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17 juillet 2025
SEPT ENFANTS MORTS AU SÉNÉGAL APRÈS AVOIR ÉTÉ VACCINES ? FAUX !
Une vidéo largement diffusée sur internet et sur WhatsApp signale que sept enfants seraient morts au Sénégal après avoir reçu un vaccin contre la Covid-19
Africa Check |
Dieynaba Thiombane |
Publication 08/04/2020
Cette vidéo largement diffusée sur Internet et sur la plateforme de messagerie WhatsApp signale que sept enfants seraient morts au Sénégal après avoir reçu un vaccin contre la Covid-19.
On entend une personne expliquer qu’un homme est entré dans une maison pour vacciner des enfants contre le nouveau coronavirus. Ces enfants seraient décédés sur le coup et les populations du quartier où s’est déroulée la scène sont sortie pour lyncher l’homme en question. « C’est au Sénégal, c’est la réalité », assure le narrateur.
Les sites Seneweb et doingbuzz.com ont rapporté cette histoire qui a eu lieu dans la commune de Dalifort Foirail, située dans la ville de Pikine, non loin de Dakar.
Personne n’a été vacciné
Africa Check est entrée en contact avec le directeur de cabinet du maire de la commune de Dalifort, Makha Sène. Il a indiqué que la vidéo rapporte un incident qui s’est déroulé dans sa commune en précisant, cependant, qu’aucun enfant n’a été vacciné contre le nouveau coronavirus.
« Il s’agit de deux individus qui se sont présentés auprès des populations de Dalifort Foirail comme étant des agents du ministère de la Santé et qui devaient vacciner les enfants contre la Covid-19. Ils ont été conduits chez le chef de quartier quand les populations ont commencé à les attaquer. Nous avons avons été prévenus et je me suis rendu sur place en compagnie d’un agent de sécurité de proximité. A l’issue de nos enquêtes, personne n’a été vacciné et les deux individus ont été arrêtés par la gendarmerie et mis en garde à vue », nous-a-t-il expliqué.
On retrouve ces mêmes explications dans un communiqué publié sur la page Facebook de la commune de Dalifort-Foirail.
BERNIE SANDERS JETTE L’ÉPONGE
Le sénateur indépendant a annoncé mercredi à son équipe qu’il abandonnait la course à la Maison-Blanche, mettant fin à sa deuxième tentative de décrocher l’investiture démocrate après une séries de lourdes défaites face au favori Joe Biden
Le sénateur indépendant Bernie Sanders a annoncé mercredi à son équipe qu’il abandonnait la course à la Maison-Blanche, selon un communiqué, mettant fin à sa deuxième tentative de décrocher l’investiture démocrate après une séries de lourdes défaites face au favori Joe Biden.
“Le sénateur Bernie Sanders a annoncé mercredi lors d’un appel avec toute son équipe qu’il suspendait sa campagne pour devenir président”, a écrit son équipe de campagne dans un communiqué. “La campagne se termine, la lutte continue”, ajoute le communiqué.
Bernie Sanders, 78 ans, doit prononcer à 11H45 (17H45 au Luxembourg) un discours retransmis sur internet. L’ancien vice-président Joe Biden, 77 ans, est désormais le seul candidat démocrate en lice pour affronter Donald Trump le 3 novembre.
L’ancien vice-président Joe Biden, 77 ans, est désormais assuré d’affronter le président républicain Donald Trump le 3 novembre. Mais il doit encore être désigné officiellement candidat par le parti lors d’une convention, qui a été reporté au mois d’août à cause de la pandémie de coronavirus. Faisant campagne nettement à gauche, Bernie Sanders met ainsi fin à sa deuxième tentative de décrocher l’investiture démocrate après une série de lourdes défaites face à l’ex-bras droit de Barack Obama, plus modéré. Le sénateur indépendant du Vermont avait perdu la primaire démocrate face à Hillary Clinton en 2016.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
ABDOULAYE DIEDHIOU, LE CANT DU CYGNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Disciple intermittent de Béthio Thioune, partisan irréductible de Wade, il se livre sur ce parcours atypique qui éclaire d’un jour nouveau les vies en migration - INVENTAIRE DES IDOLES
Abdoulaye Diédhiou a quitté le Sénégal en 2000 pour poursuivre ses études en France. Il est rentré définitivement en 2019 à Dakar. 20 années de galères, où il a dû affronter la détresse, le dénuement, la solitude, la maladie, le manque du pays. Disciple intermittent de Béthio Thioune, partisan irréductible d’Abdoulaye Wade, comptable de formation, il se livre sur ce parcours atypique qui éclaire d’un jour nouveau les vies en migration, en perpétuelle butte à l’insécurité. Portrait.
Le 11 janvier 1978, l’aspirant à la présidence de la république, Abdoulaye Wade inaugure le dispensaire de Thionck Essyl, commune rurale du Blouf à quelques encablures de Bignona, en Basse-Casamance. L’avocat qui a créé le PDS quatre années plus tôt a équipé, à ses frais, l’établissement dans ce fief historique de la région du sud. La cérémonie est haute en couleurs, les populations enthousiastes et pleines de gratitude. Pour l’homme politique, l’acte n’est sans doute pas gratuit car le village est un des plus importants de la région : les résonnances de son histoire, la résilience de ses habitants et leur attachement à leur terre, font de « Thionck » l’archétype de ces villages précédés par leur réputation. Abdoulaye Wade y gagnera doublement, d’abord la reconnaissance de gens simples pour qui la gratitude est un honneur, mais aussi et surtout un gain de popularité pour étendre l’empire de son ambition présidentielle. Le même jour, dans le centre de soin, naît un garçon. Ses parents ne tergiversent pas longtemps : il s’appellera Abdoulaye, en hommage au bienfaiteur du jour. Le signe est fondateur, et quarante années plus tard, la gratitude est restée filiale entre les deux Abdoulaye. Elle est même devenue amour. Le plus jeune des Abdoulaye, qui a perdu son père entre temps, aime son homonyme à la déraison. Partout, on l’appelle « Laye Wade ». La complicité va même au-delà, le jeune Laye est un militant du PDS, un libéral convaincu, défenseur de ce mentor avec qui il partage plus qu’un prénom : une naissance, et tout simplement un magnétisme spirituel.
La gratitude et l’endurance
En 2019, à plus de 40 ans, l’amour de Laye est resté inaltéré pour le retraité de la présidence. Quand il raconte l’anecdote du « dispensaire », c’est avec une euphorie qui barre son visage d’un rire lumineux. Sur la place de la Bastille à Paris, dans un café où nous nous retrouvons à l’automne, Abdoulaye Diédhiou a les tempes qui grisonnent très timidement. Il est resté frêle, jeune, même si sa démarche un peu raide, voûte légèrement son dos et allonge ses pas rapides. Quelques cheveux blancs, épars, garnissent son crâne rasé. Ses yeux en amande se plissent et scrutent à gauche et à droite. La cigarette entre ses mains, la tasse de cassé pas bien loin. Il porte une petite écharpe légère à pois, une veste en daim caramel, un pull rouge sous lequel dépasse le col d’une chemise blanche. L’homme soigne son look, bon chic bon genre. Cette fois, après des années d’hésitation, son choix est fait, et définitivement. Plus question de se dédire, d’attendre. La France, il en a « marre ». « Non par dégoût du pays », s’empresse-t-il de préciser. Il va rentrer au Sénégal. La raison est on ne peut plus inattaquable : « ma mère me manque », confie-t-il la voix remplie d’émotion. Sur un visage où les moues se suivent, tantôt rieuses, tantôt figées, il perce un point qui dit une douleur indicible. Mais Abdoulaye est un enfant de Thionck, et parmi les valeurs précocement inculquées, il y a l’endurance face à l’épreuve. Les hommes ne pleurent pas. Ils ne se plaignent pas. Ils affrontent la souffrance sans jamais trahir une émotion, pire une faiblesse. Malgré sa maîtrise de ce catéchisme viril, il fend un peu l’armure, tant il est conscient que son parcours a été singulier, et bien rude. La carapace toute imperméable qu’elle paraît, est pleine de fissures sensibles. Entrevoir le bout du tunnel relâche un peu cette vulnérabilité qu’il a tenté de cacher, et que les péripéties de sa vie n’ont cessé d’éprouver.
