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17 juillet 2025
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
MESURES POLITIQUES TOTALITAIRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Le confinement ne doit écraser le droit à la santé pour des patients - La crise du Coronavirus ne doit pas être utilisée comme un tremplin pour se défaire de l'étreinte de l'endettement - ENTRETIEN AVEC SERIGNE FALLOU DIENG
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 13/04/2020
Serigne Fallou Dieng, président du cercle des marabouts soufis, dénonce les méfaits des mesures gouvernementales qui écrasent le droit à la santé des patients. Deux patients souffrant d’autres pathologies sont décédés faute d’obtenir une autorisation de déplacement sur Dakar. Il déclare aussi qu’il n'est pas normal que la crise du coronavirus soit utilisée par le président Macky Sall comme un tremplin pour se tirer d'affaire et s’assujettir de l'étreinte de sa course folle aux endettements.
Comment analysez les mesures d’état d’urgence assorties de couvre-feu prises par l’Etat pour gérer la crise sanitaire ?
Quand la société est menacée et que l'État prend des mesures d’urgence, l’immense majorité des populations comprend la nécessité de la chose, consent à des sacrifices, fait ce que dit le gouvernement et se soumet aux impératifs du bon sens et de la raison. C'est pour cela que nous encourageons les mesures du confinement qui sont en en vigueur, ceci en guise de couper la chaîne de transmission rapide de l'épidémie. Donc nous sommes favorables aux mesures de quarantaine quand celle-ci retrouvent l'essentiel. Autrement dit, quand elles préservent des vies, endiguent la forte contagiosité et faire en sorte que le taux de létalité n'explose et que les services de réanimation ne soient pas en surchauffe.
Le Sénégal s’est ainsi résigné à vivre cloîtré, mais le peuple peine à prendre ses largesses avec le dogmatisme de l'establishment médical, pétri d'injonction contradictoire, naviguant au gré du vent médiatique, en dehors de tout consensus scientifique. Oui que la parole des médecins ait aujourd’hui la préséance, on le comprend bien. Mais elle ne saurait être quand-même celle qui soit exclusive. Les mesures barrières doivent être renforcées par la présence du "matériel barrage". Ceci est d'autant plus vrai que, les masques, premier équipement de protection de la pandémie ainsi que les dépistages à grande échelle deviennent le curseur raisonnable de toute analyse de riposte. Cela a permis à l'Allemagne d'enregistrer de meilleurs résultats et en Corée du Sud, Taïwan et Singapour d'en sortir avec brio. Mais force est reconnaître que la ville sainte de Touba est martyrisée par l'isolement et que sa population souffre et vivote. Celle-ci ne saurait nullement les boucs-émissaires de l'impéritie gouvernementale et de la corruption des ventes d'autorisation par certains de ses agents territoriaux. Trop c'est trop ! Le confinement ne doit écraser le droit à la santé pour des patients qui doivent se rendre à Dakar aux fins des examens médicaux.
1000 milliards ont été débloqués par le chef de l’Etat pour venir en aide aux ménages et entreprises nécessiteux. Comment appréciez-vous une telle initiative ?
Quand j'écoutais le discours du président j'étais très ému, émerveillé d'un discours fort empreint d'humilité et d'humanité mais aussi plein d’accents sociaux et de la solennité républicaine marqueurs sémantiques d'une profonde conscience sur la dimension de la souffrance des Sénégalais. Seulement mon enthousiasme est vite désenchanté avec la modicité de l'enveloppe 69 milliards destinées à secourir les ménages sociaux. Une assistance sociale qui n'en est pas une, l'Etat a ainsi laissé au bord du chemin, les couches pauvres et démunies. Il n'est pas normal que la crise du Coronavirus soit utilisée par le président Macky Sall comme un tremplin pour se tirer d'affaire et s’assujettir de l'étreinte de sa course folle aux endettements, c'est-à-dire utiliser l'élan unitaire comme un moyen politique de sortie de la bulle des dettes extérieures. Cela avec comme cri de ralliement l’annulation des dettes. Le proverbe nous dit que c’est au pied du mur qu’on verra le maçon. Une stratégie de mobilisation et d’inclusion non politicienne doit être mise en œuvre. Ainsi faut-il penser à long terme la réorganisation de nos chaînes de valeur et de production.
Certains chefs religieux et prêcheurs prônent encore l’ouverture des lieux de culte pour lutter contre le Covid-19. N’est-ce pas là un danger ?
Je ne voudrais pas m'étendre sur cette question. Je veux être moins disert et peu expansif. Tout ce que je pourrais vous dire sur ce domaine, c’est qu'une véritable coordination entre confréries se fait toujours désirer au Sénégal. Pas de réelle organisation. Il n'y que des activistes politiciens commensaux. Et que l'activisme sans boussole mène à l'épuisement et aux désillusions. Je m'en arrête là ! Car l’heure n'est pas aux procès ! Le reste, c’est qu’en raison de ce fléau qui touche notre rapport à la foi et au culte, nous sommes tous obligés de vivre le confinement. Qui consacre un étrange moment où il n'y a plus de bain rituel, mais d'offices religieux diffusés sur la communauté virtuelle. Les pratiques religieuses se font dans la maison. Un étrange moment où l'on arrive à la conclusion que les espaces sacrés ne sont plus indispensables à la prière. Un peu partout dans le monde "un geste spirituel et symbolique" tient lieu aux rassemblements des fidèles. Les événements religieux musulmans à l'instar de la Pâque chrétienne et Pessa'h juif ont été toutes célébrés hors lieux de culte hors espaces sacrés.
L’isolement sanitaire ou la mise en quarantaine est, de nos jours, le moyen le plus important pour limiter la propagation des maladies infectieuses. En vertu de ce principe, on doit empêcher toute personne d'entrer dans les lieux où s'est propagé un type d'épidémie ou de se mêler aux gens qui s'y trouvent. Pareillement, on doit empêcher les personnes qui s'y trouvent d'en sortir. Qu'elles soient atteintes ou non par ladite infection. Le Prophète (Paix et Salut sur lui) a clairement expliqué les principes de l'isolement sanitaire à travers plusieurs hadiths. Il a interdit d'entrer ou de sortir des régions touchées par la peste. Il a assimilé quiconque enfreindrait cet ordre au grand péché qui consiste à fuir devant l'ennemi sur le champ de bataille et quiconque ferait preuve de patience dans cette situation bénéficierait de la récompense d'un martyr. Un hadith rapporte : «Si vous apprenez qu'une épidémie ravage une région, ne vous y rendez pas et si vous vous trouvez dans une région frappée par une épidémie, ne la quittez pas.» Et même il est mentionné dans la Bible que le prophète Isaïe l'envisageait déjà au chapitre 26, verset 20 : « Entrez mon peuple dans vos maisons, restez enfermés le temps que la colère passe ! ». Ce verset, le Talmud dans le traité Baba Kama l'interprète ainsi : « quand il y a une épidémie, il faut s'enfermer chez soi. » Ce principe du confinement est un invariant de l'humanité. Ce temps est pour nous celui d'une hiérarchisation nouvelle. Cette crise ne débouchera pas forcément sur un nouveau monde, mais il y aura fatalement une réorganisation. Et les religieux doivent aider à réfléchir à cette résilience. Il faut que nous nous relevions tous ensemble sans haine et sans peur.
Certains optent pour un confinement d’autres pour un dépistage massif ? Selon vous quelle est la bonne formule ?
Ce conformément généralisé relève plus d’une « assignation en résidence surveillée ». En effet, cette privation totale pour tous de nos libertés n'est pas indiquée dans le protocole de lutte contre les épidémies proposé par l'OMS aux Nations. Lequel protocole stipule «dépistage et isolation des malades, soins gratuits pour tous, port du masque, renforcement des mesures d'hygiène pour toute la population». Le président Macky Sall n'a donc pas appliqué une mesure sanitaire, mais une mesure politique totalitaire, celle de l'assignation en résidence surveillée, et l'expérimentation par les instruments médiatiques d'une propagande de masse pour stigmatiser, dénoncer, surveiller, traquer, réprimer, emprisonner les récalcitrants avec l'appui de tous les moyens technologiques et informatiques modernes.
Votre mot de la fin sur la gestion de cette crise ?
Maintenant, il faut mettre un gouvernement de salut public auquel toutes les forces vives doivent se sentir associées. Car l'heure n'est pas aux procès, ni aux polémiques politiciennes. Et c'est au président de la République qu'incombe le devoir de mettre le pays à la hauteur des défis.
Par Baabakar Jóob Buuba
NAKA LAA GISE MBAS MI
EXCLUSIF DEFUWAXU - MBAS mu dërkiis, ñàkk teggin tey jur tiiñalante ci biir réew mi ak ci bitim réew….
MBAS mu dërkiis, ñàkk teggin tey jur tiiñalante ci biir réew mi ak ci bitim réew….
