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24 septembre 2025
«LE BRT VA GENERER PLUS DE 1 500 EMPLOIS»
Sur l’utilité du projet, le ministre des Transports Oumar Youm parle de deux niveaux : social et environnemental. « Le projet va recruter plus de 1 500 emplois. Et pour cette première phase, il y a 380 emplois dont 300 sont Sénégalais.
Le ministre des transports terrestres a exprimé son satisfécit hier sur les chantiers du bus rapide transit (Brt) au niveau de la commune de wakhinane-nimzaat. «Je suis très satisfait de ce qui a été fait ici mais aussi des dispositions qui ont été prises par l’entreprise avec les instructions données par le chef de l’etat pour le respect des délais de délivrance de ces travaux», a fait savoir le Ministre Omar Youm
«Je suis impressionné par la mobilisation en termes de ressources humaines et matérielles avec ces unités de production que nous venons de visiter au niveau de la base, qui permettent d’accélérer la cadence du projet qui a un peu souffert du rythme de la Covid19. Nous avons constaté une réduction de cadence d’environ 30 à 40% sur l’essentiel des grands projets qui nécessitent une ressource humaine extérieure. C’est dire que Crbc est en train de réussir le pari du respect du délai», déclaré Me Omar Youm.
Le ministres des Infrastructures a aussi salué le degré d’engagement des collectivités territoriales. «L’autre aspect de satisfaction, c’est l’implication des collectivités territoriales, en collaboration avec l’administration territoriale, pour la libération des emprises et la conciliation avec les populations. Mettre les populations au cœur de l’action publique», a-t-il martelé. Sur l’utilité du projet Brt, le ministre des Transports parle de deux niveaux : social et environnemental. « Le projet va recruter plus de 1 500 emplois. Et pour cette première phase, il y a 380 emplois dont 300 sont Sénégalais.
Particulièrement, ces emplois sont domestiqués car ils répondent à une logique de ciblage pour prendre les jeunes sur les communes traversées par le projet. En termes de retombées environnementales, il y a aussi des atouts. Ce projet va cohabiter avec un autre projet de restructuration du réseau urbain qui est très important dans la région de Dakar pour l’amélioration du service de transport», ajoute-t-il. « Je suis ici en présence du Préfet du Département de Guédiawaye, des autorités territoriales et locales, et des entreprises pour mesurer le niveau d’organisation de tous les intervenants dans le cadre de ce très grand projet du Brt qui pose les jalons d’un transport collectif, structuré, moderne et performant», dit-il.
Sur le problème des travaux à ciel ouvert avec l’hivernage qui inquiète les populations du fait de la psychose de nouvelles inondations, le ministre des Transports rassure : « Cette requête a été portée tout de suite par le maire avec beaucoup de pragmatisme. L’Ageroute a pris note. Nous allons mettre en place un comité local pour évaluer les besoins et envisager des solutions durables pour les populations. »
LES PRODUCTEURS DE RIZ DANS LA TOURMENTE
Dans le département de Fatick, la production rizicole a connu une baisse à cause de la salinité des terres.
Dans le département de Fatick, la production rizicole a connu une baisse à cause de la salinité des terres. Les rizières ont presque tari dans l’arrondissement de Fimela où plus d’un tiers des surfaces cultivables sont affectés par le sel. Une situation préoccupante pour les producteurs de riz qui ne savent plus à quel saint se vouer.
L’agriculture fatickoise est fortement menacée aujourd’hui dans le département où la salinité gagne du terrain de jour en jour. La production rizicole a en effet connu une baisse considérable dans tout le département, notamment dans l’arrondissement de Fimela et dans la commune de Diouroup. Plus d’un tiers des terres cultivables sont aujourd’hui affectés par le sel. Une situation particulièrement préoccupante pour les partenaires, autorités administratives, mais aussi et surtout pour les producteurs qui ne savent plus à quel saint se vouer. «Nos rizières ont presque toutes tari», relève Babou Gning qui ajoute que les populations de cette partie de la région de Fatick peinent depuis trois ans à faire une assez bonne production rizicole
. « Si le riz arrive à maturation, il y a toujours l’effet du sel qui fait que cela sèche rapidement.» Conséquence : la production est quasi inexistante. «Par exemple, dans la commune de Djoffior, à Djilas, Fimela, la vallée de Kobongoy jusqu’à Palmarin, la production de riz y est impossible depuis des années», ajoute le représentant du Programme de Résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle du Sahel (P2RS) à Djoffior. Et pourtant, des ouvrages hydro-agricoles sont construits un peu partout dans ces localités. Une situation qui interpelle plus d’un, si l’on se fie aux déclarations des techniciens de l’agriculture dans la zone. «Nous croyons que ce sont les aménagements intérieurs et la gestion des ouvrages qui posent problème», a soutenu Babou Gning qui préconise un apport organique pour récupérer ces terres salées.
La divagation des animaux constitue également un frein à l’atteinte des objectifs pour l’autosuffisance en riz dans le département de Fatick. Selon Ousmane Diédhiou, sous-préfet de l’arrondissement de Fimela, des plaintes sont chaque jour déposées à son niveau pour cause de divagations d’animaux dans les champs d’autrui. Septième région productrice de riz au Sénégal l’année dernière, Fatick est en passe de faire partie des dernières régions à produire du riz dans le pays. Ce, malgré le courage et la détermination des producteurs.
