Covid-19 : Le Sénégal compte 299 cas déclarés positifs, ce mardi
299 personnes ont été testées positives au coronavirus au Sénégal, dont 183 guéries, 2 décès, 1 évacué et 113 cas sous traitement, a annoncé mardi 14 avril, le ministère de la Santé et de l’action sociale. L’état de santé des patients hospitalisés à Dakar (Diamniadio y compris), Touba et à Ziguinchor est stable. En effet, sur 272 tests réalisés, 8 sont revenus positifs, dont 6 cas contacts suivis et 2 cas issu de la transmission communautaire. Pour rappel, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr a rapporté lundi, 11 nouveaux cas de contamination au Covid-19 sur les 144 tests effectués.
8 nouveaux cas confirmés au Sénégal
Ce mardi 14 avril 2020, le ministère de la Santé et de l’action sociale a fait le point sur la situation nationale des cas de coronavirus. Ainsi, sur 272 tests réalisés, 08 sont revenus positifs. Il s’agit de 06 cas contacts suivis par les services du ministère de la Santé et 02 cas issus de la transmission communautaire. Ce jour, le Sénégal a de nouveau enregistré 5 patients guéris, qui vont regagner leur domicile. Le Sénégal compte actuellement 183 patients guéris du Covid 19.
Louga se dote d’un nouveau centre de traitement
L’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga devrait être doté dès demain mardi d'un centre de traitement du coronavirus. Le matériel technique comme la salle devant accueillir le centre sont d’ores et déjà disponibles. C'est du moins ce qui ressort de la visite de prospection et de faisabilité effectuée ce vendredi au niveau de la structure sanitaire par une équipe d''experts sanitaires du ministère de la santé...
Covid-19 à Louga : Le bilan passe à 27 cas positifs
La région de Louga est fortement touchée par le Coronavirus. Selon des informations de Lougaweb, deux (2) cas confirmés de coronavirus ont été notés, ce mardi 14 avril 2020. Ce qui porte à 27 le nombre total de cas recensés dans la capitale du Ndiambour. Ces cas contacts sont tous issus du premier cas communautaire.
Dahra Djoloff / Braquage en plein couvre-feu : 04 blessés, près de 3 millions Cfa et un 4/4 emportés Malgré le couvre-feu instauré par les autorités pour faire face au Covid19, huit individus encagoulés, à bord d’un 4/4, ont écumé, à Dahra, dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 avril le domicile d’un grand éleveur connu sous le nom de Mbaré Ly, sis au quartier Médina Ndiaye derrière l’institut Alfallah. Selon notre source, les malfaiteurs ont réussi à entrer dans la maison en passant par la terrasse. Le frère de l’éleveur, un certain Thierno Ly, surpris dans les bras de Morphée, a été bien tabassé à coups de gourdin. Ce dernier, pour éviter le pire, leur a ouvert la porte centrale du bâtiment. Ainsi, l’éleveur Mbaré Ly et son épouse Fary Ba ont passé un sale quart d’heure entre les mains des bandits qui les sommaient de leur montrer l’endroit où se trouve le coffre-fort qui contenait la somme de 2.500.000 frs. Les malfrats ont fait également la fête à un voisin du nom de Omar Bodeio, alerté par le bruit et qui tentait de secourir la famille de Maré Ly. Avant de vider les lieux, ils ont cambriolé la boutique d’en face avant d'emporter la somme de 175.000 frs, de la boisson et des dentées alimentaires. Les 04 blessés ont été évacués à l’hôpital Magatte Lô de Linguère où ils reçoivent présentement des soins médicaux.
