Selon Jean-Paul Dias, le président de la République tentera de briguer un troisième mandat. Le leader du Bcg, «théoriquement» encore membre de la mouvance présidentielle, a défendu le maire de Mermoz-Sacré Cœur sur le dossier du littoral.
C’est une déclaration qui risque de créer une nouvelle polémique sur une éventuelle candidature du Président Macky Sall à la Présidentielle de 2024. Hier, devant le Grand jury de la Rfm, le leader du Bloc des centristes gaindé (Bcg) a prêté des intentions au président de la République sur sa propre succession. «Il a l’intention de se présenter et il tentera de se présenter. Il n’aura pas de difficultés au niveau du Conseil constitutionnel. Le reste, il n’a pas de considérations particulières sur ce que peuvent penser les Sénégalais au plan moral avec tout ce qu’il a dit. Il tentera, sauf si intervient quelque chose d’extraordinaire qui l’empêche d’y aller», a insisté M. Dias. Il demande d’ailleurs aux Apéristes d’avoir le «courage» de dire qu’ils ne sont pas d’accord et que «ceux qui ont l’ambition de se présenter de dire carrément qu’ils sont prêts à se présenter».
«Des gens du pouvoir cherchent des poux dans la tête chauve de Barth»
Relativement à la polémique sur le bradage du littoral, Dias-père a pris fait et cause pour son fils, qui est par ailleurs le maire de Mermoz-Sacré Cœur. Il dit : «La polémique ne date pas d’aujourd’hui. Elle a pris aujourd’hui un autre aspect, un aspect plus politique provoqué par des gens du pouvoir ou affiliés au pouvoir qui, voyant que Barthélémy Dias, notre maire, a réussi à traverser la période du Coronavirus avec succès, avec beaucoup de popularité, se sont dit : «Malgré sa tête chauve, il faut lui chercher des poux dans la tête et ils ont inventé cette affaire.».» En outre, Jean-Paul Dias a répondu au ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, Abdou Karim Fofana, selon qui le régime actuel n’a attribué aucun terrain sur ce périmètre de la capitale. «L’Etat c’est une continuité. Donc, dans ce dossier, la responsabilité de l’ancien régime, tout comme l’actuel, est engagée. Les textes disent que lorsque vous êtes attributaires d’un terrain, vous avez deux ans pour construire ; si au bout de deux ans, vous ne construisez pas, on doit vous retirer le terrain. Ils ne font pas ça», a-t-il expliqué. D’ailleurs, pour une meilleure gestion du foncier, il suggère l’intégration des maires dans les comités d’attribution des terres mais aussi qu’ils y siègent.
«On dirait que (les responsables) de Macky 2012 sont anesthésiés»
Jean-Paul Dias a également donné son point de vue sur les récentes nominations des transhumants Abdou Fall et Moussa Sy, respectivement au Conseil d’administration de l’Apix et celui du Port autonome de Dakar. «Macky Sall a montré qu’il n’a pas des amis d’hier, il n’a que des amis d’aujourd’hui ou qu’il estime être ceux de demain. Donc, il peut continuer à faire ce qu’il fait. Je rends hommage à l’Apr qui a réagi. Macky 2012 n’a même pas réagi, on dirait qu’ils sont anesthésiés.» Sur ses relations avec la mouvance présidentielle, il soutient qu’«en théorie», il est toujours membre en attendant de prendre une décision. Mais déjà, pour les Locales, il annonce que son parti y ira sous sa propre bannière.
Par Madiambal Diagne,
MON PACTE DE CONFIANCE AVEC MACKY SALL ET LE PEUPLE
Rien n’est publié de ma plume sans une connaissance avérée des faits. Aucun individu ne pourrait me faire plier parce que connaissant la vérité, on est bien peu impressionné par tout le vacarme que l’on pourrait préparer pour éloigner de l’essentiel
Il est des choses bien symboliques dans une vie. Les dernières chroniques publiées dans ce journal, sous ma plume, ont bougé des lignes, secoué des baobabs et éclairé sur différents sujets («Akilee-Senelec : Qui doit crier au voleur ?» 18 mai 2020 ; «Le gouvernement est nu», 3 juin 2020 et «Finalement, ils ont fait pire que les Wade avec nos terres», 6 juin 2020). Les colonnes de ce journal sont le reflet d’une entreprise courageuse de liberté d’expression, de transparence dans le traitement de l’information, d’objectivité dans la présentation des faits et d’exposition au public des différents enjeux dans notre cher Sénégal. Je me suis lancé dans cette aventure avec un seul défi, faire tout savoir au lecteur pour une marche apaisée et viable de notre République. Cette exigence de transparence, de fidélité à la réalité et de souci de l’intérêt public, a toujours été la marque de fabrique de ce titre. Nos adversaires, tout comme nos sympathisants, nous le reconnaissent. Rien n’est publié dans ces colonnes ou de ma plume sans une connaissance avérée des faits, sans leur analyse lucide. Ne se dit-il pas dans ce pays que si Le Quotidien le dit, c’est sûrement vrai ! Le président Abdoulaye Wade avait sorti cette maxime en plein Conseil des ministres !
Il se trouve qu’à cet exercice essentiel de la vie démocratique, il y a un tribut à payer et un lot d’ingratitudes. Ce tribut, il n’a jamais été question pour moi de ne pas y sacrifier. En effet, quand je jette un regard dans le rétroviseur, plus rien ne m’impressionne. Il n’est guère de logique de tireurs embusqués, les combats qui me tiennent à cœur pour ce pays, je les porte de toutes mes forces. Aucune pression ou menace ne peut me détourner de cette voie. Aucun individu ne pourrait me faire plier parce qu’en connaissant la vérité, on est bien peu impressionné par tout le vacarme et tous les contre-feux que l’on pourrait préparer pour éloigner de l’essentiel.
Les procès d’intention ont pu être nombreux. Il m’est prêté d’un côté d’être en intelligence avec le président de la République Macky Sall pour dénoncer les failles de sa gouvernance et de lui donner un souffle nouveau. D’un autre, on suppose que je serais en mal avec le pouvoir politique (et/ou avec son «ami» disent certains), pour chercher à le charger de toute force. Il y a même le schéma d’un rapprochement avec l’opposition et certains milieux d’affaires pour tout discréditer de l’action publique. J’oubliais aussi l’argument selon lequel on préparerait un retour de Karim Wade au bercail et d’une voie toute tracée pour lui. On ne peut être que renversé par autant de fertilité d’esprit, mais dans l’impasse on peut comprendre que le sauve-qui-peut contraigne certains à faire feu de tout bois. Rien de ce jeu ne surprend, la première vague est de me prêter des mots et arguments qui ne sont pas les miens. Il arrive même d’identifier des personnes confinées dans l’anonymat, avec le dessein de les jeter en pâture mais en prétextant que ce serait Madiambal Diagne qui chercherait à leur nuire. La deuxième est de jouer avec un terrorisme intellectuel en orchestrant un tapage avec un agenda que j’aurais contre les religieux. La troisième est celle des coups de bélier avec une horde de cavaliers dont la fougue de leur course en dit suffisamment sur les motivations.