Naka la doomi Afrig yi war a taxawe ? Céy mbas mee gudd tànk, moom mi fàqe Penku, ca Wuhan, ca Siin, ca Asi, sóobu ci Afrig, ba ci Géeju Atlantig, daanu ci fii ci Ndakaaru (dëkk raw) ; ci Tànk (Wakaam, Ngor, Yoof) fekk ñu fi ! Balaa moo agsi, wëndéelu na, jaar Ërop, jaar Amerig ! Kon boog dab nañu, yëngal na jamono, yëngal àdduna wërngël képp, wërngël këpp, wërngël këtt.
Li bees
Moonte ku xam jaar-jaari taarixu nit, xam ne du guléet musiba ak balaa xëppu ci gox, dëkk, réew, mbaa pàcc ci dunyaa. Li bees kay, moo di mbir mi ni mu gaawe, bette ak law ; dëgg la, li ko waral moodi dem ak dikk bu gaaw te bare ci àddina, yéenekaay yu bées te ratax. Ak covid 19 tiitànge ak njàqare bare na, ñi faatu wax i nopp, moo xam góor, moo xam jigé. Mbas mii bàyyiwul ndaw te yab na mag, waxatumaak màggat. Ma nga doore Siin, faat fa ñu bare ; dàqe ji Tubaab yi Ërob ak Amerig, Naar yi yuuxu, sarxolle, mu mujj, dabsi nit ñu ñuul ñi, fii ci Afrig, fii ci Senegaal. Moone de doomi-Senegaal yi demoonañ ba yaakaar ni dañoo tul, mbaa Yàlla ñoom rekk la bëgg.
Li yëngu, li ko yëngal…
Li jaaxaal ñépp, boroom xam-xam yi, doktoor yi, fajkat yi ak njiiti réew yi, mooy mbas mi kenn xamul li ko sabab. Mbaa du gëstukat yu waane ñoo ko rëccal walla lu ñu sos la, te tey ko, walla ndax bëre ay ponkal la ci politig, walla koom-koom ? Xey-na dina mës a leer bés.
Li yëngu daal, li ko yëngal moo ko ëpp doole. Li ko yëngal nag, ndax ci njugub la jóge, mbaa meneen mala mu ñu doon jaay ca marse ? Koronaawiris ndax daa mel ni fel, mbaa teeñ, mbaa saxayaay ? Doom bi, ci saxayaay lay dund walla ci xobu-garab ?
Xam-xamu seetantal dina ko mës a leeral. Li wóor mooy dugg na ci yaramu nit, di wàllaate, indaale yaram wu tàng ak sëqat su bon, dënn bu fatt ak bakkan buy xelli ak biir buy metti.
War nañoo xeex jàngoro ji, bëmëx ko ci biti. Réew yépp loolu la ñuy jéem.
Ñenn ni teel a fagaru, mel niki Siin, dem nañ ba bëmëx mbas mi ; ñi yéex a jóg, sàggan mel ni Itaali, Espaañ, Farãas, Amerig, waaru nañu, metti na lool ci ñoom, ña fa dëkk, juddoo fa, màgge fa, di fa tedd, ak ña fa ganesi mbaa wutsi wërsëg.
Pexeyeek jumtukaay yi
Bi mbir nee faax, yenn réew yi mel ni Siin jiital xam-xam, xel ak caytu. Naka noonu dañuy ber ñi jàngoro ji laal, def ay lël, door di seet garab yu mën a indi tan.
Ci réew yu bare, am na ñu seen xel dem ci xam-xami Maam ya ak diine, ñu dem sax ba ni njaaxum yiy gën di bare ci àddina ñoo tax Yàlla mere ñu, delluwaat di cawe, ngir ñu dellu ci dénkaane yi mu jaaraale woon ci Yonent yi.
Jar na nu jàng, jàngaat, sóobu ci, tanq ci woyu Sëriñ Musaa Ka, Xarnu bi, xarnu bi ñu génn (XXel), moom bàyyiwul koom, aada, diine, mbaax ak xarbaax, tarixa, yoonu mucc, texe. Moonte war nañu fàttali, mbaa xamle ni, sunu Maam ya, waa Këmit, Misra, Esipt, ñoo jëkk a bind ci dund ak dee ; mbégte ak naqar.
Fii ci Senegaal
Ci sunum réew, ki ko jiite, toog ci jal bi, Parsidã Maki Sàll, woote na waxtaan ak njiiti làngi polotig ak mbootaay yi ànd ak jamono yiy aar liggéeykat yi, waxtaan ak dippite yi, ndawi réew mi ngir am lu mu yokk ci li mu xalaat ci bëre ak mbas mi. Ku ne def nga li la sa xel, xol, yaram, kàttan, mën-mën, pexe, gafaka may.
Gëstukat yi, fajkat yi, def nañu seen keem-kàttan, ba mbir mi am fu mu yem, jéggeegul dayo.
Bi mu agsee ba am fi weer, ñu gis ne laal na 195 nit, 40 % yi dañoo indaale doomu mbas mi, dugal ko ci réew mi , 56 % dañu leen ko wàll, 4 % xamuñu fu mu ak naka la leen dabe. Loolu tax na, ñu war a gën a fagaru doonte xamuñu fépp fu mbas mi di jóge ; lii tamit la Porofesëer Musaa Seydi miy jiite xéex bi ci xam-xamu settantal ak paj denkaane.
Ñi koy jàppale ci caytu gi ak jumtukaay yi, doktoor Ablaay Buso, Alfa Sàll ak Mamadu Jara Béey dalal nañu xel yi, joxewaale ay ndénkaane yu ñu mën a may ñu mucc ci. Dëgg la, am na doomi réew ñu ci jot a faatu, am ci ku doon ku am tur, fulla ak faayda ci réew mi ak ci bitim-réew, mu di Paap Mabaaba Juuf, ku ñu ràññe ci xam-xamu tàggat yaram, ak ci gunge xale yi ci futbal, dem ba jiite ekibu Màrsey, ca Farãas.
Ëllëgu jàmm, tinkeeku ak tabaxaat
Li am ba des moo di sàggan baaxul, wér-gi-yaram, jàng ak xam-xam war nañu leen sédd bu baax a baax. Ñu dellusi ci li mag ñu baax ñi dénkaane woon, fexe ba liy génn ci pénc yi ak lël yu bare yi nuy amal, nu def leeni jëf. Su boobaa luñu bett, ñu dékku ko, ci lu gaaw. Dëkk ci fàtte, gàtt xel ak réccu ñoo ànd.
Gëstukat yi am nañu sas bu réy, war nañu gën di waxtaan ci seen biir, di wax ak ñiy jiite ci yeneen fànn.
Mbokk yi, at mii, nar na gudd tànk lool !Mu ngi mel na fasu benn tànk « rëkkal mba ma rëkk», nitu guddi ! Njuuma jaa ngook ! Am na ñu mu jaafurloo, mel ni Tubaab yiy wax nañu gaaw wuti garab, ñakk bu bees, jéemantu ko ci nit ñu ñuul ñi. Taat wuy tàkk moom kenn mënu ko solal tubey, kërandoom du set.
Doomi réew mi, doomi àddina, jaaxle nañu ! Ku moytuwul nag tam sa moroom dëmm, tam sa mbokk nóoxoor
Lu mën a dindi jaaxle ?
Xana daal ñu dal, gën a njàccaar, yokk caytu gi, jàppoo ci fagaru gi, paj mi. Nu jeexal ci seetlu bi : réew yi ci muccagum as tuut, ci Afrig mel ni Lësotoo, Komoor, Malawi, Sudaan, Sawo Tome bokk nañu ci yi duggagul, mbaa yi sore xëccoo ak buuxante yu metti ci biir àddina. Kon boog nanu gaaw ci teggi tànk ci benn yoon, teg tànk bu bees, bu gën, te àndandoo jublu ci tabax Bennoo Afrig ci Mbokk.
Nañu Taxaw Temm, am Pasteef, tegu ci Yoonu Askan Wi, Déggoo ngir Bokk, Bëre, Daan.
*Baabakar JÓOB Buuba, Njiitu Mbootaayu Doomi Afirig yiy yëngatu ci Liifant ak Njàngum mag ñi, PAALAE (Pan African Association for Literacy and Adult Education) te nekkoon njiitu An@fa di bànqaasu PAALAE fii ci Senegaal
COVID-19 : UN QUATUOR POUR PLAIDER LA CAUSE DE L'AFRIQUE
Le sud-africain Cyril Ramaphosa, patron en exercice de l'UA a annoncé dimanche, la nomination d’un quatuor d’envoyés spéciaux chargés de mobiliser la communauté internationale pour une aide économique à l’Afrique face aux conséquences du coronavirus
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, président exercice de l’Union Africaine (UA) a annoncé dimanche, la nomination d’un quatuor d’envoyés spéciaux chargés de mobiliser la communauté internationale pour une aide économique à l’Afrique face aux conséquences du coronavirus sur le continent.
Il s’agit de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, ancienne ministre des Finances de son pays et ancienne directrice de la Banque mondiale, de Donald Kaberuka, ancien ministre du Rwanda et ancien président de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Ivoirien Tidjane Thiam, ex-patron de Crédit Suisse et du Sud-africain Trevor Manuel, ancien ministre des Finances de son pays. Concrètement, ils devront solliciter un « soutien concret et rapide, comme promis par le G20, l’Union européenne et d’autres institutions financières internationales » en vue d’aider les pays d’Afrique à faire face aux défis économiques auxquels ils sont confrontés.
