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24 septembre 2025
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
L’EGO ET LES MÉTAUX
EXCLUSIF SENEPLUS - Les grandes firmes pharmaceutiques font perdre à la science son intégrité. Les experts se livrent bataille dans les médias. En attendant, la Covid-19 creuse le fossé entre nantis et démunis
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 12/06/2020
« Quand les éléphants se battent, l’herbe souffre » (dicton africain)
La recherche de la gloire et l’âpreté au gain semblent devenir les nouveaux tentacules de la Covid-19, faisant perdre à la science sa splendeur, hypothéquant les chances de guérison des malades. La pandémie continue de nous enseigner sur nous-mêmes, mettant à jour notre faiblesse profonde d’être humain devant l’attrait des biens matériels et nos capacités émotionnelles. Du coup, cette maladie étale toute sa puissance létale.
Elle entraîne de grandes nations à s’étriper, telle dans une foire, pour se prévaloir de l’invention ou de la découverte du vaccin tant attendu. Le sentiment du retour à la course aux armements ayant marqué le 20è siècle après les deux déflagrations mondiales, nous vient à l’esprit.
Mais à la rivalité États-Unis-Union Soviétique du temps des années de braise de la guerre froide à son summum, nous assistons à présent à une confrontation économique et diplomatique ouverte Washington-Pékin.
Le ring commercial est animé par les géantes firmes pharmaceutiques qui veulent s’accaparer des dividendes de la fameuse molécule ou du vaccin miracle, elles-mêmes trustées par des sommités du monde médical, apparemment, au-dessus de tout soupçon, plonge notre époque, sans transition, dans la Covid-19 Business. Quand l’égo et l’argent, ces métaux éphémères, entrent par la porte, la santé sort par la fenêtre.
On comprend mieux le pessimisme condescendant qui a accueilli les offres de remèdes venues du tiers-monde, et le changement de stratégie qu’il a inspiré comme pour nous intimer l’ordre de ne pas nous mêler de ce qui ne nous regarde pas.
Il va de soi que cette mauvaise compétition dépasse l’enjeu sanitaire et, bras de fer supplémentaire, fait reculer la fin de la pandémie qui continue ses ravages. Personne ne semble plus entendre Hippocrate proclamer, dans son célèbre serment, «… Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement… ».
De fait, nous assistons à un corps à corps diplomatique et financier qui a fait déjà au moins deux victimes, d’un côté les patients et leurs soignants qui s’échinent à s’évader du couloir de la mort et, de l’autre, la coopération multilatérale.
Instrument mis en place par nos prédécesseurs pour permettre à toutes les nations de cultiver la solidarité et l’entraide, le multilatéralisme est sacrifié sur l’autel d’intérêts particuliers. Un coup porté à la nécessaire union des États pour combattre le fléau mondial. Un gain supplémentaire pour ce virus sans frontière qui défie l’humanité depuis un semestre.
L’OMS victime collatérale
Le signe le plus évident de ce constat est la polémique née de la gestion de la pandémie et dont l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) apparait comme l’agneau du sacrifice. Il est vrai que cette organisation ne s’est pas singularisée par une gestion cohérente de cette pandémie. Elle a tant dit, démenti, redit, s’est tant dédite et rebiffée ! Non pas parce qu’elle n’avait ni vision ni paramètres scientifiques mais parce que, naine au milieu des géantes multinationales, elle illustre ce proverbe « quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre ».
Les disputes entre puissants bailleurs ont réduit l’organisation en contrariant sa vocation initiale de bras armé du monde pour la santé. Le même sort guette toute structure intergouvernementale appelée à être au centre des querelles de ses États membres, surtout quand ceux-ci détiennent les cordons de la bourse. Le retrait des États-Unis de l’OMS, rappelle la fallacieuse accusation faite par la même puissance, au milieu des années 80 à l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) à la suite du fameux débat sur le Nouvel Ordre mondial de l’information et de la Communication (NOMIC). Le Sénégalais Ahmadou Mahtar Mbow, vénérable homme de culture et fierté de l’Afrique qui fête son centenaire cette année, était le directeur général de l’UNESCO.
Des empoignades idéologiques sans envergure, trahissant des volontés de domination, ont tenté de mettre à genou cette instance unique de réflexion sur les valeurs essentielles que restent la science, l’éducation et la culture pour l’harmonie de l’humanité dans sa diversité enrichissante.
Sans verser dans une quelconque paranoïa, il n’est pas indifférent de constater que les deux organisations, UNESCO en son temps, et OMS aujourd’hui ont deux africains à leur tête au moment des coups de boutoir. Hasard ? N’est-il pas immoral de priver ces organisations des moyens d’accomplir leurs missions avec l’arrière-pensée perfide de mettre à mal leurs dirigeants élus ?
Il n’est pas d’alternative à l’OMS dans son soutien à nos politiques de santé et surtout à sa présence vitale sur le terrain auprès des populations démunies. Toute attaque contre l’institution annihile nos efforts pour faire face à la pandémie et freiner sa propagation. En se prolongeant, nous ne serons que les victimes de ce bras de fer entre puissants.
En attendant, la Covid-19 creuse le fossé entre nantis et démunis. Les grandes firmes pharmaceutiques qui soignent le monde dans un détestable monopole né du droit contestable des brevets font perdre à la science son intégrité, sa morale et sa générosité. La santé reste alors un luxe pour les pays pauvres. Qu’adviendra-t-il de l’accès rapide et facile de nos populations à un éventuel vaccin ou à un médicament venant de leurs laboratoires ?
Cette interrogation n’est pas fantaisiste quand on sait que l’affrontement entre scientifiques, par journaux et pétitions interposés, prend maintenant la rue à témoin comme si elle était juge de l’efficacité de tel médicament ou de sa dangerosité. Les experts se livrent bataille dans les médias à longueur d’antennes ou de colonnes.
Un leadership mondial défaillant
C’est parce que l’impact économique, social, psychologique, culturel même de la Covid-19, gagne du terrain sur sa maitrise scientifique. Il sous-tend la recherche effrénée du bien matériel de même que l’influence politique et diplomatique dans la course au leadership mondial.
La pandémie ne livre toujours pas ses secrets, renforçant le sentiment d’impuissance au sein de la communauté scientifique et instruisant les maitres du monde qu’ils ne sont que comme tous les autres hommes. Point de boucs émissaires pour justifier l’échec et le manque de soins aux populations.
Au rythme où évoluent les choses, les mesures barrières risquent de devenir de vieux souvenirs. En cause, entre autres, l’hypothèque sur le multilatéralisme ainsi que la rude bataille entre les grandes firmes de production des médicaments.
Tout est ainsi fait pour l’égo et l’or. Demandons à ceux qui les possèdent de se débarrasser de ces métaux et de respecter sans restriction le serment de Gallien qui illumine la voie des pharmaciens : «… En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances pour corrompre les mœurs et favoriser des actes criminels… ».
La Covid-19 était une opportunité d'humanisation de l'ordre mondial, la course à l'ego et à l'or signe t- elle la fin de cet espoir ? Notre époque a besoin d’un leadership plus affirmé dans la lutte contre la pandémie comme en bien d’autres domaines.