D’anciens ministres de Santé lancent une plateforme pour accompagner
Les Etats Les anciens ministres de la Santé d’Afrique et d’ailleurs ont lancé une initiative internationale pour aider les pays à faire face à la pandémie du Coronavirus. L’annonce est d’Abdou Fall, ancien ministre de la Santé sous Abdoulaye Wade. « Nous avons pris l’initiative avec madame Nora Berra, ancien ministre de la santé de France en association avec d’autres ministres de la santé africains de lancer l’idée d’une plateforme pour accompagner les Etats, les acteurs du secteur de la santé et les citoyens dans le plaidoyer en faveur de changement profond dans le cadre de la prise en charge de cette pandémie. Mais également en tirer des leçons et préparer l’avenir parce que nous pensons qu’il y a des enseignements très importants à tirer de cette expérience pénible », a soutenu Abdou Fall sur IRadio. L’ancien ministre de la Santé a également parlé des leçons à tirer surtout dans le domaine sanitaire. « Le Sénégal a eu la chance d’avoir eu à construire depuis longtemps un système d’alerte qui nous a permis très rapidement d’identifier les premiers cas et de mettre en place un dispositif de riposte. Nous avons eu également une expérience de gestion des épidémies et aussi une expérience d’implication de l’Etat au plus haut niveau dans la prise en charge de certains types d’épidémies. Par contre, là où tout le monde a constaté des défaillances dans les pays riches, comme chez nous, c’est la solidarité entre les nations. En Afrique aussi, nous avons beaucoup de disparités dans nos systèmes de santé mais on n'a pas senti au niveau des Etats une solidarité et une prise en charge communautaire alors nous savons que le virus n’a pas de frontière »
Lutte contre la Covid-19 : Le Frapp veut un budget de 2000 milliards FCFA
Le Front Révolutionnaire Anti-impérialiste Populaire et Panafricain ( FRAPP) trouve insuffisant les 1000 milliards de FCFA annoncés dans la lutte contre la Covid-19. Dans un communiqué, l’organisation panafricaine soutient que « Le FRAPP trouve ces 1000 milliards insuffisants et demande que ce budget soit porté à 2000 milliards pour gagner la bataille contre le coronavirus. » « Le FRAPP exprime son désaccord total devant la politique du président de la République qui est allé contracter des prêts devant les institutions de Bretton-woods dont les politiques ont contribué à créer ce chaos sanitaire dans les pays africains. L’une des leçons à tirer de cette pandémie est qu’il est possible d’avoir un système de santé performant sans l’aide du Fmi et de la Banque mondiale », se sont indignés les camarades de Guy Marius Sagna. Pour finir, ils donnent l’exemple de La Havane : « Cuba – victime d’un embargo illégal et illégitime depuis plus de 50 ans - qui vole au secours de peuples dont les pays ont plus de moyens en offre la preuve ».
Après chaque période d’annulation de la dette des pays africains, on a l’impression de se retrouver au même point de départ. Les pays qui ont bénéficié du processus de désendettement se retrouvent, quelques années plus tard, surendettés
Après le Pape François durant ses bénédictions pascales, le président français Emmanuel Macron a annoncé dans son discours du 12 avril, envisager avec l’Europe à l’annulation massive de la dette des pays africains.
Le processus de développement économique induit des besoins de financement importants pour la mise en place d’infrastructures et de services publics, dont l’essentiel est couvert par l’endettement, notamment public. L’encours de la dette publique africaine représentait ainsi 1 330 milliards de dollars en 2019 , soit 57 % du PIB continental (équivalent à 60 % du PIB en calculant en moyenne pondérée sur les PIB en parité de pouvoir d’achat) ou encore 1 060 dollars par habitant, et s’inscrit en hausse depuis le début de la décennie 2010. Cette augmentation interroge sur la viabilité de l’endettement des États africains et pose la question du financement de leur processus de développement. En Afrique, cette problématique est d’autant plus importante que des allègements significatifs de dette publique ont été accordés dans les années 2000 et 2010.
Le mythe de Sisyphe
Au demeurant, on a l’impression de se retrouver dans un cycle bi-quinquennal de la question de la dette des pays africains qui déjà, durant les dix dernières années, ont bénéficié de l’initiative PPTE qui a permis un effacement de la dette à travers le mécanisme de réinvestissement des fonds consentis pour le service de remboursement de la dette. Au regard de tout ce qui précède, après chaque période d’annulation ou d’allégement partiel de la dette des pays africains, on a l’impression de se retrouver au même point de départ, dans une sorte de mythe de Sisyphe.
