KEEMTAAN GI - «POUVOIR PASTEFIEN»
Comme on aime s’amuser avec les mots dans ce pays des paradoxes. On entend du tout et le verbe vole haut partout et dans tous les sens. Mais voilà que depuis quelque temps, on entend l’expression tant galvaudée d’un pouvoir Pastéfien. Il faut dire que ça ne sort que de la bouche de gens aigris et qui semblent avoir des comptes à régler avec les nouveaux princes du pays. Mais rassurez –vous. Ce n’est point pour les caresser, mais ouvrir le feu à la mitrailleuse sur ces vilains « aventuriers » que l’on accuse de tous les maux par tous les mots. A l’instar de ce vilain PM aux jambes arquées qui les regarde de haut et qui serait partout et nulle part. Il serait à l’origine des turpitudes de toutes ces personnes tortueuses en maille avec la Justice. Tout le mal du pays viendrait également de lui. Le pauvre! On en arrive même à oublier que le Président de ce charmant pays se nomme Faye. Un quidam d’une tortuosité démoniaque est mis aux arrêts. Sa douce et tendre moitié se fend d’un post rageur pour accuser la « gendarmerie de Sonko ». Il faut dire qu’elle n’a fait qu’emprunter la belle formule à un néo- opposant renvoyé sur les cordes depuis le 17 novembre et qui peine à se relever de cette suprême humiliation. Lui et tant d’autres hâbleurs de son acabit. Tout de même ! N’est-il pas venu le temps de faire une pause et se mettre au travail ? Surtout pour un pays qui revient de loin après avoir échappé à un cataclysme. Du pouvoir qui rend souvent si grisé, les nouveaux venus ne semblent pas encore être ivres. Ils restent conscients de l’immense tâche de construction. Ils gouvernent, la famille hors des cercles de décisions. Et c’est déjà ça aussi un signe de rupture. Nullement enivrés par l’exercice du pouvoir. Surtout sur ce que l’on sait du pouvoir qui est comme cette femme que l’on cherche à conquérir le cœur. Mais quelle femme ! Ni tout à fait la même. Ni tout à fait une autre. Elle est unique, lascive et d’une volupté changeante. Quand elle vous prend et vous fait découvrir des plaisirs jusque – là insoupçonnés, impossible de lâcher l’étreinte qui vous mène à chaque instant au septième ciel. Le Nirvana ! Et ça vous rend souvent si irascible. Souhaitons que le trio garde le cap et reste imperturbable face aux avalanches de critiques malvenues. Particulièrement celles venant de toutes ces personnes qui nous promettent la géhenne avec un pouvoir totalitaire. Pardon, pastefien ! En fait, c’est ce que la pudeur leur interdit de dire. Tant pis pour eux ! KACCOOR BI - LE TEMOIN
DIOMAYE LE SENEGAL ENGAGE UNE PHASE CRUCIALE DE SA GOUVERNANCE
Profitant de l’installation de la 15ème législature et du léger remaniement, le président de la République a indiqué hier en Conseil des ministres que l’’Etat engage une phase cruciale de la gouvernance du Sénégal. « Cette période de redressement et de reconstruction nationale, nécessite écoute, proximité, pragmatisme, efficacité, efficience, transparence et exemplarité dans la conduite de l’action publique, à la lumière des objectifs temporels de l’agenda national de Transformation à l’horizon 2050 » dira Bassirou Diomaye Faye. Le Président de la République a, dès lors, exhorté le Gouvernement à se concentrer sur l’essentiel, à rester un Gouvernement de solutions, de consensus et de résultats dans la prise en charge des besoins et aspirations des populations, notamment des jeunes, cibles prioritaires des programmes et projets publics.
UN LIVRE BLANC SUR THIAROYE 44
Le gouvernement compte présenter au plus tard en avril 2025 un livre blanc sur Thiaroye 44. L’information a été révélée hier par le Premier ministre. Le livre blanc qui sera présenté au chef de l’Etat sur le fruit du travail du Comité de commémoration du Massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1er décembre1944. Par ailleurs, le Chef de l’Etat est revenu sur les cérémonies marquant la commémoration du 80ème anniversaire du « Massacre de Thiaroye », qui ont connu un succès national et international exceptionnel. Il a adressé ses remerciements aux Chefs d’Etat et aux délégations étrangères ayant participé aux manifestations. Il a félicité le Premier Ministre et son Gouvernement, le Comité de commémoration dirigé par le Professeur Mamadou DIOUF et les membres dudit Comité, les Forces armées et toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont réalisé un travail remarquable. Ce qui a contribué à la réussite de l’organisation de cette première commémoration. Cet évènement douloureux nous rappelle une exigence de restauration de la vérité historique sur les faits désormais consacrés par le terme consensuel : « Massacre de Thiaroye ». Pour vivifier la mémoire de ces vaillants tirailleurs africains, il a rappelé au Gouvernement, sa décision d’instituer dans le calendrier républicain, la date du 1er décembre de chaque année, journée de commémoration du « Massacre des Tirailleurs de Thiaroye 44 ». Dans le même esprit, il a demandé au Premier Ministre et au Ministre des Forces armées de proposer un cadre réglementaire relatif au Musée-Mémoire-Cimetière de Thiaroye. Il a également invité le Gouvernement à renforcer le rôle du Comité de commémoration dans ses missions de recherche et de vulgarisation scolaire et universitaire de la mémoire collective sur cette séquence majeure de l’histoire du continent.
AGENDA 2050 DE TRANSFORMATION SYSTEMIQUE
Lors du Conseil des ministres de ce mardi 03 décembre 2024, le Premier Ministre a remercié le Président de la République pour sa confiance renouvelée à son endroit et aux membres du Gouvernement. Ce qui constitue un témoignage éloquent de la qualité du travail réalisé, sous ses orientations, durant ces huit premiers mois de son magistère. Il a souhaité plein succès au nouveau Ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions. Après avoir relevé l’impérieuse nécessité pour le Gouvernement d’être en permanence guidé par la culture de la gestion axée sur les résultats, le Premier Ministre a appelé les Ministres et Secrétaires d’Etat à prendre en charge les défis immenses attachés à la mise en œuvre de l’Agenda 2050 de transformation systémique du Sénégal.