CONTRIBUTION DES MÉTIERS DE L’INFORMATION DOCUMENTAIRE AU DEVELOPPEMENT DU SENEGAL
Le pays ne pourrait disposer d’une Administration publique efficace et instaurer une politique de bonne gouvernance sans un certain nombre de préalables parmi lesquels figure la gouvernance de l’information
Le développement de l’Afrique en général et du Sénégal en particulier passera par la science, le savoir et la connaissance. D’où la nécessité de valoriser les métiers dont les objets tournent autour de la science, du savoir et de la connaissance. Parmi ces métiers figurent ceux de l’Information documentaire. Ces derniers, dont le rôle est essentiel pour le développement d’un pays n’est plus à démontrer, demeurent encore méconnus et timidement valorisés au Sénégal. Ce qui peut paraître paradoxal si l’on tient compte des ambitions du pays en matière de développement. Loin de vouloir faire le procès des manquements précités, cette réflexion vise à montrer comment les métiers de l’Information documentaire peuvent contribuer au développement du Sénégal.
Nous avons fait le choix d’organiser notre réflexion autour des principaux aspects des métiers de l’Information documentaire, notamment ceux qui mettent en exergue leur contribution au développement.
Accès à l’information et développement : rôle et place des bibliothèques
Souvent perçues au Sénégal comme des institutions documentaires qui jouent uniquement un rôle patrimonial et culturel, les bibliothèques participent également au développement économique et social d’un pays. En effet, l’accès à une information utile et fiable du citoyen, en tant qu’acteur de développement est indispensable. Pour être au cœur du développement, le citoyen a besoin des ressources informationnelles qui lui permettent de renforcer ses compétences et ses capacités de comprendre et d’agir ; de participer de façon active à la réflexion et à la mise en œuvre de programmes de développement ; de prendre en main son propre en main son propre développement quel que soit le secteur et le niveau ; d’exercer pleinement ses droits civiques et politiques de façon libre et responsable.
La mise en place de structures documentaires qui sont, à la fois accessibles et capables de répondre aux besoins informationnels des citoyens permet de promouvoir l’éducation, la formation et le développement. Les lieux d’accès à l’information, au savoir et à la connaissance, que sont les bibliothèques, sont essentiels à la participation active des citoyens au développement du pays.
L’apport des professionnels de l’Info-doc au développement de la science
L’information scientifique et technique est la sève nourricière de la recherche scientifique. Cette dernière est essentielle pour le développement d’un pays. En effet, la diffusion et l’exploitation des productions de la communication scientifique participe à impulser la recherche, la création et l’innovation au niveau des secteurs de développement. D’où la nécessité de faire connaître et de rendre accessible le patrimoine scientifique nationale.
Il est vrai que les technologies de l’information et de la communication ont largement modifié (notamment en termes d’autonomie) les processus de production, de validation, de diffusion, d’accès et mise à disposition de l’Information Scientifique et Technique aux usagers, mais paradoxalement, le professionnel de l’information demeure incontournable dans tout ce processus. En effet, le professionnel de l’information participe à la création des savoirs en ce sens qu’il est le pont entre l’information et l’usager. C’est lui qui localise l’IST, la met à la disposition du chercheur qui va l’utiliser pour en faire un autre élément de la communication scientifique.
Ainsi, le développement des collections scientifiques, l’aide à la rédaction documentaire, l’aide à la recherche documentaire sont autant de compétences que l’on trouve chez les professionnels de l’information documentaire à destination des chercheurs afin de les accompagner dans leur activité de publication scientifique. A cela s’ajoute la valorisation de la communication scientifique dans les archives ouvertes qui est devenue un sacerdoce pour ces professionnels de l’information documentaire.
Les archives : des outils au service de l’Administration et de la science
Loi n° 2006-19 du 30 juin 2006 relative aux archives et aux documents administratifs définit les archives comme : « Les archives sont constituées par l’ensemble des documents quels qu’en soient la nature, la forme ou le support matériel, produits ou reçus par une personne physique ou morale dans le cadre de son activité publique ou privée. »
Issues de l’activité d’un organisme public ou privé, d’une personne physique ou morale, les archives ont trois principales fonctions : “informer”, “justifier” et “mémoriser”. Ainsi, de par leurs valeurs administrative, légale et scientifique, les archives constituent de précieux éléments pour les organismes publics et privés, le monde de la recherche scientifique et les citoyens. D’où l’enjeu que comporte la gestion, la conservation et l’accès aux archives.
Au Sénégal, dans un passé récent, la mise en place de systèmes d’archivage et les pratiques managériales archivistiques ne faisaient pas partie des priorités des autorités. Cependant, nous notons que de plus en plus le besoin d’une gestion moderne et efficace des archives se manifeste au sein des organismes publics. En effet, une gestion optimale des archives peut se traduire en termes de performance et d’efficacité au niveau des services administratifs.
« L’occasion fait le larron », la crise sanitaire de la Covid-19 que nous traversons, nous amène à aborder un aspect peu connu des archives, notamment les archives médicales, qui nous permettra par ailleurs d’illustrer l’apport des archives à la science.
En milieu hospitalier l’archivage des dossiers médicaux est une obligation et une responsabilité légale à assumer par les administrateurs hospitaliers. En effet, dès le premier contact du patient avec l’établissement hospitalier (hospitalisation ou consultation) un dossier (dossier médical) lui est ouvert. Le dossier médical a plusieurs fonctions : il permet d’assurer la continuité des soins, de faire de la recherche médicale et servir de preuve ou d’éléments d’information en cas d’action de recherche en responsabilité civile. En outre, l’archivage des dossiers médicaux permet de garantir la traçabilité, la crédibilité, la confidentialité, la pérennité et la communication « encadrée » de l’information médicale.
La gouvernance de l’information : un enjeu d'efficacité de bonne gouvernance
Le Sénégal ne pourrait disposer d’une Administration publique efficace et instaurer une politique de bonne gouvernance sans un certain nombre de préalables parmi lesquels figure la gouvernance de l’information. Cette dernière, qui nous intéresse dans ce présent document participe à l’efficacité et à garantir la transparence au sein d’un organisme privé ou public. D’où l’enjeu qu’elle comporte pour le Sénégal. En effet, la mise en place d’une gouvernance de l’information pourrait permettre à l’Administration publique sénégalaise d’abord d’organiser et de maîtriser les informations et documents qu’elle génère dans le cadre de son fonctionnement et qui sont indispensables à la conduite de l’action publique ; ensuite de garantir un accès rapide aux informations et documents nécessaires à la prise de décisions et à la fourniture de services publics aux citoyens ; et enfin d’assurer la traçabilité, la préservation et la conservation des actes et actions administratifs afin de répondre aux exigences de transparence.
Ainsi, la gouvernance de l’information, en garantissant la maîtrise, l’accès, la sécurité et la disponibilité des informations et documents (administratifs), contribue à éradiquer les lenteurs administratives, à faciliter les opérations d’audit et de contrôle et à permettre aux citoyens de bénéficier d’un service public de qualité et de jouir pleinement à leur droit d’accès à l’information publique.
Dès lors que l’efficacité de l’Administration publique sénégalaise et l’instauration d’une politique de bonne gouvernance sont des exigences pour le développement du pays, la gouvernance de l’information devient un préalable incontournable.
L’Intelligence économique comme bras armé des organisations
L’intelligence économique est une démarche à la fois organisée et cohérente qui vise l’agilité par un usage stratégique de l’information. C’est un outil qui permet à l’organisation d’évaluer l’ensemble de ses connaissances matérielles et immatérielles. En sus de cela, l’IE permet à l’organisation de connaître, de comprendre mais surtout d’anticiper sur son environnement. Cela dit, l’IE s’appuie sur le triptyque à savoir : la veille, l’influence et la protection économique.
Partant de là, nous constatons que l’IE est un excellent outil de pilotage qui pourrait permettre au Sénégal à travers ses organisations publiques/privées d’être à l'affût des marchés. La crise du Covid-19 a mis en lumière la dimension stratégique de l’information. Les renseignements généraux se sont trouvés en première ligne dans cette course aux matériels médicaux. Elles ont compris très tôt que la variable information est un actif stratégique dans une économie mondialisée.