J’en irais à dire que rien n’est nouveau sous le soleil. En deux décennies, au gré des humeurs et colères des différents milieux avec les informations traitées, ma personne et ce journal ont été considérés comme armes de lobbys économiques, d’une intelligentsia mouride, d’adversaires politiques du président Wade, de cercles maçonniques ou de quelques autres obédiences, d’intérêts étrangers, de gradés des forces de défense et de sécurité. On finit par se perdre dans ce labyrinthe de connexions et d’explications des plus farfelues. Il est néanmoins rassurant qu’avec toutes ces obédiences qui nous sont prêtées, nos amis d’aujourd’hui sont nos ennemis du lendemain. Nos adversaires d’hier se muent en fervents sympathisants aujourd’hui. Tout cela au gré des publications et révélations de ce journal.
Le travail du journaliste est de soulever des lièvres, au peuple et aux autorités publiques de décider de les attraper ou pas. La succession des événements suite aux différentes révélations conforte sur le fait que des lignes ont pu être bougées et des postures revues. L’agitation et le tollé qui en ont découlé, montrent qu’un intérêt certain est prêté à ce qui est dit dans ces colonnes. Libre à chacun d’interpréter et d’en faire l’usage qui lui semble bon. Il n’est recherché à tirer aucune gloire ou de souhaiter à qui que ce soit une chute aux enfers. Il n’est pas non plus recherché de jeter qui que ce soit en pâture. Ce sont des faits qui ont été exposés et s’ils impliquent des chaînes, l’opinion aura au moins gagné à voir clair dans tout ce qui se joue en son nom. De la même manière que nous avions poussé à faire changer beaucoup de choses dans la gouvernance du président Abdoulaye Wade, nous pouvons affirmer avoir obtenu que le président Macky Sall soit assez interpellé sur la gestion du Plan de riposte contre le Covid-19, ou sur l’affaire du contrat controversé entre Senelec et Akilee ou sur la gestion des domaines fonciers de l’Etat. L’idée qu’une exigence du président de la République sur une clarté de tous les faits, allant jusqu’à demander une identification des différentes personnes impliquées dans les différentes affaires a secoué bien des baobabs. Les tirs tous azimuts se comprennent.
Il n’y a aucun mal à être seul dans un combat et de se voir adversaire de gens dont les intérêts propres ont pu être mis à mal. Le temps reste le meilleur des juges et rétablira chacun dans la vérité. Le Sénégal saura reconnaître ses fils.
Mon pacte avec Macky Sall
Mes relations avec le président Macky Sall nourrissent des commentaires et continueront d’alimenter les parlottes. Il doit être clair que je m’honore de son amitié et j’ai pour lui de l’affection qu’il me témoigne en retour. Cette relation est aussi fondée sur du respect et un pacte moral indéfectible pour moi. Je n’avais pas de relations suivies avec le président Macky Sall avant ses déboires avec le régime de Abdoulaye Wade. C’est en juin 2008, que j’ai eu à m’asseoir pour la première fois avec l’homme qui était alors président de l’Assemblée nationale. Notre ami commun Alioune Fall, journaliste, avait arrangé le rendez-vous au domicile du président de l’Assemblée nationale. Nous avions eu une discussion franche. Macky Sall n’avait pas cherché à se débiner le moins du monde. Il avait assumé toute sa part de responsabilité dans les actions menées par le pouvoir Wade contre ma personne et contre le journal Le Quotidien. Macky Sall avait été à la tête d’un gouvernement qui se voulait intraitable avec Madiambal. J’avais salué son courage et son honnêteté pour admettre le rôle qu’il aurait pu avoir joué. Il disait avoir compris le sens et la portée de mon combat et m’avait alors invité à me joindre à lui, «dans le combat qu’il menait pour la démocratie et pour protéger la République et restaurer ses valeurs». Il savait que sa rupture d’avec Wade était inscrite comme une fatalité. Je lui avais alors donné une poignée de mains pour lui dire «qu’il pouvait désormais compter sur moi». Le lendemain, j’avais rassemblé mes collaborateurs pour les informer de cette situation.
J’ai ainsi entretenu des relations régulières avec Macky Sall et je m’autorisais à lui faire des suggestions et des remarques, durant tout le déploiement de son action politique. A son arrivée au pouvoir en 2012, il a tenu à raffermir de telles relations et a fait de moi un interlocuteur assez privilégié pour discuter de questions majeures. Je me suis fait le serment de lui dire strictement la vérité, considérant que je ne pourrais lui être utile et être utile à la République que dans une posture de vérité et de franchise. En de nombreuses occasions, l’un et l’autre, nous avons pu éprouver notre amitié. Ce n’est pas pour autant que mon pacte avec le Sénégal en souffrirait d’une quelconque manière.
SONKO PROMET LA DESTRUCTION DE TOUS LES EDIFICES
Les voix continuent de s’élever pour condamner le bradage du littoral.
Les voix continuent de s’élever pour condamner le bradage du littoral. Après le maire de Mermoz Sacré-Cœur Barthélémy Dias et le collectif du SOS littoral, c’est au tour du président de Pastef Ousmane Sonko de descendre hier sur les lieux pour manifester son amertume et sa consternation. Le ton ferme et sans appel, il a promis la destruction de tous les édifices en question, dès son accession au pouvoir.
Le leader du Pastef est formel. Ousmane Sonko juge illégale la construction sur le littoral. Raison pour laquelle hier, dans un live sur la plage de Mermoz, il a averti les propriétaires des bâtiments et menacé de démolir tous les édifices. «Je viens à cette plage depuis plusieurs années. Ils nous ont fait un escalier qui ne vaut même pas 200.000 FCFA pour accéder à la plage dans le but de nous consoler. Je tenais à avertir les occupants de ne pas mettre leurs milliards, parce que nous ferons détruire toutes ces constructions illégales sur le littoral», avertit-il.
