Le PSE est-il en train de s’essouffler ? Après une première séquence (2014-2019) bien remplie, avec la réalisation d’importantes infrastructures, c’est le grand ralentissement, en cette première année d’exercice de Macky 2
Placé sous le sceau du ‘’Fast-track’’, l’an I du second mandat de Macky Sall est encore très loin de générer les fruits escomptés. Entre projets toujours en instance d’appels d’offres, hausse généralisée des prix et chantiers à l’arrêt, le régime semble plutôt à la peine.
Le PSE est-il en train de s’essouffler ? Après une première séquence (2014-2019) bien remplie, avec la réalisation d’importantes infrastructures, c’est le grand ralentissement, en cette première année d’exercice de Macky 2. Eu égard aux priorités annoncées par le président de la République, à l’occasion de son investiture, il convient de noter plus d’échecs que de réussites. En lieu et place d’une réduction du coût de la vie, les populations ont plutôt droit à un renchérissement généralisé des prix, à l’augmentation tous azimuts des impôts et taxes, à la suppression de certaines subventions sur des produits de première nécessité, à des licenciements de pères de famille, à l’enlisement de certains chantiers… Paradoxalement, le champ politique n’a jamais été aussi apaisé, depuis que le président Sall est à la tête du Sénégal.
Une jeunesse qui attend le million d’emplois promis
Les promesses n’engagent certes que ceux qui y croient, mais elles restent le meilleur baromètre pour apprécier le respect, par les gouvernants, de leur serment. Au lendemain de sa brillante réélection, le 24 février 2019, le président de la République, Macky Sall, annonçait, sans ambages, la création d’un million d’emplois durant son quinquennat, soit 200 000 emplois par an.
A ce jour, son gouvernement est très loin du compte. Selon les statistiques combinées du ministère en charge du Travail et de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE), environ 77 684 emplois ont été créés pour l’année 2019. Soit même pas la moitié des engagements pris par Macky 2.
En effet, d’après les statistiques officielles de 2018 disponibles, un peu plus de 72 000 emplois ont été créés à l’époque. Et il ressort des chiffres de la DPEE (décembre 2019) que le marché de l’emploi a progressé seulement de 6,9 %, en 2019. Ce qui fait que le marché de l’emploi n’a pu atteindre la barre des 78 000 emplois pour l’année écoulée.
A cela s’ajoute les licenciements en cascade enregistrés dans presque tous les secteurs, surtout les BTP, depuis quelque temps. Dans ce secteur porteur du dynamisme de la croissance sénégalaise, rien ne va plus, depuis pratiquement la fin du premier mandat de Macky Sall. A en croire les chefs d’entreprise, dans le point de conjoncture de la DPEE de décembre dernier, le secteur serait surtout plombé par les difficultés relatives au recouvrement de leur créances (75 %), l’insuffisance de la demande (50 %) tout comme la concurrence déloyale (50 %) des entreprises étrangères (50 %). Autant de couacs que le régime va devoir lever pour secourir les entreprises sénégalaises évoluant dans la construction.
Employabilité : où en est le programme ‘’Un département, un CFPT’’ ?
Pour atteindre son objectif en matière de création d’emplois, le président de la République mise sur le triptyque Développement de l’esprit d’entreprise avec le concept formation-école-entreprise ; Financement des porteurs de projets avec la Der, le Fongip notamment ; et Formation professionnelle des jeunes. C’est d’ailleurs dans ce cadre que Macky Sall avait inscrit, au rang de ses priorités, le programme ‘’Un département, un centre de formation professionnelle et technique’’.
Lors de sa cérémonie d’investiture, devant plusieurs de ses pairs africains, il disait : ‘’Le réseau des centres de formation professionnelle et technique sera étendu, à raison d’un centre au moins dans chacun des 45 départements.’’
Il a fallu, ensuite, attendre le 31 décembre dernier, à l’occasion de son discours à la Nation, pour entendre le chef de l’Etat donner le signal quant au démarrage de ce grand projet. A cet effet, il annonçait le lancement de 15 centres de formation professionnelle. Mais depuis lors, l’autorité semble toujours en train de se chercher.
