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16 juillet 2025
UN ÉTUDIANT SÉNÉGALAIS RETROUVÉ MORT DANS SA CHAMBRE À VILLEURBANNE
Découverte tragique à Villeurbanne près de Lyon. Un sénégalais habitant la résidence CROUS Jussieu de Villeurbanne a été retrouvé mort dans sa chambre. Toutefois, le décès n’est pas lié au Covid 19.
Découverte tragique à Villeurbanne près de Lyon. Un sénégalais habitant la résidence CROUS Jussieu de Villeurbanne a été retrouvé mort dans sa chambre. Toutefois, le décès n’est pas lié au Covid 19. L’autopsie a confirmé la thèse d’une mort naturelle. Les services consulaires ont informé les parents de la victime. Qui devront faire face à la difficile question du rapatriement des dépouilles, en cette période de crise sanitaire.
Face à la pandémie du Covid 19, les autorités sénégalaises ont pris la décision d’interdire le rapatriement de toute dépouille mortuaire provenant de pays touchés par la pandémie. Ces sénégalais de l’extérieur qui sont déjà confrontés à des cas de décès dans plusieurs pays devraient bénéficié d’une aide de l’Etat chiffrée à 12 milliards, selon les autorités.
texte collectif
CORONAVIRUS : POUR EN SORTIR PLUS FORTS ENSEMBLE
Vingt-cinq intellectuels africains, dont Kako Nubukpo, Alioune Sall, Felwine Sarr, Achille Mbembe, Reckya Madougou, Souleymane Bachir Diagne, cosignent cet appel à la mobilisation des intelligences pour vaincre la pandémie de Covid-19
Jeune Afrique |
Texte Collectif |
Publication 10/04/2020
Covid-19 est le nom scientifique du virus responsable d’une maladie respiratoire très contagieuse pouvant devenir mortelle. Épidémie puis reclassée pandémie par l’OMS le 11 mars 2020, ses effets sont dévastateurs : il sème la mort, plonge les économies les plus puissantes dans la récession, et constitue une menace sans précédent pour l’existence des sociétés humaines. Selon certains experts, ce virus serait annonciateur des plus funestes jours à venir pour le continent africain et ses habitants.
L’Afrique n’est pas le foyer d’origine de cette pandémie, pourtant elle fait face à ses durs effets, par les contagions humaines en nombre croissant et la contraction brutale d’une partie significative des activités sociales et économiques essentielles. Le continent est donc sommé d’apporter une réponse indispensable, puissante et durable à une menace réelle qu’il ne faudrait ni exagérer ni minorer, mais bien rationaliser.
Il s’agit de battre en brèche les pronostics malthusiens qui prennent prétexte de cette pandémie, pour donner libre cours à des spéculations à peine voilées, sur une prétendue démographie africaine démesurée, désormais cible des nouveaux civilisateurs. C’est une opportunité historique pour les Africains, de mobiliser leurs intelligences réparties sur tous les continents, de rassembler leurs ressources endogènes, traditionnelles, diasporiques, scientifiques, nouvelles, digitales, leur créativité pour sortir plus forts d’un désastre que certains ont déjà prédit pour eux.
Le continent le moins impacté
Nous allons dans les prochains jours dépasser la barre de deux millions de contaminés par le Covid-19 dans le monde entier. Le virus se propage à une vitesse incommensurable et la résistance des systèmes de santé des pays africains face à ce dernier est au cœur des interrogations. L’offre de services sanitaires, équipements, personnels qualifiés, etc. est désormais la source de toutes les inquiétudes. L’OMS a même appelé récemment les pays africains à « se réveiller » et à « s’attendre au pire ».
Il convient de rappeler que l’Afrique est pour le moment le continent le moins impacté, avec son premier cas confirmé en février 2020 en Égypte, sans que l’on puisse apporter à ce constat, à ce jour, une justification concrète et documentée. Que les écosystèmes locaux, les facteurs démographiques, la nature mutante du virus, l’intensité des flux internationaux et d’autres éléments limitent la propagation de la pandémie reste hypothétique, mais il faut relever aussi la part prise par un certain nombre de mesures drastiques décidées par les gouvernements : fermetures des frontières, des écoles, des commerces et lieux de cultes…
Bien que la nature anxiogène de la pandémie, les contextes politiques locaux plus généralement, incitent à une demande sociale impatiente d’efficacité, l’observation des réponses publiques inégales apportées dans le monde, l’imprévisibilité relative de la pandémie, peuvent expliquer un processus d’essais et d’erreurs.
Systèmes de santé repensés
Si l’appréciation de la réactivité des pays africains est variable, à juste titre, il faut reconnaître pour s’en souvenir, l’effet catastrophique des décennies d’ajustements structurels sur la santé publique et l’offre sanitaire dans les pays africains. Malgré tout, nombre de systèmes de santé ont substantiellement évolué, tirés par la volonté d’atteinte des Objectifs du développement durable (ODD) en 2030 nonobstant les gaps à combler et des défaillances évidentes.
Pour ces raisons, les prophéties auto-réalisatrices ne sauraient se justifier. Les scénarios-catastrophes, envisagés çà et là pour le continent, pourraient de facto avoir un impact négatif sur les économies et l’évaluation des risques généralement défavorables à l’Afrique d’avant Covid-19, les investisseurs étant dans un contexte d’incertitude totale.
Les systèmes de santé en Afrique doivent être repensés totalement au regard de nombreuses considérations et limites actuelles, et nous ne devrions pas attendre les possibles effondrements engendrés par une pandémie de cette ampleur pour agir diligemment et efficacement.
Quelques pistes sont envisageables à cet effet :
• À court terme, une véritable union des pays africains sur les plans économique et sanitaire pourrait permettre une mutualisation des réponses aux risques engendrés par le Covid-19 et au-delà. Les initiatives multiples prises pour mobiliser des ressources financières suffisantes afin d’éviter que s’ajoute une crise économique majeure à la crise sanitaire annoncée sont à saluer. Nous appelons vivement, à la fois à une gestion rigoureuse desdites ressources, et à une coordination sous-régionale et régionale efficientes des actions, afin que lesdites initiatives gagnent en synergie et en complémentarité.
• De même, le partage de connaissance, de savoir-faire et de matériels médicaux sera un élément décisif.. L’énorme patrimoine culturel et traditionnel d’où est issue la pharmacopée africaine devrait être davantage mobilisé, mutualisé, panafricanisé, en association avec la médecine et les recherches dites modernes, comme l’ont fait avec succès certains pays comme la Chine. La créativité et l’ingéniosité locales devraient être stimulées, et l’offre artisanale valorisée à l’instar des équipements hydratants hygiéniques nouveaux proposées dans de nombreux pays (Ghana, Cameroun, …).
• L’Afrique doit apprendre de ses expériences et des autres régions du monde frappées par la pandémie, elle devrait davantage favoriser la solidarité dont elle possède les gènes, la sensibilisation massive, notamment en zone rurale, et le dépistage massif des populations. Les exemples provisoires de réussites montrent que ce ne sont pas nécessairement les moyens a priori abondants des pays à PIB très élevés qui produisent les meilleurs résultats sanitaires, à l’instar du Vietnam donnant 550 000 masques à 5 pays de l’Union européenne ou même de Cuba exportant son expertise dans la médecine d’urgence vers les pays dits développés
Le coronavirus est révélateur d’une certaine « fin de l’histoire » et de l’existence de modèles alternatifs. Il revient à l’Afrique d’inventer les siens. Notre continent dispose de ressources étendues, d’une population active mobilisable et créative, de professionnels formés pour résister et vaincre la pandémie. Il faudrait pour cela qu’il prenne les bonnes décisions et les ajuste au besoin. L’existence d’une nouvelle conscience reliant le continent à ses diasporas, ses nouveaux réseaux d’intellectuels, de professionnels, de chercheurs, de militants, d’associations, de politiques, d’indépendants, devrait pouvoir apporter des voix neuves et disruptives dans ces débats.
• À moyen terme, le principal enseignement de la crise du Covid-19 devrait être le constat pour l’Afrique qu’elle continuera d’être d’autant plus vulnérable aux chocs exogènes qu’elle ne trouvera pas de réponse structurelle aux défis de son développement. Assertion valable aussi bien pour la santé que tous les autres domaines. En effet la dépendance sanitaire reste un problème épineux et le coût des évacuations sanitaires des élites pose un cas d’injustice sociale et d’irrationalité économique, dans la mesure où nombre de ces services sont réalisables en Afrique à moindre frais. La perpétuation d’un modèle d’économie de rente, fondé sur l’exportation de matières premières non transformées en attendant des recettes extérieures volatiles est suicidaire. L’urgence africaine, c’est en l’occurrence la production locale de services sanitaires qualitatifs étendus, la transformation sur place des matières premières, vectrice de création de valeur et d’emplois, et la diversification de la base productive.