De Thionck Essyl, éduqué par une mère dévouée, Abdoulaye apprend tous les rudiments de son apprentissage, au cœur de ce village longtemps considéré comme « le plus grand du Sénégal » avant de muer en commune. Le conflit de Casamance éclate quand il est tout petit, au milieu des années 80, et la terre est le bien le plus précieux. Le contexte est singulier. Mais, plus important, à Thionck, on apprend très vite à dire non, à préserver l’essentiel, et à développer l’attachement au village-continent. Le petit Laye y commence l’école et finit son lycée à Sédhiou dans le Pakao. L’élève est bon et volontaire. Après son Bac, il s’inscrit en philo, en 1999 à L’UCAD. Pourquoi la philo ? Abdoulaye aime « la conversation politique, les longs débats, la bataille des idées, la spiritualité » Il a des « questions » et la réputation de la philo est d’en fournir. Bingo. A Dakar, il est très vite séduit par le Mouridisme qu’il découvre et qui le fascine, mais ne le convainc alors pas tout à fait de sauter le pas de l’enrôlement. Il se montre curieux, et grâce à des amis, il découvre un peu plus le fondateur de la confrérie, Cheikh Ahmadou Bamba. Dans la foulée, il se rend à Touba et colle dans sa chambre des posters du guide religieux, qui apparaît alors comme un modèle. Abdoulaye Wade président s’est revendiqué clairement mouride. Abdoulaye Wade Diédhiou pousse-t-il le zèle au point d’en faire autant ? Il plaide la sincérité de l’intérêt.
Le Cant, un lieu de socialisation
Si le mouridisme n’est pas la tradition familiale, et que chez lui on voit plutôt d’un mauvais œil sa nouvelle tentation, son intérêt demeure pour la confrérie pour laquelle il développe une fixation, si ce n’est pas encore de l’allégeance. Le séjour à Dakar est de courte durée, à peine une année. Cap sur la France. En 2000, alors que son homonyme est arrivé au pouvoir, le voilà qui quitte le pays pour la cité rhodanienne. Il s’inscrit cette fois en sociologie, et en parallèle en administration économique et sociale. Au cours d’un parcours incertain, une décennie dissipée par une vie précaire et des changements d’orientation, il fera le choix des études de comptabilité, sur le tard, séduit par la « précision des chiffres ». Les manuels colorés de la discipline le suivent partout, dans ses séjours en bibliothèque. Il est bosseur et appliqué. Mais à Lyon, il retrouve surtout une communauté mouride. Ce qui n’était que velléité auparavant s’entretient alors plus nettement avec la compagnie de disciples de Cheikh Béthio Thioune², auprès de qui il affine sa pratique, sa participation. Outre les amitiés qu’il y gagne, la communauté religieuse offre des ressources insoupçonnées : premier front pour lutter contre le déracinement, et offre pas chère de chaleur humaine, de compagnie, de ferveur, de quête de sens. Lyon a alors une des communautés de Cantakunes les plus organisées, qui, avec des rendez-vous réguliers, participe activement à la vie de la communauté sénégalaise.
Perçus très souvent comme une bande de fanatiques sous l’emprise d’un gourou, les Cantakunes recrutent pourtant nombre de leurs disciples dans la jeune élite. Nombre de leurs figures sont des lettrés, bien intégrés, avec un bon statut professionnel, qui démentent la réputation et la perception que l’on pourrait s’en faire. Ils ont même des bastions dans des creusets réputés du pays, comme le prytanée militaire de Saint-Louis et l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Cette force se retrouve aussi dans la diaspora, partout en Europe. A leurs côtés, Abdoulaye Diédhiou découvre toute l’architecture bien huilée de ce mode de fonctionnement, dans toutes les régions de France. La démocratie par le bas et l’informel, structurés, les repas, les parenthèses religieuses, les dons, les relations avec le Cheikh font de la communauté un vrai lieu de socialisation. Au cœur des tourmentes de leur leader, ils font bloc. Au milieu de ses condisciples, Abdoulaye sacrifie à toutes les exigences. Il s’acquitte des dons envers le cheikh, mensualisés autant qu’il s’en souvienne, et y laisse quelques milliers d’euros en quelques années, une belle somme pour l’étudiant désargenté. Il épouse aussi une femme, grâce au Cheikh, mariage célébré à distance. L’union tient quelques années, avant de s’achever. De l’amertume ? De l’inconséquence ? Abdoulaye n’a pas de « regrets » et ne « renie » rien. La communauté est restée la sienne. Même s’il est devenu plus « muet », moins « actif », très en « retrait », les attaches sont fortes. Symbole, en 2019, quand meurt Cheikh Béthio Thioune, l’émotion envahit le jeune homme. Une perte personnelle et une vraie douleur. Il est bien difficile de tenter de lire rationnellement une telle emprise tant elle paraît déraisonnable. Cette relation a été un repère et un sanctuaire pour Abdoulaye, et quand il en parle c’est avec une nostalgie et un lien qui semble indéfectible. Un soutien qui s’avérera précieux pendant sa grande épreuve.
L’épreuve et la quête du pays
Une date symbolise alors le début de sa traversée du désert : juin 2012. Abdoulaye vient, quelques mois plus tôt, de valider son diplôme de comptabilité. Il s’inscrit en master pour postuler à un autre grade, et travaille en parallèle dans un restaurant de Lyon. A la veille des examens, il se sent lourd, il est fortement amaigri, il a perdu l’appétit et tousse. A l’hôpital, on lui diagnostique une tuberculose. La maladie connaît alors une petite résurgence en France, dans les habitats démunis et malfamés. Il est hospitalisé et reste en chambre plus d’un mois. Son réflexe pendant cette période c’est de « rassurer » sa famille, sa mère surtout, ses amis. Il « s’en veut » presque de ne pas pouvoir envoyer de l’argent à sa mère. La maladie est une longue disparition des radars, une solitude, une souffrance. A sa sortie d’hôpital, il est faible et sans le sou. Son employeur, qui l’a soutenu, continue de le faire. Ses amis du Cant sont aussi présents. Alors qu’il reprend des forces, le sort s’acharne sur lui. N’ayant pas pu honorer ses examens, il ne peut se voir délivrer un titre de séjour par la préfecture. Lorsqu’il s’y rend pour présenter sa situation, l’accueil est glacial et il repart avec le document redouté de tous les immigrés, l’OQTF (l’obligation de quitter le territoire français). Double peine. Tout s’enténèbre. La convalescence devient un cauchemar. Avec cette injonction, théoriquement, il peut être mis dans le premier avion pour Dakar. Mais curieusement, Abdoulaye tient bon, des amis l’aident. Les soutiens du Cant sont toujours là pour lui permettre d’avoir l’essentiel, les proches de la grande famille aussi, dont un oncle. Le deuxième soutien, il le trouvera du côté du droit français. Des avocats de la préfecture lui offrent une aide juridictionnelle pour faire valoir ses droits. Au bout de deux ans de bataille acharnée, la victoire. Il se voit délivrer un titre de séjour.
Mais les épreuves ont ébranlé l’homme. S’il garde un abord jovial, l’enchainement est rude à encaisser. Il reprend néanmoins ses études au conservatoire national des arts et métiers (CNAM) à Paris d’où il sort diplômé en 2017. Le marché de l’emploi parisien se montre aussi coriace avec lui, il doit se contenter de petits boulots dévalorisants. Mais la flamme est perdue. Le seul intérêt d’Abdoulaye, c’est le Sénégal, la politique, Thionck et surtout sa mère qui entre dans le grand âge. C’est son nouvel horizon et rien ne l’en détournera. Chez les immigrés sénégalais, malgré le changement du profil démographique de l’immigration au fil des années, le retour au pays est resté un vœu constant. Si certains renoncent, pour diverses raisons, les conditions de vie étant les motifs plus avancés, le lien au pays, la volonté de retourner auprès des siens, est sans doute la seule vérité de l’immigration. Le départ n’est jamais définitif. Cette vérité, Laye Wade, comme on l’appelle, l’a fait sienne. L’immigration, surtout quand elle prend ce goût acide, secoue assez violemment les êtres. Derrière les chiffres, les querelles politiques sur la migration, les racismes que contrent les angélismes, il y a bien souvent seulement des destins, des émotions, des trajectoires, des intimités qu’aucunes statistiques ne peuvent exprimer. C’est dans ce lot des anonymes que les enjeux parlent d’eux-mêmes et pressent à responsabilité.
