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25 septembre 2025
DES MESURETTES POUR TENTER D'APAISER LES REVENDICATIONS ANTI-RACISTES
René Lake analyse sur VOA, la portée du nouveau décret de Donald Trump, qui crée une base de données pour recenser les policiers ayant commis des offenses, dans le contexte des tensions consécutives au meutre de George Floyd
L'Exécutif américain a sorti un décret qui crée une base de données pour recenser les policiers ayant commis des offenses. Pour certains secteurs, cette mesure est trop limitée, vu l’ampleur de la crise. Dilly Dicko a joint via Skype, l’analyste René Lake.
par Bosse Ndoye
ÉMERGENCE OU DÉCADENCE ?
À moins de souffrir d’anosmie chronique, toute personne jouissant normalement de ses facultés olfactives, ne peut ne pas sentir l’odeur nauséabonde qui envahit l’atmosphère de notre cher Sénégal depuis la première alternance
«Ce n’est pas le peuple qui est ingrat ou inculte. C’est le système qui fait tout pour l’éloigner de la noblesse des êtres et des choses. Il lui apprend à ne se reconnaître que dans la médiocrité tous azimuts. » Yasmina Khadra
Opposer l’optimisme de la volonté au pessimisme de la raison – tel que le préconise Gramsci – devient une tâche de plus en plus difficile au pays du président Macky Sall, tant le désespoir et la déception y sont immenses et ancrés dans les esprits, à cause aussi bien de la gestion calamiteuse des affaires publiques que des dures réalités socioéconomiques auxquelles sont confrontées les populations depuis plusieurs années. Si bien que nombre de citoyens désireux de faire changer cet état de fait, se heurtent à un mur de difficultés, de découragement et d’incompréhension, les poussant souvent à baisser les bras. Laissant ainsi la voie libre à ceux qui profitent des pouvoirs que leur confèrent certaines institutions publiques ou de leurs accointances avec ceux qui les dirigent pour semer désordre, désespoir et pauvreté par leurs agissements opportunistes et maléfiques.
Lorsque dans un pays, on condamne la droiture et récompense la fourberie ; libère les gros bonnets - souvent partisans du pouvoir - coupables de crimes et maintient en détention les prisonniers de « petite envergure » accusés souvent de péchés véniels ; lorsqu’un groupuscule de petites gens malhonnêtes au pouvoir, à l’appétit pécuniaire pantagruélique, animées par l’esprit de lucre, profitent de leur position pour faire main basse sur des biens qui devraient revenir à tout un peuple ; lorsqu’on y promeut l’incompétence et décourage l’excellence, y préfère la nébulosité à la clarté dans la gestion des affaires publiques ; lorsqu’on y consacre beaucoup de temps aux futilités et très peu à l’essentiel, privilégie les relations amicales, parentales et partisanes au détriment des compétences lors des interminables nominations - quasi hebdomadaires -, à certains postes administratifs clés ; lorsqu’on y démantèle l’enseignement et renforce le renseignement, emprisonne banalement et arbitrairement ceux qui critiquent le pouvoir pendant que ses thuriféraires sont portés au pinacle, toute personne douée d’un soupçon de bon sens peut savoir que les promesses d’émergence sociale, économique…qui y sont faites ad nauseam par ses autorités politiques ne peuvent qu’être illusoires et fallacieuses. Car l’émergence suit une trajectoire logique. Elle commence d’abord par une souveraineté politique et économique, passe ensuite par des dirigeants intègres, patriotes et travailleurs avant de s’appuyer finalement sur une population consciente, formée et très bien informée.
À l’aune de ces étapes, notre pays semble très loin du compte. La France y est si omniprésente dans beaucoup de secteurs névralgiques que d’aucuns parlent d’une seconde colonisation. Cette présence massive fait même ombre à d’autres puissances étrangères qui pourtant y font discrètement mais sûrement leurs affaires à l’abri des regards inquisiteurs. L’enseignement se trouve englué dans une crise endémique, le confinant dans une impasse depuis plusieurs années. Nombre de nos dirigeants véreux, qui se soucient très peu des masses étranglées par le chômage et la pauvreté en ces périodes difficiles, confondent souvent leurs poches avec les caisses de l’État.
À moins de souffrir d’anosmie chronique, toute personne jouissant normalement de ses facultés olfactives, ne peut ne pas sentir l’odeur nauséabonde qui envahit l’atmosphère sociale, économique, politique…de notre cher Sénégal ces derniers temps, pour ne pas dire depuis la première alternance. La liste des scandales est longue comme un bras : l’affaire Boughazelli, l’affaire Aliou Sall, l’affaire Akilee, la prédation foncière, pour ne citer que les plus récents dans lesquels il est question de plusieurs milliards…
On aura beau changer de gouvernements et de régimes, si on ne fait pas une froide et sincère introspection – en commençant par les autorités, qu’elles soient religieuses ou politiques – l’émergence tant chantée et magnifiée restera toujours une chimère. Si changement véridique il doit y avoir pour notre société, il faudra qu’il passe forcément par la refondation de l’école, française et/ou coranique. Nonobstant les crises qu’elle traverse depuis des années, admettons-le, cette école a formé de valeureux citoyens. Or, sans l’enseignement des valeurs nobles, qui ont fait la fierté de nos dignes ancêtres, elle risque de ne plus remplir, comme il se doit, sa mission de socialisation, par le haut, de la jeune génération afin qu’elle soit prête à remplacer les hommes qui occupent notre espace politique depuis plusieurs années, lesquels, usés par le temps et fatigués par les multiples « transhumances » les ballotant d’un parti à un autre, dégagent désormais la pire des images auprès d’une population qui a perdu toute confiance en eux. Ce n’est dès lors pas étonnant que la population, notamment les hommes intègres, découragés et désabusés, se désintéressent de plus en plus de la gestion des affaires de la cité pour ne se consacrer qu’à leur (sur)vie, même si ce n’est pas la meilleure des attitudes à adopter face au népotisme, à la gabegie, à l’autoritarisme…qui minent le moral du peuple.