Défis de taille
C’est alors même que le Covid-19 met les économies à l’arrêt, sème la mort et la désolation dans les pays, perturbe le fonctionnement des sociétés, criminalise les formes de sociabilité les plus ancrées, perturbe les calendriers politiques, que paradoxalement, sonne pour l’Afrique l’heure de relever ses défis et de réinventer les modalités de sa présence dans le monde.
Certes le défi auquel nous sommes confrontés est de taille car en plus de nos économies à l’arrêt, la pandémie du coronavirus a offert à certaines chancelleries occidentales matière à réactiver un afro-pessimisme que l’on croyait d’un autre âge. Dans les scenarii qui y sont élaborés, le visage de l’Afrique est celui d’un continent vulnérable, où les morts pourraient se compter non pas en milliers mais en millions d’individus. Il nous faut affirmer que ce scénario n’a rien d’une fatalité historique à laquelle le continent ne saurait échapper. Il en dit plus sur ses auteurs que sur la réalité d’un continent Africain, dont nul ne saurait préempter l’avenir et l’assombrir par principe. Il est temps de se rappeler que les périodes de basculement du monde ont toujours engendré un renouvellement paradigmatique, culturel et parfois civilisationnel pour ceux qui embrassent les exigences du changement. Il nous faut donc faire face aux défis qui se profilent et engager résolument les combats nécessaires.
Nous en appelons à tous les intellectuels africains, aux chercheurs de toutes les disciplines, aux forces vives de nos pays, à rejoindre le combat contre la pandémie du Covid-19, nous éclairer de leurs réflexions, de leurs talents, nous enrichir des fruits de leurs recherches et tous de leurs propositions constructives. Il nous faut nous fixer un cap optimiste tout en ayant courageusement conscience des lacunes à combler. Une autre Afrique est possible tout comme l’est une autre humanité dans laquelle la compassion, l’empathie, l’équité et la solidarité définiraient les sociétés. Ce qui pouvait ressembler jusqu’ ici à une utopie est entré dans l’espace des possibles. L’Histoire nous observe qui nous condamnera si nous nous laissons aller à conjuguer notre avenir au passé.
Osons ne pas perdre confiance en l’avenir ou en nous-mêmes. Osons lutter ensemble contre la propagation du Covid-19 et osons vaincre ensemble le précariat mondial auquel donne naissance la pandémie éponyme. Oui, l’Afrique vaincra le coronavirus et ne s’effondrera pas.
Cette tribune a été cosignée par : Kako Nubukpo, Alioune Sall, Reckya Madougou, Martial Ze Belinga, Felwine Sarr, Carlos Lopes, Cristina Duarte, Achille Mbembe, Francis Akindès, Aminata Dramane Traore, Souleymane Bachir Diagne, Lionel Zinsou, Nadia Yala Kisukidi, Demba Moussa Dembélé, Franck Hermann Ekra, Alinah Segobye, Mamadou Koulibaly, Karim El Aynaoui, Mamadou Diouf, Hakim Ben Hammouda, Paulo Gomes, Carlos Cardoso, Gilles Yabi, Adebayo Olukoshi, Augustin Holl.
par Cheikh Mbacké Diop
LA CONTROVERSE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’islam serait-il contraire à la liberté ? Serait-il incompatible avec la démocratie ? Le Coran justifierait-il la violence ? Telles sont, entres autres questions objet du débat entre les philosophes Rémi Brague et Bachir Diagne
De nos jours, l’islam fait régulièrement la Une de la presse internationale. Il fascine le grand public autant qu’il interpelle penseurs et décideurs. En effet, il est pointé du doigt comme étant, à tort ou à raison, le principe moteur de la violence qui sévit dans beaucoup de points du globe. Deux philosophes se sont penchés à travers un ouvrage sur la question. Rémi Brague, français et catholique, et Souleymane Bachir Diagne, sénégalais et musulman, engagent dans La Controverse, Dialogue sur l’islam (Stock, 2019, 187 pages), un débat passionnant et sans concession sur l’islam. Quand le premier jette sur le tapis les questions qui fâchent et celles qui font polémique, le second lui porte la réplique en déconstruisant les accusations savants contre l’islam.
L’islam serait-il contraire à la liberté et le libre-arbitre ? Serait-il incompatible avec la démocratie ? Serait-il insoluble dans la modernité ? Accorderait-il un statut marginal à la femme ? Le Coran justifierait-il la violence ? La raison serait-elle étrangère à l’islam ?
Telles sont, entres autres, les grandes questions qui font l’objet de ce débat, très souvent divergent, parfois convergent.
Le contexte de cette polémique est planté dès l’abord. A l’heure de la mondialisation et des migrations de masse, l’islam, constatent les auteurs, est en crise, du fait que des populations musulmanes ont quitté leurs terres d’origine pour s’implanter en Occident. Ainsi, après avoir été asiatique et africain, l’islam est-il devenu aujourd’hui une réalité européenne et américaine, avec ce que cela engendre en termes d’acculturation et de déracinement. Cette crise, Souleymane Bachir Diagne l’entend dans le sens d’un retour, d’une reprise de soi qui précède la « guérison ». Pour lui, l’islam est dans un tournant historique où les musulmans « doivent se réinventer en tant que musulmans ».
La Charia est un des points de discorde entre les deux philosophes. En fait, il est généralement admis que la Charia est un corpus de texte législatif qui encadre la vie des musulmans. Il n’en est rien pour Diagne, pour qui ce que l’on appelle la Charia ne veut rien dire puisqu’elle emprunte des formes différentes suivant les lieux et l’interprétation qu’on en donne.
Dans ce débat, le Coran est massivement cité, commenté et interprété. D’ailleurs si l’islam est aujourd’hui pointé du doigt comme une religion violente, c’est justement à cause du Coran qui légitimerait la violence. Le Coran, belliqueux et violent, selon Brague, est fondamentalement différent des Evangiles qui seraient par nature pacifistes. Diagne lui rétorque qu’on ne saurait imputer à l’islam les massacres faits à son nom par des terroristes, pas plus qu’au christianisme les violences qui ont accompagné son histoire, ni au bouddhisme les persécutions des Rohingyas par les moines.
Aussi, le Coran, soutient Brague, à la différence des Evangiles, est un livre dicté, et non révélé par Dieu. De ce fait, ses injonctions et ses interdits ont un aspect contraignant et offrent peu de place à l’interprétation au sens de la tradition juridique occidentale. Pour Diagne, avec le Coran, certes « la perfection divine a pu pénétrer une langue humaine, trop humaine », mais cette traduction verticale du verbe divin a pu faire l’objet d’une longue tradition philosophique et théologique dans l’islam et qu’elle a donné lieu au IXème siècle à une controverse majeure parmi les théologiens et les Mutazilites, les rationalistes de l’islam, à savoir le caractère créé ou incréé du Coran.
L’islam est souvent considéré comme une religion politique. Parce qu’il a existé de tout temps un Etat islamique depuis la mort du prophète, et que le Califat qui est le garant de l’ordre politique est une institution dans l’islam. Diagne réfute cette thèse pour deux raisons principales : primo, le Coran ne mentionne même l’ébauche d’un Etat. Secundo, le prophète lui-même n’a pas désigné de successeur à sa mort ni un mode de désignation, ce qui fait qu’à sa mort les modes de désignation des quatre califes bien guidés sont différents l’un de l’autre. Par la suite, ce sont des dynasties qui se sont installées dans le monde islamique. Cela donne aux sociétés musulmanes la liberté de choisir leurs modes de gouvernance.
L’islam serait incompatible avec les valeurs de la modernité, et, partant, d’aucuns préconisent un « islam des Lumières » pour sortir les musulmans de leur misère morale et matérielle. Diagne pense que l’on soutient cela en prenant le XVIIIème siècle européen comme référentiel ; que le monde de l’islam devrait parcourir le même chemin que l’Occident ; et que le modèle européen serait universel. En oubliant bien sûr que ce « siècle des Lumières » n’a pas été si lumineux qu’on le dit, puisqu’il est au aussi le siècle du « Code noir » qui régit l’esclavage.
Si l’on parle d’islam dans le monde contemporain, il y a certes la violence qui revient constamment, et avec elle la question de la femme. Le « siècle des Lumières » européen a consacré l’affirmation de l’individu autonome, et partant de la femme. Ainsi, comparée à la femme occidentale qui a acquis l’égalité face à l’homme, la femme en islam continue-t-elle à être assujettie, et la polygamie serait la parfaite illustration de cette condition. Pour Diagne, on oublie souvent que la polygamie n’est pas une recommandation mais une tolérance. Et que les statistiques actuelles dans le monde musulman tendraient à la suppression de cette pratique.
