction de la BAD.
LES PARENTS D’ÉLÈVE APPROUVENT LE RETOUR EN CLASSES
Cette reprise doit se faire avec de ‘’fortes mesures d’accompagnement indispensables pour protéger élèves, étudiants et enseignants de la maladie à coronavirus
Dakar, 30 avr (APS) – Le président de l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (UNAPEES), Abdoulaye Fané, a déclaré jeudi être ‘’en phase’’ avec la décision du gouvernement de faire reprendre les cours aux élèves en classe d’examen, à compter du 02 juin.
Cette reprise des enseignements doit toutefois se faire avec de ‘’fortes mesures d’accompagnement’’, lesquelles sont, dit-il, "indispensables pour protéger élèves, étudiants et enseignants de la maladie à coronavirus’’.
‘’Il ne faut pas prendre de risques, parce que rien ne pourra se faire sans la maîtrise de cette pandémie et les parents d’élèves sont en phase avec cette décision de l’Etat qui a fait une projection pour la reprise des cours’’, a-t-il ajouté, dans un entretien téléphonique avec l’APS.
Il affirme néanmoins que l’Etat devra prendre des "mesures fortes’’ par la désinfection des écoles et la mise en place d’un dispositif d’hygiène individuelle et collective.
‘’Le problème fondamental, c’est de sécuriser aussi le transport de l’élève de sa maison à l’école sans risques, et une fois dans la classe, pouvoir également assurer la distanciation sociale’’, a-t-il préconisé.
Selon lui, il y a "tout un dispositif à mettre en place, en amont comme en aval, pour la reprise des cours dans les meilleures conditions pour ne pas exposer les élèves, les étudiants et les enseignants à la contamination du virus’’.Pour la tenue des examens, le président de l’UNAPEES indique que plusieurs scénarii sont envisagés au sein du Comité de veille mis en place par le ministère de l’Education nationale et dans lequel il siège à côté d’autres acteurs du secteur.Au sujet des mesures d’accompagnement, le directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), Cheikh Mbow, propose la mise sur pieds d’un fonds dédié à l’accompagnement de la reprise des enseignements et apprentissages. L’objectif consiste à pourvoir les établissements scolaires de kits d’hygiène à la fois individuelle et collective. ‘’C’est un coût qu’il ne faut pas faire supporter par les parents, mais par ce fonds pour l’achat de masques et des kits d’hygiène’’, a-t-il précisé.Mais, il faudra en même temps en profiter pour régler la question de la disponibilité des toilettes dans les écoles, dont il faudra nettoyer les abords en enlevant tout ce qui est marchés et cantines, a-t-il dit.
par Omar Demba SENE
COVID-19 : FAUT-IL RÉAJUSTER LA STRATÉGIE DE RIPOSTE ?
En optant pour la fourniture de l’aide en nature, l’Etat s’est engagé dans une approche à processus d’exécution à la fois long, complexe et délicat
Le Sénégal, à l’instar de la plupart des pays du monde vit de plein fouet les contrecoups de la pandémie du COVID 19. Après la fermeture largement appréciée des frontières, le gouvernement s’emploie tant bien que mal à apporter une réponse efficace à un fléau qui a fini de plomber les paradigmes socio-économiques qui, jusque-là, ont structuré les règles de fonctionnement de nos sociétés.
S’il est vrai que les mesures prises dans le cadre de la riposte sanitaire ont presque fait l’unanimité aux yeux de l’opinion, il est tout aussi vrai que la mise en œuvre des orientations du programme de résilience économique et sociale lancé par le chef de l’Etat est sujette à réflexion. Nombreux sont les sénégalais qui s’interrogent sur le bienfondé des mesures d’accompagnement prises en faveur des couches à faible résilience. L’ambition noble et légitime de l’Etat étant de les aider à s’adapter au mieux aux effets du COVID, pourquoi n’a-t-on pas envisagé des schémas plus efficients que ceux en cour d’exécution?
