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17 juillet 2025
DES COUTURIERS ET CRÉATEURS FORMÉS À LA CONFECTION DE MASQUES
Cette formation destinée aux couturiers et créateurs membres de la fédération des artisans de la région de Saint-Louis vise à participer à la lutte contre le Covid-19
Saint-Louis, 15 avr (APS) - Des couturiers et des créateurs du département de Saint-Louis, ont entamé mercredi, une formation pour la confection de masques de protection à mettre à la disposition du comité régional de lutte contre le Covid-19.
Cette formation destinée aux couturiers et créateurs membres de la fédération des artisans de la région de Saint-Louis vise à participer à la lutte contre le Covid-19, a expliqué le directeur général du cabinet Eco-stratégie Suarl, Bara Diop.
Il s’exprimait à l’ouverture de la formation des tailleurs du département de Saint-Louis, à la Chambre de commerce, sous l’égide du cabinet Eco stratégie suarl, agrée par l’Association sénégalaise de normalisation et membre associé de l’Association de développement territorial de concertation du nord (AFNORD).
Le directeur général du cabinet Eco-stratégie Suarl a annoncé la formation de 100 couturiers et créateurs de la fédération régionale des tailleurs et créateurs de la région de Saint-Louis.
L’objectif, selon lui, est de mettre à la disposition du comité régional de lutte contre le COVID-19, un lot 1000 "masques barrières" gratuitement.
Ces masques sont réalisés selon les normes de fabrication et confection artisanale, a-t-il dit.
Bara Diop a également indiqué que cette formation se tiendra dans les 14 régions du pays afin que le plus grand nombre de populations puisse bénéficier de ces masques face à la multiplication des cas de Covid-19 par la transmission communautaire.
QUELQUE 57 000 MÉNAGES BÉNÉFICIAIRES DE L’AIDE ALIMENTAIRE À FATICK
Quelque 57 000 ménages vulnérables de la région de Fatick vont bénéficier de l’aide alimentaire dans le cadre du programme de résilience économique et sociale mis en place par le gouvernement contre le Covid-19, a annoncé mardi, le gouverneur, Seynabou Gu
Fatick, 15 avr (APS) - Quelque 57 000 ménages vulnérables de la région de Fatick vont bénéficier de l’aide alimentaire dans le cadre du programme de résilience économique et sociale mis en place par le gouvernement contre le Covid-19, a annoncé mardi, le gouverneur, Seynabou Guèye.
"Parmi ces ménages vulnérables, il y a 43. 052 ménages inscrits sur le Registre national unique (RNU), et 13. 720 ménages recensés suite aux effets économiques du Covid-19", a-t-elle précisé.
Elle s’exprimait en marge d’une réunion de coordination avec les forces de défense et de sécurité, des opérations de distribution de l’aide alimentaire prévues dans quelques jours dans la région.
"Chacun des ménages bénéficiaires va recevoir une quantité relative de kit alimentaire composé de riz, d’huile, du sucre, du vermicelle et des paquets de savons", a-t-elle ajouté.
"Mais en attendant l’arrivée de cette aide alimentaire au niveau de la région de Fatick, avec les membres du comité de pilotage, nous avons défini les différentes activités à dérouler avant la distribution des vivres", a signalé le gouverneur.
Selon elle, "il s’agira de disposer de données fiables actualisées et réelles de la RNU, de vérifier les ménages vulnérables bénéficiaires impactés par les effets économiques du Covid-19 et les quotas alloués aux communes, villages et quartiers".
Le gouverneur a précisé que l’agenda des opérations à effectuer va tenir compte de l’"urgence" à aider ces populations.
"Cette aide alimentaire est sensée aider ces populations donc, il ne faudrait pas, que cette phase nous prenne beaucoup de temps", a-t-il insisté, soulignant la nécessité de mettre à temps ces vivres à la disposition des populations bénéficiaires.
De ce fait, elle a assuré que les opérations de distribution seront lancées avec les forces de défense et de sécurité et les membres du comité de pilotage dès la réception globale de toutes les quantités de vivres prévues pour la région.
Elle espère avoir de "meilleurs résultats’’ avec l’implication des forces de défense et de sécurité dans la sécurisation des opérations de distribution et plusieurs acteurs "pour plus de transparence".
par Achille Mbembe
LE JOUR D’APRÈS, LE JOUG DE LA DETTE
Il faut arrêter d'accorder des crédits aux régimes corrompus et anti-démocratiques, et soumettre tout emprunt a un débat exhaustif qui engagerait les sociétés concernées, de la manière la plus transparente possible
Tout le monde est en train de preparer l'apres-Covid-19, lorsque la course vers une nouvelle partition du monde s'accelerera et deviendra plus brutale encore que par le passe.
Comme dans un jeu a somme nulle, le multilatéralisme profondément hypothéqué, chaque nation s'efforçera de prendre sa part, au détriment des autres.
Une fois de plus, l'Afrique ne rentre pas dans cette nouvelle phase les mains vides. Mais elle est sérieusement handicapée par un certain nombre de facteurs.
Le premier est sa fragmentation. Nos Etats, pris un a un, ne pèsent d'aucun poids dans la balance du monde.
Le deuxième, qui donne de nous l'image de condamnes potentiels, est le joug de la dette.
Ce joug est structurel. Sur le plan historique, nous sommes en effet passes tout droit du colonialisme à la dette, et ne sommes pas encore sortis de ce tragique cycle. La libération du joug de la dette tout comme le démantèlement de nos frontières internes et la gestion de notre puissance démographique seront donc les questions-clé de ce siècle.
D'après les estimations faites par maints experts, l'Afrique a besoin d'au moins 100 milliards de dollars pour relancer son économie au lendemain du Covid-19.
La question est de savoir d'ou viendra cet argent ?
De cette somme, 44 milliards sont supposés provenir de la suspension des remboursements aux dettes bilatérales, multilatérales et commerciales. On veut par ailleurs que certaines dettes contractées par les pays les plus pauvres soient purement et simplement effacées, et le reste converti en dettes de long terme et a taux d'intérêts réduits.
Une telle requête est manifestement difficile à honorer en l'absence d'un "grand bargain" (une renégociation intégrale des termes de fonctionnement du système global de la dette). Car c'est d'un "système de la dette" qu'il s'agit, un des piliers fondamentaux du capitalisme financier dans sa forme contemporaine.
Tout le monde le sait désormais, la Chine occupe une place éminente dans ce système.
Il se trouve qu'à l'Etat chinois, à ses banques, à ses sociétés d'Etat et autres compagnies, nous avons emprunté environ 143 milliards de dollars entre 2000 et 2017.
La Chine est devenue notre premier créditeur.
Un pays comme le Cameroun, par exemple, doit environ 5.7 milliards de dollars a la Chine. Prenez un pays comme le Kenya : 33% du service de sa dette extérieure va a la Chine. Ces chiffres s'elevent a 17% pour l'Ethiopie et à 10% pour le Nigeria.