«NOUS AVONS FAIT FAUSSE ROUTE ET BEAUCOUP DEPENSE»
Meissa Babou, économiste, pense que le Sénégal est plutôt victime de la politique financière d’Amadou Ba que de la pandémie de covid-19.
Il ressort de la mission virtuelle tenue par le fonds Monétaire International du 2 au 12 juin 2020 qu’avec la covid-19, le déficit budgétaire du Sénégal est prévu cette année à un taux de 6,1% du pIb. une prévision rendue publique quelques jours après que l’agence de notation Moody’s a placé la notation de notre en revue pour dégradation. Analysant les conséquences de cette situation sur l’économie du Sénégal pour «L’As», l’économiste Meissa Babou estime que le Sénégal a fait fausse route et a beaucoup dépensé sans en tirer les fruits. Mieux, il pense que le Sénégal est plutôt victime de la politique financière d’Amadou Ba que de la pandémie de covid-19.
La pandémie de Covid-19 va sans aucun doute exacerber la santé budgétaire de bon nombre de pays. Pour ce qui est du nôtre, le Fmi vient de le confirmer. Avec la crise sanitaire qui a entraîné une profonde récession économique, le Sénégal va connaître en 2020 un déficit budgétaire prévisionnel de 6,1% du PIB.
A en croire l’économiste Meissa Babou, ce déficit se justifie avec cette pandémie. Mieux, dit-il, le Sénégal a peut-être même des dépenses extra budgétaires de presque 1000 milliards qui n’étaient pas prévues. « Donc, nous sommes allés emprunter en plus de tout ce qui était prévu dans l’ordre de 4% de déficit budgétaire. Et, si vous y ajoutez les nouveaux emprunts pour lutter contre la Covid-19, on se retrouve effectivement dans une situation comme celle-là avec un déficit budgétaire assez élevé », analyse l’économiste.
En outre, renseigne-t-il, ce déficit budgétaire risque même de perturber le bon démarrage du deuxième Programme d’Action Prioritaire de la seconde phase du Plan Sénégal Emergent, prévu entre l’échéance 2019-2023. « Le PAP II, comme beaucoup d’investissements qui étaient prévus pour l’objectif 2020, est à l’eau parce qu’on a retiré plus de 400 milliards dans ce budget dont 200 milliards d’impôts non recouvrés et d’annulation de quelques frais », explique-t-il. Bref, selon Meissa Babou, tous les financements sont aujourd’hui à revoir car Covid-19 oblige. A cet effet, il invite le gouvernement à revoir sa stratégie et à être plutôt dans ce que le Ministre de l’Economie, du Plan et de Coopération, Amadou Hott a appelé un nouveau PSE II. C’est-à-dire, résume-t-il, un PSE qui va tenir en compte désormais de beaucoup de choses par rapport aux leçons reçues de la pandémie.
Et l’économiste pense que le PAP II ne peut pas échapper à cette réorientation stratégique du gouvernement. Sur un autre registre, le déficit budgétaire risque de constituer un frein pour l’adoption de la nouvelle monnaie unique de la zone monétaire ouest africaine. Les Etats doivent remplir au moins quelques critères dont un déficit budgétaire de 3%. Mais selon Meissa Babou, ce sera dommage car beaucoup de pays ne pourront pas respecter les critères de convergence à cause d’un déficit budgétaire, un taux de croissance un peu minimal ou un niveau de dette très élevé parce que tous les pays sont en train de s’endetter. Car, dit-il, nous sommes dans une situation exceptionnelle avec des conditions de redémarrage de l’activité économique très difficiles. Pour lui, la situation actuelle recommande deux choses : soit aller vers la mise en place de la monnaie unique avec ces critères, soit alors repousser l’échéance. A cet effet, indique-t-il, les critères ne doivent pas être un frein. Mais, dit-il, c’est aux Chefs d’Etats de décider.
MOODY’S PLACE LA NOTATION DU SENEGAL SOUS REVUE EN DEGRADATION
Le placement de la notation du Sénégal était prévisible bien avant sa participation à l’initiative de suspension du service de la dette (ISSD). C’est l’avis de l’économiste Meissa Babou. Car, note-t-il, le Sénégal était à quelques points du niveau d’endettement plus élevé de 70%. Mieux, dit-il, récemment, le Sénégal a bénéficié des financements de la part des institutions financières qui avoisinent les 550 milliards. Donc, conclut l’économiste, la coupe était déjà pleine. Et puis, ajoute-t-il, à force de crier pour obtenir l’annulation de la dette, cela a fait peur à beaucoup d’investisseurs qui vont se dire que le Sénégal a des problèmes.
Ensuite, argumente-t-il, les bailleurs comprennent parfaitement que le Sénégal est un pays où quand l’économie ne va pas, la fiscalité aussi va souffrir. « Si, on met tout cela ensemble avec un taux de croissance prévu seulement de 1,1%, cela signifie que ce pays n’aura plus moyen, d’ici quelques années plus tard, de faire face à ses engagements », estime Meissa Babou.
