Macky se permet tout avec le Décret n° 2020-925 du 03 avril 2020 prorogeant l’état d’urgence
Etat d’urgence totalement dévoyé au Sénégal : perquisitions de jour comme de nuit, contrôle de la presse, et des émissions radiophoniques et télévisées, internement administratif des citoyens, suspension et mutation de fonctionnaires ; Macky SALL se permet tout avec le Décret n° 2020-925 du 03 avril 2020 prorogeant l’état d’urgence
Depuis le 25 mars 2020, dans une contribution intitulée « dénoncer les dérives inacceptables de l’état d’urgence », je n’ai cessé d’alerter les sénégalais sur les dérives extrêmement graves liées à l’instauration de l’état d’urgence, pointant précisément le risque élevé de restrictions drastiques et disproportionnées des libertés publiques portant atteinte de manière grave aux droits fondamentaux. J’affirmais avec force que le projet d’habilitation fourre-tout (imprécis, vague, généraliste) était extrêmement dangereux car il donnait une carte blanche à Macky Sall (clause de compétence générale), dans le cadre de pouvoirs sans limites. Avec le décret n°2020-925 du 03 avril 2020, prorogeant l’état d’urgence, et publié au journal officiel (numéro spécial 7296), Macky Sall, vient une nouvelle fois de trahir l’opposition, la société civile et tous les sénégalais, qui, de bonne foi, dans un élan d’unanimité, avaient estimé qu’il devait être soutenu, dans ces circonstances exceptionnelles de lutte contre la propagation d’un virus mortel (Covid-19). L’article 2 du décret n°2020-925 du 03 avril 2020, dispose que l’autorité administrative compétente exerce, pendant la durée de l’état d’urgence, les pouvoirs prévus aux articles 10, 11, 12 et 13 de la loi n° 69-29 du 29 avril 1969. Or, les dispositions des articles précités n’ont aucun lien avec l’état d’urgence sanitaire et la lutte contre la pandémie de Covid-19 :
Article 10 de la loi n° 69-29 du 29 avril 1969 : le décret instituant l’état d’urgence peut, par une disposition expresse : Conférer aux autorités judiciaires compétentes, au Ministre de l’intérieur, aux gouverneurs et aux préfets, le pouvoir d’ordonner en tous lieux des perquisitions de jour et nuit, « Habiliter l’autorité administrative compétente à prendre toutes mesures appropriées pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature, ainsi que celui des émissions radiophoniques ou télévisées… ».
Article 11 de la loi n° 69-29 du 29 avril 1969 : le décret instituant l’état d’urgence peut, par une disposition expresse, peut par une disposition expresse, conférer à l’autorité administrative, le pouvoir de procéder à l’internement administratif des personnes dont l’activité représente un danger pour la sécurité…
Article 12 de la loi n° 69-29 du 29 avril 1969 : le décret instituant l’état d’urgence peut, par une disposition expresse conférer à l’autorité administrative compétente, le pouvoir de prendre toutes dispositions relatives au contrôle des correspondances postales, télégraphiques et téléphoniques ».
Article 13 de la loi n° 69-29 du 29 avril 1969 : le décret instituant l’état d’urgence peut, par une disposition expresse conférer à l’autorité administrative compétente, le pouvoir par décision immédiatement exécutoire de muter ou de suspendre tout fonctionnaire de l’état ou des collectivités territoriales dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité publique.. ».
En votant la loi d’habilitation, le 01 avril 2020, les 33 députés godillots réunis en séance plénière ont donné une carte blanche à Macky SALL pour faire n’importe quoi (contrôler la presse, les correspondances postales et téléphoniques, pouvoir interner des citoyens sénégalais, et suspendre ou muter des fonctionnaires…). Il s’agit là d’un dévoiement total de l’état d’urgence.
La loi d’habilitation inconstitutionnelle (une loi d’habilitation ne comporte pas des dispositions relatives à l’état d’urgence) permet à Macky SALL, de prendre des mesures sécuritaires loufoques, et totalement inappropriées qui n’ont aucun lien avec la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Plus grave, les 33 députés irresponsables qui ont participé à la forfaiture du 01 avril 2020, ont été instrumentalisés et bernés comme des mineurs par Macky SALL qui a inséré dans le projet de loi un article pour la prorogation de l’état d’urgence (article 4) qui ne mentionne pas les dispositions des articles 10, 11, 12, et 13 de la loi n° 69-29 du 29 avril 1969. En réalité, Macky Sall a bien caché son jeu, attendant le vote de l’assemblée pour dévoiler ses véritables intentions : le Covid-19 est un prétexte pour renforcer considérablement ses pouvoirs (contrôle total de la presse et des citoyens). Alors que la loi de 1969 sur l’état d’urgence et l’état de siège comporte 24 articles, Macky Sall a visé précisément les articles 10, 11, 12, et 13. Quel est le rapport entre les perquisitions de jour et nuit, et la lutte contre la pandémie de Covid-19 ? Aucun. J’accuse les 33 députés qui ont voté la loi d’habilitation le 01 avril 2020, d’être coupable de haute trahison, J’accuse Macky SALL, d’être coupable de haute trahison, envers le peuple pour avoir dévié la lutte contre la propagation de Covid19 (volonté de consolider son pouvoir personnel), J’accuse certains d’avoir fait preuve de naïveté coupable, vis-à-vis de Macky SALL, J’accuse une partie de la presse sénégalaise, bien entretenue (la presse du palais) d’être complice du régime de Macky SALL et d’agir à l’encontre des intérêts du peuple sénégalais (aujourd’hui, c’est cette même presse qui est mise sous tutelle, victime de Macky Sall et de l’article 2 du décret n°2020-925 du 03 avril 2020). L’opposition, la société civile et tous les citoyens de bonne foi qui ont privilégié l’intérêt supérieur de la nation, en apportant leur soutien à Macky Sall ont été, une nouvelle fois, trahis par ce dernier. Macky SALL n’est ni sincère, ni digne de confiance. Même dans le contexte extrêmement grave de la pandémie de COVID-19. Pendant 3 mois, il dispose du pouvoir de vie et de mort sur les sénégalais. L’Association des utilisateurs des TIC (ASUTIC) du Sénégal (organisation à but non lucratif) qui œuvre pour la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales a publié un communiqué intitulé « Mise en quarantaine de l’Etat de droit au Sénégal. Mesdames, Messieurs, les députés, jusqu’où irez-vous » ? Ça a le mérite d’être clair, net et précis
Nota bene : En France, les dispositions sécuritaires de la Loi n° 55-385 du, net 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence ne s’appliquent pas à l’état d’urgence sanitaire (les mesures prises visent uniquement à restreindre les déplacements « confinement », dans un objectif de santé publique). Aucune perquisition de jour et de nuit, n’est prévue, encore moins le contrôle de la presse.
par Moussa Bèye
LA PRISE EN OTAGE DE L’AGRICULTURE ET DES PAYSANS AU SÉNÉGAL
Comment expliquer une production arachidière qui atteignait en 1960-1961 les 900 000 tonnes puisse chuter à 700 000 en 2012-2013 ? Avec de forts doutes et des interrogations plus que légitimes portant sur la « surestimation » de ces derniers chiffres
Eh oui, Franz-Olivier Giesbert, au Sénégal aussi « Nous préférons toujours les révolutions que nous ne ferons jamais aux réformes qui changeront nos habitudes ». Abdoul Mbaye, nous en donne quelques preuves à travers « SERVIR », son livre publié en 2014 aux éditions Didactika.
Difficile de rester insensible à ce discours, celui d’un homme d’Etat, qui nous parle avec franchise et la sincérité que l’on doit à ceux-ce qu’on aime et que l’on respecte. Cette vérité qu’il s’est toujours promis de dire « en toutes circonstances »*.
Un discours qui reste constant, cohérent, documenté argumenté et structuré, basé sur des faits, par conséquent vérifiable. Et conformément à son style et a ses habitudes, son discours reste d’abord celui de la méthode et de la rigueur.