Car les pays qui ont bénéficié du processus de désendettement se retrouvent, quelques années plus tard, surendettés comme c’est le cas du Congo et du Mozambique. Le premier a vu sa dette effacée entre 2009 et 2010 mais se retrouve en 2020 avec une dette de plus de 120% de son PIB. La dette publique de la République du Congo oscille autour de 12,5 milliards de dollars. Cela représente plus d’un tiers supplémentaire par rapport aux estimations publiées par le FMI en juillet 2019 . Le Congo, il sied de le signifier, dans le cadre bilatéral, ne doit pas à la France plus de 11% de sa dette. La part de la dette du Congo qui pose problème est celle vis-à-vis de la Chine , des traders pétroliers, des banques privées et des obligations. Les prévisions budgétaires des charges de trésorerie pour 2020 sont de 1045milliards FCFA dont 601milliards pour cette partie-ci de la dette. Les experts sont formels, le Congo n’a pas les moyens de faire face à de tels engagements.
Tant que la Chine et les traders ne réduiront pas leurs créances, le Congo ne pourra pas à court et moyen terme s’en sortir malgré l’annulation massive annoncée par le chef de l’Etat français en faveur des pays africains. Ainsi, toujours dans le même ordre d’idée, la Côte d’Ivoire qui avait en 2012 atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE se retrouve aujourd’hui avec une dette publique qui avoisine 12 105,3 milliards FCFA à fin juin 2019. Elle réalise ainsi une progression de 4,29% par rapport à son niveau du 31 décembre 2018. L’encours de cette dette est essentiellement constitué de 67% de la dette extérieure et de 33% de la dette intérieure. A la fin de juin 2019, la dette extérieure de la Côte d’Ivoire s’est élevée à 8 063 milliards FCFA contre 7 613,4 milliards FCFA à fin décembre 2018. Les principaux créanciers de la Côte d’Ivoire sont donc les porteurs de titre de créances (51%), les partenaires bilatéraux (17,4%) et multilatéraux (24,6%). La part des autres créanciers ne ressort qu’à 7%. La plus grande part de cette dette est libellée en dollar (44,7%) contre 34,9% en euro. Aussi, 97,4% de la dette extérieure a été contractée à taux fixe contre 2,6% à taux variable.
La problématique de l’annulation de la dette
Annulation massive de la dette. Pourquoi Macron utilise t-il le vocable “massive”? Une annulation n’est elle pas une annulation? S’agit-il d’une réduction massive ou d’une annulation massive? D’entrée de jeu, il sied de souligner que la dette est le moyen classique d'”asservir davantage” les pays endettés, en ajoutant un nœud supplémentaire au nœud existant autour de leur cou. Par ailleurs , lorsqu’on parle d’annulation de la dette, c’est pas toujours limpide. Le togolais Edem Kodjo nous disait que par annulation de la dette il ne s’agit souvent que de l’annulation des intérêts de ladite dette tandis que le “capital” reste entier.
Parfois, on annule une partie de la dette (capital) sans toucher aux intérêts. Ce qui compte souvent pour le bailleur c’est la publicité autour de la pseudo-annulation de la dette et là, les détails manquent. Les dirigeants africains, pour la plupart d’entre eux, ne partagent pas avec leurs citoyens même par le biais de leurs élus au parlement. L’annulation de la dette de l’Afrique ne bénéficiera jamais qui plus est aux peuples du continent. Tous les experts et observateurs africains les plus avertis le savent, y compris les tenants du système financier des pays occidentaux et asiatiques. Le désendettement servira d’abord à déresponsabiliser certaines élites politiques prébendiéres ayant endetté leur pays à des fins de corruption et d’enrichissement personnel. La question de l’endettement du désendettement cyclique dans la coopération multilatérale s’apparente à un jeu de casino. Au terme de notre analyse, il serait judicieux de faire remarquer que le continent est riche de ses hommes et femmes mais cela n’est encore bien clair dans nos textes et les esprits de plusieurs africains, les dirigeants. Parce qu’on a pas cesser de nous asséner que nous sommes pauvres, sous-développés, qu’on nous aide, on a fini par le croire et on arrête pas de tendre la main. Il faut que cela change .
TRUMP SUSPEND LA CONTRIBUTION AMÉRICAINE À L'OMS
Le président américain a justifié cette annonce, mardi, en raison de la « mauvaise gestion » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) face à l’épidémie de Covid-19
Le président américain, Donald Trump, a annoncé, mardi 14 avril, qu’il suspendait la contribution des Etats-Unis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en raison de sa « mauvaise gestion » de l’épidémie due au coronavirus.