De l'ensemble des dettes que nous (l'Afrique) devions au reste du monde en 2018 par exemple, 32% étaient dus à des prêteurs privés, 35% à des organismes multilatéraux, 20% à la Chine, et le reste (soit 13%) à d'autres Etats.
Le gros de l'argent prêté par la Chine a été affecté à des grands travaux d'infrastructures dont nous avons absolument besoin. De tels travaux, la Chine est souvent le seul créditeur dispose a les financer.
Les termes de la dette a l'egard de la Chine font l'objet de violents débats. On cite à cet égard des taux d'intérêt notamment à l'égard des pays pauvres (4.14%) qui seraient plus élevés que les taux imposés par la BM (2,1%). On cite aussi le bradage des ressources naturelles, voire de centaines de milliers d'hectares de terre, bref un modèle cynique d'échange inégal, qui n'est pas sans rappeler le régime des capitations du XIXe siècle.
La vérité est que la Chine ne servira pas de "distributeur automatique" à l'Afrique. Comme tous les créanciers, elle est sévère quand il s'agit de rembourser. Comme toutes les autres puissances du monde, elle n'efface les dettes (et encore) que pour mieux re-endetter ses débiteurs. Ainsi fonctionne le système de la dette à l'échelle planétaire.
Que faire donc, à l'heure ou la question de la dette africaine se pose une fois de plus, mais dans un contexte géopolitique plus grave qu'il ne l'aura été depuis la fin de la Guerre froide ?
Il faut, dans la continuité des grandes coalitions des années 1980-1990, relancer une mobilisation de portée internationale pour que s'ouvre un "grand bargain" au sujet de la dette africaine dans son ensemble.
Que tous les créanciers s'asseyent autour d'une grande table, ouvrent leurs comptes, et négocient.
Négocier quoi ?
Un - l'abolition pure et simple de certaines dettes. Lesquelle s? Il faut les définir ensemble.
Deux - la suspension du paiement de certaines autres dans le cadre exceptionnel du Covid-19, le temps de relancer l'économie dans un contexte mondial de contraction.
Trois - l'effacement des intérêts au titre de certaines dettes. Dans maints cas, les intérêts au titre de certaines dettes sont aujourd'hui plus élevés que l'emprunt originaire. De telles dettes ont au fond d'ores et deja été payees, et paradoxalement elles ne pourront jamais être totalement remboursées puisque les intérêts ont pris la place de la dette originaire.
Quatre - la penalisation maximum des transferts illicites et autres formes d'évasion fiscale lesquels coutent plus de 50 milliards de dollars au continent chaque année.
Dernier point - il faut arrêter d'accorder des credits aux régimes corrompus et anti-démocratiques, et soumettre tout emprunt à un débat exhaustif qui engagerait les sociétés concernées, de la manière la plus transparente possible.
Beaucoup trop de dettes auront été contractees sans le consentement des sociétés concernées, dans l'opacité la plus totale, et une part importante des credits auront été voles par les élites en place.
Le transfert, aux générations a venir, de dettes non seulement colossales, mais pratiquement irremboursables - et donc toxiques - est un crime et devrait désormais être traite comme tel en Afrique.
Texte recueilli de la page Facebook de l'auteur.
«LA SOUFFRANCE PSYCHOLOGIQUE EST BIEN PRESENTE DANS LES FAMILLES DITES RICHES»
«L’As» s’est entretenu avec le psychologue-conseiller Moussa KA qui estime que la souffrance psychologique n’est pas souvent visible dans les familles dites riches, mais elle est présente.
D’habitude, l’usage de la drogue dure est considéré comme une affaire de riche. pour éclairer la lanterne de ses lecteurs, «L’As» s’est entretenu avec le psychologue-conseiller Moussa KA qui estime que la souffrance psychologique n’est pas souvent visible dans les familles dites riches, mais elle est présente. Raison pour laquelle, dit-il, certaines personnes versent dans la drogue pour avoir un équilibre.
On constate que les filles consomment de plus en plus de la drogue, de l’alcool et du tabac.qu’est-cequi explique ce phénomène?
L’usage de la drogue, de l’alcool, du cannabis, du tabac est un phénomène bien connu dans une bonne frange de la société sénégalaise et ceci, au niveau de toutes les catégories socioprofessionnelles, voire de tous les segments de la société. Mais le plus inquiétant, c’est que la drogue, sous toutes ses formes, a gagné les rangs des jeunes et plus particulièrement ceux des filles. Ces dernières années, on constate que les filles sont fortement présentes sur des problèmes de mœurs et de faits divers de toute nature. Cette présence des filles dans ces phénomènes, loin d’être anodine, montre, à bien des égards, le niveau de déliquescence d’une société.Notre société s’était toujours caractérisée par ses valeurs et bonnes mœurs avec une insistance accrue sur l’éducation des filles. Mais aujourd’hui, l’éducation des filles et leur contrôle semblent complètement échapper au pouvoir des familles et de la société.
Sur la question spécifique du pourquoi du phénomène, je dirais que l’usage de la drogue est au croisement du sociologique et du psychologique. Ce qui veut dire que plusieurs raisons peuvent expliquer l’usage de l’alcool, de la drogue ou du tabac.
Il faut signaler que l’environnement social est très déterminant dans le comportement des filles et leur refuge dans la toxicomanie. En effet, une enfance ou adolescence mal vécue ; vivre avec des parents ou des adultes drogués/alcooliques ; habiter une zone vulnérable ; l’absence des parents ; être victimes de violences physiques, psychologiques ou sexuelles ; la pauvreté qui pousse certaines filles à se prendre en charge ; les mauvaises fréquentations ; le désir d’indépendance et de liberté ; le rituel d’initiation avec le groupe des pairs ; le groupe de référence ou des adultes avec comme toile de fond le désir d’être intégré dans ces groupes, sont autant de facteurs de risques qui peuvent expliquer le phénomène d’usage de la drogue. Pour toutes ces catégories de personnes ayant vécu ces circonstances de vie, l’usage des stupéfiants peut être un refuge pour échapper à la souffrance vécue.
A ce rythme, quel sera l'impact de la drogue sur la société ?
Toute société doit compter sur sa jeunesse. La jeunesse constitue la relève et l’espoir. Alors, si cette importante frange de la société, et particulièrement les filles, est fortement atteinte, cela peut avoir un impact négatif sur la société. Il se trouve aussi que l’éducation des enfants dépend en grande partie des femmes, donc de ces filles. Si elles sombrent dans la dépendance aux drogues, alors elles risquent de constituer des vecteurs de l’usage de la drogue chez les enfants. En plus, une jeunesse dépendante de la drogue est une jeunesse inconsciente et improductive.
Dans l’imaginaire populaire, ce sont des filles à papa qui sont adeptes de certains vices. Est ce dû à l’éducation ou à la mauvaise fréquentation ?