«À la lumière de l’impact socioéconomique et politique dévastateur de la pandémie sur les pays africains, ces institutions doivent soutenir les économies africaines qui sont confrontées à de sérieux défis économiques avec un plan de relance complet pour l’Afrique, y compris une dette différée et des paiements d’intérêts », a indiqué Cyril Ramaphosa dans un communiqué publié dimanche.
«L’impact de la pandémie de coronavirus a été mondial à la fois à l’échelle et à la portée, ce qui nécessite une action internationale coordonnée pour permettre à tous les pays de réagir efficacement, mais plus particulièrement aux pays en développement qui continuent de supporter un fardeau historique de pauvreté, d’inégalité et de sous-développement», a-t-il ajouté.
En rappel, l’Afrique dénombre, ce dimanche, 13 814 cas confirmés de Covid-19 pour 747 décès selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. D’après le dernier rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale, la croissance devrait fortement chuter dans la partie subsaharienne du continent, passant de 2,4 % en 2019 à -2,1 à -5,1 % en 2020, une première depuis 25 ans.
FAATUG HIBAA CAAM : SENEGAAL, BOPP BU XAR ÑAAR ?
EXCLUSIF DEFUWAXU - Guddi àjjuma, dëppook 3eelu fan ci weeru Awril, doon guddi gi jiitu bésub baaxentalub sunu moom-sa-réeew, la benn jànq bu am 28iat, di wuyoo ci turu Hibaa Caam, ñàkk bakkanam, ci anam yu tiis te doy waar
Guddi àjjuma, dëppook 3eelu fan ci weeru Awril, doon guddi gi jiitu bésub baaxentalub sunu moom-sa-réeew, la benn jànq bu am 28iat, di wuyoo ci turu Hibaa Caam, ñàkk bakkanam, ci anam yu tiis te doy waar. Ñu ngi ko fekk mu tëdd, ne nemm, di waccu deret. Ci li taskati xibaar yi wax, xale bu jigéen bi, dafa jël lu ko ëpp doole ci ay donji dorog, ba faf ca faatoo.
Loolu nag, mu ngi xewe ci Almadi gii ci Ndakaaru, ca kër gu Baaba Jaw «ITOC» di luye. Moom nag, boroom alal ju raññeeku ci réew mi la te doomam bu jigéen moo ko féetewoo. Ñi fa daje woon ay moroomam lañu, ay xale yu góor ak yu jigéen, ne fay fo ak a topp seen bakkan, doon it ay doomi boroom alal, ak ay doomi kilifa yu ñépp xam ci réew mi. Ku ci bokkul ci ñi ŋànk nguur gii fi ne, am nga ci jegeñaale ; ñu ràññee ci : Daam Amaar, doomu ndem-si-Yàlla-ji Amet Amaar mu NMA SANDERS, doon itam goro Yusu Nduur, Luuti Ba te baayam di jiiteb kurëlu tàggat-yaram.
Xew-xew bu ni mel nag, dafay firndeel, ci lu amul benn werante, yàquteg goney réewum Senegaal fi mu toll. Dees na ci joxoñ itambaaraamu tuuma kilifay réew mi, ci ñàkk a yarseen njaboot ni mu ware, bàyyi leen ci seen sago. Li jar a laaj dëgg nag mooy : ana nu ay gune yu juddoogul, mën a yore xaalis bu dul jeex, di ko pasar-pasare nu mu leen neexe, ci Senegaal gu ndóol gii ? Lu doy waar la ! Rax-ci-dolli, ñu mel ne ñu réer, wàcc seen and,waral ñuy daje di jolluy bitéeli biiñak a tux sineebar, dëkke càkkaay…
Dëgg la sax, mënees na jàpp ni àddina day dox, ngir jamono ju nekk ak i feemam.Waaye kat…. !
Ak lu mu ci mën a doon daal, li ëlëm ñépp,mooy, jamono ji jéyya yii yépp di ame, tiis ak njàqaree ngi lëmbe àddina, ba tàbbi ci sunu Senegaal gii, muy CORONAVIRUS.
Mbas la moo xam ne, réewoo-réew mu ngi fay tëral ak a fàdd doomi–aadama yi. Ngir xeex ko nag, fii ci sunum réew, gornmaa bi dafa jël ay dogal yoy, bokk na ci :tere nit ñi ñuy génn guddi, ku nekk war a lëlu ba fajar. Beneen laaj bi nag mooy : xale yooyii newoon ci mbumbaay, ba dogal bi dal seen kaw, ana fan lañu jaar alkaati yi aakimoo mbedd yi. Ana nan lañu def ba mën a dem ak dikk, guddi, tollook 10i waxtu, ba Hibaa mën a fekki xaritam yi ? Walla, ndax ñoom, xale yooyu, dañu leen a jox ay kayit yu leen may boobule sañ-sañ ? Su ñu noppee ci laaj yooyu, beneen taxaw, muy : ndax dafa am ñaari Senegaal : gu baadoola yi yoon mën a dal seen kaw, saa su ne, ak geneen, gu ñeel boroom barke yi, ñuy buum di bummi, di tambaambalook a def lu leen neex ? Dafa mel ni daal, yoon buy digal ak a tere, baadoola yee tax ; ci ñoom daal la gën a jekk. Moone, dañuy faral di wax naan :« Senegaal, benn bopp la, kenn mënu koo xar ñaar ! » Am déet ?
Laaj yi yamuñu foofu de ! Leneen li mat a xam, mooy : ndax CORONAVIRUS bii, dafa am ñu mu dul song ? Du dañu naan feebar bixamul xàjjale? Ak li ñuy woote yépp ci rajoo yeek tele yi jëm ci jumtukaay ak i matuwaay ngir moytu feebar bu bon bi, niki : soriyantoo, raxas say loxo, ak yu ni mel, naka la sunu njiit yi mën wëlbatikoo, bàyyi seeni doom, ñu topp seen bakkan, di doxe maa-tey ? Xanaa kenn mënul ne bëgguñu seen doom yooyu de ? Walla, ñoom ci seen bopp, dañoo gëmul dara ci li ñuy woote ?
Mbir maa ngoog. Laaj yi bari nañu lool, te yeneen mat naa leeral, yu mel ni, Hibaa Caam mi ci ñàkke bakkanam, ku ko rey, ak ci yan anam la faatoo ? Li ci gën a doy waar nag, mooy, doonte ubbeeguñu lànket bi, taskatixibaar yi xamle nañu ni, way-jur yi ci seen doom taq ripp, ba alkaati yi teg leen loxo, ña ngay dugg ak a génn, di lal ay pexe. Looluteey na xelu ñu bari, ba ñu jàpp sax ni mbir mi du mujj fenn.
Loolu nag, su amee it, du fi guléet : xanaa fàttewuleen Mati Mbóoj, janq bu siiw boobu fi génnoon àddina moom itam, ci anam yu ni mel? Mel na ni nag, yëf yaa ngi bëgg a ëpp i loxo, te lu ëpp, tuuru. Su ñu ci jógul, du baax ci guney réew mi.
Waaw, Senegaal gii xar ñaar, ak ñawtéef yi lëmbe réew mi, ndax mënees na koo saafara ?
par Abdoulaye Bathily
LA CRISE DU COVID 19: LA FIN D’ UNE AUTRE HISTOIRE ?
L’entrée de cet infiniment petit qui fait l’effet de l’éléphant dans le magasin de porcelaine planétaire invite à la redéfinition des paradigmes d’une autre civilisation humaine fondée sur la solidarité
La pandémie du Covid 19 a pris les proportions d’un phénomène sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Jamais une crise sanitaire ne s’est propagée avec une telle violence affectant non pas un pays, une région mais tous les continents. Fukuyama avait-il parle trop tôt?
Les conséquences de cette tragédie montrent la vanité du triomphe du néolibéralisme arrogant, les plaies béantes des modes de gouvernance à l’échelle globale et nationale, les artifices des taux de croissance et d’émergence qui laissent en rade l’humain.L’entrée de cet infiniment petit qui fait l’effet de l’éléphant dans le magasin de porcelaine planétaire invite à la redéfinition des paradigmes d’une autre civilisation humaine fondée sur la solidarité.
Nous ferions fausse route en réduisant cette tâche nouvelle à un simple effacement ou à une réduction de dettes…il est question plutôt de réviser fondamentalement les conditions et finalités de la dette. Bâtir un système de relations politiques économiques et sociales plus juste. Du Business as usual nous exposera à une plus grande catastrophe à l’avenir.