« Aujourd’hui, j’ordonne la suspension du financement de l’Organisation mondiale de la santé pendant qu’une étude est menée pour examiner le rôle de l’OMS dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus », a-t-il déclaré.
« Le monde a reçu plein de fausses informations sur la transmission et la mortalité » du Covid-19, a-t-il ajouté, dans un long réquisitoire contre cette agence de l’ONU.
DETTE AFRICAINE : LA GÉNÉROSITÉ CALCULÉE DE MACRON
«Aujourd’hui, 40 % de la dette africaine, entre 145 et 175 milliards de dollars, est due à la Chine. Dans quelle mesure, Macron peut-il inviter à annuler une dette qu’il ne possède pas ?»
Libération |
Maria Malagardis |
Publication 14/04/2020
Alors que la dette du continent est en grande partie due à la Chine, la demande d’annulation du président français est surtout interprétée par certains comme un effet d’annonce.
Ce fut certainement l’annonce la plus surprenante du discours présidentiel lundi soir : «Nous devons aussi savoir aider nos voisins d’Afrique à lutter contre le virus plus efficacement, les aider aussi sur le plan économique en annulant massivement leur dette», a déclaré Emmanuel Macron, qu’on n’attendait pas forcément sur ce terrain-là. Aussitôt, les réseaux sociaux ont été envahis de commentaires cocardiers s’insurgeant contre une annulation de dettes en faveur de l’Afrique alors qu’une largesse du même genre aurait dû profiter en priorité à nos entreprises nationales.
Autant rassurer tout de suite ces internautes «patriotes» : «Aujourd’hui, 40 % de la dette africaine, entre 145 et 175 milliards de dollars, est due à la Chine. Dans quelle mesure, Macron peut-il inviter à annuler une dette qu’il ne possède pas ?» s’interroge malicieusement Andrea Ngombet, un activiste congolais au sein du collectif Sassoufit qui depuis son exil parisien dénonce la kleptocratie qui règne au Congo-Brazzaville.
Voilà bien longtemps que les entreprises chinoises se sont incrustées dans le paysage économique de son pays natal, «à l’aide de contrats bidons, d’offres d’infrastructures plus ou moins fiables. Et avec des contreparties qui relèvent d’un système quasi féodal, en prenant possession des ressources locales. On retrouve le même système à Djibouti, en Guinée, en république démocratique du Congo ou en Ouganda», accuse-t-il. «Du coup, l’annonce de Macron vise peut-être à faire pression sur la Chine pour la contraindre à entrer réellement au sein du Club de Paris, là où se négocient les dettes africaines et où Pékin n’a jusqu’à présent accepté qu’un poste d’observateur depuis deux ans», suggère l’activiste congolais, qui voit dans cette démarche la possibilité d’impliquer la Chine «à un moment où les entreprises françaises en Afrique souffrent de l’insolvabilité des Etats qui ne règlent plus leurs échéances sous prétexte que la dette les étrangle».
«Mallettes»
Mais il reste plutôt méfiant :«Quand on évoque les dettes africaines, de quoi parle-t-on ? En réalité, il s’agit surtout de malgouvernance. Depuis les années 90, tous les dix ans, on voit naître des initiatives pour annuler les dettes africaines, et on se retrouve à chaque fois dans le même marasme. Car, parmi les pays bénéficiaires, il y a toujours les mêmes régimes qui volent les ressources de leurs pays», déplore-t-il. Et de rappeler que plus de 50 milliards de dollars (environ 45 milliards d’euros) échappent chaque année au fisc sur le continent et se retrouvent sur des comptes dans les paradis fiscaux,«sans compter les innombrables mallettes de cash qui circulent et ne sont pas comptabilisées».
Reste que les initiatives en faveur de l’allégement ou de l’annulation des dettes africaines sont à nouveau dans l’air du temps : le 11 avril, huit personnalités africaines signaient une tribune en faveur d’une suspension immédiate du remboursement de la dette, pour faire face aux conséquences économiques du coronavirus en Afrique. «Et le jour même du discours de Macron, c’est le FMI qui annonçait le versement d’une aide d’urgence à 25 pays, dont 19 africains. Aide qui leur permet de couvrir six mois de remboursement de leurs dettes à l’égard de cette institution», rappelle Kako Nubukpo, économiste et ancien ministre togolais.