Le retour
Dans notre dernier entretien pour préparer ce portrait, au téléphone, Laye Wade respirait le vent dakarois. Une cohue vive et un éclat de voix parasitaient notre échange. Mais sa voix a repris du tonus, une certaine assurance, une tranquillité. Il a trouvé du travail dans une entreprise. Le salaire n’est pas « mirobolant mais correct ». Il y gagne une tranquillité affective qui n’a pas de prix. Mais bien plus inestimable, Laye Wade est à une demi-journée de sa maman, de son Thionck natal, de ses proches, d’amis du Cant qu’il a retrouvés. « Je ne me plains pas », lâche-t-il sobrement, comme la nouvelle devise de cette page qui s’ouvre pour lui au Sénégal. Il compte s’investir en politique, cette fibre qu’il a entretenue en France en hommage au 11 janvier 1978. Il compte jouer longtemps ce Cant du cygne, comme ode éternelle à la résilience et à l’amour des siens.
NON, L'AFRIQUE N'EST PAS LA CIBLE PRIVILÉGIÉE DES ESSAIS CLINIQUES
D’où vient le fait que deux personnes, fussent-elles des scientifiques, qui s’égarent sur un plateau télé, soient soudain affublées d’un pouvoir de vie et de mort sur les « Africains » ? Les fractures de l’histoire ne doivent pas annihiler le discernement
Le Monde Afrique |
Fred Eboko |
Publication 08/04/2020
La controverse issue de l’échange entre deux scientifiques sur la chaîne LCI, mercredi 1er avril, provoque un déferlement de réactions. L’indignation du public et des personnalités, notamment en Afrique et dans la diaspora, vis-à-vis du dérapage verbal des deux hommes est aussi forte que légitime.
Pour autant, la déferlante contre les essais cliniques en Afrique est paradoxale, fantasmagorique et instructive. Ces réactions charrient autant de contresens qu’elles mettent en scène l’imaginaire d’une partie des opinions publiques africaines ou afrodiasporiques dans un domaine précis où l’Afrique est au mieux un point aveugle, au pire un angle mort.
Les médicaments que nous consommons tous les jours, y compris en Afrique, ceux que nous achetons dans les pharmacies de Paris, Nairobi, Pékin, Abidjan ou New York, prescrits par ordonnance, sont issus d’essais cliniques pratiqués sur des humains. Idem pour les vaccins qui figurent sur nos carnets de vaccination, y compris ceux des enfants et adultes africains. Les protocoles pour les essais cliniques sont précédés d’une série de précautions éthiques et déontologiques dont les manquements entraînent l’interdiction ou l’interruption des essais.
La quasi-totalité des pays africains sont dotés de comités d’éthique qui étudient, valident ou s’opposent aux essais qui concernent leurs populations. Evidemment, des failles existent, l’histoire coloniale est riche de campagnes de vaccinations sauvages et d’essais malheureux, comme l’a bien décrit Guillaume Lachenal dans Ce médicament qui devait sauver l’Afrique : un scandale pharmaceutique aux colonies (La Découverte, 2014). Des risques subsistent au niveau éthique et au niveau humain, mais l’Afrique n’est pas, ni de près ni de loin, la cible privilégiée des essais cliniques à ce jour.
Marginalisation du continent
Des milliers d’essais cliniques sont effectués tous les ans dans le monde. Selon une étude publiée en 2018 par le réseau Les Entreprises du médicament (LEEM) et basée sur les données officielles du gouvernement américain, sur les essais cliniques initiés en 2017, le pourcentage de participation par régions/continents du monde est sans ambiguïté. Amérique du Nord : 57 % ; Europe : 38 % ; Asie : 27 % ; Océanie : 11 % ; Amérique latine : 8 % ; Afrique et Moyen-Orient : 7 %. L’Afrique subsaharienne est la partie du monde la moins sollicitée pour les essais cliniques.
Des dérives et/ou des dérapages surviennent de temps en temps. En volume et de manière mécanique, ils interviennent beaucoup plus souvent dans les pays du Nord, y compris pour des médicaments déjà mis sur le marché. L’Afrique n’est pas en reste, mais elle si peu présente dans ce champ économico-scientifique que les scandales qui y surviennent, depuis l’histoire coloniale à nos jours, y sont bien documentés. L’Afrique est très peu présente dans ce registre de la recherche clinique et cette marginalisation du continent vis-à-vis de la participation aux avancées de la science explique la mobilisation au Nord et au Sud pour que le continent ait une part plus importante à la production de la connaissance.
C’est dans ce sens que Nathalie Strub-Wourgaft, directrice de l’unité des maladies tropicales négligées au sein de la Drugs for Neglected Diseases Initiative (DNDI), fustigeait la faible participation des pays à ressources limitées dans le grand essai clinique « Solidarity » lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre de la réponse au Covid-19 dans 30 pays, dont un seul pays africain, l’Afrique du Sud.
D’autres essais impliquent petit à petit des pays africains, comme le Sénégal autour de l’association de la chloroquine avec d’autres molécules. D’où vient donc la controverse générée par les deux scientifiques français ?
4 000 volontaires en Australie
Deux scientifiques devisent et dévissent sur un plateau télé. Ils abordent le sujet d’un essai vaccinal contre le Covid-19 qui prévoit d’utiliser le vaccin BCG (bacille de Calmette et Guérin), prescrit contre la tuberculose depuis 1924 en France. Les essais en cours se multiplient. L’Australie a engagé 4 000 volontaires pour cet essai BCG contre le Covid-19. Un autre est en cours en cours aux Pays-Bas. La France va lancer un essai avec des volontaires via l’Institut Pasteur de Lille.
Un des deux scientifiques évoque la possibilité de le tester en Afrique en ignorant que certains des projets à venir prévoient déjà des pays africains, avec évidemment les mêmes conditions éthiques et déontologiques. Des conditions qui n’ont aucun lien avec des prostituées cobayes qu’il évoque. Les connotations racistes et méprisantes de leur court échange suscitent une indignation absolument légitime. Ceux qui parlent sur le plateau de télévision n’ont pas de connaissances précises sur ces projets.
Ce qui suit est plus problématique : une levée de boucliers qui dénonce les essais cliniques en Afrique. En bref, certains fustigent la participation de l’Afrique dans un concert où elle quasi inexistante. Si les volontaires des essais cliniques sont des « cobayes », les Africains sont les moins « cobayes » de tous.
La question : d’où vient le fait que deux personnes, fussent-elles des scientifiques, qui s’égarent sur un plateau télé, soient soudain affublées d’un pouvoir de vie et de mort sur les « Africains » ? La science et les essais cliniques ne se programment ni se déclinent sur un plateau télé. Les propos des deux scientifiques en question n’engageaient personne d’autre qu’eux-mêmes. Leur conférer via des pétitions et des vidéos qui fusent de toutes parts la capacité de transformer l’Afrique et les Africains en rats de laboratoire défie l’entendement.
D’un point de vue moral (voire légal), les propos des deux scientifiques sont inadmissibles, ils ont été dénoncés comme tels par leurs hiérarchies respectives et les intéressés ont par ailleurs présenté leurs excuses. Mais scientifiquement, leur échange, sur le point précis qui a provoqué l’ire quasi générale, est une tempête dans un verre d’eau. En déduire que le « monde occidental » ou « la France » prend les « Africains » pour des « cobayes » constitue sans doute une des controverses les plus paradoxales de ces dernières décennies. En bref, il s’agit d’exiger le retrait de l’Afrique d’un monde où elle a à peine accès.
Distinguer le bon grain de l’ivraie
Non, deux individus sur un plateau télé ne décident pas du sort ni de l’Afrique ni des Africains ; ils n’en ont ni le pouvoir, ni les moyens. Et à ce stade, leurs intentions, quelles qu’elles soient, n’ont strictement aucun intérêt. Oui, les essais cliniques sont à l’origine des vaccins administrés partout dans le monde, y compris en Afrique. Les fractures de l’histoire ne doivent pas annihiler le discernement.
Les opinions publiques africaines ont rarement été aussi énergiques, du fait notamment des réseaux sociaux. Plus rien ne se fera plus sans elles, ni contre elles, faut-il croire. Autant qu’elles se mobilisent en connaissance de cause, de manière à ne pas dire au monde l’inverse de ce qu’elles sont : intelligentes, dynamiques, actives. Ce n’est pas ce qui s’entend sous la colère noire qui gronde, mais un entrelacs de projections imaginaires, aux antipodes de la réalité de la recherche clinique au sein de laquelle l’Afrique doit au contraire mettre en lumière les atouts qu’elle possède.