Le Sénégal subira les effets pervers de la crise du Covid-19. Et pour faire face à ce tsunami économique qui se profile à l’horizon, le Sénégal peut atténuer le choc en faisant de l’Intelligence économique son arme de guerre. À l’aune de la guerre économique où l’information constitue le code de la vie des organisations, le Sénégal devrait mettre l’IE au cœur de ses politiques publiques. Une politique publique d’intelligence économique pourrait être le bras armé de l’Etat dans sa quête de compétitivité et de sécurité économique.
La Gestion Electronique de documents et l’Archivage numérique au service E-administration
La nécessité d’opérer la transition numérique des administrations n’est plus à démontrer. Les lenteurs administratives sont toujours présentes et constituent un véritable problème. L’une des solutions adéquates demeure la dématérialisation de certaines procédures. La stratégie "Sénégal numérique 2016-2025" enclenché depuis 2016 tarde à faire ses effets pour plusieurs raisons dont la non implication des véritables acteurs du secteur numérique parmi lesquels les professionnels en sciences de l’information documentaire.
Le professionnel de l’information documentaire occupe une place centrale dans ces genres de système d’informations car étant au cœur du circuit de l’information de sa création à sa diffusion en passant par l’indexation. Il est donc appelé à se retrouver dans les phases de configuration et de mise en place de ces systèmes autour de la collecte, du traitement, et de la diffusion de l’information car étant une des ressources humaines qui maîtrisent le mieux les différentes facettes de cette dernière. Grâce à ses compétences, il concourt à une circulation immédiate de l’information du système, ainsi les processus et le travail collaboratif sont optimisés dans des proportions considérables. Les utilisateurs ne perdent plus de temps à retrouver les documents.
Cependant, l’un des défis majeurs de la GED reste l’adoption des solutions afin de faciliter les procédures administratives et citoyennes et pouvoir par la même occasion assurer la sauvegarde du patrimoine documentaire national.
Le développement du Sénégal passera par la science, la bonne gouvernance. D’où le rôle essentiel que doivent y jouer les professionnels de l’Information documentaire dont le cœur de métier est l’information, autrement dit la science, le savoir et la connaissance. Les pouvoirs publics sénégalaises doivent intégrer la « donnée » information documentaire dans leurs plans et projets de développement, car elle est la base de toute entreprise qui se veut durable, pérenne et couronnée par le succès.
Contribution faite par un groupe de jeunes professionnels en SID.
Auteurs : Bassirou Diagne, Mamadou Dia, Seydina Omar Ndiaye, Moussa Diaw, El Hadji Gora Sene, Birane Diop.
"CE COMITE NE SAURAIT ETRE UN TERRAIN DE JEU POLITIQUE"
Le General François Ndiaye répond à Habib Sy et Toussaint Manga
Le député Toussaint Manga et l’ancien ministre et représentant du FRN, Habib Sy, avaient fait des sorties pour dénoncer le fonctionnement du Comité de suivi de la mise en œuvre du fonds Force Covid-19.
Ils fustigeaient particulièrement les supposés per diem pour les membres du comité de suivi estimés à 3,5 millions FCFA par personne. Face à la presse, hier, le général François Ndiaye a affiché toute son amertume par rapport à cette situation. «Cette crise a fait éclore des talents aussi bénéfiques que maléfiques. Au moment où des Sénégalais à l’imagination et à la créativité fertiles fabriquent des respirateurs, des masques, des gels et autres machines pour lutter contre la pandémie, d’autres Sénégalais en panne d’inspiration et atteints peut-être de paranoïa maladive fabriquent des fake news avec pour objectif de divertir, de manipuler, de duper, de discréditer, de fragiliser en se basant sur des préjugés et des stéréotypes.
Donc c’est peine perdue», s’est-il défendu avant d’ajouter qu’il n’a jamais été question de per diem. «Cela ne figure sur aucun document du Comité, c’est de la désinformation. On n’a rien à cacher», a-t-il martelé. Poursuivant, il souligne que c’est dans un tel contexte et autour de ces considérations générales qu’il est possible de comprendre pourquoi leur mission est cruciale pour la gouvernance de la Force Covid-19. «C’est pourquoi, nous partons du postulat que toute œuvre humaine peut faire l’objet de critiques. Dès lors, c’est avec une ouverture d’esprit non partisane que nous acceptons toutes les propositions qui feront avancer notre pays, le Sénégal », a affirmé Monsieur Ndiaye.
Toujours, selon le Général, ce comité apolitique ne saurait être un terrain de jeu politique. «Les membres ont été choisis parce qu’ils représentent l’ensemble des forces vives de la nation et constituent l’échantillon le plus achevé de la cohésion nationale. Cette diversité fait la force du Comité. De par leur très grande expérience, très grande valeur et qualités exceptionnelles, ils sont en droit d’attendre de la Nation cette reconnaissance qui fera d’eux des relais incontournables et une force de proposition pour la réussite de cette mission de haute portée civique», a-t-il martelé.
Sous ce rapport, il précise que tous les membres sont traités selon le principe de l’égale dignité et qu’au moment où la clameur populaire charrie quelquefois des rumeurs, il ne faut surtout pas se laisser divertir et être à la hauteur des attentes en évitant les comportements déviants. Ainsi, dit-il, ils seront attendus, non pas sur des polémiques partisanes et des querelles byzantines ne privilégiant pas l’intérêt général, mais plutôt sur leurs capacités d’écoute et de concertation. «Chaque membre a pris l’engagement d’y mettre du sien pour relever ce défi quoi qu’il en coûte et même parce qu’il en coûte. Le reste est une affaire de détermination, d’union sacrée autour de l’essentiel par une approche globale et consensuelle. Cette ferme résolution est un signal fort à l’endroit de tous les sceptiques qui pensaient que ce Comité a été créé pour servir de faire valoir », a-t-il conclu à ce propos.
«NOUS N’AVONS PAS ASSEZ D’ELEMENTS POUR APPRECIER L’ETENDUE DE LA PANDEMIE AU SENEGAL»
Urgentiste de son état, Dr Babacar Niang fait une analyse du Covid-19, évoque l’évolution de la maladie, parle du taux de prévalence et insiste sur les gestes barrières que doit adopter la population
Urgentiste de son état, Dr Babacar Niang fait une analyse de la pandémie de Covid-19, évoque l’évolution de la maladie, parle du taux de prévalence et insiste sur les gestes barrières que doit adopter la population. Selon lui, il n’y a pas assez d’éléments au Sénégal pour apprécier l’étendue de la pandémie.
Depuis quelques semaines, le Sénégal enregistre plus de 100 cas par jour alors que le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, avait annoncé une tendance baissière. Face à ce paradoxe, l’urgentiste et directeur de Suma Assistance, Dr Babacar Niang, relève que certains paramètres ne sont pas maîtrisés au Sénégal. «Il y a ce que l’on appelle les déserts médicaux, c’est-à-dire les gens qui refusent de se soigner. On a également des endroits où il n’y a pas moyen de se soigner. Tous ces éléments sont sous-estimés», explique-t-il. Interpellé sur la période de pic qui est dépassée alors que le nombre de cas ne cesse d’augmenter, Dr Babacar Niang ne trouve pas l’intérêt de parler de pic.