Par ailleurs, commente-t-il, si un Etat craint ses notations, c’est parce que d’abord, cet Etat n’a plus de caution sur le marché. Ensuite, poursuit-il, les créanciers privés vont prêter au pays à des taux élevés. Parce que, dit-il, ce pays devient un pays à risque et c’est très mauvais pour un Etat d’être très mal vu par les bailleurs de fonds. « Je pense qu’on ne doit pas seulement imputer la situation à la Covid-19 car bien avant, nous étions dans une situation difficile. La preuve par la dette intérieure qu’on ne peut pas payer et toutes les autres difficultés de trésorerie qui continuent à être dénoncées. Je crois que tout cela est imputable à la mauvaise politique financière engagée par Amadou Ba depuis plus de 7 ans », martèle-t-il.
Avec cette posture, prévient-il, le Sénégal va perdre dans le marchandage parce que nous avons perdu la crédibilité et la confiance des bailleurs. Et dans ce cas, dit-il, les taux d’intérêt vont flamber. Pire, ajoute il, nous risquons de nous retrouver avec des fonds que l’on appelle des fonds vautours qui vont creuser davantage notre déficit. « Je pense que nous avons fait fausse route et que nous avons beaucoup dépensé. Aujourd’hui, si on fait le diagnostic, les Sénégalais ne peuvent pas dire par où est passé cet emprunt colossal de plus de 9 000 milliards sans compter les budgets qui sont votés tous les ans et aussi notre fiscalité qui pèse plus de 2500 à 3000 milliards par année », estime Meissa Babou. Avant d’indiquer que le Sénégal a un problème d’utilisation rationnelle des ressources. C’est pourquoi, conclut-il, non seulement le gouvernement peine à survivre, mais aussi les citoyens sont en train de payer les pots cassés avec des denrées dont les prix ne cessent de flamber.
UNE ÉMISSION DE LIKA SIDIBÉ
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UNE CHAOTIQUE GESTION DU COVID-19
EXCLUSIF SENEPLUS : Une communication basée sur la culpabilisation au détriment de la responsabilisation - Manque de lisibilité des données rendues publiques - Nécessité d'un traçage basé sur le système communautaire - AU FOND DES CHOSES AVEC BATHIO DIENG
Le Dr Bathio Dieng, épidémiologiste, recommande de tester massivement dans les zones clusters et de procéder à un traçage rigoureux basé sur le système communautaire. De l’avis de l’experte en santé publique, diplômée de la faculté de Médecine de l’université de Sydney en Australie, la gestion globale de la Covid-19 au Sénégal est chaotique.
A son avis, tout a été surtout faussé dès le départ par une communication qui culpabilise en lieu et place d’une communication qui devait conduire à la responsabilisation des populations.
Le Dr Bathio Dieng est l’invité de Lika Sidibé dans l’émission Au fond des choses.
74 NOUVELLES CONTAMINATIONS ET SIX NOUVEAUX DÉCÈS
Le ministère de la Santé a fait état mardi de 74 nouvelles contaminations au nouveau coronavirus, pour un total de 5.247 cas depuis l’apparition de la pandémie dans le pays le 2 mars.
Dakar, 16 juin (APS) - Le ministère de la Santé a fait état mardi de 74 nouvelles contaminations au nouveau coronavirus, pour un total de 5.247 cas depuis l’apparition de la pandémie dans le pays le 2 mars.
Sur 999 tests réalisés au cours des 24 heures heures, "74 sont revenus positifs, dont 64 cas contacts suivis et 10 cas issus de la transmission communautaire’’, a indiqué le directeur de cabinet du ministre de la Santé, docteur Alyose Waly Diouf.
Les cas issus de la transmission communautaire proviennent de Point E (2), Grand Yoff (1), Yeumbeul(1), Rufisque (1), Diourbel (1), Touba (4), a indiqué le Dr. Diouf en donnant le bilan de la pandémie.
Il a signalé que 101 patients sont sortis de l’hôpital, ce qui porte à 3.525 le nombre de personnes ayant guéri depuis l’apparition de la pandémie le 2 mars. Mais, 22 autres patients sont toujours en réanimation, a-t-il souligné.
Un record de décès a été enregistré dans les hôpitaux, avec six patients qui ont succombé à la maladie au cours des 24 dernières heures. Au total, 70 personnes ont perdu la vie depuis que la maladie s’est déclarée dans le pays.
A la date d’aujourd’hui, le Sénégal comptabilise 5.247 cas dont 3.525 guéris. Les 1.651 autres patients sont encore sous traitement dans les différentes structures de prise en charge.
TROIS PROPRIETAIRES TERRIENS EN GARDE A VUE
Le feu couve dans la commune de Niaguis, plus précisément à Kantène, Mandina Mankagne, Boucotte Mankagne, Baraf et Djibauna, des villages frontaliers à la Guinée Bissau
Trois membres du Comité de veille et d’alerte mis en place par les populations des villages impactés par le lotissement n°14746 du 18 août 2017, sont en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Boudody, centre-ville de Ziguinchor, et devraient être présentés au procureur, ce jour. Ces derniers sont accusés par la municipalité de Niaguis d’avoir détruit des bornes dudit lotissement. Sur les raisons de la brouille, les populations accusent la municipalité d’avoir modifié la clé de répartition des lots et gonflé les superficies dans le document présenté au gouverneur, dans le but de justifier les dépassements, alors que sur le plan réel, c’est tout autre. La mairie joint au téléphone a préféré ne pas entrer dans le fond du dossier car ce dernier est entre les mains de la justice.