Ces contradictions au grand jour trouvent leur essence dans les racines de l’histoire et un passé qui ne passe toujours pas. L’avenir et la protection des patients africains passent aussi par les essais cliniques, car c’est la rigueur de leurs protocoles qui permet de distinguer le bon grain des scientifiques, y compris africains, de l’ivraie des charlatans et apprentis sorciers de toutes origines. Les volontaires des essais promus par des institutions scientifiques reconnues et légitimes sont avisés, informés et protégés par la loi, l’éthique et la morale. Ils ne sont pas des « cobayes ». Leur engagement exprime une des formes les plus absolues de la fraternité universelle.
Le droit de dire « non » est une vertu démocratique. Reste à savoir à quoi et à qui le « non » s’adresse, car il y a deux hommes qui doivent être très étonnés (peut-être honorés) du pouvoir qui leur est conféré à peu de frais.
Fred Eboko est directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), directeur adjoint du Centre Population et Développement (Ceped) et membre du conseil d’administration du centre de recherche épidémiologique Epicentre-Médecins sans frontières.
SENEGAL-MINERGY SA SE VOIT OCTROYER UN TITRE FONCIER DE… 359 HECTARES !
Pour la réalisation du port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou, le gouvernement a signé un contrat de concession avec la société Sénégal Minergy Port Sa dirigée par l’homme d’affaires Dame Diané.
Pour la réalisation du port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou, le gouvernement a signé un contrat de concession avec la société Sénégal Minergy Port Sa dirigée par l’homme d’affaires Dame Diané. Après la construction, Sénégal Minergy Port Sa bénéficiera d’une durée de 25 ans pour l’exploitation. Passé ce délai, et sans renouvellement de la concession, l’Etat reprendra son terrain et les installations édifiées dessus. Mais c’est tout à fait théorique ! Une chose est sûre, et les initiés s’étranglent de rage en se demandant comment l’Etat a-t-il pu signer un contrat aussi léonin : Sénégal Minergy Port Sa décroche le jackpot dans ce « deal » du siècle. En effet, Dame Diané a réussi la prouesse d’obtenir un titre foncier de… 359 hectares (mais non, vous ne rêvez pas !) sur lequel il prétend construire le port minéralier de Bangny-Sendou. Scandaleux !
Ça y est ! L’impossible devient possible : la société Minergy port sa a réussi à s’approprier le terrain de 359 hectares sur lequel il prétend construire le port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou. « le témoin » quotidien est en mesure de révéler que pour la réalisation de ce projet qui ressemble fort à un éléphant blanc, un titre foncier (n°12.460) a été attribué à la société propriété de m. Dame Diané, un proche de la première dame, Mme Marième Faye Sall. un titre foncier signé le 30 janvier 2020 par le conservateur du Bureau des domaines de Rufisque. a qui profite ce crime « crapuleusement » foncier sur le dos de l’état du Sénégal ?
Comment la société privée Minergy port sa appartenant à l’homme d’affaires Dame Diané a-t-elle pu décrocher un titre foncier dans le cadre d’un contrat de concession d’une durée de 25 ans ? Comment un concessionnaire devant rendre les biens et infrastructures à l’autorité concédante à la fin de sa concession peut-il disposer d’un titre foncier sur l’assiette de la concession portuaire ? Juristes, experts et observateurs fonciers en perdent leur latin et leur droit. Pour mieux illustrer le scandale, nos interlocuteurs nous renvoient à plusieurs contrats et projets de concession signés par le Sénégal ces dernières années. jugez-en : imaginez un seul instant si Senac sa disposait d’un titre foncier sur l’emprise de l’autoroute à péage, cela voudrait dire qu’à la fin de la concession en 2039, le futur concessionnaire devra louer lesdites emprises auprès de… la Senac. encore encore : si la Sde avait été, en lieu et place de la sones, propriétaire des terrains et installations de réseaux d’adduction d’eau, comment se serait déroulé aujourd’hui le passage de témoin entre la Sde et Senau ? de même que si Dp-World disposait d’un titre foncier sur le site du terminal à containeurs du mole 8 dont il a la concession pour une durée de 25 ans, qui pourrait, au terme de la concession, lui reprendre l’assiette foncière sur laquelle il aura construit ses installations ? Et pourtant, ce que tous ces concessionnaires n’ont pas obtenu, c’est ce qu’a décroché le bienheureux Dame Diané pour son port de Bargny-Sendou !
C’est d’autant plus scandaleux que ce privilège n’a visé qu’à permettre à un « investisseur » désargenté de lever des fonds auprès des banques en hypothéquant des terres qui relèvent indubitablement du domaine public maritime. Lequel, comme tout le monde le sait, est inaliénable. en tout cas, le titre foncier de Minergy port sa peut être traité, demain, comme ce qu’on appelle en droit des « actes de régime » ne liant point les futurs gouvernants car la continuité de l’état s’entend relativement aux actes normaux de gestion ! Ce qui n’est évidemment pas le cas en l’espèce…
Une dame peut en cacher un autre !
Dans ce port minéralier — ou ce qui en tiendra lieu —, la seule chose remise en question par nos interlocuteurs, c’est le « tf » attribué à Sénégal Minergy port ! Car doter le Sénégal d’un port minéralier et vraquier est un projet salutaire qui vient à son heure. on nous dit que l’infrastructure a pour but de prendre en charge les importants volumes d’importations et d’exportations de produits miniers, minéraliers, pétroliers et céréaliers de notre pays. a la bonne heure ! il permettra en tout cas au port de Dakar d’être désengorgé puisque tous navires transportant du riz, du mil, du maïs etc. ainsi que les tankers pétroliers vont facilement accoster à Bargny-Sendou pour leurs opérations d’embarquement et de débarquement. sans oublier l’exportation des produits miniers (charbon, clincker, engrais, phosphate, fer) du fait que ce port sera doté — du moins, on l’espère — d’équipements spécifiques et performants pour la manutention. mieux, le futur port de Bargny Sendou disposera de zones de stockage et d’entrepôts à forte capacité. Hélas, trois fois hélas, le titre foncier obtenu par Sénégal Minergy port reste et demeure la seule houle de ce beau port du futur qui devrait être entièrement financé par des américains, associés à l’homme d’affaires sénégalais Dame Diané, pour un coût de 290 milliards CFA. Mais au fait, qui pourra estimer pour nous la valeur d’un terrain titre foncier de 359 hectares situé dans la région de Rufisque ? des milliards, vous avez dit des milliards ? Bienheureux Dame Diané, la chance d’être l’ami d’une première dame ! Autrement dit, une dame peut en cacher un dame !
L’URGENTISTE EN CHEF
Au-devant de la scène depuis l’apparition du coronavirus au Sénégal, Dr Abdoulaye Bousso, qui pilote le Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (Cous), est sur tous les fronts pour vaincre le virus du Covid-19.
Au-devant de la scène depuis l’apparition du coronavirus au Sénégal, Dr Abdoulaye Bousso, qui pilote le Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (Cous), est sur tous les fronts pour vaincre le virus du Covid-19. Crayonné comme un bosseur infatigable, Dr Bousso est devenu populaire en un laps de temps, grâce à ses talents de rhéteur. Avec son visage du parfait gendre et sa mise toujours impeccable, Dr Bousso est désormais la «star» qui fait chavirer le cœur des jeunes filles dans les réseaux sociaux.
«Si sama jëkër binga bindtày,daa beau dé ! » (tu écris aujourd’hui sur mon mari, il est beau hein !) lance tout sourire une cousine tombée en pamoison devant Dr Abdoulaye Bousso. En effet, la photo du directeur du Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (COUS) du Ministère de la Santé etde l’Action sociale (Msas) figure sur beaucoup de profils de jeunes filles depuis l’apparition du Covid-19 au Sénégal. Sur Facebook, elles rivalisent de super latifs pour chanter la beauté de leur «star» reconnaissable à ses cheveux poivre et sel et sa barbe parfaitement bien taillée.