Il faut en finir avec cette Histoire aussi pour une autre Histoire plus belle à la dimension de tout l’humain dont le Covid 19 a illustré l’identité fondamentale face à la stupidité des discours racistes, xénophobes et « exclusivistes » de tout acabit.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
RUFISQUE, VILLE RUINÉE (1)
EXCLUSIF SENEPLUS - La politique industrielle du Sénégal doit être corrigée - Comment des usines polluantes et dangereuses peuvent être nichées au cœur de nos villes, avec tous les risques que cela peut engendrer ? NOTES DE TERRAIN
Jeudi 9 avril 2019. Il est bientôt 16 heures. Nous sortons de l’autoroute, et prenons le chemin qui va à Bargny. Le sol en calcaire s'étend sur le lointain paysage. Des déchets sont jetés tout le long de l’accotement. Une fumée s’échappe. En filet mince. Un homme muni d’un tuyau jaune arrose une petite parcelle rectangulaire. Des terrains défrichés entourent sa culture de laitue. Un peu de fumier est disposé à côté. Quelques mètres plus loin, sur le bord de la route, d’autres individus s’affairent. Les uns piquent des semis. Les autres cueillent les fruits de leurs potagers. Certains tiennent des arrosoirs. Quelques-uns bavardent.
Des maisons bordent le chemin, sur le côté droit de la route. Elles sont, pour la plupart, en construction. Une pluie de poussière commence à barrer l’horizon. Le panorama est un peu apocalyptique. La Sococim se dévoile. Comme une balafre. Sa silhouette est large. Elle ne s’est jamais montrée autrement que sous cet aspect moche. Cendreux. Des camions reviennent des carrières et avancent vers l’entrée de l’usine. L'air qui s’infiltre dans la voiture est irrespirable. Une concentration élevée de particules obstrue l’atmosphère. La voiture qui roule devant nous piétine la poussière. Une nuée de poudre blanche vient se déposer sur le pare-brise. On n’y voit plus grand chose.
Un tapis de cendres. La Sococim défigure l’environnement entre Rufisque et Bargny. De l’autre côté, sur la route nationale, c’est le même paysage de désolation qui s’offre à nos yeux. Là-bas aussi, la poussière envahit la route et colonise les arbres. La vue splendide qui donne sur la mer, juste à l’entrée de Bargny, est gâchée. Les cendres qui proviennent de l’usine rendent le tableau grisâtre et laid. Trop vulgaire. Qui contraste avec la beauté naturelle de cet espace entre mer et forêt.
La Sococim, créée en 1948, est la première cimenterie d’Afrique de l’Ouest. Elle produit plus de 3,5 millions de tonnes de ciment chaque année[1]. L’entreprise est l’une des premières sources d’emplois de la ville de Rufisque. Sa main d’œuvre est constituée de 400 employés permanents et de 600 ouvriers temporaires[2]. Elle mène aussi des actions socio-économiques, à travers sa fondation. Elle est l’une des plus grandes contributrices au budget de Rufisque. Elle verse une patente d’un 1,3 milliard[3] chaque année à la ville.
La Sococim pollue. Beaucoup. Les quartiers riverains de l’usine sont directement impactés. Guy Murid, Arafaat, Kolobaan, Cité Castors, Cité Sococim, Joorga du côté de Rufisque. L’exposition des populations à la pollution va au-delà des quartiers alentours. Elle concerne toute la ville de Rufisque. Bargny aussi. L’activité de la Sococim a aussi une incidence négative sur les habitations. Avec les fissures et les dégradations causées par les explosions. Pour extraire le calcaire, la société procède à des tirs de mines. Les habitants doivent aussi subir les vibrations et les pollutions sonores. Ce sont les populations qui sont venues construire autour de l’usine, pourrait-on objecter. Cela ne dispense pas de penser les conséquences de l’activité de la cimenterie sur la santé et le bien-être des habitants de la ville de Rufisque. Et, au-delà, sur l’environnement.
L’indispensable métamorphose. Y a-t-il des solutions pour juguler cette bombe écologique ? Deux pistes sont envisageables. Il s’agit pour la première de délocaliser les habitations à proximité de l’usine. Ce serait un coût logistique et financier énorme. Que la Sococim et l’Etat pourraient prendre en charge. Une telle mesure permettrait de limiter les risques sanitaires. D’adopter un principe de précaution. La Sococim dit investir dans des technologies moins polluantes pour limiter son empreinte carbone. Mais ce n’est pas suffisant. Sans jouer au catastrophisme, il ne faut pas exclure la possibilité d’un accident industriel. Qui serait dramatique et inattendu.
L’autre solution serait le démantèlement de l’usine. L’Etat pourrait attribuer un autre site d’exploitation à la Sococim. Ici aussi les capitaux à dégager seraient très lourds. Les recettes de la ville de Rufisque s’en trouveraient affectées. Mais le bien-être des populations est prééminent. ll ne faut pas attendre une catastrophe industrielle pour apporter des changements radicaux. Ni la responsabilité sociétale de l’entreprise, ni le mécénat ne peuvent compenser les indispositions à l’environnement. Désaffectée, cette zone industrielle pourrait devenir une mini-forêt urbaine. Un poumon vert pour toute la région de Dakar. Mieux, ce serait une aubaine pour créer un grand espace-test pour le maraîchage.
Cela serait une occasion d'expérimenter des coopératives autogérées. Qui seraient des vecteurs d’emplois. Et pourquoi pas y développer des circuits économiques solidaires, ainsi qu’une agriculture urbaine. La municipalité, si elle est bien organisée, y trouvera des ressources additionnelles. Le fondement moral ne manque pas : le droit à la santé et à un cadre de vie salubre. D’ailleurs, la Constitution du Sénégal consacre “le droit à un environnement sain”. Rufisque doit mener sa transition. Et reconstruire un environnement naturel et bâti humainement décent. C’est un combat que la jeunesse rufisquoise doit porter.
La dépollution de la ville est un enjeu crucial. Elle doit passer par des décisions radicales. Il s’agit d’inventer et de mettre en exergue des politiques alternatives. Nous ne pouvons pas nous résigner et continuer d’accepter tous les spectacles désolants qui compromettent notre milieu de vie et notre santé. Dégradent l’environnement. Au-delà de la ville de Rufisque, c’est la politique industrielle du Sénégal qu’il faut corriger. Comment des usines polluantes et dangereuses peuvent être nichées au cœur de nos villes, avec tous les risques que cela peut engendrer ? Il y a une forme d’impensé dans la politique industrielle du Sénégal. Il ne s’agit pas uniquement de la grande dépendance de ce secteur vis-à-vis de l’étranger. Mais de son ancrage dans la société, et des problèmes écologiques qu’il soulève.
MACRON, SASSOU-GUESSO : LA FORÊT, LE FAUX GISEMENT ET LES VRAIS MILLIONS
Juste après une énorme découverte pétrolière dans la jungle du Congo-Brazza, Macron a signé avec Sassou-Nguesso une lettre promettant 65 millions de dollars pour préserver cette forêt vierge. Mais une enquête montre que ce gisement de brut était surévalué
Mediapart |
YANN PHILIPPIN ET VINCENT HUGEUX |
Publication 12/04/2020
Juste après une énorme découverte pétrolière dans la jungle du Congo-Brazzaville, Emmanuel Macron a signé avec le président Sassou-Nguesso une lettre promettant 65 millions de dollars pour préserver cette forêt vierge et ses tourbières. Mais notre enquête montre que ce gisement de brut était grossièrement surévalué.
Brazzaville, le mercredi 14 août 2019. Au détour du traditionnel discours prononcé à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de la République du Congo, le président Denis Sassou-Nguesso tient à partager une grande nouvelle avec ses « chers compatriotes ». Quatre jours plus tôt, une compagnie pétrolière congolaise avait annoncé la découverte d’un gisement colossal, capable de cracher 983 000 barils par jour. De quoi quadrupler d’un seul coup la production nationale.
L’autocrate de 77 ans, dont 36 ans à la tête du pays, est d’autant plus comblé que ces « réserves de pétrole de qualité » ont été découvertes à Ngoki (« crocodile » en langue locale), dans le bassin de la Cuvette, une immense zone de forêts vierges et de marécages du nord du Congo, située non loin d’Oyo, bastion natal de Denis Sassou-Nguesso et de son ethnie mbochi.
Le chef de l’État évoque ensuite les tourbières du bassin, qui stockent 30 milliards de tonnes de CO2 et dont la destruction déclencherait une déflagration climatique. Denis Sassou-Nguesso se dit prêt à contribuer à « la survie de l’humanité » en préservant ce précieux et fragile patrimoine, même si « les contreparties financières annoncées continuent à se faire attendre ».
Menace à peine subliminale adressée à la communauté internationale : vu l’ampleur du jackpot pétrolier espéré, il faudra passer à la caisse si vous voulez vraiment que nous protégions la forêt.
Le message semble avoir été reçu cinq sur cinq par Emmanuel Macron. Trois semaines plus tard, le 3 septembre 2019, il offre à « Sassou », reçu à l’Élysée, un beau cadeau : une lettre d’intention signée de sa main, promettant 65 millions de dollars d’aide européenne, dont plusieurs millions fournis par la France, qui n’a pas souhaité donner le montant exact. Et ce en échange d’une vague promesse de « minimiser » l’impact de l’exploitation pétrolière sur les forêts et tourbières.
En apparence, un accord gagnant-gagnant. Mais qui repose en réalité sur un mensonge. C’est ce que montre une enquête fondée sur de nombreux témoignages et documents confidentiels obtenus par Mediapart, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et l’ONG Global Witness (lire son rapport ici), et partagés avec le réseau European Investigative Collaborations (EIC).
