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23 septembre 2025
119 CAS TESTÉS POSITIFS AU CORONA VIRUS
Sur 1164 tests réalisés, 119 sont revenus positifs au coronavirus soit un taux de positivité de 10,2 %. Il s’agit de 102 cas contacts suivis et 17 cas issus de la transmission communautaire
Sur 1164 tests réalisés, 119 sont revenus positifs au coronavirus soit un taux de positivité de 10,2 %. Il s’agit de 102 cas contacts suivis et 17 cas issus de la transmission communautaire répartis comme suit : Plateau (2), Maristes (1), Golf Sud (1), Wakhinane (1), Hann (1), Diamniadio (1), Grand Yoff (2), Parcelles Assainies (1), Khar Yalla (1), Fass Mbao (1), Hann Maristes (1), HLM Nimzatt (1), Kaolack (1), Richard-Toll (1) et Touba (1).
109 patients ont été testés négatifs et déclarés guéris.
20 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
A ce jour, le Sénégal compte 4759 cas positifs dont 2994 guéris, 55 décès et 1709 encore sous traitement.
LE KHALIFE GÉNÉRAL DES MOURIDES INVITE AU RESPECT DE LA HIÉRARCHIE
Sergine Mountakha Bassirou Mbacké, s’est réjoui de la réaction ’’spontanée et positive’’ des populations de Touba, qui ont accepté de répondre à son appel lors des manifestations survenues dans la ville
Touba, 11 Juin (APS) – Le Khalife général des mourides, Sergine Mountakha Bassirou Mbacké, s’est réjoui de la réaction ’’spontanée et positive’’ des populations de Touba, qui ont accepté de répondre à son appel lors des manifestations survenues dans la ville, en réaction contre les mesures prises dans le cadre de la riposte contre la COVID-19, a appris l’APS.
Lors d’un point de presse organisé mercredi par Serigne Bassirou Abdou Khadr, porte-parole du Khalife des mourides, il a insisté sur le respect de la hiérarchie et de la séparation des pouvoirs et rôles dévolus, à chaque niveau des responsabilités.
Selon lui, Touba est une ville bien structurée, avec des chefs de quartier, des villages, et placée sous l’autorité du Khalife général des mourides.
« Serigne Mountakha s’est inscrit dans le sillage de ses devanciers afin de préserver le legs de Serigne Touba », a-t-il dit, rappelant que c’est Serigne Sidy Moctar qui avait confié les destinées de la ville à Serigne Sidy Mbacké.
Dès son accession au Khalifa du mouridisme, Serigne Mountakha a renouvelé sa confiance à Serigne Sidy Mbacké qui continue de gérer tout le foncier de Touba.
A cet effet, la séparation des pouvoirs et la distribution des rôles s’effectuent aux différents niveaux de responsabilité, du chef de quartier aux responsables de la commune en passant par les chefs des 112 villages.
Serigne Bass a rappelé les événements survenus avec le Coronavirus, soulignant que le Khalife général des mourides y a consenti des efforts, à l’instar de tous les guides religieux auxquels il présente tous ses respects.
Aussi avec l’approche de l’hivernage, Serigne Bass Abdou Khadr a invité les fidèles à s’atteler aux travaux pré-hivernales, notamment avec l’appui de Touba Sa Kanam et des dahiras.
LA DISTRIBUTION BOUCLÉE DANS 136 COMMUNES
Cent trente-six des 556 communes du pays ont déjà bouclé la distribution de l’aide alimentaire d’urgence aux ménages vulnérables affectés par les effets du Covid-19, a indiqué, jeudi à Dakar, Mansour Faye
Dakar, 11 juin (APS) - Cent trente-six des 556 communes du pays ont déjà bouclé la distribution de l’aide alimentaire d’urgence aux ménages vulnérables affectés par les effets du Covid-19, a indiqué, jeudi à Dakar, le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, Mansour Faye.
’’Au plan national, sur 556 communes, 136 ont déjà bouclé leur distribution de l’aide alimentaire d’urgence, une bonne partie est en cours’’, a-t-il dit aux Parcelles-Assainies, lors du lancement de la distribution des kits alimentaires, dans cette grande banlieue dakaroise.
S’exprimant devant son collègue des Affaires étrangères, Amadou Bâ, et des autorités administratives de cette commune, Mansour Faye a annoncé que l’opération de distribution des vivres va se terminer dans les prochains jours.
Il a assuré que les difficultés rencontrées dans ce cadre ont aujourd’hui été surmontées.
’’Nous avons connu des difficultés dans le paquetage des kits alimentaire, avec la rupture de certains produits (les pâtes alimentaires). Ces difficultés sont surmontées, les produits sont en cours d’acheminement’’, a-t-il fait savoir.
Il a qualifié d’’’inédite’’ l’opération de distribution de vivres, avec 1, 100 million de ménages bénéficiaires, soit une hausse de 100 mille ménages.
Dans le département de Dakar, la commune des Parcelles Assainies est la deuxième commune qui va recevoir la plus importante quantité de kits alimentaires, après celle de Grand-Yoff.
Le maire des Parcelles Assainies, Moussa Sy, affirme qu’aucune contestation n’a été notée chez les 12. 889 ménages ciblés.
Le ministre des Affaires étrangères et responsable de la mouvance présidentielle aux Parcelles Assainies, Amadou Bâ, a lui salué le ’’bon déroulement’’ des opérations de ciblage dans les quartiers.
Il a souligné ’’la complexité’’ de l’opération de distribution de l’aide alimentaire d’urgence, qui a été faite ’’dans un délai court’’.
"NOUS EN AVONS ASSEZ D'ÊTRE ENTOURÉS DE SYMBOLES QUI NOUS INSULTENT"
À Paris, Lille, La Réunion ou en Martinique, des collectifs militent pour le retrait de statues à la gloire de personnages historiques ayant participé ou soutenu le colonialisme
Une statue d'un négrier déboulonnée à Bristol au Royaume-Uni, celle de l'ancien roi des Belges Léopold II retirée à Anvers, en raison de son action coloniale... En plein mouvement Black Lives Matter aux États-Unis et en écho aux débats sur le racisme suscités par la mort de l'Américain George Floyd et du Français Adama Traoré, la place de certaines statues fait de nouveau débat en France. Certains militent pour leur retrait.