Comment l’agriculture sensée être la base de notre sécurité alimentaire, de notre développement économique ne bénéficie pas de tout le sérieux, de toute l’attention et de tous les moyens nécessaires et disponibles à son expression, son expansion voire à son épanouissement ?
Comment expliquer une production arachidière qui atteignait en 1960-1961 les 900 000 tonnes puisse chuter à 700 000 en 2012-2013 ? Avec de forts doutes et des interrogations plus que légitimes et fondées portant sur la « surestimation »* de ces derniers chiffres. Leur fiabilité reste à prouver et c’est le moins que l’on puisse dire. « Mais la spécificité du sous-développement est de savoir organiser la perte d’acquis parfois majeurs, alors que tout progrès est un processus de cumul sur les expériences positives, ou des leçons tirées de celles négative »*. Traduisant ainsi une « absence de vision et de maîtrise »* d’une politique d’un secteur aussi vital, livrée à des gens informels peu scrupuleux . Pour un pays qui a été une référence mondiale en matière de production arachidière, avec une expertise reconnue et sollicitée d’un peu partout. D’ailleurs « la recherche sénégalaise produisait pour le Sénégal, mais servait également en semences de pré-base les laboratoires d’autres pays du monde qui souhaitaient développer leurs productions de graines d’arachides. »*
Comment expliquer et faire comprendre de telles contre-performances en un demi-siècle avec tous les progrès et le développement que le monde a connu dans ce domaine et surtout « malgré les nombreux milliards investis »*. Décidément nous pouvons dire à la suite d’Edgar Faure, sans risquer d’être démentis que « l’immobilisme est en marche et rien ne l’arrêtera »*.
L’on a de prime abord un sentiment de tristesse, de désolation, mais aussi d’indignation et de révolte. Nous sommes trèsloin de la logique d’une « agriculture capable de nourrir la population sénégalaise, et au moins ses producteurs, aussi de constituer des stocks de sécurité pour les années mauvaises… »*. Nous avons eu le sentiment net que ce secteur aussi vital et aussi stratégique dans la vie d’une nation a été au mieux négligé et au pire livré à des trafics, des manipulations de lobbies qui eux savent ce qu’ils font et où ils veulent aller. Pendant ce temps, et face à des pratiques toxiques et quasi-criminelles, les sénégalais peuvent crever !
Notre agriculture fait face à des défis majeurs, nombreux qui entravent notre développement économique.
Difficultés liées au manque de d’information et de formation. La quasi-absence de formation des agriculteurs et leur manque notoire d’information constituent a en pas douter des facteurs de blocage à toute amélioration. En effet, le travail de la terre requiert de nos jours que les paysans soient mieux outillés si nous aspirons à renverser la tendance à importer l’essentiel de ce que nous consommons, à assurer notre sécurité alimentaire et à rééquilibrer notre balance commerciale fortement et structurellement déficitaire. Il est inconcevable qu’ils n’aient pas accès a des moyens modernes, aux nouvelles technologies et qu’ils ne bénéficient pas des meilleures pratiques qui se font ailleurs, si nous ambitionnons avec sérieux de relever ces défis.
L’information, la formation et un bon encadrement restent des impératifs si nous voulons qu’ils soient au fait d’une gestion rationnelle et optimale des espaces avec l’utilisation des meilleurs engrais et autres fertilisants. Et ce, d’autant plus qu’ils ne comptent que sur la saison des pluies pour accéder à l’eau. « Une bonne politique de l’eau, et en particulier celle évitant de dépendre de la seule saison de pluie, laquelle n’offre au plus que cinq mois d’activité par an… »*
Il y a aussi les difficultés liées à l’accès aux bonnes semences, si elles existent. Il faudrait d’ailleurs pouvoir les aider à les reconnaitre à travers des instituts de certification crédibles, bien outillés et indépendants. Les prix ne doivent pas être excessivement chèrs afin d’être à la portée des paysans très démunis en général et livrés à eux-mêmes. Il convient de noter également qu’ils ont très rarement accès à des sources de financements fiables et pérennes. Pour pallier à ces lacunes au Sénégal, et y remédier, l’Etat a mis en place un mécanisme de subvention aux semences. Louable si dans son esprit et dans son mode exécutoire les acteurs jouaient le franc-jeu …
La question des semences et plus spécifiquement « la politique semencière du Sénégal notamment dans celle de sa spécialité d’arachides … »*, revêt un caractère particulier, le dire comme cela relève d’un euphémisme.
Une particularité qui fait d’ailleurs que « le Président de la République avait tôt attiré mon attention. Il supportait difficilement toute cette organisation contre les intérêts du paysan et aux frais de l’Etat. Il en avait été témoin. »*
Pour escompter une excellente récolte, des semences de qualité feront nécessairement la différence. Ce qui est plus vrai encore pour nos petits agriculteurs qui tirent le diable par la queue pour accéder aux intrants, à des matériels agricoles, aux pesticides etc… Et sur cette question, ils font l’objet de spoliation, de tromperie, d’exploitation et d’abus inqualifiables. Notons par ailleurs qu’ils sont par moment acteurs et complices, malgré eux, de ces méfaits pour lesquels ils peuvent dans le très court terme se considérer « gagnants puisqu’ils achètent la graine avec une décote importante par rapport au prix du marché. Dans les faits, ils sont trompés sur la qualité et perdront en rendement. »* En effet, « des graines prétendument sélectionnées, mais souvent de très mauvaise qualité … »*, leur sont cédés par un mécanisme très vicieux et bien huilé au point de priver notre « industrie d’huilerie de graines à triturer »*. L’objectif ici n’est absolument pas de booster les rendements avec une excellente production. Bien au contraire, il s’agit de spéculer sans vergogne, ni retenue sur le dos de ces pauvres paysans, siphonnant au passage les finances publiques parce que « grassement subventionnées par l’Etat ». Tout en « condamnant la production à la stagnation et même à la dégénérescence … »*. La perpétuation de telles pratiques n’est pas étrangère à ces crises alimentaires auxquelles nous faisons face de façon périodique, sans parler du fait qu’ « on paie ainsi au prix fort, la destruction de l’agriculture sénégalaise »*
L’on ne peut manquer de ne pas nous indigner face à ce que l’auteur qualifie d’ « énorme scandale »*, qui « entre 2000 et 2012 a déjà coûté 101 milliards FCFA au titre de la subvention de semences d’arachides, auxquels s’ajoutent 39 milliards FCFA pour les autres productions, ces dernières à partir de 2003 »*. Afin d’illustrer le scandale, PAM nous en donne un exemple à travers la campagne agricole de 2012-2013 : « la graine en coque a été acquise par les opérateurs privés semencier (OPS) au prix de 175 FCA en début de campagne précédente, soit à partir de novembre ou décembre 2011 … Cinq à six mois plus tard, lorsque les besoins en semences pour la campagne 2012-2013 sont définis, les OPS vendent leurs graines au prix de 400 FCFA convenu avec l’Etat, réalisant ainsi une marge de brute de 225 FCFA, soit 130% »*. Ainsi est décrite la première phase pour ne pas dire l’entrée en matière. La seconde phase ou le mode opératoire, encore plus vicieuse et toujours dans cette même logique tordue des OPS, dont PAM profite pour nous rappeler qu’ils ne sont ni des producteurs, ni des agriculteurs, mais des spéculateurs qui sucent le sang des paysans et prennent en otage tout un peuple. Elle consiste quant- à elle à faire en sorte que « pour que cette graine puisse être acquise par le paysan, elle doit lui être cédée à un prix inférieur à celui du marché qui a atteint 325 FCA en raison de la rareté de la graine du fait de la mauvaise récolte. La subvention de l’Etat est alors arrêtée à 270 FCFA/Kg, ce qui permet l’achat par le paysan au prix de 130 FCFA/Kg ».* Cette petite gymnastique a coûté 10 milliards FCFA à l’Etat du Sénégal rien que pour la campagne 2012-2013. Ce « petit jeu » qui se traduit souvent en une simple écriture dans des livres comptables permet ainsi à ses acteurs souvent bien introduits dans certains cercles du pouvoir de réaliser des marges usuraires très confortables. Il y a également que cette « partie consacrée au programme semencier ne me semble pas acceptable » avec la conviction qu’ « on s’est donné trop de temps pour sortir du scandale »*. Et cela, « tout en y mettant les formes »*, nous rassure, en décidant de prendre en charge lui-même ce dossier afin d’en « assurer le suivi rapproché ».* Ce qui constitue en soi un des éléments d’explication qu’il soit extrêmement difficile de sortir de ce système, au fond connu de tous y compris du Président de la république. Le gouvernement qui pensait avoir pris les bonnes mesures en lui soumettant tous ces éléments , il « décide la fin de ce processus désastreux pour notre agriculture et nos finances publiques ».*
Cette décision sensée mettre définitivement un terme à ce processus au bout de deux ans, s’accompagnait d’une mesure dissuasive de ramener la subvention à 100 FCFA, prenant ainsi « au piège » *les spéculateurs. Il y’a eu là une prise de conscience d’un lobby aussi puissant et aussi dangereux pour renverser tout gouvernement. Et d’ailleurs à la lecture de ces passages, nous réalisons aussi que gouverner dans un tel environnement avec un tel état d’esprit, demande plus que du courage et de la ténacité. C’est à l’évidence s’engager dans un véritable front comparable aux terrains d’opérations des grandes guerres tant le risque parait énorme. On s’interroge même sur les comportements de certains ministres, ou de certaines administrations tant ce que l’auteur appelle « le comportement privé »* est aussi présente dans ces cercles-là, et il « n’est pas rare dans l’administration »* . Ils le feront savoir par tous les canaux disponibles.