Nos recoupements établissent que la miraculeuse découverte à Ngoki est au mieux grossièrement enjolivée, au pire complètement bidon. Plusieurs majors, dont la française Total, avaient refusé d’investir dans le gisement, en raison de sa « taille modeste » et de « risques élevés ». Et aucun test de production, seul procédé permettant d’obtenir des chiffres fiables, n’a été réalisé à ce stade. Confronté aux résultats de notre enquête, le patron de la société titulaire du permis, Claude Wilfrid Etoka, a d’ailleurs divisé par sept les prévisions mirifiques claironnées en août dernier ! Dans sa réponse à l’EIC, il affirme toutefois que nos « allégations » sont « non fondées ».
Les soupçons sont d’autant plus légitimes qu’Etoka, l’homme d’affaires qui a orchestré l’opération Ngoki, est un intime de la famille Sassou-Nguesso, en particulier du fils prodigue Denis Christel, alias « Kiki ». À tel point que la Banque BNP Paribas a décidé de clore les comptes du businessman, du fait de l’étroitesse de ses liens avec le palais de Mpila, siège de la présidence, et du caractère jugé trop avantageux des partenariats que lui a octroyés la SNPC, société pétrolière nationale, notamment lorsque Kiki en était le numéro 2.
Denis Sassou-Nguesso, dit « DSN », a-t-il utilisé le pactole surévalué de Ngoki pour arracher à la France et à l’UE des crédits environnementaux ? « Ça ne m’étonnerait pas, admet un ponte du Quai d’Orsay. Sassou cherche du fric partout, et par tous les moyens. » L’Élysée répond pour sa part que la découverte à Ngoki et les financements ne sont « aucunement liés », la lettre d’intention étant « l’aboutissement de négociations menées pendant des mois », dans le droit fil des engagements pris « dès mars 2018 » par le Congo-Brazzaville pour protéger les tourbières.
Malgré les fortunes que procurent le pétrole et le bois, le pays est étranglé tant par la baisse des cours du brut que par une dette publique colossale, dont le régime a vainement tenté de minimiser l’énormité sous un voile de mensonges. En décembre dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a ainsi gelé le versement d’une tranche d’aide substantielle, désormais subordonné au respect, entre autres, des engagements du Congo en matière de lutte contre la corruption.
Une gageure au regard de la dérive kleptocratique chronique de la famille présidentielle, connue pour accumuler les richesses pendant que la moitié des Congolais, soit plus de 2,5 millions de citoyens, végètent sous le seuil de pauvreté, soit moins de deux euros par jour. DSN et plusieurs de ses familiers sont d’ailleurs visés par des enquêtes pour corruption et détournement de fonds publics dans divers pays ; à commencer par l’affaire des « biens mal acquis » en cours d’instruction en France. En septembre 2019, l’État de San Marin a ainsi confisqué 19 millions d’euros sur un compte bancaire détenu par le chef d’État congolais et utilisé par exemple pour acheter des chaussures en croco à 114 000 euros la paire ou régler des séjours dans des palaces parisiens à 11 000 euros la nuit.
Si la quasi-totalité du pétrole congolais est aujourd’hui extraite dans le Sud, notamment au large de Pointe-Noire, voilà plus de 40 ans que Sassou s’intéresse aux ressources de son fief politique mbochi du Nord, avec le discret concours d’un ingénieur et géologue français, « le sourcier blanc » Alain Gachet. Après avoir salué l’opiniâtreté de ce dernier dans un documentaire promotionnel (à voir ici), Sassou l’a invité le 31 octobre 2019 à fêter en sa compagnie, à Oyo comme il se doit, la « découverte » providentielle de Ngoki.
« J’ai commencé à regarder ce dossier dès 1998, confie Gachet, un ancien d’Elf-Aquitaine qui ne fait pas mystère de son admiration pour DSN. La structure de Ngoki était prometteuse et les données des mesures que j’ai pu voir sentent bon. » Mais il y a un hic. Si tous les experts s’accordent sur la présence d’or noir dans les entrailles de la Cuvette, nul ne sait dans quelle mesure il est exploitable. Il faudrait pour cela que le brut ait été piégé par des « couvertures » rocheuses, faute de quoi il remonte à la surface, se dilue et s’évapore. C’est cette incertitude, concède Alain Gachet, qui « a motivé le retrait de la plupart des géants pétroliers de la planète ».
Qu’à cela ne tienne. En 2006, un personnage controversé choisit de tenter l’aventure : l’affairiste émirati Abbas al-Youssef, qui fut l’un des intermédiaires préférés des industriels français de l’armement dans les années 1990, et à ce titre l’exécutant d’opérations de corruption présumées pour le compte du fabricant de tanks Nexter (l’ex-Giat) et de l’avionneur Airbus (lire nos enquêtes ici et là).
En 2015, plombé par la gestion désastreuse du projet, Abbas al-Youssef sollicite plusieurs majors pétrolières, les invitant à investir à ses côtés sur Ngoki. Las ! Après examen des analyses sismiques, elles déclinent toutes.
Dans un document confidentiel daté de juillet 2015, Total estime que les « ressources récupérables [sont] limitées » et pointe le « coût élevé du forage » dans cette jungle isolée et difficile d’accès, totalement dépourvue d’infrastructures. Même diagnostic du côté de Shell, où l’on estime qu’à l’aune des « risques et des défis opérationnels dans la zone », les mesures n’ont pas permis d’identifier suffisamment de puits exploitables.
« Les employés sur place étaient affamés »
Un homme persiste pourtant à croire au potentiel de ce gisement si cher à Sassou : le Congolais Claude Wilfrid Etoka, fils de fonctionnaire doté d’une formation d’agronome. Âgé de 50 ans, Etoka, présent notamment dans le pétrole et l’agro-industrie, figure parmi les entrepreneurs les plus riches d’Afrique francophone, avec une fortune estimée en 2015 à 500 millions de dollars par le magazine Forbes Afrique. Ce colosse dégarni au look étudié est depuis 2008 résident au Maroc, où son « mariage hors norme » fit six ans plus tard la une de la presse people.
Etoka a logé ses affaires dans des structures abritées dans des paradis fiscaux opaques tels que l’île Maurice ou Chypre. La société de trading pétrolier SARPD Oil International, joyau de son empire, est immatriculée aux îles Vierges britanniques et a installé son siège au Technopolis, quartier d’affaires proche de Rabat, tandis que son département marketing prenait ses quartiers à Genève.
Etoka, lui aussi d’ethnie mbochi, est proche du président, et plus encore de son fils Denis Christel, dit « Kiki le pétrolier », directeur général adjoint de 2010 à 2018 de la société pétrolière nationale SNPC. Un héritier gourmand : l’ONG Global Witness a révélé l’an dernier qu’il aurait détourné à son profit 50 millions de dollars d’argent public.
Animateur du collectif Sassoufit, l’opposant radical Andrea Ngombet dépeint Etoka sous les traits du « principal homme de main de Kiki ». Membre éminent de la fondation Perspectives d’avenir (ce qu’il dément, malgré divers documents l’attestant), vecteur de l’ambition politique de Denis Christel, Etoka a, selon des sources concordantes, œuvré dans les coulisses de la campagne législative de son ami bien né, élu député… d’Oyo en 2012. L’homme d’affaires répond ne pas avoir financé cette campagne.
On retrouve aussi sa trace dans l’enquête judiciaire française sur les « biens mal acquis ». En perquisitionnant chez un concessionnaire automobile parisien très prisé du clan Sassou, les enquêteurs ont découvert qu’il avait acheté en 2012, apparemment sous l’identité fictive de « Pierre Etoka », deux Range Rover, pour un montant total de 148 000 euros. Les policiers soupçonnent que ces véhicules aient été acquis « pour le compte de la famille Sassou-Nguesso et leurs proches ». Etoka répond les avoir achetés pour lui-même et sa cousine.
Rembobinons le film de cette success story dorée sur tranche. Dès 1993, le jeune Claude Wilfrid aiguise son sens des affaires en important au Congo des pneus rechapés venus d’Europe. Puis il change de braquet, faisant fortune dans le négoce et la distribution d’hydrocarbures, via le groupe Société africaine de recherche pétrolière et de distribution, ou SARPD Oil, fondé en 2004. Et ce grâce aux contrats et partenariats avec la SNPC, dont certains passés à l’époque où Denis Christel en était le numéro 2. Sa martingale ? Exporter du brut congolais, puis importer des produits raffinés, marché qu’il contrôle, à l’en croire, à hauteur de 60 %.
Selon nos informations, la banque BNP Paribas juge ces accords si sulfureux qu’elle décide en 2016 de mettre fin à sa relation bancaire avec SARPD Oil. Dans un rapport confidentiel, elle justifie cette décision par les allégations de « liens d’amitié très étroits » entre Etoka et « l’épouse du président » Sassou-Nguesso, l’opacité sur les deals entre la SARPD et la SNPC, et le niveau de profit qu’en retire la première, jugé trop « élevé par rapport à la valeur ajoutée fournie ».