«On doit plutôt insister sur la prévalence, c’est-à-dire l’importance de cette maladie sur la population. On a les cas positifs et à partir de cela, il y a la prévalence qui permet de dire, sur les 15 millions d’habitants, à quoi il faut s’attendre. Et dans ce cadre, il fallait impliquer les épidémiologistes. Nous n’avons pas tous les éléments pour apprécier l’étendue de la pandémie au Sénégal», déclare-t-il. Selon Dr Babacar Niang, l’augmentation du nombre de décès notée depuis quelque temps s’explique par l’évolution de la maladie. «Le confinement pendant 15 jours aurait pu aider à rompre la chaîne de contamination. Le Sénégal compte plus de 4 000 cas positifs ; si chacun d’eux contamine 3 personnes, cela va être exponentiel. Chaque fois qu’on trouve un cas, il faut s’attendre à ce qu’il contamine 3 personnes. Et ces personnes-là contamineront trois autres personnes. C’est pourquoi, je dis que les chiffres sont sous-estimés. Il y a des endroits que l’on n’a pas testés et des gens qui ne veulent pas qu’on les teste. Il y a aussi des gens qui se soignent seuls», précise-t-il.
«QUE LA POPULATION SACHE QUE L’ON N’EST PAS ENCORE SORTI DE L’AUBERGE»
Citant l’exemple des 10 enseignants testés positifs à Ziguinchor, Dr Babacar Niang indique que le nombre de cas allait être important si on avait testé les enseignants. «Nous sommes en train de monter progressivement. Là, c’est un cap qui est traversé et qui permettra à la population de savoir que l’on n’est pas encore sorti de l’auberge. Le nouveau coronavirus est une maladie très virulente», alerte-t-il tout en ajoutant que la Covid-19 a beaucoup de similitudes avec la grippe. «Le virus étant fragile, si nous appliquons les restrictions qu’il faut, il pourra disparaître», rassure-t-il. Evoquant par ailleurs les mesures d’assouplissement prises par le gouvernement et leur impact, il considère que «c’est une responsabilité que l’on va laisser à la population pour qu’elle comprenne. Ils ont opté pour le relâchement plutôt que les émeutes. Maintenant, c’est à la population de faire attention. Ce serait vraiment bénéfique si la population savait l’enjeu de la maladie», dit le directeur de Suma Assistance.
A propos du taux de prévalence, il estime que beaucoup de Sénégalais ne croient pas à la médecine moderne. «Ils préfèrent aller chez le marabout ou autre que chez le médecin, sauf quand on leur dit que c’est un cancer ou une tuberculose. Par conséquent, il faut aller chez les épidémiologistes pour voir le taux de prévalence par rapport à 15 millions d’habitants. Il y a un système pour le calculer», informe Dr Babacar Niang qui en a profité pour sensibiliser la population sur la gravité de la maladie. «Il faut que les gens s’approprient ces gestes barrières et sachent que c’est leur vie qui est en jeu», clame-t-il.
UN MORT, 119 NOUVEAUX CAS ET 109 GUERIS
Les autorités sanitaires ont annoncé hier l’apparition de 119 nouveaux cas positifs sur les résultats des 1164 tests réalisés. Les cas positifs ont été recensés dans les districts de Dakar ouest 14, Dakar sud 20,Dakar nord 21, Dakar centre 19, Touba 04, Guédiawaye 13, Mbao 04, Sangalkam 01, Pikine 06, Keur Massar 01, Rufisque 04, Yeumbeul 02, Diamniadio 01, Kaolack 01, Popenguine 02, Oussouye 01, Khombole 03, Richard Toll 01 et Koungheul 01. Pour les cas communautaires, ils proviennent de Plateau 02, Maristes 01, Golf Sud 01, Wakhinane 01, Hann 01, Diamniadio 01, Grand Yoff 02, Parcelles assainies 01, Khar Yalla 01, Fass Mbao 01,Hann Maristes 01, Hlm Nimzatt 01, Kaolack 01, Richard Toll 01, Touba 01. Cela dit, 109 patients ont été déclarés guéris hier. Et désormais, le Sénégal compte 4 759 cas confirmés dont 2 994 guéris, 55 décédés, un évacué et 1 709 sous traitement.
Parmi les cas actifs, on dénombre 20 cas graves pris en charge par les services de réanimation. Tard dans la soirée, le ministère de la Santé a annoncé la mort d’un homme de 70 ans portant à 56 le nombre de décès dû à la covid-19.
MAME BOYE DIAO PROMET DE S’EXPLIQUER
Accusé d’avoir attribué un terrain de 5000 m2 à un ministre de la République, le directeur des Domaines a adopté la politique de l’autruche dans sa réponse
Accusé d’avoir attribué un terrain de 5000 m2 à un ministre de la République, le directeur des Domaines Mame Boye Diao a adopté la politique de l’autruche dans sa réponse. A l’en croire, le travail d'un fonctionnaire obéit à l'obligation de réserve. Toutefois, il promet de revenir sur cette affaire la semaine prochaine.
La question du foncier défraie actuellement le chronique au Sénégal. Beaucoup de personnalités de la vie publique sont en train d’être éclaboussées par cette affaire. Le directeur des Domaines, Mame Boye Diao, en fait partie.
En effet, le quotidien «L’Info» a révélé dans son édition d’hier que le directeur des Domaines a attribué à un ministre de l’actuel gouvernement un terrain de 5000 m2 à Guédiawaye. En guise de réponse sur sa page Facebook, Mame Boye Dia a adopté une posture de prudence, refusant d’éclairer la lanterne des Sénégalais.
«Depuis un certain temps, des attaques aussi insensées que grotesques sont faites sur ma personne sans que j'y réponde. Je me suis inscrit dans une démarche sacerdotale de faire mon travail, de défendre les missions de service public qui me sont assignées et de participer au débat sur les questions nationales», souligne le directeur des Domaines avant d’ajouter prudemment : «Ceux qui connaissent le fonctionnement de la fonction publique savent que le travail d'un fonctionnaire obéit à l'obligation de réserve. Le mien est beaucoup plus accentué, car touchant le patrimoine des citoyens.»
A l’en croire, son travail ne lui permet pas de répondre à des accusations sordides. Il considère que la stratégie de la saturation médiatique est un procédé connu de tous les spécialistes en communication, pour qu'une cible tombe en faisant un sujet média tous les jours. «A ceux-là qui ont été payés pour me "salir", je réponds par le mépris», ajoute-t-il.
Visiblement conscient qu’il ne pourra pas faire l’autruche trop longtemps, l’inspecteur des Impôts et Domaines soutient: «Aux Sénégalais à qui je dois rendre compte et au président de la République qui m'a fait confiance en me nommant à ce poste, je donne rendez-vous en milieu de semaine prochaine. Je reviendrai sur les actualités concernant la gouvernance foncière.»
LE GENERAL FRANÇOIS NDIAYE DONNE DES GAGES DE TRANSPARENCE
Le résident du comité de suivi de Force Covid-19 botte en touche toutes les accusations de nébulosité ou d’opacité diffusées dans la presse
Le général François Ndiaye a apporté, hier, des éclairages sur les conditions de la gestion du comité de suivi du fonds Force Covid-19. Il a botté en touche toutes les accusations de nébulosité ou d’opacité diffusées dans la presse. A l’en croire, jusqu’à présent, les choses ont été faites de façon transparente.