En effet, en s’alignant sur la stratégie de riposte globale de l’Etat, le ministère en charge du Développement Communautaire, de l’Equité Sociale et Territoriale a pris l’option de cibler tous les ménages vulnérables à l’échelle du territoire national. Ce choix qui, à mon avis, découle d’une analyse biaisée de la situation risque d’être trop onéreux pour un pays pauvre comme le Sénégal. Certes l’histoire ne se répète pas mais les leçons qu’elle nous a enseignées doivent, si nous sommes doués d’intelligence, inspirer nos décisions actuelles et futures. Alors, détrompons-nous et comprenons que ce à quoi nous faisons face, ce n’est ni une bataille de rue, ni un combat de front mais une guerre, une vraie guerre d’usure que nous ne pouvons assurément pas vaincre de sitôt et qui, à coup sûr, va s’inscrire dans la durée. Dès lors, admettons en toute responsabilité l’hypothèse que la maladie va perdurer dans nos villes et villages ! A cet effet, et vu les maigres ressources dont nous disposons, notre pays serait-il en mesure de supporter des dépenses sociales qui, à moyen voire long terme iront crescendo ? Rien n’est moins sûr d’autant plus que le tribut à payer au sortir de cette pandémie sera, à tout point de vue, très lourd et que l’après-covid doit, dores et déjà, être envisagé dans une perspective de redressement économique et social qui, lui aussi, aura un coût sans précédent. Par conséquent, inscrire nos choix dans une posture plus raisonnée et moins émotionnelle empreinte d’humilité est la meilleure alternative qui s’offre à nous.
A ce propos, la priorisation des localités fortement touchées dans le cadre de l’assistance alimentaire en y durcissant les mesures-barrières (mise en quarantaine ou confinement tel que souhaité par des syndicats de la santé) pour une mise en échelle graduelle en fonction de de la situation épidémiologique du moment est une option qui mérite d’être sérieusement adressée.
Par ailleurs, en optant pour la fourniture de l’aide en nature, l’Etat s’est engagé dans une approche à processus d’exécution à la fois long, complexe et délicat. En plus de la procédure même allégée de la passation de marchés (décret n°202-781 du 18 mars 2020), il devra faire exécuter toute une série d’activités liées à la logistique, au transport, à la manutention et à la distribution. Ce qui suppose la mobilisation d’une main d’œuvre abondante source potentielle de contamination mais aussi et surtout d’une énergie collective qui aurait dû servir à d’autres volets de la riposte. Il s’y ajoute que la standardisation des kits alimentaires, loin de tenir compte de la particularité des uns et des autres, remet en cause le droit des ménages à choisir par eux-mêmes, en toute liberté et en toute connaissance de cause, les produits qu’ils considèrent comme prioritaires. L’absence d’harmonisation aidant, cela va s’en dire que le processus sera en toute évidence parasité par des doublons dans la mesure où certains auront déjà bénéficié d’appui similaire de la part de leur municipalité. Aussi, en optant pour l’approche susmentionnée, l’Etat a réduit de fait l’assiette potentielle de ses cibles puisque les frais afférents au transport et à la manutention à l’arrivée auraient pu servir à enrôler des milliers de ménages supplémentaires. Toutes choses qu’on aurait pu éviter si des choix plus judicieux et à plus forts impacts sociaux avaient été opérés. Sous ce rapport le système « cash transfert », utilisé au Sénégal en réponse à la malnutrition et appliqué présentement en Côte d’Ivoire ou même le modèle classique de la billetterie itinérante semble, à mon avis, mieux adapté au contexte. Au moins il nous aurait permis de gagner en temps, en énergie, en efficience et d’éviter cette polémique regrettable qui a fini de parasiter le formidable élan d’unité et de solidarité auquel notre pays a eu droit à l’entame de la pandémie.
Au regard de ce qui précède et notamment de la perspective presque évidente d’un Covid qui perdure, n’y a-t-il pas lieu de poser de manière constructive le débat sur la pertinence de certaines des options prises par nos autorités en ce moment critique de la vie de notre nation ? L’adage ayant bien fait de dire « mieux vaut tard que jamais », le temps est peut-être venu pour notre pays de réajuster sa stratégie de riposte.
UNE FÊTE DU TRAVAIL DÉPOUILLÉE DE TOUT CARACTÈRE FESTIF
Ce 1er mai 2020, les centrales syndicales du Sénégal ont décidé d’y sursoir en même temps que d’autres activités habituellement organisés pour l’occasion : marches, ateliers et autres rencontres.
Dakar, 1er mai (APS) – La célébration ce vendredi de la fête internationale du travail revêt un caractère inédit en étant dépouillée de tout caractère festif en raison de la crise sanitaire née de la propagation du nouveau coronavirus.
Le point d’orgue des festivités et autres manifestations organisées à l’occasion de la fête internationale du travail a toujours été au Sénégal la remise de cahiers de doléances des centrales syndicales du pays au chef de l’Etat.
Un moment traditionnellement mis à profit par le président de la République pour répondre aux demandes et autres revendications portées par les centrales syndicales.