Quelque difficiles que soient les problèmes qui secouent le pays, le découragement et l’attentisme sont loin d’être les solutions. Au contraire, les adopter équivaudrait à encourager les vampires à lui sucer davantage le sang. Un renouvellement de génération, des idées neuves et des comportements exemplaires sont plus que jamais nécessaires. Pour créer les conditions favorisant leur éclosion, il faut dorénavant investir dans l’éducation et la formation de la jeune génération, surtout celles à venir, car, comme le dit si bien Frederick Douglas : « Il est plus facile de bâtir des enfants solides que de réparer des adultes brisés.»
par Mahmoudou Wane
LE JEU DE LA MORT
A-t-on réellement conscience de la montée de la colère, surtout chez les plus jeunes, impactés bien avant la Covid ? Le président Sall sait-il réellement ce qu’il fait ? Saisit-il l’impact de la crise de l’eau dans l’opinion ?
‘’Un homme qui veut être parfaitement honnête au milieu de gens malhonnêtes ne peut manquer de périr tôt ou tard.’’ Machiavel (Le Prince)
Depuis trois à quatre mois, l’atmosphère médiatico-politique a changé au Sénégal. Coïncidence ? Cela s’est fait en même temps que l’arrivée sur scène du virus dénommé Covid-19. Qui n’a pas senti cet éclair vif dans le regard de ‘’Prince’’, lorsque le virus s’est invité fin février à Dakar ? Comme un flash. Le Président s’est-il dit que les conditions étaient favorables pour réorganiser les rapports de force en fonction de ce qu’il veut ? En tout cas, il a décidé d’engager certains de ses proches sur la pente raide. Que cherche-t-il réellement ? Sait-il réellement où il va ? A-t-il toutes les cartes en main ?
Le pouvoir a ceci de bien commun avec la vie qu’il n’émet pas tous les signes avant-coureurs, lorsqu’il vous déserte. De la même façon qu’un corps, même bien portant, peut à tout moment prendre congé de la vie sans crier gare, un pouvoir peut montrer tous les signes de bonne santé, alors qu’il engage véritablement sa phase raide, déclinante. Est-ce le cas du régime Sall, quinze mois seulement après sa réélection pour un second mandat ? Certains signes peuvent le laisser croire.
Il faut sans doute retourner à la campagne électorale de 2012, pour comprendre à quel point ce que nous appelons ‘’nguur’’ en wolof, ‘’laamu’’ en pulaar (pouvoir) peut être déroutant, dans ses multiples cycles de vie. On ne sait ni comment il arrive ni quand il déserte la place. Le chant du cygne, lorsqu’il s’invite à nos oreilles, ne s’entend généralement pas. Replongeons dans la fameuse journée du 7 février 2012, pour comprendre à quel point ses voies savent être insondables. Les convois du ‘’florantin’’ d’alors, Abdoulaye Wade, Président sortant, et de Macky Sall (outsider incertain) se croisent, en une douce après-midi du 7 février 2012, sur l’avenue Bourguiba. La ‘’suite’’ du candidat Sopi dégage une puissance et un éclat sans commune mesure, comparé au convoi de Macky Sall. Lamine Faye a ses biceps bien au point. Les rutilantes 8X8 en imposent. L’image est frappante. Le commentaire de Me Wade, rapporté par ‘’le Populaire’’, au soir de débriefing, après sa tournée, est tout aussi évocateur : ‘’J’étais très content de voir qu’il (Macky Sall) était là et qu’il n’y avait personne avec lui (…) Il était avec un petit camion avec quelque dix personnes qui étaient avec lui. La foule était avec moi…’’
Et pourtant quelques jours plus tard, le puissant ‘’Prophète du Sopi’’ se faisait expédier, par celui qu’il raillait, au second tour de l’élection présidentielle. Un coup, presque Ko. Niasse, Tanor (Dieu ait pitié de son âme) et Idy perdaient toutes leurs illusions au profit de l’actuel Président.
Depuis, le Président Macky Sall déroule avec des forces sociales et politiques issues de sa propre lutte, mais aussi mobilisées grâce au travail de Benno et du coup des Assises nationales qui avaient diverti et affaibli Wade.
Au fond, pourrait-on dire à la lumière des faits, que le résultat n’est pas mauvais pour lui, puisque 8 ans après son accession au pouvoir, le voilà qui continue encore à trôner du haut de l’avenue Léopold Sédar Senghor. Cela veut dire que la base politique et sociale qui l’a porté au pouvoir est solide. Mais le temps passe. Et les feuilles se fanent.
La situation actuelle peut-elle réellement résister à l’épreuve des multiples périls qui se donnent à voir ? L’énigme est grosse, puisqu’elle interroge les ressources réelles comme imaginaires de l’actuel pouvoir aux manettes. A-t-on réellement conscience de la montée de la colère, surtout chez les plus jeunes, impactés bien avant la Covid ? Sait-on réellement de quoi peut accoucher la conjonction du virus, de la crise économique (qui n’a même plus besoin d’être mesurée tant elle est à fleur de peau).
Le Président Sall sait-il réellement ce qu’il fait ? La question se pose d’autant plus qu’il a enclenché, depuis que sa Majesté Covid-19 s’est invitée quelque temps, une réelle offensive politique pour neutraliser ou renforcer des camps, selon qu’ils lui soient favorables ou pas. Saisit-il l’impact de la crise de l’eau dans l’opinion et les inquiétudes du monde rural avec l’arrivée de l’hivernage ? Le tout avec le machiavélisme, certains diront la finesse politique que même ses adversaires lui reconnaissent désormais. Le virus a visiblement joué le rôle d’accélérateur des plans de sa Majesté.
Posons la question sans ambages : cherche-t-il à rempiler en 2024 ? Est-il plutôt en train de travailler pour un dauphin caché en lui balisant le chemin, comme le supposent certains observateurs ? Ce qui est clair, c’est qu’on cherche à affaiblir des acteurs majeurs dont on pense qu’ils pourraient mettre du sable dans le couscous. En le faisant, il se prive en même temps de forces politiques et sociales sans commune mesure. Et clin d’œil sur la forme qui ne peut manquer de choquer, les moyens utilisés sont bien aux antipodes des règles élémentaires de l’éthique politique. L’essentiel est de noircir au maximum les personnes ciblées. Que Mouhamadou Makhtar Cissé puisse, par exemple, être traîné dans cette mare glauque alors que tous ceux qui savent, comprennent que les vrais scandales de la République sont à fleur goudron, découle inéluctablement de cette stratégie. Les esprits avertis auront remarqué que six mois avant la fronde contre le ministre du Pétrole, Macky Sall chantait ses capacités d’apprentissage ‘’fast-track’’. ‘’Je tiens à féliciter Makhtar Cissé pour l’excellent travail en si peu de temps, depuis qu’il a été nommé à la tête de ce département ministériel. Je sais qu’il apprend vite, trop vite même’’. C’est no comment.