Malgré une vaste expérience dans le domaine de la production arachidière, des chercheurs de haut niveau qui ont capitalisé des expériences considérables, le Sénégal est à la traine. Un pays qui a la capacité de mobiliser au de-là de ses moyens propres, des partenaires techniques au développement disposés à aider, devenus sceptiques et réticents. Ces derniers ont fini de ne plus prendre au sérieux ce pays tellement ils y ont déployé des ressources sans pour autant observer une réelle volonté de s’en sortir. Certains sont même allés jusqu’à « faire part des énormes efforts consentis et restés sans impacts visibles »*. Un gouvernement a réussi à en convaincre certains qui légitimement ont demandé en contrepartie « d’engagement de la part du Gouvernement, mais aussi de cohérence. Il leur faut lire la continuité programmatique, mais aussi une marche vers du concret, du pragmatisme au-delà de tous ces textes qu’ils connaissent bien. »*
* Bibliographie Mbaye, A. (2014). Livre Servir. Sénégal: Didactika.
Moussa Bèye est membre du cercle des cadres de l’ACT
par Dia Abdou Khadir
QUELLE MESURE APRÈS L’AIDE ALIMENTAIRE D’URGENCE ?
Les prochains jours, si on continue à avoir des cas communautaires, l’Etat doit prendre des mesures pour un confinement général avant que la courbe reprenne sa croissance exponentielle
A partir de ce dimanche 5 avril, on ne devait plus avoir normalement de cas importés. Le nombre de jours entre la fermeture des frontières jusqu’à présent a dépassé 14 jours (la période d’incubation).
Le ministère et le personnel de santé doivent avoir une meilleure maitrise de la situation et une idée du pic épidémique.
Ce qui fait peur ce sont les cas communautaires. Le Sénégal a enregistré ces premiers cas communautaires, le samedi 21 mars (source : ministère de la santé). Les prochains jours, si on continue à avoir des cas communautaires, l’Etat doit prendre des mesures pour un confinement général avant que la courbe reprenne sa croissance exponentielle.
Le confinement général peut être très difficile mais possible sous des conditions. Les conditions sont que l’Etat accompagne certains ménages à travers des transferts monétaires ou non monétaires, et aussi les entreprises, chose qu’il est en train de faire. Les 69 milliards débloqués pour des aides alimentaires ne suffisent pas pour tenir les ménages plus longtemps. Si c’étaient des transferts monétaires, chaque ménage recevrait 69 000 FCFA (ceux plus démunis).
D’après l’enquête de suivi et de pauvreté au Sénégal en 2011, la dépense mensuelle moyenne alimentaires (poste alimentation et boisson non alcoolisés) des ménages de Dakar urbains était évalué à 125 018 FCFA, celle des autres villes à 118 510 FCFA et celle du milieu rural à 103 045 FCFA. La répartition des ménages pauvres suivant la zone laisse entrevoir une prépondérance du milieu rural qui enregistre 69,3% des ménages pauvre. Les autres villes suivent avec 17,7% et Dakar urbain est moins touché par la pauvreté, soit 13%. Si on fait l’hypothèse que ces valeurs sont constantes jusqu’en 2019, normalement, pour permettre à ces ménages de vivre aisément, il fallait débloquer 97 milliards pour 871 093 ménages (source : ESPS II et mes estimations suivant le seuil de pauvreté qui est estimé à 38% d’après le rapport sur le développement humain 2019 de UNDP). Cependant, l’Etat a débloqué 69 milliards pour 1 million de ménages. Soit l’Etat n’a pas les moyens de débloquer plus ou il prévoit la fin de l’épidémie dans un court délai.
Toutefois, si la pandémie persiste au-delà, la situation risque de s’empirer, les couches les plus vulnérables en plus de la pandémie vont encore souffrir. Dès lors, il est impératif de stopper ce fléau le plutôt possible. Des pays africains ont pris des mesures de confinement général, on peut citer l’Afrique du Sud, la Tunisie, l’Algérie etc. Le covid-19 touche tout le monde, si tu n’as pas été testé positif, tu vas le sentir économiquement. Les entreprises les plus touchées (hôtellerie restauration, tourisme, transports, etc.) libèrent leurs employés parce qu’elles produisent à perte, toute l’activité économique est paralysée, l’économie est malade. Les ménages qui recevaient les transferts des émigrés vont constater une baisse de ces transferts. L’Europe qui comptabilise les 50% (rapport de profil migratoire 2018 de l’ANSD) des émigrés sénégalais est très touchée par la pandémie, la France, l’Italie et l’Espagne sont en confinement depuis des semaines, les émigrés ne peuvent plus travailler.
Nous tous, nous souffrons de cette pandémie, si on n’a pas été testé positif, économiquement, on va le sentir maintenant ou plus tard.
Restez chez vous pour qu’en ensemble on gagne cette guerre sanitaire !!
Dia Abdou Khadir est analyste de recherche
"L'AFRIQUE NE SERA UN TERRAIN D'ESSAI POUR AUCUN VACCIN"
Le patron de l’OMS a condamné lundi les "propos racistes" de chercheurs ayant récemment évoqué l’Afrique comme "un terrain d’essai" pour tester un vaccin potentiel contre le Covid-19, dénonçant "l’héritage d’une mentalité coloniale"
Le patron de l’OMS a condamné lundi les "propos racistes" de chercheurs ayant récemment évoqué l’Afrique comme "un terrain d’essai" pour tester un vaccin potentiel contre le Covid-19, dénonçant "l’héritage d’une mentalité coloniale". Le patron de l’OMS a condamné lundi les "propos racistes" de chercheurs français – sans les nommer – ayant récemment évoqué l’Afrique comme "un terrain d’essai" pour tester un vaccin potentiel contre le Covid-19, dénonçant "l’héritage d’une mentalité coloniale".
L’échange télévisé entre deux scientifiques français s’interrogeant sur l’opportunité de tester en Afrique un vaccin contre le coronavirus continue de faire des remous: lundi, c’est le patron de l’OMS qui a fustigé des "propos racistes" et "une mentalité coloniale".