A l’en croire, «toutes les autorités dont les responsabilités sont engagées dans cette affaire devront rendre compte devant la justice». Ousmane Sonko indique par ailleurs que le combat pour la sauvegarde du littoral ne doit pas être mené par un seul Sénégalais. «Il n’est pas celui de Barthélémy Dias ni celui de Guy Marius Sagna, encore moins celui de Pastef, mais c’est plutôt un combat de tous les Sénégalais.»
Malheureusement, se désole-t-il, beaucoup de Sénégalais semblent ignorer les priorités. «Aujourd’hui, la mobilisation faite contre l’augmentation des horaires du couvre-feu, si les Sénégalais la font sur la question du pétrole ou sur le bradage du littoral, le problème va se régler», tranche le patriote en chef avant de se désoler : «Cependant si on appelle les Sénégalais à se mobiliser sur ces différentes questions, on risque de se retrouver avec moins de 200 personnes».
LE COLLECTIF «AAR SUNU SUUF-AAR SUNU LITTORAL DES BANLIEUES» INTERPELLE MACKY SALL
Près d’une vingtaine d’organisations issues de Guédiawaye, Yeumbeul, Malika, Tivaouane Peul et autres quartiers se sont regroupées au sein d’un collectif dénommé «Aar Sunu Suuf – Aar Sunu littoral des banlieues» pour combattre le bradage du littoral.
Près d’une vingtaine d’organisations issues de Guédiawaye, Yeumbeul, Malika, Tivaouane Peul et autres quartiers se sont regroupées au sein d’un collectif dénommé «Aar Sunu Suuf – Aar Sunu littoral des banlieues» pour combattre le bradage du littoral.
Parmi ces organisations signataires, Action pour la Justice Environnementale (AJE), Forum civil, section Guédiawaye, Jeunes volontaires pour l’environnement, Observatoire de Suivi des Indicateurs de Développement Economiques en Afrique (OSIDEA) entre autres. Tous regroupées dans un même collectif, «Aar Sunu Suuf-Aar Sunu littoral des banlieues ».
En effet, déplorant la prédation foncière qui prend des ampleurs pour la stabilité de leur environnement et de leur cadre de vie, les membres dudit collectif ont décidé d’interpeller la Direction des Domaines qui, disent-ils, en complicité avec la Direction du Cadastre, des fonctionnaires complices, des prometteurs immobiliers sans scrupule, de certains maires et de prédateurs fonciers participent au bradage de leur foncier et de la bande du littoral. C’est pourquoi, pour y mettre un terme, le collectif Aar Sunu Suuf - Aar Sunu littoral interpelle le chef de l’Etat Macky Sall et l’invite à prendre les mesures suivantes dans le but de mettre fin à cette mafia foncière à laquelle certains fonctionnaires de la DGID participent au détriment de l’équité et de la démocratie foncière.
Ainsi, le collectif demande-t-il au président de la République d’annuler l’octroi des 4 hectares aux magistrats sur la bande des filaos et de les recaser vers un site moins litigieux. Mais aussi, de suspendre toute attribution où tentative d’attribution de 20 hectares le long de la bande des filaos au syndicat des inspecteurs des domaines.
Dans la même veine, le collectif Aar Sunu Suuf-Aar Sunu littoral invite le Chef de l’Etat à commanditer un audit sur la gestion du foncier par la DGID et à mettre à jour les recommandations faites par la commission nationale de la réforme foncière. Toujours dans leurs doléances, l’ancien député Cheikh Oumar Sy et ses amis demandent à Macky Sall de rapporter immédiatement le décret 202-143 portant modification de l’article R 207 du décret n° 2009-2450.
Dans leur ligne de mire également, toutes les personnes impliquées dans la spoliation foncière sur le littoral de la banlieue. Il s’agit, selon eux, des hommes politiques, affairistes entre autres.
DÉLIVRANCE DES AUTORISATIONS PAR LES AUTORITÉS ADMINISTRATIVES
Il a paru nécessaire pour le gouvernement de procéder à la modification de l’article R207 du décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme
A la demande du requérant, le représentant de l’Etat territorialement compétent signe et délivre, sous huitaine, l’arrêté portant autorisation de construire. C’est la nouveauté apportée par le chef de l’Etat dans le décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme. Mais elle n’est pas sans conséquence dans la mesure où les maires voient leur pouvoir réduit.
Face aux lenteurs constatées dans la procédure de délivrance d’autorisation de construire, il a paru nécessaire pour le gouvernement de procéder à la modification de l’article R207 du décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme.
Ainsi, à en croire le rapport de présentation du décret signé le 10 juin dernier par le président de la République, en cas de silence de l’autorité compétente, le représentant de l’Etat peut signer et délivrer l’autorisation de construire. Cette modification règlementaire a pour objectif de garantir l’effectivité de l’autorisation de construire réputée accordée dans ces conditions ainsi que de la célérité de la procédure de délivrance du permis de construire par les communes, conformément aux directives du président de la République.
CHEIKH DIENG ATTEND LA REACTION DE L’AMS
Le maire de Djiddah Thiaroye Kaw, Cheikh Dieng, estime que c’est parce que le gouvernement se trouve dans une impasse par rapport à l’accaparement et à la prédation des terres du littoral qu’il se fraye une porte de sortie. «Face au réveil citoyen inattendu du peuple sénégalais, l’Etat procède à une diversion en soulevant un problème qui n’est pas à l’ordre du jour», déclare Monsieur Dieng. Ensuite, il relève une atteinte à l’Acte 3 de la décentralisation qui consacre une plus grande responsabilité aux maires élus démocratiquement et dépositaires de la légitimité au même titre que le président de la République. Ce qui est tout le contraire des autorités administratives qui sont assujetties au commandement, signale le maire libéral. Il est convaincu que le fait de retirer les prérogatives des maires élus démocratiquement au profit de personnes simplement nommées constitue un recul démocratique historique dont le Président Macky Sall porte la responsabilité. Ce qui, d’après lui, va à l’encontre de la marche du monde et de la démocratie au moment où l’on consacre de plus en plus des responsabilités et des transferts de compétence aux entités décentralisées. Cheikh Dieng attend la réaction de l’Association des Maires du Sénégal(AMS) qui est l’instance censée défendre les intérêts moraux des élus locaux. Selon lui, c’est parce que les maires jouent leur rôle de vigie démocratique en refusant de signer des actes illégaux d’autorisation de construire que cette mesure a été prise.