A la différence de son devancier Me Wade qui nomme ses cibles avant de les attaquer, comme ce fut le cas avec Idrissa Seck qualifié de ‘’serpent venimeux’’, la Sall formula consiste à encenser ses futures victimes pour les endormir d’un profond sommeil pour mieux les surprendre. L’exécution n’en devient que plus facile.
En vérité, Mouhamadou Makhtar Cissé n’est pas le seul dans la ligne de mire. Il faut être naïf pour le croire. D’autres scandales, dans le foncier et peut-être ailleurs dans les semaines à venir, agrémentent la place pour mettre certaines têtes dans le collimateur. Comme Akilee ! Amadou Bâ devra lui aussi surveiller ses arrières. La présidente du Conseil économique, social et environnemental Aminata Touré et le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye aussi. Bref, tout ce qui semble briller aura droit à sa part de ténèbres. Cette cacophonie a un fond qui est cohérent. Elle procède d’une volonté de détourner le regard des vraies oasis où l’on se prélasse sous les cocotiers en comptant les liasses, pour l’orienter dans la direction qu’on veut et pour l’objectif qu’on vise : détruire. Il faut non seulement empêcher les petits ambitieux de dormir pour dérouler son plan de façon implacable, mais aussi divertir le peuple à longueur de scandales.
Ceux qui agissent ainsi, dans l’ombre, connaissent sans doute très bien la politique. Suffisamment, croyons-nous, pour que la prudence soit de mise. Car la Covid-19 qui semblait, malgré les apparences et la rhétorique politicienne, être un allié au départ, ne l’est plus tant que cela. Le virus semble aujourd’hui ‘’muter’’ en fonction de son programme propre et non selon les desiderata de ceux qui veulent s’en servir pour casser de ‘’jeunes loups’’. Déconfinement forcé et le volcan bout à nouveau.
Attention donc au retour de flamme !
L'INCERTITUDE AUTOUR DU HAJJ 2020 PERSISTE
Limiter le nombre de pèlerins ou annuler le hajj en raison du Covid-19 ? À quelques semaines du grand pèlerinage annuel à La Mecque, l’Arabie saoudite se trouve face à un choix délicat
Prévu fin juillet, le hajj est l’un des plus grands rassemblements au monde. En 2019, le pèlerinage, que tout fidèle musulman doit accomplir au moins une fois dans sa vie s’il en a les moyens, a attiré quelque 2,5 millions de fidèles.
Aujourd’hui, des milliers de musulmans à travers le monde attendent de savoir s’ils pourront l’effectuer cette année. Les autorités religieuses de chaque pays sont toujours dans l’attente de précisions de la part de l’Arabie saoudite.
Le ministre tunisien des Affaires religieuses Ahmed Adhoum a ainsi déclaré ce 13 juin à l’agence tunisienne TAP attendre des indications des autorités saoudiennes. Son homologue algérien, Youcef Belmehdi, avait dit la même chose quelques jours auparavant.
Pèlerins en stand-by
Au Maroc aussi, les autorités n’ont pas encore donné d’indications aux potentiels pèlerins. Cette année, ils étaient environ 34.000 à avoir prévu de voyager vers l’Arabie saoudite.
Un voyagiste casablancais spécialisé dans le tourisme religieux confie attendre avec empressement des clarifications : il a déjà dû gérer l’annulation de la omra, plus petit pèlerinage et qui a été suspendu en mars, et il est pressé par les clients qui se demandent s’ils doivent penser à demander des remboursements –la plupart ayant déjà payé les frais relatifs au hajj depuis plusieurs mois. Même situation en Égypte, en Turquie ou encore au Liban.
Une affluence telle que celle de 2019 semble exclue cette année : Riyad a demandé dès fin mars aux pays musulmans, chargés de sélectionner les pèlerins candidats, de reporter leurs préparatifs.
« La décision sera bientôt prise et annoncée », assure de son côté un responsable saoudien.
L’Indonésie, pays musulman le plus peuplé, a pris l’« amère et difficile » décision de renoncer au hajj, tout comme la Malaisie et Singapour. Le Sénégal a dit, lui, suspendre « toutes les formalités pour le voyage » des pèlerins.
En France, les fidèles ont été appelés par le Conseil français du culte musulman à « différer» leur pèlerinage à 2021.
Risque de contagion
En raison de la promiscuité entre pèlerins, le hajj peut devenir un énorme vecteur de contagion de la maladie Covid-19.
Le pouvoir saoudien sait que la bonne gestion du hajj qui lui est dévolue de par son rôle de gardien des lieux saints de l’islam est une puissante source de légitimité politique, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du royaume.
ais cela engage aussi sa responsabilité. Déjà, des incidents mortels, dont une bousculade ayant fait en 2015 quelque 2 300 morts, avaient suscité des critiques sur la gestion du hajj par Riyad.
« Le retard dans l’annonce de sa décision montre que (l’Arabie saoudite) pèse les conséquences politiques de l’annulation du hajj ou de la réduction de son ampleur», estime Umar Karim, chercheur au Royal United Services Institute de Londres.
Une décision politique
Le royaume « gagne du temps», juge le responsable d’un pays d’Asie du sud.
« Si les Saoudiens disent, à la dernière minute, être prêts pour le hajj, de nombreux pays ne seront pas en mesure d’y participer», remarque-t-il.
De nombreux vols internationaux étant suspendus, un hajj n’accueillant que les personnes habitant en Arabie saoudite est un scénario possible, ajoute-t-il.
Avec 120.000 cas, dont plus de 1000 décès déclarés officiellement, le pays cherche toujours à contenir le nouveau coronavirus. Les autorités ont ainsi renforcé les mesures de confinement à Jeddah (ouest), porte d’entrée de la Mecque.