Une occasion pour le chef de l’Etat de faire une sorte de bilan sur ses réalisations en faveur des travailleurs en général. Cette manifestation solennelle est organisée chaque année au Palais de la République.
Ce 1er mai 2020, les centrales syndicales du Sénégal ont décidé d’y sursoir en même temps que d’autres activités habituellement organisés pour l’occasion : marches, ateliers et autres rencontres.
La Confédération nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS) n’organisera ni festivités ni aucune autre manifestation à l’occasion de la Journée internationale du travail, ce vendredi 1er mai, a ainsi annoncé son secrétaire général, Mody Guiro.
La CNTS va s’adapter à la situation entrainée par la pandémie de la maladie à coronavirus en respectant les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires.
‘’Nous n’allons pas faire de festivités ni de manifestations, car nous respectons les mesures prises par le gouvernement qui interdit tous les manifestations et rassemblements. Par contre, cela ne veut pas dire que nous n’allons rien faire. Il s’agira juste de s’adapter à la situation’’, a-t-il expliqué dans un entretien avec l’APS.
‘’Nous allons célébrer la fête du Travail mais dans le confinement. On peut le faire via une déclaration commune, mais tout en restant chez nous pour mieux lutter contre le coronavirus’’, a indiqué le leader de la CNTS, centrale syndicale revendiquant 120 000 membres.
D’une manière générale, toutes les organisations syndicales du pays ont adopté cette démarche saluée par le président Macky Sall en évoquant une décision historique des centrales syndicales de ne pas présenter cette année de cahiers de doléances et de sursoir à toutes les festivités.
Le Sénégal vit depuis le 23 mars sous état d’urgence assorti d’un couvre-feu nocturne (de 20 heures à 6 heures) et d’une interdiction des déplacements et transports interurbain. Des mesures prises pour freiner la propagation du Covid-19 dans le pays.
A la date du 30 avril, 933 cas de Covid-19 ont été recensés au Sénégal. 334 parmi ces personnes infectées ont été déclarées guéries alors que 9 décès et une évacuation ont été enregistrés depuis l’apparition de la maladie dans le pays (2 mars).
"LES EUROPÉENS S’INQUIÈTENT POUR NOUS ET NOUS NOUS INQUIÉTONS POUR EUX"
Depuis le début de la pandémie de covid-19, Felwine Sarr met son expertise au service du plan de résilience mis en place par le Sénégal. L'écrivain et économiste livre dans un entretien à TV5 Monde, une analyse sans concession de la crise en cours
Il est l’un des intellectuels les plus importants du continent africain. Depuis le début de la pandémie de coronavirus, l’économiste et écrivain Felwine Sarr met son expertise au service du plan de résilience économique et sociale mis en place par le gouvernement sénégalais. Dans un entretien accordé depuis Dakar à TV5MONDE, l’auteur de l’essai Afrotopia (2016) et co-auteur du rapport sur la restitution des œuvres du patrimoine culturel africain (2018), livre une analyse sans concession de la crise en cours.
TV5MONDE : Vous êtes à Dakar depuis le début de la pandémie. Quelle est la situation sur place ?
Felwine Sarr : Dans l’ensemble, les gestes barrières sont respectés. Dans la rue, une large proportion de la population porte un masque. Dans les transports en commun, les pratiques évoluent aussi. Par contre, dans les lieux publics qui n’ont pas été fermés comme certains marchés, gargotes ou petits salons de thé, il y a une difficulté à respecter la distanciation sociale. Dans les supermarchés, malgré les marquages au sol, certaines personnes trouvent le moyen de ne pas s’y conformer. Il y a vraiment un travail à faire pour que les individus mettent de la distance entre les corps. Ce n’est pas facile, car la proximité est culturelle.
L’Afrique reste le continent le moins touché en nombre de morts et de cas de Covid-19. Pourtant, les prédictions des instances internationales sont alarmistes...
Il est d’ailleurs intéressant de comparer le Sénégal aux États-Unis, deux pays ayant connu leur premier cas à peu près au même moment. La différence de propagation du virus et de réponse politique est frappante. Nous avons agi rapidement, quand les Américains ont tergiversé.
L’Europe, elle, a vu la crise arriver d’Asie sans se préparer à l’affronter, exception faite des pays du nord, de l’Allemagne ou du Portugal.