ACCUSE D’ESCROQUERIE : BIRIMA MANGARA REPART LIBRE DE SON AUDITION
Le nouveau député Birima Mangara accusé d’escroquerie par son mandataire Mohamed Diallo pour une affaire de terrain est reparti libre de son audition hier au niveau de la Brigade de Recherches de Faidherbe. Assisté de son avocat, il a battu en brèche les accusations de l’auteur de la plainte déposée contre lui. «J’ai financé personnellement ma campagne électorale. Je n’ai pas mis en gage mon terrain auprès de Mohamed Diallo» selon Seneweb. Après avoir nié les accusations de son mandataire, Birima Mangara a brandi ses «preuves». « Le terrain m’appartient, mais j’avais demandé à Mohamed Diallo de le vendre», a-t-il expliqué. Après son face-à-face avec les enquêteurs, M. Mangara est ressorti libre. Dans la foulée, il a tenu à briser le silence et surtout à dire qu’il ne se réfugie pas derrière son immunité parlementaire pour ne pas répondre à la justice. « Chers compatriotes. À la date d’aujourd’hui, 03 décembre 2024, j’ai répondu à la convocation servie par la Brigade de recherches de Faidherbe, suite à une plainte contre ma personne, pour ainsi marquer ma foi en la justice de notre pays et le respect dû à ce service. Je ne suis nullement tenté de me réfugier derrière une immunité parlementaire » dira le nouveau député élu sur la liste de la coalition Kiraay Ak Natangué. « Mon sentiment est de contribuer à l’éclatement de la vérité et mon honneur et celui des miens ne sauraient être ternis. Par ailleurs, j’attire l’attention de l’opinion que les réponses fournies aux enquêteurs resteront, pour ma part, sous le sceau du strict secret. Le reste n’est que manipulation et diversion » dira l’ancien ministre du Budget.
BRAS DE FER MINISTERE ET CEDEPS LE SYNPICS APPELLE A LA SERENITE
Le Syndicat Professionnels Information Communication du Sénégal (Synpics) a appelé hier à la sérénité sur ce qui tend vers un dialogue de sourds entre le ministère de la Communication et le CEDEPS suite à la sortie du ministre de la communication qui a publié ce mardi, la liste provisoire des médias reconnus par l’Etat. Après le CEDEPS, qui a tenu une conférence de presse en réplique à la décision du ministre, le Syndicat Professionnels Information Communication du Sénégal (Sympics) annonce via une note qu’il se prononcera dans les jours à venir sur la situation. « Soucieux du respect des droits des travailleurs des médias, et des principes légaux en cours dans notre pays, le Sénégal, le Synpics - Syndicat Professionnels Information Communication Sénégal, après analyse par ses conseils juridiques, se prononcera sur la situation actuelle des médias au Sénégal. En attendant le Syndicat en appel à la sérénité des acteurs et au sens élevé des responsabilités des uns et des autres », lit-on sur la note.
GUINEE : L’EX-PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE AMADOU DAMARO CAMARA CONDAMNE A 4 ANS DE PRISON
Amadou Damaro Camara, l’ex-président de l’Assemblée nationale sous Alpha Condé a été reconnu coupable de détournement de deniers publics et de corruption par la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Il écope de 4 ans de prison ferme et d’une amende de 5 milliards de francs guinéens. Dans cette affaire impliquant Amadou Damaro Camara et cinq autres personnes le procureur près la Cour de répression des infractions économiques et financières Aly Touré est satisfait du verdict rendu après plusieurs mois de procédure : « C’est un sentiment de satisfaction pour le ministère public au niveau de la Crief par ce que simplement, nous avons estimé que les éléments que nous avons développés devant la cour étaient des faits qui sont vraiment en rapport avec nos textes le détournement de deniers public est avéré et le fait de corruption également est avéré. Nous avons demandé cinq et la cour a compressé et a ramené à 4 ans d’emprisonnement. C’est tout au moins un sentiment de satisfaction et ça renvoie clairement aux objectifs de la Crief qui dit que tout agent public qui blague avec les biens de l’état doit dans les conditions normales répondre de ces faits et payer de sa forfaiture ». Satisfaction d’un côté, frustration de l’autre. Me Lancéi Doumbouya, avocat d’Amadou Damaro Camara est mécontent. « Le fait que la cour ait retenu le président Amadou Damaro Camara dans les liens de la prévention des délits de détournement de deniers publics et corruption. En réalité, il n’y a aucun élément sur la base desquels on pouvait retenir Amadou Damaro Camara pour des faits de détournements et de corruption ». Si Amadou Damaro Camara a écopé de quatre ans de prison ferme, l’État doit restituer certains biens qui lui ont été confisqués. Les débats vont certainement reprendre en cour d’appel, promet l’un des avocats de la défense. Dans ce même procès, Michel Kamano, ancien trésorier du Parlement, absent du pays et jugé par contumace, a écopé de cinq ans de prison et au paiement d’une amende 4 milliards de francs guinéens. Un mandat d’arrêt a également été décerné contre lui.
par Jean Pierre Corréa
MA CHÈRE JEANNINE, DOUCE ANCRE DE MA SAINT-LOUISIANITE
Nous sommes tous là… Luttant avec la douleur de t’avoir perdue. Et pour mieux la surmonter, nous n’aurons qu’à nous souvenir de ton rire, de ta bonne humeur, de ta bonté et de ton éternel optimisme. Nous serons tous là ce mercredi pour te dire adieu
Ta disparition nous rappelle comme une évidence que nous sommes finalement bien peu de choses et qu’il faut profiter de chaque seconde, de chaque minute ici-bas…
Tout le monde est là. D’abord tes filles, sorties de plus loin que de tes entrailles, du fond de ton cœur qui ne battait que pour Jaja, Clo et Maïthé, mais aussi Ambou. Cathy et Loulou, inconsolables cousines te chargent d’aller pour elles, dire un énorme et tendre « MERCI » à tata Louise, figure tutélaire et digne maréchale des sœurs Carrère, pour l’aristocratique et juste manière avec laquelle elle a mené tout notre clan, exigeant de nous tous, tout cet amour qui s’est sédimenté au point de rendre nos liens indestructibles.