A l’en croire, l’Etat crée des voies de contournement pour mettre en avant une administration qui a souvent plus des préoccupations «clientélistes» que le souci de respecter les règles de construction. «La loi de 1976 sur la protection du domaine public maritime, le Code de l’environnement qui exige des études d’impact préalable pour ces types d’aménagement, entre autres textes, ont été allègrement violées par les autorités administratives en délivrant des papiers de bail, de titre foncier qui ne peuvent être attribués au titre individuel sauf en cas d’intérêt public», explique Cheikh Dieng.
UN ACTE ILLEGAL !
Par ailleurs, selon Cheikh Sadibou Sèye, chercheur en gouvernance publique, contacté par Seneweb, cet acte du chef de l’Etat est illégal dans la mesure où sur les termes de l’article 319 de la loi portant Code général des collectivités territoriales, les communes ont la compétence de délivrer «des autorisations de construire à l’exception de celles délivrées par le ministre chargé de l’Urbanisme».
Or, il indique que le décret pris par le Président Macky Sall confère au représentant de l’Etat la latitude de délivrer des autorisations de construire sans base légale». En effet, toujours selon le chercheur rapporté par Seneweb, la loi n°2008-43 du 20 août 2008 portant code de la construction dispose en son article L4 que «nul ne peut élever une habitation, restaurer ou augmenter un bâtiment existant ou encore creuser un puits distant de moins de 100 mètres des nouveaux cimetières transférés hors des communes sans obtenir préalablement une autorisation délivrée par le maire». Et l’article 68 de la loi portant Code de l’urbanisme dispose également que «l’autorisation de construire est délivrée au propriétaire ou à son mandataire, après instruction par les services chargés de l’urbanisme, par le maire dans les conditions définies dans la partie règlementaire du présent code».
DR ADAMA DIOUF, PRESIDENT DE L’UNION DES ASSOCIATIONS D’ELUS LOCAUX (UAEL) : «C’est parce que dans les collectivités locales, il n’y a pas souvent le personnel qualifié»
«Je voudrais rappeler deux principes. Le premier, c’est que la collectivité locale est un démembrement de l’Etat. Et cela signifie que les compétences sont partagées en l’espèce. Le deuxième principe est celui de la subsidiarité. Cela signifie que l’action publique doit être exercée par l’acteur le plus proche et au lieu le plus approprié. C’est cela qui fonde la responsabilité qui a été donnée aux maires de donner l’autorisation de construire. Parce que c’est le maire qui vit la réalité au quotidien.(…) Cependant, il a été constaté des lenteurs de la part de certains collègues maires. C’est parce que dans les collectivités locales, il n’y a pas souvent le personnel qualifié nécessaire et suffisant pour s’acquitter de ces questions administratives dans le délai requis. Donc, au regard de la prégnance de la question, des revendications multiples qui atterrissent auprès des plus hautes autorités, il est tout à fait fondé que l’Etat prenne une décision comme celle-ci consistant à ce que l’autorité administrative territorialement compétente puisse signer l’autorisation de construire etla délivrer au citoyen. C’est cela la diligence, la célérité et l’efficience de l’action publique. Je rappelle que la collectivité locale est un démembrement de l’Etat. Donc, il est normal que ce dernier trouve des solutions s’il y a des difficultés quelque part dans l’échelon comme c’est le cas aujourd’hui au niveau d’un maire. Donc, je n’ai pas de problème par rapport à ça. Il faut, à chaque fois qu’il y a défaillance c’est-à-dire une lenteur, trouver une solution. Cela ne signifie pas que l’Exécutif local est dessaisi. C’est juste une mesure alternative, au cas où il y a des difficultés pour délivrer une autorisation de construire. A cet égard, je pense que le chef de l’Etat a tout le droit de le faire par le biais de son ministre en charge des questions de l’Urbanisme. Ici les compétences sont partagées. Et l’autorité centrale peut prendre une décision pertinente et alternative pour faire face à la défaillance de l’autorité qui est le maire ou le Président du Conseil départemental. Il faut dire également que nous n’avons pas le droit en tant que collectivité locale de bloquer les actions publiques et les actions de développement par une lenteur qui ne se justifie pas.»
64 MORTS LIÉS AU COVID-19
Le Sénégal a enregistré quatre nouveaux décès liés au Covid-19 ce dimanche. Ce qui porte le nombre de décès à 64 ans.
Le Sénégal a enregistré quatre nouveaux décès liés au Covid-19 ce dimanche. Ce qui porte le nombre de décès à 64 ans. Un bilan qui peut évoluer dans les prochaines heures car 22 cas graves luttent contre la mort dans les services de réanimation des hôpitaux Fann et Principal de Dakar.
‘’NOS MAGISTRATS SONT TOTALEMENT INDÉPENDANTS DU POUVOIR EXÉCUTIF’’
Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
Dakar, 15 juin (APS) - Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
‘’Ils (les magistrats) ont toutes les garanties constitutionnelles. Je vous assure qu’ils prennent cette garantie. Ce sont des juristes comme moi. Je n’ai pas besoin de leur demander de prendre des décisions (…). Ils connaissent la Constitution comme moi. Ils disent la justice mieux que moi, [...] ils sont totalement indépendants’’, a soutenu M. Sall.
L’avocat nommé à la tête du ministère de la Justice depuis avril 2019 était l’invité dimanche de l’émission ‘’Jury du dimanche’’, diffusée par Iradio et iTV (privées). Il soutient n’avoir jamais cherché à influencer un magistrat.
‘’Depuis un an et quelques mois que je suis là, aucun juge ne peut dire que je l’ai appelé dans un dossier civil, commercial ou pénal pour lui dire : +Voilà ce que le pouvoir politique veut, ou ce que le chef de l’Etat veut+’’, a juré Malick Sall.
‘’Je vous l’assure, le président de la République ne peut pas mettre un visage sur 95% des magistrats. Il ne les connaît pas’’, a-t-il ajouté, soutenant que ‘’c’est la Constitution du Sénégal qui donne une garantie d’indépendance à la justice’’.
Interrogé sur la liberté provisoire accordée au député Seydina Fall dit Bougazelli, inculpé pour ‘’association de malfaiteurs, contrefaçon de billets de banque ayant cours légal, blanchiment de capitaux et tentative de corruption’’, M. Sall a dit que ce militant du parti au pouvoir n’avait pas bénéficié d’une ‘’protection judiciaire’’.
M. Fall a bénéficié d’une liberté provisoire après que l’un de ses avocats, Me Clédor Ciré Ly, a invoqué la dégradation de son état de santé.
‘’Objectivement, si Bougazelli avait une protection judiciaire ou politique, il ne serait pas en prison‘’, a argué le ministre de la Justice.