Les représentations négatives sur l’Afrique sont si ancrées qu’on ne prend même plus la peine de regarder la réalité. Et quand la réalité présente va à l’encontre des représentations, on les déplace alors dans le temps futur. Même si le continent s’en sort plutôt bien, il faut donc prédire une catastrophe. Tout, sauf admettre que l’Afrique s’en sort face au Covid-19.
Actuellement, le nouveau narratif est d’affirmer qu’il n’y aura peut-être pas de catastrophe mais que nous allons mourir de faim à cause de la crise économique. Toujours la même image misérabiliste.
Il y a selon vous, une difficulté à reconnaître que des pays africains puissent mieux gérer que les puissances mondiales ?
Oui, c’est un racisme structurel qui s’ignore. Il y a quelque chose de rassurant à avoir toujours le sentiment qu’on est mieux organisé, mieux préparé que les autres. Les Européens s’inquiètent pour nous, alors qu’ici, nous nous inquiétons pour eux. Quand l’OMS appelle “l’Afrique à se réveiller”, alors que c’est l’hécatombe partout ailleurs, c’est peut-être eux (Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS le 18 mars, ndlr), qui devraient se réveiller ! Car nous ne dormons pas, bien au contraire. Fondamentalement, la meilleure réponse que peut donner l’Afrique c’est de relever ses propres défis sans passer son temps à répondre à ceux qui ne veulent pas voir les évidences.
Vous êtes signataire d'une tribune publiée dans le magazine Jeune Afrique, dans laquelle la crise sanitaire en cours est décrite comme “une opportunité historique pour les Africains, de mobiliser leurs intelligences […], de rassembler leurs ressources endogènes, traditionnelles, diasporiques, scientifiques, nouvelles, digitales, leur créativité...”. Est-ce un vœu pieux ou une réalité concrète ?
L’Afrique est vaste, donc je vais me contenter de parler du Sénégal. Dès le début de la crise, les universitaires ont créé des groupes de travail par champs de compétence. Nous en avons monté un en économie afin d’anticiper l’impact au niveau des transports, du tourisme, du commerce, de la culture et du secteur informel très exposé en ce moment. Nous avons réfléchi à des mesures que l’État pourrait prendre pour garantir aux individus des revenus plus durables et stables. Nous avons rencontré le ministre de l’Economie pour lui proposer notre aide.
Désormais nous travaillons sur le plan de résilience économique et sociale lancé par le président de la République Macky Sall le 3 avril. Cette synergie s’est aussi produite dans le domaine du droit, de la gestion, de la science et de la médecine. C’est une excellente démonstration de l’impact que la société civile peut avoir. Quand le monde nous prédisait le pire, nous étions au travail afin d’apporter une réponse adaptée aux spécificités de nos sociétés.
La crise a t-elle modifié le regard des Africains sur l’Occident ?
Beaucoup ont compris que l’Eldorado européen n’existe pas. Des Sénégalais immigrés en Italie sont rentrés au plus fort de la crise. Ces sans-papiers ont pris le risque, sans garantie de pouvoir repartir. Ils ont considéré qu’il valait mieux pour eux d’être ici. En tant que membres de la classe sociale la moins favorisée, ils font partie des plus vulnérables. Bien évidemment, ces sociétés ont leurs forces et leurs avancées. Mais aujourd’hui, leurs limites sont apparues au grand jour.
Pour un grand nombre de pays, la question de la dépendance à la Chine se pose. Est-ce le cas en Afrique, dont la Chine est le premier partenaire commercial ?
La Chine est un important partenaire commercial mais nous n’en sommes pas dépendants. Nous n’avons pas délocalisé en masse, donc la question de la relocalisation ne se pose pas. Dans le milieu des économistes, le débat tourne plutôt autour de la réorientation de nos économies. Comment les restructurer ? Les rendre moins dépendantes des matières premières ? Comment créer sur place des industries nous permettant d’atteindre l’auto-suffisance alimentaire ?
Du point de vue stratégique, le secteur de la santé doit absolument être indépendant. Car quand il n’y a plus de commerce international, les pays ferment leurs frontières et gèrent leurs stocks. Là dessus, un travail doit être fait après la crise.
Le G20 s'est mis d'accord pour suspendre pendant un an la dette de 76 pays à bas revenus dont 40 pays africains. Qu’en pensez-vous ?
Je l’apprécie diversement. Quand on regarde les choses du point de vue des revenus monétaires, on se dit que cela peut permettre une bouffée d’oxygène. Il y avait à peu près 44 milliards de dollars à rembourser cette année et les pays concernés pourront les réinjecter dans les fonds de lutte contre le Covid-19.