Que l’on soit fille à papa, fille à maman ou n’importe quelle autre fille, si l’on est exposé à une des situations suscitées, alors on peut sombrer dans la drogue, l’alcool, la sexualité ou autres types de vices. Etre fille à papa ne veut pas dire que l’on est épargnée. La souffrance psychologique n’est pas souvent visible dans les familles dites riches, mais elle est bien présente. Avec le développement des technologies, on constate de plus en plus une distanciation sociale et humaine au sein de ces familles. Il arrive que beaucoup d’enfants voient rarement leurs parents, discutent avec eux à propos de leurs préoccupations et souffrances. Le seul contact humain que ces enfants ont, c’est lorsqu’ils sont en dehors de leur propre famille avec des individus de toutes mœurs et qui peuvent les influencer négativement. Ces enfants vivent dans un environnement familial désert et vivent une sensation de vide. Au cas échéant, ils sont en permanence dans les réseaux sociaux ou devant la télévision dans leur propre chambre, sans limites ni restriction. Or, les réseaux ou la télévision peuvent être des facteurs d’influence des pires qui soient pour un jeune à la recherche de rencontres intéressantes à tout prix. Par ailleurs, beaucoup de parents nantis pensent qu’éduquer son enfant, c’est répondre à tous ses désirs et caprices de quelque nature qu’ils soient, c’est-à-dire éduquer sans interdits. Alors que l’enfant a besoin de limites, de repères et surtout de l’affection qui suppose la présence en quantité et en qualité humaine des parents. L’éducation de beaucoup de familles nanties est riche en bien matériels, mais pauvre en relations humaines et affectives. C’est pourquoi elle crée un désastre psychologique et des troubles de comportement dont les conséquences sont le mal-être voire la drogue, l’alcool, la sexualité... En plus, l’absence de repères et de l’affectivité dans l’environnement familial crée un désir incontrôlable de satisfaire ce besoin psychologique et humain du jeune en maturation. Et voici la multiplication des sorties secrètes et des rencontres dangereuses avec des groupes d’influence. Ainsi, il est toujours difficile pour un jeune psychologiquement fragile, garçon ou fille, de résister à l’influence du groupe des pairs, de l’ami intime ou du partenaire (copain, copine). Ainsi vient le premier joint, le premier verre, la première prise de drogue, le premier rapport sexuel, avec une sensation et un état d’esprit jamais vécus auparavant. Alors, c’est le début de la descente aux enfers. Après la première, la seconde fois n’est jamais difficile. Ainsi à la troisième fois, on prend plaisir et la méfiance comme la résistance cède la place à la dépendance.
Avez-vous eu à traiter des personnes toxicomanes? Si oui, c’est dû à quel facteur ?
Oui, il m’est arrivé de prendre en charge des cas de dépendance, mais c’est une prise en charge primaire. Il faut signaler que ce n’est pas ma spécialité. Pour prendre en charge des victimes d’addiction, de dépendance aux drogues sous toutes leurs formes, il faut des structures spécialisées avec un personnel qualifié, des outils et des méthodes qui ne donnent pas trop de liberté à la personne en souffrance. C’est pourquoi toutes les fois où j’ai reçu des cas pareils, j’ai fait le référencement à l’hôpital de Thiaroye. Les cas d’addiction aigue demandent une spécialisation.
Comment peut-t-on juguler ce phénomène?
Les actions préventives sont plus en mesure de réussir et de juguler le problème. Il s’agit de la sensibilisation et de la conscientisation qui peuvent se faire au niveau individuel, social et étatique. Sur le plan individuel, il faut mener les jeunes à une prise de conscience et informer sur les dangers liés à l’usage des drogues, favoriser l’expression des jeunes et être à leur écoute et apprendre à poser des limites et des repères. Sur le plan social et familial, il faut inciter les parents à revoir le sens et la signification de l’éducation dans un contexte de toutes les tentations et de la fragilité psychologique des jeunes. Au niveau étatique, il faut renforcer la surveillance et rendre difficile l’accès aux drogues, faire jouer à l’école un rôle prépondérant dans la sensibilisation et la conscientisation.
UNE DEPENDANCE AUX MULTIPLES ORIGINES
Pour être à la page, beaucoup de filles n’hésitent pas à s’adonner à la drogue au point d’en devenir accros, , «L’As» est allé à la rencontre de certaines filles qui en consomment
Même si la vente et la consommation de drogue sont illégales, certains jeunes en font quotidiennement usage par mimétisme et pour s’évader. Pratique exclusivement réservée autrefois aux hommes, l’usage de la drogue dure se féminise de plus en plus de nos jours. Pour être à la page, beaucoup de filles n’hésitent pas à s’adonner à la drogue au point d’en devenir accros. Pour percer le mystère de ce phénomène qui a tendance à se banaliser, «L’As» est allé à la rencontre de certaines filles qui consomment de la drogue. Elles invoquent diverses raisons pour expliquer leur addiction comme la mauvaise fréquentation, le manque d’amour et une marque de liberté.
Le fait de boire en soirée, de fumer un pétard et de snifer de la poudre blanche est devenu une chose banale chez les adolescents. Pour eux, cette pratique constitue une manière comme une autre de s’amuser. Dans de nombreux milieux huppés de la capitale, la consommation de drogue constitue un sésame pour les jeunes désireux d’accéder au cercle restreint de l’élite branchée et fun. Les risques d’excès et de dérives sont souvent réels. La situation dérape lorsqu’il y a excès. Et c’est à ce moment seulement que les parents découvrent, désarçonnés, le pot aux roses qui a conduit au drame. Considérée jadis comme l’apanage des hommes, la consommation de drogue dure et autre chanvre indien touche actuellement la gent féminine aussi. Rencontrées dans quelques coins dakarois, des filles ont accepté de raconter leur dépendance au chanvre indien voire à la drogue pure.