‘’Zéro déchet’’, ‘’Zéro bidonville’’, ‘’PSE vert’’ : les nouveaux slogans
L’autre grande priorité du mandat consiste à débarrasser Dakar et tout le Sénégal des déchets. ‘’J’appelle, disait le chef de l’Etat, à une mobilisation générale pour forger l’image d’un nouveau Sénégal ; un Sénégal plus propre dans ses quartiers, plus propre dans ses villages, plus propre dans ses villes ; en un mot, un Sénégal «Zéro déchet». Je ferai prendre, sans délai, des mesures vigoureuses dans ce sens’’. Là également, il a fallu attendre presque un an pour apercevoir les premiers signaux. Joignant l’acte à la parole, le président de la République a intimé l’ordre à tous ses lieutenants de descendre dans la rue, chaque mois, pour s’adonner à des opérations de nettoiement.
Le ton a été donné, le samedi 4 janvier dernier. Le président lui-même était sur le terrain pour donner l’exemple. ‘’Il faut que nous changions de comportement. Le plastique a fait trop de mal à l’environnement. On ne peut pas continuer à faire comme si de rien n’était’’, soulignait-il.
Malgré le volontarisme affiché, le constat est qu’à ce jour, pas grand progrès n’a été réalisé dans ce domaine. Nonobstant l’existence de textes législatifs, Dakar, à l’instar de toutes les contrées du pays, reste inondée par les ordures, notamment le plastique.
Idem pour le programme ‘’Zéro bidonville’’ avec son pendant que constitue le projet de construire 100 000 logements sociaux, soit 20 000 logements par an. Pour le président Macky Sall, chaque famille sénégalaise, quels que soient ses revenus, doit pouvoir accéder à un logement décent, à un coût accessible. Le gouvernement semble encore à l’étape de la réflexion. Aucune cité n’ayant été réceptionnée après un an d’exercice. Non seulement les maisons tardent à être réceptionnées, mais le loyer demeure un vrai casse-tête pour tous les chefs de ménage.
A l’aune de son nouveau mandat, Macky Sall promettait également un Sénégal plus vert, avec une lutte plus ferme contre la déforestation et la spéculation foncière. Il disait accorder une attention particulière aux zones humides et celles à vocation agricole, notamment les Niayes. ‘’En même temps, dans le processus d’aménagement des nouvelles zones urbaines de Diamniadio et du lac Rose, je réitère l’attention particulière que j’accorde à la préservation de l’écosystème, en particulier la conservation du baobab, emblème de notre pays’’, disait-il.
Dans la même période, de Ziguinchor à Kédougou, en passant par Sédhiou, Kolda et Tambacounda, les services des eaux et forêts manquent presque de tout pour une lutte efficace contre ce fléau. Un haut cadre de ce secteur névralgique confiait d’ailleurs à ‘’EnQuête’’ qu’ils manquent, non seulement de moyens financiers adéquats, mais aussi de ressources humaines suffisantes. De même, à Diass, dans la Petite Côte, les populations se révoltaient contre les agressions permanentes sur le baobab, dans la réserve de Bandia.
Comme quoi, quand le président signale à droite, ses services donnent l’air de bifurquer à gauche.
Lenteurs administratives, ce mal incurable
Par ailleurs, toujours à l’entame de son second et dernier mandat, le président de la République annonçait la poursuite des grandes réformes de l’Administration pour la rendre plus efficiente.
‘’En tant qu’usagers du service public, nous attendons tous de l’Administration qu’elle soit plus accueillante à notre endroit, plus diligente dans son fonctionnement et plus performante dans ses résultats. J’engagerai donc, sans tarder, des réformes en profondeur, visant à simplifier et rationaliser nos structures, réformer nos textes là où c’est nécessaire, et dématérialiser davantage nos procédures et formalités administratives’’, faisait savoir le président Sall. Un chantier agité depuis le premier mandat avec plusieurs séminaires organisés, mais qui tardent à produire des résultats probants. Nonobstant certains progrès réalisés par certains services, il demeure toujours un casse-tête pour disposer de certains titres basiques comme le casier judiciaire, le certificat de nationalité, le passeport, entre autres.
Pour relever tous ces défis, Macky Sall, en avril déjà, conformément à la tradition républicaine, avait profondément changé, remanié son équipe gouvernementale. Laquelle n’a réussi, jusque-là, à donner totale satisfaction par rapport aux priorités qui lui ont été assignées.
Presque un an après, il faudra aussi faire une évaluation sérieuse pour voir si la suppression du poste de Premier ministre a permis d’accélérer ou de décélérer le rythme de fonctionnement du gouvernement.