"Ce genre de propos racistes ne font rien avancer. Ils vont contre l’esprit de solidarité. L’Afrique ne peut pas et ne sera un terrain d’essai pour aucun vaccin", a lancé Tedros Adhanom Ghebreyesus, ancien chef de la diplomatie éthiopienne, au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève. "L’héritage de la mentalité coloniale doit prendre fin", a-t-il ajouté, en réponse à la question d’un journaliste nigérian.
"Honteux et horrifiant"
M. Tedros n’a pas nommé les scientifiques en cause, mais une vive polémique a éclaté en France et en Afrique notamment après un échange entre un chercheur de l’Institut français de la recherche médicale (Inserm) et un chef de service d’un hôpital parisien le 1er avril sur la chaîne LCI. Dans cette séquence, Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm à Lille (nord de la France), était interrogé sur des recherches menées autour du vaccin BCG contre le covid-19.
Invité en plateau, Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Cochin, lui demande : "Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs sur certaines études avec le sida, ou chez les prostituées : on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées. Qu’est-ce que vous en pensez?"
Le chercheur répond : "Vous avez raison, d’ailleurs. On est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique avec le même type d’approche, ça n’empêche pas qu’on puisse réfléchir en parallèle à une étude en Europe et en Australie". "Il est honteux et horrifiant d’entendre des scientifiques tenir ce genre de propos au 21e siècle. Nous les condamnons dans les termes les plus forts", a tonné M. Tedros.
"Cobayes"
Ces échanges, pour lesquels les deux mis en cause ont depuis présenté leurs excuses, ont été condamnés par des associations les accusant de vouloir faire des Africains des "cobayes". Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré qu’ils "ne reflétaient pas la position des autorités françaises". "L’Afrique n’est pas un laboratoire", a lancé la star ivoirienne du football Didier Drogba en dénonçant des "propos graves, racistes et méprisants". Le Club des avocats au Maroc a annoncé sur sa page Facebook son intention de "porter plainte pour diffamation raciale". Le porte-parole du président sénégalais Macky Sall a lui aussi pointé du doigt l’esprit relevant de "l’inconscient colonial".
Rappelant que les tests seraient lancés dans plusieurs pays européens et en Australie, l’Inserm a indiqué sur Twitter que "l’Afrique ne doit pas être oubliée ni exclue des recherches, car la pandémie est globale". Si l’Afrique a été pour l’instant moins touchée par le coronavirus que la Chine, le sud de l’Europe et les États-Unis, où le seul des 10 000 morts a été franchi lundi, de nombreux observateurs et acteurs craignent des effets dévastateurs de l’éventuelle propagation du virus.
Allant dans le sens de l’Inserm, le responsable de la lutte contre la pandémie en République démocratique du Congo (RDC), Jean-Jacques Muyembe, a indiqué que le pays était prêt à accueillir les essais d’un futur vaccin, citant en exemple les vaccins utilisés à titre expérimental face à l’actuelle épidémie d’Ebola en passe d’être jugulée. "Peut-être vers le mois de juillet, août nous pourrons commencer déjà à avoir des essais cliniques de ce vaccin", a ajouté le virologue congolais, qui s’exprimait devant la presse au côté de l’ambassadeur américain en RDC Mike Hammer.
Dans un communiqué des hôpitaux de Paris, Jean-Paul Mira a présenté ses "excuses les plus sincères" à "celles et à ceux qui ont été heurtés, choqués, qui se sont sentis insultés". Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA, gendarme des médias audiovisuels) a confirmé avoir été saisi par l’association SOS Racisme.
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"NOUS ALLONS SURMONTER LA CRISE DU CORONAVIRUS, MAIS NOUS AVONS DES CRISES PLUS GRAVES DEVANT NOUS"
Noam Chomsky indique que la crise du covid-19 aura de graves conséquences, mais qu’elle sera temporaire, alors qu’il y a deux autres horreurs plus graves pour l’humanité : la guerre nucléaire et le réchauffement climatique
Noam Chomsky, le linguiste bien connu et analyste politique étatsunien de 91 ans, s’est entretenu avec Srećko Horvat sur DiEM25 TV depuis Arizona US, où il s’isole à cause de la pandémie. Chomsky a souligné que la crise sanitaire du coronavirus est très grave et aura de graves conséquences, mais qu’elle sera temporaire, alors qu’il y a deux autres horreurs plus graves pour l’humanité: la guerre nucléaire et le réchauffement climatique. Son analyse souligne que toutes ces menaces sont intensifiées par les politiques néolibérales, et qu’après la fin de cette crise, les options seront soit des États plus autoritaires et brutaux, soit une reconstruction radicale de la société avec des termes plus humains.
Selon Chomsky, il est choquant qu’en ce moment crucial, Donald Trump soit en tête, qu’il décrit comme un bouffon sociopathe. « Le coronavirus est suffisamment grave, mais il est bon de rappeler que deux menaces bien plus importantes se profilent, bien pires que tout ce qui s’est passé dans l’histoire de l’humanité :
L’une est la menace croissante d’une guerre nucléaire et l’autre, bien sûr, est la menace croissante du réchauffement climatique.
Le coronavirus est horrible et peut avoir des conséquences terrifiantes, mais il y aura une reprise. Alors que les autres ne seront pas récupérées, c’est fini ».
La puissance des États-Unis est écrasante. C’est le seul pays qui, lorsqu’il impose des sanctions à d’autres États comme l’Iran et Cuba, cela doit être suivi par tous les autres. L’Europe suit le maître aussi, affirme Chomsky. Ces pays souffrent des sanctions états-uniennes, mais néanmoins
« l’un des éléments les plus ironiques de la crise virale actuelle est que Cuba aide l’Europe. L’Allemagne ne peut pas aider la Grèce, mais Cuba peut aider les pays européens ».
Si l’on ajoute à cela la mort de milliers d’immigrants et de réfugiés en Méditerranée, Chomsky pense que la crise de civilisation de l’Occident à l’heure actuelle est dévastatrice.
La rhétorique actuelle qui fait référence à la guerre est d’une certaine importance, selon Chomsky. Si nous voulons faire face à cette crise, nous devons passer à quelque chose comme la mobilisation en temps de guerre. Par exemple, la mobilisation financière des États-Unis pour la Seconde Guerre mondiale, qui a conduit le pays à s’endetter bien plus lourdement et à quadrupler la production manufacturière états-unienne, ce qui a entraîné une croissance. Nous avons besoin de cette mentalité maintenant afin de surmonter cette crise à court terme et qui peut être gérée par les pays riches. « Dans un monde civilisé, les pays riches apporteraient leur aide à ceux qui sont dans le besoin, au lieu de les étrangler ». « La crise du coronavirus pourrait amener les gens à réfléchir au type de monde que nous voulons ».
Chomsky pense que les origines de cette crise sont un échec colossal du marché et les politiques néolibérales qui ont intensifié de profonds problèmes socio-économiques. « On savait depuis longtemps que des pandémies étaient très probables et on comprenait très bien qu’il y aurait probablement une pandémie de coronavirus avec de légères modifications de l’épidémie de SRAS. Ils auraient pu travailler sur des vaccins, sur le développement d’une protection contre les pandémies potentielles de coronavirus, et avec de légères modifications, nous pourrions avoir des vaccins disponibles aujourd’hui ». En ce qui concerne les Big Pharma, des tyrannies privées, face auxquelles le gouvernement ne peut pas intervenir, il est plus rentable de fabriquer de nouvelles crèmes pour le corps que de trouver un vaccin qui protégera les gens de la destruction totale. La menace de la polio a pris fin avec le vaccin de Salk, par une institution gouvernementale, sans brevet, disponible pour tous. « Cela aurait pu être fait cette fois-ci, mais la peste néolibérale a bloqué cela ».
L’information était là, mais nous n’avons pas fait attention
« En octobre 2019, il y a eu une simulation à grande échelle aux États-Unis, dans le monde, de la possible pandémie de ce genre, mais rien n’a été fait. Nous n’avons pas fait attention à l’information.