«Anticipation»
«En réalité, Macron s’aligne sur cette position du FMI. C’est peut-être une bonne chose à court terme, parce que le continent manque de moyens pour répondre à la pandémie avec un déficit annuel de 66 milliards de dollars dans le seul domaine de la santé. Mais c’est une arme à double tranchant car on perpétue aussi le schéma des trente dernières années qui ne sanctionne pas la malgouvernance. Laquelle a justement conduit à négliger les infrastructures de santé», constate-t-il lui aussi, appelant à rester très vigilant sur les modalités éventuelles de cette annulation et le choix des bénéficiaires.
«En quoi un effacement des dettes peut-il combler à court terme le manque de masques, de respirateurs, voire d’électricité ?» s’interroge de son côté l’analyste politique ivoirien Franck Hermann Ekra. Lui voit dans cette annonce «une anticipation du monde d’après» : «On a le sentiment que Macron tente de reprendre la main en Afrique, tout en rappelant implicitement le destin universaliste de la France. Et dans l’immédiat, derrière le masque de la générosité, c’est aux Français qu’il s’adresse bien plus qu’aux Africains. Comme pour souligner que la France est passée du côté des soignants, avec un président qui, d’un discours à l’autre, a troqué l’uniforme du général de guerre pour la panoplie du médecin en chef. On est aussi dans le registre de l’émotion, celui qui s’impose au discours politique en ces temps de pandémie.»
AU-DELÀ DE LA QUESTION DE LA DETTE
Des intellectuels africains réclament davantage qu'une annulation de la dette publique : ils veulent repenser l'Afrique
Les implications de la pandémie de Covid-19 ne se limitent pas au plan sanitaire. Les Etats d’Afrique subsaharienne se préparent à entrer en récession économique cette année, la Banque mondiale prévoit en effet une croissance négative entre -2,1% et -5,1% pour la première fois depuis 25 ans dans cette zone.
Pour accompagner les plans de soutien économiques et sociaux décidés au niveau national dans la plupart des pays, l’Union africaine vient de nommer une équipe d’experts chargés de coordonner l’aide internationale. Et la discussion sur l’annulation de la dette extérieure publique est relancée.
Les grands créanciers occidentaux se sont mis d’accord sur un moratoire de la dette extérieure africaine.
Les détails de l’accord seront dévoilés sous peu, le FMI, la Banque mondiale vont bientôt tenir leurs réunions de printemps, le G20 doit se réunir pour en discuter. Mais le ministre français des Finances assure déjà que de nombreux Etats africains seront éligibles au dispositif.
Cette mesure s’ajoute au plan d’aide d’urgence présenté par le FMI pour soutenir l’agriculture, l’industrie et la consommation en milieu rural.
La Chine, premier bailleur du continent, semble elle aussi sur la voie d’un rééchelonnement de la dette. Pékin pourrait geler les remboursements pour laisser respirer les économies africaines, mais pas les annuler totalement.
Une demande venue des Etats africains
Afin d’endiguer du ralentissement économique lié au Covid-19, le président nigérien, Mouhamadou Issoufou, avait appelé de ses vœux un "plan Marshall pour l’Afrique".
Son homologue sénégalais Macky Sall réclamait la semaine dernière une annulation ou de la dette publique contractée à l’étranger.
Fin mars, les ministres africains des Finances avaient relancé la discussion.
Leur appel avait été appuyé par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) qui conseille une aide de 2500 milliards de dollars, dont la remise de 250 milliards de dette, pour amortir la crise du Covid-19 en Afrique.
L’idée a également été soutenue par les institutions de Bretton Woods fin mars et reprise par Emmanuel Macron dans son discours de lundi soir (13.04.20). Le président français y a évoqué la nécessité d’une "annulation massive" de la dette africaine par l’Europe.
Le Covid-19 de plein fouet
Les économies des principaux partenaires commerciaux de l’Afrique (la Chine, l’Union européenne, les Etats-Unis notamment) sont déjà affectées par la crise du coronavirus.
Ceci entraîne une baisse de la demande en matières premières en provenance d’Afrique subsaharienne. Les cours du pétrole, du coton et de certains métaux ont déjà commencé à chuter.