Selon lui, le député de Guédiawaye (banlieue de Dakar) a présenté plus d’une vingtaine de demandes de liberté provisoire.
‘’Toutes les demandes ont été rejetées avant qu’il n’obtienne cette liberté provisoire’’, a-t-il précisé.
Dakar, 15 juin (APS) – Les quotidiens reçus lundi à l’APS se sont surtout intéressés à la polémique sur les terres de la région de Dakar et à l’affaire Batiplus, un dossier de détournement d’argent dans une entreprise privée appartenant à des Libanais vivant à Dakar.
Sous l’égide de l’association SOS Littoral, la société civile sénégalaise proteste depuis plusieurs jours contre l’occupation des terres situées au bord de l’Atlantique.
Les autorités gouvernementales sont accusées d’avoir fermé les yeux sur la vente de ces terres qui, selon la loi, doivent rester la propriété de l’Etat et être exploitées exclusivement par ce dernier, au profit de tous. Et, des hommes d’affaires et des chefs religieux ont été mis en cause dans l’acquisition des terres du littoral.
‘’Les voix continuent de s’élever pour condamner le bradage du littoral. Après le maire de Mermoz Sacré-Cœur, Barthélémy Dias, et le collectif SOS Littoral, c’est au tour du président des Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko, de descendre hier sur les lieux pour manifester son amertume et sa consternation’’, écrit L’As.
‘’Le ton ferme (...), il a promis la destruction de tous les édifices en question, dès son accession au pouvoir. Le leader des Pastef-Les Patriotes est formel. Ousmane Sonko juge illégale la construction sur le littoral. Raison pour laquelle hier, dans un live sur la plage de Mermoz, il a averti les propriétaires des bâtiments et a menacé de démolir tous les édifices’’, ajoute le même journal.
‘’Toutes les autorités dont les responsabilités sont engagées dans cette affaire devront rendre compte devant la justice’’, lit-on dans L’As, qui cite M. Sonko.
Le journal EnQuête évoque un autre litige lié à la terre, à Diass, une commune située dans la région de Dakar, où il y aurait eu ‘’un deal entre le maire, un promoteur [immobilier] et des autorités administratives’’.
Il y avait ‘’un projet futuriste pour le village de Boukhou’’, qui s’est mué en ‘’une distribution abusive d’un titre foncier appartenant à l’Etat du Sénégal’’, selon le même journal. Il rappelle que tout est parti d’une idée qui ‘’ne germait pas que dans la tête de l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade, qui a décidé d’y installer le nouvel aéroport international de Dakar’’.
Mais, plusieurs années après le départ de M. Wade de la présidence de la République, ‘’un promoteur immobilier (…) est venu leur présenter (aux populations de Diass) le projet de lotissement d’un terrain de 55 hectares dans le village, sur un espace compris dans la forêt classée de Diass’’. Et ‘’l’homme d’affaires affirme (...) détenir tous les documents’’ attestant que le terrain est sa propriété, rapporte le même journal.
Les nombreux conflits liés à la terre font croire à EnQuête qu’il est ‘’difficile de trouver une partie du pays qui échappe aux litiges fonciers’’.
Les journaux annoncent que le journaliste Cheikh Yérim Seck, patron du site d’information YerimPost (privé), est convoqué lundi devant la section judiciaire de la Gendarmerie. Seck ‘’s’est prononcé sur divers sujets d’actualité dont le bradage du foncier et l’affaire Batiplus. Concernant cette dernière, il a indiqué que le montant de 650 millions de francs (…) saisi chez les Libanais gérant Batiplus est faux’’, lit-on dans EnQuête.
‘’Je vais vous faire une révélation : la Gendarmerie a saisi chez eux (chez les Libanais propriétaires de la société Batiplus) 4 milliards’’, a déclaré le journaliste à la télévision 7TV (privée), ce qui serait à l’origine de sa convocation par les gendarmes, selon le même journal.
‘’Dans les jours à venir, trois dignitaires seront visés par un mandat d’arrêt international. L’annonce est faite par Cheikh Yérim Seck au cours d’une émission’’ de la 7TV, rapporte Tribune.
WalfQuotidien évoque la ‘’crise de confiance au château’’, autrement dit, au sein du gouvernement, entre le président de la République et les ministres.
‘’Si vous êtes journaliste, ne soyez pas étonné que vos appels téléphoniques à certains membres du gouvernement sonnent dans le vide par ces temps qui courent. (…) Parce que lors du dernier conseil des ministres, Macky Sall a vertement critiqué ses hommes sur les fuites dans la presse de certaines informations stratégiques’’, explique-t-il.
WalfQuotidien ajoute que Macky Sall ‘’n’y est pas allé par le dos de cuillère pour flinguer le gouvernement qu’il soupçonne de sourcer la presse, notamment sur ses colères, des décisions ou encore des bisbilles entre collègues’’.
Source A s’est intéressé à la dernière réunion du ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, avec les leaders des syndicats d’enseignants. ‘’Pour maquiller son amateurisme (…), source de la reprise avortée des cours, le 2 juin dernier, Mamadou Talla a tenté de se justifier en indiquant que ce n’est que vers 20 heures que son collègue Abdoulaye Diouf Sarr l’a informé de la contamination de certains enseignants’’ au coronavirus, écrit-il.
Mais les enseignants, eux, étaient ‘’convaincus que ses explications sont tirées par les cheveux’’, et certains d’entre eux ‘’ont fait comprendre à M. Talla que la contamination de leurs collègues a servi de prétexte ‘’pour cacher tous les dysfonctionnements et carences notés dans la préparation de la reprise’’ des cours, poursuit le journal, qui évoque ‘’la stigmatisation des enseignants’’.
Par Abdou Karim FOFANA
LE LITTORAL, L’HUMAIN ET L’ACTION PUBLIQUE
Si nous voulons un développement harmonieux et durable de notre pays, nous devons éviter de nous émouvoir de manière populiste à propos de l’investissement étranger et accepter d’accueillir les porteurs de projets d’où qu’ils puissent venir
La gestion du littoral de notre pays et, plus particulièrement, de la corniche de Dakar occupent depuis quelques jours le devant de l’actualité. Dans une époque dominée de plus en plus par le futile, l’éphémère, l’instantané, la recherche de sensationnel, je me réjouis qu’un sujet aussi important occupe une telle place dans le débat public. Il faut cependant constater que la discussion de fond entre personnes engagées dans la seule bataille qui vaille dans notre démocratie: celle des idées, se trouve néanmoins pollué par des gens dont l’unique motivation est de substituer à la pensée mère de l’action, les petites querelles politiciennes. Afin de contribuer à remettre au centre des préoccupations la réflexion fécondante, je propose un retour à la sérénité et un recours aux faits. Pour cela, il me semble important de convoquer l’histoire.