Le 31 décembre, la Chine a informé l’Organisation mondiale de la santé de la pneumonie et une semaine plus tard, des scientifiques chinois ont identifié le virus comme étant un coronavirus et ont communiqué l’information au monde entier. Les pays de la région, la Chine, la Corée du Sud, Taïwan, ont commencé à faire quelque chose et cela semble contenu, au moins pour la première vague de crise. En Europe, dans une certaine mesure, cela s’est également produit. L’Allemagne, qui s’est déplacée juste à temps, dispose d’un système hospitalier fiable et a pu agir dans son propre intérêt, sans aider les autres mais pour elle-même au moins pour avoir un confinement raisonnable. D’autres pays l’ont tout simplement ignoré, le pire d’entre eux étant le Royaume-Uni et le pire de tous étant les États-Unis ».
« Lorsque nous aurons surmonté cette crise d’une manière ou d’une autre, les options disponibles iront de l’installation d’États brutaux hautement autoritaires à une reconstruction radicale de la société et à des termes plus humains, soucieux des besoins humains plutôt que du profit privé.
« Il est possible que les gens s’organisent, s’engagent, comme beaucoup le font, et qu’ils créent un monde bien meilleur,
qui sera également confronté aux énormes problèmes auxquels nous sommes confrontés tout au long du chemin, aux problèmes de la guerre nucléaire, qui est plus proche que jamais, et aux problèmes des catastrophes environnementales dont il n’y a pas de reprise une fois que nous sommes arrivés à ce stade, qu’il n’est pas loin, à moins que nous n’agissions de manière décisive ».
« C’est donc un moment critique de l’histoire humaine, et pas seulement à cause du coronavirus, qui devrait nous faire prendre conscience des profondes failles du monde, des caractéristiques profondes et dysfonctionnelles de tout le système socio-économique, qui doit changer, si l’on veut qu’il y ait un avenir viable. Ce pourrait donc être un signe d’avertissement et une leçon pour y faire face aujourd’hui ou pour éviter qu’il n’explose. Mais il faut penser à ses racines et à la façon dont ces racines vont conduire à d’autres crises, pires que celle-ci ».
À propos de la situation de quarantaine à laquelle sont confrontés aujourd’hui plus de 2 milliards de personnes sur la planète, Chomsky souligne qu’une forme d’isolement social existe depuis des années et qu’elle est très dommageable.
« Nous sommes maintenant dans une situation de réel isolement social. Il faut la surmonter en recréant des liens sociaux de quelque manière que ce soit, quel que soit le type d’aide que l’on puisse apporter aux personnes dans le besoin.
Il faut les contacter, développer des organisations, élargir l’analyse. Comme avant de les rendre fonctionnelles et opérationnelles, de faire des plans pour l’avenir, de rassembler les gens comme nous le pouvons à l’ère de l’internet, de les rejoindre, de les consulter, de délibérer pour trouver des réponses aux problèmes qu’ils rencontrent et de travailler sur ces problèmes, ce qui peut être fait. Ce n’est pas la communication face à face qui est essentielle pour les êtres humains. Mais elle en sera privée pendant un certain temps, vous pouvez la mettre en attente ».
Noam Chomsky conclut en disant : « Trouvez d’autres moyens et poursuivez, voire étendez et approfondissez les activités réalisées. C’est possible. Ce ne sera pas facile, mais les humains ont été confrontés à des problèmes dans le passé ».
Par CALAME
VAINCRE POUR CONVAINCRE ?
«Je voudrai m’excuser auprès de mes amis africains pour des propos que j’ai probablement mal explicités et qui ont aussi été peut-être mal interprétés par certains … ». Ainsi s’est exprimé Dr Mira. Embourbé dans une tempête médiatique
«Je voudrai m’excuser auprès de mes amis africains pour des propos que j’ai probablement mal explicités et qui ont aussi été peut-être mal interprétés par certains … ».
Ainsi s’est exprimé Dr Mira. Embourbé dans une tempête médiatique, il se désole de constater que ses propos prononcés sur la chaine française Lci, lui «valent une pluie de messages pas très agréables, voire insultants».
Revendiquant son amour d’Afrique, continent sur lequel il a vécu, séjourné dans une quinzaine de pays, soigné des malades, rencontré des amitiés, il se targue d’avoir voulu alerter «sur ce qui est en train de s’y passer, sur ce qu’on y tait».
Qu’importe la sincérité ou non de ses propos. Là n’est pas le propos. Du reste, que le monde et tutti quanti aient une mauvaise appréciation de l’Afrique, y projettent leur paternalisme et /ou leurs phantasmes de colonialistes honteux, importe peu. Tout en faisant montre d'une susceptibilité à fleur de peau, le drame, le tragique ne résiderait-il pas plutôt dans une certaine propension à développer, sous nos latitudes, un complexe d’infériorité vis-à-vis de l’Occident ?
En effet, si nous gardons à l’esprit que le respect des autres est fonction du respect de soi alors, ce qu’ils pensent de nous ne devrait par conséquent ni nous engager, ni nous déstabiliser. Encore moins nous émouvoir. L’important étant de se concentrer sur les réponses que nous apportons à nos propres interrogations. Puisqu’il est entendu comme l‘a si bien indique feu Joseph Ki Zerbo, que l’ «on ne peut pas se développer sur la natte des autres», alors se pose la question de savoir ce qu’il nous revient de faire pour que nos enfants soit fiers de nous. C’est le lieu de rappeler que la fierté ne surgit pas ex-nihilo. Elle est relation. Elle se construit, se sédimente autour de réalisations concrètes qui emportent l'adhésion et suscitent l'admiration.
Apprenons de la Chine naguère empêtrée dans la gadoue de la pauvreté, si respectée aujourd'hui, pour avoir su transformer radicalement son passé douloureux, construire un présent qui en fait aujourd’hui le centre du monde. Notamment en ces temps de pandémie de coronavirus qui voit s’y bousculer les puissances occidentales en quête urgente de masques. Au lieu de prendre le parti d’un narcissisme dévastateur consistant à se contenter de déverser sa bile sur ses pourfendeurs, ne serait-il pas plus judicieux d’emprunter vigoureusement le chemin de la révolte salvatrice ?
Dans un monde de rapport de forces, la quête de liberté et d'autonomie forcent plutôt le respect , rendent possible l'estime de soi. Croyez-vous que nos enfants qui ne rêvent que d'ailleurs, parfois à leurs risques et périls, ne respectent pas l'Afrique, n'aiment pas l'Afrique ? Que nenni !
La vraie question, c'est qu'avons-nous fait, qu'ont fait nos dirigeants, pour que nous soyons après toutes ces années si extravertis ? Que nous soyons dépendants au plan de la nourriture alors que nous avons de vastes terres cultivables. Loin d’être valorisées, elles sont entrain d’être malmenées par des projets immobiliers ou louées à d’autres pays qui n’en disposent pas. Qu'on ne nous parle pas de dépendance, d'impérialisme, car même réels, ils n’expliquent pas tout. Le Vietnam, Cuba , nous interdisent de nous défausser à si bon compte. Pour ne citer qu’eux, ces deux pays nous enseignent que nous sommes comptables de ce que nous sommes.
De ce que nous serons. Pourquoi croyez-vous qu’on parle du Pr Seydi des Maladies infectieuses de l’hôpital, de Fann,, du Pr Amadou Sall de l’Institut Pasteur, du Pr Souleymane Mboup, biologiste émérite, Pdg de l'Institut de recherche en santé de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF) ? Sûrement parce qu’on leur prête une compétence , un savoir-faire avérés. Sans rien attendre de qui que ce soit, avec leurs équipes, ils montent au front, développent une expertise endogène. Là ou d’autres ont mis en place une machine à décortiquer le fonio, récupérer la pulpe de «ditakh». Que dire encore de ces enseignants- chercheurs de l’Ecole polytechnique de Thiès qui attendent avec impatience que les autorités se prononcent sur leur prototype de respirateur ?