GOUVERNANCE ET DEMOCRATIE
L’opposition sauve l’honneur de la majorité
Paradoxalement, pendant que le front social est en ébullition, que certains syndicalistes bandent les muscles, que des segments de la société civile descendent dans la rue, les hommes politiques de l’opposition, eux, flirtent avec le pouvoir. A ce propos, il convient de rappeler que Macky Sall, dès sa réélection, avait annoncé son intention de renouer le dialogue avec toutes les parties prenantes de la nation.
Le moins que l’on puisse dire est que le pari est en passe d’être réussi, si l’on sait que presque toutes les composantes de la vie publique (acteurs politiques, société civile, secteur privé, syndicats, religieux…) participent activement, soit au dialogue national, soit au dialogue politique qui est partie intégrante du dialogue national.
D’ailleurs, grâce à ces concertations, le président de la République a pu obtenir, sans difficulté, le report des élections locales qui devaient, initialement, se tenir en décembre dernier. Finalement, ce scrutin a été fixé au plus tard en juin 2021. Aussi, après quelques mois de tergiversation, le dialogue national piloté par Famara Ibrahima Sagna a été lancé en janvier dernier.
L’an 1 de Macky 2 aura aussi été marqué par le rapprochement avec son ex-mentor Abdoulaye Wade, ainsi que le desserrement de l’étau autour de l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall.
Malgré ces actes de bonne volonté, le président de la République ne semble pas faiblir dans sa volonté de maintenir deux des plus grandes forces politiques de l’opposition, en l’occurrence Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade, loin du jeu politique.
par Abdoulaye Cissé
AUDIO
ET SI ON PARLAIT DU PAPERGATE !
La banque mondiale, ce bienfaiteur qui se rend complice du détournement d'une bonne partie de l'aide au développement des pays pauvres - Nous n'avons juste pas le droit de faire comme si ce scandale ne nous concerne pas
C'est un scandale, aux multiples déflagrations, qui éclabousse la banque mondiale.
La banque mondiale, ce bienfaiteur qui se rend complice du détournement d'une bonne partie de l'aide au développement des pays pauvres.
Des fonds détournés qui atterrissent dans les paradis fiscaux.
Et c'est une enquête interne de la banque qui le dit.
C'est assez sérieux et suffisamment grave pour nous concerner.
Que les élites et les dirigeants qui n'ont jamais participé à détourner ou n'ont jamais été complices de détournement de l'aide publique ou les conventions de financement lèvent la main !
A ce stade d’une étude interne de la banque mondiale qui révèle que dans certains pays en développement, jusqu'à 15% des ressources mises à disposition par l'institution financière internationale disparaissent dans les méandres des comptes offshore des paradis fiscaux.
En l'état actuel des choses, il ne s’agit pas pour les États, notamment le Sénégal et ses dirigeants de brandir le mouchoir blanc, pour dire que notre pays ne fait pas partie des mauvais élèves.
L'étude porte sur une vingtaine de pays, et tous sont épinglés.
Rien ne dit que si l’étude était étendue au Sénégal, que notre pays ne serait pas épinglé. Vue le niveau de corruption des élites, on est même tenté de croire que nous serions mouillés jusqu’à la taille.
On nous a souvent dit que les institutions comme la banque mettaient des conditionnalités, gage de transparence dans l'utilisation des ressources, pour accorder les lignes de financements.
Manifestement, la banque mondiale fait échec et mat.
Peut-être que pour l’institution, c'était tout juste un moyen de se donner bonne conscience.
Mais à tout le moins, même si ce ne sont pas des fonctionnaires et experts de la World Bank qui sont en cause, l'institution se rend complice du détournement pour avoir voulu étouffer le rapport qu'elle a pourtant elle-même commandité et produit par ses experts dûment mandaté.
Des cadavres dans tous les placards, sur tous les théâtres d'opérations de la BM au point que la banque a voulu faire l'omerta sur le document et censurer l'étude.
Nous devons alors la révélation du "Papergate" à ces lanceurs d'alerte d'un autre genre.
Nous n'avons juste pas le droit de nous en arrêter là et de faire comme si ce scandale n'existe pas ou ne nous concerne pas.
Il est même à parier que les montants détournés et planqués dans des coffres-forts ou réinvestis de façons artisanales dans le tissu économique local à des fins de blanchiment, sont infiniment plus importants que la portion congrue, mais importante quand même, qui échappe et qui prend la direction des paradis fiscaux.