LA REGLEMENTATION A TRAVERS L’HISTOIRE
L’Etat du Sénégal a aujourd’hui soixante ans d’existence et les tentatives d’organisation de l’occupation de son littoral sont plus vieilles que son accession à la souveraineté internationale. Le transfert de la capitale de l’Afrique Occidentale Française de Saint-Louis à Dakar, en 1902, a permis l’élaboration du premier Plan Directeur d’Urbanisme (PDU) pour Dakar en 1946, par Lopez, Gutton et Lambert, qui sera modifié en 1957 puis remplacé par celui de 1967 dénommé Plan Ecochard. Sur cette base un Plan d’Urbanisme de Détails (PUD) a été élaboré pour la corniche de Dakar et approuvé par décret. Ses principales orientations étaient l’interdiction de prise de possession d’assiettes et l’autorisation d’installations précaires et révocables ou de constructions légères et démontables. Vingt ans après le Plan Ecochard - durée de vie d’un PDU - une révision a été entamée dans les années quatre-vingt. Le PDU de Dakar horizon 2001 reprenait dans ses grandes lignes celui de 1967 surtout pour ce qui concernait les zones de la commune de Dakar dont le bâti était déjà dense et la morphologie quasi définitive. Ce plan n’a pas été approuvé par décret. Durant cette période, a été construite dans le périmètre de la future commune de Dakar Plateau, sur la corniche ouest, la première maison qui surplombait l’atlantique marquant le début de l’agression de cette zone dont la convoitise introduisit rapidement une forme de compétition.
En 2000, le PDU de Dakar de 2001 est remplacé par celui fixé à l’horizon 2025, suite logique des plans successifs qui ont défini, selon les époques, les grandes lignes du développement physique de l’agglomération dakaroise. Deux ans plus tard, le ministre de l’Urbanisme etde l’Aménagement du territoire mettait en place, par arrêté ministériel n°529 en date du 22 janvier 2002, la Haute Autorité pour l’aménagement de la corniche de Dakar.
AUTORISATIONS DELIVREES PAR DES OPPOSANTS
Entre 2002 à 2012, des aménagements sur la route de la corniche ont été réalisés décuplant l’intérêt pour une zone déjà très convoitée. De nouveaux hôtels sont construits, ceux déjà existants sont rénovés voire agrandis et des maisons sortent de terre suite au déclassement de certaines parties et malgré l’élaboration d’un PUD, certes non approuvé par décret, ainsi que la révision de plusieurs règlements particuliers d’urbanisme en rapport avec la corniche. On peut citer les règlements particuliers de la zone des Almadies, de Dakar-Plateau et du Point E qui bénéficiaient d’un décret d’approbation. Les baux, durant cette décennie, ont été octroyés et les autorisations de construire délivrées par des autorités gouvernementales et des maires membres d’organisations politiques aujourd’hui adversaires de notre majorité. En effet, la procédure en la matière obéit aux étapes suivantes : un décret de déclassement pris par le président de la République sur avis favorable d’une commission dirigée par le gouverneur territorialement compétent, un avis favorable de la Commission de Contrôle des Opérations domaniales (CCOD), la délivrance d’un bail par les services des domaines, un examen des plans de construction par les services d’urbanisme, une autorisation de construire par le maire de la commune concernée. L’action du président Macky Sall En 2012, à la faveur de l’élection du président Macky Sall, une procédure de révision a permis la production du PDU de Dakar et ses environs, horizon 2035, caractérisé par une approche inclusive tenant compte des aspects liés aux concepts de villes durables et résilientes. Faisant preuve d’exemplarité, le chef de l’Etat a rendu une parcelle qui lui avait été attribuée sur la corniche, a retiré un titre délivré à un pays ami pour la construction d’une résidence diplomatique, s’est rendu sur la corniche pour constater la situation et a demandé à l’Ordre des architectes de lui proposer un projet d’aménagement qui est attendu depuis 2014. Sa détermination à apporter une solution définitive s’est parfois heurtée à la multiplicité des acteurs et à leurs difficultés à travailler en synergie. Au-delà du littoral, le président Sall est sensible aux défis environnementaux tels que la pollution marine - le vote de la loi sur l’interdiction du plastique est aussi lié à cette préoccupation -, la dépollution de la Baie de Hann dont le financement est ficelé ainsi que la reforestation.
ORGANISER L’OCCUPATION
Il faut rappeler que nous avons, à travers l’histoire, toujours eu des populations habituées à vivre en bord de mer : les pêcheurs tioubalo peulh, niominka sérère, lébou, certains habitants historiques de zones côtières etc. Il y a aussi des occupations d’ordre économique, d’utilité publique et d’intérêt général. La réalisation de réceptifs hôteliers est, par exemple, importante pour le tourisme, secteur qui contribue de manière significative au PIB national et dont l’apport sera encore plus déterminant en cette période de relance économique liée à la Covid19. Le problème réside surtout dans les affectations privées concédées, parfois au mépris de la loi, qui sont à dénoncer et à combattre. Se lancer, aujourd’hui dans des actions punitives ne relève pas du bon sens. Nous avons assez d’espace pour rendre accessible la corniche. Il est impossible de ne pas l’occuper. Il faut organiser, aménager les parties non occupées. Il y a une occupation égoïste et une occupation d’intérêt public équitable quant à l’accès des populations à la mer. Des centres commerciaux de Copa Cabana, par exemple, aux hôtels de La Rochelle en passant par les aménagements payants de la corniche d’Abu Dhabi, tous les pays disposant d’un atout littoral l’exploitent selon des ratio hôtels - accès public - plages de pêcheurs - aménagements etc. L’enjeu réside dans l’optimisation de cette exploitation.