ADAMA BA : «JE SUIS DEVENUE UNE DROGUEE PARCE QUE JE N’AI PAS L’AFFECTION DE MES PARENTS»
Adama Ba, nom d’emprunt, passe le plus clair de sa vie à snifer de la poudre blanche. La cocaïne, l’héroïne et autre haschich n’ont plus de secret pour cette jeune fille née avec une cuillère d’argent dans la bouche. Bien qu’issue de bonne famille, elle justifie sa dépendance par un manque d’affection parentale. «On ne peut pas se plaindre d’être riche, mais je puis dire que c’est à cause de ce statut de gosse de riches que j’ai plongé dans la drogue. Quand on a des parents qui sont tout le temps absents, c’est très facile de dévier du droit chemin. Plusieurs facteurs peuvent pousser une personne à se réfugier derrière la drogue. On peut citer le trouble affectif qui est mon cas. En effet, ce sont mes amis et la drogue qui me procurent l’amour et de l’affection. La drogue me permet d’avoir une stabilité psychologique et me procure de l’assurance», explique notre jeune interlocutrice. Selon Adama Ba, les gens pauvres sont certes vulnérables, mais moins exposés à la drogue. «Quand on est pauvre, on ne peut pas se procurer de la drogue dure, c’est impossible. Ceux qui s’y essaient vont droit au mur, car il est extrêmement difficile d’avoir la poudre», affirme-t-elle avec un sourire. La mauvaise fréquentation, le pouvoir… La mauvaise fréquentation est aussi indexée comme favorisant la consommation de la drogue par les filles. «Un enfant qui a envie de commettre des bêtises, même si on l’enferme dans une chambre en compagnie de Hitler, il le fera», déclare d’emblée Anna Diaw, nom d’emprunt. Elle a commencé à prendre du haschich à l’âge de 16 ans. «J’ai toujours eu ce que je voulais dans ma vie, raison pour laquelle je suis devenue une grande rebelle qui multipliait les découvertes. Quand j’allais en boîte de nuit et que je voyais mes amies qui fumaient se défouler grave, je les ai enviées aussitôt. Il me fallait assouvir ma curiosité. Étant donné que j’ai coupé à ras mes cheveux et que je me suis tatouée le corps, j’ai cédé à la tentation. D’autant que je sortais tous les soirs sans demander la permission», révèle-t-elle tout en pointant un doigt accusateur sur ses parents. «Ils sont irresponsables, car ils m’ont laissée faire. Ma maman m’encourageait à la limite quand je me défonçais. Elle disait que je m’imposais et que c’est une bonne chose», indique-t-elle avec une pointe de dégoût. A la question de savoir si elle s’est sevrée, elle a répondu par la négative. «Mon mari qui est un vendeur croupit en ce moment dans une prison à l’étranger. Du coup, je prends jusqu’à présent de l’alcool et de la drogue. Je suis déjà mauvaise et je ne pourrai jamais changer», tranche-elle les yeux bouffis.
MAÏMOUNA DIAMANKA : «J’AI ARRETE LA DROGUE A CAUSE DE MON COPAIN POLICIER»
Fille d’un célèbre et richissime homme d’affaires, est une fidèle adepte de l’herbe qui tue. Elle se souvient exactement du premier joint qu’elle a grillé. «J’ai commencé à fumer du chanvre indien à cause de mon copain et des mauvaises fréquentations.» Particulièrement précoce, elle sortait avec un jeune homme qui s’activait dans le trafic de yamba. «Un jour, alors que nous étions ensemble dans sa chambre, il m’a proposé un joint. Depuis lors, je suis devenue un accro», souligne-t-elle. La jeune fille révèle que son père l’a surprise un jour sur la terrasse de leur maison en train fumer. «J’ai eu la honte de ma vie, quand mon père m’a demandé ce qui m’a poussée à prendre le mauvais chemin. Étant donné que je ne manque de rien». Incapable de mettre fin à son addiction au yamba, elle a été arrêtée par la police en compagnie son copain dans la chambre de celui-ci. «Le policier qui a effectué l’opération m’a pardonné. Par la suite, je suis devenue sa petite amie et j’ai pris un autre chemin. J’ai arrêté de fumer de même que la vie de débauche que je menais. Au moment des faits, j’avais juste 18 ans. Je prenais des médicaments pour pouvoir dormir afin d’oublier la drogue», explique notre interlocutrice. Aux filles qui voudraient céder à la tentation, elle dit que c’est un cercle vicieux et destructeur. «Chaque adolescente doit savoir qu’elle est appelée à être mère et qu’il n’est jamais trop tard de revenir en arrière et surtout de penser à nos parents qui se sacrifient pour nous mettre dans de bonnes conditions afin que nous puissions devenir meilleures», lance la jeune dame qui est parvenue à voir le bout du tunnel.
«JE N’AI RIEN A CACHER…»
Soupçonné de deal dans l’acquisition de deux marchés de riz pour l’assistance aux ménages vulnérables dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, l’homme d’affaires Rayan Hachem balaie d’un revers de main les accusations portées à son encontre.
Soupçonné de deal dans l’acquisition de deux marchés de riz pour l’assistance aux ménages vulnérables dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, l’homme d’affaires Rayan Hachem balaie d’un revers de main les accusations portées à son encontre. Il estime qu’il n’a rien à cacher dans cette attribution qui, selon lui, est claire comme de l’eau de roche. Au contraire, Rayan Hachem dit faire des sacrifices parce que le prix proposé par le gouvernement est en dessous de celui appliqué sur le marché.
L’attribution à Rayan Hachem de deux marchés de riz par le gouvernement pour l’assistance aux ménages vulnérables dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 est en train de défrayer la chronique. Certains n’hésitent pas à crier au scandale. «Que Nenni !», recadre ainsi l’homme d’affaires libanosénégalais Rayan Hachem qui dit ne rien cacher parce que ses sociétés ont été attributaires de ces deux marchés dans la plus grande transparence. «Je n’ai rien à cacher, sinon je n’allais pas donner les adresses et les documents de mes sociétés», a soutenu Rayan Hachem joint au téléphone par «L’As» pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur ce dossier.
En effet, si l’attribution à la société Avanti Suarl du marché d’un montant de 9,625 milliards Fcfa et à Afri And Co d’un marché de 8,250 milliards Fcfa par le ministère du Développement communautaire de l’Equité sociale et territoriale a fait autant de bruit, c’est que beaucoup ignorent que Rayan Hachem ne s’active pas seulement que dans la restauration (Planète Kebab). Il est dans l’importation de riz depuis maintenant 4 ans. «Ce n’est pas parce que j’ai commencé par Planète Kebab que je ne dois pas évoluer. La société Avanti Suarl importe du riz depuis maintenant 4 ans. En plus, j’ai un dispositif pour la production et la promotion du riz local depuis 4 ans. Puisque pour être un importateur de riz, il faut d’abord acheter un certain nombre de tonnages en riz local afin d’avoir une Déclaration d’Importation de Produits Alimentaires (DIPA)», se défend l’homme d’affaires.
«LE PRIX DE LA TONNE PROPOSE DANS L’APPEL D’OFFRES EST INFERIEUR AU PRIX SUR LE MARCHE. DONC, C’EST PAR PATRIOTISME QUE J’AI SOUMISSIONNE…»
Il se considère désormais comme l’un des majors dans l’importation de riz au Sénégal à l’image de Moustapha Tall. «Nous avons démarré avec 30 000 tonnes en 2016, puis 40 000 tonnes en 2017, 80 000 tonnes en 2018 et 120 000 tonnes en 2019. Et la société Afri And Co est également dans l’importation de denrées alimentaires depuis un an», dit-il. Pour Rayan Hachem, le Sénégal a eu de la chance, car au moment où les autorités lançaient l’appel d’offres, tous les grands marchés du riz, notamment l’Inde, la Thaïlande etc. étaient fermés. «Heureusement que j’avais un stock de riz destiné à la sous région. Ainsi, j’ai répondu à l’appel patriotique du président de la République. D’ailleurs le prix de la tonne proposé dans l’appel d’offres est inférieur au prix sur le marché. Le gouvernement propose 275 000 Fcfa la tonne de riz.