Parmi les œuvres pointées du doigt en France, il y a a statue à la gloire de Colbert devant l'Assemblée nationale à Paris. Le célèbre ministre de Louis XIV est l'auteur du "Code noir", qui légiférait l'esclavage dans les colonies françaises au 17e siècle. Cette statue n'a plus sa place devant le Palais-Bourbon, clame Ghyslain Védeux, le président du Cran, le Conseil représentatif des associations noires : "Colbert est un symbole de pillage, de crime, de déshumanisation. Il faut qu'il y ait un travail pédagogique qui soit réalisé en profondeur."
"L'Histoire, on doit l'assumer", rétorque l'historien Dimitri Casali dans une tribune. Retirer une statue n'est pas la solution, c'est au contraire "ouvrir la boîte de Pandore du révisionnisme historique”.
À Lille, c'est la statue du général Faidherbe qui fait débat. Faidherbe a protégé la ville lors de l'invasion prussienne, mais il est aussi et surtout connu pour avoir conquis puis colonisé le Sénégal au XIXe siècle. Un collectif, dont fait partie Nicolas Butor, se bat depuis deux ans pour retirer sa statue. "Faidherbe est avant tout un criminel colonisateur et raciste. Nulle part n'est mentionné, sur sa statue, ce passé colonialiste", argumente le militant antiraciste. Le "débat est légitime" avait répondu la maire de Lille il y a deux ans. Depuis la statue a été rénovée.
Il m’a été donné de relever, depuis quelque temps des attaques et critiques acerbes contre les organisations syndicales pour leur passivité supposée et leurs leaders pour une longévité à leur poste.
Il m’a été donné de relever, depuis quelque temps des attaques et critiques acerbes contre les organisations syndicales pour leur passivité supposée et leurs leaders pour une longévité à leur poste. Je voudrais saisir l’occasion offerte par cette tribune pour faire un certain nombre de précisions relatives à deux aspects qui, j’espère, permettront une meilleure compréhension des dynamiques en œuvre : l’évolution historique du mouvement revendicatif et celle au Sénégal.
L’évolution historique du mouvement revendicatif international
A l’aube des temps, seule la force de Travail faisait face au Capital. Puis progressivement, cette confrontation ardue et perpétuelle a généré deux camps idéologiques politiques majeurs. D’une part il y a l’idéologie des alliés du Capital qui œuvrent naturellement pour son renforcement, situés à «Droite» et qualifiés de capitalistes, avec toutes ses dérivées jusqu’au système néolibéral actuel. D’autre part, nous avons l’idéologie antagonique des alliés du Travail, situés à «Gauche» et qualifiés de socialistes, avec également toute sa panoplie de courants politiques et de mouvements revendicatifs connexes (écologistes, altermondialistes, «droits-de-l’hommistes», activistes -cas des gilets jaunes, rouges ou marrons-, le tout englobé dans le terme générique de «Société civile». Cette tendance favorisée par la mondialisation du système économique néolibéral a émergé des flancs du mouvement revendicatif, jadis composé de trois éléments essentiels : les tenants du pouvoir économique et financier, la classe politique et la force de travail organisée dans les syndicats pour revendiquer la justice sociale, l’équité et le progrès social.
A présent, force est de constater que le mouvement revendicatif pour le progrès social essentiellement porté jusqu’ici par les syndicats, s’est considérablement densifié avec l’émergence d’autres entités revendiquant une partie de la mission originellement dévolue aux syndicats. On peut citer notamment, les associations de consuméristes, les altermondialistes, certaines Ong, les associations de droits de l’Homme et j’en passe.
L’agitation de toute cette masse critique ajoutée à la dispersion des forces syndicales, donne l’impression d’un mouvement affaibli, amorphe. Il est vrai que le mouvement syndical gagnerait à réadapter ses stratégies et techniques de lutte, mais aussi ses formes d’organisation, si l’on tient compte des transformations induites par la déréglementation des relations qui régissent les systèmes politiques et économiques. Des signaux forts, comme l’avènement des gilets colorés, invitent à l’urgence d’ajuster nos dynamiques d’actions et formes d’organisation pour une meilleure efficacité. Somme toute, je fais confiance à la capacité d’adaptation du mouvement syndical, mainte fois mise à l’épreuve lors des différentes révolutions industrielles que l’humanité a connues depuis les années 1700. Je suis convaincu qu’il en sera de même face à cette quatrième révolution industrielle de l’économie virtuelle dite révolution 4.0. Il est rassurant de noter que les premières réponses apportées par le mouvement syndical international, portent sur la réunification organique de ses entités les plus représentatives : la Confédération internationale des syndicats libres (Cisl), la Confédération mondiale du travail (Cmt), avec beaucoup d’autres fédérations internationales indépendantes comme la Cgt en France, pour donner naissance à la Confédération syndicale internationale (Csi). La fusion entre ces deux grandes organisations syndicales internationales, longtemps opposées idéologiquement, dénote une capacité de résilience et de mutualisation des forces syndicales face aux dérives de la mondialisation.
L’évolution du syndicalisme sénégalais
Les bouleversements engendrés par l’atteinte des limites du système économique néolibéral ne doivent pas faire «perdre la boussole» aux militants du progrès, de l’équité et la justice sociale au point de faire de nos héros d’hier «des zéros» d’aujourd’hui. Je rappelle l’adage qui dit que «les héros font la guerre, les zéros en profitent».