Les panama papers ont bien secoué le monde, ont fait tomber de hauts dirigeants occidentaux délinquants à souhait. Nous ne devons pas être moins exigeants que les sociétés occidentales.
On dirait finalement que nous n'avons pas une société civile assez puissante pour demander l'inventaire des conventions de financement de la banque mondiale et du FMI dans tous nos pays Africains, y compris le nôtre.
On dirait que nous n'avons pas une presse assez outillée pour aller plus loin dans cette affaire.
Après tout, c'est l'Afrique qui est doublement victime.
C'est à elle qu'on prête. Et le propre de tout crédit, c'est d’être remboursé.
Donc, on sera obligé de rendre gorge de l'argent dont nous n'avons jamais vu la couleur, avec la complicité du prêteur la banque mondiale.
Depuis le temps qu'on cherche le pays, un seul pays, qui se serait développé grâce à la banque mondiale, il serait peut-être temps d'écouter les chantres de la déconnexion pour couper définitivement les chaînes de l'asservissement. L’autre disait que la Banque mondiale est une fabrique de pauvreté. On n’est pas loin de le croire, et cela justifie peut-être son existence.
Repenser l'Afrique dans le contexte d'un capitalisme mondialisé. Mais c'est d'abord l'Afrique, et non pas comme c'est le cas aujourd'hui l'agenda des autres en Afrique.
Toutes les sociétés civiles et les patriotes devraient se lever pour exiger le droit d’inventaire de la coopération avec d’une part les institutions de bretton Woods et d’autres parts avec l’aide aux développements des multiples partenaires extérieurs qui participent à corrompre notre dirigeante et nous maintenir dans un état de dépendance sans fin.
Ce Papergate est une formidable occasion de tout remettre à plat et de s’affranchir du vice de l’aide au développement.
UNE TEMPÊTE DE SABLE ET DE POUSSIÈRE RECOUVRE LA MAURITANIE ET LE SÉNÉGAL
"La prudence est requise, surtout chez les transporteurs qui empruntent les grands axes routiers en raison de la possibilité de formation de petites dunes de sable provoquées par les tempêtes"
Visibilité de moins de 100 m, voitures au ralenti roulant avec leurs phares anti-brouillard allumés et des silhouettes fantomatiques circulant dans des rues quasi désertes: la capitale mauritanienne Nouakchott a été recouverte lundi d'un épais nuage de sable et de poussière, qui s'est étendu jusqu'au Sénégal.
"C'était une ambiance fin du monde, avec des silhouettes noyées dans la poussière", a constaté une journaliste de l'AFP, selon qui les vendeurs de rue étaient notamment nettement moins nombreux que d'habitude dans la capitale de ce vaste pays sahélien.
"La prudence est requise, surtout chez les transporteurs qui empruntent les grands axes routiers en raison de la possibilité de formation de petites dunes de sable provoquées par les tempêtes", a déclaré à l'AFP le directeur des prévisions de l'Office national de la météorologie, Sidi Ould Mohamed Lemine.
Ces conditions, provoquées par une zone de basse pression sur Nouakchott, le Sud et l'Est de la Mauritanie, perdureront jusqu'à mercredi, a-t-il ajouté, en recommandant la prudence aux personnes atteintes de maladies respiratoires, aux enfants et aux personnes âgées.
Une "couche dense de poussière" est également apparue lundi après-midi sur le nord du Sénégal, voisin de la Mauritanie, selon les services météorologiques sénégalais, qui prévoient à partir de mardi une "densification de la poussière" et une "visibilité fortement réduite".Elle va progressivement toucher l'ensemble du territoire sénégalais jusqu'à jeudi, selon les même sources.
Les huit aéroports de l'archipel espagnol des Canaries, au large du Maroc, ont en revanche rouvert lundi, après avoir été fermés dimanche en raison d'une tempête de sable d'une ampleur exceptionnelle.
Le chef du gouvernement régional des Canaries, Angel Victor Torres, a évoqué un "week-end cauchemardesque", en assurant que cela avait été la pire tempête de sable ayant frappé les Canaries en quatre décennies.
VIDEO
« C’EST À LA COUR DES COMPTES D’EXIGER LA CONVOCATION DES COUPABLES »
Dans un long entretien accordé au groupe Emedia, Mahammad Boun Abdallah Dionne se prononce sur les questions brûlantes de l’actualité, entre autres, la publication des rapports de la Cour des comptes
Dans un long entretien accordé au groupe Emedia, Mahammad Boun Abdallah Dionne se prononce sur les questions brûlantes de l’actualité, entre autres, la publication des rapports de la Cour des comptes. Morceaux choisis.