Certains pays d'Afrique envisagent une incursion dans le domaine des nano-satellites. Ils sont beaucoup moins chers et plus faciles à déployer qu'un satellite à échelle réelle.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
DÉCONFINER LES ESPRITS "FAIDHERBOLÂTRES" (2/2)
EXCLUSIF SENEPLUS - La bourrasque qui a balayé récemment certaines figures historiques au passé colonialiste n’épargnera pas ce gouverneur dont le seul mérite est d’avoir exterminé nos grands-parents résistants
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 19/06/2020
Dans la lettre écrite au maire de Ndar, Mansour Faye, par le philosophe Khadim Ndiaye après que le vent a réalisé le 4 septembre 2017 ce dont rêvent tous les antiracistes et anticolonialistes, certaines ignominies du tristement célèbre gouverneur y sont relatées aux fins de l’inciter à ne plus remettre en place la statue du gouverneur sanguinaire. Nous vous en livrons une partie très instructive.
Janvier 1855 : une expédition est lancée contre le village de Bokol dans le Dimar. Tout le village est brûlé.
Mars 1855 : expédition contre les villages de Marsa et d'Oundounba. Faidherbe y envoie la « Garnison de Bakel ». Le village est brûlé. On dénombra 12 morts, 25 blessés, 22 bœufs volés ainsi que des chèvres et des ânes.
Mars 1855 : un lieutenant de Faidherbe, M. Bargone, envoie des tirs de canons et rase le village de Bakel. La détermination de M. Bargone fut saluée par Faidherbe. Un seul endroit dans Bakel fut épargné, le quartier Ndiaybé, parce qu’il s’y trouvait quelques alliés fidèles du général.
Le 5 avril 1855 : Les hommes de Faidherbe brûlèrent le village de Nayé, dans le Sénégal oriental. Plus de 200 personnes périrent dans les flammes. Un grand homme religieux du village fut fusillé sur place.
Le 14 juillet 1855 (le 14 juillet symbolise la prise de la Bastille, date fêtée en France) : Le gouverneur Faidherbe lui-même fit tirer sur des villageois, des populations riveraines, près d’Orndoli dans le Damga. Le capitaine Parent, un lieutenant de Faidherbe, fit des razzias aux abords de Bakel et brûla entièrement le village de Koungueul.
Le 18 décembre 1856, le village de Nguik dans le Ndiambour est pillé et brûlé par les hommes de Faidherbe. Le général dirigeait lui-même les opérations.
Le 19 décembre 1856, le village de Ouadan et celui de Baralé sont également incendiés par les hommes de Faidherbe. A noter également qu’au mois de mars 1858, les hommes de Faidherbe brûlèrent de nouveau Ouadan. Le village de Keur-Seyni-Diop est aussi incendié au cours de « L’expédition de Niomré ». Les villages de Tanim ainsi que celui de Mbirama furent également incendiés par les soldats dirigés par un homme de Faidherbe, le lieutenant Lafont. Les chroniques rapportent qu’on voyait au loin la fumée s'élever au-dessus du village de Mbirama.
Mai 1859 : Sur la route pour combattre le Sine, les hommes de Faidherbe forcèrent les villages à fournir de force un contingent de volontaires. L’échauffourée de Logandème contre Bour Sine Famak est lancée le 18 mai 1859. Ce fut une épreuve sanglante. Faidherbe lui-même affirme que 150 Sérères furent tués ou blessés. Il donna l’ordre de brûler Fatick et tous les villages environnants. Les imposantes colonnes de fumée poussèrent les rescapés à aller se réfugier dans les zones voisines.
Mars 1860 : Faidherbe envoya le commandant Laprade en Basse-Casamance pour punir certains villageois jugés hostiles. C’est «l’expédition de Karone et Thionk ». Le village de Hilor fut entièrement incendié. Un des fils du roi de Hilor fut tué. Le village de Kourba fut également brûlé.
5 février 1861 : En Haute-Casamance, le vilage de Sandiniéri est dévasté. Le capitaine Fulcrand détruisit le village de Dioudoubou. Le village de Niagabar fut également incendié.
Mars 1861 : Faidherbe dirigea lui-même une expédition contre le Cayor. Tous les villages entre Kelle et Mékhé, au nombre de 25 furent tous brûlés. Des dizaines de personnes furent fusillées.
Le 4 avril 1861, au village keur Ali-Mbengue, 16 hommes sont tués. Tous les villages voisins sont pillés et incendiés.
Le 18 juillet 1864 : les hommes de Faidherbe détruisirent tous les villages bosséyabé dans le Fouta. Près d’une quarantaine de personnes furent massacrées.
Ces horreurs sus-évoquées enseignent et renseignent sur toute la cruauté de Faidherbe auquel des Sénégalais vouent encore un culte quasi-divin. Ses petits-fils spirituels, nécrolâtres et masochistes « au volume faible de leurs cerveaux etau système nerveux très peu développé », comme il aimait qualifier les Noirs, l’adorent et le vénèrent pour ses atrocités légendaires. En victimologie, on appelle une telle attitude "faidherbophile", le Syndrome de Stockholm. Aliénés, dépersonnalisés, voire réifiés, des intellectuels néo-colonisés se sont auto-soumis à un statut social ontologique inférieur au point qu’ils s’échinent éperdument pour assimiler et s’assimiler (à) la culture dominante et mirifique de l’oppresseur.
Lors de son premier séjour en 1844 en Algérie, Faidherbe est témoin du massacre des habitants signé le général Bugeaud. Ainsi écrit-il à sa mère la même année pour lui raconter l’horreur exquise : « Vous voyez une guerre d’extermination et, malheureusement, il est impossible de la faire autrement. Après bien des tentatives pour lui inspirer le respect du droit des gens, on est réduit àdire : un Arabe tué c’est deux Français de moins assassinés. » Et l’on se rend compte que Faidherbe a assimilé les leçons de ses maitres. Pendant son second séjour algérien entre1849-1852, après s’être formé à la « méthode Bugeaud » qui consiste à piller, massacrer, enfumer, détruire les villages, décapiter les résistants, Faidherbe la met en application. Ainsi, au cours de l’expédition de la petite Kabylie à laquelle il prend part en 1851 sous les ordres du Général sanguinaire Saint-Arnaud, il envoie à sa mère une lettre datée du 30 juin de la même année dans laquelle il se délecte d’avoir massacré plusieurs villageois.