Notre conscience collective doit retenir que trois écoles, (visions) ayant résisté à l’épreuve du temps pour prospérer, ont marqué l’histoire contemporaine du mouvement syndical sénégalais : L’école de la «participation responsable» créée par le Président Senghor après les événements de Mai 68. Cette vision syndicale a été fortement portée par feu Madia Diop, avec son courant du «renouveau» qui a corrigé et réajusté les manquements originels. L’école du «syndicalisme autonome» impulsée par la Gauche sénégalaise. Ce courant de combat sans concessions est porté incontestablement par le camarade Mademba Sock qui l’a rendu visible. Son combat et son engagement lui ont coûté, ainsi qu’à sa famille et les militants de son organisation, d’énormes sacrifices et privations jusqu’à celle de sa liberté. L’école du «syndicalisme de contre-pouvoir», sans être systématiquement contre le pouvoir, comme aimait le préciser Cheikh Anta Diop. Cette vision syndicale qui nous inspire, est sous-tendue par un engagement indéfectible, dotée à la fois d’une grande capacité d’innovations, d’adaptation et de mobilisation. Elle est l’aboutissement de profondes réflexions sur l’évolution du mouvement syndical, initiée au sein de la commission sociale du Rnd de Cheikh Anta Diop, présidée à l’époque par Maître Babacar Niang.
Le Rnd avait choisi de ne pas créer de centrale syndicale adossée au parti, mais de recommander aux militants syndicaux membres du parti, de s’affilier aux centrales de leur choix, tout en étant porteurs de ce courant et de se battre pour le triomphe de ces idéaux syndicaux, partout où ils évoluaient. Cette option a retardé l’essor de ce courant syndical, faut-il le reconnaître tout de même. Le camarade Mamadou Diouf, ancien Secrétaire général de la Csa, tout comme moi-même, avons été initiés à ce courant syndical de contre pouvoir.
Les approches «turbulence zéro» et pratiques syndicales basées sur la réflexion stratégique de feu Iba Ndiaye Diadji sont aussi proches de cette ligne. Dans cette perspective, la rivalité et la concurrence ne font pas recette. Pour consolider les acquis historiques du mouvement syndical et faire face aux dérives du pouvoir financier, l’heure n’est pas à l’affaiblissement de nos «héros» d’hier, au moment où nous avons plus que jamais besoin de leur expérience pour nous renforcer et conjuguer nos efforts afin de transformer en progrès social les excès de la finance globale de l’économie virtuelle en cette quatrième révolution industrielle 4.0 émergente. Toute autre considération pourrait nous divertir, car, pour assumer le leadership dans la conduite des destinées d’une entité ou communauté quelle qu’elle soit, ou pour y renoncer, le critère démocratique prime sur celui de longévité.
Dans un système démocratique avancé, le critère démocratique est souvent couplé à l’obligation alternative périodique. On parle dans ce cas de «démocratie alternative». Cependant, dans le domaine syndical, la vigilance et le discernement doivent être de rigueur. En effet, s’il est possible d’adopter la démocratie alternative dans certaines organisations syndicales d’élites, au niveau de l’éducation par exemple, son application dans les organisations ouvrières, comporte énormément de risques. Le processus de formation des leaders n’est pas identique dans les deux cas. Dans les organisations d’élites, chaque membre du syndicat est un leader potentiel, parce qu’ayant tous le même prérequis, seuls la volonté et l’engagement font la différence pour diriger. Ceci n’est pas le cas pour le mouvement ouvrier.
A ce niveau en effet, il faut un véritable «parcours du combattant» au cours duquel le futur dirigeant syndical, se forge au prix souvent de sa carrière, de sa liberté, voire son existence avant d’être reconnu et plébiscité par ses pairs. Il est d’ailleurs symptomatique que dans le mouvement ouvrier, tous les permanents des bourses du travail soient d’anciens travailleurs licenciés qui ont décidé de s’investir exclusivement au service du syndicalisme. Nous devons taire nos petites querelles, faire abstraction de nos différences d’écoles de formation syndicale, pour privilégier l’essentiel qui, à mon sens, réside dans «un syndicalisme de transformation sociale» capable de faire face au «système».
Mis sous pression, le Président Sall a décidé d’annuler toutes les attributions de terres sur le littoral, ainsi que tous les projets d’aménagement, même déjà en cours.
Mis sous pression, le Président Sall a décidé d’annuler toutes les attributions de terres sur le littoral, ainsi que tous les projets d’aménagement, même déjà en cours.
La pression est en train de sortir le gouvernement de son silence. En Conseil des ministres hier, le Président Sall a demandé aux ministres des Finances et du budget, des Collectivités territoriales et de l’Intérieur de «veiller au respect des règles de gestion foncière au plan national». En même temps, il a suggéré la mise en place d’un «Plan global d’aménagement durable et de valorisation optimale du littoral national et de veiller, sur l’étendue du territoire, à l’application rigoureuse des dispositions du Code de l’urbanisme et du Code de la construction».
De manière claire, il s’est agi hier, d’annuler toutes les attributions de terres sur le littoral, ainsi que tous les projets d’aménagement, même déjà en cours. Cette sortie est un nouvel appel au calme alors que la pression et les polémiques continuent d’alimenter l’occupation du littoral, qui a été défiguré dans les grandes largeurs. Sans que l’Etat ne réagisse. La dernière offensive en date a été lancée par Barthélemy Dias, qui a décidé de saisir la Cour suprême pour invalider l’octroi de plus de 2 mille m2 à un diplomate sénégalais.
Dans son édition du lundi, Le Quotidien a mis en lumière une politique de dépeçage en règle des terres de l’aéroport. Il s’agit d’une superficie de 60 ha, qui va du siège de la Boa au hangar de l’avion de commandement du président de la République. Cette opération implique des hauts fonctionnaires, des responsables politiques, des chefs religieux et des journalistes. Alors que la zone du hangar des pèlerins de l’aéroport de Yoff a fait aussi l’objet d’un nouveau lotissement en 400 parcelles de 250 m2. Ces séries de révélations ont poussé mardi le Président Macky Sall à ordonner au directeur des Domaines de bloquer toutes les attributions et tous les travaux sur les terres de l’aéroport Senghor. Il a par ailleurs demandé que lui soit transmise la liste exhaustive de tous les attributaires. Hier, il a décidé de poursuivre sa logique de remettre de l’ordre sur l’occupation du littoral en Conseil des ministres. On en a commencé à voir les effets avec l’intervention de la Dscos sur le périmètre du phare des Mamelles. On verra dans les jours à venir ce que ce coup de semonce aura comme effets.