C’est par patriotisme que j’ai accepté de soumissionner. La preuve ? Beaucoup de commerçants( je veux pas citer de noms) ont refusé de soumissionner à cause du prix», dit-il. C’est une manière, ajoute-t-il, de participer à l’effort de guerre contre le coronavirus. En plus, il indique avoir pris des risques avec ces deux marchés. «J’ai pris le risque d’aller emprunter de l’argent et de mettre mon riz à la disposition du gouvernement sans qu’il débourse un franc. Je ne sais pas quand est-ce qu’on me paiera. Pourtant, dans la vente de riz, on ne procède pas de cette manière. C’est triste qu’on vous traite de tous les noms d’oiseaux malgré vos sacrifices pour la nation. J’ai vu des commentaires sur internet, ça fait mal. Je suis Sénégalais qui veut aider son pays», se désole Rayan Hachem qui se dit disposé à fournir tous les documents pour «montrer qu’il n’y a rien de nébuleux dans l’attribution de ces deux marchés».
Par Dr Ndéyé Astou NDIAYE
DU VIRUS «CHINOIS» A L’INFINIMENT PETIT «MONDIAL», QUELLE REACTION DE L’AFRIQUE ?
De décembre 2019 à février 2020, le monde avait cru que le Covid19 était l’affaire des Chinois ou à grande échelle, celle des asiatiques.
De décembre 2019 à février 2020, le monde avait cru que le Covid19 était l’affaire des Chinois ou à grande échelle, celle des asiatiques. Le reste des humains continuaient à vivre sans trop se préoccuper de la situation et des conséquences de la mondialisation actuelle.
Les Américains à travers, leur Président se croyaient au-dessus de tout et de toutes sortes de calamités. Ils n’ont pas vu les choses venir : complot ou virus « échappé », il est clair que l’humanité est au cœur de ce Mal. Une évidence.
En effet, avec les nouvelles technologies et par ricochet, toutes les créations qui s’ensuivent, l’humain s’est vu comme être suprême ne défendant que ses intérêts imminents, occultant ceux des autres créatures vivantes à savoir la nature, les forêts, les animaux ou même sa propre progéniture. Depuis la fin de la guerre froide, le monde est traversé par un leadership américain assumé avec une prépotence militaire et idéologique en passant aux multiculturalismes limités, aux replis identitaires et à un terrorisme international qui place encore l’homme au centre de la planète.
Néanmoins, la pandémie du Covid19 dénote une fois de plus, une certaine faiblesse si ce n’est une crise de l’« homme ». En quelques semaines de confinement, l’environnement reprend ses couleurs initiales de Pékin à Venise en passant par les plages indonésiennes ou les cieux de nombreuses villes du monde redevenus, bleus. Qu’en sera-t-il de ces relations internationales d’après Covid19 qui tournent autour de la suprématie d’une « démocratie libérale » telle que conçue et vécue à travers l’histoire de certaines nations (l’Occident).
Toutes celles qui ne font pas partie de cette logique sont prises pour des « Êtres » anhistoriques, incultes et exploitables jusqu’aux dernières ressources. Voilà la logique « illogique » du monde. Lorsque les États-Unis et la Chine produisent des gaz à effet de serre, ils en ont le droit.
Parallèlement, quand l’Afrique refait sa jeunesse et que sa population accroît à un rythme et pourtant, non exponentiel, elle est au centre des débats et de certaines pseudos inquiétudes : la multiplication de la race humaine poserait problème et deviendrait saumâtre, non pas pour les Occidentaux mais « soi-disant » pour l’Afrique. Sauf que pour la vieille et si juvénile Afrique et pour tout autre endroit de la terre, seul un capital humain pourrait la faire gagner, ce qu’Emmanuel Macron, repris par des chefs d’États africains, a appelé « une guerre ».
Scientifiquement, se priver de la ressource humaine relèverait d’un astigmatisme mondial, puisque comme le font remarquer les travaux Simon Julian de Princeton la croissance d’une population ne peut constituer un frein à un quelconque développement. Assurément, après les traites humaines, la colonisation, le néo-impérialisme, les préoccupations ethnico-identitaires et le terrorisme international, l’Afrique a touché le fond avant que ce virus-monde ne survienne. Deux options s’offrent dès lors, à elle. - La première consiste à s’armer du proverbe français « à quelque chose malheur est bon » afin de se relever une bonne foi et être aussi bien sujet qu’actrice dans les débats pour un nouvel ordre mondial puisqu’ après cette crise, le monde s’essaiera inéluctablement à une nouvelle recomposition des puissances : les États-Unis et l’Europe perdront de leur hégémonie au moment où la Chine et certains États asiatiques devraient servir de modèles de discipline, d’industries, de production, entre autres. –
La seconde autorise à rester statique, attendre la fin de cette crise sanitaire, avoir un peu plus ou un peu moins de morts que ceux causés par les guerres civiles, les attaques terroristes ou encore le paludisme depuis années, tentant de suivre comme à l’accoutumée, la cadence libérale tout en occupant de facto, la place du « non-partant ». Dans la première option qui est une prière, l’Afrique discutera de son sort et de celui du reste du monde, d’abord en « intra » ensuite en « extra ».
A travers les organisations sous-régionales, régionales, civiles, le continent prendra acte de la chance que lui offrent l’année 2020 et le Covid 19 pour discuter et enfin construire un système humaniste, politique, économique, financier, social et environnemental viable, assumé et sérieux en rapport à la Communauté internationale. Dans ce cas, les prédictions des Nations-Unies à travers son Secrétaire général António Guterres ne seraient tout simplement que leurres et fourberie ou encore un souhait non exaucé, si le Covid19 est pris dans sa dimension « divine ».
Dans la deuxième option, le monde suivra son cours « normal » avec une Afrique surexploitée, « in-humanisée », dépendante de la prétendue aide de « Tous » et apparaissant encore et toujours comme la partie « maudite » du cosmos, à la fois par les divinités et par l’ordre mondial, sans grande riposte : celle qui est absente au Conseil de sécurité de l’ONU, celle dont ses États n’arriveront jamais à maturité, celle dont la jeunesse est à la fois un handicap et un frein à son développement, celle dont les populations bien qu’assises sur des trésors humains, naturels et miniers se nourrissent de sang, de pleurs et de désespoir, celle dont ses gouvernants n’ont d’yeux que pour les avantages à avoir le titre de « Chef » : Chef pour diriger, incarner le pouvoir, en user et en abuser, Chef pour sacrifier les populations, détourner des milliards, Chef pour construire quelques bâtisses pour ne pas se faire oublier, Chef pour être au service de certaines puissances...