Au final, La Controverse a tenu ses promesses. Des questions de fond opposent les deux philosophes, de la nature de celles qui opposent l’islam et la pensée occidentale. Rémi Brague s’est fait écho des griefs que l’Occident, et a un degré moindre le catholicisme, porte contre l’islam et que l’actualité politico-sociale ne fait qu’amplifier. Souleymane B. Diagne puise dans l’histoire et la théologie musulmanes les arguments pour démonter les accusations et stéréotypes contre l’islam.
Dr Cheikh Mbacké Diop est enseignant/chercheur
LE DÉFI DE L'AIDE À LA DIASPORA
«Si les connotations partisanes ne sont pas éliminées du processus, ce sera l’échec. Les autorités consulaires peuvent superviser les opérations mais si elles en assurent la direction exécutive, une partie des fonds sera captée par des politiciens »
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 10/04/2020
L’État sénégalais joue les Pères Noël pour ses ressortissants à l’étranger pris au piège du coronavirus. Avec une enveloppe de près de 19 millions d’euros et des catégories identifiées, il reste à trouver la méthode juste et transparente pour éviter la Bérézina.
Présents par dizaines de milliers dans des pays confrontés au coronavirus, des ressortissants sénégalais doivent faire face à des stratégies de survie. Pour leur venir en aide, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur Amadou Bâ a annoncé, le 9 avril, la mise à leur disposition d’une enveloppe de 12,5 milliards de francs CFA (environ 19 millions d’euros). Devant la presse, il a livré la liste des bénéficiaires, tous «précaires et vulnérables» dans le contexte de la crise sanitaire, allant du secteur informel aux personnes retraitées en passant par les étudiants non allocataires.
Cette dotation exceptionnelle provient des 1.000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d’euros) du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force Covid-19) mis en place par le gouvernement. Sa répartition sera co-exécutée par une cellule du ministère des Affaires étrangères à Dakar et un comité qui sera opérationnel sur le terrain.
«Ce comité est placé sous la présidence de l’ambassade et constitué du Consul général ou du consul, du responsable des affaires consulaires ou sociales, d’un député de la diaspora, de toute autre personne membre d’une association ou pas, désignée par le comité et dont la présence est utile à la réussite de la mission», a souligné Amadou Bâ.
Cependant, l’opération ne s’annonce pas facile. Le nombre d’immigrés concernés, leur localisation, les rigueurs et incertitudes sur le confinement en Afrique de l’Ouest et Centrale, en Europe, en Amérique du Nord, au Maghreb y compris Mauritanie –des zones de forte concentration de communautés sénégalaises– sont autant de facteurs qui compliquent la répartition de cette enveloppe. À l’élection présidentielle de février 2019, la diaspora comptait environ 310.000 électeurs inscrits sur les listes électorales. D’une certaine manière, le ciblage du secteur informel comme bénéficiaire principal du fonds d’aide semble pertinent.
«La plupart de nos compatriotes vivant à l’étranger sont des "Modou-Modou" [terme désignant ceux qui sont dans le secteur informel, ndlr], des vendeurs ambulants. Très peu parmi eux sont des travailleurs du secteur formel pouvant bénéficier de stabilisateurs sociaux comme l’assurance-maladie ou l’assurance-chômage. Donc, même avec le confinement, ceux qui sont établis en Europe n’ont plus de quoi manger ou payer le loyer, les factures d’électricité et autres charges vitales du quotidien», explique à Sputnik l’économiste et consultant senior Mbaye Sylla Khouma.
Les défis d’une opération complexe
L’opération sera sans doute redoutable de complexité car la population d’immigrés sénégalais «inconnue» à travers le monde semble largement supérieure à celle déjà répertoriée par les services consulaires du Sénégal. Dans ce cas, l’identification des bénéficiaires dans les limites définies par le ministère des Affaires étrangères pourrait se révéler un véritable casse-tête, mais le jeu en vaut la chandelle.
Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du Sénégal, qui s’appuie sur des études de la Banque mondiale, les flux financiers officiels en provenance des ressortissants résidant à l’étranger représentent en moyenne 930 milliards de francs CFA (1,4 milliard d’euros) par an sur la période 2008-2017. Soit une part de 12,1% du produit intérieur brut (PIB) sénégalais. Pour Mbaye Sylla Khouma, il y a une piste que les autorités sénégalaises peuvent explorer, entre autres solutions.
«Nous avons proposé une analyse croisée entre les services consulaires sénégalais et les sociétés de transfert d’argent. En partant du principe que celles-ci, avec leurs bases de données, peuvent retracer la régularité et les montants moyens envoyés par mois par les immigrés sénégalais dans chacun des pays concernés par les opérations du fonds d’aide. Si le secret des transactions était levé, ce serait une bonne base de travail.»
L’autre grand challenge dans cette initiative de l’État, c’est la transparence dans les opérations. L’argent ira-t-il vraiment à ses vrais bénéficiaires ou finira-t-il dans l’escarcelle de réseaux occultes sans liens pertinents avec les ressortissants dans le besoin ?
«Si les connotations politiques et partisanes ne sont pas éliminées du processus dès le début, ce sera l’échec. Les autorités consulaires peuvent superviser les opérations mais si elles en assurent la direction exécutive, une bonne partie des fonds sera finalement captée par des politiciens, des leaders d’opinion et autres dirigeants de mouvements associatifs peu recommandables», prévient Dial Diop, opérateur économique sollicité par Sputnik.
Réduire le rôle des politiciens à la supervision
Selon cet ex-médiateur social entre les pouvoirs publics italiens et des associations d’immigrés, une identification correcte des bénéficiaires du fonds Force Covid-19 est capitale car les ressortissants sénégalais ne sont pas sur un pied d’égalité face à la crise sanitaire sévère qui frappe l’Italie.
«L’État italien alloue une moyenne de 1.000 euros aux étrangers qui disposaient d’un contrat de travail en bonne et due forme avant le début de la pandémie. Les autres, en situation régulière et exerçant une profession libérale, perçoivent grosso modo une aide de 600 euros par mois. Les Sénégalais qui sont dans ces deux catégories doivent donc être, à mon avis, exclus du fonds», indique Dial Diop.
Les associations d’immigrés déjà actives dans l’aide aux Sénégalais en détresse sont un canal efficace pour cette opération qui devrait surtout cibler les immigrés «qui ne font rien» sur place, mais aussi les «ambulants».
«Tous les gadgets que les marchands ambulants vendent dans les rues en Europe viennent de Chine. Donc ils n’ont plus rien à vendre maintenant et leurs acheteurs potentiels sont confinés chez eux. Les touristes sont leur principale clientèle. Pas de touristes, pas de business: ils sont sur le carreau et sans source d’approvisionnement», analyse Mbaye Sylla Khouma.
Pour les immigrés sénégalais comme africains d’ailleurs, si la violence de la crise engendrée par le coronavirus est source d’inquiétude quant à leur situation immédiate, elle pose aussi toute la problématique du retour au pays. Une autre histoire.
par Ibrahima Silla
L’HUMAIN EST LE VÉRITABLE ENNEMI DE L’HUMANITÉ
Nous filons du mauvais coton avec Dame Nature et risquons d’être confronté à la fin de notre adaptabilité - Splendide, l’histoire de l’humanité vire au tragique - Nous savourons la vie dans les excès et les futilités
L’humain est pour notre planète et le vivant une lourde charge. Le vivant subit au quotidien les virulents assauts dévastateurs de l’humain, cet indomptable voisin de palier des êtres vivants qui ne peut s’empêcher apparemment de provoquer des déséquilibres écologiques néfastes à la survie des espèces et des écosystèmes. La nature de notre existence humaine compromet toute chance de survie pour beaucoup d’espèces, pourtant indispensables et vitales à l’humanité. L’humain, faute de pouvoir incarner le véritable leadership écologique, fait preuve au quotidien d’un véritable loosership écologique se traduisant par de néfastes agressions contre la nature, le vivant et soi-même. L’humain est-il sans humanité ? Ceci n’a rien d’inhumain. Bien au contraire, « humain trop humain » dit justement le philosophe Nietzche.
Le stade des menaces contre l’évolution humaine est dépassé. L’humanité redécouvre la fragilité de l’être humain, traqué par ses propres méfaits, en sursis dans le couloir de la mort. L’humain, confronté à l’accentuation de sa vulnérabilité qui malmène sa volonté, découvre subitement la fragilité de l’être, l’impuissance de la puissance et la solution de l’antidote écologique. L’humain est le véritable ennemi de l’humanité. Il est la racine des maux de toutes sortes que nous endurons. Il n’aurait pas mérité pas d’être au centre du combat à mener pour la réhabilitation de notre planète si on ne pouvait pas se passer de lui. Le remettre au centre des préoccupations ne serait-ce pas, d’une certaine, offrir du viagra au pervers sexuel qui vient d’être libéré ?