Horresco referens ! Participant personnellement aux opérations de massacres des populations sénégalaises insoumises, Faidherbe appliquera les méthodes pyromanes et cruelles de son inspirateur sanguinaire Bugeaud sur les populations. « En dix jours, nous avions brûlé plusieurs villages riverains de la Taouey (une rivière canalisée qui relie le lac de Guiers au fleuve Sénégal), pris 2 000 bœufs, 30 chevaux, 50 ânes et un important nombre de moutons, fait 150 prisonniers, tué 100 hommes, brûlé 25 villages et inspiré une salutaire terreur à ces populations », a-t-il écrit.
Mais qui est ce militaire français qui avait comme doctrine « dominer même s’il faut tuer et détruire » et qui fascine tant Faidherbe ? Thomas Robert Bugeaud, lieutenant-général, nommé gouverneur général de l’Algérie en 1840 était un fervent adepte de la politique de la terre brûlée et des grottes enfumées. Il avait l’habitude de dire avec cynisme : « Le but n'est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, de jouir de leurs champs. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes ou bien exterminez-les jusqu'au dernier… Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards. »
Adepte de la « méthode Bugeaud », le colonel Aimable Pélissier fait asphyxier impitoyablement, le 18 juin 1845, plusieurs centaines de personnes des Ouled Riah composées d’hommes, de femmes et d’enfants qui se sont réfugiées dans les grottes de Ghar-el-Frechih, dans la région du Dahra en Algérie. Après cette abomination, Pélissier se justifie cyniquement : « La peau d'un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous ces misérables. » Faidherbe, admiratif de Bugeaud et Pélissier, expérimentera leurs méthodes abjectes sur le sol algérien avant de les importer au Sénégal où il est nommé gouverneur à partir de 1854. Même Jean-Bernardin Jauréguiberry, son remplaçant provisoire dans la séquence (1861-1863), suivit ses pas en incendiant 50 villages foutanké que la mémoire collective appelle douloureusement « Douppal borom ndar ».
Il appert aujourd’hui que le gouverneur génocidaire n’a sa place que dans un musée où les conservateurs pourraient apprendre aux visiteurs tout le sang qui entache l’histoire de ce tortionnaire sanguinaire. Le laisser trôner avec goguenardise à l’entrée de l’île de Ndar constitue pour nous Sénégalais une insulte mémorielle qui nous impose d’adorer ce que nous devons abhorrer. L’école des Otages construite par Faidherbe en 1856 prend encore aujourd’hui en otages certains aliénés qui s’enlisent à corps et à cerveau perdus dans les sables mouvants du culte de dulie en glorifiant les basses œuvres du gouverneur criminel. Les petits-fils spirituels du soumis Bakary Diallo, ce tirailleur sénégalais fasciné par le chef blanc et la puissance coloniale française, auteur douteux de l’autobiographie Force-Bonté, sont toujours-là. Les héritiers idéologiques du complexé président Léopold Sédar Senghor qui disait le 4 avril 1969 : « Si je parle de Faidherbe, c’est avec la plus haute estime, jusqu’avec amitié, parce qu’il a appris à nous connaître, que son jugement, en nous rappelant les vertus de nos ancêtres, doit nous aider à reprendre courage, à nous battre avec plus de cœur », circulent toujours.
Nous avons lu et entendu des hommes de culture s’emberlificotant dans un ndaro-centrisme stérile vouloir, au nom d’urgences économiques, ravaler le déboulonnement de la statue de Faidherbe comme une sous-priorité ou une francophobie qui ne doivent pas occulter les vraies difficultés de la vieille ville. D’abord, la statue de Faidherbe transcende l’île de Ndar pour être un problème du Sénégal. Il était l’administrateur de la colonie du Sénégal avec comme titre « gouverneur » ayant sa résidence à Ndar. En effet, l’ordonnance du 7 septembre 1840 du « Roi des Français » Louis-Philippe stipulait à l’article 1 que « le commandement et la haute administration de la colonie du Sénégal et de ses dépendances sont confiés à un gouverneur résidant à Saint-Louis ». Ensuite, l’indépendance politique et le développement économique ne peuvent être atteints sans se débarrasser de ces scories coloniales idéalistes qui aveuglent certains esprits enchainés dans la caverne de la domination occidentale et inhibent tout effort de créativité. Beaucoup de ces pétillants intellos, qui s’enorgueillissent de Ndar en le qualifiant de « Ville Lumière » (tiens, tiens encore une usurpation !) et qui se terrent à Dakar, n’y retournent que pour leur mise en terre. C’est pourquoi, il est temps de déconfiner ces esprits rétrogrades claquemurés, voire englués dans une faidherbolâtrie asservissante qui veulent pérenniser les horreurs du gouverneur exterminateur en l’immortalisant par une statue insolente.
Quand le 4 septembre 2017, veille de l’anniversaire des deux « raaka » effectués par Serigne Touba dans le bureau du gouverneur le 5 septembre 1895 à Ndar, la statue de Faidherbe s’est effondrée du fait d’un phénomène naturel ou supranaturel, il fallait décoder le message de Dame-Nature et parachever son œuvre d’assainissement. Mais le maire Mansour Faye, devant la menace des Ndar-Ndar de broyer la statue d’airain du boucher, s’est empressé de la boulonner à nouveau sous une forte présence policière. Ce qui montre aujourd’hui que la méthode utilisée jadis par Faidherbe pour dominer les populations du Sénégal, ses héritiers spirituels s’y excellent pour le faire vivre dans la conscience et la mémoire insultées des Sénégalais.