Hier, le général Ndiaye est monté au créneau pour faire le bilan du comité de suivi Force covid-19 qu’il gère. « Nous avons une stratification assez étoffée pour nous assurer d’une gestion transparente et d’une traçabilité des finances publiques dans la gouvernance du FORCE Covid19 », a d’emblée déclaré François Ndiaye, le président du comité de suivi des opérations Force Covid-19. Le général François Ndiaye a indiqué sans ciller que cette mission civique impose un devoir de dialogue, de partage et transparence. « Nous faisons face à un ennemi invisible dont les effets dévastateurs n’épargnent aucun secteur d’activités. Notre économie est affaiblie. Des emplois sont perdus. Des entreprises tournent en mode dégradé. Nos écoles et nos universités sont encore fermées. Nos frontières sont fermées. Notre système de santé a besoin de soutien substantiel. C’est pourquoi, pour face à cette crise, le chef de l’Etat a mis en place par décret n°2020-884 du 1er avril 2020, un Programme de Résilience Economique et sociale (PRES), afin de renforcer notre système de santé et soutenir nos ménages, notre diaspora, nos entreprises et leurs salariés. Ce programme, doté de mille milliards de francs CFA, est financé par l’Etat, des bonnes volontés et toutes autres ressources autorisées par les lois et règlements en vigueur au Sénégal », a expliqué le général François Ndiaye pour camper le décor et expliquer les missions de la structure qu’il préside.
A l’en croire, cette mission se décline en quatre (04) axes que sont le renforcement du système de santé, le renforcement de la résilience sociale des populations, la stabilité macro-économique et financière pour soutenir le secteur privé et préserver les emplois. Le dernier axe concerne l’approvisionnement régulier en hydrocarbures, produits médicaux, pharmaceutiques et denrées de première nécessité.
A cet effet, il souligne que le décret qui a créé le Force-Covid 19, a fixé un « cadre réglementaire de fonctionnement’’ à travers un comité stratégique et un comité technique ‘’dont les attributions sont clairement définies ». Autant de mécanismes et de garde-fous qui font que, selon lui, rien ne peut se faire dans la nébulosité. Au-delà de cela, en complément de ce dispositif, un comité chargé du suivi de la mise en œuvre des opérations du fonds a été institué avec une composition représentative des différentes forces vives de la nation ».
D’après le général, le comité qu’il dirige avait tout mis dans les règles pour une gestion transparente. « Dès lors, les conditions d’une gestion transparente des ressources du Force Covid-19 sont garanties par les instruments ainsi mis en place par l’autorité », a-t-il fait savoir. « De plus, une vingtaine de cadres du personnel des Armées, de la gendarmerie nationale, de la police nationale, de l’ADIE, de l’ANSD et des médias soutiennent les activités du Comité. Ils sont tous membres de la Task Force Covid 19. Les officiers supérieurs y jouent le rôle de conseillers et les personnels de gendarmerie et de la police s’occupent des réclamations et des contentieux », a-t-il informé.
L’histoire des per diem démentie
Le général François Ndiaye, président du comité de suivi des opérations Force Covid-19, s’est désolé du traitement réservé par une certaine presse à la question des perdiem qui seraient attribués aux membres du comité. « Si vous lisez bien le décret qui fixe la composition du comité, il n’y a pas de militaire encore moins de gendarme ni de policier. Les membres du comité sont tous des civils. Les militaires accompagnent. Il est bien qu’il y ait leur présence pour assurer la transparence. Les gens mal intentionnés ne seront peut-être pas tentés de faire des choses en présence des militaires.
Pour ce qui est des policiers et des gendarmes, nous avons pris des gens assermentés. Ce sont eux qui recueillent tout ce qui est réclamations et contentieux. C’est pour accompagner. Ils sont des conseillers choisis en raison de leur expertise. Par exemple, si vous prenez la santé, les deux médecins colonels sont des experts en santé publique. L’intendant est un expert financier. Le colonel Mar a été Directeur du commissariat à la sécurité alimentaire », a-t-il apporté des éclairages. « Je peux vous affirmer d’emblée que cette information relative aux perdiem est à verser dans la corbeille. Pour ne pas dire poubelle. C’est des fake news, de l’infox, basé sur des préjugés », s’est-il désolé d’une information aussi fausse et dangereuse au sein des populations. Il insiste qu’il n’a jamais agi de per diem dans leur mission. « Il n’y a jamais été question de per diem. Le terme ne figure sur aucun document du comité. Je ne sais pas comment c’est sorti », s’est-il même étonné.
D’après le général François Ndiaye, le journaliste qui a sorti l’information a été « roulé » dans la farine par sa source qui sans doute voulait discréditer le comité. « Les membres du comité ont décidé de travailler bénévolement. Comment on peut revenir 5 jours après pour dire qu’il y a un problème de per diem. Ça n’a aucun sens ! », a-t-il conclu.
DIOUF SARR, DE LA CABANE DE MBENGUENE AU MINISTÈRE DE LA SANTÉ
Les voies de la destinée l’ont conduit sous le feu des projecteurs à un moment crucial où se joue sans doute l’avenir de toute une nation engluée dans une guerre sanitaire sans merci contre un redoutable ennemi tueur en série
K. DIARRA et Falilou MBALLO |
Publication 12/06/2020
Les voies de la destinée l’ont conduit sous le feu des projecteurs à un moment crucial où se joue sans doute l’avenir de toute une nation engluée dans une guerre sanitaire sans merci contre un redoutable ennemi tueur en série. L’actuel ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, est issu d’un quartier du village traditionnel de Yoff nommé Ngaparou. Le «Témoin » s’est rendu dans son berceau natal sur les traces du « général » chargé de mener les troupes sur la ligne de front de la guerre contre la pandémie de coronavirus en cours.
L’étranger qu’est votre serviteur s’engouffre dans des ruelles étroites qui s’entrelacent, se demandant s’il ne s’est pas perdu malgré l’orientation instinctive du guide, familier de la bourgade. Une longue marche pénible, sur du sable qui semble mouvant tellement il happe les pieds, débouche quelques minutes plus tard sur le quartier Mbenguène. « Ce n’est pas loin. Les deux quartiers sont contigus. Il nous reste moins de cinq minutes pour pénétrer dans Ngaparou », exhorte celui qui est chargé de nous conduire à la maison familiale de l’actuel ministre de la santé. On traverse un essaim de maisons disséminées.
En cet après-midi d’une journée du mois de juin, le quartier de Ngaparou qui, à lui seul, a déjà enregistré 59 cas positifs au coronavirus, au cœur du village traditionnel lébou de Yoff, est en effervescence. L’incandescence des rayons solaires qui s’abattent sur le rivage est atténuée par une brise marine provenant du grand bleu dès les vagues sont visibles à quelques mètres. Un peu partout dans les ruelles sont disposés de grandes vases d’eau flanquées d’un robinet installées pour la désinfection des mains en ces temps de pandémie. Les devantures des habitations, transformées en coins de palabres par des jeunes, des adultes et des vieux des deux sexes imposent de ralentir de rythme. « Ici, rares sont les visages qui sont inconnus des habitants. Quasiment tout le monde se connait. Toutes les familles partagent des liens de parenté qui transcendent notre présent. C’est même une des marques de la communauté lébou que nous sommes », raconte notre guide face à notre ébahissement de voir qu’il échangeait des salutations chaleureuses avec tous ceux qu’il croisait ou qu’on dépassait. Au détour d’une ruelle, au terme d’un long parcours en zig zag, il pointe du doigt un quadragénaire. «C’est un frère du ministre Diouf Sarr ! Il le connait mieux que quiconque car ils ont grandi ensemble dans la même maison. Allons le voir, il pourrait vous en dire plus », renseigne notre accompagnateur avant de sacrifier aux salutations d’usage. En djellaba, taille élancée, bonnet noir posé religieusement sur la tête, l’homme en face de nous est effectivement un proche parent de celui dont nous tentons de pénétrer l’univers de l’enfance dans ce populeux quartier de Yoff. A la manière d’un flashback, Imam Seydina Samb, frère du ministre, nous plonge dans ses souvenirs. « Nos deux mamans sont issus du même père et de la même mère. Mais Diouf Sarr a été adopté dès son enfance par ses grands-parents maternels ici à Ngaparou dans la concession des «Syllènne» où il a grandi », explique ce cousin germain du ministre de la santé avant de nous désigner du doigt le domicile en question.