Pierre Rhabi raconte ainsi, dans son ouvrage intitulé Ce que la nature nous dit, cette histoire destinée à éveiller les consciences :
« Une planète d'une autre galaxie rend visite à la Terre et lui dit :
Oh, ma pauvre ! Comme tu as l'air mal en point, malade, harassée ! Que t'est-il arrivé ?
Ce à quoi la planète Terre répond : « Ne m'en parle pas, j'ai attrapé l'humanité !
Ne t'inquiète pas, reprend son amie, je l'ai eue moi aussi, je m'en suis débarrassée et tout va mieux !
Notre planète est en train de subir le virus de l’humain. Nous ne savons pas où nous allons, mais nous y allons en vitesse, les yeux bandés par l’insouciance et la confiance excessive. Et le pire est à craindre si ne se développe pas davantage et massivement une écocitoyenneté responsable. Cette nécessaire prise en compte de la biodiversité passe par l’initiation d’une biopolitique qui ne renvoie pas forcément aux individus mais aux rôles attendus d’un véritable leadership ; donc pas à un leadership individualisé mais à un communityship suscitant à un véritable citizenship sensible aux préoccupations écologiques. L’enjeu est de repenser ce que doit être la vie ; notre rapport aux êtres et aux choses.
Cette biopolitique ne doit pas être centrée exclusivement sur l’humain mais devra prendre en compte le vivant pour éviter à notre planète de rendre l’âme du fait du « naturicide » perpétré par les humains qui égorgent avec une cruauté inqualifiable l’écosystème pour leur loisir, leurs délires ou des choses totalement inutiles et futiles. Cette biopolitique devra revisiter les fonctions de production, de régulation et d’esthétique de la nature accablée par le décret indécent et indigne des hommes contre le vivant qui les entoure. Reconcentrer nos actions sur l’essentiel, le vital et le primordial qui ne sauraient être réduits à des considérations purement et exclusivement matérialistes. Passer à des préoccupations post-matérialistes : qualité de l’eau, de l’air, des sols, etc.
Il est possible de nourrir dans l’abondance un nombre considérable d’êtres humains sans porter atteinte à la nature. L’humanité peut pourvoir à ses besoins dans l’aisance et dans une vie honorable sans infliger à la nature le plus grand mal. Telle est la triste réalité qui a conduit l’environnement à végéter dans un état pitoyable.
La lecture de La ferme des animaux de Georges Orwell est édifiante et à méditer. En voici un extrait : « L’Homme est la seule créature qui consomme sans produire. Il ne donne pas de lait, il ne pond pas d’œufs, il est trop débile pour pousser la charrue, bien trop lent pour attraper un lapin. Pourtant le voici le suzerain de tous les animaux. Il distribue les tâches entre eux, mais ne leur donne en retour que la maigre pitance qui les maintient en vie. Puis il garde pour lui le surplus. Qui laboure le sol : Nous ! Qui le féconde ? Notre fumier ! Et pourtant pas un parmi nous qui n’ait que sa peau pour tout bien. Vous, les vaches là devant moi, combien de centaines d’hectolitres de lait n’avez-vous pas produit l’année dernière ? Et qu’est-il advenu de ce lait qui vous aurait permis d’élever vos petits, de leur donner force et vigueur ? De chaque goutte l’ennemi s’est délecté et rassasié. Et vous les poules, combien d’œufs n’avez-vous pas pondus cette année-ci ? Et combien de ces œufs avez-vous couvés ? Tous les autres ont été vendus au marché, pour enrichir Jones et ses gens ! Et toi, Douce, où sont les quatre poulains que tu as portés, qui auraient été la consolation de tes vieux jours ? Chacun d’eux fut vendu à l’âge d’un an, et plus jamais tu ne les reverras ! En échange de tes quatre maternités et du travail aux champs, que t’a-t-on donné ? De strictes rations de foin plus un box dans l’étable ! »
Le vivant est le chantier prioritaire. Vivre. Bien vivre. Mieux vivre. C’est possible. Des solutions existent. L’enjeu est d’améliorer le vivant (plus large) et non exclusivement l’humain qui doit s’améliorer. L’humain fait partie de ce vivant. Il est en cohabitation avec d’autres êtres vivants dont sa survie dépend en grande partie de leur préservation. Des espèces animales, végétales disparaissent aujourd’hui et menacent l’évolution du vivant. Notre adaptabilité est menacée. Nous filons du mauvais coton avec Dame Nature et risquons d’être confronté à la fin de notre adaptabilité. Splendide, l’histoire de l’humanité vire au tragique. Le monde a attrapé l’humanité. L’humanité est comme un virus pour le monde vivant. Dans tous les domaines, les problèmes s’accumulent en dépit des connaissances et savoirs énormes, malheureusement plus au service du matériel que du vivant. On voit du béton et de l’acier partout au lieu de limiter l’urbanisation à tout va. Par ailleurs, le problème c’est moins le nombre relativement bas de la population sur terre que le mal que ces populations infligent à la terre et au vivant et donc à elles-mêmes.
Comment mieux faire fonctionner la société, nous qui, depuis longtemps, sommes dans un monde carcéral ? Cette prison des mauvaises habitudes existentielles nous conditionne depuis la naissance. Nous savourons la vie dans les excès et les futilités.
Des solutions pour mieux vivre existent. Il nous faut être attentif physiquement et intellectuellement à l’écologie. Avoir le courage de reconnaître que les modèles utilisés jusqu’ici ne fonctionnent plus. Si l’on veut encore profiter des merveilles de la nature, il nous faudra faire preuve d’une nouvelle intelligence écologique prenant en compte la priorité des choses utiles, essentielles, vitales et primordiales. Le retour des espaces verts en zones urbaines est déjà une bonne chose mais le reboisement doit aller au-delà des préoccupations esthétiques. Il nous faut être à l’écoute de la nature qui nous parle et que nous n’écoutons plus. La situation écologique dramatique que nous vivons ressemble à un examen de passage. Il nous faut donc êviter de rendre une feuille blanche synonyme de zéro.
Expérimenter l’agroécologie. Faire preuve de sobriété. Repenser les modes de production, de consommation et de construction. Redonner la vie aux sols tués. Lutter contre le réchauffement de la planète. Recycler et gérer tout ce que nous jetons dans la nature. Mieux gérer l’eau. Passer aux énergies propres renouvelables. Entreprendre une économie solidaire ancrée sur nos besoins et nos moyens. Vivre sans être dans l’obsession de la croissance. Construire un monde nouveau. Sortir des discours et des théories pour être dans un pragmatisme rassurant. Montrer notre résilience ou capacité à encaisser les chocs. Créer un nouveau projet pour l’humanité et le vivant. Embarquer l’humanité vers un monde meilleur. Sortir de la prison de nos mauvais choix. Nous émanciper de nos propres contradictions. Reconsidérer la présence et l’utilité des autres espèces et êtres vivants. La biodiversité. Promouvoir l’effort d’une pensée biosystémique. L’avenir n’est pas inéluctable. Il y a des voies à suivre et des voix à entendre. Habiter écologiquement le monde. Aucun compromis n’est désormais possible ou envisageable face à l’urgence écologique. Face à l’épreuve du réel, il ne nous est plus permis de regarder avec dédain ce qui se passe sous nos yeux contre le vivant si nous voulons nous préserver des agents pathogènes et infectieux.
Un mauvais chef, c’est tout ce qu’il faut pour rendre un peuple malheureux et le défi insaisissable. Pour relever le défi, il nous faudra de vrais chefs émancipés de la mystique idéologique, historique et politique du chef qui a participé des pires déconstructions écologiques. Cela passera par l’émergence d’éco-leaders ayant la capacité et le courage d’agir et de faire agir dans le sens de la préservation de notre écosystème qu’i faut préserver de l’anarchie. Le besoin de chef n’est pas un pouvoir personnel appelé à régner de connivence avec les progrès de la modernité libérale capitaliste. L’enjeu écologique a besoin d’un vrai chef qui ne gère pas seulement le statu quo mais qui impulse une dynamique transformatrice adhérant à ses projets et à sa vision pour changer la société. Toute autre posture ne serait que des grimaces et acrobaties politiciennes sans intérêt, sans conviction, sans vision, et sans éthique destinées uniquement à dérouler son plan de carrière politique.
En effet, avec les politiciens à qui l’humanité a laissé le destin du monde entre leurs mains, l’élection est l’horizon ultime du discours. Mais en réalité, au bout du compte tout change pour rester le même avec eux, aguerris aux accommodements, renoncements et complicités. Il urge ainsi de repenser notre rapport avec le politique, le pouvoir, l’argent, la santé, l’environnement, la citoyenneté, la pensée, la science, le savoir, l’humain, le vivant.