Le feu couve dans la commune de Niaguis, plus précisément à Kantène, Mandina Mankagne, Boucotte Mankagne, Baraf et Djibauna, des villages frontaliers à la Guinée Bissau. Pour cause, le litige foncier qui oppose les autochtones à la municipalité a pris une tournure inquiétante. Trois membres du Comité de veille et d’alerte mis en place par les populations des villages impactés par le lotissement n°14746 du 18 août 2017, sont ainsi en garde à vue dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Boudody, centre-ville de Ziguinchor, depuis vendredi dernier. Il s’agit de Benoit Diatta, Idrissa Sané et Abdou Diémé, tous membres actifs de ce dit comité créé par les populations de ces villages cités ci-dessus pour défendre les intérêts des autochtones.
Sur les raisons de leur arrestation, il nous revient que ces derniers sont accusés par la mairie de Niaguis d’avoir détruit les bornes érigées dans le cadre du lotissement des villages. A l’origine de la brouille entre la municipalité de Niaguis et certaines populations impactées par ledit lotissement, la clé de répartition des lots imposée par la municipalité, contrairement à ce qui avait été retenu dans le protocole. De l’avis des membres de ce comité, il avait été convenu de céder à la mairie 40% des lots et 60% aux propriétaires des terres. Une répartition acceptée bien qu’étant en deçà de la norme nationale, à savoir 30% pour la municipalité et 70% pour les populations, parce que c’est la mairie qui se charge du financement du lotissement. Le comble, se désolent les membres dudit comité, la municipalité est revenue pour imposer une autre clé de répartition, en prélevant d’abord 50% de l’espace pour les infrastructures sociaux et la voirie, puis en procédant à la distribution des lots, selon le quota fixé tout au début. Une clé d’attribution des lots que les populations de ces 5 villages ont rejetée catégoriquement en bloquant la distribution des lots, non sans s’en ouvrir au gouverneur de Ziguinchor.
Pour justifier le dépassement de 30 à 50% prélevés pour les infrastructures sociales de base, devant le gouverneur et les représentants des différentes parties prenantes, révèlent toujours les membres dudit comité, les agents de la municipalité et l’entreprise en charge du lotissement, à savoir Toit du Sud, auraient «gonflé» les superficies dans le document distribué au niveau de la gouvernance, le 31 juillet 2019. A titre d’exemple, ils indiquent que dans ledit document, au niveau de l’école élémentaire 1, il est mentionné une superficie de 24.086 m², alors que sur le plan de masse réel qui leur a été refusé, mais distribué aux délégués de quartier, ladite école 1 dispose de 14.790 m². Pour la deuxième école élémentaire, ils diront que dans le document distribué à la gouvernance, il est indiqué que la superficie fait 40.000 m², alors que sur le plan, ce n’est en réalité que 12.696 m². Malgré le refus des propriétaires terriens, expliquent toujours les populations impactées, les autorités municipales ont procédé à une distribution en sourdine.
Pis, des lots seraient en train d’être vendus nuitamment ou même très tôt le matin, avant même la fin du lotissement. Ce qui avait poussé les membres du comité à installer un comité de veille au niveau des lotissements pour surveiller les lots qui sont visités à leur insu. Lassés par l’inaction des autorités et la poursuite des actes de la mairie, les membres du comité ont décidé de passer à la vitesse supérieure en détruisant des bornes.
WANDIFA CISSE, PREMIER ADJOINT AU MAIRE DE NIAGUIS : «Tous ceux qui sont arrêtés ne sont pas de Niaguis, ce sont des acquéreurs»
Joint au téléphone, le Premier adjoint au maire de la commune de Niaguis, Wandifa Cissé, reconnait être l’auteur de la plainte qui a conduit à la garde à vue de 3 membres du comité de veille et d’alerte. Il accuse en fait ces derniers d’avoir «de manière délibérée, arraché les bornes du lotissement. Ils ont encore projeté une autre journée pour aller faire la même chose. Si on n’intervient pas, ils vont tous détériorer. C’est pour cela que nous avons saisi la justice pour qu’ils s’expliquent». Tout en refusant de se prononcer sur le fond du dossier, sous le prétexte que l’affaire est pendante devant la justice, il a tout de même laissé entendre que la bande à Idrissa Sané, Abdou Dièmé, Benoit Diatta, etc, tous en garde à vue, ne sont pas des autochtones de Niaguis. Selon lui, «tous ceux qui sont en train de s’agiter présentement, en réalité, ce ne sont pas des propriétaires terriens. C’est des acquéreurs. Le protocole a été très clair sur ça. Ce protocole, nous l’avons fait avec les populations résidentes. Tous ceux qui sont interpellés aujourd’hui ne sont pas des populations résidentes. Ce sont des gens qui viennent d’ailleurs, principalement des communes d’Oussouye et Ziguinchor. Ce ne sont pas des habitants de la commune de Niaguis». Il s’est ainsi offusqué que des gens qui ne sont pas de la localité s’opposent à un projet de développement de Niaguis. Qui plus est, martèle-t-il, «ce lotissement, c’est une préoccupation des populations à laquelle nous avons tenté de répondre. Il y a un protocole qui a été signé et nous sommes en train de le suivre». Le Premier adjoint au maire, Wandifa Cissé, dira tout de même que la mairie n’a jamais fermé ses portes et est ouverte au dialogue, si bien évidemment les récalcitrants revenaient à la raison. Cela, tout en prévenant que le Sénégal est un pays de droit.