Les mesures de confinement et les interdictions de voyager touchent également le secteur du tourisme. Et avec lui toute la chaîne de métiers qui y contribuent, jusqu’aux secteurs de la pêche, de la restauration, des transports ou du divertissement, par exemple.
Même si les prévisions de la Banque africaine de développement sont moins alarmistes et ne tablent « que » sur une récession de -0,7 à -2,8% pour les économies africaines, alors que
la croissance en 2019 avoisinait les 3%.
Les exportations vont baisser – tout comme les revenus de nombreux foyers – et le chômage risque d’augmenter fortement.
Des dizaines de millions d'emplois menacés
L’Union africaine chiffre à "près de 20 millions" le nombre d'emplois "menacés de destruction", à la fois dans les secteurs formel et informel. L’ONU craint même que ce nombre atteigne jusqu’à 50 millions.
Les personnes travaillant dans le secteur informel représentent jusqu’à 80% des travailleurs du continent, qui ne bénéficient d’aucun filet de sécurité en terme de protection sociale ou d’assurance chômage.
Enfin, la diaspora établie hors du continent sera elle aussi contrainte de revoir à la baisse ses transferts d’argent aux proches restés au pays.
Il rappelle toutefois que la dette extérieure des Etats ne représente qu’une partie de la dette totale. Il regrette ainsi que les Etats ne s’occupent pas davantage de rembourser leur dette intérieure "pourtant vitale pour les populations et les entrepreneurs" locaux.
Yves Ekoué Amaizo souligne par ailleurs qu’un rééchelonnement signifie simplement qu’on repousse les échéances de remboursement et ne constitue donc pas de soulagement sur le long terme puisque la dette persiste.
Par ailleurs, l’économiste réclame davantage de transparence : il note que ce qui est présenté comme un "cadeau" généreux de la part des pays riches ou des institutions financières internationales pour soutenir des pays en crise est presque toujours assorti de conditions qui sont tues au grand public. Parmi ses craintes : l’"annulation de la dette en échange des tests grandeur nature pour trouver des vaccins contre le Covid-19."
"Faire du pain ici pour le vendre au Brésil"
Selon lui, pour réduire durablement la dépendance des Etats africains à l’étranger, tout en protégeant l’environnement, la crise du Covid-19 doit être l’occasion notamment de valoriser l’économie de proximité et l’économie circulaire. Pour "réorganiser la production de richesses en Afrique" et illustre sa pensée avec un exemple concret :
"Il n’y a pas de sens à faire du pain pour aller le vendre au Brésil ou au Japon. Il doit en être de même pour la plupart des aliments et des biens dont nous avons besoin.Il s’agit donc de redonner la priorité pour produire, échanger, consommer et innover – si possible avec des incitations fiscales – dans un rayon de moins de 1000 km autour de soi."
Yves Ekoué Amaizo préconise aussi de penser l’économie comme devant servir non plus les Etats ou les dirigeants, mais bien, d’abord, les intérêts des populations.
La task force de l’UA axée sur l’argent
Alors Yves Ekoué Amaizo ne croit pas tellement à la "Covid-task force", ce groupe d’experts mis en place par l’Union africaine pour collecter des fonds afin de lutter contre le coronavirus.
"Les personnalités : Tidjane Thiam, ex-patron d’un ebanque suisse, Ngozi Okonjo-Iweala, ex-ministre des Finances du Nigeria et ancienne DG de la Banque mondiale, Trevor Manuel, ex-grand ministre qui a beaucoup lutté contre la corruption en Afrique du Sud, et qui a aujourd’hui sa propre société financière, et Donald Kaberuka, ancien président de la Banque africaine de développement.
Le problème est qu’au lieu de chercher des solutions pour l’éradication du Covid.19, l’Union africaine semble se concentrer sur la recherche d’argent, la réduction des dettes. On dirait bien que cette institution, l’UA, a un problème de crédibilité car elle est financée à plus de 83% par des fonds non-africains. Et cela pose un problème. On aurait aimé avoir parmi ces personnalités quand même des médecins africains de renom – et il y en a. »
Lettre ouverte de 90 intellectuels
Faire un bilan de la gestion des fonds publics en Afrique et plus globalement du système économique, c’est ce que réclament aussi 90 intellectuels signataires d’une lettre ouverte aux chefs d’Etat africains.