Parlons économie. Cela fait un an que le président exerce son second mandat. Comment va le Sénégal, selon vous ?
« Alors je disais qu’en démocratie, il faut savoir s’arrêter pour trouver le mouvement. Et j’étais en train de dire que le chef de l’Etat, depuis 2012, a mis notre Sénégal en mouvement. Et pour s’en convaincre, on s’est arrêté en 2019, selon l’agenda démocratique et républicain, et le peuple a été consulté. Et qu’est-ce qu’en a dit le peuple ? C’était une question référendaire : on continue avec Macky Sall ? Ou on le remercie et il rentre chez lui ? Le peuple lui a reconfirmé sa confiance à plus de 58,27%. Voilà la constante, c’est cela la donnée de départ. Donc, le peuple en redemande, et s’est exprimé de manière satisfaisante par rapport à ce que Macky Sall a fait de 2012 à 2019. On en a été très fier, je ne vous le cache pas. Nous qui sommes ses principaux collaborateurs autour de lui, et qui contribuons, à ses côtés, à la réalisation de ses résultats. Depuis lors, qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi il a été réélu ? Le bilan, un bilan quoi que l’on dise, j’entends certains dire c’est bien de manger mais ce n’est pas suffisant, la démocratie … Mais sur tous les tableaux : le PSE, c’est la transformation structurelle de l’économie mais c’est aussi c’est l’axe 3, entre le 3 et le 1, le 2 cherche l’inclusion sociale, l’inclusivité de la croissance. Mais c’est aussi l’axe 3, la gouvernance et la démocratie.
Je prends juste un exemple, ces jours-ci, on parle beaucoup des rapports de la Cour des comptes : ‘’il parait que derrière il y a une volonté de ne pas appliquer les recommandations de ces rapports ? Comment ça marche ? La Cour des comptes fait un rapport global, mais il y a des rapports par structure contrôlée, et dans ces rapports, s’il y a des manquements, il n’y a pas besoin de commission puisque la Cour va dire telle personne, ce comptable ici ou ce directeur d’agence doit être traduit en justice selon le cas ou en cour de discipline financière. Et le lendemain, c’est fait. Donc, je prends le cas d’une commune ou d’une agence. Si la Cour des comptes, elle-même, ne demande pas que ce dirigeant soit traduit en cour de discipline financière, ou devant le Procureur général, mais je veux dire si rien ne fermente, la fermentation n’a pas de sens. »
Sauf qu’ici on a dit que le président veut noyer le poisson en créant une commission. Est-ce qu’il y a aujourd’hui des décisions déjà prises ou à prendre en l’encontre de ceux qui ont été épinglés ?
« Moi-même, je suis membre de cette commission. Le président a mis en place une commission, c’est les axes de progrès. Parce qu’un audit, c’est des sanctions, et celles-ci sont établies de manière extrêmement claire : c’est monsieur X ou madame X qui occupe telle fonction, il faut traduire cette personne en justice ou devant la cour de discipline financière. Et le lendemain, il s’agit d’écrire pour demander au Procureur général près la Cour des comptes d’activer ses cours de discipline financière. Et c’est tous les jours que les fonctionnaires y défilent. »
"ON NE PEUT PAS ÊTRE LE CIMETIÈRE DES NOMS DES AUTRES "
Pour l’historien Abderahmane Ngaidé, la décision de donner aux lycées le nom de grands personnages du pays tels que Ousmane Sembène ou encore Amath Dansokho, aidera les Sénégalais à se réapproprier une partie de leur histoire
Au Sénégal, cinq lycées de la région de Dakar changent de nom.
Ces établissements portent désormais les noms de grandes figures de la politique, de la culture et des lettres.
Le président Macky Sall a pris un décret en ce sens le 13 février.
Les lycées cibles porteront désormais les noms des écrivains Aminata Sow Fall, Cheikh Hamidou Kane, du cinéaste Ousmane Sembène, du sculpteur Ousmane Sow, et de l’opposant Amath Dansokho.
Pour l’historien Abderahmane Ngaidé, cette mesure aidera les Sénégalais a se réapproprier leur espace et une partie de leur histoire.
Abderahmane Ngaidé, professeur au département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et maître de conférences est l'invité de BBC Afrique.
par Madiambal Diagne
MACKY AURA-T-IL LA FOI DU CHARBONNIER ?