Nous serons tous là ce mercredi pour te dire adieu et te rendre un dernier hommage. Tu laisses un vide immense derrière toi. Toi, qui savais faire beaucoup avec si peu, toi qui savais cultiver l’amour et l’amitié… tu rendais ces moments rares… Ils se bousculent, émerveillant la mélancolie qui m’habite depuis Samedi soir, et convoquant ces traces, plus que des souvenirs, qui à tes côtés ont gravé dans mon âme cette indéfectible Saint-Louisianité. Comment les oublier ?
Quand je pense à maman, ta tante Toto, qui croyait dompter mes turbulences d’adolescent en m’envoyant, comme en maison de redressement, faire ma première et ma terminale chez tata Louise, alors qu’elle m’a permis de vivre mes plus belles et douces années, vivant comme un coq en pâte, entouré de tes attentions et de ta fierté de me voir devenir le gardien de but de ton équipe de football, La Linguère de Saint-Louis, et empli du sentiment qu’il ne pouvait m’arriver que du bonheur chez tata Louise, dans ce cocon d’amour posé au bord du Fleuve Sénégal.
Nous sommes tous là… Luttant avec la douleur de t’avoir perdue.
Et pour mieux la surmonter, nous n’aurons qu’à nous souvenir de ton rire, de ta bonne humeur, de ta bonté et de ton éternel optimisme.
Ta mémoire sera toujours gravée dans nos cœurs.
Repose en paix, Jeannine…
Thiampou Gnagna.
par Samba Gadjigo
SEMBÈNE ET THIAROYE : QUAND LA CAMÉRA EXPLORE L'HISTOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Grâce à des œuvres comme celle de Sembène, l’histoire coloniale, souvent racontée à sens unique, trouve une pluralité de voix. il fut un éclaireur, un gardien d’une mémoire que d’autres voulaient tout simplement annihiler
Il est des hommes dont la vie s’érige en pont entre l’oubli et la mémoire, entre le silence imposé et les vérités proclamées. Ousmane Sembène est de ceux-là. Soldat de deuxième classe de 1944 à 1946, puis artiste en révolte permanente jusqu’à sa mort en 2007, il fut le témoin d’un siècle blessé par le colonialisme. Avec sa caméra comme arme et son imagination comme boussole, il a révélé les plaies béantes de l’histoire, parmi lesquelles celle du massacre de Thiaroye, le 1er décembre 1944.
Thiaroye demeure une cicatrice vive, un cri étouffé que Sembène a refusé de laisser disparaître. Ce lieu, où les tambours de la mort résonnèrent au rythme des mitrailleuses coloniales, incarne la trahison de ses valeurs supposées par un système de domination. Les tirailleurs sénégalais, de retour en Afrique après avoir survécu aux horreurs des camps allemands, espéraient pouvoir prétendre à un minimum de reconnaissance. Ils furent pourtant fauchés pour avoir réclamé leurs soldes et leur dignité. Le colonialisme tue deux fois : une première fois par la violence, une seconde fois par l'effacement des mémoires. Ousmane Sembène, en soldat devenu le vigile spirituel de ses camarades de combat, refusa cette double condamnation.
Il importe aujourd'hui plus que jamais de rappeler son parcours.
En février 1944, jeune maçon et apprenti-mécanicien, il rejoint le camp des Mamelles à Dakar en tant que soldat. Avec Djibril Mbengue et Omar Samb, il intègre la classe de 1944, un an plus tard que prévu. Pendant trois mois, il reçoit une instruction militaire, avant d’être affecté au Niger, dans la Troisième Compagnie de Transport, à l’annexe Artillerie. Là, pendant deux années d’un labeur harassant, il traverse l’enfer du désert : les convois interminables pour le ravitaillement des troupes d’Afrique du Nord, la chaleur accablante, la mort omniprésente signalée par le vol des charognards. Ces années de privations et de souffrances le marquèrent à jamais, façonnant en lui une conscience aiguë de l’injustice et du devoir de dire.
Rentré à Dakar en 1946, Sembène n’obtient même pas le certificat de bonne conduite. La même année, il s’embarque clandestinement pour Marseille, où il devient docker au Vieux-Port. C’est dans les bibliothèques du Parti communiste qu’il découvre la littérature, “comme un aveugle découvre la lumière”. Cette découverte le transforme et il publie Le Docker noir en 1956. Mais bientôt, il troque la plume pour la caméra, le cinéma étant à ses yeux plus accessible à son peuple que la littérature.
Avec Camp de Thiaroye (1988), réalisé avec Thierno Faty Sow, il laisse éclater sa révolte, racontant l’histoire des tirailleurs sénégalais revenus d'Europe brisés, mais dignes. Leur révolte légitime face au refus des autorités françaises de payer leurs droits se termine dans un bain de sang, mettant à nu les contradictions d’un système colonial qui exige loyauté et sacrifices tout en niant l’humanité de ceux qu’il exploite. Pendant le tournage, Sembène et son équipe font face aux intimidations : des avions de surveillance français survolent son plateau et son film sera interdit en France pendant dix ans (1988-1998). Mais il persévère et transforme cette œuvre en un monument mémoriel, empêchant ainsi Thiaroye de sombrer dans l’oubli.
Avant Camp de Thiaroye, Sembène avait déjà marqué les esprits avec Émitai (1971), une fresque dédiée aux résistances africaines. Ce film, situé en Casamance en 1940, retrace les conscriptions forcées imposées aux paysans pour servir une guerre qui n’était pas la leur. Il ressuscite la figure d’Aline Sitoé Diatta, héroïne du soulèvement des siens contre l’arbitraire colonial. Avec Émitai, il amorce son combat cinématographique : révéler les non-dits, célébrer les luttes et redonner une voix à ceux que le colonialisme a tenté de réduire au silence.