ACCUEILLIR L’INVESTISSEMENT EXTERIEUR
Si nous voulons un développement harmonieux et durable de notre pays, nous devons éviter de nous émouvoir de manière populiste à propos de l’investissement étranger et accepter d’accueillir les porteurs de projets d’où qu’ils puissent venir. Cela, quitte à exiger légalement une participation, jusqu’à un certain niveau, de privés nationaux dans tout investissement venu de l’extérieur. A défaut, le Sénégal sera une terre d’opportunités non exploitées et un terrain de chasse pour les spéculateurs. Dans les années 2000, on a beaucoup parlé de scandales fonciers supposés. Celui lié à des investissements à Mbane avait, par exemple, connu un grand retentissement. Aujourd’hui, malgré les supposés déséquilibres évoqués dans les modalités de concession à certains privés, cette commune est devenue une grande plateforme où des opérateurs venus d’autres parties du monde réalisent une production agricole de qualité. Les populations travaillent avec eux dans une harmonie parfaite et un développement économique local inspirant. A côté de l’agriculture familiale et vivrière, un tel modèle est à promouvoir, dans le respect strict des règles garantissant l’intérêt national et sans se soucier de la propagation de fake news et de faits alternatifs inhérents à notre époque.
ESQUISSE D’UN FUTUR HARMONIEUX
Après avoir convoqué l’histoire, il nous faut ainsi esquisser le futur, faire une projection sur l’avenir de notre corniche et de notre littoral. Ma conviction est que la prise en charge de cette question nécessite, après l’état des lieux physiques déjà effectué et la concertation ouverte avec les acteurs, l’adoption de mesures prioritaires que sont : la signature d’un décret déclarant d’utilité publique l’aménagement etla restructuration de la corniche, prescrivant les mesures de sauvegarde et autorisant l’élaboration d’un nouveau Plan d’Urbanisme de Détails, l’élaboration du Plan participatif d’aménagement et de développement durable de la corniche ouest, la mise en œuvre du projet d’aménagement et de restructuration de la corniche ouest. Ces mesures nécessaires rentrent dans une vision voulant que la corniche de Dakar et, de manière générale, nos 760 kilomètres de littoral soient préservés afin de confirmer le constat de l’architecte allemand Jochen Brandi qui, rapporte mon ami Moctar Ba, président de la Plateforme pour l'Environnement et la Réappropriation du Littoral, ébloui par ses formes remarquables, estime que le potentiel de la corniche de Dakar va bien au-delà de Central Park à New York, du Bois de Boulogne à Paris ou des 3000 parcs pour les trois millions d'habitants de la ville de Vienne.
RENFORCER L’ACTION PUBLIQUE
Sans une action publique forte, sans détermination politique, il sera impossible d’exploiter efficacement ce potentiel. L’action de la société civile et des lanceurs d’alerte est utile. Cependant entre les manipulations et, parfois, les tergiversations politiques, nous risquons de tuer l’action publique. Si nous laissons la responsabilité de cette action à des lanceurs d’alerte souvent peu ou mal informés des tenants et aboutissants et en proie, de bonne foi, aux manipulations, nous la tuons. Les hommes politiques n’auront plus d’utilité puisque la dictature de l’opinion sans preuves et de l’émotion facile leur fera fuir la responsabilité de rétablir les faits et de poser des actes pour le mieux-être de tous. Il s’agit là d’un défi générationnel. Nous avons été élus pour mettre en œuvre des politiques publiques. Nous devons avoir le courage de dire aux populations la vérité, de les informer sur l’intérêt véritable de notre pays. L’Etat a le devoir d’être transparent, organisé, méthodique mais l’Etat ne doit pas manquer de volonté pour réaliser des projets utiles à l’en commun. Ma vision est qu’il nous faut bâtir des villes où l’humanité fait sens, des villes qui se soucient de l’humain dans l’urbain. Cela passe par la valorisation de nos meilleurs atouts. Il nous faut planifier la ville en concevant les espaces publics et les usages comme lieux de créativité et d’inclusion, la construire dans une continuité de temps et d’espace en agissant sur la forme urbaine et en anticipant sur les extensions urbaines, la définir comme un bien commun.
«IL FAUT AVOIR LE COURAGE DE SA VISION ET DE SON OPINION»
L’idée de quitter à la tête du Comité national de gestion (CNG) de la lutte n’est pas à l’ordre du jour pour Alioune Sarr. Invité de la «Tribune de l’ANPS», le président de cette instance est revenu sur la situation actuelle de la lutte.
L’idée de quitter à la tête du Comité national de gestion (CNG) de la lutte n’est pas à l’ordre du jour pour Alioune Sarr. Invité de la «Tribune de l’ANPS», le président de cette instance est revenu sur la situation actuelle de la lutte. Dans cette première partie, il évoque l’âge limite des lutteurs et se prononce également dur le problème des arbitres.
Président, comment se porte la lutte au Sénégal ?
Je supervise le CNG au Sénégal et toutes les formes de lutte. Je pense qu’elle se porte, comme toutes les disciplines sportives au Sénégal, avant la Covid-19, relativement bien. Mais, vous savez que dans la vie tout est subjectif et nous pensons que par rapport aux objectifs fixés par l’autorité, cela va dans son ensemble. Même si, tout le monde ne le reconnaît pas et c’est normal, parce qu’une œuvre humaine est toujours perfectible.
Comment analysez-vous votre présence à la tête du CNG depuis plus de 26 ans ?
La Lutte est une discipline agitée. Est-ce qu’il existe sur terre une activité qui n’est pas assez agitée? Quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, la vie est dynamique. Chaque période appelle des corrections et des nouveautés et une nouvelle façon de voir. Cela pose souvent des problèmes dans sa globalité. Et ce fameux chanteur congolais disait que la vie est un éternel combat. Un combat, il faut avoir le courage de l’accepter, de le mener, selon sa propre stratégie ou du groupe.
26 ans à la tête du Cng, cela ne vous use pas ?
Je dirais oui et non. Elle use parce que tout simplement nous avons affaire à des groupes qui n’ont d’objectifs que de résoudre des problèmes crypto-personnels. Il faut tout le temps faire face pour rappeler à tout un chacun que la mission est globale et que c’est l’intérêt du sport sénégalais en particulier de la lutte, dont le développement du Sénégal sous une certaine mesure, qui est en jeu, et non pas les querelles. Cela peut user et ne pas user, si on a l’intime conviction que ce que nous faisons avec conscience, nous le faisons sans avoir peur de faire mal. Quand vous devez tracer une voie, forcément vous aurez à déplacer, recentrer et recadrer. Tout cela ne peut pas plaire à tout le monde. Il faut avoir le courage de sa vision et de son opinion, surtout avoir en tout instant en tête que cette mission nous vient du sommet de l’Etat. Nous sommes Sénégalais et patriotes, et tant que nous pensons la mener, nous la mènerons sans état d’âme.
De structure d’exception, le CNG est devenu pour certains une structure pérenne. qu’en pensez-vous ?