L’ERECTION D’UN AGROPOLE AU CENTRE DE LA POLEMIQUE
La forêt de Balabougou est déclassée sur une superficie de 1160 hectares par décret n°2020-469 du 13 février 2020 pour le compte de l’Entente intercommunale de Malicounda, Nguéniène et Sandiara dans le but de l’érection d’un agropole.
Plus l’ombre d’un doute, la forêt de Balabougou est déclassée sur une superficie de 1160 hectares par décret n°2020-469 du 13 février 2020 pour le compte de l’Entente intercommunale de Malicounda, Nguéniène et Sandiara dans le but de l’érection d’un agropole.
Le processus a été portant décrié depuis plus d’un an par les acteurs du secteur primaire pour qui l’érection de l’agropole serait une menace sur le plus grand foyer de transhumance du centre-ouest du Sénégal. Sur fond de boulimie foncière accompagnant une volonté de moderniser les terroirs qui menace les exploitations familiales. Reste maintenant à se demander si la modernisation de l’agriculture et de l’élevage voulue par la loi d’orientation agro-sylvopastorale doit être au-devant des préoccupations des acteurs avec l’érection des unités modernes de production comprises dans l’agropole.
Des troupeaux de milliers de têtes de bétail des régions de Diourbel et de Louga convergent en temps ordinaires vers la forêt de Balabougou pour y résider une bonne partie de la saison. Des réserves de fourrage et des cours d’eau intermittents permettent en effet aux éleveurs de rester dans ce terroir. Le cadre proposé à une modernisation de sa gestion va connaître de profondes mutations.
Dans l’attente de la livraison au public de l’étude d’impact environnemental et social sur l’érection du projet d’agropole de l’Entente intercommunale Malicounda, Nguéniène et Sandiara, les premières réactions des exploitants de ce terroir sont clairs et fermes/ Un niet catégorique est opposé par nombre de réactions recueillies à propos de l’orientation souhaitée sur un espace de plus d’un millier d’hectares essentiellement occupé par des éleveurs et des producteurs de gros mil sorgho.
Malgré ainsi de multiples tentatives de persuasion à l’adhésion du projet d’agropole, les exploitants agropastoraux sont restés de marbre. Le rejet systématique pour eux reste la seule alternative ou constante. Déjà, dix mois auparavant, rassemblés sur le site de la forêt de Balabougou, les éleveurs et les agriculteurs ont eu à dire à qui veut l’entendre, un engagement ferme d’y faire une grève de la faim jusqu’à la mort ou à la satisfaction de leur doléance.
Bouré Diouf, leur porte-parole avait fait la genèse du projet d’agropole. Selon lui, des représentants des communes de Malicounda et de Nguéniène réunis à Thiès ont été informés du besoin du déclassement de la forêt de Balabougou, suite à une demande introduite par le maire de Nguéniène et ministre conseiller du président de la République, le docteur Serigne Guèye Diop. Depuis, cette rencontre, les éleveurs et agriculteurs de la zone sont formels et excluent toute possibilité de mise en place de cette initiative les privant de leurs activités.
La mise en place d’un comité de veille de 20 personnes avait été retenue à la suite d’un rassemblement par les éleveurs des communes citées plus haut. Lors de cette rencontre, Saliou Ba de Nianing attirait l’attention sur l’importance de la forêt de Balabougou qui polarise des dizaines de villages des communes de Nguéniène, Malicounda, Sandiara, et Séssène et reçoit des troupeaux transhumants de l’ouest du pays.
UN PROJET SANS CONSENSUS COMMUNAUTAIRE
Le manque de préparation de l’opinion est venu compliquer la gestion de l’agropole car, dans la commune de Malicounda, des centaines de signatures récoltées disent non au déclassement de la forêt de Balabougou. Même si certains louent le bien-fondé de l’agropole, ils en appellent à une longue préparation de l’opinion. Un plan de gestion de l’environnement ne doit pas pour eux transformer les anciens exploitants en ouvriers agricoles.
Aliou Diallo, un parmi ces derniers, trouve normale la volonté du maire de Sandiara d’embrigader les deux autres maires de Nguéniène et de Malicounda. La commune de Nguéniène enregistre aussi les contestations d’une famille d’éleveurs à propos d’une délibération portant sur une centaine d’hectares voulue par des jeunes pour l’érection d’un projet horticole devant leur permettre de combattre la pauvreté, l’émigration clandestine et le manque d’emploi. Quant à Amadou Ka, le secrétaire général de la Maison des éleveurs du département de Mbour, il avait fait le point des démarches menées auprès des autorités communales et préfectorales pour l’annulation de ce projet. Un éleveur interrogé, déplore, la disparition des exploitations familiales avec l’agropole .
A l’en croire, les fils de pasteurs et d’agriculteurs ne sont pas encore assez préparés à vivre une nouvelle expérience car privés de formation d’une part et d’autre part de moyens leur permettant de vivre les mutations. D’ailleurs, en ce sens, il a fait remarquer que le lycée technique de Sandiara devant donner les futurs cadres moyens et employés de la ‘’Silicon valley’’ du Sénégal tarde à recevoir ses premiers pensionnaires. Les travaux démarrés en grande pompe traînent les pieds.