Ousmane Sembène n’a jamais été seul dans ce combat. Des poètes comme Léopold Sédar Senghor, dans son poème Thiaroye, ont pleuré les âmes des tirailleurs. Keïta Fodéba, dans Aube africaine, dénonçait l’injustice coloniale tout comme, dans les années soixante-dix, Boubacar Boris Diop, dans Thiaroye, Terre rouge. De leur côté, des historiens tels que Mbaye Guèye et Cheikh Faty Faye, confrontés au silence des archives coloniales, ont eu à cœur de reconstituer patiemment les faits, pour briser l’omerta de l’histoire officielle. De jeunes musiciens les ont rejoints pour former en leur compagnie un chœur puissant contre l’oubli.
L’art est une mémoire vivante. Il interroge, dérange et éclaire les zones d’ombre. Grâce à des œuvres comme celle de Sembène, l’histoire coloniale, souvent racontée à sens unique, trouve une pluralité de voix. Le cinéma et la littérature deviennent des outils de réappropriation, permettant aux peuples africains de se réconcilier avec leur passé.
Sembène disait que l’artiste est le témoin de son époque. Il fut bien plus qu’un témoin : il fut un éclaireur, un bâtisseur de ponts entre les générations, un gardien d’une mémoire que d’autres voulaient tout simplement annihiler.
La commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye va au-delà du simple hommage. Elle incarne une volonté politique forte, celle de rendre justice aux victimes et de célébrer le travail des artistes, écrivains et historiens qui ont refusé de se taire. Elle est un appel à regarder le passé en face, à en tirer les leçons, pour bâtir un avenir plus juste et plus humain.
Au-delà de Sembène, soldat, artiste et militant, cette commémoration est un acte de reconnaissance envers tous ceux qui pendant des décennies ont puissamment fait retentir les voix des oubliés. Elle est dédiée à ces panafricains qui nous ont appris que la mémoire est un combat, un flambeau à transmettre pour que jamais le mensonge n'impose le silence à la simple vérité historique.
PLANIFICATION FAMILIALE, 433 000 NOUVELLES UTILISATRICES ENREGISTRÉES ENTRE 2023 ET 2024
La 13e Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou (RAPO) qui a débuté ce 3 décembre à Dakar, met en lumière les avancées et défis en matière de planification familiale en Afrique de l’Ouest.
La 13e Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou (RAPO) a débuté ce mardi 3 décembre 2024 à Dakar, réunissant plus d'une centaine de participants, en présentiel et en format hybride. Cet événement vise à évaluer les progrès accomplis en matière de planification familiale, partager des expériences et renforcer la coopération régionale pour atteindre les objectifs ambitieux fixés à l'horizon 2030.
Le Partenariat de Ouagadougou, lancé en 2011, regroupe neuf pays francophones d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo) engagés à accroître l’accès aux services de planification familiale. En Afrique de l’ouest, 225 femmes meurent tous les jours en donnant la vie, selon la RAPO. Ces taux de morbidité et de mortalité entraînent dans la sous-région près de 5 milliards de dollars de perte de productivité, renseigne la même source.
Face aux défis de mortalité maternelle et infantile élevée, de prévalence contraceptive faible et de financement insuffisant, l’initiative de la RAPO agit comme un catalyseur pour sauver des vies et promouvoir un développement durable.
Des progrès salués et des défis persistants
Marie Ba, directrice de l’Unité de Coordination du Partenariat, a présenté les chiffres sur l’évolution du Taux de Prévalence Contraceptive Moderne (TPCM). Celui-ci a progressé de manière constante entre 2011 et 2024, avec une augmentation moyenne de 0,6 point par an, atteignant 19,5 % en 2024. Cette évolution reflète les efforts déployés pour élargir l’accès aux méthodes contraceptives modernes, bien que des disparités subsistent entre les pays membres.
Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire comptent le plus grand nombre d’utilisatrices, tandis que le Burkina Faso et le Togo affichent les taux les plus élevés. Cependant, certains pays comme le Niger stagnent, tandis que des avancées plus marquées ont été enregistrées au Burkina Faso, avec une progression d’un point par an.
En termes d’objectifs, la Guinée, le Mali et le Burkina Faso ont dépassé leurs cibles pour 2024, atteignant des taux supérieurs à 120 %. À l’inverse, des retards ont été observés au Bénin, en Mauritanie et au Sénégal, où des lacunes dans le suivi des plans d’action budgétisés ont été identifiées comme obstacles majeurs. La Côte d’Ivoire et le Togo se rapprochent de leurs objectifs avec plus de 90 % de réalisation, explique Marie Ba.
Un défi à l’horizon 2030
Avec l’ambition d’atteindre 13 millions d’utilisatrices de méthodes contraceptives modernes d’ici 2030, les projections actuelles indiquent que 10,2 millions pourraient être atteintes, laissant un écart de près de 3 millions d’utilisatrices. Entre 2023 et 2024, environ 433 000 nouvelles utilisatrices ont été ajoutées, une progression qui, bien qu’encourageante, demeure insuffisante pour atteindre la cible fixée.
En parallèle, d’autres avancées notables ont été enregistrées. Les besoins non satisfaits en contraception ont lentement diminué, passant de 24 % en 2011 à 18 % en 2024, tandis que la demande satisfaite avec des méthodes modernes dépasse désormais les 50 %.
Pour Marie Ba, il est essentiel de maintenir le cap en renforçant les mécanismes de suivi et en mutualisant les ressources. "Nous souhaitons que le financement domestique, qui reflète la souveraineté des pays dans le financement de la planification familiale, puisse augmenter. Il s'agit de financer les contraceptifs et les produits contraceptifs, C'est un point clé que les participants ont souligné lors de la réunion : investir dans la communication pour le changement de comportement afin que les femmes soient informées de la disponibilité des services de planification familiale et de leurs avantages", a plaidé la directrice de l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou.
Cette 13e RAPO qui se tient sur 3 jours à Dakar (du 3 au 5 décembre 2024) marque une étape décisive pour consolider les acquis et redéfinir les stratégies nécessaires. Pour Perri Sutton de la Fondation Bill & Melinda Gates et Dr Fadima Kaba, directrice de la santé familiale et de la nutrition en Guinée, la collaboration régionale, soutenue par un financement accru et une volonté politique renforcée, reste la clé pour relever les défis et réaliser la vision d’une Afrique de l’ouest où chaque femme peut accéder à des services de planification familiale de qualité.