Désormais, ses apparitions sur les plateaux de télévision pour faire l’état des lieux de la pandémie du coronavirus au Sénégal sont fortement attendues. Et il n’est pas exagéré de dire qu’il ravit la vedette à des célébrités comme Waly Seck et l’ancien footballeur Habib Bèye. Bien qu’évoluant dans un monde où la santé passe avant tout, il n’en demeure pas moins qu’il est adepte de la mise soignée. Même si lui préfère en sourire : «Ah ! J’avoue que c’est depuis toujours ainsi, c’est un peu dans ma nature !» Mais le fait qu’il soit toujours tiré à quatre épingles n’étonne guère Cheikh Seck, physiothérapeute au service de médecine physique à l’hôpital général Idrissa Pouye de Grand Yoff (ex Hoggy). «C’est un métier où nous sommes obligés d’être corrects», souligne Dr Seck.
Diplômé en gestion des catastrophes et en chirurgie orthopédique et traumatologique, Dr Abdoulaye Bousso doit manifestement son aura à sa compétence avérée en médecine et en communication de crise. Homme de terrain, ce membre de «Médecins Sans Frontières France», qui a fait plusieurs théâtres d’opération comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et Haïti, s’est assigné aujourd’hui pour mission d’anéantir le maudit virus du Covid-19 et d’empêcher sa propagation. En compagnie bien sûr d’une équipe composée de plusieurs experts de la santé. Né à Dakar il y a 47 hivernages, ce monogame, papa de quelques enfants, est un vrai «boy town». Ayant fait ses humanités successivement à l’école primaire de la Caserne Samba Diéry Diallo, au Cem de Colobane et au lycée Thierno Seydou Nourou Tall, le chirurgien n’a jamais opéré loin de la capitale. D’autant qu’il a effectué ses études supérieures à la faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad). A sa sortie de l’université avec le titre de docteur en poche, le jeune Dakarois a servi à Kaolack avant d’être affecté à l’hôpital général de Grand Yoff devenu hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff. Sous les ordres du Pr Mouhamadou Habib Sy, il officie au service d’Orthopédie-traumatologie pendant une dizaine d’années. A son arrivée à la tête du Ministère de la Santé et de l’Action sociale,
Pr Awa Marie Coll Seck qui lui voue une certaine estime le nomme dans son cabinet comme Conseiller Technique N°2. Il y fait quelques piges avant d’être bombardé, toujours par Pr Awa Marie Coll Seck, à la tête du Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (Cous). Très écouté par les Sénégalais pour éclairer leur lanterne sur l’évolution de la maladie du coronavirus dans le pays, Dr Abdoulaye Bousso livre les recettes qui l’aident à accomplir cette tâche. «C’est l’expérience, car je suis souvent confronté, dans le cadre de mon travail, à des crises sanitaires notamment avec Médecins sans frontières», confie-t-il.
Malgré la psychose qui gagne les populations avec la propagation du Covid-19, l’expert auprès de l’OMS pour Règlement Sanitaire International (Rsi) et pour le Développement des Centres d’Opération d’Urgence de Santé Publique (Dcousp) se définit professionnellement comme quelqu’un qui ne doit pas perdre son sang-froid. «Un chirurgien doit être calme et serein», rappelle-t-il. Il faut dire aussi que Dr Bousso doit son flegme britannique à son parcours qui a beaucoup trempé son caractère. «J’ai toujours été le plus jeune de toutes mes promotions, de l’école primaire à la faculté», lance-t-il sans vantardise, même s’il avoue ressentir actuellement une forte pression sur ses épaules. Toujours limpide, sans langue de bois et rassurant dans ses explications sans verser dans la banalisation de la maladie, le patron du Cous pourrait certainement tenir son bagout de son passé syndical. En effet, Dr Abdoulaye Bousso, ce n’est pas uniquement les blocs opératoires et autres bistouris. C’est aussi un militantisme très poussé. Ce qui lui a valu d’être tour à tour le Secrétaire général du Syndicat Autonome des Médecins du Sénégal (Sames) et le Vice-président du conseil de l’Ordre des Médecins du Sénégal. Cheikh Seck (actuel secrétaire général du Syndicat Démocratique des Travailleurs de la Santé et du Secteur Social) avec qui il a partagé plusieurs batailles syndicales se souvient d’un homme particulièrement engagé. «Nous avons mené plusieurs luttes ensemble, lui en tant que secrétaire général du Sames et moi en tant que secrétaire général de la section Sutsas de l’Hoggy.
Et malgré les apparences, il n’hésitait pas à taper du poing sur la table à chaque fois que de besoin. Il défendait toujours des principes», renseigne le physiothérapeute qui décrit par ailleurs Dr Bousso comme un grand bosseur. «Malgré ses responsabilités syndicales qui lui octroyaient 20 heures d’activités, il prenait ses consultations et faisait ses opérations correctement et rigoureusement», témoigne Cheikh Seck.
Propulsé au-devant de la scène depuis l’apparition du coronavirus dans le pays, il est surnommé par certains observateurs (tout comme Pr Moussa Seydi et Dr Alpha Amadou Sall)la voix de l’espoir. Jusque-là, il est à la hauteur de sa célébrité et tient d’une main de maître la gestion de la crise sanitaire qui secoue le pays. Ce qui n’étonne point Cheikh Seck. «Dans nos activités syndicales, il avait toujours montré son leadership par son sens de l’écoute et son ouverture», se souvient notre interlocuteur.
Pourtant, l’intéressé avoue que ce n’est pas facile. «On ne dort presque plus», dit-il. Surtout que ce passionné de football, sport qu’il pratiquait avec ses copains tous les vendredis au terrain de Dakar Sacré-Cœur, ne s’offre plus ce luxe depuis l’instauration du couvre-feu. Son exécutoire actuel ? Il répond : «Je cours une fois par semaine». Par ailleurs, quand on lui demande son avis sur le fait qu’il soit devenu le chouchou des filles sur la toile, il éclate de rire au téléphone : «Tu vas me créer des problèmes et je risque de ne plus sortir après la pandémie !» Mais apparemment, les «coépouses» virtuelles de Mme Bousso devront prendre leur mal en patience. Et pour cause, Dr Abdoulaye Bousso qui vient de finir un master en Défense, Paix et Sécurité et qui s’est inscrit en doctorat en sciences politiques, préfère savourer son plat préféré (le «ceebujën) mijoté par sa dulcinée. Et ce, en dépit des nombreuses «déclarations d’amour» dont il fait l’objet dans les réseaux sociaux.
LA RECETTE DE PAPE DIOP
Le président de la Convergence Libérale et Démocratique Bokk Gis Gis pense que la pandémie du coronavirus, malgré ses conséquences, reste quand même une opportunité pour transformer notre économie, une fois cette parenthèse refermée.
Afin de survivre du choc économique engendré par la pandémie du coronavirus, le leader de Bokk Gis Gis invite les pouvoirs publics, le patronat, les décideurs et tous les acteurs économiques à un changement de paradigme. pour installer durablement notre économie sur la voie du développement, Pape Diop demande à l’Etat de s’appuyer sur trois leviers à savoir les secteurs bancaires et informels et de promouvoir le patriotisme économique.
Le président de la Convergence Libérale et Démocratique Bokk Gis Gis pense que la pandémie du coronavirus, malgré ses conséquences, reste quand même une opportunité pour transformer notre économie, une fois cette parenthèse refermée. Partageant ses réflexions sur la redynamisation de l’économie qui subit de plein fouet la pandémie, Pape Diop propose d’agir sur le secteur bancaire. «A ce niveau, la première chose à corriger est la très faible proportion de nos banques de développement par rapport à l’offre bancaire. Il existe en effet au Sénégal 26 banques commerciales contre seulement trois banques de développement sur lesquelles, partout au monde, les Etats s’appuient pour financer le développement de leurs économies», souligne l’ancien président de l’Assemblée nationale. A ses yeux, il est impératif de créer les conditions permettant aux banques à capitaux exclusivement sénégalais de s’agrandir afin de disposer de filiales, ne serait-ce que dans la sous-région. Et de citer l’exemple des banques mauritaniennes, Burkinabé, béninoises, nigérianes et marocaines au Sénégal. En aidant nos banques à se déployer dans la sous-région, affirme-t-il, elles vont augmenter leurs surfaces financières afin de pouvoir contribuer davantage au financement de notre économie. «L’Etat a l’impératif de peser de tout son poids pour amener les banques établies au Sénégal à baisser sensiblement leurs taux d’intérêt qui restent en moyenne entre 11 et 12%. Ce qui désavantage largement nos entrepreneurs et industriels dont la marge de manœuvre s’en trouve réduite».