De numéro 10 de l’ASC Ngaparou à édile de la commun
Comme toute bonne famille traditionnelle lébou, la vaste concession des « syllènne » regroupe plusieurs maisons occupées par des familles partageant des liens de sang. C’est le royaume d’enfance de l’actuel ministre de la santé, Abdoulaye Diouf Sarr, également maire de la commune de Yoff. Seydina Samb témoigne : « c’est dans ce quartier que, enfant, il gambadait en compagnie de ses copains. A l’époque, cette bande qui a marqué son temps à Yoff était connue sous le nom de « Cabane ». Parmi ses acolytes, son meilleur ami dans le coin est un certain Boubacar Diallo. D’ailleurs, jusqu’à présent, devenus hommes entretemps, ils sont inséparables ». Un rendez-vous est vite calé avec ce dernier. La cinquantaine révolue, confortablement installé dans son salon de l’autre côté de la cité Apecsy, Boubacar Diallo est aujourd’hui un père de famille dont l’un des enfants d’Abdoulaye diouf sarr porte le nom. Quatre ans plus tard, à la naissance de son fils ainé, Boubacar a renvoyé la politesse à son camarade de la « cabane » en lui donnant un homonyme. « Nous avons grandi ensemble dans ce quartier traditionnel de Yoff. Très passionné de football, Diouf Sarr était un des joueurs incontournables de notre équipe, l’ASC Ngaparou. A l’époque, il portait le numéro 10 et était le buteur de cette équipe. Et même plus tard après, avoir raccroché les godasses, et en récompense à son engagement en faveur de l’équipe, il a été nommé président de l’ASC Ngaparou », confie l’ami intime du ministre de la santé et maire de la commune de Yoff.
Partout sur les écrans, invisible à son domicile
En première ligne dans la lutte contre la pandémie, omniprésent sur le terrain, s’invitant quotidiennement dans tous les foyers par la magie du petit écran, au four et au moulin, inlassable, les yeux rivés sur lui à l’échelle nationale, Abdoulaye Diouf Sarr n’a plus de toute vie familiale depuis l’apparition du coronavirus dans notre pays. D’après quelques indiscrétions glanées dans son entourage, c’est nuitamment et en toute discrétion qu’il effectue de rares descentes dans sa commune pour s’enquérir de la situation dans certains zones durement infectées par le coronavirus. Un habitant de Ngaparou, son quartier natal, révèle : « Ici à Yoff, quand il y a eu ces derniers jours une série de contaminations à la covid19, c’est loin de tout tintamarre et dans un esprit fraternel que le ministre est venu s’imprégner de la situation en tant que fils de la localité pour encourager les acteurs locaux engagés dans la lutte contre cette pandémie. ». Ainsi, de Yoff à Grand Yoff, entre le domicile de sa première épouse et celui de la seconde, les radars du « Témoin » n’ont pu apercevoir l’ombre de Abdoulaye Diouf Sarr malgré les moult tentatives. « Nous avions l’habitude de prendre le repas ensemble. Mais, en ce temps de crise sanitaire, même les weekends il est devenu introuvable dans son domicile. Il sort très tôt le matin et ne revient que tard dans la nuit. A force de consacrer tout son temps à la gestion de cette pandémie, il a perdu toute vie familiale. Mais il n’empêche, on comprend sa situation et d’ailleurs nous ne cessons de prier pour lui pour la réussite de cette mission dont dépendent des millions de vies dans notre pays », nous souffle un membre du cercle familial du ministre de la santé.
« Je ne sais pas pourquoi Macky Sall m’a nommé ministre de la Santé »
En marge d’une rencontre avec les responsables de la presse, Abdoulaye Diouf Sarr nous avait reçus dans son bureau XXL. Son minois sympathique prouve que l’homme n’est pas…contaminé par l’angoisse généralisée des sénégalais du fait de la pandémie. On était quelques semaines après la mise en place de la riposte contre la maladie. « Je suis zen. Le 02 mars, lorsqu’on enregistrait le premier cas, nous avions déjà mis en place notre organisation interne pour ne pas être surpris. C’est pourquoi, depuis lors, on ne fait que dérouler notre protocole élaboré avec mes collaborateurs » rassure le ministre Abdoulaye Diouf Sarr. Dans une franche rigolade, l’homme livre une confidence personnelle. « Je ne sais pas pourquoi le président de la République m’a nommé ministre de la Santé. Je ne sais pas pourquoi. D’ailleurs, il ne m’a même pas consulté. Mais vous savez, moi, je suis un soldat. J’exécute les ordres du président de la République, comme un soldat exécute les ordres d’un général. Il n’y pas place pour des tergiversations ». Seulement, le ministre s’est refusé à tout commentaire sur ses méthodes de management. « Allez consulter mes collaborateurs, je pense que c’est mieux et plus rofessionnel » nous conseille-t-il.
Test positif au ministère de la Santé pour Diouf Sarr, une démarche collégiale travaillée
« Le style de management instauré au ministère de la Santé et de l’Action sociale est singulier voire innovant. Sur fond d’échanges, en toute transparence, avec les différents acteurs, les choses se disent naturellement. Le comportement des différentes structures en lice, à savoir le Comité national de gestion des épidémies, la direction de la Prévention, de la lutte contre la maladie, le SAMU, les différents établissements publics abritant les Centres de traitement des épidémies, l’Institut Pasteur et le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS), entre autres, ce comportement des acteurs atteste une parfaite synchronisation de différentes actions sous la supervision du ministre. Le tout sur la base d’une bonne délégation de pouvoirs et d’un sens des responsabilités des acteurs. Chacun travaille sur la base d’un protocole rigoureusement contingenté. Les différents résultats harmonieusement présentés au public font référence à une programmation et une planification qui respectent les règles d’une gestion inclusive et participative. Le sérieux qui entoure la gestion de la riposte de la Covid 19 renseigne sur la démarche qualitative du processus. La régularité des instances de coordination et des visites de suivis sur le terrain dénotent s’il en est besoin la qualité de la relation entre toutes les parties prenantes tant au niveau de la coordination stratégique que des acteurs au niveau opérationnel » souligne le Dr Babacar Guèye. Ce dernier, chef de la division de la lutte contre les maladies non transmissibles, ajoute qu’ « Abdoulaye Diouf Sarr donne le sentiment non seulement d’être juste mais souhaite être reconnu comme tel. Ce au-delà de l’aspect moral d’un management efficace et qui engage en toutes responsabilités et loyautés. L’imposant immeuble blanc qui abrite les locaux du ministère de la Santé et de l’Action sociale fait frémir. Le langage qui y prévalait pouvait être très codé et peu accessible pour les non-initiés mais Abdoulaye Diouf Sarr a fini aujourd’hui de casser le mythe.
En plongeant ses racines dans les profondeurs du management de qualité, cet exécutif local a démontré qu’une gestion participative est à la base et constitue la clé du succès dans toutes les entreprises. Les trois mois écoulés après le début de l’épidémie de Covid19 ont fini de révéler qu’un homme venu d’un secteur non médical a pu pourtant jusque-là conduire avec brio aux destinées de ce département très stratégique avec la confiance renouvelée du chef de l’Etat, Son excellence M. Macky Sall. Il a su donner une dimension autre que médicale, pourtant très essentielle aux destinées de ce très stratégique département ».