SONKO ÉVOQUE SA DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE DEVANT L’ASSEMBLÉE
Le Premier ministre a annoncé en Conseil des ministres sa volonté de présenter sa DPG devant la nouvelle Assemblée nationale dans les plus brefs délais.
iGFM - (Dakar) Ousmane Sonko veut à présent faire sa déclaration de politique générale. Le premier ministre en a fait l’annonce en conseil des ministres ce mardi.
Le Premier ministre a demandé au ministre Secrétaire général du gouvernement, de coordonner les travaux de finalisation de sa Déclaration de Politique générale. C'est ce que rapporte le communiqué du Conseil des ministres. Ousmane Sonko compte «effectuer la Déclaration de politique générales dans les plus brefs délais devant la nouvelle Assemblée nationale», informe le texte.
Par ailleurs, le Premier ministre a exhorté les ministres à engager l’année budgétaire 2025, en accordant une priorité aux dossiers les plus urgents. À cet effet, chaque ministère est instruit d’élaborer un plan d’actions pour le premier semestre 2025, renseigne le communiqué du Conseil des ministres.
BIDEN EN ANGOLA POUR RÉAFFIRMER LES AMBITIONS AMÉRICAINES EN AFRIQUE
"Nous ne demandons pas aux pays de choisir entre les Etats-Unis et la Chine ou la Russie. Nous cherchons simplement des projets d'investissements fiables", a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Le président américain Joe Biden a rencontré son homologue angolais Joao Lourenço mardi, au début d'une visite de deux jours dans ce pays d'Afrique australe, axée sur un grand projet d'infrastructure visant à affirmer les ambitions de Washington face à la Chine sur le continent.
M. Biden, qui cédera le pouvoir le 20 janvier à Donald Trump, est arrivé lundi soir dans ce pays lusophone riche en pétrole et devait discuter commerce, et investissements, sécurité et stabilité, ainsi que du renforcement de la coopération entre les deux pays.
Pour raisons de sécurité, deux jours fériés ont été décrétés. Au passage du convoi américain dans les rues vides de Luanda, encadrées de policiers et de soldats, nombre de riverains étaient perchés à leurs fenêtres et balcons pour saluer cette visite historique, la première d'un chef d'Etat américain dans le pays.
En fin de journée, Joe Biden prononcera aussi un discours au Musée national de l'esclavage, en banlieue de la capitale de l'ancienne colonie portugaise, qui borde l'Atlantique. Au XIXe siècle, l'Angola a fourni un grand nombre d'esclaves dans la traite en direction des Amériques.
Les États-Unis ont déclaré dans un communiqué qu'ils allaient verser plus de 200.000 dollars pour soutenir la restauration et la conservation du bâtiment, autrefois propriété d'un marchand d'esclaves. Lundi soir, Joe Biden a brièvement rencontré Wanda Tucker, descendante du premier enfant esclave né aux Etats-Unis, dont les parents, transportés en Virginie en 1619, étaient originaires d'Angola.
Voie ferrée ambitieuse
Mercredi, Joe Biden ira à Lobito, ville portuaire à quelque 500 km au sud de Luanda, pour vanter l'investissement emblématique de sa présidence en Afrique, le "couloir de Lobito". Il y rencontrera les dirigeants des pays concernés par ce projet, à savoir, outre l'Angola, la République démocratique du Congo, la Zambie et la Tanzanie, selon la Maison Blanche.
Le gigantesque projet de voie ferrée est destiné à acheminer vers le port de Lobito des matières premières stratégiques telles que le cuivre et le cobalt. Ce chantier est "une vraie révolution pour l'engagement des Etats-Unis en Afrique", a assuré auprès de la presse John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. "Nous avons l'espoir fervent que la future équipe (...) comprendra comment cela contribuera à plus de sécurité, de prospérité et de stabilité économique pour le continent", a-t-il ajouté.
Le "couloir de Lobito", soutenu aussi par l'Union européenne, est conçu comme une vitrine des ambitions américaines en Afrique, un continent relativement négligé ces dernières années par la première puissance mondiale, alors que la Chine y investit très lourdement.
"Nous ne demandons pas aux pays de choisir entre les Etats-Unis et la Chine ou la Russie. Nous cherchons simplement des projets d'investissements fiables" pour le continent, "parce que trop de pays se sont fiés à des investissements irréguliers, et se retrouvent désormais ravagés par les dettes", a-t-il ajouté, dans une allusion transparente à Pékin.
L'Angola est endetté à hauteur de 17 milliards de dollars auprès de la Chine, soit 40% du total de sa dette. Joe Biden avait promis en 2022 de se rendre en Afrique. Il s'est rendu en Egypte cette année-là pour participer à une conférence de l'ONU sur le climat, mais n'avait pas encore tenu sa promesse d'une visite officielle seulement consacrée aux relations entre l'Amérique et les pays africains.
Son voyage est le premier du genre d'un président américain sur le continent depuis 2015. Il intervient toutefois à un moment où Joe Biden n'a plus guère de poids politique. Surtout, il risque d'être en partie éclipsé par la grâce présidentielle étendue tout juste accordée par le démocrate de 82 ans à son fils Hunter.
Il s'agit d'une volte-face fracassante pour le président sortant, qui jusqu'ici avait assuré qu'il laisserait la justice suivre son cours concernant son cadet, cible privilégiée de ses adversaires trumpistes, qui attendait de connaître sa peine dans des affaires de détention illégale d'arme à feu et de fraude fiscale.
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MARDI 3 DÉCEMBRE 2024
Le Président de la République a exhorté le gouvernement à se concentrer sur l’essentiel, à rester un gouvernement de solutions, de consensus et de résultats dans la prise en charge des besoins et aspirations des populations.
Dakar, 3 déc (APS) – Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mardi 03 décembre 2024, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a adressé ses chaleureuses félicitations à l’ensemble des députés de la 15ème législature installée le lundi 02 décembre 2024. Il a félicité particulièrement le nouveau Président de l’Assemblée nationale, Monsieur Malick NDIAYE, Ministre sortant des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, et les autres membres du Bureau de l’institution parlementaire. Il a demandé au Premier Ministre et aux membres du Gouvernement de travailler en étroite relation avec l’Assemblée nationale pour renforcer le rayonnement de la démocratie sénégalaise, mais également le dialogue entre les institutions, indispensable à la mise en œuvre optimale des politiques publiques.