Assurément, sur cette terre d’Afrique, à des niveaux insoupçonnés, se manifeste une énergie souterraine qui ne demande qu’à être soutenue et portée par un leadership véritable. Là gît le combat.
CALAME
UNE ANNEE BLANCHE, «PAS ENCORE» A L’ORDRE DU JOUR
L’expert en qualité de l’éducation, Cheikhou Touré, estime qu’il faudra trouver «des modalités pour poursuivre l’activité scolaire, sinon on va inéluctablement vers une année blanche».
Pour éviter la propagation du Covid-19, le gouvernement du Sénégal a procédé, à deux reprises, à la fermeture des écoles et universités. Cette décision gouvernementale qui a eu l’assentiment de tous les acteurs, même ceux les plus critiques notamment les syndicats d’enseignants, est motivée par l’évolution de la maladie au Sénégal, selon le directeur de la formation et de la communication (DFC) du ministère de l’Education nationale. Si la situation est gérée en fonction des réalités, Mouhamadou Moustapha Diagne précise qu’une année blanche n’est pas une «hypothèse envisageable», non sans rappeler les initiatives de continuité pédagogique. Il n’en demeure pas moins qu’une telle éventualité prend de plus en plus place dans le débat en raison du nombre de jours de cours perdus marqué par ce contexte, en plus des grèves des enseignants, le démarrage tardif des cours un mois après l’ouverture officielle des classes, l’affectation tardive des enseignants, les écoles inondées, la problématique des abris provisoires. D’ailleurs les 1296 heures prévues pour cette année académique ont été fortement impactées. Quelle perspective pour l’école sénégalaise ? La thèse de l’année blanche avancée par certains acteurs notamment Mbaye Sarr, secrétaire général du Syndicat autonome pour le développement de l’éducation et de la formation (SADEF), n’est pas à l’ordre du jour des syndicats du G7. Abdoulaye Ndoye du cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems) et Abdou Faty, secrétaire général du syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique (Sels/A) déplorent plutôt la démarche du ministère de tutelle pour assurer la continuité pédagogique, loin, selon eux, de répondre au principe de l’équité. Pour le Président de l’Union nationale des associations des parents d’élèves et étudiants du Sénégal, la continuité les enseignements et apprentissages pendant les grandes vacances et organiser les examens au mois d’octobre constitue une alternative, non sans appeler à un sursaut patriotique des enseignants. L’expert en qualité de l’éducation, Cheikhou Touré, estime qu’il faudra trouver «des modalités pour poursuivre l’activité scolaire, sinon on va inéluctablement vers une année blanche».
ABDOULAYE NDOYE, SECRETAIRE GENERAL DU CUSEMS : «Nous n’avons pas discuté sur une éventuelle année blanche»
«La décision de suspendre les enseignements dans les écoles et universités, est une nécessité et une mesure sanitaire. L’école est un lieu de forte concentration de la population à des espaces réduits. Nous avons des écoles qui font 4000 élèves. L’objectif visé par le Sénégal est de casser la chaine de transmission du Covid-19. Le report est prévisible. Nous ne pouvons pas reprendre les enseignements dans un contexte de confinement partiel. Le gouvernement aurait dû se donner un délai raisonnable. Le ministre de l’Education du Maroc a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre. Ce qui devrait être le cas pour le Sénégal parce que personne ne peut se prononcer sur la durée de la pandémie. On ne peut pas programmer la reprise des cours dès lors que nous n’avons pas la maitrise de la durée de l’épidémie. Le gouvernement doit éviter de reporter tout le temps. Il faut dégager un horizon raisonnable surtout dans une perspective de confinement total. C’est une logique de ne pas reprendre les enseignements. On parle de guerre sanitaire. Nous sommes en face d’un ennemi commun. Nous n’avons pas échangé sur cette question. Nous sommes des partenaires de l’école. Nous aurons notre mot à dire. Nous n’avons discuté sur une éventuelle année blanche».
Ces plateformes constituent une rupture d’équité
«La continuité pédagogique est importante, mais elle n’a pas un caractère urgent parce que l’heure est grave. L’objectif premier du Sénégal est de maitriser la propagation du virus pour amoindrir l’impact de la maladie au niveau social. Il viendra un moment où il va falloir réfléchir sur les stratégies pour l’année scolaire.
On ne décrète pas une plateforme. C’est un processus. Il a fallu la crise pour rendre les plateformes fonctionnelles. Ces plateformes constituent une rupture d’équité dans le système éducatif. Cela constitue une iniquité. Beaucoup de citoyens sénégalais sont dans des localités où il n’y pas de connexion, ni ordinateurs et d’électricité. C’est bien de créer une plateforme pour la documentation et encadrer les élèves. Mais on ne peut pas remplacer l’enseignant dans sa classe. Le professeur est irremplaçable».
CHEIKHOU TOURE EXPERT EN QUALITE DE L’EDUCATION : «Discuter des modalités pour poursuivre l’activité scolaire, sinon on va inéluctablement vers une année blanche»
«Je salue la décision la décision du ministère de proposer des enseignements par le net. Dans le monde rural, chaque enseignant peut faire un planning dans la journée en respectant les mesures édictées. Il s’agit de diviser les élèves par groupe en respectant la distance réglementaire, pour poursuivre les enseignements. Il nous faut s’adapter au contexte. Il y a mille manières de respecter les mesures tout en continuant à travailler. On ne sait pas quand le coronavirus va s’arrêter. De prolongement à prolongement de l’année si nous n’utilisons d’alternative, on va être une année blanche.
On ne peut pas attendre la fin de l’année pour demander aux élèves en classe d’examen de faire les évaluations nationales. Il faudra discuter des modalités pour poursuivre l’activité scolaire, sinon on va inéluctablement vers une année blanche. Adoptons-nous. Qui nous dit que le coronavirus ne va continuer à nous persécuter ?»
ABDOU FATY, SECRETAIRE GENERAL DU SELS/A : «Nous ne sommes pas dans une perspective d’année blanche»
«Nous sommes inquiets à l’image de toute la communauté éducative. La France a décidé de ne plus faire les examens de fin d’années. Les Français ont trouvé une autre alternative. Si d’ici au mois de mai, les choses s’améliorent, je suis sûr que les enseignants vont se sacrifier pour un bon déroulement de l’année. L’enseignement à distance, l’autre alternative, concerne quelques privilégiés et les enseignants ne sont pas assez outillés. Le ministère de l’Education nous a conviés en début de semaine prochaine à une rencontre pour voir quelle alternative à tous les élèves. Nous ne sommes pas dans une perspective d’année blanche. On peut toujours trouver des alternatives».
ABDOULAYE FANE, PRESIDENT DE L’UNAPEES : «Il faudrait un sursaut patriotique des enseignants»
«Nous nous attendions à cette mesure de prolongement des fêtes pascales. Le contexte de pandémie oblige. En revanche, il faudrait prendre en compte des mesures alternatives pour continuer l’année scolaire. On ne peut pas à partir d’un seul trimestre évaluer les élèves pour les exiger de faire des examens ou de passer à une classe supérieure. Nous suggérons de continuer les cours en ligne. Non sans maintenir pour les chefs d’établissement et les enseignants de proposer des exercices aux élèves, à charge des parents d’élèves de les récupérer. Si nous continuons dans cette lancée, on risque de faire du deux poids, deux mesures. Certains seront privilégiés contrairement à la majorité qui n’a pas accès aux outils d’accès à la plateforme. Pourquoi pas continuer les enseignements et apprentissages pendant les grandes vacances et organiser les examens au mois d’octobre comme ce fût le cas en 1968. Il faudrait un sursaut patriotique, républicain de la part des enseignants».
«UN DEFICIT HORAIRE DE 165 HEURES ENREGISTRE»
Pour rompre la chaîne de transmission du COVID-19, le gouvernement du Sénégal a fermé les écoles et universités, pour la deuxième fois, jusqu’au 04 mai.