LAMINE DIACK N'ASSUME PAS TOUT
Jugé à Paris pour corruption, l'ancien patron de l'IAAF a assumé jeudi la décision d'échelonner des sanctions contre des Russes dopés tout en qualifiant son fils de "voyou". Mais il s'est tenu à l'écart des aspects les plus sulfureux de l'affaire
Service minimum: jugé à Paris pour corruption, l'ancien patron mondial de l'athlétisme Lamine Diack (1999-2015) a assumé jeudi la décision d'échelonner des sanctions contre des Russes dopés pour "sauver la santé financière" de la fédération internationale (IAAF), mais il s'est tenu à l'écart des aspects les plus sulfureux de l'affaire.
Depuis lundi, le Sénégalais de 87 ans est jugé avec cinq autres personnes, dont seulement deux ont répondu présent, pour avoir permis de retarder des procédures disciplinaires contre des athlètes russes soupçonnés de dopage sanguin, fin 2011, sur fond de négociations avec un sponsor et un diffuseur russes, la banque d'Etat VTB et la chaîne RTR, en vue des Mondiaux de Moscou-2013.
A l'époque, grâce à une nouvelle arme de détection, le passeport biologique, le département antidopage de l'IAAF dispose d'une liste de 23 athlètes russes soupçonnés de dopage sanguin.
A la barre, Lamine Diack, vêtu d'un long boubou blanc, assume complètement et justifie une partie des faits qui lui sont reprochés.
- "Casse-cou" -
"Qui a pris la décision qu'il fallait étaler" les sanctions disciplinaires? "C'est moi, tout le monde a dit +casse-cou président+", déclare-t-il, rejoignant la version d'un de ses co-prévenus, l'ancien chef du département antidopage de l'IAAF, Gabriel Dollé, qui a reconnu lundi avoir appliqué les consignes.
"C'était principalement pour la santé financière de l'IAAF", ajoute Diack, car la révélation d'un si grand nombre de cas aurait provoqué un scandale et pesé sur des négociations avec des sponsors. "J'étais prêt à faire ce compromis", a-t-il insisté.
S'il est clair sur ce point, Lamine Diack, dont le discours est parfois décousu, et pas toujours intelligible, l'est moins sur des aspects plus sulfureux du dossier.
Ainsi, durant l'enquête qui a duré près de cinq ans, il a aussi concédé avoir obtenu en Russie un financement d'1,5 million de dollars, qu'il a sollicité auprès de l'ancien patron de la fédération russe d'athlétisme (ARAF), Valentin Balakhnitchev, pour mener campagne dans son pays contre le sortant Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012.
Le pacte aurait été scellé fin 2011 lors d'un voyage à Moscou, où le Sénégalais avait été décoré par le président russe de l'époque Dmitri Medvedev. Et finalement, Abdoulaye Wade a perdu sa bataille politique contre Macky Sall, toujours président du Sénégal.
Mais quand la présidente de la 32e chambre, Rose-Marie Hunault, l'interroge sur ce volet, Lamine Diack se fait flou. "C'est eux", les Russes, "qui m'ont demandé si je voulais être candidat", élude-t-il, en concédant avoir évoqué la somme d'"1,5 millions de dollars" devant le ministre des Sports de l'époque, Vitali Moutko.
- "Voyou" -
De même, Lamine Diack assure ne pas avoir été au courant du chantage financier exercé auprès d'athlètes russes dopés, contraints de débourser plusieurs centaines de milliers d'euros pour pouvoir bénéficier d'une "protection totale", comme la marathonienne Lilya Shoboukhova.
Et il affirme être "tombé des nues" quand il a appris, par les enquêteurs jure-t-il, que son fils Papa Massata Diack, alors conseiller marketing de l'IAAF, s'était mêlé de dossiers de dopage.
"Il s'est conduit comme un voyou", attaque-t-il à propos du grand absent de ce procès. Papa Massata Diack, figure clé de l'affaire, visé par un mandat d'arrêt international, est resté à Dakar et ne s'est pas présenté à l'audience.
Le retard pris dans les sanctions a permis à plusieurs athlètes russes de participer aux JO de Londres-2012 malgré des passeports biologiques anormaux, et pour certains d'être médaillés, avant d'être déchus pour dopage des années plus tard.
Lamine Diack assure que ce n'était pas prévu au scenario et qu'il avait obtenu des garanties de Valentin Balakhnitchev pour qu'ils ne figurent pas au palmarès. Ainsi, il met en avant le cas de Shoboukhova, qui a "couru et abandonné" à Londres.
"L'idée que quelqu'un participe pour ne pas gagner, c'est truquer les résultats, ce n'est pas le sport !", lui a alors fait remarquer la juge, Rose-Marie Hunault.
Y EN A MARRE ACCUSE MACKY SALL DE TATONNEMENT
Le Mouvement «Y en a marre» est formel. Le Président Macky Sall a fait preuve de tâtonnement par rapport à la gestion de la Covid-19.
Le Mouvement «Y en a marre» a tenu, hier, un point de presse pour aborder la situation de la pandémie de Covid-19 au Sénégal. Une occasion saisie par Aliou Sané et ses camarades pour tirer à boulets rouges sur la gestion de la pandémie par le régime de Macky Sall qu’il accuse de tâtonnement.
Le Mouvement «Y en a marre» est formel. Le Président Macky Sall a fait preuve de tâtonnement par rapport à la gestion de la Covid-19. A en croire Fadel Barro, ancien coordonnateur de l’organisation citoyenne par ailleurs porte-parole du jour de «Y en a marre», les mauvaises décisions de l’Etat sont la cause du relâchement des Sénégalais dans la lutte contre la pandémie. Cette situation, explique-til, a conduit certains à douter même de l’existence de la maladie. «Les mesures d’assouplissement et les conditions dans lesquelles elles ont été décidées ont rencontré grandement ceux qui ne croient pas à l’existence de la Covid-19».