Des interrogations fusent de même sur l’avenir du foncier rural par rapport à la mise en œuvre de la loi d’orientation agro sylvopastorale visant la modernisation de l’agriculture, une mise en sursis des exploitations désormais exposées à la précarité avec la perte des terres. Amadou Ka avait déploré de même la présence des sociétés agricoles dans la périphérie de Balabougou se consacrant à faire l’exploitation de pastèques et de melons vendant leurs produits au niveau local.
«LE VIRUS FERA PLUS DE MAL A L’ECONOMIE QU’A LA SANTE»
Thierno Thioune, maitre de conférences titulaire en économie à l’Ucad et non moins directeur des études du centre de recherche et de formation pour le développement économique et social (Crefdes) est formel
Le maitre de conférences titulaire en économie à l’Ucad et non moins directeur des études du centre de recherche et de formation pour le développement économique et social (Crefdes) est formel. La covid-19 fera plus mal à l’économie qu’à la santé. Dans cette interview accordée à Sud Quotidien Thierno Thioune, invite ainsi les décideurs politiques à repenser le modèle économique de développement basée sur le développement d’une industrie nationale; la création d’entreprises publiques, la planification et l’intégration économique régionale.
A la lecture des rapports d’institutions internationales notamment la Banque Mondiale, l’OCDE ou la BAD, de mauvaises perspectives planent en 2020 en Afrique avec la Covid19. Comment le continent africain pourrait-il se relancer?
Penser à surmonter de manière rapide la crise de Covid19 serait un acte de foi pour l’Afrique malgré qu’elle soit pour le moment le continent le moins touché grâce vraisemblablement à l’atout de la jeunesse de sa population dont 60 % ont moins de 25 ans. Les perspectives mondiales sont très incertaines. Vous l’avez dit, la Banque Mondiale dresse un tableau sombre des perspectives en 2010 pour l’Afrique. Dans un de ses récents rapports, elle a montré clairement que la crise de la Covid-19 risque de provoquer une crise alimentaire en Afrique. Elle estime que la contraction de la production agricole risquerait d’atteindre entre 2,6 % dans le scénario optimiste et jusqu’à 7 % en cas de blocages commerciaux du fait que les pays se sont repliés sur eux en fermant leur frontière provoquant un fort recul des importations de denrées alimentaires de 13 à 25 % L’Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) est formelle, le virus du Coronavirus (Covid19), même mondial, rencontre des réalités locales qui ne sont que propres à l’Afrique de l’Ouest. Par exemple, comment en Afrique de l’Ouest on pourrait se protéger contre la Covid19 si on a un accès limité aux installations de base pour le lavage des mains? Dans une telle région où la plupart des populations habitent une agglomération urbaine très dense, que faire pour respecter la distanciation sociale? Que se passe-t-il quand confinement rime avec perte des revenus et des moyens de subsistance? Pour sa part, la Banque africaine de développement (Bad) en mettant en place le projet d’appui en faveur des pays membres du G5 Sahel pour la lutte contre la Pandémie à Coronavirus (Covid-19) anticipe sur les difficultés de ces pays en pareil contexte de pourvoir faire face à la fois à l’enjeu sécuritaire et épidémique.
Comment l’Afrique doit juguler sous industrialisation et politiques économiques viables pour des économies plus résilientes?
Dès lors, une quelconque relance se fera ou ne se fera pas sans véritablement penser à l’industrialisation (entendez par là industrialisation agricole, industrialisation médicale…) du continent. Aujourd’hui, le PIB industriel demeure très faible dans toute l’Afrique. C’est un réel indicateur de la sous-industrialisation du continent qui ne laisse apparaitre qu’une classe moyenne africaine encore faible comptant 150 millions d’individus en 2018, un chiffre qui devrait bondir à 210 millions d’ici à fin 2020 et 490 millions en 2040 sur une population estimée à 2 milliards d’individus à l’horizon 2050. A côté de la plupart des systèmes sanitaires des pays du continent demeurant vulnérables et fragiles, tout cela laisse à croire que beaucoup de facteurs seraient susceptibles de contrarier les mesures d’endiguement et d’atténuation mises en place, pour une relance ou une reprise économique envisageable. Au Sénégal par exemple est notée une densité de médecins de 0,7 pour 10 000 habitants et plus d’un tiers des habitants de l’Afrique de l’Ouest n’ont pas d’installation pour se laver les mains chez eux, il ne serait pas ubuesque de penser que la tâche reste titanesque dès lors qu’il s’agira de juguler à la fois les réponses budgétaires intégrant les interventions de protection sociale nécessaire destinées aux ménages et au secteur informel d’une part et d’autre part bâtir et redynamiser à la fois un système sanitaire viable concomitamment à la capacité à mobiliser les ressources nécessaires au financement des programmes de relance seul gage à semer les graines pour une relance et pour rendre nos économies plus résilientes.
Le continent africain peut-il compter sur la clémence des bailleurs pour une annulation de la dette et au pire des cas un report des échéances du service de la dette ?