L’actualité du coronavirus révèle notre vulnérabilité sanitaire et discrédite les manifestations de glorification de l’œuvre politique. L’imprévisibilité de la marche de l’histoire peut toujours être bousculée et piétiner au passage notre supposée invulnérabilité sécuritaire. Le coronavirus nous rappelle ce qu’il y a d’essentiel, de vital et de primordial. Changer de paradigme, c’est changer d’essentiels et de priorités ; d’obsessions et de rituels, de réflexes et de trajectoires politiques. Revenir à la politique des choses utiles et essentielles ; à un nouvel art de vivre. Nuire au mal et servir le bien. Telle est l’essence du politique.
par Massamba Ndiaye
MACKY SALL, UN HOMME DE PARADOXES !
Que vaut maintenant, votre envie soudaine de revoir les priorités après huit ans de gestion pour le moins chaotique ? Votre plaidoirie pour l'annulation de la dette publique africaine est un autre moyen pour couvrir votre gestion désastreuse du pays
Comment comprendre cet homme ? Avant sa victoire, entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2012, et juste après, le politicien Macky Sall a galvanisé presque tout un peuple et a réussi à susciter l’adhésion et l’enthousiasme de différentes composantes de la population en martelant partout que le progrès n’est pas seulement souhaitable, mais il est possible voire à portée de main pour les autorités, lui en l’occurrence, qui ont une haute idée de leur mission au service exclusif du peuple. Il nous enjoignait de croire que ce sursaut, c’est maintenant et que désormais la responsabilité et la redevabilité doivent être au cours de l’action de n’importe quel agent de l’Etat qui gère de manière directe ou indirecte les deniers publics.
Aujourd’hui, plus qu’hier, à vrai dire et en toute honnêteté, je suis troublé après la lecture du texte de Macky Sall et me demande vraiment quel homme nous avons porté à la tête du pays. Est-ce qu’il se prend vraiment au sérieux pour oser étaler une série de mesures pour aider le Sénégal en particulier et les autres pays africains à lutter efficacement contre le Coronavirus comme s’il ne savait pas que rien n’a été fait depuis qu’il est à la tête du pays pour doter nos structures sanitaires d’équipements médicaux de qualité et en nombre suffisant ?
N’avait- il pas promis à nos compatriotes en 2016, lors de son discours à la nation, la construction d’hôpitaux modernes à Touba, Kédougou, Kaffrine, Sedhiou ? Aujourd'hui, nous n'avons rien vu qui ressemble à ça ou qui s'en approche. Par contre, s'agissant de Touba, des suspicions de détournement de plusieurs milliards de francs CFA ont été relayées par certaines personnes et à ce jour aucune enquête du parquet ou l’ouverture d’une information judiciaire en vue de clarifier la situation. Une omerta totale. Qui cherche-t-on à protéger ? Et nos deniers publics, pour quelle raison doivent-ils se retrouver dans les poches de certaines autorités ?
Ces milliards, s'ils étaient utilisés de manière efficiente, pouvaient permettre d’accueillir à Touba même, en cette période de crise sanitaire grave, dans les conditions idoines en matière de prise en charge des malades du covid-19 et au-delà de toute la région dans les meilleures conditions. Que vaut, maintenant Macky Sall, votre envie soudaine de revoir les priorités après huit ans de gestion pour le moins chaotique du pays ? Nos compatriotes apprécieront votre sortie catastrophique, qui au demeurant, nous jette à la figue l’irresponsabilité dont vous faites preuve depuis le début de votre magistrature à la tête du pays. Depuis, tout ce temps, vous n’avez pas jugé nécessaire d’investir massivement dans les soins de santé publique. La pandémie du Coronavirus vous renvoie à vos obligations et à votre responsabilité. Vous faites pitié Macky Sall. Cette mise en scène ne vous honore pas. Tout au plus, elle dévoile de manière précise votre faillite personnelle parce que vous n’avez pas su mettre en avant la satisfaction des besoins primaires de nos compatriotes : un système de santé performant et accessible à l’ensemble du corps social sénégalais.
Maintenant que l’heure est grave, vu la progression rapide du Coronavirus au Sénégal et ailleurs en Afrique, vous prenez votre bâton de pèlerin pour indiquer à vos autres confrères les mesures et le chemin à prendre pour permettre à l’Afrique de sortir sa tête de l’eau afin de se prémunir du déluge. Les solutions que vous préconisez, ressemblent à bien des égards à des soins palliatifs en vue de contenir la vague et de minimiser les dégâts. Ces solutions n’existaient-elles pas avant ? Si, nos pays en particulier le Sénégal n’étaient pas touchés par cette pandémie du Coronavirus, vous ne sonnerez sûrement pas l’alerte qu’il faille s'occuper de manière résolue à la santé, à l’éducation, à la formation de nos jeunes, à l’emploi, à une politique d’industrialisation significative et performante, à l'agriculture et encore tellement que les chantiers de redressement voire de relance sont hélas nombreux sur le temps d’un mandat. Mais, Macky Sall, le Sénégal ne va pas s’arrêter après votre départ de manière inéluctable de la tête du pays, même s'il vous était permis mille et une autre vie à Doumbélane.
Aujourd’hui, vous vous étonnez Macky Sall que nous autres africains, avons du mal à nous approvisionner en kits de protection, en gel, en gants, en masques médicaux etc. et qu’est-ce que vous avez fait au juste depuis 2012 pour nous préparer à faire face aux dangers de ce virus dévastateur et à d’autres catastrophiques, qui nécessitent pour le moins, de protection à travers des structures hospitalières de qualité et un personnel médical performant et motivé. Mais, Macky Sall, le mal est déjà fait. Il ne fallait pas surtout pas attendre que cette catastrophe sanitaire de grande envergure se prépare à secouer le pays de toute part pour retrouver soudain l'ingéniosité des hommes d’Etat à tracer les lignes voire à mettre en exergue des politiques structures inclusives pour entamer le processus de transformation de toute la société sénégalaise. Malgré tous les appels de nos compatriotes de revoir l’ordre des priorités, votre gouvernement a maintenu le cap en s’activant davantage dans la réalisation de projets non structurants pour l’économie nationale.
Hélas Macky Sall, votre vision futuriste d’un Sénégal émergent qui s'arrête à Diamniadio montre les limites et les insuffisances de votre gestion du pouvoir. Aujourd’hui, les masques tombent et les chants laudateurs de vos thuriféraires zélés n’ont plus de saveur et ne portent plus loin. Cette crise sanitaire montre avec clairvoyance que le plan Sénégal Émergent que vous nous avez vendu n’était en fait que du pipeau, un mirage pour les esprits naïfs très vite obnubilés par le côté flamboyant de certaines infrastructures routières. Votre Sénégal Émergent se réduit principalement à l'autoroute Ila Touba, au centre international de Conférences Abdou Diouf, à l'Arène nationale, à Dakar Arena, au futur Stade Olympique dans un pays de trous à rats où tout est urgence même la satisfaction des besoins primaires de la majorité de la population voire les conditions ou les prouesses de survie de nos concitoyens qui sont visibles partout et à chaque coin de rue. Des milliards de francs CFA engloutis dans ces projets de prestige qui n’engendrent que des profits aux sociétés étrangères qui les exploitent et le plus souvent avec cupidité sur le dos de nos compatriotes, ou tout au plus, à la satisfaction voire à la gloire de Macky Sall, roi de la cour de Benno Bokk Yaakar.
Nous sommes à l’heure d’une course contre la montre. Nos dirigeants, vous en premier, par négligence, par irresponsabilité ou par une faiblesse coupable, n’ont jamais pris en compte l’ampleur de l’état de délabrement de nos structures sanitaires. Combien de fois, nos compatriotes les plus démunis se voient renvoyés de ces mouroirs faisant office de structures sanitaires publiques, faute de moyens ou de pénurie de matériels de première nécessité, vous étiez où Macky Sall en Patagonie ou dans les lambris dorées du palais comme ce fameux roi de cour qui se targue d’être un lion qui dort alors que son peuple souffre au plus profond de sa chair et a du mal à se soigner et à soigner ses membres les plus vulnérables.