La rationalisation des dépenses de l’Etat ne devrait pas se limiter à la gestion du parc automobile. Il existe des niches budgétivores qui méritent un coup de rabot
Dans le cadre de la réduction du train de vie de l’Etat, le président Macky Sall a décidé de suspendre «toutes les acquisitions de véhicules de fonction et de service, au nom de l’Etat, des structures parapubliques et des sociétés nationales». Cette mesure prend effet «à compter de ce 20 février 2020, et jusqu’à nouvel ordre». Macky Sall a demandé à son gouvernement de «finaliser le recensement intégral de l’ensemble des véhicules administratifs, de réviser leur réglementation, de proposer un schéma de réforme des véhicules âgés de cinq ans et plus et d’examiner, pour les ayants droit rigoureusement retenus, les modalités d’allocation d’une Indemnité forfaitaire globale (Ifg), intégrant l’amortissement du véhicule, le carburant, l’entretien et l’assurance». Macky Sall voudrait mettre de l’ordre dans le parc automobile de l’Etat. On pourrait dire que l’histoire se répète.
Qui ne se rappelle pas, qu’installé le 2 avril 2012, le Président Macky Sall avait donné des instructions à la ministre d’Etat, secrétaire générale de la présidence de la République, Mme Aminata Tall, pour s’occuper à mettre de l’ordre dans le parc automobile de l’Etat ? Ainsi, les premières mesures signées par Mme Tall, en l’occurrence les notes circulaires n° 0000001 et 0000002 du 13 avril 2012, avaient pour objet de mettre à l’arrêt tous les véhicules appartenant à l’Etat et à ses démembrements qui étaient en circulation et qui étaient détenus par des personnes n’en ayant ni titre ni droit. Les services de police et de gendarmerie avaient été commis à rechercher et immobiliser plus d’un millier de véhicules. La démarche avait provoqué une levée de boucliers, car de nombreux chefs religieux et autres personnalités politiques, des artistes et des célébrités du monde des sports s’en étaient offusqués. De nombreuses voix s’étaient élevées pour demander la fin de l’opération qui était perçue comme une «humiliation» dont faisaient l’objet des personnalités. Dans les allées du pouvoir, on murmurait des récriminations contre «cette forme de gestion pauvre et appauvrissante». L’opération sera stoppée net. Le 28 octobre 2012, au micro de Mamoudou Ibra Kane à l’émission «Grand Jury» de la Radio futurs médias, je regrettais cette reculade, soulignant que cette opération menée à bout aurait été «un acte concret» dans le cadre de la politique de gestion sobre et vertueuse. Non seulement l’opération de traque des véhicules administratifs indûment affectés à des personnes a été arrêtée, mais le régime du président Sall était tombé lui-même dans les mêmes travers de la gouvernance de Abdoulaye Wade. On en connaît encore de nombreuses personnes qui disposent de véhicules de l’Etat sans y avoir droit. Le communiqué du Conseil des ministres du 20 février 2020 avoue même «qu’il a été constaté le manque de rigueur dans l’application intégrale de la réglementation, entraînant des abus aux conséquences budgétaires et financières énormes pour l’Etat».
En 2020, un septennat plus une année sont passés. Macky Sall, réélu le 24 février 2019, vient à nouveau, avec cette même volonté ou résolution. On attendra encore pour juger, avec un brin d’espoir, qu’enfin le Président Macky Sall va s’y tenir cette fois-ci, contre vents et marées.
En effet, nous pouvons nous accorder sur le fait que le temps est réellement venu de travailler ensemble sur la performance de la dépense publique. En effet, l’argent du contribuable n’est pas utilisé à bon escient. Le débat est difficile, car il nous concerne tous et touche à ce que nous devons appeler le contrat social. C’est assurément un combat citoyen. La réduction du train de vie de l’Etat devrait impacter positivement le déficit budgétaire, mais aussi le Président Sall aura beaucoup à gagner, car ce serait un moyen de lutter contre l’arrogance des tenants du pouvoir qui s’exhibent devant les populations avec une ostentation qui pourrait révulser. Ces cohortes de grosses cylindrées rutilantes et toutes sirènes hurlantes, entre autres, creusent assurément un fossé entre les populations et leurs gouvernants.