Pour rompre la chaîne de transmission du COVID-19, le gouvernement du Sénégal a fermé les écoles et universités, pour la deuxième fois, jusqu’au 04 mai. Cette mesure renvoie 3.510.991 apprenants (du Public et du Privé), 96.649 enseignants à la maison et vide 16.235 écoles et établissements, de même que les Centres Régionaux de Formation des Personnels de l’Education (Crfpe). Pour le secrétaire général du syndicat des inspectrices et inspecteurs de l’éducation et de la formation du Sénégal (Siens), cette suspension des enseignements a occasionné un déficit horaire de 165 heures réparties entre les 29 heures des 05 jours ouvrés (16 au 20 mars) et les 136 heures relatives à la prolongation de jusqu’au 4 mai 2020. Il s’y ajoute, fait-il savoir, les 94 heures des 05 plans d’actions des syndicats du G7 (mercredi 22 janvier au mardi 17 mars 2020). L’école aura perdu 259 heures. Dans cette première partie d’entretien, El Cantara Sarr, secrétaire général du Siens, accepte de se pencher sur l’impact des différentes perturbations occasionnant un arrêt des apprentissages.
Dans un contexte de pandémie du coronavirus, le chef de l’Etat a pris la décision de reporter la rentrée des écoles et des universités au 04 mai. Quelle est l’appréciation du SIENS sur cette décision ?
La pandémie du Coronavirus se propage dans le monde à un rythme quasi exponentiel touchant plus d’une centaine de pays.
Les gouvernements du monde entier, conscients de la gravité de la menace pour la survie de l’espèce humaine et de nos modèles de développement socioéconomique, réagissent par des plans de riposte qui touchent tous les domaines de la vie.
Partant, les systèmes éducatifs sont fortement impactés par les plans de mitigation avec la mesure quasi générale de fermeture des écoles et établissements sur plus de 165 pays, touchant des millions d’élèves et autant d’enseignants.
Au Sénégal, le président de la République, face à l’ampleur de la menace, a pris un ensemble de mesures, notamment la suspension temporaire des apprentissages pour les écoles et établissements depuis le lundi 16 mars 2020.
Cette mesure, en cohérence avec le plan de crise conçu par les autorités en vue de rompre la chaîne de transmission du COVID-19, a touché 3.510.991 apprenants (du Public et du Privé), 96.649 enseignants et 16.235 écoles et établissements, de même que les Centres Régionaux de Formation des Personnels de l’Education (CRFPE) qui concentrent cette année 2000 élèves-maîtres stagiaires formés par des inspecteurs et professeurs au métier d’instituteur.
Cette situation inédite du point de vue de son amplitude requiert de toute la communauté éducative (enseignants, parents d’élèves, partenaires sociaux…) une analyse critique en vue d’en tirer le maximum de profits ou à tout le moins d’en atténuer l’impact.
Cette entreprise qui aura nécessairement un caractère holistique, exige de se pencher sur l’impact des différentes perturbations occasionnant un arrêt des apprentissages, l’analyse de la capacité systémique à transformer les mesures correctives en plus-values, la prospective en matière de stratégies palliatives en situation de crise à l’aune du modèle expérimenté sur l’initiative des pouvoirs publics et des acteurs du secteur privé.
En plus du démarrage tardif des cours un mois après l’ouverture officielle des classes, l’affectation tardive des enseignants, les écoles inondées, la problématique des abris provisoires, le retard dans la mise à disposition des budgets et du matériel aux écoles et établissements, les grèves du G7 ont-elles impacté sérieusement le quantum horaire ? Quelle analyse situationnelle faites vous des heures perdues en enseignement et apprentissage ? Autrement dit, comment évaluez-vous l’impact de ces différents facteurs perturbant et grevant le temps d’apprentissage scolaire ?
Selon le législateur sénégalais à travers le décret 2019-1363 relatif aux trimestres et à la durée des congés et vacances dans les établissements scolaires pour l’année scolaire 2019-2020, le quantum horaire poursuivi est de 1296 heures, réparties en 03 trimestres avec respectivement 371 heures, 386 heures et 539 heures pour le 1e, 2e et 3e trimestre (avec le mois de juillet).
L’Etat des lieux du point de vue du quantum horaire laisse apparaître que notre pays peine à atteindre 900 heures annuelles et se situe généralement à environ 600/700 heures (soit 46% ou 54% du total prescrit) du fait de contraintes diverses telles que l’anticipation et la prolongation systématique des vacances et congés scolaires, le démarrage tardif de l’année scolaire surtout en milieu rural, le retard dans la mise en place des nouvelles recrues, les heures perdues non remboursées…
Ce niveau faible de réalisation du quantum contraste avec les niveaux élevés réalisés dans des pays tels que la Corée du Sud qui, dans un contexte d’utilisation de langues maternelles comme médium d’apprentissage, réalisent un score de 1300 heures annuelles.
Pour cette année scolaire 2019-2020, la principale perturbation en dehors de celles traditionnellement relevées et énoncées découle de la grève initiée par les syndicats représentatifs regroupés dans l’entité appelée G7.
Ces syndicats ont eu à réaliser 05 plans d’actions durant la période allant du mercredi 22 janvier au mardi 17 mars 2020, occasionnant un gap horaire d’environ 94 heures sur un quantum prévu pour le premier semestre de 757 heures soit un niveau de réalisation de 87.5%.
Ces chiffres révèlent un déficit horaire encore soutenable, compte tenu du fait que les évaluations du 1er semestre ont été effectuées dans des conditions relativement normales et que finalement, la mesure de suspension des apprentissages n’aura effectivement porté pour le moment que sur environ 29 heures soit 05 jours ouvrés étant entendu que les fêtes du premier semestre devaient porter sur la période du 20 mars au 06 avril.
Pour le 3e trimestre, compte tenu de la prolongation de la mesure de suspension des enseignements jusqu’au 4 mai 2020 selon les termes du communiqué du conseil des ministres du 1er avril, un déficit horaire d’environ 136 heures sera enregistré soit environ 25% du quantum prescrit pour cette séquence de l’année scolaire. Partant, si la situation venait à se rétablir d’ici là, le système aurait réussi à préserver environ 75% du quantum horaire pour le second semestre, ce qui permettrait avec certaines mesures correctives de réaliser le socle minimum de compétences planifié par les référentiels.
Cette situation pose d’autant plus la nécessité d’être dans une posture d’anticipation des perturbations qui pourraient hypothéquer sérieusement le temps d’apprentissage, la réalisation des compétences prévues par le curriculum et les évaluations qui y sont corrélées, autant de paramètres devant permettre de valider d’un point de vue académique l’année scolaire 2019-2020.
Le ministère de l’Education nationale (Men) s’y attèle actuellement. C’est d’ailleurs ce qui motive la prise de l’arrêté n°008083 du 19 mars 2020 portant création d’un comité de veille pour la lutte et fixant ses règles d’organisation et de fonctionnement.
Ce comité qui a pour missions, entre autres, de coordonner toutes les activités relatives à la lutte contre l’infection au Coronavirus en milieu scolaire ; de mettre à la disposition des apprenants et des enseignants les informations utiles pour la sensibilisation et la prévention contre l’infection au Coronavirus et d’installer chez tous les apprenants, enseignants et autres personnels de l’Education, les comportements adaptés face à l’infection au Coronavirus.
Cependant, l’énoncé de ses prérogatives révèle malgré sa relative inclusion une limite objective liée d’une part à l’absence de champ d’application et d’autre part à la non-disponibilité des cibles du fait de la fermeture des écoles et établissements. Cette situation atténue la pertinence des volets sensibilisation et information en vue de prévenir l’infection et pose ainsi d’une manière urgente la nécessité de reconfigurer le dispositif pour investir davantage le périmètre de l’enseignement à distance en situation de crise.