Nous refusons d’être reconnaissants, fussions-nous xénophobes, envers ce colon qui nous a nié notre essence et détruit notre existence. Mais que l’on ne s’y méprenne point ! Certes, l’on ne peut pas d’un geste orwellien gommer toutes ces saletés de l’histoire, mais la bourrasque destructiviste qui a balayé récemment certaines figures historiques au passé colonialiste ou esclavagiste hideux n’épargnera pas ce gouverneur-boucher dont le seul mérite est d’avoir exterminé nos grands-parents résistants. Et aucune autorité ou faidherbolâtre ne pourra arrêter la volonté du peuple insoumis.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le passé colonial du Sénégal participe à sa construction tout comme l’histoire des royaumes du Walo, du Cayor, du Baol, qui ont eu leurs heures de gloire mais aussi des heures sombres où l’esclavage était communément pratiqué
La mort atroce de George Floyd aux États-Unis – dont chacun a pu voir en différé les images épouvantables – a suscité une réprobation quasi universelle. De leur côté, les bavures policières françaises ont également montré les errements injustifiables de ceux qui brutalisent sans raison au lieu de protéger. Au Sénégal, les réseaux sociaux se sont enflammés jusqu’à la caricature – et les média ont repris en choeur – autour de l’idée de mettre à bas la statue du général Faidherbe à Saint-Louis sous prétexte qu’il avait été le gouverneur de la puissance coloniale et qu’il avait à ce titre « tué plus de 20 000 sénégalais en huit mois » ainsi que le rappelle le Professeur Iba Der Thiam. C’est donc à 83 ans que cet éminent universitaire, agrégé d’histoire et titulaire d’un doctorat, ministre de l’Éducation nationale de 1983 à 1988, semble découvrir les horreurs de la colonisation et des guerres de conquête 1 !
Toute conquête militaire pour le pouvoir qu’il soit politique ou religieux entraine la mortvd’innocents. La stratégie de la terreur fut, hélas, également pratiquée par le chef tidiane El Hadj Omar Tall dans sa conquête du royaume bambara de Ségou ou contre l’empire peul du Macina. Et ce n’est pas le colon français qui mit à mort le grand chef de l’empire toucouleur mais les Peuls qui venaient d’assiéger Hamdallahi et qui poursuivirent El Hadj Omar jusqu’à sa mort par asphyxie dans les falaises de Bandiagara. Il faut relire, à ce sujet, Amadou Hampaté Ba dont le grand-père avait été enrôlé sous la bannière du chef toucouleur.
Ces précisions apportées et au risque d’aller à contre-courant, on pourrait considérer aujourd’hui que le Sénégal moderne fonde ses bases sur trois personnages majeurs : le général Faidherbe, son ennemi El Hadj Oumar Tall dont la force et le courage ont été justement célébrés, « un grand homme parmi les grands » selon la belle formule de Samba Dieng et son autre ennemi, Lat Dior Diop, 28e damel du Cayor2, vainqueur de la célèbre bataille de Ngol Ngol en 1863.
Le passé colonial du Sénégal fait partie intégrante de son histoire et participe à la construction du pays tout comme l’histoire des royaumes du Walo, du Cayor, du Baol, du Sine et du Saloum qui ont eu leurs heures de gloire mais aussi des heures sombres où l’esclavage était communément pratiqué à l’issue de guerres fratricides 3.
Le général Faidherbe4 a protégé l’islam – contre l’avis de l’Eglise catholique – en ouvrant des écoles laïques où les jeunes africains musulmans pouvaient apprendre le français tout en étant assurés du respect de leurs convictions religieuses. A ce titre, il sera d’ailleurs accusé par la presse cléricale de « livrer le Sénégal aux marabouts ». Par ailleurs, il favorisera les « mariages à la mode du pays », lui-même donnant l’exemple en contractant une union avec une jeune fille du Khasso, Doucounda Sidibé qui sera la mère de son fils Louis, mort à 24 ans de la fièvre jaune et dont on voit encore la pierre tombale dans le cimetière de Saint-Louis.
Vouloir aujourd’hui effacer le passé colonial est un non-sens ! C’est comme si les Français décidaient de raser tous les monuments gallo-romains sous prétexte qu’ils ont été construits par la puissance coloniale romaine5 ! Faudra-t-il au Sénégal faire table rase du passé et détruire tout ce que l’administration coloniale a construit jusqu’en 1960 ? Il faut savoir raison garder !
Le Pr Iba Der Thiam se souviendra qu’on a débaptisé le lycée Van Vollenhoven qui rappelait trop la puissance coloniale pour lui donner le nom – mérité – de Lamine Gueye. Mais sait-on que ce gouverneur général de l’A.O.F. oeuvra plus en faveur des tirailleurs sénégalais que le député Blaise Diagne ? Lorsque Clémenceau réclama en 1917 un second contingent de tirailleurs, il s’y opposa fortement d’abord en juillet puis dans une seconde lettre en septembre dans laquelle il écrivit : « Je vous supplie, Monsieur le ministre, de ne pas donner l'ordre de procéder à de nouveaux recrutements de troupes noires. Vous mettriez ce pays à feu et à sang. Vous le ruineriez complètement et ce, sans aucun résultat. Nous sommes allés non seulement au-delà de ce qui était sage, mais au-delà de ce qu'il était possible de demander à ce pays ». Clémenceau n’en tint pas compte et chargea le député Blaise Diagne de la sale besogne. Outré, Van Vollenhoven démissionna le 17 janvier 1918 et alla se faire tuer sur le champ de bataille le 20
juillet. Aujourd’hui, on a donné le nom de Blaise Diagne au nouvel aéroport et on a complètement oublié Van Vollenhoven aux qualités humaines avérées !
Dans son ouvrage récent, Sortir de l’impasse coloniale, Philippe San Marco nous appelle à la sagesse : « Pour s’apaiser et construire un avenir commun, mieux vaudrait ne rien oublier mais ne rien caricaturer non plus. Comprendre, non pour rejouer un passé qui doit nous laisser passer si l’on veut avancer. »
1 On peut se demander d’ailleurs aujourd’hui pourquoi il n’a pas usé de sa qualité de ministre pour mettre à bas cette « vilaine » statue !
2 Comme tout chef guerrier, Lat Dior « ne fait pas dans la dentelle » lorsqu’il attaque et détruit le village de Mbacké en 1862. Il se convertira à l’Islam quelque temps plus tard à la demande de l’almamy Maba Diakhou, marabout toucouleur, chef des musulmans de la région du Rip.
3 Le 1er février 1861, Macodou Fall, damel du Cayor, s’engage à ne plus vendre comme esclaves aucun étranger ni aucun de ses sujets.
4 S’il tue – nul ne peut le nier – le général Faidherbe signe et respecte des accords avec les rois vaincus ; tel Dioukha Samballa, roi de Kayes, qui reçoit 5 000 francs pour l’achat du terrain qui servira à construire le fort de Médine et 1 200 francs de cadeaux par an.
5 Imagine-t-on détruire le magnifique arc de Germanicus à Saintes (Charente-Maritime) sous le prétexte qu’il a été construit à la gloire de l’empereur Tibère sous l’occupation romaine ?