Très probablement, on pourrait répondre par l’affirmative au regard des différentes initiatives notées depuis l’apparition de la covid-19. On se rappelle encore de l’appel du Président de la République Macky Sall pour l’annulation de la dette publique africaine qui avait suscité un écho favorable avec l’invite du Pape François pour une réduction ou annulation de la dette qui pèse sur les budgets des pays les plus pauvres. Par la suite le Sénégal a participé à l’Initiative de suspension du service de la dette (Issd) qui s’est matérialisée par la suspension du paiement du principal et des intérêts dus à l’ensemble des créanciers du secteur bilatéral officiel jusqu’au 31 décembre 2020 pour un montant de 90,57 milliards de francs CFA (137 millions d’euros), soit 13,51% du service de la dette extérieure dû en 2020. Au fond, c’est véritablement un mixte de décisions (une dose d’allégement, une dose d’annulation et une dose d’accompagnement de financement concessionnel des institutions financières) qu’il faudrait concevoir.
Beaucoup de pays ont manifesté leur participation à l’Issd, mais y a-t-il des initiatives régionales pour la relance économique?
Le processus est enclenché. Déjà les institutions financières africaines proposent des réponses assez ambitieuses. La BAD met en place une obligation sociale «Combattre l Covid-19» de 3 milliards USD et une facilité de réponse à la Covid-19 de 10 milliards USD. La BCEAO appuie (même si elle peut être jugée de timorée) les établissements de crédits et des entreprises pour les aider à faire face à l’épidémie. La BOAD accorde 120 milliards FCFA de prêts concessionnels pour financer des mesures d’urgence dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire. Suite à la proposition faite au G20 d’accorder un financement d’urgence de 150 milliards USD au continent, les ministres africains des Finances ont coordonné un appel à une relance économique immédiate à hauteur de 100 milliards USD. Le Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé un allégement immédiat de la dette de 25 pays pauvres au cours des 6 prochains mois. Parmi ces pays, 11 se trouvent en Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Sierra Leone, Tchad et Togo. C’est dire que même si Cesar Calderon, économiste principal à la Banque mondiale, estime que « les mesures immédiates sont importantes, mais seul un allégement de dette permettra d’injecter les ressources indispensables pour lutter contre la pandémie et préserver la stabilité macroéconomique de la région », pour ma part il est vital, et j’en suis convaincu, pour le financement des projets ambitieux de développement d’aller plus loin, c’est à dire, penser à une annulation pure et simple ne serait-ce qu’une partie d’une certaine dette dite multilatérale et/ou bilatérale.
De manière générale la mise en place de la zone de libre-échange est-elle une opportunité pour la CEDEAO, l’UEMOA et le Sénégal en particulier ?
Elle peut l’être. En réalité pour faire de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) un pari gagnant-gagnant pour tous les pays de la CEDEAO, de L’UEMOA et pour le Sénégal, certains préalables assez importants s’imposent. Ils passent notamment au renforcement des capacités productives, à l’amélioration des infrastructures liées au commerce, à l’accessibilité au financement du commerce pour une facilitation des échanges. Véritablement, la mise en œuvre de la Zlecaf offre une opportunité de diversification économique par le biais de la création de chaînes de valeur régionale intégrées, ainsi que du démantèlement des barrières tarifaires et non tarifaires. De ce point de vue, c’est sans nul doute que la Zlecaf constitue une véritable opportunité au sens que les secteurs d’activités (l’agriculture, l’élevage, les industries alimentaires, les industries extractives, chimiques, de tabac...) mais également le pouvoir d’achat des ménages connaitront une amélioration notoire. C’est dire que la Zlecaf est aujourd’hui plus pertinente que jamais. Elle a le potentiel de stimuler le commerce intra-africain, de promouvoir une intégration régionale plus forte et, à terme, des économies plus résilientes face à une récession mondiale. Dans cette perspective de l’après Covid19, la Zlecaf pourrait servir d’amortisseur efficace à la crise selon Mayaki ; cette pandémie serait alors l’occasion d’accélérer encore l’intégration à travers le continent.
Il n’y a-t-il pas urgence de rebâtir notre modèle économique, bâti sur l’industrialisation, le numérique, l’éducation?
Ce virus fera plus de mal à l’économie qu’à la santé. Je suis formel. L’ADN (Acide désoxyribonucléique) de l’économie des pays africains c’est l’informel. En Afrique de l’Ouest, l’informalité est une réalité au vu de son poids. Ce sont pour la plupart des économies qui se caractérisent par un sous-emploi, l’insuffisance de la demande effective. De ce point de vue, toutes mesures de confinement (partiel, mobil, total…) se transforment très rapidement en confinement des revenus et un tarissement des ressources. En réalité, elles sont victimes de cercle vicieux de la pauvreté (Nurske) ou sont en situation d’équilibre de la pauvreté (Galbraith) qui fait qu’il est vital alors de mettre l’économie informelle au cœur des politiques publiques à l’échelle continentale.
Comment s’en sortir de cette situation qui perdure?
Pour pallier à tout cela, il urge de repenser un modèle économique de développement fondé sur des stratégies de développement que nous recommandons sur trois points; des stratégies de développement à partir de trois (3) politiques d’industrialisation dite par promotion des exportations soit par substitution d’importation accompagnée d’un certain protectionnisme dans les secteurs concernés soit par substitution d’exportation basée sur le développement d’une industrie nationale; la création d’entreprises publiques, la planification et l’intégration économique régionale, notamment sur le plan industriel pour remédier au problème de l’étroitesse du marché; l’augmentation du degré d’industrialisation de l’agriculture ; un véritable programme de développement agricole afin de remédier à la priorité accordée à l’industrie (lourde) considérée comme activité novatrice et moteur de développement au détriment de l’agriculture considérée comme dynamique passant par l’accroissement de la productivité, les réformes agraires, le développement rural…. Somme toute, le grand exercice à réussir et sur lequel est attendu les grands leaders de ce continent subsiste dans le choix d’un développement autocentré ou d’un développement extraverti dès lors que nous savons qu’il s’agit aujourd’hui d’une désarticulation de nos économies et que nous savons également que la croissance du secteur moderne ne se propage pas au secteur traditionnel.