A la suite du réaménagement du Gouvernement, le Chef de l’Etat a félicité le Premier Ministre, Monsieur Ousmane SONKO, qui continue sa mission de Chef du Gouvernement, Monsieur Abass FALL, nouveau Ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions et Monsieur Yankhoba DIEME, nouveau Ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, et tous les Ministres et Secrétaires d’Etat confirmés à leurs postes.
L’Etat engage une phase cruciale de la gouvernance du Sénégal. Cette période de redressement et de reconstruction nationale, nécessite écoute, proximité, pragmatisme, efficacité, efficience, transparence et exemplarité dans la conduite de l’action publique, à la lumière des objectifs temporels de l’agenda national de Transformation à l’horizon 2050. Le Président de la République a, dès lors, exhorté le Gouvernement à se concentrer sur l’essentiel, à rester un Gouvernement de solutions, de consensus et de résultats dans la prise en charge des besoins et aspirations des populations, notamment des jeunes, cibles prioritaires des programmes et projets publics.
Le Chef de l’Etat est revenu sur les cérémonies marquant la commémoration du 80ème anniversaire du « Massacre de Thiaroye », qui ont connu un succès national et international exceptionnel. Il a adressé ses remerciements aux Chefs d’Etat et aux délégations étrangères ayant participé aux manifestations. Il a félicité le Premier Ministre et son Gouvernement, le Comité de commémoration dirigé par le Professeur Mamadou DIOUF et les membres dudit Comité, les Forces armées et toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont réalisé un travail remarquable. Ce qui a contribué à la réussite de l’organisation de cette première commémoration. Cet évènement douloureux nous rappelle une exigence de restauration de la vérité historique sur les faits désormais consacrés par le terme consensuel : « Massacre de Thiaroye ». Pour vivifier la mémoire de ces vaillants tirailleurs africains, il a rappelé au Gouvernement, sa décision d’instituer dans le calendrier républicain, la date du 1er décembre de chaque année, journée de commémoration du « Massacre des Tirailleurs de Thiaroye 44 ».
Dans le même esprit, il a demandé au Premier Ministre et au Ministre des Forces armées de proposer un cadre réglementaire relatif au Musée-Mémoire-Cimetière de Thiaroye. Il a également invité le Gouvernement à renforcer le rôle du Comité de commémoration dans ses missions de recherche et de vulgarisation scolaire et universitaire de la mémoire collective sur cette séquence majeure de l’histoire du continent.
Revenant sur le bilan et les perspectives de la journée nationale des « Daara », le Président de la République a félicité le Ministre de l’Education nationale, les Chefs religieux et la communauté des « daara » dans toutes ses composantes pour la parfaite organisation et le succès de la troisième édition de la journée nationale des « Daara ». Il a demandé au Ministre de l’Education nationale et à toutes les parties prenantes de préparer la tenue prochaine des Assises nationales sur les « daara » afin de mettre en œuvre à partir de 2025 une nouvelle feuille de route consensuelle pour asseoir le développement, sur tous les plans, des « daara » au Sénégal.
Abordant la question de l’application intégrale du Code pastoral et de la relance de l’élevage, le Chef de l’Etat a demandé au Premier Ministre et au Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage de relancer l’organisation de la Journée nationale de l’Elevage. Cette manifestation nationale de référence, doit demeurer un moment de concertation et de dialogue privilégié entre l’Etat et les acteurs de l’Elevage, mais également une instance inclusive d’évaluation et d’accélération de la transformation du sous-secteur. Il a invité le Ministre en charge de l’Elevage, en relation avec le Ministre des Finances et du Budget, de relancer le financement du sous-secteur de l’Elevage avec un renforcement significatif des ressources et des mécanismes opératoires du Fonds de Stabulation (FONSTAB).
Enfin, le Président de la République a évoqué la visite de travail qu’effectue au Sénégal le Président de la République gabonaise, le Général de Brigade Brice Oligui NGUEMA, accompagné d’une forte délégation ministérielle. Plusieurs axes pour le renforcement de la coopération et des partenariats entre nos deux pays ont été particulièrement retenus (éducation, formation, sécurité et défense, développement du secteur privé etc). Il a demandé au Ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères d’assurer la coordination de ces dossiers prioritaires avec les Ministres concernés.
A l’entame de sa communication, le Premier Ministre a remercié Monsieur le Président de la République pour sa confiance renouvelée à son endroit et aux membres du Gouvernement. Ce qui constitue un témoignage éloquent de la qualité du travail réalisé, sous ses orientations, durant ces huit premiers mois de son magistère. Il a souhaité plein succès au nouveau Ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions.
Après avoir relevé l’impérieuse nécessité pour le Gouvernement d’être en permanence guidé par la culture de la gestion axée sur les résultats, le Premier Ministre a appelé les Ministres et Secrétaires d’Etat à prendre en charge les défis immenses attachés à la mise en œuvre de l’Agenda 2050 de transformation systémique du Sénégal. Dans ce cadre, le Premier Ministre a demandé au Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, de coordonner les travaux de finalisation de sa Déclaration de Politique générale qu’il compte effectuer dans les plus brefs délais devant la nouvelle Assemblée nationale. Par ailleurs, le Premier Ministre a exhorté les Ministres à engager l’année budgétaire 2025, en accordant une priorité aux dossiers les plus urgents. À cet effet, chaque ministère est instruit d’élaborer un plan d’actions pour le premier semestre 2025. Dans ce sillage, le Premier Ministre a rappelé aux membres du Gouvernement l’importance à accorder à une parfaite planification des grandes échéances du programme de travail de leurs départements ministériels respectifs. Il a également demandé à faire l’évaluation des ressources humaines disponibles comparativement aux cibles de performances de leurs ministères.
Enfin, le Premier Ministre a informé le Conseil du plan de travail, d’ici au mois d’avril 2025, du Comité de commémoration du Massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1er décembre 1944. Ce qui coïncidera avec la présentation à Monsieur le Président de la République d’un livre blanc. Dans ce processus, le Premier Ministre a souligné l’importance capitale que constitue la réalisation de travaux de vérification, par des outils technologiques appropriés, des lieux d’inhumation déclarés ou présumés sur la base des recherches et des témoignages recueillis.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES,
Le Conseil a examiné et adopté :
Le Projet de Loi de Finances rectificative 2024 ;
Le Projet de Loi de Finances initiale 2025.