ST-LOUIS INTERPELLE LE MINISTRE DE LA CULTURE SUR SON FESTIVAL
A St-Louis, on cherche à travers les rubriques de la cagnotte de 3 milliards de frs à distribuer au monde culturel, la place allouée au Festival de jazz de la ville.
A St-Louis, on cherche à travers les rubriques de la cagnotte de 3 milliards de frs à distribuer au monde culturel, la place allouée au Festival de jazz de la ville. Les premiers échos en provenance du ministère de la Culture et de la Communication ne renvoient pas des notes rassurantes. Ils installent une certaine incompréhension qui pousse la ville tricentenaire à interpeller le ministre Abdoulaye Diop pour avoir la bonne information ou pour que ce qui pourrait être une grosse bourde soit réparée.
St-Louis ne vivra pas cette année son mythique festival de jazz qui devait se tenir du 27 mai au 01er juin. A cause de ce fichu virus de la covid19, l’ancienne capitale ne montrera pas sa coquetterie légendaire aux visiteurs venant du Sénégal et de tous les coins du monde. Un festival qui a réussi à défier le temps, à vaincre la mortalité infantile ravageant ce genre d’événements puisqu’il vogue sur ses 28 ans d’existence. Une sacrée performance. Un défi annuel relevé par le président Me Ibrahima diop et son équipe.
Le festival dispute aujourd’hui à la biennale des Arts, le leadership des événements culturels du Sénégal surpassant même en notoriété le festival de danse de Louga. Surtout, il est inscrit dans le catalogue des plus grands festivals du monde. Il n’y en a pas deux en Afrique. Et pourtant si l’Etat consacre une enveloppe de 800 millions de frs à la biennale, le Festival de jazz ne reçoit du ministère de la Culture qu’une enveloppe de … 5 pauvres millions de frs. C’est surtout le soutien du président Macky sall, entre 15 à 20millions de frs, qui permet de sauver la face du gouvernement dans cet événement culturel. Le souhait du maire de la ville, Mansour Faye, c’est une inscription budgétaire dans les livres du ministère de la Culture pour un appui sécurisé de 50 millions de frs. La demande est restée en l’état. Mais la préoccupation actuelle à st-Louis, c’est surtout le risque de voir le festival être zappé de l’appui des 3milliards de francs alloué par le gouvernement au monde culturel dans le cadre de la riposte à la covid19. Saint-Louis se rappelle donc au souvenir du ministre Abdoulaye diop. Une omission ne saurait se justifier puisque « le décret organisant la répartition de l’appui des 3 milliards de frs à la culture fait état de critères tournant autour d’événements culturels inscrits dans l’agenda culturel ajournés » souligne notre interlocuteur parlant sous anonymat. « Les premiers échos que nous recevons du ministère de la Culture et de la Communication donnent l’impression que le festival de jazz a été zappé de cette manne financière. Ce qui n’est pas cohérent, c’est de donner un milliard à la SODAV qui ne fait que du recouvrement, mais aussi aux griots qui ne sont pas organisés en associations, et qui n’ont pas d’événements. Or le festival de jazz, c’est un budget compris entre 250 à 300 millions de frs » indique Massamba Diagne, un st-louisien interpellé au téléphone. Ce dernier, très au fait du rythme culturel de la ville tricentenaire, indique que ce qui le plus désolant, c’est que les dirigeants du festival étaient très avancés dans la préparation de l’édition de 2020. « La phase préparatoire était déjà achevée. Les invitations étaient calées, la tête d’affiche de cette année devait être le défunt musicien américain Randy Weston dont les cendres ont été dispersées dans l’océan Atlantique aux larges de Gorée. Randy Weston a épousé une Lébou sénégalaise Fatimata Guèye qui était attendue à St-Louis. En outre de nombreux musiciens africains notamment du Sénégal, du Mali, du Maroc qui ont eu à collaborer avec Randy Weston étaient aussi attendus à St-Louis. Dans la phase de préparation, la direction du festival a eu à travailler avec de nombreux experts. Elle a présenté au ministre de la Culture le rapport 2019 du festival et un autre document sur l’impact du festival à St-Louis » informe Massamba Diagne.
Me Ibrahima Diop diffère sa réponse
D’autres indiscrétions révèlent que dans l’agenda de cette année figuraient des événements connexes comme la projection du film «Outre Atlantique » de Maty diop, fille du célèbre Wasis du même nom, un colloque sur les mythes de l’émigration avec des sommités comme le linguiste Pathé Diagne, l’historien Pr Ibrahima Thioub Recteur de l’Université de Dakar, l’ancien ministre Pr Mame Moussé Diagne. On pouvait aussi retenir la thématique de la lutte contre l’insalubrité à st-Louis avec l’implication des enfants des écoles de la ville pour développer chez ces derniers le reflexe à la base. Tout comme l’état des lieux de « Ile de st Louis, patrimoine mondial de l’Unesco : 20 ans après ».
Dans l’agenda, il était aussi prévu la présence des autorités municipales de Grand Bassam en Côte d’Ivoire, ville jumelle de st-Louis, et des musiciens de la ville de Louisiane aux Etats-Unis. Massamba Diagne ajoute que « le festival devait permettre d’éponger les dettes pour amenuiser le passif dont celui avec la SODAV, une manière de pérenniser l’événement ». Contacté par nos soins, Me Ibrahima diop, président du Festival de st-Louis, estime qu’actuellement son niveau d’information surla prise en charge par le ministère du soutien accordé au festival ne lui permet pas de répondre à notre interpellation. Il a cependant tenu à magnifier l’oreille attentive que lui accorde le ministre de la Culture Abdoulaye diop. Il nous promet de nous revenir dans les meilleurs délais pour éclairer notre lanterne.
92 NOUVEAUX CAS, 106 GUÉRIS
Le Sénégal enregistre 92 nouveaux cas positifs de Coronavirus, ce vendredi. En revanche, le nombre de guéris dépasse largement le nombre de malades.
Le Sénégal enregistre 92 nouveaux cas positifs de Coronavirus, ce vendredi. En revanche, le nombre de guéris dépasse largement le nombre de malades. Le Directeur de Cabinet du ministère Santé, Docteur Aloyse Diouf relève 106 nouvelles guérisons. Mais, le nombre de cas grave ne faiblit pas. 23 sont relevés dans le bulletin de ce 12 juin.
Le taux de positivité sur les 1005 tests réalisés est de 9,15% soit une légère baisse par rapport à hier. Parmi les nouveaux cas, 74 sont de contacts suivis par les services du ministère de la Santé et les 18 sont issus de la transmission communautaire répartis entre, Guédiawaye, Rufisque Mbao, Dimaguene, Liberté 6, Bambilor, Kounoune, Yarakh, Kébémer et Touba.
A ce jour, 4851 cas ont été déclarés positifs dont 3100 guéris et 56 décès enregistrés et 1694 malades sous traitement répartis dans les différents centres prévus.