En plus de cela, souligne Fadel Barro, l’on a assisté à des manifestations les plus expressives de l’existence de la menace tant soulignée par l’Etat et les acteurs de la riposte contre la pandémie. «Ce qui a causé tout bonnement un relâchement du respect des consignes et les mesures barrières édictées par les acteurs sanitaires ».
L’ancien coordonnateur des Y en a marristes invite ainsi les autorités à édifier les populations sur les dépenses déjà engagées concernant l’achat et l’acheminement de l’aide alimentaire. Aliou Sané et ses camarades trouvent inadmissible de constater que les Sénégalais ne sont pas encore édifiés sur les dépenses déjà engagées dans le cadre des denrées alimentaires. Fadel Barro regrette à cet effet le manque d’assurance du Comité de pilotage de la task-force Covid-19 mis en place pour la transparence et le contrôle de la gestion des fonds dédiés à la riposte contre la covid-19. A la suite de Fadel Barro, Thiat, porte-parole du mouvement, a indiqué que Macky Sall profite de cette crise pour s’enrichir. «Avec cette crise, Macky n’a fait que plomber le secteur informel et liquider l’économie du pays. A notre niveau, nous pensons qu’il est impératif de lui dire d’arrêter», fulmine le rappeur Thiat.
Evoquant la question du bradage du littoral, le porte-parole de Y en a marre juge scandaleux ce qui se passe. «Macky Sall ne fait que profiter de l’état d’urgence et du couvre-feu pour voler nos terres et procéder à des manœuvres illicites», tonne le rappeur de Keurgui qui promet de se battre pour que cette affaire soit tirée au clair. «Nous n’allons pas accepter que notre terre soit bradée de cette façon», a-t-il averti. Tout en réaffirmant son engagement à combattre ces dérives, «Y en a marre» invite les Sénégalais à rester vigilants dans ce contexte où tout se passe comme «s’ils étaient laissés à eux-mêmes par les autorités face à la pandémie de Covid19».
TAÏBA NDIAYE ECONDUIT AQUATECH
Les Associations des Usagers des Forages (Asufor) de Taïba Ndiaye ne veulent pas entendre parler de cette gestion des concessionnaires et optent pour l’autonomie
Depuis la réforme de la gestion de l’hydraulique rurale, avec la naissance de l’Office des Forages ruraux (Ofor) par la loi n°2014-13, un concert de récriminations s’abat sur les concessionnaires, comme Aquatech qui pilote les régions de Thiès et Diourbel, accusés de ne pas consentir les investissements nécessaires. En tout cas, les Associations des Usagers des Forages (Asufor) de Taïba ndiaye ne veulent pas entendre parler de cette gestion des concessionnaires et optent pour l’autonomie.
Avec la création de l’Office des Forages Ruraux (OFOR) par la loi n°2014-13, le secteur privé est impliqué dans la gestion de l’hydraulique rurale, avec des contrats de délégation de service public à des concessionnaires comme Aquatech dans les régions de Thiès et Diourbel. Mais depuis lors, un concert de récriminations contre ces concessionnaires fuse de partout. Dans la région de Thiès, la société Aquatech est régulièrement convoquée au banc des accusés, faute d’investissements adéquats pour assumer pleinement sa mission, les associations étant obligées même d’acheter par exemple des pompes en cas de panne.
Selon Alé Lô, Maire de Taïba Ndiaye, par ailleurs Vice-président à l’Assemblée Nationale, le Ministère de tutelle a demandé à ce qu’une évaluation soit faite en ce qui concerne les conventions entre les Associations des Usagers des forages (ASUFOR) et Aquatech. « Je ne doute pas qu’à l’issue de cette évaluation, des décisions opportunes seront prises conformément aux instructions du président de la République », dit-il. Le maire de Taïba Ndiaye a par ailleurs exprimé l’option des ASUFOR de la commune pour l’autonomie dans la gestion de l’hydraulique, avec une ferme volonté de continuer à faire des bénéfices qui seront ensuite réinvestis dans le développement local.
Le député Alé Lô a tenu ces propos hier, à l’occasion de la cérémonie de réception du champ solaire, financé par le projet Tobène Power à hauteur de 32 millions de Fcfa, pour faire fonctionner le forage de Minam d’une capacité de 200 m3 et qui alimente 9 des 35 villages de la commune de Taïba Ndiaye. Selon lui, malgré tous les efforts qu’il fournit, le comité de gestion du forage éprouvait énormément difficultés à faire face aux factures très salées d’électricité. Mais aujourd’hui, avec l’alimentation solaire, les charges de fonctionnement vont être réduites d’au moins 50%. C’est fort de ce constat, dit-il, que des initiatives de ce genre vont se poursuivre, pour faire en sorte que tous les forages de la commune fonctionne au solaire, pour mieux accompagner les résultats de la commune dans ce domaine, avec l’atteinte de l’accès universel à l’eau. Il renseigne d’ailleurs qu’au-delà de sa zone de compétence, la commune de Taïba Ndiaye a même branché à son réseau hydraulique certains villages dépendant d’autres communes environnantes. « Devant l’accroissement de la population, nous pensons à une réserve, c’est pourquoi l’ambition de la collectivité territoriale est de voir un autre forage construit dans l’espace communal », ajoute le Maire Alé Lô.
Ibrahima Ndao, Sous-préfet de Méouane, qui présidait la cérémonie, renchérit que ce don constitue un avantage certain pour l’équipe du forage, en permettant de réduire considérablement la facture énergétique. D’après lui, sur la quinzaine de forages qui existent dans l’arrondissement de Méouane, celui de Minam constitue une référence. Et avec ce geste, Tobène Power a compris le sens de la responsabilité sociétale. Après avoir exhorté l’équipe de gestion du forage à un usage à bon escient de l’infrastructure, l’Autorité Administrative a plaidé pour que la responsabilité sociétale soit désormais actée, afin que tout le monde sache ce que doit faire concrètement, dans ce cadre, telle ou telle entreprise.
par Scandre Hachem
LE COVID-19 ET L'AFRIQUE À TRAVERS L'EXPÉRIENCE DU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Un pôle économique à l'extrême sud-est, pour nommer Tambacounda, est tout à fait réalisable. Il serait un pendant à la région de Dakar et un pont pour le développement de nos échanges en direction de toute l'Afrique subsaharienne
Les prévisions funestes des experts ont encore une fois été démenties, celles-là mêmes qui nous prédisaient millions de morts et catastrophes innommables.