Aujourd'hui, le réveil semble brutal pour Macky Sall, un lion qui dort et qui ne sait plus quoi faire que de discourir à longueur de journée ou de recevoir politiciens professionnels, activistes, marabouts, membres de la société civile, communicateurs traditionnels et autres troubadours. Les discours sont derrière nous. C’est le temps de l’action et uniquement de l’action. Pendant, huit longues années, nous autres sénégalais, avions écouté et bu à satiété vos promesses et au final, un pays qui n’a que quelques dizaines de lits de réanimation pour les cas les plus sévères du Coronavirus. De grâce Macky Sall, passez à autre chose. Ce n’est pas le temps de jouer au bon samaritain en vous faufilant dans les rangs pour vous arroger une place de leadership ( la trouvaille d’un autre et ancien adversaire politique de Macky Sall dans une autre tribune pour le magnifier : Macky Sall, le héraut de l’Afrique de Cissé Kane Ndao ) dans le concert des nations africaines au moment où d’autres présidents du continent à l’image de Paul Kagame du Rwanda tirent leurs pays vers le haut sans trompettes ni tambours. Ils n'ont que le travail et la volonté comme moyens d’action pour avancer. C’est peu, mais, c’est beaucoup pour les autorités qui veulent substantiellement transformer leur pays et offrir à ses habitants une vie décente.
Vous le savez sans doute Macky Sall, la quasi-totalité du pays se débrouille au quotidien pour survivre dans la dignité et compte uniquement sur leurs capacités de résilience même dérisoires pour tenir le cap de la persévérance dans l’effort. Ces pères et mères, ces jeunes n’attendent rien de vous. Ils savent que tout compte fait, ils ne rentrent pas dans vos priorités. Pendant huit longues années de gestion sombre et nauséabonde de nos ressources et potentialités économiques, vous avez préféré servir d’abord et toujours les intérêts de vos maîtres français. Le peuple, qui vous a donné l’insigne honneur de présider à sa destinée, est méprisé et vous vous étonnez encore une fois de plus de la modeste contribution voire insignifiante du secteur privé national dans l’effort de guerre qui est demandé à l’ensemble du corps social sénégalais pour lutter efficacement contre le Coronavirus. Les marchés publics sont octroyés aux sociétés étrangères et très souvent dans des conditions nébuleuses et au détriment de la protection de l’intérêt général.
Il vous a fallu user d’une contrainte peu recommandable pour un homme vertueux, loyal voire d'une menace de sévir pour que certains de nos capitaines d’industrie sortent du bois et mettent à votre disposition des montants d’argent beaucoup plus importants. Et pourtant, vous n’avez rien fait pour accompagner le secteur privé national. Certains, par peur, ont cédé, osons lâcher le mot, de votre chantage, une autre forme de racket institutionnalisé dans nos Républiques bananières où le prince peut s’arroger tous les droits même les plus infâmes qui heurtent la morale. Mais, que penser, si cette autorité n’a pas de vertus voire si au contraire, elle préfère les piétiner à loisir que de les mettre en application ? C’est tout notre drame au Sénégal avec Macky Sall. J’ose à peine vous recommander la lecture de l’Apologie de Socrate. Il est un excellent moyen de s'entretenir avec soi-même dans un tête-à-tête lucide et responsable avec sa conscience….
Mais, ce n’est pas tout Macky Sall. Plus on analyse en profondeur et en toute objectivité votre texte, on se rend compte que vous vous accordez une certaine liberté et ce à dessein en vue de manipuler davantage l’opinion sénégalaise voire africaine pour espérer en récolter une adhésion. Une autre manipulation de trop encore Macky Sall. Les situations de crise sanitaire que traversent l'Europe et l'Amérique ne sont pas le résultat d'un manque d'hôpitaux de qualité ni d'un personnel médical pas assez performant, ils se sont vite trouvés débordés par l'arrivée massive de patients en un temps record. .Dans chaque service, en temps normal. Ils n'éprouvent jamais les mêmes difficultés que le Sénégal pour traiter les malades et quelles que soient les pathologies dont ils souffrent. Chez nous, Macky Sall, nos hôpitaux ont du mal à soulager voire traiter nos compatriotes qui souffrent d'insuffisance rénale, de diabète. De cancer et encore beaucoup de maladies plus bénignes. Il faut savoir raison garder Macky Sall. Les situations ne sont pas identiques. Et tant mieux pour nous puisque nous ne connaissons pas les longs cortèges de camions transportant des dépouilles. Il ne faut surfer sur cette vague pour amadouer nos compatriotes. Malgré leur immense moyens, ils subissent durement le choc parce qu’ils n’ont pas pu venir la menace pour prendre leurs dispositions ou à tout le moins qu'ils ont minimisé le danger réel du Coronavirus sur la santé de leurs concitoyens. Et depuis, les autorités ne dorment plus et sont aux avant-postes pour lutter contre la pandémie parce qu'elles sont persuadées, une fois que la pandémie sera derrière elles, de devoir rendre des comptes et de situer la responsabilité des uns et des autres sur les carences voire les limites de l'action des responsables gouvernementaux. Aujourd'hui, elles sont dans le champ de l'action, de l'effort et du soutien de tous les secteurs d'activités. Elles font face à leurs responsabilités même si certaines ont accusé un retard avant de prendre conscience de l'ampleur du désastre. Elles s’épargnent des discours puérils et sont dans le temps de l'action.
Contrairement à vous, même si les économies occidentales sont au centre des places, boursières, elles sont encore ancrées dans le réel avec des entreprises qui tournent et qui trouvent des débouchés et ce même si la concurrence et le libre-échange, des réalités et non des chimères compliquent la tâche pour certains Etats européens. Au demeurant, ils s'appuient sur leurs ressortissants et de leur expertise pour relever les défis de la mondialisation.
Par ailleurs Macky Sall, le nouvel ordre mondial dont vous souhaitez voir le jour après la pandémie et du rôle majeur du continent Africain au rendez-vous de l'Universel, je crains qu'il se fasse toujours derrière le dos de certains peuples africains et de leurs dirigeants qui ne veulent pas encore s'affranchir de la servitude qui empêche, en vérité l'Afrique d'avancer et de prendre son destin en main.
Que croyez-vous Macky Sall, après votre grille de lecture que la situation du Sénégal et de l'Afrique de manière générale va changer ? Non. Macky Sall ! Descendez sur terre et prenez vos responsabilités. Rien ne changera pour nous autres tant que vous nourrissez et entretenez cette relation de dirigeants soumis aux moindres desiderata aux autorités françaises. Pourquoi trainez-vous encore ce complexe d'infériorité que rien ne saurait justifier ?
Votre plaidoirie pour l'annulation de la dette publique africaine est un autre moyen pour couvrir votre gestion désastreuse du pays. Pourtant, lorsqu'il était question de rejoindre les bords de la Seine en compagnie de toute la République pour lever des fonds au club de Paris pour financer votre rêve du Sénégal Emergent, vous louez à l’époque la capacité du pays à jongler avec le plafond de la dette publique. Aujourd'hui que les caisses de l'État sont vides, vous suppliez nos partenaires au développement de nous tendre la perche et de vous sauver de la chute. Je suis contre une annulation pure et simple de la dette publique des pays africains. Certains de mes concitoyens s'en offusqueront et ne vont pas manquer de douter de mon patriotisme. C'est à la fois très simple voire affligeant de dilapider ou de détourner toute honte bue des milliers de milliards de francs CFA et profiter de la pandémie pour demander mieux quémander à nos partenaires au développement de passer l'éponge. Et après ce discours aux contours misérabilistes, il ne faut pas s'étonner Macky Sall que les autres puissent avoir un regard condescendant sur nous autres africains. On peut s'en indigner, mais vous et les hommes de votre acabit leur facilitent grandement la tâche.
Au-delà de ces protestations et autres indignations sélectives, il faut hélas revenir à la morale politique que nous avons le devoir de tirer de l'œuvre d'Albert Camus comme l’a rappelé votre porte-parole, l'ancien journaliste Abdou Latif Coulibaly dans sa contribution intitulée : “ L'inconscient néocolonial mais dont il se garde de tirer les enseignements et les conséquences pour ne pas vous frustrer Et pourtant, c’était net et précis ce qu’il suggérait. C'était lourd de sens et de portée “ Un point, c’est tout “, mais l’intellectuel a préféré suivre la vague des autres thuriféraires zélés pour ne pas perdre ses privilèges que de vous asséner ses “ vérités “ même tronquées.
Et c’est un autre malheur pour le Sénégal et sans doute le plus grand d’assister de manière frénétique au volte-face d’une partie de son élite, qui voit le danger arriver, mais qui refuse de dire au commandant de bord qu’il se dirige droit au mur avec des conséquences incalculables à force de manœuvres dangereuses et maladroites pour le navire.
par Abdourahmane Ba
MÉTHODE POUR UN TEST INTÉGRAL DE LA POPULATION
Personne ne peut prédire avec exactitude la prochaine étape. Plus on est préparé à faire face au plus difficile, mieux c'est pour notre survie
"Comment tester massivement la population de manière efficace et efficiente pour combattre le COVID-19 ?