Etoka estime que la fermeture de ses comptes par la BNP « serait plutôt liée aux sanctions » infligées à la banque par le « gouvernement américain ». Il ajoute que la « SARPD Oil a été choisie par la SNPC suivant un cahier des charges clair » dès l’année 2005, « donc bien avant l’arrivée de Monsieur Denis Christel Sassou-Nguesso comme directeur général adjoint ».
En 2013, Claude Wilfrid Etoka acquiert, via la SARPD Oil, une part minoritaire dans la société Petroleum Exploration & Production Africa (Pepa), détentrice des droits sur le gisement de Ngoki. Il monte à 100 % trois ans plus tard, après avoir évincé al-Youssef, lequel affirme ne pas avoir été payé. Etoka rétorque que l’Émirati n’avait pas honoré ses promesses d’investissements et que les tribunaux ont validé l’opération.
Plusieurs sources se disent persuadées qu’Etoka prend alors le contrôle de Ngoki avec l’aval du clan présidentiel. Il nomme d’ailleurs à la tête de Pepa un neveu du président, Cyr Nguesso, choisi exclusivement, à l’entendre, en raison de son profil « bilingue » et de sa « riche expérience acquise dans les sociétés pétrolières ».
L’homme d’affaires croit-il vraiment au projet ? Mystère. Une certitude : il ne peut ignorer l’immense valeur environnementale de Ngoki. Deux ans avant son irruption sur l’échiquier de la Cuvette, une équipe conduite par le Britannique Simon Lewis, chercheur à l’université de Leeds, découvre que la forêt du bassin du fleuve Congo abrite la plus grande zone de tourbières de la planète. Les scientifiques calculeront par la suite que ces sols humides stockent 30 milliards de tonnes de CO2, dont la libération accélérerait le réchauffement climatique. C’est pour protéger ce « réservoir » qu’a été fondée en 2015 l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (Cafi), qui associe des bailleurs européens, dont la France, à six États subsahariens, dont le Congo-Brazzaville.
Denis Sassou-Nguesso comprend très vite l’intérêt d’une découverte aux allures de pompe à financements. Dès 2016, il a enfilé le costume de protecteur du patrimoine forestier, sillonnant les sommets internationaux sur le climat et incitant les « amis de l’Afrique » à garnir les caisses de son Fonds bleu pour le bassin du Congo, créé en 2017 (lire ici).
Mais l’autocrate congolais garde plusieurs fers au feu. Quoique drapé dans sa toge verte, il lance en 2018 un appel d’offres en vue d’attribuer plusieurs permis d’exploration dans le bassin de la Cuvette. Les tourbières situées dans ces zones stockent 10 milliards de tonnes de CO2, selon les calculs de notre partenaire Global Witness (voir la carte ci-dessous). L’un des permis échoit à l’italien ENI ; un autre à Total. En juillet de la même année, Claude Wilfrid Etoka signe un contrat avec la société française SMP Drilling, chargée de conduire le tout premier forage à Ngoki.
Les travaux commencent en mars 2019. « Etoka […] étant très bien introduit auprès de Denis Sassou-Nguesso, qui attache une importance particulière à un tel forage dans son fief de la Cuvette, il nous a assuré disposer des fonds nécessaires, fournis par la présidence, et nous a promis monts et châteaux », indique à Mediapart le directeur juridique de SMP, Christian Cottenceau.
Malgré ces garanties, l’entreprise se voit contrainte de suspendre les travaux dans l’attente du règlement de factures substantielles. De plus, insiste-t-on chez SMP, le client congolais n’aurait pas respecté l’engagement de créer dans les marécages de Ngoki une plateforme technique et une base-vie pour les ouvriers, pas plus que la promesse de subvenir aux besoins de ceux-ci. « Il nous a fallu approvisionner le site en catastrophe, tant les employés sur place étaient affamés, précise Cottenceau. Rien à manger ni à boire, pas d’abris dignes de ce nom pour la nuit, pas de gasoil. Bref, nous avons perdu quatre mois pour finir par atterrir sur la plateforme d’ENI. »
Au total, affirme SMP, Etoka a accumulé 4,6 millions de dollars d’impayés. Ce qui, début 2020, conduit cette société familiale à saisir la justice congolaise, histoire de récupérer son dû, assorti des intérêts de retard. Selon nos informations, le tribunal de Brazzaville vient d’ordonner la saisie conservatoire des avoirs de SARPD Oil et Pepa, les sociétés pétrolières d’Etoka, à hauteur de 5,8 millions d’euros. Interrogé par Mediapart, l’homme d’affaires congolais affirme avoir réglé toutes les factures.
Sassou-Nguesso pousse Total dans les tourbières
Au passage, on notera qu’en dépit de ses revers, « CWE » jouit, en Afrique comme en France, d’une image étonnamment flatteuse. Le 8 novembre 2018, il apparaît ainsi à Paris parmi les orateurs des « Rencontres d’affaires francophones », organisées à la Maison de la Mutualité « sous le haut patronage du secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères », à savoir Jean-Baptise Lemoyne. Si abscons soit-il, cet extrait du programme officiel vaut le détour : « Claude Wilfrid Etoka, alias Willy Etoka, l’un des plus grands entrepreneurs et investisseurs africains, récemment nommé président de la commission Responsabilité sociétale des entreprises du Groupement du patronat francophone, viendra témoigner de son implication dans le respect de ce concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales et économiques dans leurs activités. »
Revenons à nos barils. Compte tenu des retards subis, tant financiers que techniques, impossible de boucler le forage avant la date d’expiration du permis, le 31 mai 2019. Qu’importe : le 26 juillet suivant, Denis Sassou-Nguesso signe le décret 2019-206, une « prorogation exceptionnelle » du permis pour une période d’un an. Logique, avance Etoka : sa société a été la première à forer dans une zone « très difficile ».
L’opération, précisent les dirigeants de SMP, se termine enfin en août 2019. Dans la foulée, le 10 de ce mois-là, des émissaires de SARPD Oil annoncent à Oyo, cœur battant du régime, que le forage a permis de découvrir un gigantesque gisement de 359 millions de barils de pétrole, gage de l’extraction de 983 000 barils/jour.
Révélation aussi spectaculaire que fantaisiste. Plusieurs experts pétroliers nous ont indiqué qu’il est impossible de déterminer un volume à venir sur la base d’un unique forage. Toute estimation fiable en la matière exige la réalisation d’un « test de production », lequel suppose a minima deux ou trois forages dits de confirmation. Or, de l’aveu même de Claude Wilfrid Etoka, aucun n’a été effectué à cette date.
Interrogé par nos soins, le richissime insider congolais indique désormais que le volume de production prévu avoisine les 140 000 barils quotidiens, soit sept fois moins que l’époustouflante projection avancée par ses équipes six mois plus tôt…
Il affirme néanmoins que le forage a permis de découvrir quatre réservoirs hauts de 89 mètres. Il ajoute que sa nouvelle estimation revue à la baisse sera confirmée « sous peu par des tests de production en cours », et résulte de l’interprétation de « données fiables » par le cabinet de géologie français Eosys. Interrogé par Mediapart, le patron d’Eosys, Patrick Portolano, dément catégoriquement. Il indique n’avoir jamais travaillé pour Etoka ni eu accès aux résultats du forage, et s’être borné à analyser en 2011 les données sismiques pour le compte d’Abbas al-Youssef, le précédent titulaire du gisement. « Les chiffres contenus dans notre rapport, précise-t-il, portaient uniquement sur le potentiel d’exploration. Ils ne constituaient ni une estimation des réserves, ni une estimation de la production. »
« La divine surprise Ngoki est totalement bidon et renvoie à un vieux serpent de mer, confirme Xavier Houzel, vétéran du négoce pétrolier et familier des marchés africains. Les estimations avancées l’été dernier sont hautement fantaisistes. On est dans le pur effet d’annonce. Denis Sassou-Nguesso est aux abois sur le front financier. Aux prises avec le FMI, il s’est saisi de ce pactole présumé. »
Il n’empêche. Au cœur de l’été 2019, les médias congolais les plus déférents magnifient le Graal pétrolier de Ngoki, célébré quatre jours plus tard par l’indéboulonnable locataire de Mpila. Lequel martèle que le puits, situé à la « périphérie » des tourbières, ne menace donc pas l’environnement.
Mauvaise pioche, là encore. L’enquête réalisée par notre partenaire Global Witness, fondée sur l’analyse des données scientifiques, nuance fortement cette affirmation. Si le premier forage a bien été accompli à trois kilomètres des tourbières, deux autres poches jugées prometteuses par les études sismiques se situent au cœur de la zone sensible (voir la carte ci-dessous). Et quid de l’impact qu’aurait in situ le chantier de la construction d’un oléoduc, équipement indispensable à l’évacuation du brut en cas d’exploitation commerciale ?
On l’aura compris : le prodige de Ngoki aura, un temps au moins, fourni à DSN un joli levier vis-à-vis du Cafi, cette alliance destinée à voler au secours des massifs forestiers d’Afrique centrale. Et dont la France assurait en 2019 la présidence tournante.