Les véhicules, l’arbre qui cache la forêt
On retiendra que le président Macky Sall a engagé le gouvernement, le ministre des Finances et du budget notamment, à communiquer autour du processus en cours, avant le déploiement du nouveau système de gestion des véhicules administratifs à partir du 1er avril 2020.
Pour rappel, lors du vote du budget 2020, le ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, avait expliqué qu’il ressortait des statistiques que le montant décaissé pour les dépenses de véhicules, de 2012 à 2018, s’élevait à 119 milliards de francs Cfa. Pour l’année 2019, il est estimé à 3 milliards 490 millions de francs Cfa. Quant aux prévisions de 2020, c’est un montant de 6 milliards 600 millions de francs Cfa qui est affecté à l’achat des véhicules dont seulement 1 milliard pour la Direction du matériel et du transit administratif (Dmta) qui reste pourtant l’organe approprié pour ce type d’acquisitions. Il y a 5 ans, le montant affecté à la Dmta pour l’acquisition des véhicules était de 6 milliards. Ce chiffre est toutefois assez trompeur, quand on sait que plusieurs départements ministériels, pour contourner les restrictions liées à l’achat de véhicules, se rabattaient vers les agences et les projets sous leur tutelle pour s’approvisionner. C’est ainsi que les dépenses liées à l’achat de véhicules pour les projets et agences pouvaient s’élever à 11 milliards par an. Le gouvernement avait déjà supprimé les bons d’essence pour les remplacer par les cartes magnétiques. Cela permettait d’éviter des fraudes, parce que lesdits bons servaient souvent de monnaie d’échange à certains fonctionnaires assez peu scrupuleux.
Il faut donc relever que cet effort de rationalisation des dépenses de l’Etat a commencé depuis quelque temps déjà, et s’était manifesté par la décision de réduire les frais de téléphone ainsi que les indemnités de logement. Ces indemnités sont directement inclues dans le salaire, et les bénéficiaires s’en acquittent directement.
L’ensemble de ces décisions de réduction du train de vie de l’Etat fera passer le pourcentage des dépenses de fonctionnement de l’Etat de 56% l’année dernière à 54% cette année, soit en valeur réelle de plus de 80 milliards de francs.
Les autres niches à élaguer
La rationalisation des dépenses de l’Etat ne devrait pas se limiter à la gestion du parc automobile. Il existe des niches budgétivores qui méritent un coup de rabot. On ne s’imagine pas que les billets d’avion et frais de mission à l’étranger coûtent plus d’1 milliard 500 millions par an au budget de l’Etat, sans compter les dépenses des agences et structures autonomes comme l’Assemblée nationale, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), la Cour des comptes, la Cour suprême, le Conseil constitutionnel et les autres projets de l’Etat et entreprises publiques. La publication du dernier rapport de la Cour des comptes a par exemple révélé que l’Asepex avait dépensé, entre 2013 et 2015, la bagatelle de 481 millions 494 mille 446 F Cfa en frais de mission, dont 340 millions 078 mille 117 F Cfa pour la seule année 2015. Peut-on s’imaginer les dépenses des autres structures qui n’ont pas encore reçu la visite des magistrats de la Cour des comptes ? Il conviendra cependant d’adapter la réglementation pour éviter que des procédures obsolètes et des barèmes irréalistes soient appliqués à des agents en mission. L’inadéquation des procédures est source de manœuvres qui se révèleront fatalement préjudiciables aux ressources publiques.
L’Etat devrait pouvoir faire d’une pierre deux coups dans la gestion de la commande des mobiliers pour les administrations publiques. Des économies importantes pourraient être réalisées et le secteur de l’artisanat pourrait gagner une bouffée d’oxygène avec le marché du mobilier national. Dans sa livraison du 29 novembre 2017, le journal Le Quotidien rapporte la satisfaction des membres de l’Organisation nationale des professionnels du bois (Onpb) qui relevaient que «deux ans après que la Direction du matériel et du transit administratif de l’Etat (Dmta), sur instruction du président de la République, a ordonné qu’une partie de la commande publique leur soit attribuée, au total, 18 entreprises nationales sont attributaires de ce marché du mobilier national. Ce qui représente un chiffre d’affaires de 449 millions 739 mille 568 francs Cfa pour ces entreprises… Les retombées de ce marché de fournitures du mobilier et de matériels d’appoint resteront entre les mains des Sénégalais. Cet argent va toucher les menuisiers bois, métalliques, le tapissier du coin, le quincailler, le vendeur de tissus, le matelassier et même la vendeuse de cacahuètes installée à côté du menuisier». Pourtant, la Dmta ne leur avait alloué que 15% de la commande publique en mobilier.