Mais du point de vue structurel, l’Afrique n’est pas surendettée. C’est faux. Le continent à un ratio dette sur PIB de 60%, ce qui est soutenable. Dans les 15 pays les plus endettés au monde on trouve des grandes puissances économiques comme le Japon (en 1ère position avec un endettement à hauteur de 238 % de son PIB), les Etats-Unis (105%) ou la France (100,4%)...
En volume, la dette africaine représente environ 500 milliards de dollars, soit 0,2 % de la dette globale. Le problème c’est que “la dette africaine” est devenue un totem. Une notion que l’on n’interroge pas et qui va de soi.
Là encore, le discours ne correspond pas à la réalité. Après l’Initiative pays pauvres très endettés (PPTE), à la fin des années 90 et l'Initiative multilatérale d'annulation de la dette en 2005, les pays africains ont retrouvé des ratios dette sur PIB très bas (à cette époque le Sénégal était à 20% seulement). Mais ils se sont réendettés rapidement : durant les 10 dernières années les ratios ont doublé, voire triplé, sans pour autant excéder les limites de la soutenabilité. Depuis, dans l’imaginaire collectif, l’Afrique croule sous la dette, ce qui n’est pas le cas.
Comment expliquer que ce mythe perdure ?
C’est une bonne question… Pourtant, il suffit d’une recherche Google sur les ratios pour vérifier. La dette est un de mes secteurs de recherche et jai co-rédigé plusieurs articles scientifiques à ce sujet. Pour comprendre, il faut regarder au bon endroit. Nos pays ont une difficulté à mobiliser des ressources fiscales conséquentes et des investissements adéquats. Quand vous vous endettez, c’est pour rendre votre économie plus productive en générant des ressources qui permettront ensuite de rembourser.
Économiquement, la dette n’est pas un problème si elle est sous contrôle, c’est-à-dire bien investie. Malheureusement, certains Etats africains profitent de cette crise pour jouer sur ce que je nomme la politique de la compassion et demander l’annulation de leur dette. Hors, nous ne devrions pas tendre la main. Il faut changer de discours. Assumons nos dettes, payons-les, gérons-les comme il faut et arrêtons de venir quémander une annulation tous les vingt ans.
Quelle est la leçon principale à tirer de cette crise en cours ?
Nous habitons le même monde et partageons un destin commun. Cette crise est celle de l'anthropocène*. Nous savons qu’elle résulte de nos modes de vie, de la dévastation de la biodiversité et de la réduction de l’habitat naturel d’espèces non humaines. Nul ne sera épargné des effets d’une crise climatique d’ampleur. La pandémie nous montre la nécessité radicale de changer notre rapport à l’écologie, la surconsommation et les excès économiques et industriels.
D’ailleurs, depuis l’arrêt de cette course folle, les villes respirent mieux et certains animaux y réapparaissent. Au niveau social, la crise a révélé de manière éclatante les fractures sociales. Mais il ne faut pas être idéaliste. Chez certains, la tentation de reprendre de plus belle sera là. Rattraper le temps perdu, des points de croissance, maintenir un système... Si un désir de changement est bien présent, il faudra qu’il s’exprime de manière concrète, par l’action sociale et la force collective.
*signifie littéralement « l'âge de l'Homme ». Ère géologique actuelle se caractérisant par des signes visibles de l'influence de l'être humain sur son environnement, en particulier sur le climat et la biosphère.
par Mouhamed Moustapha Dieye
A L’ASSAUT DES IMPENSÉS DU CORONAVIRUS
Seule une bonne information, l’intégration d’une culture de la prévention et la préparation des communautés à affronter les risques et à surmonter les contrariétés symbolico-religieuses permettront d'éviter les dérives aux conséquences incalculables
Aux origines d’une expérience personnelle comme prétexte
Mars 2019, en pleine campagne électorale pour les élections présidentielles au Sénégal, je découvrais les méfaits de l'ignorance et ses implications sur la formation de la conscience citoyenne. Alors que je cherchais un espace pour me garer, je fus interpellé par un agent de sécurité, mais la puissance du cousinage fictif finit par avoir raison sur la détermination de ce dernier à m'interdire le stationnement. Je fus stupéfait par la tournure de notre discussion qui a été révélatrice pour moi des enjeux de l’information et de l'importance des méthodes de communication.