Parmi ceux qui ont récolté ces signatures se trouve l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla, révolté par les inégalités mises en lumière par la crise actuelle.
"Pour prendre un exemple : une étude faite en 2017 au Sénégal montrait que 52% des ménages ruraux n’avaient accès ni au savon ni à l’eau potable. Ça montre que les gestes barrières (anti-coronavirus) sont impraticables pour beaucoup de nos populations."
Changer d'orientation
D’après Ndongo Samba Sylla, la crise liée au coronavirus montre qu’"il faut changer d’orientation de développement" de la façon suivante :
"Il faut aller davantage vers la souveraineté alimentaire et la souveraineté économique et monétaire. Cela requiert beaucoup plus de concertation entre pays africains, pour aller vers une dynamique d’intégration qui ne repose pas intégralement sur les marchés mais sur l’union politique, sur l’intégration politique africaine, comme l’avaient pensée nos pères fondateurs, des gens comme Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop etc. C’est-à-dire aller vers l’unité africaine, dans l’autosuffisance, et exiger un nouvel ordre mondial où les peuples ont plus de marge de manœuvre et où les moyens de développement reposent sur une croissance partagée et équitable pour tous."
par Felwine Sarr
TEMPS ÉTRANGES
Ce virus révèle les failles et fragilités de la société-monde, son caractère profondément inégalitaire, ses défauts de solidarité - Depuis que le mantra de jouir sans entraves est le mieux partagé au monde, que faire ?
Temps étranges où la vie est réduite à ses fonctions essentielles ; biologiques, végétatives. En ces temps de pandémie, elle se résume à se maintenir en bonne santé. Et pour cela, éviter l’autre qui est un potentiel porteur de cette maladie, infectieuse, sournoise et invisible.
Etrange temps où l’on se rend aussi comte que vivre est au-delà de se maintenir en vie, c’est aussi vivre avec, c’est être relié aux autres.
Dakar est une ville où la proxémie est forte. C’est une notion qui varie selon les cultures. Certaines se touchent, se tâtent, s’embrassent, s’agglomèrent, s’agglutinent. D’autres mettent une plus grande distance entre les corps, se saluent de la tête, les deux moins jointes, les corps inclinés. Ici, pour se saluer on se touche. On se serre la main. Des fois on la pose sur le front et le cœur de l’autre. Vivre, c’est être ensemble. On se regroupe à plusieurs dans des pièces exiguës, sur des bancs publics, à l’entrée des maisons autour du thé, dans des gargotes, dans les transports en commun. Dans les baptêmes, les mariages, on fait grappe. La société fait littéralement corps.
La ville est fantomatique. La peur a gagné les esprits. D’abord ceux des citadins, bien informés, connectés 24h sur 24h sur des tubes cathodiques qui diffusent ad nauseam les mêmes informations. Le nombre de cas qui augmente. La mort qui rode et fauche. Les difficultés des systèmes de santé. La peur. Toujours la peur.
Couvre-feu. Interdiction de sortie entre 20h et 6h du matin. Le premier soir la police a bastonné les retardataires. Des jeunes qui ont trainé, des taximen, des pères de familles sur le pas de leur porte. Des aides-soignants rentrant chez eux mais n’ayant pas trouvé de transport en commun. Cette culture de la violence étatique sous nos cieux, qui remonte à l’époque coloniale, que nos états postcoloniaux ont repris à leur compte. Le peuple, un bétail que l’on mate, à défaut de l’éduquer. Le président de ce pays a remis aux affaires un commissaire tristement célèbre qui s’était illustré par sa brutalité lors des contestations de 2012, contre les velléités de troisième mandat d’Abdoulaye Wade, qui ont fait une dizaine de morts. La crise est une aubaine pour les pouvoirs qui en profitent pour serrer la vis, amenuiser les libertés publiques et justifier le tournant autoritaire dont ils rêvent tous. En France, ils en profitent pour chasser les immigrés clandestins et les rapatrier, gagner du terrain dans les banlieues dites difficiles, y casser du marginal, du pauvre, du noir et de l’arabe. Au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina, soumettre le peuple à la trique et à la chicotte. Transformer un problème de santé publique en une problématique de maintien de l’ordre. S’attaquer aux plus vulnérables, au lieu de leur apporter soin et assistance.