Cette deuxième option est malheureusement, la plus plausible. L’Afrique vit, commerce et éduque en français, en anglais, en espagnol, en portugais, en grec, en chinois et en arabe et non en africains : swahili, haoussa, peul, mandingue, lingala… Renverser la donne ou construire un nouvel ordre mondial demanderait une véritable révolution avec des nations averties et des dirigeants conscients et dotés d’un grand cran.
L’Afrique est-elle prête à relever ce défi ? Nous en doutons mais l’espoir est permis.
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une dimension dépassant l’ordre de la dichotomie entre le savant et le politique. Il est question d’un troisième larron, sous-estimé par certains et non pris en compte par d’autres sur la base de la rationalité, de la suprématie de l’homme sur « Tout » ou simplement de l’oubli : le divin. En restant dans la science, il peut s’agir de la théologie, la science de Dieu et de ses prédicats ou encore la chaine métaphysique des polythéistes hindous.
En réalité, nous nous permettons de nous défaire de la rationalité dans son paroxysme et de cette neutralité ou objectivité axiologique presque inexistante du savant. Loin de nous l’idée de faire de la prédiction à la « Guterres ». L’Afrique ne sortira certainement pas indemne de cette crise mais elle connaitra de nouveaux beaux jours avec sa jeunesse, avec ses ressources qui sont des dons divins qu’aucun scientifique n’expliquera et qu’aucun politique ne puisera jusqu’à tarissement.
Finalement, l’issu qui s’offre à nous reste unique : celle de la prise des responsabilités politique, scientifique, civile, civilisationnelle et religieuse à travers trois piliers : l’éducation alliée à la recherche, la santé et l’agriculture dans sa dimension macro. Cette démarcation se fera d’abord avec le savant au service du politique incluant une reconnaissance et une prise en compte des réflexions et études méthodologiquement prouvées et traduite en actions publiques. Il sera ensuite question de la part du politique, d’éviter de se servir de la science mais plutôt de la mettre au profit de la planète et de tous les êtres vivants par le biais de la représentation avec l’État tel définit par Weber « … une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné. »
En définitive, la seule leçon que l’Afrique devrait tirer de cet infiniment petit « mondial », c’est en réalité un proverbe bien chinois « l’eau qui vient de loin ne peut pas arrêter le feu qui est tout près. » Une concertation et des décisions continentales au sein d’institutions régionales dignes de ce nom s’imposent puisque les types de partenariats peuvent toujours évoluer cependant, il est impossible de se défaire de ses voisins.
Ndéyé Astou NDIAYE
Docteure en Science politique
Enseignante-chercheure à la FSJP de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
LES ACCIDENTS ONT DIMINUE DE PLUS DE 80 %
Circulation : les bienfaits d’un couvre-feu, on note seuls 13 morts sur l’ensemble du territoire ; zéro accident et zéro décès chez les motos-taxis Jakarta.
Seuls 13 morts sur l’ensemble du territoire ; zéro accident et zéro décès chez les motos-taxis Jakarta.
En deux semaines avant le couvre-feu, 320 accidents de la avaient été enregistrés sur l’ensemble du territoire national. Ils avaient fait 14 morts. Et depuis l’instauration du couvre-feu interdisant la circulation interurbaine ou interrégionale, il n’y a eu que 125 accidents avec 13 décès seulement. Chez les motos-taxis Jakarta, zéro accident, zéro décès. « Le Témoin » quotidien a enquêté…
Courant 2018 sur la route de Kaffrine (Kaolack), une collision entre un camion et un autobus avait fait 23 morts et une quarantaine de blessés. Face à l’hécatombe, le ministre des Transports terrestres d’alors, Abdoulaye Daouda Diallo, s’était rendu au chevet des blessés à l’hôpital El Hadj Ibrahima Niasse de Kaolack. A l’issue de sa visite, il avait manifesté son sentiment de désolation. « Vu la récurrence des accidents survenant souvent la nuit, il est temps que le gouvernement prenne des décisions d’interdire la circulation interurbaine entre 22h et 06h du matin. Je vais voir avec le ministre de l’Intérieur comment faire pour instaurer une telle mesure visant à réduire les accidents dans le milieu du transport en commun » avait envisagé le ministre des Transports terrestres. Un projet que le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, avait jugé pertinent au vu des nombreux accidents causant chaque année près de 700 morts au Sénégal. Depuis lors, et comme toujours, rien n’a été fait ! Une chose est sûre : « Le Témoin » quotidien est en mesure de donner raison aux autorités étatiques qui avaient envisagé d’interdire la circulation nocturne des véhicules de transport en commun.
Pour preuve, depuis l’instauration du couvre-feu « sanitaire » interdisant la circulation interurbaine ou régionale, les accidents de la circulation ont considérablement diminué de plus de 80 %. Cette baisse spectaculaire découle des mesures forçant les populations, les automobilistes, les véhicules de transport en commun à limiter leurs déplacements et voyages non-essentiels pour éviter la propagation du coronavirus. Car, si le couvre-feu a ses « inconvénients » chez les populations, il présente bien des avantages et autres bienfaits au niveau de la circulation routière. Selon les chiffres obtenus auprès de la division communication de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (Bnsp), à titre de comparaison, deux semaines avant l’état d’urgence, 320 accidents avaient été enregistrés sur l’ensemble des routes nationales. Des accidents qui ont fait 14 morts et des centaines de blessés. Et une semaine après cet état d’urgence assorti d’un couvre-feu allant de 20 heures à 6 heures du matin, 125 accidents seulement ont été constatés sur le territoire national. Avec, hélas, un bilan de 13 décès quand même.
MORTALITÉ ROUTIèRE : Mbaye Amar se confesse !
Cette tendance à la baisse s’est confirmée à 80 % jusqu’à la date du vendredi 10 avril 2020 sur l’ensemble du territoire national. Selon un médecin en service au district sanitaire de Louga, depuis l’instauration du couvre-feu, aucun accidenté de la circulation n’a été évacué ou interné au niveau de sa structure hospitalière. « Ce qui est à la fois inédit et encourageant, c’est qu’aucun accident, encore moins un mort, n’a été enregistré chez les conducteurs de motos Jakarta. En tout cas, pas à notre niveau ! » se réjouit notre interlocuteur, médecin dans ce district sanitaire de Louga. Pour Mbaye Amar, président de l’Association pour le financement du transport urbain (Aftu) gérant le réseau des bus « Tata », le couvre-feu sanitaire a permis de lutter contre la propagation du Covid-19 mais ce qui retient le plus son attention c’est que le taux d’accidents de la route a considérablement baissé « car 90 % des moyens de transport en commun sont à l’arrêt. Il n’y a pratiquement plus de transport « interurbain » c’est-à-dire de région en région. Et les rares véhicules à rouler ne circulent plus qu’à l’intérieur de leur circonscription régionale. C’est pour cela que les accidents ont diminué de plus 80 % » confirme-t-il. Que pense-t-il des déclarations du ministre de l’Intérieur qui disait que la plupart des graves accidents de la circulation, les plus mortels surtout, surviennent souvent la nuit ? Un ministre qui voulait aller jusqu’à interdire la circulation interurbaine des véhicules de transport en commun entre 22h et 06h du matin, à la demande de son collègue alors en charge des Transports ? Mbaye Amar ne se fait pas prier pour dire qu’ « aujourd’hui, l’histoire donne raison au ministre de l’Intérieur et celui des Transports terrestres qui incriminaient les voyages de nuit comme étant le principal facteur aggravant des accidents de la route. La preuve par le couvre-feu où il n’y a pratiquement plus d’accident sur les routes nationales. En tout cas, nos camarades et collègues chauffeurs et transporteurs doivent faire leur introspection. Car, tout ce que les autorités étatiques leur reprochaient s’est vérifié en cette période d’état d’urgence » reconnaît Mbaye Amar, transporteur et président de l’Aftu.