Le moment était propice aux discussions politiques et l’agent de sécurité, non seulement, ne tarissait pas d'éloges vis-à-vis des élites politiques au pouvoir, mais s'évertuait à vouloir me convaincre de la pertinence des réalisations en termes infrastructurels avec le TER, les échangeurs et particulièrement l'autoroute Ila Touba qui lui permettait de rallier son village en un laps de temps. Je me souviens encore de son air éberlué et pensif quand je lui fis comprendre qu'il n'avait pas à remercier l'État qui ne s'acquittait là que de ses obligations parce que, être au service des citoyens, là était sa raison d'être. Sa perplexité était d'autant plus grande lorsque je lui expliquais que c'est lui, tout démuni qu'il était, qui faisait vivre l'État à travers les taxes indirectes et, ce faisant, il lui donnait ainsi les moyens de réaliser les infrastructures dont il parlait.
L'idée de savoir que, quand il achetait une boite de thé, une boîte d'allumettes, une baguette de pain ou un paquet de cigarettes, il payait en même temps une taxe, au profit de l'État, sans s’en rendre compte, le rendait dubitatif. Je lui demandais alors s’il était acceptable, pour lui, que les hôpitaux ne puissent pas prendre soin de son enfant et qu'il soit obligé de tout payer, alors que l'enfant du fonctionnaire bénéficiait d'une prise en charge. Son expression faciale me fit comprendre qu'il avait raté quelque chose et qu'il venait de comprendre le rapport de l'État au citoyen et ce à quoi, il pouvait s'attendre de l'État sénégalais. Je compris aussi la portée et la pertinence du choix du type de communication que j’avais adopté et qui consistait à prendre de mon temps pour lui expliquer dans une langue nationale les notions de citoyen, d’État et de taxe.
Presque une année après, jour pour jour et le phénomène du Covid-19 aidant, je fus confronté à une situation similaire. En effet, les interactions que j'ai eues avec quatre catégories socioprofessionnelles différentes, m'ont conduit à dérouler la même approche communicationnelle que j'avais adoptée face à l’agent de sécurité, un an plutôt, et qui avait porté ses fruits. Lorsque, d’un poissonnier, je reçus une réponse négative quant à sa connaissance de la signification du terme porteur sain, ma détermination à poursuivre mon approche fut encore plus forte surtout quand il m’informa que la veille une campagne de sensibilisation avait été menée au niveau de cette plage de débarquement de poisson.
Comment pouvons-nous penser que le commun des Sénégalais puisse comprendre dans toute leur plénitude le sens et la signification des termes galvaudés par monts et par vaux tels que : porteur sain, distance sociale, distance physique, distanciation sociale, temps d'incubation, proximité sociale et que sais-je encore. N'est-ce pas les spécialistes et experts qui réfléchissent sur la pandémie du coronavirus à l'OMS qui ont forgé le concept d'infodémie, pour désigner le flux ininterrompu d'informations qui circulent à travers les continents. S'il est établi, qu'aucune stratégie de lutte contre cette maladie, ne peut prospérer face à ces informations fausses ou inexactes, il appert alors que la seule guerre qu'il convient de mener et de gagner est celle relative à la transmission de l'information correcte, vraie et utile.
Je me retrouvais alors à expliquer à mes interlocuteurs pourquoi il était si important de garder la distance sociale de 1,5m et qu'il ne fallait surtout pas se gêner de demander à quelqu'un qui se rapprochait un peu trop, de garder la distance ; face au coronavirus, le masla n'avait pas sa place. En leur disant qu'il était possible que, moi-même avec qui, il discutait, pouvais les contaminer alors que je n'étais ni tousseux ni enrhumé, leur faisait prendre conscience subitement de la dangerosité du coronavirus.
Ils s'imaginaient eux-mêmes pouvoir être de potentiels porteurs sains et, donc, de pouvoir contaminer leurs proches et bien évidemment de pouvoir être contaminés par un autre porteur sain. A cet instant, je me disais que, peut-être, je venais de faire un pas, mais un pas de poucet dans la clarification de ce qu'on entendait par contamination communautaire et de porteur sain. Aussi, je notais qu’à chaque fois que j'ai dû faire appel à la langue locale pour essayer d'expliquer ces termes en vue d'une sensibilisation, la réaction a toujours été la même : « ah bon, j'en ai entendu parler, mais je ne l'ai jamais compris comme ça, maintenant c'est très clair pour moi, cette maladie est vraiment dangereuse ». A ce niveau, il importe de s'interroger sur la pertinence et la portée de la stratégie d'information déroulée qui, de toute évidence, semble inadaptée aux réalités socioculturelles du pays. Quel est le contenu de l'information et à qui s'adresse l'information ?