LES BANQUES SONT UN FREIN AU DEVELOPPEMENT DE NOS ECONOMIES
Pour l’ancien président du Sénat, les banques sont actuellement un frein au développement de nos économies. «C’est donc le moment pour le Président Macky Sall et ses collègues de l’Uemoa d’intervenir auprès de la Bceao afin qu’elle revoie ses taux directeurs de manière à permettre à nos banques de baisser leurs taux d’intérêts», affirme-t-il. En attendant que les chefs d’Etat agissent, Pape Diop invite l’Etat à user de la qualité de sa signature pour garantir auprès de certaines banques des prêts remboursables à un taux de 7% pour les entreprises les plus affectées par la crise, ainsi que les Pme/Pmi. «Ces prêts seront d’autant plus salutaires pour les entreprises bénéficiaires que leur taux d’intérêt ne dépassera pas 7% et qu’ils seront fixés proportionnellement aux pertes qu’elles auront subies à cause du Covid-19 sur leurs chiffres d’affaires», indique M. Diop. Le second levier sur lequel il faudra activer, selon le leader de Bokk Gis Gis, pour l’envol de l’économie est le secteur informel. Il est temps, selon lui, d’en finir avec le grand paradoxe qui caractérise le tissu économique du pays. «Alors que les Pme/Pmi représentent 90% de nos entreprises et que l’économie informelle concentre l’écrasante majorité de la population active, ces deux secteurs sont traités jusque-là en parents pauvres. Or, c’est cette tendance qu’il nous faut vite inverser si nous voulons mettre notre économie sur orbite», souligne Pape Diop.
Dans le même sillage, il demande au chef de l’Etat de prolonger le différé de paiement des impôts et taxes en faveur des Petites et Moyennes Entreprises au-delà du 15 juillet 2020. Pape Diop pense que ce délai peut s’avérer en effet très court et ne sera pas, de toute évidence, suffisant pour permettre aux Pme/Pmi de retrouver un regain d’activité et une santé financière pour supporter, aussitôt après la crise, le paiement de ces impôts et taxes. Il suggère que ce différé soit élargi aux autres entreprises dont le chiffre d’affaires est certes plus important, mais qui n’en sont pas moins très fragiles, surtout après l’impact du Covid19. S’agissant de l’économie informelle, Pape Diop reconnaît qu’aucun gouvernement n’a réussi jusqu’ici à exploiter le vrai potentiel qu’elle représente. «Quel gâchis d’ailleurs pour l’Etat et pour le pays que l’ensemble des acteurs de l’informel ne soient pas jusqu’ici recensés et versés dans un registre national ! En les organisant de la sorte, l’Etat pourra les amener à alimenter par des cotisations un fonds revolving auquel, seront éligibles l’ensemble des adhérents à ce fichier national des travailleurs de l’informel pour augmenter leurs capacités financières et, par conséquent, développer leurs activités respectives», dira-t-il.
PROMOUVOIR LE PATRIOTISME ECONOMIQUE
Par ailleurs, le leader de Bokk Gis Gis est d’avis que le principal enseignement à tirer de cette crise du Covid-19 est que la meilleure garantie de résilience pour un pays, est la promotion du patriotisme économique. «Même si nous vivons dans un village planétaire, chaque pays, sans verser dans le protectionnisme ni violer les règles de l’OMC, est tout à fait libre de créer les conditions permettant à son secteur privé de bénéficier des opportunités qui se présentent au plan national», déclare Pape Diop. A l’en croire, c’est la seule voie pour avoir un secteur privé fort et pouvoir ainsi le mettre à contribution comme au Maroc où seul l’apport d’une banque à l’effort de guerre contre le Covid-19, s’élève à 150 milliards Fcfa. C’est dire toute l’utilité d’avoir un secteur privé fort, affirme-t-il. Il salue le combat du Club des investisseurs sénégalais (CIS) que l’Etat gagnerait à accompagner quitte à reconsidérer la notion d’entreprise. Puisque, relève Pape Diop, «c’est sur la base de ce simple statut que des non nationaux font prévaloir la règle de la préférence nationale pour rafler quasiment tous les marchés, au détriment d’entreprises à capitaux exclusivement sénégalais». A ses yeux, il est impératif aujourd’hui d’inverser cette tendance si le Sénégal veut réellement bâtir une vraie économie nationale. «Il convient aussi de faire du transfert de technologie et de la signature de joint-ventures avec des entreprises sénégalaises opérant dans le même secteur des conditionnalités inaliénables à l’octroi de marchés aux entreprises à capitaux étrangers», souligne Pape Diop qui invite les pouvoirs publics, le patronat, les décideurs et tous les acteurs économiques à un sursaut national pour opérer ce gros virage et éviter que le Covid-19 ne laisse à jamais des séquelles sur notre tissu économique et social.
LA LD-DEBOUT PRECONISE LA SUPPRESSION DES PRIVILEGES DE L’ETAT
L’enveloppe de 1000 milliards Fcfa prévue par le président Macky Sall pour gérer la crise sanitaire, économique et sociale engendrée par le Covid-19 est insuffisante.
L’enveloppe de 1000 milliards Fcfa prévue par le président Macky Sall pour gérer la crise sanitaire, économique et sociale engendrée par le Covid-19 est insuffisante. C’est l’avis des membres de la Ld-Debout qui proposent la suppression de toutes les niches de privilèges matériels et financiers exorbitants et de gaspillage de la classe politique dirigeante
Réunis en session ordinaire pour examine la crise multisectorielle causée par le coronavirus, les membres du Secrétariat Exécutif National (Sen) de la Ligue Démocratique Debout (Ld Debout) se sont montrés favorables à certaines mesures prises par l’Etat, notamment la fermeture des écoles et de l’espace aérien et l’interdiction des rassemblements, etc. Cependant, Souleymane Guèye Cissé et ses camarades jugent insuffisante l’enveloppe de 1000 milliards Fcfa prévue par le Président Macky Sall et constituant le Fonds FORCE COVID-19.
Ainsi, ils invitent le chef de l’Etat et son gouvernement à relever leur niveau d’anticipation des effets de cette crise sanitaire. «A cet effet, toutes les niches de privilèges matériels et financiers exorbitants et de gaspillage de la classe politique dirigeante (agences et institutions inutiles et budgétivores, fonds politiques, dotations en véhicules, carburant, etc.) devraient être neutralisées et les ressources réaffectées à la gestion de la crise», affirment les responsables de Ld-Debout.
Par ailleurs, ils préconisent la mis en place de mécanismes pour assurer l’efficacité et la transparence dans l’allocation et l’utilisation de toutes les ressources mobilisées, en rapport avec l’ensemble des corps de contrôle de l’Etat, l’opposition et la société civile.
En effet, les jallarbistes version opposition émettent beaucoup de doutes sur la manière dont seront répartis les fonds de riposte contre les effets du COVID-19. «Sur le plan sanitaire, le montant annoncé de 64,4 milliards de Fcfa semble très insuffisant au regard de l’état de décrépitude du système de santé du pays lourdement affecté par les vingt années de sous-investissement des régimes libéraux de Wade et de Macky Sall. Le Secrétariat se demande quel est le niveau actuel de notre capacité en tests médicaux sur le virus, en lits équipés de respirateurs artificiels, et en personnel médical ? Comment et à quelle hauteur cette capacité va-t-elle être renforcée dans le court terme ?».
Sur le plan économique et social, la Ld-Debout se dit préoccupée par la prise en compte effective de toutes les familles vulnérables dont les besoins en soutien sont énormes et urgents à cause du ralentissement des activités productives. «C’est pourquoi, le paiement par l’Etat, pour un bimestre, des factures d’eau et d’électricité, doit toucher tous les ménages vulnérables et l’aide alimentaire ne doit faire l’objet d’aucune politisation», indiquent les membres de Ld Debout qui demandent la mise à l’écart du fichier du ministère du Développement communautaire et de l’Equité sociale, qui a servi à l’attribution des bourses de sécurité familiale, dans la distribution des vivres.