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LE FRONT «DOYNA» MIS EN PLACE POUR PORTER LE COMBAT
Arriérés de salaire, licenciements arbitraires, une justice aux ordres des exploiteurs et voleurs, décisions de justice non appliquée, spoliations foncières et démolitions de maisons sont entre autres les points contre lesquels lutte le front Doyna
Arriérés de salaire, licenciements arbitraires, une justice aux ordres des exploiteurs et voleurs, décisions de justice non appliquée, spoliations foncières et démolitions de maisons sont entre autres les points contre lesquels lutte le front multi-luttes Doyna qui regroupe une dizaine de mouvements citoyens.
Parmi les membres du Front, on peut citer le mouvement citoyen Reendo Bosséa, le Collectif des travailleurs de Pcci, le Frapp France Dégage, le Collectif des victimes de démolition de maisons de Gadaye. Le collectif affiche sa détermination à faire face à ce deux poids deux mesures qui consiste à ne pas toucher les occupants illégaux du littoral et à casser illégalement les maisons de pauvres citoyens.
A ce propos, les membres de Doyna rappellent qu’après la démolition de leurs 253 maisons en 2013, les victimes de démolition de maisons de Gadaye avaient traduit le promoteur Babacar Fall en justice. Ce dernier avait écopé de 6 mois de prison ferme, une contrainte par corps au maximum, et une amende de plusieurs millions de francs. «Mais M. Fall n’a jamais été inquiété. Pire, l’Etat du Sénégal qui avait promis de restituer leurs maisons aux victimes dès que la justice aurait vidé le dossier tarde à réagir», se désole le Front. C’est pourquoi, renseignent Guy Marius Sagna et ses camarades dans un communiqué, les victimes vont entamer une grève de la faim le 22 juin prochain sur le site où les maisons ont été démolies. Sur un autre dossier, le front fustige la spoliation de 300 hectares des terres du village de Ballabougou, dans la commune de Nguéniène, au profit d’une entreprise espagnole Produmel.
En plus de cela, l’Etat du Sénégal a déclassé la forêt classée de Ballabougou sur 1 160 ha, en violation de l’article 31 du décret 2019-110 du 16 janvier 2019 portant application de la loi 2018-25 du 12 novembre 2018 portant code forestier. Désarmée face à cette situation, l’Union des jeunes réformistes de la zone Nord dénonce l’accaparement des terres pastorales dans la commune de Nguèniène. Elle demande que la lumière soit faite sur les terres en cours d’exploitation.
Selon le Collectif des riverains de Ndoss Guéréo, en octobre 2018, le Président Macky Sall autorisait par décret le déclassement et l’immatriculation de 16 ha sur la zone maritime et fluviale protégée de la lagune de Guéréo et l’immatriculation de 23 ha de son domaine national pour les attribuer par voie de bail au Groupe Decameron (Hôtel Baobab) en invoquant le motif d’utilité publique».
Ces décrets, de l’avis du Collectif, violent les droits des propriétaires qui y résident. «La raison d’utilité publique est invoquée pour justifier l’expropriation au bénéfice du Groupe Decameron qui est une entité privée. Ces décrets n’ont pas fait l’objet d’une délibération municipale et aucune enquête n’a été conduite à Sindia», disent les membres du Collectif des riverains de Ndoss Guéréo qui craignent l’expropriation des terrains des paysans et la privatisation de la lagune au profit du Groupe Decameron.
Dans la même veine, le mouvement citoyen «Reendo Bossea» qui regroupe 4 communes (Oré Fondé, Agnam, Thilogne et Dabia) dénonce la signature de convention de financement entre le Gic de Bosséa, une entreprise dirigée par le maire de Dabia Yaya Abdoul Kane et Owac Engereng Compagnie (Italie) sur un projet estimé à 700 milliards FCFA sous forme d’un contrat Bot pour une durée de plus de quarante ans, sans l’implication de la population. «Compte tenu de la violation des règles et procédures de la transparence, d’une gouvernance démocratique, inclusive, participative et le manque d’information à la population et les correspondances adressées le 17 février 2020 aux représentants de l’Etat et aux différents maires qui sont toujours sans réponse, Reendo Bosséa exige les copies de délibération du projet pour chaque commune», indique le front multi-luttes Doyna qui, par ailleurs, demande à l’Etat de mettre fin aux agissements du promoteur Sylla et de ses acolytes dans le quartier de Terme Nord à Ouakam. Mieux, le Collectif réclame une extension du quartier sur l’assiette foncière de la zone aéroportuaire allant jusqu’au hangar des pèlerins.
AFFAIRES PCCI ET AFUB
D’emblée, le collectif dit prendre à témoin l’opinion publique face à ce qui apparaît comme un flagrant déni de justice. En effet, regrette le front, après deux ans de saga judiciaire, le collectifdes145 ex-employés de Pcci n’ont pas jusqu’à présent recouvré leurs 14 mois d’arriérés de salaire. Une situation, indique la note parvenue à notre rédaction, qui leur fait croire que le sort des 145 citoyens grugés de leur droit le plus élémentaire par les entreprises comme la Sonatel et Pcci n’interpelle pas l’Etat du Sénégal. En outre, les étudiants victimes d’escroquerie de Afup Canada ayant gagné leur procès, le front multi luttes Doyna demande que la décision de justice en leur faveur soit respectée par le paiement à chacun des 200 étudiants victimes de 1 million de FCFA de dommage et intérêts.
Par ailleurs, les travailleurs de la société ABS, dont les contrats sont toujours en cours, exigent que l’Etat du Sénégal, devenu propriétaire de ABS et de AHS depuis 2016 après jugement par la Crei, leur verse leurs 48 mois de salaires, leurs indemnités de licenciement et leur redéploiement dans d’autres secteurs d’activités.
SIX INDIVIDUS ARRETES APRES DES AFFRONTEMENTS AVEC LA POLICE A DIOURBEL
Les populations du quartier Keur Gou Mack, dans la commune de Diourbel, sont entrées dans une grosse colère mercredi soir et ont affronté la police venue maintenir l’ordre pour le dépistage de la famille d’un patient de 70 ans, mort de Covid-19.