Les assureurs vont-ils frotter les mains ?
Abondant dans le même sens, le transporteur Badou Ndiaye dit qu’après avoir consulté de nombreux chefs de gares routières, il lui a été dit que les accidents de la route ont connu une baisse jamais égalée dans le pays depuis l’état d’urgence. « Je peux même dire qu’il n’y a pratiquement plus d’accidents de la circulation. D’ailleurs, un seul accident grave (03 morts) a été enregistré, c’est celui de vendredi dernier à Kébémer. On se demandait même comment les victimes ont pu sortir pour circuler en cette période de couvre-feu. En tout cas, l’après covid-19 peut constituer un baromètre pour reconstituer le secteur du transport et diminuer son cortège de morts et blessés » pense ce transporteur et fils de transporteur (Ndlr, son père n’est autre que le célèbre Cheikh Ndiaye Téranga). Toujours est-il que la crise sanitaire liée au Covid-19 a eu, au moins, un bénéfice inattendu : celui d’une baisse du nombre de morts et de blessés sur nos routes depuis presque un mois. Déjà, on imagine les assureurs du secteur automobile se frotter les mains…
Par Youssouph BA
POUR UNE NOUVELLE PRISE DE CONSCIENCE DE L’AFRIQUE...
Dans un contexte mondial marqué par la pandémie du coronavirus, tous les pays, même ceux qui ne sont pas encore touchés, sont préoccupés à lutter pour contre la maladie.
Dans un contexte mondial marqué par la pandémie du coronavirus, tous les pays, même ceux qui ne sont pas encore touchés, sont préoccupés à lutter pour contre la maladie. Cette situation est imposée par la gravité et la rapidité de la propagation du virus covid19 qui, en l’espace de seulement quatre mois — il est apparu en décembre en Chine — a fait des milliers de morts à travers la planète.
Dans ces circonstances (malheureuses), il devient urgent et opportun de réfléchir tous ensemble sur les leçons que l’Afrique doit tirer de cette crise sanitaire mondiale. Depuis trois décennies nous vivons dans une mondialisation induite par l’essor fulgurante de la technologie et la forte mobilité des hommes, des capitaux et des biens. Une globalisation conquérante qui semble tourner au ralenti ces temps-ci. Les frontières sont verrouillées, les aéroports fermés, les avions cloués au sol et les activités de production, sinon arrêtées du moins réduites à leur plus simple expression. Aujourd’hui chaque pays est préoccupé à trouver des solutions pour faire face à cette catastrophe.
La coopération entre Etats a cessé. L’aide que les grandes puissances accordaient aux pays en développement n’était motivée que par des intérêts. Que ça soit aux Etats-Unis d’Amérique ou en Europe, parties du monde les plus touchées par cette pandémie après la Chine, on semble dépassé par la tournure des évènements Pourtant ce n’est pas faute de disposer de plateaux sanitaires performants ou encore de personnel hautement qualifié en nombre suffisant. Que vaut aujourd’hui la puissance économique, militaire, technologique ou nucléaire de ces pays face à cet ennemi invisible mais combien puissant et jusque-là imbattable qu’est le coronavirus ?
La vérité est que le monde appartient à un omnipotent Maître du Ciel et de la Terre. Celui qui détient tout entre Ses mains et qui en fait ce qu’il veut. Après avoir exploité des siècles durant les peuples les plus faibles, l’Afrique en particulier, les pays du Nord ont pillé une partie de leurs biens et pris ce qu’ils avaient de plus précieux pour s’enrichir avec. Aujourd’hui, le Chef Suprême de l’Univers semble donner à toutes ces puissances européennes et américaines une leçon selon laquelle rien n’est éternel et qu’Il est le seul à détenir la force. Simple coïncidence ou message divin ?
Dans tous les cas, l’Afrique, continent le plus pauvre mais le moins impacté (touchons du bois) par cette pandémie a une occasion de prendre son destin en mains et faire une introspection pour en tirer une leçon. Après avoir été victime des pires injustices de l’histoire de l’humanité que sont l’esclavage et la colonisation sur fond de balkanisation, l’heure du réveil a sonné pour l’Afrique. Il s’agit pour ses fils, ses dirigeants en tête, de s’orienter vers de nouvelles politiques de développement dictées par le seul souci de prendre leur envol économique. L’heure n’est plus aux coups d’Etat, aux guerres ethniques, à la dictature ou au pillage des ressources par les puissances européennes ou américaines voire asiatiques. Ce dont notre continent a besoin, c’est une véritable révolution des consciences consistant à unir nos forces afin d’exploiter nos ressources humaines et naturelles pour enfin voir le bout du tunnel.
Les secteurs clés comme l’éducation, la santé, l’agriculture, l’industrie etc. doivent être au coeur des préoccupations des peuples et des dirigeants. Sans pour autant nous refermer sur nous-mêmes, nous ne devons plus continuer à dépendre de ceux qui se sont développés à partir de nos ressources ou qui, il y a moins de cinquante ans, étaient moins avancés que nous. Et à qui, aujourd’hui, nous tendons la main ! Les atouts dont nous disposons et que les autres nous envient sont réels et touchent tous les domaines. Il suffit de croire en nous-mêmes et de dire que « rien ne sera plus comme avant » pour voler par nos propres ailes. Si nous parvenons à ne plus importer ce que nous mangeons, et à créer une monnaie commune ce ce serait déjà un pas important dans le sens de notre souveraineté économique.
Dans d’autres domaines, il est impératif de rompre avec des dépenses de prestige dont la pertinence ne se justifie guère, de mettre un terme à l’injustice sous toutes ses formes et de lutter contre l’impunité. Il faut également que nos dirigeants cessent de vouloir se maintenir au pouvoir contre la volonté de leurs peuples et parfois avec la complicité des puissances extracontinentales. Déjà une nouvelle race de jeunes Africains avant-gardistes commence à émerger petit à petit pour dire « non à l’exploitation de nos ressources par les grandes puissances ».