Il faut s'y préparer maintenant, c'est plus qu'urgent !
Je ne le souhaite pas, mais si on était obligé de tester l'ensemble de la population pour aller vers un confinement effectif des malades du COVID-19 et laisser la population saine circuler, une méthode statistique appelée "Grappes" peut aider à le faire de la manière la plus efficiente et effective.
Peut-être qu'on n’aurait pas les moyens de tester dans les limites de temps raisonnable toute la population du Sénégal (16 millions). Alors, je proposerai l'approche suivante basée sur les méthodes statistiques de sondage systématique à plusieurs niveaux qui permettrait de réduire le temps ainsi que les tests à environs 3 millions de manière globale. Considérons une erreur de plus ou moins 500 milles tests. Ce qui ferait un total maximum pessimiste de 3,5 millions de tests dont on aura besoin au lieu de 16 millions de tests.
1. En priorité, il faut tester de manière exhaustive individuellement tout le corps médical dans tout le pays et le personnel paramédical du ministère de la Santé. Les positifs devront être immédiatement isolés et traités dans des endroits non loin des centres de traitement pour les remobiliser rapidement dès qu'ils seront guéris. Le corps médical mènera lui-même ses propres tests. Aucun autre corps ne devrait être mêlé à cela.
2. Tester sur un deuxième niveau de priorité individuellement toute l'armée, la police, la douane, les corps paramilitaires, l'administration territoriale, et le gouvernement central. Isoler les positifs dans les centres médicaux des camps militaires dans le pays. Ces centres devront être aménagés au plus vite. Le corps médical mobilisera des éléments déjà testés négatifs, les équiper de matériels de protection sûrs pour tester toutes ces catégories de population individuellement dans cette deuxième grappe de priorité.
3. Pour tester la population générale maintenant une fois que les deux premières étapes sont complétées, les éléments de l'armée et la police, ainsi que l'administration territoriale déjà testés négatifs seront mobilisés sur l'ensemble du territoire pour mener les tests et mettre en quarantaine là c'est nécessaire. Ils devront être assistés par un nombre limité du corps médical et paramédical déjà testés négatifs. Là, le test individuel ne sera pas préconisé. Il faut procéder par grappes. Les tests seront menés par concession, building, immeuble. Le confinement total devra être décrété dans cette étape. Au niveau de chaque concession, building, immeuble, le sang de tous les occupants devra être prélevé, mélangé et testé une seule fois. (Il paraît que l'Allemagne a déjà utilisé le modèle de tests par grappes, il faut voir leur expérience). Si c'est négatif, ils seront libres de circuler à la fin des tests dans leur ville, village, région. Si c'est positif, la concession, le building, l'immeuble devra être immédiatement mis en quarantaine et un ou deux militaires postés à la porte. L'hypothèse centrale de contrôle de disponibilité des militaires suffisants pour cela est que le nombre de cas n'est pas encore assez grand.
Dans ces cas de concession, building ou immeuble dont le test par grappe est positif, les personnes âgés ou ayant des antécédents de maladies compliquées comme le diabète, l'asthme et l'hypertension artérielle devront être immédiatement acheminées dans les centres de traitement où nécessairement des zones des testés positifs et des testés négatifs en attente de sortie devront être délimitées. Pour cette approche par grappes, il faudra impérativement donner la priorité aux villes et localités déjà touchées par le COVID-19 et progresser jusqu'à toucher l'ensemble du territoire. Les concessions, building et immeubles testés positifs et en quarantaine devront être re-testés par grappes tous les 15 jours jusqu'au déconfinement intégral.
Il faudrait une très bonne planification et une logistique sans erreurs pour préparer et mettre en œuvre ce plan. Les autorités devront déjà se préparer à ce plan et faire des manœuvres et essais à grande échelle. Il faut toujours se préparer au pire en face des pandémies. Personne ne peut prédire avec exactitude la prochaine étape. Plus on est préparé à faire face au plus difficile, mieux c'est pour notre survie.
Ainsi, toute la population testée négative pourra vaquer à ses préoccupations. Cela aiderait à relancer l'économie au plus vite tout en assurant une bonne maîtrise de la pandémie.
Il faudrait se préparer à ces options stratégiques dès maintenant sans se laisser surprendre par le COVID-19 qui a fini de surprendre même de grands pays développés.
Abdourahmane Ba est Ingénieur Statisticien
LA FSF MET UNE CROIX SUR LES COUPES DU SENEGAL ET DE LA LIGUE
L a Fédération Sénégalaise de Football a décidé d’annuler les Coupes du Sénégal et de la Ligue à cause de la crise sanitaire causée par le Covid 19.
Les coupes du Sénégal et de la Ligue ne se disputeront pas en cette saison 2019-2020. En attendant une suite à donner au championnat de Ligue 1, la Fédération sénégalaise de football a sceller le sort de ces deux compétitions en les annulant à l’issue de la réunion du comité d’urgence tenu hier, jeudi 9 avril. Une mesure qui se justifie, selon Youssou Dial, vice-président de l’instance fédérale par la grande incertitude qui plane sur cette saison et liée par la pandémie du Corona virus
L a Fédération Sénégalaise de Football a décidé d’annuler les Coupes du Sénégal et de la Ligue à cause de la crise sanitaire causée par le Covid 19. La décision a été prise et confirmée hier, jeudi 9 avril, à l’issue de la réunion du comité d’urgence. «On n’est pas prêts de sortir de ce confinement. Il est clair que l’on est en Etat d’urgence. Même si on sort de cet Etat d’urgence dans un mois, il faudrait accorder une semaine voire un mois aux équipes pour qu’ils retrouvent leur niveau. Pour cela, on risque d’arriver et dépasser largement à la fin de la saison. Aujourd’hui, on ne sait pas même pas quand est ce que l’on va reprendre. C’est donc une sage décision d’anticiper sur ce qui va se passer», a déclaré Youssou Dial vice-président de la FSF.
La fédération sénégalaise de football se donne toutefois du temps pour suivre l’évolution de la pandémie afin de prendre une autre décision concernant le championnat local sénégalais et la suite qui lui sera réservée. «On ne peut rien présager dans les semaines et les mois qui viennent. Pour le moment, le championnat est maintenu. Mais que ce soient les responsables du football ou les responsables de clubs, personne ne peut dire quand est-ce qu’on va reprendre. Ce ne sera peut être pas dans un mois ni dans deux mois. Maintenant, organiser trois compétitions et vouloir terminer une saison, cela n’a pas de sens», renseigne le responsable fédéral ajoutant que la majorité des clubs va devoir se conformer à la mesure. «Toute décision est comprise par certains et d’autres ne comprendront pas. Mais la majorité des dirigeants du football comprendra la décision», rassure-t-il. Le tirage au sort des 32e de finale de la Coupe du Sénégal de l’édition 2019/2020 s’était tenu le mardi 10 mars dernier. Quatorze équipes de Ligue1, 14 en Ligue 2, 24 en national 1 et 12 issues des Nationale 2 et régionales étaient en compétition pour décrocher leurs tickets qualificatifs pour les 16èmes de finales.
«LES DIX JOURS A VENIR VONT TRADUIRE L’EVOLUTION DE LA MALADIE»
Un spécialiste de la sante publique donne son avis sur la transmission communautaire de covid-19
« Dans les dix jours à venir, les cas communautaires vont traduire l’évolution de la maladie à coronavirus au Sénégal et des prévisions pourront être faites», renseigne une source officieuse du ministère de la Santé et de l’action sociale. Pour le taux de guérison plus qu’acceptable, le spécialiste en santé publique explique que c’est parce que le Sénégal accueille beaucoup de formes bénignes dans la contamination du coronavirus. Ce qui rend facile la prise en charge. Actif dans la lutte contre cette pandémie, ce spécialiste est aussi revenu sur la mort du 2ème cas au coronavirus dans le pays qui était de la forme simple, selon lui.
L es cas communautaires sont aujourd’hui concentrés dans les zones de Keur Massar, Médina et Ouakam dans la région de Dakar. Selon notre source du ministère de la Santé et de l’action sociale que nous avons approchée hier, jeudi 9 avril, et qui préfère s’exprimer de manière officieuse, les dix jours à venir vont traduire l’évolution de la maladie, à savoir si avec les stratégies mises en place, la courbe va baisser ou connaitre une ascendance. Dans le combat contre les cas communautaires, un focus sera mis, selon le spécialiste de la santé publique, sur les districts Dakar Sud, Dakar Ouest et celui de Keur Massar. Il a en outre renseigné que l’auto-confinement sera effectif pour les premiers jours sur les cas suspects afin de réduire la propagation et par la même occasion stopper la transmission communautaire. Notre source a aussi avancé : « seule la population peut aider à stopper la transmission communautaire en s’impliquant davantage dans les mesures sanitaires édictées par la tutelle mais aussi en restant chez elle s’il n’y a pas urgence à sortir ». Et de faire comprendre que dans les recherches épidémiologistes, quatre pathogènes ont été retrouvés dans le nouveau coronavirus. Ce qui rend complexe la prise en charge qui diffère d’un patient atteint de Covid-19 à un autre. « C’est une nouvelle maladie qui nous vient de 75% des animaux. Mais du fait que la transmission est aérienne, elle rend aussi difficile la gestion des cas mais surtout des cas communautaires, contrairement à Ebola où la transmission se fait par contact direct », a-t-il renseigné.