LA DECENTRALISATION INTEGRALE MISE A L’EPREUVE
De l’avis d’un expert en décentralisation, cette disposition remet au goût du jour la question d’une décentralisation qui n’est pas totale et complète.
Le décret pris par le chef de l’Etat, mercredi dernier, en Conseil des ministres, conférant aux préfets et sous-préfets la prérogative d’accorder le permis de construire, si les maires refusaient de satisfaire aux demandes, respecte le Code général des collectivités territoriales. Le seul bémol, selon un expert en décentralisation, cette possibilité pour les préfets de se saisir des libertés accordées aux maires remet au goût du jour la question de la décentralisation supposée pourtant intégrale.
Fortement affirmée par la loi et dans les discours officiels des autorités du pays, la décentralisation intégrale rencontre beaucoup de difficultés. Les textes sont en général très ambitieux mais la réalité est plus complexe. D’autant que le pouvoir central a transféré certaines de ses prérogatives aux collectivités locales, mais il semble vouloir garder la mainmise sur ces dernières. Sinon, comment comprendre ce nouveau décret pris par le chef de l’Etat, Macky Sall, mercredi dernier, en Conseil des ministres, accordant aux préfets et sous-préfets la possibilité d’autoriser la construction, si les maires n’étaient pas dans les dispositions de satisfaire aux demandes ?
En effet, de l’avis d’un expert en décentralisation, cette disposition remet au goût du jour la question d’une décentralisation qui n’est pas totale et complète. Comme explication, il dira que dans le Code général des collectivités territoriales, sur l’ensemble des libertés qui sont permises aux maires, il y a la possibilité si les maires n’arrivent pas à satisfaire les demandes, que les préfets s’en saisissent, puis approuvent. Ce qui veut dire que si le maire refuse d’exécuter une disposition voulue par l’Etat, le préfet qui est le représentant de l’Etat peut bien s’arroger le droit de l’exécuter.
Donnant l’exemple du budget, il explique qu’il y a le principe de l’annuité, qui doit obéir à des principes. Le Code donne ainsi la possibilité aux préfets de se saisir du budget et de l’approuver sans délibération pour qu’il puisse être exécuté et que les affaires ne soient pas compromises. Ce qui veut dire que le nouveau décret pris par le président Macky Sall, relativement à la prérogative désormais accordée aux autorités préfectorales de signer des autorisations de construire, ne viole pas les dispositions du Code générale des collectivités territoriales.
En réalité, le permis de construire fait partie des compétences qui ont été transférées aux maires dans le Code voté en 2013. Car, c’étaient les Domaines et les préfets qui accordaient le permis de construire. Pour autant, même si le législateur a prévu des dispositions pour ne pas bloquer le fonctionnement des institutions, il n’en demeure pas moins qu’il a été ouvert une voie aux maires. S’ils se sentent lésés, s’ils estiment qu’on a pris le pouvoir sur eux injustement, pour des raisons qui ne se justifiaient pas, ils peuvent saisir la Cour suprême, notamment la Chambre administrative de la Cour suprême pour constater l’abus d’autorité.
Toutefois, l’expert en décentralisation trouve que cette possibilité de faire recours aux préfets chaque fois que de besoin pour ne pas bloquer les choses, est compréhensible. Citant la France, il dira qu’on ne laisse pas aux maires la possibilité de faire ce qu’ils veulent. Il propose, tout de même que l’Etat, dans une démarche plus formelle et réglementaire, saisisse le Conseil d’Etat, même s’il admet qu’il peut bien y avoir des urgences où l’Etat ne peut pas saisir la Cour suprême pour dénoncer l’attitude d’un maire.
MISE AU POINT
Le Ministre des Finances et du Budget nie avoir reçu un terrain d'une contenance de 5000 mètres carrés
Nous prenons bonne note de ce que vous avez cité en objet comme une « mise au point « et qui est devenu dans le corps du texte « un démenti ». Nous vous en donnons acte bien que la différence ne soit pas que sémantique. Cependant, rassurez-vous, nous avons procédé aux vérifications d’usage et sommes sidérés par la distribution de quotas de parcelles revenant à des responsables de votre département et à certains membres de directions sur chaque lotissement effectué par le service des domaines. La vôtre a-t-elle été faite "à l'insu de votre plein gré " ?
En tout état de cause, nous vous exhortons à pousser votre souci de transparence jusqu’à faire publier la liste des bénéficiaires de ces quotas, en vertu des principes de redevabilité et de gestion intègre et équitable du domaine public.
Revisitez l'attribution de 5000 m2 par le receveur des domaines de Guediawaye et le responsable des domaines au début de cette année 2020. Le nom de l'attributaire pourrait réserver bien des surprises quant aux accointances avec la hiérarchie du ministère. On ne prête qu'aux riches (et aux puissants) n'est-ce pas ! A bientôt, dans ces colonnes.
LA REDACTION