UNE NOUVELLE DE LOUIS CAMARA
ETRANGE METAMORPHOSE (2)
C’est à une véritable « révolution intérieure » que s’est livré cousin Baye Doudou dont la vie s’est du même coup transformée de fond en comble. De quasi ivrogne et mécréant qu’il était, il est sans transition devenu un pieux croyant
« Il y avait là, par malheur, un petit animalcule au bonnet carré... » ( Voltaire, « Micromégas »)
Pour en revenir à mon cousin Baye Doudou, je disais donc que cette histoire de coronavirus l’avait rendu méconnaissable, comme du reste nombre de personnes sans doute plus fragiles que la moyenne. Il est d’ailleurs de plus en plus fréquent de rencontrer dans les rues de Saint-Louis des quidams qui ressemblent à de véritables zombies ou qui présentent des troubles du comportement caractéristiques voire des signes évidents de folie. Ces gens-là sont certainement stressés par l’ambiance traumatisante et la panique partout répandus par «l’invisible et silencieux tueur » pour reprendre une métaphore très prisée des poètes, ou rimailleurs, c’est selon, du pays de la téranga. Ces doux rêveurs s’imaginent pouvoir combattre le virus avec des vers de mirliton et certains vont même jusqu’à l’apostropher ou lui écrire des, lettres de protestation ! Avouez qu’il y a de quoi mourir de rire, enfin, presque. En tout cas il y aurait peut-être lieu de s’inquiéter de la santé mentale de nombre de nos concitoyens par les temps qui courent … Ce n’est heureusement pas le cas de cousin Baye Doudou qui, loin d’avoir l’esprit dérangé, a au contraire la tête bien sur les épaules. En revanche il a adopté des mœurs et des habitudes que je ne lui ai jamais connues auparavant et qui de ce fait m’ont d’abord parus étranges pour ne pas dire déroutants ! En effet, depuis la fermeture du bar « Le Guétapan », niché au cœur de l’ile de Ndar, à proximité du palais de justice, baye doudou a comme qui dirait, radicalement changé son fusil d’épaule.
Lui qui d’aussi loin que je m’en souvienne a toujours été un des piliers de ce bar malfamé, honni de tous les habitants de l’ile et de la banlieue, a du jour au lendemain décidé de ne plus y mettre les pieds et même de ne plus longer la rue où il se trouve ! baye doudou qui depuis son départ à la retraite de l’enseignement passait le plus clair de son temps au « Guétapan » en compagnie de disciples de bacchus comme lui, eh bien, mon cher cousin a juré de ne plus laisser la moindre goutte d’alcool couler dans son gosier réputé insatiable ! Mieux : non seulement il a jeté l’anathème sur ce breuvage de satan (que certains appellent « l’eau de feu » selon l’expression consacrée des peaux-rouges d’Amérique), ce liquide corrosif qui vous ronge le foie à petit feu et finit par vous faire perdre la raison, mais mon « couse » s’est aussi engagé sur le droit chemin de la religion. « Euskeye !... » ont approuvé en chœur et en claquant des doigts tous ceux d’entre ses parents et amis qui ne lui ont jamais souhaité autre chose que du bien. Cette surprenante et heureuse nouvelle ne pouvait évidemment que les réjouir et eux tous se sont confondus en prières et en bénédictions formulées à l’endroit de l’apostat. « Ndeysaan, baay doudou dafa tuub ! … » Les entendait-on dire avec des trémolos dans la voix. À les voir défiler chez lui, la larme à œil, simulant émotion, l’on aurait pu croire qu’il s’agissait de la célébration d’un Hadj de retour du pèlerinage à la Mecque ! Et certes il y avait de l’exagération dans ces manifestations de sympathie teintées hypocrisie. D’ailleurs il a bien fallu que baye doudou en personne mette un terme à ces épanchements futiles qui commençaient à le déranger et même à sérieusement l’agacer.
Toujours est-il que mon cher cousin a fait le serment de ne boire plus que de l’eau pour le restant de sa vie et de ne plus rater aucune des cinq prières quotidiennes prescrites par la religion. Dans la foulée, il a également cessé de fumer et il n’arrête pas de sucer des bonbons à la menthe pour lui faire passer son envie de tabac.
Bref c’est à une véritable « révolution intérieure » que s’est livré cousin Baye Doudou dont la vie s’est du même coup transformée de fond en comble. De quasi ivrogne et mécréant qu’il était, il est sans transition devenu un pieux croyant qui se consacre entièrement à la dévotion. Mais ce n’est pas tout.
Dans son zèle de nouveau converti, « couse » baye doudou a aussi changé de look de la tête aux pieds. Il s’est laissé pousser la barbe et s’habille maintenant d’une djellaba toute blanche assortie avec des pantalons courts et des babouches de la même couleur.
En outre il a troqué sa casquette à la Joe Cocker qu’il avait coutume de porter avec de vieux costumes élimés du marché aux puces contre un petit bonnet marocain, un « kopati », posé au beau milieu de son crâne dégarni.
Pour compléter cet accoutrement peu ordinaire, il s’est aussi armé d’un long chapelet aux perles nacrées qu’il égrène désormais d’un air inspiré tout en marmonnant à voix basse des prières jaculatoires…
Marianne, son épouse, l’ange de la maison, femme d’un stoïcisme à toute épreuve qui l’a supporté durant trente cinq longues années de vie conjugale anarchique m’a confié que baye doudou ne met pratiquement plus le nez hors de sa chambre, sauf pour aller aux toilettes ou pour faire ses ablutions ou encore pour aller se rafraichir à l’ombre du grand manguier qui pousse au milieu de la cour de leur maison. Marianne a été la première à remarquer le changement inattendu de son mari, mon cousin baye doudou.
Pour elle comme pour Aminata leur fille unique, affectueusement surnommée « Mimi », la « métamorphose » de baye doudou n’est ni plus ni moins qu’un miracle et relève donc avant tout de la volonté divine. Toutes deux en ont été stupéfaites, pour ne pas dire qu’elles sont tombées des nues, en particulier Mimi qui était fâchée avec son père et avait cessé de lui parler depuis belle lurette à cause de son inconduite notoire.
Après avoir lui-même annoncé qu’il avait cessé de boire et qu’il ne fréquentait plus « Le Guétapan », baye doudou s’est réconcilié avec sa femme et sa fille et leur a demandé pardon pour toutes les souffrances et les torts qu’il leur a fait subir pendant si longtemps. Ce jour-là, la mère et la fille ont versé des torrents de larmes et n’ont eu de cesse de remercier le Tout-Puissant qui dans son infinie miséricorde avait eu pitié d’elles avait remis leur mari et père sur le droit chemin. Moi-même je n’ai pas pu m’empêcher d’éprouver une secrète émotion lorsque Marième m’a rapporté cette touchante scène de réconciliation et je me suis dit, nonobstant son côté un chouïa mélodramatique, que c’était quand même une bonne chose dans la mesure où cela avait permis de ressouder la famille de mon cousin. C’est émouvant de les voir à présent s’entendre si bien tous les trois alors qu’il y a quelques semaines à peine, c’est une ambiance de ni paix ni guerre qui régnait dans leur maison.
Désormais je ne me sentirai plus obligé d’intervenir pour calmer les ardeurs belliqueuses de baye doudou et Marianne à qu’il arrivait encore tout récemment de se crêper le chignon avec la dernière férocité. Au cours de ces batailles de chiffonniers, qui m’avaient rien de vraiment épique, où chacun s’ingéniait à balancer à son adversaire les piques les plus assassines, Mimi se rangeait toujours du coté de sa mère. Pour elle il n’était nullement question d’essayer de les réconcilier ou de recoller les morceaux, bien au contraire j’ai comme l’impression que Mimi eût été bien aise si son père et sa mère avaient divorcé. Mais en réalité, ces deux-là s’aiment à la folie et pour rien au monde ils ne se seraient séparés ! Néanmoins cette situation semblait plutôt à l’avantage de baye doudou qui, protégé par une armure d’insouciance et de je-m’enfoutisme assumés, s’en donnait à cœur joie et vivait sa vie comme bon lui semblait. Il disait à qui voulait l’entendre qu’il était un artiste, un dilettante, un « dandy sous les tropiques », pour reprendre ses propres mots, et que pour lui, la liberté seule avait du prix !...
Et pourtant le voilà qui, du jour au lendemain, a fait un spectaculaire revirement à cent quatre-vingt dix degrés !