On parle de Comité national de gestion et non d’exception. Je rappelle que la lutte est passée par toutes ses émotions à savoir toutes les formes de structure (fédération, comité d’exception, les comités tout simplement). Et depuis 1994, c’est le Comité national de gestion au Sénégal. Certains l’appellent comité d’exception, mais je voudrais simplement rappeler ce que disait François Bopp que «tant qu’il serait ministre des Sports au niveau de la lutte et des courses hippiques, il n’y aurait pas encore de fédération ». Etait-il un visionnaire ? Sommes-nous prêts ? Et quand on parle de fédération, on parle de structure de base. Avec le CNG, je l’ai personnellement toujours défendu. C’est à travers les structures de base dans toutes les régions ou dans la majorité des régions du pays qu’il faudrait insister pour pouvoir arriver à une fédération. Je ne veux pas et il faut qu’on se regarde dans les yeux et qu’on se dise certaines vérités. Il ne suffit pas que deux pelés et deux tondus se retrouvent pour dire que j’ai une structure. Beaucoup de nos structures ne sont que de nom.
Selon vous pourquoi les grandes affiches ne se font pas à l’Arène nationale ?
Elles se tiennent à l’Arène nationale. Il est difficile de changer les habitudes et il y a eu de la pression lors du dernier combat sous prétexte que Léopold Sédar Senghor a plus de places. Aucun stade ne peut recevoir tous ceux qui veulent aller au stade, certains feront le déplacement et d’autres resteront à la maison. Mais, j’ai eu à le dire et si la décision n’incombait qu’au président du CNG, tous les combats de lutte organisés à Dakar, se passeraient au niveau de l’Arène nationale. Nous avons, pendant plus d’un quart de siècle, insisté pour que la lutte puisse avoir son stade. Nous l’avons, il faut l’utiliser. Le stade est adéquat, contrairement à certaines déclarations. Ce n’est pas un produit chinois, mais c’est une réalisation chinoise à partir de réflexions des Sénégalais. Souvent, les Sénégalais se trompent de combat. Quand on confie à quelqu’un, tout le monde ne peut pas être à côté pour dire voilà ce que je veux. Dès l’instant que quelqu’un a été choisi avec son équipe pour diriger, qu’on permette à cette équipe de diriger, mais c’est difficile au Sénégal. Tout le monde est expert. Tout le monde pense. Et souvent ceux qui parlent le plus, ce sont ceux qui en savent le moins.
Quel regard portez-vous sur le MMA ?
Je n’ai pas beaucoup de pensées par rapport à cela. J’ai eu à voir cette forme de sport en dehors du Sénégal. Je n’ai pas grand-chose à dire. Je constate que les gens sont en cage. Je ne connais pas le règlement et il y a beaucoup de violence, beaucoup plus dans la lutte, même si les gens portent des gants. C’est tout ce que je peux dire en attendant de connaître ce sport.
Pouvez-vous revenir sur la limitation d’âge des lutteurs pour la retraite ?
J’ai un journal sportif et ils ont tracé la carrière de Mbaye Guèye (ancien Tigre de Fass) qui à 40 ans disait qu’il n’avait plus envie. Après sa défaite de 1987, il s’est retiré. Je pense que cela fait réfléchir ceux qui pensent qu’on ne doit pas limiter l’âge d’un sportif. Dans toute les discipline sportives, qu’on limite ou on ne limite pas, à partir 30 voire 40 ans ou plus, vous n’attirez pas. En plus, le sport individuel réclame tellement d’efforts pour le corps et vouloir continuer face à des jeunes mieux entraînés et plus aptes physiquement, cela peut causer des problèmes. Avant quand le lutteur n’était qu’un pêcheur ou un cultivateur, on pouvait aller très loin. Mais aujourd’hui nous nous battons et les sportifs font d’autres sports de combat pour être au top. Le médecin sportif que je suis, l’être humain que je suis, avant d’être président, pense que 45 ans c’est même trop.
A votre avis, c’est quoi le problème avec le corps arbitral ?
Une nouvelle fois, ceux qui soulèvent le problème des arbitres sont loin de connaitre la réalité. Est-ce que vous savez que toutes les semaines, quand l’activité était normale, le bureau du Cng se réunit tous les lundis. Et à cette réunion, participe le président de la commission central des arbitres. Tous les problèmes sont débattus. Mais retenons ceci, la plus belle fille au monde ne peut donner que ce qu’elle a. Le dialogue n’a jamais été rompu. Ils ont posé des actes. Nous avons répondu par rapport à la réalité du terrain. Je suis allé jusqu’à leur dire que s’ils pensent trouver les moyens de la solution de m’indiquer la direction et je me battrai. Il ne faut pas que les gens pensent que quelques lutteurs gagnent des centaines de millions que l’arbitre qui doit arbitrer le combat doit gagner des centaines de millions. Jusqu’à preuve du contraire, ceux qui sont dans la lutte, en dehors des lutteurs, sont des bénévoles. Même si on leur donne quelques honoraires, mais ce n’est pas proportionnel par rapport à ce qu’ils font. Donc, il ne faut pas biaiser l’esprit de notre présence pour développer la lutte. Hélas, c’était le problème avec le corps arbitral.
Aviez-vous dialogué avec eux ?
Nous avons dialogué. Je dirais même sur presque une décennie. Au moment où la vache était très grasse, et que les promoteurs avaient assez de moyens, les arbitres n’ont pas dit qu’au-delà des honoraires qu’ils considèrent comme des miettes, mais qui représentent la partie la plus importante de que le Comité National reçoit comme le droit d’organisation, je leur avais permis de négocier directement avec les promoteurs. Ils voulaient en faire des expressions de sponsorisation. En général, ce n’est pas normal que les arbitres puissent bénéficier de sponsorisation. Je l’avais accepté pour les aider. Et il arrivait qu’ils reçoivent 500.000 FCFA ou un million FCFA à se partager entre trois et cinq personnes. Pendant ce temps, les gens ne disaient pas grand-chose. Mais aujourd’hui que la vache est maigre, qu’elle ne donne plus 40 litres de lait, mais plutôt un litre, il faut que tout un chacun se contente de sa part en attendant de réfléchir ensemble. Mais quand ces acteurs qui sont des Sénégalais que je considère jusqu’à la preuve du contraire comme des patriotes disent que nous ne pouvons plus faire cela, j’ai dit qu’ils sont des bénévoles. Dès l’instant que vous pensez que ce n’est pas votre métier principal ou vous pensez que vous ne pouvez plus, mais retirez-vous tout simplement. Au-delà du président, j’ai même convoqué à plusieurs réunions les arbitres qui étaient à Dakar pour échanger.