«Car, ce fichier a été conçu pour des objectifs politiques et tout le monde sait au Sénégal qu’il ne peut pas servir de base transparente à une action sociale équitable. Aussi, le Programme de résilience économique et sociale ne peut ignorer le secteur non formel qui représente 97% des unités économiques du pays ainsi que le milieu rural. De même, le soutien aux entreprises impactées par la crise doit permettre de sauver les emplois et les salaires», clament les membres du Sen de la Ld-Debout.
Par Boubacar DRAME
PANDEMIE DU COVID-19 EN AFRIQUE, URGENCES SENEGALAISES !
De prime abord, il faudra que tout le monde s’accorde d’une chose : avec cette crise sanitaire inédite dans l’histoire de l’humanité, ce qui se joue aujourd’hui devant nos yeux impuissamment est une question de vie ou de mort.
De prime abord, il faudra que tout le monde s’accorde d’une chose : avec cette crise sanitaire inédite dans l’histoire de l’humanité, ce qui se joue aujourd’hui devant nos yeux impuissamment est une question de vie ou de mort.
Des morts il y’en a et en aura, vu le modus operandi de cet agent infectieux que même un illettré mais connecté connaît de nom Corona, fut-il un habitant à Maka Koulibanta.
Ironie du sort, cette pandémie met à nu le vrai visage du monde occidental et son mépris qu’il a vis-à-vis de nous autres qu’il continue de considérer comme « colonies ». Pour preuve, en lieu et place d’une heuristique de solutions pour le bénéfice de toute l’humanité, il s’adonne à son jeu favori dont il excelle en voulant tester sur les populations cobayes africaines le vaccin macabre.
Cela ne date point d’aujourd’hui….
En effet, depuis le XVième siècle, Christophe Colomb n’a pas seulement découvert le Nouveau Monde, il a aussi été, sans le vouloir, à l’origine de la création d’un Nouveau Monde. Il suffit, pour se faire, une relecture de l’histoire avec son corollaire de légalisation de la traite négrière, suivie de la colonisation, de génocides des peuples amérindiens en Amérique, Namas et Hérèros en Namibie, entre autres et l’exploitation post-coloniale à travers tous les mécanismes de domination et d’influences mis en place pour continuer à asservir les peuples considérés comme « indigènes » et rendre vassaux nos états indépendants : Françafrique, machin de Francophonie, Franc CFA, coopérants techniques, CIRAD, IRD, j’en passe…..
Le Sénégal a fait preuve de responsable avec toutes les mesures de riposte dont les autorités ont mis en place pour faire face à cette pandémie.
Dans le langage de la qualité, c’est au moment de l’évaluation que les gens avertis comprendront. Car il est connu qu’en gestion de risques, l’on ne voit pas l’impact des mesures prises qu’en le comparant non à la situation de base mais ce qui sera la situation sans l’effet desdites mesures. Comme qui dirait la qualité n’a pas de prix mais la non qualité a un coût.
Notre pays vient de montrer à la face du monde, nous n’avons rien à envier aux autres pays quant à la gestion de cette crise sanitaire due au COVID-19. La une du quotidien « Libération » du 31 mars 2020 en dit long en caricaturant par un titre cocasse « la première impuissance du monde » pour ne pas citer l’Amérique de Trump qui est dans l’impasse dans la gestion de ce virus en adoptant des comportements et attitudes irresponsables. Du vrai amateurisme aggravant le risque de mortalité chez les américains !
Hommage à nos médecins qui ont montré leur savoir-faire.
Sans complexe, le Sénégal (l’Afrique) pourra devenir un modèle pour le monde en matière de gestion des pandémies à l’image de Cuba. Ce qui qui n’est pas étonnant, car il revenait à l’indépendantiste cubain José Marti au XIXe siècle cette célèbre phrase « La patrie, c’est l’humanité» !
Monsieur le Président de la République, votre discours responsable et rassurant à l’occasion du soixantième anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, montre à suffisance que vous avez compris les enjeux.
Mais ……. !
Mais …… ne vous laissez pas détourner de l’essentiel par les diversions via les appels de visio-conférence dont la Métropole vous a conviée. Leur objectif est ailleurs. Ils n’ont d’autres desseins que de déstabiliser durablement nos États afin de continuer leur exploitation. Je pèse bien mes mots durablement ! c’est à dire sur le plan social, économique et environnemental.
La preuve, ce sont les mêmes services qui ont rédigé en toute connaissance de cause la note non confidentielle intitulée «l’effet pangolin » du Quai d’Orsay sur les prévisions froides du Centre français d’analyse, de prévision et de la stratégie (CAPS).
Cette crise marque que ce mode de « coopération » sous forme « d’ Aide fatale » n’est pas à notre bénéfice et devient caduc. Il n’est pas un secret de polichinelle pour personne que l’assistance financière a été et continue d’être un total désastre pour l’Afrique. Le mythe de l’aide est révolu et doit faire place au commerce et à une coopération gagnant-gagnant.
Il est temps que nous prenons notre destin en main.
Au moment où notre pays à l’instar des autres nations engage la guerre contre cette pandémie, la contribution de l’ensemble de ces entreprises aux soldes du Quai d’Orsay n’atteint pas 01 milliard de Fcfa (paru dans Dakar Times N°878 du 03 avril 2020).
Je ne vais pas user d’euphémisme pour plaire. Il faut dire les mots par leur vrai sens et sans ambages. L’Europe, sans ressources naturelles, ne se rend pas compte de l’émergence d’une nouvelle jeunesse africaine consciente et prête à prendre son destin en main sans complexe. Le réveil sera brutal. Rien ne sera plus comme avant.
Avec cette crise, le monde occidental a démontré ses limites et son impuissance. A nous de penser par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Ne soyons plus des consommateurs de concepts.
Au-delà de simples pays fournisseurs de matières premières et de consommateurs de produits, usons de notre matière grise pour une transformation structurelle de notre continent. Sinon, personne ne le fera à notre place. Pire, comme l’a bien souligné le Professeur Cheikh Anta Diop “ Il faut savoir que l’adversaire vous tue intellectuellement, il vous tue moralement, avant de vous tuer physiquement … “.Bref se libérer et s’émanciper ! il est temps de changer de paradigme.
C’est l’occasion pour nous autres africains d’inventer et d’avoir une capacité d’anticipation et de prospective propre pour l’Afrique. Pour ce faire, il est important de noter qu’il y’a eu un monde avant-coronavirus et il y’aura forcément un monde post-corona. A la crise sanitaire, va succéder une crise socio-économique inévitablement.
Il est temps d’aller au-delà de la photographie, de l’instantané liée à cette crise. Loin d’être qualifiée de situation conjoncturelle, la crise actuelle est structurelle. Les solutions envisagées doivent s’orienter vers une stratégie holistique pour ne pas tomber dans l’impasse sectorielle.
Ainsi, notre pays devra tirer des leçons en accélérant ses politiques d’autosuffisance et de diversification dans les domaines essentiels.
Dans cette perspective, vous me permettrez d’exposer quelques pistes de réflexion à savoir :
Les indicateurs de performances du Plan Sénégal Émergent (PSE) arrimés aux Objectifs du Développement Durable doivent être revus.
La création d’un ministère en charge de l’Alimentation et de la Promotion des Agro-industries qui transcende tous les sectoriels (agriculture, pèche, élevage et agroalimentaire) mettra définitivement notre pays sur le cap de l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle mais surtout l’industrialisation.
Il nous revient de comprendre les challenges que notre mode de vie et notre situation socio-économique nous pose comme autant de défis, et adapter notre réponse pour la prévention de la contagion
Dans la situation de pandémie du Coronavirus, le Sénégal doit trouver des moyens rapides, efficace et en phase avec les ressources nationales pour faire face à l’épidémie de Coronavirus. Il nous revient de comprendre les challenges que notre mode de vie et notre situation socio-économique nous pose comme autant de défis, et adapter notre réponse pour la prévention de la contagion.
Malgré les efforts de sensibilisation, les mesures sanitaires et sécuritaires considérables, entreprises par le gouvernement, le niveau de mobilisation de la population n’est pas encore à la hauteur des risques sanitaires et des enjeux économiques.
C’est pourquoi en prolongement du train de mesures arrêtées par les autorités et dans le même esprit, je viens contribuer à l’action menée par le comité COVID 19, en proposant les mesures suivantes, car elles sont à mon avis totalement exécutables sur l’ensemble du territoire national – plus de 80% - et ce, quel que soit le niveau de revenus des habitants.