Les populations du quartier Keur Gou Mack, dans la commune de Diourbel, sont entrées dans une grosse colère mercredi soir et ont affronté la police venue maintenir l’ordre pour le dépistage de la famille d’un patient de 70 ans, mort de Covid-19. Six parmi les manifestants ont été arrêtés et devront être présentés au procureur de la république, ce vendredi.
Il y a deux jours, le préfet de Diourbel déplorait la réticence de certaines populations qui ne croient pas du tout à l’existence de la Covid-19. Mais les derniers évènements enregistrés dans la nuit du mercredi 17 au jeudi 18 juin 2020 semblent conforter cette thèse du préfet. Sur les vingt-deux décès de Covid-19 enregistrés dans la région, deux ont été répertoriés dans la commune de Diourbel.
Justement ces deux patients habitent le quartier Keur Gou Mack où les éléments du commandant Ousmane Diop sont allés prêter main forte aux autorités pour le dépistage des membres de la famille de l’un des patients décédés et qui était âgé de soixante-dix ans. Seulement, les proches du défunt, qui ne voyaient pas les choses de cette manière, ont réservé un accueil mouvementé aux flics et aux personnels de santé. Lorsqu’ils sont arrivés sur les lieux, les limiers ont eu droit à des jets de pierres et autres projectiles de la part des riverains qui s’étaient passé le mot. Ce qui a déclenché de violents affrontements qui ont duré toute la nuit.
Toutefois, les éléments du commissariat central de Diourbel ont fini par avoir le dessus, et le calme est revenu sur les lieux au petit matin. Au finish, six parmi les jeunes du quartier ont été interpellés, arrêtés et placés en garde à vue. Hier, ces derniers ont été entendus et auditionnés. Et ce, malgré de nombreuses interventions de dignitaires religieux qui ont usé de tous les moyens pour étouffer l’affaire et faire libérer les jeunes. Ces derniers qui seront présentés au procureur près le tribunal de grande instance de Diourbel, ce vendredi, risquent d’être inculpés d’outrage à agents dans l’exercice de leurs fonctions, voie de fait et violence sur des agents de la force publique. Ils devraient faire l’objet de mandat de dépôt aujourd’hui, à moins que la pression exercée par les religieux pour les faire libérer ne finisse par payer.
ABDOULAYE DAOUDA DIALLO FAIT LE POINT DES DECAISSEMENTS
Selon le ministre des Finances et du Budget, le financement du Programme de résilience économique et sociale (PRES) connaît un niveau d’exécution d’un montant de 332,13 milliards par rapport aux dépenses décaissables qui s’élèvent à 526,3 milliards FCFA
Le ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, a organisé, hier, une rencontre avec le Conseil national du patronat (Cnp). Une occasion pour ses services de faire le point sur le niveau d’exécution financière du programme de résilience économique et sociale (Pres). A les en croire, le Pres connaît un niveau d’exécution de 332,13 milliards Fcfa.
En effet, à en croire les services du Ministère des Finances et du Budget, le financement du Programme de résilience économique et sociale (PRES) connaît un niveau d’exécution d’un montant de 332,13 milliards par rapport aux dépenses décaissables qui s’élèvent à 526,3 milliards FCFA. Soit un taux d’exécution de 63,1% à la date du 17 juin 2020. Les mêmes services indiquent hier, en marge de cette rencontre avec le Conseil national du patronat (CNP), que le montant Relatif aux «paiements dus aux fournisseurs de l’Etat» est estimé à 302 milliards FCFA.
Abdoulaye Daouda Diallo de souligner que ledit montant se répartit en 200 milliards FCFA d’obligations impayées au titre des années antérieures à 2019, d’engagements en cours d’un montant de 102 milliards FCFA. S’agissant des obligations impayées, le Ministre indique qu’un montant de 121,960 milliards FCFA a été payé, soit un taux d’exécution de 61%. «Le reliquat étant prévu dans la Loi des Finances Rectificative (LFR) pour l’année 2020, les dispositions sont prises pour son paiement conformément au chronogramme d’exécution technique et financière» , affirme-t-il. Quant aux 102 milliards FCFA inscrits dans le budget initial, il informe que les paiements sont de l’ordre de 81,6 milliards FCFA, soit un taux d’exécution de 80%.
Le ministre des Finances et du Budget M. Abdoulaye Daouda Diallo souligne par ailleurs, pour le volet fiscal, que tous les textes législatifs et réglementaires ont été pris. Et cela, selon lui, font l’objet de mise en œuvre, notamment la remise partielle de la dette fiscale des entreprises et personnes physiques, dit-il, dûment constatée et arrêtée à la date du 31 décembre 2019 pour un montant de 200 milliards de francs CFA. A cela s’ajoutent les 55 milliards F CFA d’impact budgétaire de renonciation et de report de paiement de divers impôts. D’autant plus, dira-t-il que «d’autres mesures fiscales sont dans le plan pour le remboursement des crédits de TVA dans des délais raccourcis pour remettre de la trésorerie aux entreprises». Il y a également, explique l’argentier de l’Etat, la déduction de leur futur résultat fiscal des dons effectués par les personnes et entreprises au Fonds FORCE-COVID-19. Il rassure à cet effet que plusieurs mesures ont été prises par l’Administration des Douanes pour soulager les entreprises. « C’est le cas notamment de l’admission en franchise des droits et taxes d’entrée à l’exclusion des prélèvements communautaires, l’étalement du délai de paiement de la TVA suspendue, la suspension du recouvrement de pénalités droits et taxes éludés et amendes, l’autorisation de mise à la consommation exceptionnelle au-delà du délai réglementaire sans paiement de l’intérêt de retard», explique en substance le ministre des Finances.
Avant d’affirmer qu’il n’existe aucune instance de paiement sur les dépenses liées à la COVID-19 du côté de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique, malgré, souligne-t-il, un contexte difficile pour la mobilisation des recettes».
Le ministre informe par ailleurs qu’un accord-cadre a été signé entre l’Etat et le secteur financier en mettant à leur disposition un montant de 200 milliards F CFA affectées dans le cadre d’un financement bancaire destiné aux entreprises. D’ailleurs, signale-t-il, ces lignes de crédit commencent à être utilisées. Et parallèlement à ce mécanisme, d’après lui, les clients de banques bénéficient de reports d’échéances de paiements pour un montant actuel de 135 milliards. «Une facilité, dira-t-il, qui permet aux entreprises de disposer de trésorerie.»