Survenant trois semaines après l’annonce miraculeuse, la visite élyséenne du président Sassou a plongé Paris dans un malaise palpable. Un signe : ladite visite, qui ne figurait pas initialement à l’agenda présidentiel, a été rendue publique in extremis. Selon Le Monde, l’équipe Macron, soucieuse d’offrir des gages à un partenaire ancien et fidèle de la France, aurait insisté auprès du Cafi pour que la formalisation du financement survienne pendant le séjour de Sassou sur les bords de Seine. D’autant que la France tient à ménager un « sage » si prompt à jouer, avec un bonheur inégal, les médiateurs universels, dans le bourbier libyen sous l’étendard de l’Union africaine comme en République centrafricaine. Et tant pis si l’intéressé, enclin à embastiller ses opposants, peine tant à pacifier sa propre patrie…
L’Élysée reconnaît que la signature « était prévue initialement le 21 septembre », mais assure qu’elle a été anticipée « afin de s’inscrire dans le sillage immédiat des conclusions du G7 de Biarritz ». La présidence française précise que la conclusion de cet accord international n’a rien à voir avec la « relation bilatérale ».
Cette fameuse enveloppe de 65 millions de dollars est d’autant plus problématique que le Cafi n’a pas exigé en échange l’abandon de la production pétrolière dans le bassin de la Cuvette. Le Congo a seulement promis d’accorder d’ici à 2025 un « statut juridique spécial » à la zone des tourbières et de « limiter » l’impact de l’exploitation pétrolière dans la zone.
Pourquoi une telle mansuétude ? Interrogé par Mediapart et ses partenaires, le Cafi répond que la lettre d’intention dévoilée à Paris « insiste particulièrement sur la compréhension et la gestion des risques » liés à l’activité pétrolière. L’Élysée ajoute que l’exploitation pétrolière « relève du droit souverain de chaque État », et que la lettre d’intention, « par nature juridiquement non contraignante, engage cependant le Congo à mettre en place des mesures environnementales et sociales restreignant drastiquement l’exploitation minière et pétrolière dans les zones concernées ».
Le président congolais a toutefois une conception toute particulière de cette limitation « drastique ». Il a profité de son passage à Paris pour s’entretenir avec le PDG de Total, Patrick Pouyané, et l’inciter à accélérer l’exploration sur le permis décroché en décembre dernier par la firme française sur le bloc Mokélé-Mbembé, situé lui aussi au royaume des tourbières. « C’est un sujet qui était cher à Monsieur le président de la République du Congo, qui nous en a parlé », a reconnu le patron de Total dans les colonnes du journal congolais Le Patriote.
Interrogé par Mediapart, Total reconnaît que la zone est « identifiée comme sensible d’un point de vue environnemental » et assure qu’il « réalisera une étude d’impact environnemental dans le but de mesurer les éventuels risques liés à des activités d’exploration ». Le groupe prévoit de mener d’abord « des études aériennes » avant de décider d’effectuer ou non des forages. Bref, Total fait preuve d’un enthousiasme mesuré. Mais le groupe français étant le premier producteur de brut au Congo, il lui est difficile d’ignorer les souhaits du chef de l’État.
Vieux serpent de mer, écrivions-nous plus haut. Sait-on assez, chez Total comme à l’Élysée, que dans la tradition locale, le Mokélé-Mbembé est le cousin congolais du monstre du Loch Ness ?
Cette enquête, basée sur de nombreux témoignages et documents confidentiels, a été réalisée par Mediapart, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et l’ONG Global Witness, puis partagée avec le réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC) et le quotidien britannique The Guardian.
Interrogé par courriel, le patron et propriétaire du groupe SARPD Oil, Claude Wilfrid Etoka, nous a adressé une longue réponse écrite.
Questionnée sur les raisons qui l’ont conduit à fermer les comptes de SARPD Oil, la banque BNP Paribas nous a répondu qu’elle ne souhaitait faire « aucun commentaire ».
L’Élysée, le Cafi, Total et Shell nous ont adressé des réponses écrites.
Nous avons envoyé nos questions au président Denis Sassou-Nguesso à son avocat français, Me Jean-Marie Viala, qui nous a confirmé les avoir transmises. Nous n’avons pas reçu de réponse.
Nous avons envoyé par courriel nos questions destinées à Denis Christel Sassou-Nguesso à son avocat français, Me Jean-Jacques Neuer. Malgré deux appels téléphoniques à son cabinet, Me Neuer et son client n’ont pas donné suite.
AUDIO
OBJECTION AVEC NDEYE FATOU TOURE
L'actuaire directrice du cabinet d'audit et conseil international, Pricewaterhouse coopers, est l'invité de Baye Oumar Guèye
Ndèye Fatou Touré, actuaire directrice du cabinet d'audit et conseil international, Pricewaterhouse coopers, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
par Bado Ndoye
CE QUE LE COVID-19 NOUS DIT DE NOUS-MÊMES
Par ces temps où une inondation pourrait se traduire par une pénurie planétaire de denrées alimentaires, il est difficile de comprendre par exemple que le Sénégal continue de dépendre de la lointaine Thaïlande pour son approvisionnement en riz…
Il y a quelque chose d’indécent à faire des projections sur « l’après covid-19 », si tant est qu’il y en aura un, au moment où chaque pays fait quotidiennement le décompte de ses morts. L’heure est plutôt aux stratégies de survie et à la solidarité, face à un virus qui continue de faire échec à nos connaissances les plus éprouvées. Mais au regard des bouleversements que cette crise sanitaire est en train de produire sous nos yeux, il est peu probable qu’elle n’enfante pas d’un monde nouveau. Ce n’est même pas sûr que le terme de crise soit indiqué pour décrire ce que nous sommes en train de vivre, une crise étant par définition un moment critique que l’on espère surmonter et revenir au statu quo ante. Or il est quasi certain qu’il y aura un avant et un après covid19. Certains analystes y voient d’ailleurs l‘événement qui marque définitivement notre entrée dans le XXI° siècle. Rien qu’au regard de la façon dont le multilatéralisme et le communautarisme (UE, UA etc..) sont allégrement sacrifiés, chaque pays essayant de tirer son épingle du jeu, parfois au mépris des règles les plus élémentaires du droit international, comme en témoigne cette ridicule « guerre des masques » qui voit les Etats-Unis détourner des commandes destinées à l’Allemagne et la France, l’on peut supposer qu’un monde nouveau se profile à l’horizon. Il vaudra mieux l’anticiper pour ne pas avoir à le subir. Evidemment, il ne s’agit pas de faire de la vaine futurologie, mais de tenter de voir la signification de ce qui s’annonce et qui pourrait, demain, dessiner les contours de la nouvelle géopolitique mondiale.
Il est très peu probable toutefois que tout cela mette un terme à la mondialisation comme certains analystes le redoutent, l’interdépendance des économies étant si forte et si bénéfique pour tout le monde qu’il est impensable de revenir en arrière. Il se pourrait cependant que la délocalisation à tout va de certains secteurs de la production industrielle qui a fait la richesse de pays comme la Chine, l’Inde ou le Brésil connaisse un coup d’arrêt, chaque Etat redoutant de devoir à l’avenir dépendre de l’étranger en période de crise. Or, si on y regarde de près, ce qui rend la situation très incertaine, c’est que la notion même de «secteurs stratégiques » n’est plus tout à fait claire. Qui eût pu penser il y a quelques mois qu’un secteur apparemment aussi banal que la confection de masques chirurgicaux ferait l’objet de tant de convoitises de la part d’Etats aussi riches que les Etats-Unis et susciter tant de tensions ? Que désormais tout puisse devenir « stratégique » du jour au lendemain, et donc rare et cher, voilà la nouvelle incertitude avec laquelle nos Etats devront désormais apprendre à vivre. Si la solution pour se mettre à l’abri de telles surprise ne consistera pas à « dé-mondialiser », au moins pensera-t-on à préserver une production nationale pour les secteurs que l’on juge indispensables à la vie quotidienne. Par ces temps de crise écologique exacerbé où une inondation pourrait parfaitement se traduire par une pénurie planétaire de denrées alimentaires, il est difficile de comprendre par exemple que le Sénégal continue de dépendre de la lointaine Thaïlande pour son approvisionnement en riz…La notion de « stock stratégique » que beaucoup de pays pauvres voyaient jusque-là comme un luxe qu’ils ne peuvent se payer deviendra de plus en plus centrale dans les politiques publiques. Bref, il faudrait s’attendre à un retour en force de l‘Etat protecteur et interventionniste, ce dont il faudrait bien entendu se féliciter.