L’exécution de ces mesures doit être d’abord et avant tout communautaire et devrait être soutenue par la loi, pour amener la population à s’approprier définitivement ces changements, qui appellent adhésion et participation des citoyens, suscitant une réponse massive, populaire et efficace pour freiner l'évolution de l'épidémie et maintenir un niveau d'activité économique raisonnable.
Comment convaincre les populations, qu’elles doivent adopter des règles qui ne sont en rien des contraintes mais des nécessités, lesquelles deviendront du fait de leurs applications systématiques, des gestes naturellement intégrés au quotidien des sénégalais.
1-Le port du masque alternatif lavable en tissu doit être rendu obligatoire sur la voie publique et au travail sur l’ensemble du territoire. (Cette mesure peut être réalisable en une quinzaine de jours)
2-Nous devons rendre obligatoire la présence d’un lave-mains devant chaque maison et chaque entreprise et ce sur tout le territoire national. En poussant chacun à trouver une solution adaptée à ses ressources.
3-Nous devons isoler les anciens et les personnes à risque. Ce qui est déjà partiellement le cas dans la plupart des maisons et renforcer la sécurité sanitaire de leurs personnes contact.
4- Nous devons lancer des campagnes massives de changement de comportement pour soutenir toutes les décisions prises ci-dessus et expliquercelles prises précédemment comme la distanciation sociale, le couvre-feu, la toux dans le coude et le lavage des mains, ainsi que les comportements à risques à abandonner en urgence comme notre tendance à cracher et à partager des verres d’eau ou de thé.
Quels sont les leviers que collectivement et rapidement nous devons actionner ?
D’abord initier en urgence la production en masse du masque alternatif lavable communautaire de protection mutuelle
En ce qui concerne les masques, nous avons la chance infinie d’avoir dans tous les quartiers de toutes les villes du pays des tailleurs qui sont des virtuoses de l’aiguille ! L’association des Couturiers, Créateurs et Tailleurs du Sénégal (CCAS) compte 300 000 membres…
Si chacun de ces tailleurs peut se mettre à fabriquer des masques de protection à vendre aux populations … Nous pourrions trouver une réponse locale pour ralentir la transmission surtout pour les populations qui doivent continuer à avoir une activité quotidienne.
L’idée c’est de fournir 2 masques au moins par personne pour pouvoir les laver d’un jour sur deux avec de l’eau javellisée et du savon.
Des patrons sont disponibles sur internet dont celui recommandé par l’AFNOR (Agence Française de Normalisation) et peuvent être distribués aux tailleurs, lesquels formés, peuvent atteindre facilement une production de 100 masques par jour, en ayant rationalisé le patronage, la coupe, les coutures des plis et les élastiques.
Concrètement, 300 000 tailleurs produisant 100 unités par jour proposeraient 30 millions de masques lavables à terme ! Et la généralisation progressive du port de ces masques aura un effet entraînant, lorsque l’on sait que nos comportements sont souvent grégaires.
Et sauce sur le couscous, c’est un « win win win win » qui permet en plus d’utiliser les forces économiques du pays concentrées au cœur des quartiers et qui vont pouvoir avoir de nouveaux pour éviter la précarité, qui aurait pu être leur sort en l’absence des fêtes de Pâques et de la Korité compromises.
15 jours suffisent pour que cette dynamique « imprime » les esprits et s’impose à force de pédagogie et de bon sens partagé dans toutes nos langues, en favorisant l’exemplarité, vu que pour nettoyer correctement un escalier, il convient de le faire en allant du haut vers le bas. Le rythme de cette dynamique obéira à plusieurs phases, d’un exemplaire nécessité.
-Phase 1 : Tous les fonctionnaires auront l’obligation de porter un masque dans l’exercice de leurs fonctions.
-Phase 2 : Toutes les entreprises doivent rendre le port du masque obligatoire sur leurs lieux de travail.
-Phase 3 : Le port du masque doit être obligatoire dans l’espace public.
-Phase 4 : L’absence de masque peut être sanctionnée, allant progressivement du rappel à l’urgence sanitaire à une amende dissuasive, la rareté des masques n’étant plus une excuse.
Quels sont les bénéfices directs ?
Cette mesure ne coûterait rien à l’Etat et la communication pourra inciter des gestes de solidarité de citoyens à citoyens pour la distribution de masques à l’usage du grand public, et l’Etat pourra ainsi se concentrer sur le renforcement des capacités hospitalières et le suivi des malades.
Il convient de noter que le CDC américain vient de recommander l’usage de masques artisanaux le 4 avril 2020 tout en rappelant que les masques chirurgicaux doivent être réservés aux personnels soignants.
Ensuite favoriser la mise en place systématique de lave-mains communautaires.
De la même façon nous devons encourager les citoyens à mettre devant leur porte d’entrée un système de lavage de main avec du savon. Aussi bien pour les maisons privées que pour les entreprises dans les zones urbaines où la majeure partie de nos concitoyens vont devoir continuer à aller et venir dans la rue.
Les réponses sont déjà nombreuses et créatives et très peu chères, et permettront à tous de se laver les mains très régulièrement partout et tout le temps avec de l’eau légèrement javellisée et du savon.
Ce dispositif permet de se laver les mains systématiquement avant de rentrer dans une entreprise ou dans une maison quand on vient de l’extérieur. La répétition devient habitude. En plus, en responsabilisant les citoyens et en leur donnant le sentiment qu’ils sont acteurs de la protection communautaire, ils intégreront ces gestes de solidarité responsable, de manière généreuse : « Je te donne les moyens de te laver les mains quand tu passes devant chez moi et si tu fais de même, quand d’autres passeront devant chez toi, ils pourront également se laver les mains. »
Etant donné la prise en charge par l’état des factures d’eau pour la tranche sociale la plus populaire pour les 3 prochains mois, cette mesure devrait pouvoir être acceptée par la population, générant naturellement une émulation saine entre voisins. Les ASC, les Badienou Gokh et autres ressources communautaires devront être mises à contribution.
Il faudra enfin décider de l’isolation des personnes à risque au sein des maisons.
Au Sénégal, il est très courant de voir plusieurs générations cohabiter dans la même maison. Ce qui représente un risque accru face à cette épidémie.
Par contre, nous devons noter que dans la majorité des cas, ces anciens, jouissent généralement d’une chambre isolée, qu’ils mangent seuls et qu’en tout cas, on les traite déjà avec beaucoup d’égards et avec une communication particulière qui permettra de transformer la porte de leur chambre en sas de sécurité, qui oblige de porter le masque et de se laver les mains quand on leur apporte à manger.
Il faudra surtout dérouler des campagnes massives de changements de comportements.
Il est souhaitable pour renforcer le respect des gestes barrières déjà mis en place, mais pas forcément compris, mettre en place une communication de masse pour induire un nécessaire changement de comportements, en utilisant tous les canaux qui permettent de vulgariser les gestes de précaution et d’imposer naturellement à la population et d’une manière claire, la nécessite et l’utilité de ces gestes barrières. Il sera judicieux de diffuser dans l’opinion le caractère démocratique du Covid-19, en ce sens que tout le monde peut le contracter, et que la grande majorité en guérit si le processus de soins est rapidement enclenché. Pour cette raison il est urgent de convaincre les concitoyens que le Covid-19 n’est pas une maladie honteuse et qu’être dépisté « positif » et se soumettre aux soins d’observance comme de rémission est une opportunité pour la personne infectée comme pour son entourage de ne pas en subir les désagréments voire les complications. Avoir une attitude responsable face à des symptômes inquiétants sera de haute portée citoyenne.
En qualité de Directrice de l’agence EXP, entourée de partenaires engagés et forts de multiples expériences de marketing social, je suis convaincue que le Sénégal se sortira de cette crise sanitaire, parce que sa population « fera nation », et qu’aucun des talents qui fourmillent d’idées dans ce singulier pays, ne sera de trop, pour vaincre le Covid-19, mais surtout pour essaimer dans nos villes et nos campagnes des comportements novateurs et salvateurs.
« Soyons Solidaires, changeons ensemble nos habitudes, et nous vaincrons le coronavirus ! »
Marianne Marguerite Bathily est spécialiste de la communication pour le changement des comportements et en Marketing social dans l’Afrique de l’Ouest francophone. Elle dirige EXP, une agence de Marketing et d’activation Terrain basée au Sénégal et travaillant aussi en Côte d’Ivoire et en Guinée Conakry depuis 20 ans.