Non seulement la pandémie n'y a sévi qu'à des taux marginaux, mais nos élites ont pu trouver, avec le peu de moyens à leur disposition, les savoir faire et savoir être propres à amortir sa dissémination et adopter des thérapeutiques expérimentales avec une indépendance d'esprit salutaire. Et ce, malgré le suivisme plus ou moins prononcé mais relativement temporaire de nos gouvernements vis à vis des puissances coloniales.
Cette épidémie a été l'occasion d'une impulsion intense de la créativité et de l'ingéniosité de nos scientifiques et techniciens notamment dans les technologies de pointe que sont l'électronique, le numérique et l'impression additive, plus communément appelée 3D. Si les pouvoirs publics savent l'écouter dans la durée et transformer ce surgissement en stratégie, on peut raisonnablement espérer alors la naissance d'une vague de fond qui pourrait propulser l'émergence réelle de l'Afrique et asseoir toute sa place d'acteur majeur dans l'équilibre mondial.
Acteur majeur et équilibre, non pour singer le monde occidental ni le monde asiatique dans leur course infernale à la productivité, au gain de temps compté en heures, puis en minutes et en secondes, non pour être mus par l'appât du gain et du profit maximal, non pour mettre l'humain au service de la comptabilité économique qui finit par se donner pour la Science économique, et j'en passe...
Équilibre mondial et acteur majeur pour cultiver et asseoir ses valeurs culturelles et civilisationnelles fondées sur l'adage qui dit "Nitt, garabou nitt la" (l'être humain est un remède pour l'être humain), une économie dont la mission essentielle et le fonctionnement sont de répondre aux besoins sociaux et non au profit de quelques individus, fussent-ils organisés en classe sociale. Revenir à l'économie au sens étymologique de gestion des biens de la famille ou de la maisonnée. Et non l'expropriation et le travestissement de son sens au profit de l'élaboration et l'imposition de règles destinées à permettre et encourager l'accaparement essentiel des biens par les plus puissants.
Car cette pandémie, par delà notre réaction et notre réponse pour la contenir et nous en protéger, s'est peu propagée et fixée en Afrique, d'elle-même, non comme le nuage de Tchernobyl qui se serait opportunément arrêté à telle ou telle frontière, mais peut-être tout simplement parce que l'Afrique est relativement en marge des circuits et mouvements économiques et commerciaux mondiaux.
On constate à priori que les pays les plus touchés sont des plaques essentielles de la circulation des marchandises et des personnes à partir du centre de la mise à feu de la pandémie. À l'intérieur même de ces pays, ce sont les régions les plus actives dans cette économie mondiale et de ses circuits qui ont été les plus touchées, le cas de l'Iran n'étant qu'une particularité qu'il faudra élucider un jour, mais qui pourrait être lié à la proximité historique de ses échanges civilisationnels avec la Chine et avec la présence fortuite de marchands iraniens à Wuhan dès la naissance de l'épidémie, bien avant qu'on en repère l'existence et la nature, marchands qui reviennent en Iran et sont au centre de la circulation commerciale et humaine dans le pays et, enfin, au manque criant de moyens techniques et de médicaments causé par les sanctions américaines.
En dehors de ces plaques tournantes avec une forte concentration humaine et une grande densité des transports, les zones plus lointaines et moins densément peuplées ont été beaucoup moins touchées.
Rappelons que la pandémie de la peste noire aux XIV et XV èmes siècles a mis quatre-vingts ans à se propager de son centre à son apogée géographique et s'est déplacée en suivant les circuits de circulation des grands centres de vie économique et religieuses. Un rythme à la mesure aussi de la vitesse de circulation de chaque époque.
C'est ce même phénomène qui a permis de préserver relativement l'Afrique qui occupe, de fait, une place marginale dans les grands flux des circuits commerciaux mondiaux. Notre faiblesse a été pour une fois notre force.
Mais cela ne s'arrête pas là.
Le monde occidental vit depuis un demi-siècle dans un environnement de plus en plus aseptisé, où les défenses immunitaires de l'être humain sont remplacées progressivement par des médicaments, et où leur production et leur mobilisation seraient donc de moins en moins sollicitées et finiraient par être anesthésiées.
Cela n'est pas le cas en Afrique et dans de nombreux pays du Sud. Non par une quelconque anticipation stratégique, mais par un manque de moyens tout simplement. N'ayant pas le luxe de substituts extérieurs pour le protéger, notre corps serait obligé de se défendre par sa force interne, maintenir et renforcer en conséquence ses défenses immunitaires propres. Là aussi, c'est une faiblesse qui nous permettrait de renforcer cette capacité.
Et pour reprendre l'adage qui dit "Niakk pékhé, pékhé la", ne pourrait-on pas penser, selon la même logique, que "Niakk doolé, doolé la", et que la reconnaissance active de sa faiblesse face à une situation est aussi le lieu potentiel de production d'une imagination et ingéniosité extrême à élaborer et mettre en oeuvre des solutions propres à dénouer des blocages à priori inextricables.
Le constat rationnel et honnête vis-à-vis de nous-mêmes de nos faiblesses devrait nous permettre en conséquence, non de nous en satisfaire en se bombant le torse pour certains, ni de nous y complaire pour d'autres, mais de mettre en oeuvre une stratégie pour notre développement, asseoir notre place, toute notre place, dans le nouvel équilibre mondial qui se dessine. Une stratégie à l'instar des arts martiaux qui se structurent essentiellement en puisant dans sa propre faiblesse et s'appuyer sur la force de l'adversaire pour en venir à bout.