L’Afrique, le continent le moins touché, parce que le moins connecté à la mobilité mondiale. Pour une fois, l’épidémie ne vient pas d’ici. Il n’empêche que l’OMS demande au continent de se réveiller et de se préparer au pire et Antonio Gutteres le Secrétaire Général de l’ONU déclare qu’il y aura des dizaines de millions de morts sur le Continent. Toujours la même antienne de mépris, de condescendance et de racisme, qui ne prend plus la peine d’observer la réalité. L’Afrique, c’est une réalité imaginaire dont la force des représentations qui lui sont accolées congédie sa réalité. Même si la plupart des pays Africains ont très tôt pris des mesures, dont certaines sont drastiques, contrairement à certains pays européens qui eux ont dormi. On nous anticipe le pire. C’est l’Afrique. Ce serait contre la logique des choses que nous nous en sortions pas trop mal. On oublie que le continent a malgré ses difficultés, une longue expérience de gestion des maladies infectieuses. Et certainement une plus grande résilience à tous types de chocs. Sa longue histoire est là pour en témoigner. Rendez-vous est pris au lendemain de la crise.
Ce virus nous oblige à faire monde, même négativement dans un premier temps. Il a transcendé les frontières géographiques, physiques, économiques, idéologiques, de classe. Il est le résultat de l’anthropocène, d’une dévastation de la biodiversité par un mode de production capitaliste écervelé et l’hubris du mode de vie d’un quart de la planète, les euraméricains auxquels s’ajoutent désormais les chinois. Tout le monde paye le prix de leur inconscience et de leur égoïsme. Ce virus révèle les failles et fragilités de la société-monde, son caractère profondément inégalitaire, ses défauts de solidarité. Il nous rappelle également notre communauté de destin. Nul n’échappera aux effets d’une crise écologique qui est déjà en cours.
Deux options, un repli, le retour et le renforcement des idéologies ethno-nationaliste ; ou la solidarité, une conscience écologique plus aiguë, une refondation de notre civilisation. Depuis l’arrêt imposé de la surproduction industrielle, les rivières et fleuves respirent mieux, les poissons reviennent, les grandes mégalopoles sont moins polluées, on respire mieux à Beijing. J’ai rarement respiré un air si pur sur la corniche de Dakar.
Mais il semblerait que l’art que nous pratiquons le mieux soit Lars oblivionis, l’art de l’oubli. Il est à craindre qu’une fois la crise passée, heureux de retrouver nos habitudes, notre vie sociale, après un temps de sidération que nous oublions le signal envoyé par le covid 19 et le sens de cette crise. Où faut-il chercher notre aveuglement au désastre ? Comment se fait-il qu’aucune alarme ne soit assez puissante pour nous empêcher d’aller gaiement vers le mur.
Le cerveau est depuis le pré-cambrien programmé pour assurer sa survie ; manger, se reproduire, stocker de l’information, accéder à un statut social, découvrir de nouveaux territoires. Au cœur du cerveau, le striatum assure cette tache en déchargeant de la dopamine pour récompenser et motiver les comportements qui assurent la survie. C’est ce que le neuroscientiste Sébastien Bohler appelle le bug du cerveau. Ce dernier est conçu pour toujours désirer consommer toujours plus. Ce principe qui a assuré notre survie jusqu’ici est celui qui aujourd’hui le menace. La surconsommation et la surexploitation de nos écosystèmes menace notre survie en temps qu’espèce.
Comment alors s’autolimiter lorsque la structure interne du cerveau et son fonctionnement conduisent à l’hubris. Les religions et les grands corsets communautaires ont tenté de modérer cette tendance, avec un succès limité. Mais depuis que le mantra de jouir sans entraves est le mieux partagé au monde, que faire ?
Renoncer au rêve sur-consumériste. Pour ceux du nord industrialisé entreprendre un travail de de-sintoxication consumériste. Pour ceux des sud, qui déjà vivent une austérité imposée, renoncer à l’imaginaire de la modernité industrielle occidentale et à ce modèle civilisationnel. En inventer un autre. Cette crise est opportunité pour cela.