Le Ministre de la Formation Professionnelle, Porte-Parole du Gouvernement
Amadou Moustapha Njekk SARRE
LE FONDS D’APPUI ET DE DÉVELOPPEMENT DE LA PRESSE PASSE DE 1,9 À 4 MILLIARDS DE FCFA
Cette mesure s’inscrit dans une volonté de restructurer le secteur des médias, d’assainir son fonctionnement et de renforcer le financement des entreprises de presse pour lutter contre la précarité des journalistes.
Le Fonds d’appui et de développement de la Presse (FADP) va passer de 1,9 milliards de FCFA par an à 4 milliards de FCFA, selon le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Aliou Sall. Il a donné l’information mardi, lors de la publication officielle de la liste des médias reconnus par l’Etat du Sénégal.
Le gouvernement à travers le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, à marqué des pas importants concernant la redevance fiscale que devait certaines entreprises de presse à l’Etat. « Pour ce qui est de la création du Fonds de développement audiovisuel, avant, il y avait 1,9 milliard de FCFA destiné au Fonds d’appui et de développement de la Presse (FADP). Ce fonds est insignifiant et ne peut pas permettre à un secteur aussi stratégique que la presse de développer ses projets. De ce fait, depuis 3 mois, nous avons négocié avec les services des Finances et les redevances recouvrées soient reversées dans ce fonds. Aujourd’hui, on peut même l’annoncer, pour les 4 milliards qui ont été recouvrés, 2 milliards alloués à ce fonds. Ce montant sera additionné à la somme habituelle, à savoir 1,9 milliard et nous aurons 4 milliards de FADP et cela n’est que le début », a déclaré le ministre Aliou Sall.
Au fait, souligne-t-il, si les acteurs et le gouvernement arrivent à faire de sorte que le secteur soit restructuré, qu’ils puissent attribuer les marchés de façon équitable entre les organes reconnus par l’État, ils auront la possibilité ensemble de détecter toutes les niches du secteur des médias pour recouvrir énormément de ressources qui pourront permettre de gérer les problèmes de financement des entreprises de presse, etc. Et surtout cette problématique de précarité à la presse fait face, notamment, les jeunes reporters.
« Ce sont des gens qui sont là, qui accompagnent les services de l’Etat et il est tout à fait normal comme cela se fait dans les pays développés que le journaliste sénégalais puisse vivre de son métier. C’est pourquoi, nous avons insisté pour que ces ressources puissent être reversés dans le secteur. Cependant pour y arriver, il faut que le secteur soit assaini », a témoigné le ministre en charge de la Communication.
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
UNE FAILLE DE SÉCURITÉ DANS LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un président par intérim avoué, un dauphin Premier ministre et une majorité écrasante : le Sénégal de 2024 rappelle 1981, quand Senghor transmit le pouvoir à Diouf de façon monarchique
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 03/12/2024
L’article 35 alinéa 2 de l’ancienne loi constitutionnelle no 76-27 du 6 avril 1976 de la République du Sénégal disposait :
“En cas de démission ou de décès du président de la République ou lorsque l'empêchement est déclaré définitif par la Cour Suprême, le Premier ministre exerce les fonctions de président de la République jusqu'à l'expiration normale du mandat en cours. Il nomme un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement dans les conditions fixées à l'article 43”.
C’est cette fameuse loi constitutionnelle qui avait valu au Sénégal la transmission du pouvoir d'un président de la République à un autre, sans le passage obligé par la sacro-sainte élection présidentielle. Ainsi, le 1er janvier 1981, sur la simple volonté du président Senghor, qui avait démissionné la veille, Abdou Diouf devenait le nouveau président de la République du Sénégal pour le reste d’un mandat qui allait jusqu’en 1983.
Cette transmission du pouvoir, peu démocratique, s’était pourtant déroulée de manière pacifique, dans un climat social apaisé et n’avait fait l’objet d’aucune contestation populaire. Il faut dire que la perspective de voir un président, qui sentait le vent de l’impopularité commencer à lui souffler doucement dans le dos, partir de lui-même était suffisamment satisfaisante pour que le geste fût plutôt salué par les populations. A cela, il faut ajouter le fait que nous étions dans un contexte où les bouillantes et très actives organisations politiques et celles de la société civile n’avaient pas la force de mobilisation et l’influence qu’elles ont de nos jours.
On peut cependant noter quelques similitudes, avec le contexte actuel, qui questionnent sur la stabilité institutionnelle de notre système démocratique. Cette dévolution quasi-monarchique du pouvoir avait, en effet, été rendue possible grâce à une révision, quatre ans auparavant, de la Constitution de 1963, qui modifiait les règles de suppléance à la tête de l’Etat. Cette réforme majeure avait été simplement décidée par le président Senghor - après s’être choisi un dauphin - et votée par une Assemblée totalement contrôlée par son parti, le PS.
Le président Abdoulaye Wade avait également bénéficié d’une majorité qualifiée, soit trois cinquièmes des députés, et l’avait même utilisée pour créer un poste de vice-président, jamais pourvu. Il avait aussi un dauphin apparent, mais contrairement à Senghor, il s’était heurté à une résistance populaire farouche. Les présidents Diouf et Sall ont eux-aussi pu, à des moments de leurs magistères, disposer de cette majorité qualifiée mais ni l’un ni l’autre n’avait de dauphin apparent, encore moins la volonté de transmettre le pouvoir à un tiers.
Aujourd’hui, nous avons tous les ingrédients favorables à un retour à cette forme de dévolution du pouvoir. D’abord, un chef de l’Etat, M. Bassirou Diomaye Faye, élu dans des circonstances particulières qui en font un président par défaut, ce que l’intéressé reconnaît et assume volontiers. Lors d’un entretien avec la presse sénégalaise, il avait encouragé son premier ministre M. Ousmane Sonko, comme pour faire taire les détracteurs, “non pas à lorgner son fauteuil mais à le regarder clairement”. Il avait ajouté qu’il se bat depuis 10 ans pour que M. Sonko s’installe dans ce fauteuil, qu’il n’a pas renoncé à cette ambition et qu’il n’y renoncera jamais. Cela fait du Premier ministre un dauphin clairement déclaré.