Ce qui donne du poids à cela, c’est qu’il il est quasi certain, au regard des bouleversements de nos écosystèmes, que de nouvelles pandémies, plus fréquentes et peut-être plus meurtrières, surviendront. On le sait, la médecine moderne croyait en avoir fini avec les maladies infectieuses avec l’invention des antibiotiques. Mais voilà qu’elles reviennent en force, sous la forme de zoonoses, c’est-à-dire de pathologies issues de nos interactions avec les animaux. Le Sras, la H1N1, Zika et Ebola ont été des avertissements. Nous n’en n’avons pas tenu compte. Sans doute parce que le mal était plus ou moins lointain, plus ou moins localisé en des endroits bien circonscris de la planète. Le covd-19 nous rappelle que de telles pandémies ne seront plus des événements exceptionnels, et la nouveauté, c’est que désormais c’est par les avions qu’elles se propageront à la terre entière. Et voilà que la notion naguère tant décriée de « village planétaire » acquiert aujourd’hui sa pleine et entière signification. Les Etats qui ne se seront pas préparés à affronter cette nouvelle donne en subiront les contrecoups. Ceux qui auront pris la mesure de ces menaces parce qu’ils ne voudront plus subir le diktat de l’urgence, tenteront de prendre une longueur d’avance sur les mutations en cours, non seulement dans le but de se prémunir, mais surtout en vue de saisir les opportunités qui pourraient éventuellement se présenter ou, simplement, de consolider leur suprématie.
C’est à ces tâches, vastes et difficiles, que nos Etats, et donc l’intelligentsia africaine devraient s’atteler dès à présent, dans un contexte géopolitique mondial où l’Afrique peine toujours à se faire entendre, n’en déplaise à ceux qui nous assurent que nous sommes le continent de l’avenir. A cet égard, les propos racistes de deux chercheurs français sur d’éventuels tests du BCG sur des africains est un rappel à l’ordre qui devrait donner à réfléchir. Au-delà de la colère – légitime – que de tels propos ont soulevée, il importe de voir plus loin et de s’interroger sur le caractère subalterne de notre recherche scientifique. Généralement lorsqu’il s’agit de production de savoirs, le rôle qui revient à l’Afrique est presque toujours celui de « terrain », c’est-à-dire là où l’on va pour faire des tests et/ou amasser des faits empiriques qui seront par la suite dépouillés, affinés, traités et théorisés au Nord. Après soixante ans d’indépendance, nous sommes toujours un appendice de l’Europe en matière de recherche scientifique. C’est elle qui élabore les paradigmes, fixe les protocoles méthodologiques, finance les projets et décide des questions pertinentes, celles qui, précisément, répondent à ses besoins. Dans cet écosystème, les chercheurs africains sont rarement autre chose que de simples informateurs, quel que soit par ailleurs leur talent. C’est en subalternes qu’ils participent à une recherche mondiale qui ne reconnaît leur mérite que lorsqu’ils répondent aux attentes du Nord. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si beaucoup d’universitaires africains restent encore liés aux laboratoires des universités européennes et américaines dans lesquels ils ont fait leur thèse. Cette extraversion de la recherche africaine est le pendant de l’extraversion structurelle de nos économies. Elle en est la traduction épistémique. Le Sénégal a produit suffisamment de masse critique dans la plupart des domaines pour mettre un terme à cette vassalisation épistémique.
Ce moment de crise devrait donc être mis à profit pour (re)penser les conditions de possibilité de la souveraineté scientifique de l’Afrique, c’est-à-dire l’avènement d’une science maîtresse de ses problèmes, ainsi qu’en appelait, déjà dans les années 1970, le philosophe béninois Paulin Hountondji. Une science maitresse de ses problèmes n’est évidemment pas coupée de la recherche mondiale. Elle ne rejette ni la collaboration internationale, ni les crédits des institutions du Nord, ni ne se contente d’une recherche au rabais. Aucun domaine de la science ne devrait lui être étranger, pas même ceux qui semblent à priori très éloignés des préoccupations quotidiennes de l’homme de la rue. Elle devra seulement s’évertuer à se donner le maximum d’autonomie en termes de financements, de recherche fondamentale, de coopération interafricaine et de personnels qualifiés pour pouvoir formuler en toute indépendance des problématiques endogènes, l’enjeu étant de ne plus dépendre de façon exclusive du savoir des autres. Cela passe aussi et surtout par la revalorisation et la démarginalisation de ce qu’il est convenu d’appeler les « savoirs endogènes », ces connaissances millénaires victimes de la violence épistémique des « savoirs experts », non pas en vue de promouvoir je ne sais quelle science alternative dont on ne voit pas d’ailleurs à quoi elle pourrait ressembler, mais plutôt pour ancrer définitivement notre recherche dans nos biotopes, étant entendu qu’aucun savoir ne s’élabore hors sol, « en fauteuil », comme on dit familièrement.
Ce que cette crise nous aura rappelé, c’est que le savoir est devenu l’infrastructure des sociétés modernes. Un dogme têtu du néolibéralisme a poussé beaucoup d’Etats à démanteler leur service public et à réduire drastiquement les dépenses en direction de l’éducation et de la santé, sous le fallacieux prétexte qu’elles ne seraient pas immédiatement rentables. Il faudra espérer que nos Etats prendront la mesure des enjeux de ce moment sanitaire planétaire – la première dans l’histoire de l’humanité – pour repenser les priorités et accorder à la recherche et à l’enseignement la place qui leur revient de droit dans une démocratie moderne.
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"L'AVENTURE AMBIGUË" DE CHEIKH HAMIDOU KANE
A travers le récit de son protagoniste écartelé entre l’Afrique et l’Occident, ce roman met en scène les craintes, les dilemmes et les drames de l’élite africaine au sortir de la colonisation
L’Aventure ambiguë du Sénégalais Cheikh Hamidou Kane paru en 1961 est un roman phare du corpus littéraire africain. A travers le récit de son protagoniste écartelé entre l’Afrique et l’Occident, ce roman met en scène les craintes, les dilemmes et les drames de l’élite africaine au sortir de la colonisation.
À l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Sénégal que nous célébrons aujourd’hui, vous avez souhaité consacrer votre chronique de ce samedi à un grand classique de la littérature sénégalaise.
On pourrait même dire un grand classique de la littérature africaine tout court. L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane est classé parmi les 10 plus grandes œuvres littéraires africaines du XXe siècle. Tous les Africains connaissent ce roman, qui est inscrit au programme des lycées à travers le continent. Certains pourraient même réciter par cœur des passages entiers tant ce livre a marqué les imaginations.
Sa renommée aurait même franchi les frontières du continent
Grâce aux traductions faites de ce roman dans toutes les grandes langues du monde, beaucoup de gens ont pu le découvrir même en dehors du continent. Invité à participer au colloque du cinquantenaire de la parution de son opus, Cheikh Hamidou Kane a raconté quelle ne fut sa surprise de découvrir lors d’un voyage à Istanbul, dans les années 1980 que les Turcs aussi connaissaient ce roman. « Des journalistes turcs m’ont dit, a-t-il expliqué, on dirait que vous l’avez écrit pour nous, alors que moi j’avais l’impression, poursuit Cheikh Hamidou Kane, d’avoir raconté une histoire typiquement sénégalaise, pour des Sénégalais. »
Comment expliquer, que tant de gens à travers le monde se reconnaissent dans cette histoire typiquement sénégalaise ?
Cela s’explique par la portée universelle de cette expérience de l’écartèlement entre deux cultures, deux civilisations, ce qui est au cœur de ce roman. Au départ, c’est le récit d’une expérience autobiographique, celle du jeune Hamidou Kane s’efforçant de trouver ses repères à Paris où il se trouvait dans les années 1950 et où il faisait des études de philosophie. Elevé chez lui dans une société collectiviste, pieuse et solidaire, qui estime que « l’homme est le remède de l’homme » comme le veut l’adage wolof, il était confronté en Europe aux valeurs de la culture occidentale, fondée sur l’individualisme exacerbé conduisant l’humain dans un isolement matériel, psychologique, mental et moral. L’étudiant Hamidou Kane était tiraillé entre son rejet de l’individualisme occidental et les séductions de cette société évoluée, qui fait une large place aux lumières de la raison et aux progrès techniques. Dans le roman, ce conflit intérieur qu’a vécu Cheikh Hamidou Kane dans sa prime jeunesse est incarné par le personnage principal, Samba Diallo. Tout comme l’auteur, le protagoniste, ancré dans la pensée de l’islam, est envoyé en France, pour y acquérir le savoir et les valeurs de l’Occident conquérant, versé dans ce qu’un personnage du roman qualifie de « l’art de vaincre sans avoir raison ». Rongé par la solitude et un profond sentiment de déracinement, Samba Diallo sombrera dans une crise identitaire dont il ne sortira pas indemne.
Une tragédie, donc…
Une tragédie personnelle et générationnelle, qui renvoie à celle des pères fondateurs du Sénégal postcolonial. Les Senghor, les Mamadou Dia dont l’auteur fut proche, se reconnaissaient dans le personnage de Samba Diallo. C’est aussi apparemment le cas de l’actuel chef de l’État du Sénégal, Macky Sall qui aurait déclaré, en recevant Cheikh Hamidou Kane pour son quatre-vingt-dixième anniversaire il y a deux ans : « Nous sommes tous des Samba Diallo ». Si ce récit de formation, campé en Afrique à l’époque de la domination coloniale, touche les lecteurs au-delà de son référent géographique et historique, c’est aussi à cause de son écriture qui allie magistralement la force et la grâce, l’imagination et le réel et qui nous rappelle que le drame de Samba Diallo était avant tout un drame de la condition humaine.