Nous vivons dans un écosystème. Notre être est en adéquation avec celui-ci dans une relation intime et séculaire, exactement comme tous les autres peuples et grandes aires de civilisation. Nous vivons donc avec les germes, les bactéries et autres agents infectieux spécifiques à notre environnement, exactement comme notre corps porte en lui de ces mêmes agents indispensables à son équilibre et non nécessairement prédateurs, sauf au cas où il subit des modifications importantes pour telles ou telles raisons ou telles ou telles circonstances. Même dans cas là, un apport extérieur pour nous protéger et guérir, du fait de sa rareté, s'accompagne du facteur essentiel que représente la mobilisation extrême de notre système immunitaire.
Pour quelles raisons n'imaginerions pas dès lors une protection fondée non sur la recherche effrénée d'un milieu aseptisé où tout agent potentiellement pathogène est traqué et détruit à coups de produits chimiques de plus en plus puissants, mais auquel il finit par s'adapter et résister toujours mieux, mais plutôt par un développement de l'hygiène tout simplement, non pour détruire ces agents selon les termes d'un combat de Sisyphe, mais tout simplement pour s'en éloigner lorsque cela est nécessaire. Ce sont là deux modes de protection radicalement différents, avec des conséquences sur le système de production et de développement pharmaco-sanitaires décisives.
Quant à chercher à s'intégrer à tout prix aux circuits commerciaux mondiaux, avec des centres de civilisations extérieurs à notre écosystème, ce qui signifie nous ouvrir aussi à des agents pathogènes auxquels notre système immunitaire n'est pas du tout préparé, malgré la "mondialisation", n'aurions nous pas intérêt à privilégier enfin le développement de nos relations économiques et commerciales dans le champ africain, celui-là même qui constitue notre milieu global, nous y fortifier, et y créer progressivement les moyens spécifiques et adéquats à notre réalité pour les affronter, sans pour autant cesser de nous nourrir abondamment et intelligemment des connaissances produites sous d'autres cieux mais savoir réhabiliter cette fois celles produites sous les nôtres tout en sachant les débarrasser de leurs pesanteurs ?
En adoptant, sans le recul critique radical nécessaire, les moyens élaborés en fonction de systèmes économiques et sociaux étrangers à notre civilisation, nous nous donnons comme un simple marché de consommateurs et nous nous présentons désarmés pour nous en remettre entièrement à lui, sans nous appuyer sur la mobilisation optimale de notre propre système immunitaire.
Ce qu'il se passe au niveau de notre corps est du même type que ce qu'il se passe dans la nature avec les produits phytosanitaires et les engrais chimiques qui se révèlent être de plus en plus puissants, de plus en plus destructeurs des richesses et des capacités propres du sol à se régénérer et des plantes à se défendre, de plus en plus chers, bien qu'à une intensité moindre et une transformation plus lente. Tout cela pour le seul profit des industries pharmaceutiques et phytosanitaires mondiales qui voient ce marché particulièrement juteux se développer à une vitesse exponentielle.
C'est par un arrimage solide à l'Afrique, par une politique intelligente, souple et pragmatique de coopération et d'associations à tous les niveaux et dans tous les domaines, que nous sommes réellement capables de nous développer de façon homogène et intégrée : nous en partageons les contraintes, les ressources naturelles, le même niveau de développement, les mêmes grandes valeurs culturelles. C'est forts de cela que nous pourrons construire et occuper notre place dans le monde et dans son nouvel équilibre.
Créer pour l'Afrique les conditions d'un développement industriel et artisanal en encourageant la petite entreprise de transformation au service de l'artisanat. Pour ne prendre qu'un exemple, pourquoi ne pas limiter les droits d'exploitation de nos richesses minières, les accompagner de contraintes strictement respectueuses de l'environnement naturel et humain, associant les petites villes et les villages mitoyens et, enfin, exiger la rétrocession d'une partie de la production à des petites entreprises de transformation ayant pour finalité de revendre leurs produits finis ou semi finis à des artisans. Ceux-ci ont souvent du mal à se fournir en produits neufs mais très chers, travaillent généralement avec du matériel récupéré licitement mais qui donne aussi lieu, dans certains cas, à des transactions sur des produits issus en réalité de vols et déprédations diverses et variées.
Une telle politique créerait un environnement où l'on verrait éclore toute une gamme de petites entreprises de transformation et de production artisanale riches en main-d'oeuvre, en savoir faire et en créativité comme l'ont montré nos ingénieurs, techniciens, médecins quand il a fallu compter sur eux-mêmes pour affronter la crise que nous subissons car il n'y avait aucune "aide" extérieure de quelque sorte que ce soit, sinon minime, qui pouvait nous parvenir et nous permettre de nous passer de leurs services. C'est d'une certaine manière contraints et forcés que nous avons dû les écouter et les prendre au sérieux. Alors profitons en pour asseoir définitivement cette politique, l'encourager et lui donner les moyens de s'épanouir dans les meilleures conditions.
Et nous n'avons pas besoin d'entrer dans une logique de toujours plus pour notre développement, ce toujours plus qui soumet le monde fondé sur le système productiviste et néolibéral à une course infernale contre l'humanité et contre la nature. Nous avons besoin d'entrer au contraire dans un monde du mieux être au service de l'être humain et de la nature.
Nous avons besoin que nos concitoyens travaillent, créent, prennent le temps de vivre en harmonie avec leur environnement social et hors du besoin, et non pas de profits toujours démultipliés au service d'une minorité.
C'est le lieu, dès lors, de revisiter tous ces paradigmes que l'on nous inculque depuis des décennies, d'en mesurer les conséquences dramatiques, en prenant le risque de nous secouer nous-mêmes, déstabiliser nos certitudes intellectuelles comme notre confort matériel, pour nous orienter dans l'élaboration d'autres finalités et rasseoir solidement nos valeurs.
Protéger l'être humain, préserver ses capacités de défense propres et renforcer son système immunitaire, nous nous le devons. Nous le devons aussi à la nature, à la préservation de l'intégrité de notre planète. Dans une telle logique, nous devrions nous réorienter vers une agriculture qui respecte ces principes. Mettre en place des méthodes qui respectent et régénèrent les sols, favorisent et protègent la vie biologique qu'ils recèlent, prendre résolument distance avec les produits chimiques qui finissent de se substituer à la force vitale des sols comme des plantes qui s'en trouve dès lors anesthésiée et inopérante. Non pas, bien sûr de façon brutale mais selon une méthode raisonnée.