En plus de cette volonté affichée du prince, nous avons un parti présidentiel qui vient de remporter une victoire écrasante aux élections législatives anticipées, sous la houlette du dauphin présidentiel, qui a encore une fois démontré son intelligence stratégique hors du commun. Quelle que soit l’opinion des uns et des autres sur les méthodes et la personnalité du leader du Pastef, force est de reconnaître qu’on a affaire à un véritable génie politique qui déroule, depuis 10 ans, une stratégie gagnante qui le rapproche de plus en plus de ce fameux fauteuil.
Cette nouvelle majorité qualifiée, remportée haut la main, est largement suffisante pour opérer le type de révision constitutionnelle dont il est question. Il suffit en effet que le président Faye soumette à la nouvelle Assemblée un projet de loi constitutionnelle reprenant la lettre de l’ancien article 35 et qu’il obtienne l’adhésion de seulement 99 des 130 élus Pastef pour qu’une telle loi soit adoptée. Sans avoir besoin de passer par un référendum, avantage d’une révision qui serait portée par le chef de l’exécutif. Autant dire que, sur le plan politico-législatif, cela passerait comme une lettre à la poste.
Ensuite, une promulgation de la nouvelle loi par le président de la République, après contrôle de conformité par le Conseil constitutionnel, suivie d’une démission dans la foulée, et le Premier ministre lui succéderait immédiatement. En toute légalité. Cela pourrait se faire dès après l’ouverture de la première session ordinaire et l’installation de la nouvelle assemblée, le 2 décembre 2024, ce qui avec les délais de rigueur pourrait nous amener à une prestation de serment dès janvier 2025 !
Le Conseil constitutionnel, qui serait probablement saisi à la vitesse de l’éclair par l’opposition parlementaire, pourrait toutefois retoquer une telle révision. Il pourrait le faire notamment grâce à une interprétation de l’alinéa 7 de l’article 103 de la Constitution actuelle, qui réaffirme la forme républicaine de l’Etat et stipule l’impossibilité de réviser le mode d’élection du président de la République. Le Conseil pourrait tout aussi valider cette hypothétique loi en arguant que l’article 103 traite de l’élection et pas de la suppléance. C’est tout le sens de la notion d’interprétation qui donne à l’instance juridictionnelle le pouvoir de trancher en dernier ressort.
Bien évidemment, tout cela n’est qu’un scénario de politique-fiction, car ni le président de la République, ni son Premier ministre, n’ont déclaré avoir ce projet de dévolution par voie législative. Ils avaient certes évoqué l’idée de la création d’un poste de vice-président, mais le candidat Diomaye Faye avait bien précisé que ce serait dans la perspective de l’élection de 2029. On peut penser, par ailleurs, que le combat démocratique durement mené par le duo Diomaye-Sonko, au nom de la souveraineté populaire et des valeurs de liberté qu’ils incarnent, les a probablement immunisés contre cette tentation. Mais, l’histoire récente de la vie politique sénégalaise montre, à suffisance, qu’on ne peut être sûr de rien en la matière. D’autres figures avaient porté un combat politique de haute lutte et fait avancer de façon substantielle la démocratie sénégalaise, pour ensuite céder progressivement à la tentation du tripatouillage institutionnel au service d’ambitions personnelles, claniques ou partisanes. La séquence de la dissolution de l’Assemblée nationale, la veille de la date fixée par décret pour la Déclaration de Politique Générale du Premier ministre, doit être considérée comme une alerte à cet égard. Il s’agissait clairement d’un cas de tripatouillage institutionnel à des fins partisanes.
Quelle que soit la part de réalité dans ce scénario hypothétique d’une transmission extra-électorale du pouvoir, le simple fait que notre corpus juridique actuel rende possible une telle opération pose problème. Cela s’apparente à une faille de sécurité, comme dans les systèmes informatiques, c'est-à-dire un élément constitutif du système pouvant servir à compromettre son intégrité. Une démocratie n’est pas une œuvre finie mais un effort de veille continue et de renforcement des fondations qui la soutiennent. Ces fondations doivent être suffisamment solides et complexes, pour qu’il soit impossible de remettre en cause l’architecture globale par la seule volonté d’un individu ou d’un groupe d’individus.
Cette forme de résilience institutionnelle existe ailleurs dans le monde et doit inspirer. L’exemple le plus emblématique est celui des Etats-Unis d’Amérique où la modification de la charte fondamentale est soumise à des conditions si difficiles à réunir qu’elles en font un texte inamendable en pratique. Pour toucher à un seul des articles et amendements de cette Constitution qui date de 1787, ou en introduire un nouveau, il faut d’abord un vote conjoint des deux tiers des deux chambres du Congrès - ou d’une convention réunissant les deux tiers des États. Ensuite, pour entrer en vigueur, la révision doit être ratifiée par un vote des trois quarts des législatures des 52 États - ou d’une convention équivalente. Avec un tel verrou, ce pays, pourtant figure de proue des innovations technologiques et des mutations sociétales perpétuelles, est régi par la même charte fondamentale depuis plus de deux siècles. La plus récente ratification remonte à 1992 et porte sur le 27e amendement proposé en … 1789, soit plus de deux cent ans auparavant !
Cette forme de stabilité constitutionnelle doit être recherchée ; elle doit être un objectif dans le projet de transformation porté par les nouvelles autorités. Il s’agit, pour reprendre la formule de l’ancien président ghanéen, Jerry Rawlings, de « faire en sorte que si le diable lui-même venait à se retrouver à la tête du pays, certaines procédures, certaines pratiques l'empêcheraient de faire ce qu'il veut. Il serait obligé de faire ce que le peuple attend de lui ». Tant qu’il sera possible, dans notre pays, de faire modifier la Constitution par une centaine de députés, sans passer par un référendum, nos institutions resteront bien loin de ce niveau de résistance au diable, indispensable à l'exercice d’une véritable démocratie.