Cette nouvelle façon de voir les choses doit être perçue par nos dirigeants comme une invite à plus de patriotisme et non le contraire. Souhaitons que d’ici peu les Africains de la Diaspora éprouvent, pour la plupart d’entre eux du moins, le besoin de rentrer dans leurs pays respectifs pour y travailleur et mieux contribuer à leur développement. En plus d’y gagner leur vie, bin sûr. Mais pour cela, il nous faut tirer les leçons de cette pandémie et nous projeter dans une nouvelle trajectoire différente de celle que nous suivons depuis 60 ans, qui nous retarde et nous confine dans la dépendance et la misère. Vivement la fin de ce fléau du coronavirus, pour une prise de conscience des peuples africains. Pour un nouvel ordre mondial...
Youssouph BA
par Christian SENE
NE TIREZ PAS SUR RAYAN HACHEM !
Le jeune entrepreneur sénégalais d’origine libanaise Rayan Hachem remporte le marché de fourniture du riz ? On se dit qu’il y a anguille sous roche, volonté d’enrichir un « Libanais » sans cause et, forcément, magouille quelque part.
C’est bien connu que les Sénégalais aiment chercher la petite bête. Et voir le mal partout. Ils n’aiment pas non plus voir leurs compatriotes entreprendre, encore moins réussir. Dans ce cas, malheur aux gagneurs ! A preuve par l’affaire des aides alimentaires destinées aux populations vulnérables de notre pays. L’homme d’affaires et député Demba Diop dit « DiopSy » remporte le marché du transport ? On crie au coup de pouce politicien !
Les ministres Mansour Faye et Abdou Karim Fofana divergent sur le budget consacré au transport de ces denrées alimentaires ? C’est louche et il y a forcément de la magouille quelque part ! Le jeune entrepreneur sénégalais d’origine libanaise Rayan Hachem remporte le marché de fourniture du riz ? On se dit qu’il y a anguille sous roche, volonté d’enrichir un « Libanais » sans cause et, forcément, magouille quelque part. On est comme ça, au Sénégal. On ne reconnaît jamais le mérite et les héros méritent d’être fusillés. Et l’on se dit « pourquoi lui et pourquoi pas moi ? »
Ce n’est pas aujourd’hui, hélas, que l’on changera nos compatriotes… Alors qu’ailleurs on aurait remercié Rayan Hachem, 38 ans, d’avoir mis son stock de riz à la disposition des autorités de notre pays décidées à sauver de la famine les ménages vulnérables pour cause de Covid-19, voilà qu’il se fait lyncher ! Et pourtant, il aurait pu faire comme d’autres, Sénégalais bon teint ceux-là, qui ont préféré faire le mort et ne pas participer à l’appel d’offres lancé par le ministère du Développement communautaire.
Pour deux raisons : c’est plus rentable pour ces distributeurs de vendre leur riz à des commerçants demi-grossistes ou détaillants au prix du marché, donc plus cher que ceux de l’appel d’offres gouvernemental. Ensuite, avec ces commerçants, ils sont payés cash tandis que les paiements par le Trésor public, tout le monde sait le parcours du combattant que c’est ! Pour dire qu’après avoir livré sa marchandise, il faut s’armer de patience et attendre…indéfiniment.
Faisant fi de tout cela, donc, le patron des sociétés Avanti et Afri and Co, disant agir par patriotisme, a choisi de répondre à l’appel des autorités de son pays, le Sénégal, où ses parents ont vu le jour, où il est né de même que sa fille, où il a fait une partie de ses études avant de se rendre à l’étranger pour les terminer. Ses diplômes en poche, il est resté pour travailler avant de revenir au pays investir ce qu’il avait amassé et contribuer à sa manière au développement du Sénégal. « J’ai voulu apporter ma pierre à la construction de l’édifice national », nous confie-t-il. En 2013, il ouvre le restaurant « Planète Kébab » qui connaît rapidement le succès.
Dans la foulée, il en ouvre trois autres dans divers endroits de la capitale et se déploie même au Mali. En 2016, il se lance dans le trading et créée la société Avanti spécialisée dans l’alimentaire et qui importe notamment les produits dont il a besoin pour faire fonctionner sa chaîne de restauration rapide. En même temps, il explore le business de l’importation du riz et commence — pour se conformer aux exigences des autorités — par acheter le riz de la vallée, condition sine qua non pour obtenir les fameuses DIPA (Déclarations d’importations de produits alimentaires) indispensables à l’importation du riz
Antenne de Louis Dreyfus !
En 2016, il fait venir 30.000 tonnes de riz au Sénégal. En 2017, c’est 40.000 tonnes qu’il importe. En 2018, 80.000 tonnes et 120.000 tonnes en 2019 ! Au terme d’un travail éprouvant et acharné, il réussit à devenir l’un des principales antennes locales du grand négociant de céréales Louis Dreyfus. Une consécration ! Toujours dans l’anticipation, il avait commencé à réceptionner ses stocks pour l’année 2020 — pour couvrir aussi bien le marché local que la sous-région — lorsque la pandémie du Covid-19 a éclaté. Parmi ses conséquences, la fermeture des frontières de presque tous les pays du monde. Y compris, bien sûr, des principaux exportateurs de riz que sont la Thaïlande, l’Inde, le Viêt-Nam etc.
Lorsque les autorités ont décidé de lancer leur appel d’offres pour l’achat de riz, il se trouve que Rayan Hachem disposait d’importants stocks de la céréale. Il a tout naturellement décidé de soumissionner par le biais de ces deux sociétés car nous allions oublier qu’en 2019 il avait créé la société Afri and Co pour diversifier ses activités et se lancer dans le commerce de sucre, d’huile, de pâtes, de lait en poudre etc. Une société qui avait bien sûr le même siège social que la première. C’est donc par le biais de ses deux sociétés — ce qui est parfaitement légal et, comme il dit, « je n’ai rien à cacher » — qu’il a soumissionné et remporté le marché au prix de 275.000 francs la tonne. Ce alors que le prix du marché est à 278.000 tonnes ! Suffisant pour qu’on lui tombe dessus et le lynche au motif que le fait que ses deux sociétés soient domiciliées à la même adresse serait louche et donc, forcément, constitutif de magouille ! On vous disait que les Sénégalais voient le mal partout…
Evidemment, c’est peu dire que le fils du célèbre chirurgien Dr Hachem souffre de ces attaques et a mal dans sa peau. Lui qui a tout fait pour investir dans son pays et créer des emplois — rien que pour Planète Kébab environ 200 travailleurs bénéficiant de contrats en bonne et due forme et de sécurité sociale —, voilà comment il est récompensé. Lui qui, surtout, aurait pu choisir de vendre son riz directement sur le marché en réalisant de confortables marges du fait de la rareté induite par la crise sanitaire du coronavirus. Une crise qui lui aura au moins inculqué une précieuse leçon : celle de connaître ses compatriotes, c’est-à-dire ce spécimen unique au monde qu’est l’homo senegalensis…