Le Sénégal dispose d'ores et déjà de suffisamment de compétences humaines et techniques, de centres de formation jusqu'au plus haut niveau et d'institutions pour se charger d'élaborer, mettre en oeuvre et assurer le suivi d'une telle ambition.
La muraille verte en oeuvre pourrait être l'occasion, si ce n'est déjà en cours, au profit des villageois des zones traversées, de mettre en oeuvre une formation à ces techniques de régénération et de protection des sols et des plantes afin qu'ils en tirent le meilleur. C'est d'ailleurs la condition de réussite d'une telle opération. Il faut que les villageois y trouvent leur intérêt, pas selon une éthique et une préservation de la nature et de la vie en général mais pour améliorer leur propre quotidien de façon concrète à court terme, avec une échéance définie de façon réaliste, dans une fourchette raisonnable, condition nécessaire pour qu'ils y adhèrent et protègent les plantes semées et/ou régénérées. S'appuyer sur ce qui a été réalisé en Casamance, mais cette fois, avec le concours massif de l'État qui mobilise les compétences nécessaires, les institutions et centres de formation pour participer à cette oeuvre gigantesque par sa dimension et par l'ambition qu'elle est en droit de générer en nous, pour notre avenir. Ce serait alors un mouvement massif de formation des paysans à ces nouvelles pratiques agricoles et une école grandeur nature pour les populations proches. Impliquer les villageois dans cet esprit, c'est contribuer aussi à favoriser, chez les anciens, l'émergence de savoirs séculaires, savoirs délaissés et enfouis à force d'avoir été dévalorisés par l'imposition de techniques modernes justifiées par ce qui se donne comme le fruit de la science, alors qu'en réalité il s'agit aussi et surtout d'une prétention à soumettre la nature et d'une volonté de promouvoir la production d'outils, de semences à usage unique et d'intrants à des fins essentiellement lucratives. Encouragés, valorisés et ramenés à revivre en harmonie avec la nature, une fois renouée la confiance en eux-mêmes, en leurs savoirs et savoir-faire, les paysans feront preuve, à n'en pas douter, d'une intelligence, d'une créativité et d'un investissement qui bousculeront radicalement nos certitudes et seront en même temps salutaires pour nous aider à retrouver pieds sur terre et quelque humilité face à nos connaissances "scientifiques", en réalité des connaissances bridées, organisées et formatées pour générer profits et rentes à croissance exponentielle.
Ceci nous permet d'aborder le quatrième volet des leçons de la pandémie en cours. La dissémination de la maladie suit les grands circuits de circulation économique et commerciale, et en conséquence les grandes concentrations urbaines. C'est ainsi que la région de Dakar concentre la majeure partie des populations infectées. Elle est en même temps l'unique poumon économique du pays. La confiner pour contenir l'épidémie, c'est plonger tout le reste du pays dans le marasme économique. On a pu le constater très rapidement sur le plan agro-pastoral pour ne citer que cet aspect. Briser son dynamisme économique par des mesures restrictives, rompre ses liens avec le reste du pays, c'est enrayer la possibilité pour l'écrasante majorité de ses membres de se nourrir tout simplement et la plonger dans la faim, tant l'économie informelle, d'où l'on y tire sa subsistance au jour le jour, y a cours jusque dans les moindres de ses méandres.
Cela devrait alors nous inciter à revoir notre politique d'urbanisation et de structuration de notre économie à l'échelle de l'ensemble du pays. Celles-ci restent tributaires d'une logique mise en place depuis le XIXème siècle par le système colonial. Cette logique est en voie de transformer l'agglomération de Dakar qui s'étend déjà sur toute sa région en une véritable mégalopole qui finira bientôt par absorber la région de Thiès elle-même, y compris la ville de Mbour et l'ensemble de leurs satellites.
Il serait fortement souhaitable d'enrayer résolument cette dynamique et se donner les moyens de redessiner le tissu urbanistique et économique, selon une vision holistique et une stratégie intégrée sur l'ensemble du pays, à commencer par le fait de favoriser l'émergence d'un pôle fort à son autre extrémité. Des moyens existent pour cela. Dakar est le bout d'un entonnoir où vient s'engouffrer le reste du Sénégal et des pays de la sous-région, notamment ceux du sud et du sud-est. Ce sont en conséquence tous les moyens de transports qui viennent s'y déverser, engendrant un surcroît massif de pollutions, embouteillages, pertes de temps et surcoûts substantiels qui se chiffrent chaque année à des centaines de milliards de francs, sans parler des ravages pour la santé, la surpopulation nourrie par l'exode rural et l'exode tout court de notre jeunesse la plus résolue, la plus intrépide et la plus débrouillarde.
Un pôle économique à l'extrême sud-est, pour nommer Tambacounda, est tout à fait réalisable. Il serait un pendant à la région de Dakar et un pont pour le développement de nos échanges en direction de toute l'Afrique subsaharienne au moins.
Articulée sur une politique agricole qui nourrisse son homme, une chaîne de petites entreprises de transformation et un artisanat tels que définis plus haut, les populations y verront l'intérêt de se fixer sur leur terroir et d'y trouver les moyens d'une vie raisonnablement confortable. Cela permettrait de contenir les surdensités de populations, de créer les conditions d'un maillage de régions suffisamment autosuffisantes pour éviter de multiplier déplacements forcés pour toutes sortes de besoins, et enfin de contenir les propagations de catastrophes (épidémies ou autres) et de les confiner, lorsque cela s'avèrera strictement nécessaire et non le fruit d'une panique, sans pour autant en subir des dommages catastrophiques pour les populations concernées.
Bien des éléments de bilan ont déjà été tirés de cette pandémie, d'autres le seront encore dans les mois et même les années à venir. À un mal peut correspondre un bien dit-on. Il nous appartient de relever le défi. L'Afrique en a les moyens, pour peu que nous acceptions aussi de nous tromper et subir des échecs, mais oser surtout et malgré tout nous en relever et revoir notre copie.