De la pertinence d’une stratégie de communication endogène et proactive
Que faut-il attendre d'une information savante et hermétique, donc totalement inaudible, distillée par des experts en direction de cibles avec des niveaux d'éducation très faibles ? Si on tient compte du contexte du Sénégal, de sa diversité ethnique et des différentes sensibilités socioculturelles, on comprend mieux l’intérêt qu’il y a à concevoir une stratégie de communication multidimensionnelle qui fasse en sorte que le message approprié soit communiqué au bon moment, à la bonne personne et dans le format qui convient. Évidemment, il faudra aussi tenir compte de l’imaginaire de l’homo senegalensis. C'est à cette condition seulement qu'on peut s'assurer que l'information donnée peut contribuer à réduire la contamination communautaire, à sauver des vies et à minimiser les perturbations tant sociales qu'économiques. Ne peut-on pas lire la résistance des jeunes sénégalais à l’injonction étatique de rester chez eux à partir de 20h ainsi que le baroud d’honneur de certains imams à vouloir vaille que vaille célébrer la prière du vendredi malgré l’interdiction comme la conséquence, encore une fois, de l’absence, du déficit ou de l'inadéquation de la stratégie de communication.
Faut-il le rappeler, cette pandémie du coronavirus est une crise inédite, tant du point de vue de sa rapidité d'expansion que du point de vue de sa puissance de déstructuration des sociétés. A cet égard, les spécialistes de la communication, plutôt que d'être contraints de réagir sous la pression des médias et de la population, doivent faire preuve de capacité d'innovation et inventer des modalités de communication exceptionnelle qui puissent compléter les mécanismes classiques existants. Sans une stratégie efficace de communication basée sur une bonne connaissance des comportements des sénégalais, il sera difficile de gagner le pari d’une forte mobilisation sociale et d’une adhésion absolue et, conséquemment, il faudra subir une flambée du coronavirus. Cette pandémie montre, encore une fois, que le risque d’épidémie est décuplé sous la poussée de certains facteurs complexes dus principalement au comportement humain et qui se réfèrent à la mondialisation, à la forte mobilité des population par voie aérienne, terrestre ou maritime, à l’urbanisation rapide et incontrôlée, etc.
S’il y a donc un point qui ne souffre pas d’équivoque, c’est bien l’idée selon laquelle le comportement humain est le dénominateur commun dans le risque épidémiologique, dans la prévention et la maîtrise d’une flambée épidémique. En d’autres termes, ce que les gens font ou ne font pas influe considérablement sur la lutte contre la propagation de la maladie. Sous ce rapport, on admet aussi que la réussite du contrôle de la propagation est fortement tributaire de la participation active et de la contribution des communautés, y compris bien évidemment les personnes touchées ou exposées. Dans cette perspective, on comprend aisément qu’une réponse unique ne saurait convenir, mais il faudrait plutôt adapter la stratégie de communication à la situation locale, et notamment aux conditions socio-économiques. C’est là tout l’intérêt pour les différents acteurs (personnel médical, équipe de sensibilisation etc.,) de posséder une compétence culturelle avérée qui permet de générer, d’accroitre et de maintenir la confiance des communautés pour modifier en urgence les comportements et amener les personnes exposées à comprendre l’importance des mesures barrières, à accepter les changements désirés et à les appliquer d’elles-mêmes, au sein de leur famille et de leur communauté.
C’est à ce niveau que les collectivités territoriales, démembrement du pouvoir central, devraient jouer la plénitude de leur rôle que leur confère l’acte III de la décentralisation à savoir la gouvernance des problèmes de santé fondée sur l’engagement des communautés et qui intègre des services de santé préventifs, promotionnels et ré-adaptatifs destinés aux communautés et délivrés par les communautés. Il est clair que, pour gagner la confiance et obtenir l’adhésion des citoyens, la communication doit se faire le plus proche possible des populations et comme le virus circule dans les territoires, les collectivités locales du fait de leur proximité avec les populations semblent être plus indiquées pour porter la bonne information dans les langues locales adaptées. En effet, les collectivités territoriales sont le niveau le plus proche de prise en charge des besoins des populations tant par les compétences qui leur sont dévolues mais aussi par leur accessibilité. Aussi sont-elles plus à même d’identifier dans leur territoire respectif les relais communautaires et/ou les leaders (Imam, acteur associatif, guide religieux, badienou gox, etc.) susceptibles de transmettre le message puisqu’étant adoubés et acceptés par les communautés. D’ailleurs, il faut se féliciter de la réaction de certains élus locaux qui se sont déjà mobilisés dès le début de la pandémie pour apporter leurs aides aux populations.