LA GUERISON EN FLECHE AVEC PLUS DE 49%
Le Sénégal est à plus de 49% de taux de guérison avec deux décès enregistrés. Pour notre source, la plupart des cas dénombrés dans la lutte présente la forme bénigne de la maladie qui peut être guérie en six jours. « C’est comme du rhume, on essaie de renforcer la défense immunitaire de la personne en donnant juste au corps ce qu’il a besoin et avec du repos, cette dernière recouvre la santé », at-il fait comprendre. Et de poursuivre : « cette situation ne doit pas amener la population à baisser la garde concernant les mesures de prévention. Chose qui conduit à l’augmentation des cas communautaires, qu’il faut aujourd’hui impérativement arrêter ». Notre source a aussi fait des révélations sur le 2ème cas de décès au Sénégal qui a touché une femme. Selon notre spécialiste de la santé publique, la dame faisait partie des cas bénins et non graves. Cependant, sa mort a surpris plus d’un car son état de santé était stable. « La femme est morte d’un arrêt cardiaque. Il n’y avait pas du tout de complication et elle ne faisait pas partie des cas graves », a-til renseigné. Et d’attester : « avec la mort de la femme, la maladie démontre une autre facette dans la manifestation. Ce qui doit nous conduire, nous médecins, à envisager la mort au niveau de tout l’échelon du traitement ». Sur les patients guéris, le ministère va passer au suivi des cas pendant une période de 15 jours pour voir si ces derniers ne vont pas redévelopper la maladie.
LES COMORBIDITES, LA GROSSE PLAIE
Le Sénégal est toujours au niveau 1 de la transmission mais au stade élevé, nous fait savoir notre source. Cependant, dans la plupart des décès, ce sont les comorbidités qui en sont à l’origine. Il s’agit du diabète, des personnes sous dialyse ou souffrant de cardiopathies. « Ces cas sont aujourd’hui rares dans l’enregistrement des cas et tant qu’il en est ainsi, le Sénégal peut sortir la tête de l’eau dans la lutte contre cette pandémie ». La tranche d’âge la plus touchée par la maladie demeure de 35 à 45 ans et de 45 à 60 ans. De ce fait, les femmes occupent 53% des cas», a-t-il soutenu. Concernant les femmes enceintes, la blouse blanche a souligné : « elles peuvent être touchées par la maladie mais il y a de fortes chances que le fœtus soit atteint. Il y a un risque de transmission et toutes les dispositions sont prises au Sénégal pour leur prise en charge mais surtout que l’accouchement doit se faire par césarienne tout en respectant les normes et des spécialistes dans le domaine existent dans le pays et y travaillent ».
DAKAR, AU CŒUR DU PERIL COVID-19
On avait cru que Touba deviendrait le foyer endémique des cas positifs au nouveau coronavirus. Mais non, c’est bel et bien Dakar qui recense plus de 50% des contaminations à la maladie au Covid-19.
On avait cru que Touba, pour diverses raisons liées à l’histoire des épidémies au Sénégal, deviendrait le foyer endémique des cas positifs au nouveau coronavirus. Mais non, c’est bel et bien la capitale qui recense, à la date du jeudi 09 avril, plus de 50% des contaminations à la maladie à Covid-19, soit 133 cas dans la seule région de Dakar contre 117 cas relevant du cumul des 13 autres régions du Sénégal. Focus sur les districts sanitaires de la capitale face au nouveau coronavirus à la date d’hier, jeudi 09 avril.
Les quatre districts de Dakar que sont Dakar Ouest, Sud, Nord et Centre, polarisent 1 233 929 habitants, selon les chiffres du ministère de la Santé et de l’action sociale sur son site web officiel. Au cœur de ces quatre districts ont été dénombrés 133 cas du nouveau coronavirus sur 250 cas à l’échelle nationale, à la date du jeudi 09 avril. Ces chiffres font de Dakar le plus grand foyer de contamination de l’épidémie à Covid 19. Pis, avec la montée des cas positifs issus de la transmission communautaire, les autorités craignent le risque d’une catastrophe en gestation.
Le district Dakar Ouest plus impacté avec 61 cas
Pour une population de 251 398 âmes avec une légère dominance de la population féminine (Pop. Femme : 129360 ; Pop. Homme : 122039), Dakar Ouest tient le premier rang sur le podium du classement des districts les plus impactés par le nouveau coronavirus avec un total de 61 cas. Pour rappel, ce district est composé de 06 quartiers dont Mermoz, Sacré-Cœur, Ouakam, Ngor, Yoff et les Almadies. Le poste de santé Philippe Maguilen Senghor est le centre de référence de ce district. Précédemment au cœur de la montée des cas positifs au nouveau coronavirus, Ouakam est passé de 9 à 28 cas en moins de 48 heures. Le maire, Samba Bathily, a d’ailleurs supplié la population de rester à la maison pour une bonne maîtrise de la situation. Même son de cloche au niveau de Mermoz, Sacré cœur, Yoff et Ngor dont la plage est désertée par les populations.
Dakar Sud en 2e position avec 48 cas
Le district Dakar Sud compte, à la date du jeudi 09 avril, 48 cas positifs au nouveau coronavirus, avec une population chiffrée à 203 014 habitants. Médina, l’un de ses quartiers a été le théâtre d’échauffourées entre les forces de l’ordre et des jeunes qui les ont ouvertement défiées, pour non-respect des heures du couvre-feu instauré par l’Etat. Pour le maire de Médina, Bamba Fall : « c’est une épreuve divine qu’il faut accepter de subir avec stoïcisme…Nous appelons la population à rester chez à la maison et surtout à respecter les gestes barrières. Ne cédons pas à la panique ». Les autres quartiers dont Colobane, Fass, et Gueule Tapée ont donné le ton par une opération de désinfection. Ce district tient comme centre de référence l’Institut d’hygiène social, ex-Polyclinique de la Médina.
19 cas de coronavirus dans le district de Dakar Centre
Gorgé d’une grande partie de la population parmi les districts de Dakar, le district Dakar Centre compte 387,325 habitants avec une légère hausse de la population des femmes par rapport à celle des hommes. A la date du jeudi 09 avril, 19 cas de coronavirus ont été dénombrés au total dans ses différents quartiers. Ce district englobe l’arrondissement de Grand Dakar avec les communes de Grand Dakar et Biscuiterie et a pour centre de santé de référence Gaspard Camara.
Le district de Dakar Nord, le plus petit nombre de cas
Le district de Dakar Nord polarise une population de 392 192 habitants. Regroupant l’arrondissement des Parcelles assainies et la Patte d’Oie, c’est l’une des zones classée hautement à risque au vu des conditions de promiscuité et du non-respect des règles d’hygiène dans lesquelles vivent les populations. Berceau de la majorité des conducteurs des cars rapides, si jusqu’à la date du jeudi 09 avril, le plus populeux district de Dakar a enregistré un nombre relativement bas de cas positifs au coronavirus comparativement aux autres districts. Cependant, le risque d’une flambée dans les jours à venir ne peut être occulté. C’est d’ailleurs dans ce sens que le Conseil municipal de la commune de Patte d’Oie a accordé le lundi 30 mars, une enveloppe de 118 millions dans le cadre de la riposte contre le nouveau coronavirus. Le maire de ladite commune, Banda Diop, n’a pas manqué d’appeler les populations au strict respect des règles d’hygiène édictées par l’Etat.
Par ailleurs, le populeux quartier de Grand-Yoff qui a enregistré de cas du nouveau coronavirus, attise de sérieuses inquiétudes pour les autorités car il figure sur la liste des quartiers où la promiscuité, le non-respect des règles d’hygiène, la défiance des autorités entre autres, complexifient la maîtrise de cette épidémie. « Nous avons aussi impliqué les badiénus gokh (marraines de quartier-Ndlr). Nous avons également demandé à tous les Imams de réserver leur prêche exclusivement à la sensibilisation sur la maladie », a renseigné Madiop Diop, dans le cadre de la stratégie adoptée pour endiguer la propagation dans le quartier de Grand Yoff.