11 NOUVELLES CONTAMINATIONS AU CORONAVIRUS ENREGISTRÉES
Onze nouvelles contaminations au coronavirus ont été détectées mardi au Sénégal, portant à 237 le nombre de cas confirmés dans le pays depuis l’apparition de la maladie le 2 mars, a annoncé le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
Dakar, 7 avr (APS) – Onze nouvelles contaminations au coronavirus ont été détectées mardi au Sénégal, portant à 237 le nombre de cas confirmés dans le pays depuis l’apparition de la maladie le 2 mars, a annoncé le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
Ces nouvelles contaminations "concernent notamment neuf cas contacts suivis par les autorités sanitaires et deux cas issus de la transmission communautaire’’, a précisé Abdoulaye Diouf Sarr en faisant le point quotidien de la situation de l’épidémie.
Ces 11 cas positifs sont issus d’un total de 110 tests virologiques effectués au laboratoire.
Le ministre de la Santé a annoncé la guérison de 13 patients du Covid-19, ce qui fait un total de 105 personnes ayant recouvré la santé depuis l’apparition de la pandémie.
Deux personnes sont décédées de la maladie au Sénégal alors qu’un patient a été évacué vers son pays d’origine à la demande de ses proches. A ce jour 129 malades du Covid-19 sont encore en observation dans les différentes structures dédiées à la prise en charge de la maladie au Sénégal.
Lundi, le comité national de gestion des épidémie a émis des recommandations, demandant notamment aux comités régionaux de gestion des épidémies, avec l’appui des forces de défense et de sécurité, de mettre en œuvre leurs propres stratégies pour endigeur la propagation communautaire du Covid-19.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a assuré que l’état de santé des patients évoluait favorablement, éitérant son appel à un respect des mesures de prévention recommandées par les autorités sanitaires.
ARRET DEFINITIF OU SUSPENSION DU CHAMPIONNAT, QUELLE OPTION ?
Amsata Fall, directeur exécutif de la Ligue sénégalaise de football professionnel, Amadou Kane, président du mouvement Navetane ou encore le journaliste sportif Salif Diallo, se prononcent
Alors que le débat sur l’arrêt définitif des championnats est plus que jamais agité dans certains pays d’Europe comme l’Italie où la Gazzetta Dello Sport informait de la sérieuse option d’arrêter et/ou de suspendre la saison, au Sénégal, l’idée n’est pas à l’ordre du jour. En attendant une réponse tranchée sur la question, le monde du football est dans l’expectative. Les observateurs et responsables du football national n’en esquissent pas moins quelques pistes à explorer en cas d’arrêt ou de suspension. Chacun à son niveau, Amsata Fall, directeur exécutif de la Ligue sénégalaise de football professionnel, Amadou Kane, président du mouvement Navetane ou encore le journaliste sportif Salif Diallo, se prononcent
AMSATOU FALL, DIRECTEUR EXECUTIF DE LA LIGUE PRO : «La suite du championnat est essentiellement liée à l’évolution de la pandémie»
Quel sera le sort réservé au championnat de football et aux compétitions nationales après la pause imposée par la pandémie du Coranavirus ? La question se pose et attend réponse. Plusieurs semaines après la suspension des compétitions, la discussion est lancée pour anticiper sur les éventuelles décisions à prendre avec l’évolution du Covid-19. Va-ton vers un arrêt définitif des compétitions de la Ligue1 nationale ? Une réponse appropriée à cette question semble inexistante, du moins pour le moment. En standby à cause de la pandémie du Covid-19 depuis le 14 mars passé, la ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) comme bon nombre de compétitions est dans l’expectative de reprendre ses droits et terminer la saison. Interrogé sur la question, Amsatou Fall, directeur exécutif de la ligue pro, pense que l’heure n’est pas de se pencher sur la fin à accorder à la saison. «A l’heure actuelle, le seul combat qui vaille est celui de la lutte contre le Covid-19», soutient-il. Convaincu que la suite du championnat est essentiellement liée à l’évolution de la pandémie, il appelle tous les Sénégalais «à œuvrer ensemble pour stopper le plus rapidement possible le Covid19». Toutefois, il assure que le Conseil d’administration de la Ligue1 sera en mesure de trancher sur la suite réservée au championnat en cas d’arrêt définitif, rappelant la «prouesse» que la commission disciplinaire de la ligue pro avait réussie en 2018 lors de la réintégration de l’US Ouakam en Ligue 1 après 10 journées de retard (sur décision du TAS). Ce, en réajustant avec succès le calendrier des compétitions.
AMADOU KANE, PRESIDENT DE L’ONCAV : «Il y a des aléas que nous ne maitrisons»
Même son de cloche à la fédération sénégalaise de football. Amadou Kane, 4ème vice-président de la FSF et par ailleurs président de l’organisme national de coordination des activités de vacances (ONCAV) soutient que le moment n’est pas encore propice pour s’avancer sur une telle idée. Il soutient qu’à l’état actuel des choses, « il est difficile voire impossible d’avancer une date pour la reprise du championnat ou de signer son arrêt définitif». «Il y a des paramètres exclusivement liés à l’évolution du virus qu’il faut tenir en compte. Il y a des aléas que nous ne maitrisons pas et qui sont essentiels pour la suite à accorder au championnat», ajoutet-il. Il reste tout de même d’avis que le football doit continuer à vivre même si la manière reste à définir avec le nouveau contexte mondial dominé par la pandémie du Covid-19. Toutefois, il avoue que des réflexions sont en train d’être menées en interne et que suivant l’évolution de la pandémie des décisions appropriées seront prises au moment opportun. Pour l’heure dit-il, «les responsables sont en train de réfléchir sur la suite à accorder aux compétitions. Le moment venu nous allons externaliser tout ça». Pour le moment, poursuit-il, «souhaitons que le virus disparaisse et que la vie reprenne normalement son cours».
VERS UN CHEVAUCHEMENT CHAMPIONNAT ET COMPÉTITIONS DES «NAVÉTANES»
Ouvrant une fenêtre sur les «navétanes» qui se profilent à l’horizon, le président de ONCAV soutient qu’une annulation n’est pas envisagée pour l’heure. «On n’en est pas là encore et prions pour qu’on n’en arrive pas». Par contre, il ne craint pas un chevauchement entre les compétitions de Ligue pro et les activités des mouvements sportifs populaires communément appelés «navétanes». Ce qui selon lui, avait existé il y a de cela quelques années et ne peut constituer une entrave au bon déroulement des navétanes. Au cas échéant, note-t-il : «on va établir ensemble un calendrier par rapport au déroulement de ces compétitions Nous avons beaucoup de choses en commun tels les services d’ordre, les pelouses, les arbitres et quelque part même les dirigeants. Donc, ça ne pourra pas poser de problème» conclut-il.
SALIF DIALLO, JOURNALISTE SPORTIF : «J’imagine que des lois et règlements sont prévues au niveau de la LSFP pour prendre une décision»
Journaliste sportif à l’APS, Salif Diallo, quant à lui, reste encore dubitatif quant à l’aboutissement de la saison. «Je souhaite que le championnat puisse se jouer comme il se doit sur le terrain mais rien n’est encore sûr parce que personne ne peut dire que la pandémie va s’arrêter d’ici peu», avance t-il. En cas d’arrêt définitif, il affirme ne pas être contre un éventuel sacre du leader actuel qui est Teunguèth FC : «ce serait vraiment mal que TeunguEth FC ferme la saison sans le titre de champion après avoir livré une phase aller exceptionnelle». Par ailleurs, il n’exclut pas la fermeture du championnat à la trêve de mai même s’il estime encore qu’une prise de décision à l’heure actuelle est prématurée. «On a encore le temps d’autant plus que les Jeux Olympiques ainsi que le CHAN ont été repoussés. On n’a aucune équipe engagée en compétition africaine et toutes nos équipes sont éliminées. L’un dans l’autre, la LSFP dans son règlement, doit prévoir des situations pareilles», estime-t-il. «J’imagine que des lois et règlements sont prévues au niveau de la LSFP pour prendre une décision. Soit on continue jusqu’à la fin ce qui est souhaitable ; soit un arrêt définitivement et la Ligue pro va trancher à partir de ses règles et règlements».