Demain, lorsque les croyances et les imaginaires se fragmenteront…
En ces moments d'incertitude où le monde navigue vers des lendemains sombres, où assurément, nos croyances religieuses, nos représentations du corps et de l'au-delà et toute notre imaginaire risquent d'être chahutées, bousculées et remises en cause par le coronavirus, seule une communication proactive permet d'anticiper sur des situations complexes et dramatiques qui se profilent à l'horizon. S’il est avéré que, même mort, le corps de la personne décédée reste contagieux, ne devrait-on pas, dès à présent, se poser les bonnes questions sans tabou ni peur pour être en mesure de comprendre les attitudes et réactions possibles qui adviendront en cas de décès.
Le Sénégalais qui perd un proche acceptera-t-il qu'on lui interdise de voir, de toucher le corps de son parent défunt ?
Comprendra-t-il que son proche ne puisse, ni recevoir la dernière toilette rituelle ni être enveloppé dans le linceul et qu'il devra être enterré avec ses habits ?
Comment, face à l’impossibilité d’assurer à un proche décédé une sépulture correcte, les endeuillés pourront-ils faire le travail du deuil, processus intrapsychique de détachement et de renoncement à un parent perdu à jamais ?
Freud ne soulignait-il pas que, si tout deuil doit évoluer vers une fin, il arrive qu’il se complique et, de toutes les complications, celles relatives à l’absence de deuil ou le deuil non fait, comme dans le cas de l’épidémie Ebola en Guinée, est de loin le plus grave puisque pouvant entraîner chez les personnes apparentées au défunt des troubles psychiques et/ou somatiques chroniques nécessitant un suivi psychologique.
Pour le Sénégal, l'enjeu de la communication s’avère donc stratégique et au regard du déficit en termes d'infrastructures médicales (respirateurs en nombre limité, nombre réduit de réanimateurs, nombre réduit de lits etc.), il urge, pour le moment, de déporter le combat sur le terrain de la communication. C'est dire que, seule une bonne information, l’intégration d’une culture de la prévention et la préparation des communautés à affronter les risques et à surmonter les contrariétés symbolico-religieuses permettront d'éviter les dérives et les pratiques irraisonnées et irrationnelles aux conséquences incalculables. Une crise comme celle-là ne peut se gérer que sur la durée et, dans cette dynamique, toutes les décisions qui seront prises devront s’inscrire dans la proaction et non dans la réaction.
GUY MARIUS SAGNA PART À LA DIC SOUTENIR FAMARA IBRAHIMA CISSÉ
Arrêté hier et placé en garde à vue au Commissariat de la Médina, Famara Ibrahima Cissé, président de l’Association des Clients et Sociétaires des Institutions financières (ACSIF) pourra compter sur un soutien de taille
Arrêté hier et placé en garde à vue au Commissariat de la Médina, Famara Ibrahima Cissé, président de l’Association des Clients et Sociétaires des Institutions financières (ACSIF) pourra compter sur un soutien de taille, celui de l’activiste Guy Marius Sagna.
Ce dernier explique ainsi son engagement auprès de celui qui exigeait, pour tous les clients, un report d’échéances de crédit des banques dans le contexte de la crise du coronavirus : « Depuis hier le patriote Famara Ibrahima Cissé est traité de manière scandaleuse par l’État à travers son bras armé qu’est la DIC. Depuis hier, il est lui est refusé d’être assisté par un avocat. Aujourd’hui, ils lui exigent de signer un document où il s’engage à abandonner la lutte ou il sera déféré », annonce le leader de "Frapp - France Dégage" pour qui Famara Cissé n’a commis qu’un seul crime : « Défendre tous ceux qui ont des comptes auprès des banques. »
A la tête de l’association de défense des intérêts des clients des banques et autres institutions financières, Famara Cissé réclame un report des échéances du crédit DMC et des prélèvements à la source de deux à trois mois renouvelable pour tous les fonctionnaires, les décisionnaires et les contractuels de l’Etat, avec un délai de report pendant lequel les remboursements des échéances pour le compte de l’Etat (DMC) et des autres créanciers (cession volontaire sur salaire) seront repoussés de trois mois renouvelables.
Parmi les mesures prises par les banques, figure un report des échéances, mais cela ne concerne que les clients dont les employeurs ont été directement impactés, au point qu’ils ne perçoivent plus l’intégralité de leurs salaires.