Sur un autre registre, l’Etat du Sénégal devrait pouvoir réaliser des économies non négligeables avec une meilleure gestion des personnels en poste dans les ambassades et consulats du Sénégal à l’étranger. Des personnels non essentiels y sont maintenus et leurs rémunérations pèsent lourdement sur les finances publiques. Le plus absurde est qu’il est de notoriété publique que de nombreux agents diplomatiques et consulaires ne s’acquittent guère de leurs missions. Il s’y ajoute que nos ambassades et consulats deviennent des points de chute de personnes qui y sont affectées pour des raisons médicales. De nombreuses personnes trouvent des postes à l’étranger, non pas pour des nécessités de service, mais pour leur permettre de suivre des traitements médicaux, aux frais du contribuable sénégalais, dans le pays de leur choix. Ce serait également l’occasion de régler la lancinante question de la carte diplomatique du Sénégal pour optimiser la couverture diplomatique. L’Etat s’y était essayé avant de reculer, peut-être pour mieux sauter ? C’est la même chose avec la délivrance des passeports diplomatiques. Macky Sall avait, en 2012, retiré de la circulation plus de 30 mille passeports diplomatiques délivrés par le régime Wade. Il est regrettable qu’en quittant le ministère des Affaires étrangères en 2019, Me Sidiki Kaba aura laissé derrière lui un autre scandale lié à la distribution sauvage de passeports diplomatiques.
Une politique en yoyo depuis 2012
On ne saurait quand même ne pas reconnaître les efforts qui ont pu être consentis pour la rationalisation des dépenses publiques. On retiendra globalement que depuis 2012, le montant issu de la rationalisation des dépenses courantes s’élève à environ 133,051 milliards F Cfa. Ces économies réalisées expliquent le comportement du ratio dépenses courantes par rapport au Pib qui n’a cessé de reculer, passant de 12% du Pib en 2011 à 7,5% du Pib en 2018.
L’une des mesures qui ont frappé le plus les esprits est la coupure des lignes téléphoniques, décidée en août 2019. Le président Sall indiquait que : «Malgré les efforts qui ont été faits, nous continuons d’enregistrer beaucoup de dépenses. On a évalué les factures de téléphone de 16 à 17 milliards par an pour les agents de l’Administration.» Pour lui, l’Administration doit «optimiser» ces ressources pour apporter un mieux-être aux populations. Cette rationalisation des dépenses publiques avait d’abord porté sur la suppression de 48 agences et structures, la fermeture de quelques postes diplomatiques et consulaires et la suppression d’institutions comme le Sénat et la vice-présidence de la République, qui était dotée d’un budget de fonctionnement même si le poste n’avait jamais été pourvu par le Président Abdoulaye Wade.
Déjà, pour le cas spécifique des dépenses permanentes, toutes les lignes de téléphone mobile, hormis certaines des services de défense, de sécurité et de justice avaient déjà été suspendues le 1er mai 2012, avec un réabonnement au cas par cas, suivant une restriction des bénéficiaires et des montants plafonds fixés par circulaire du Premier ministre. Des économies de 11 milliards de F Cfa avaient été réalisées sur les dépenses du téléphone. La rigueur avait été relâchée, pour ne pas dire que la bride a été lâchée, pour qu’on en arrive encore à couper les téléphones en 2019. Aussi, le gel et la résiliation de toutes les conventions de location de bâtiments à usage de logement ont permis de réaliser des économies de 7 milliards. En lieu et place de la location, des indemnités de logement ont été octroyées aux ayants droit. Depuis 2014, la compensation tarifaire sur l’électricité pour 20 milliards de F Cfa a été économisée. C’est cette enveloppe qui avait permis d’allouer sa première dotation au Pudc dont les populations rurales louent les mérites. Malheureusement, les hérésies commises dans la gestion du secteur de l’électricité ont fini par pousser l’Etat à allouer plus de 200 milliards à la Senelec par an.
Pour les consommations d’eau, les cent plus gros consommateurs de l’Administration ont été identifiés et suivis de façon très rapprochée. S’agissant des corps émergents de l’éducation, suite au rapport de juillet 2011 de l’Inspection générale des finances relatif à l’audit de leurs salaires, il a été décidé de supprimer le quota sécuritaire. Des économies ont été également réalisées sur les subventions octroyées aux agences qui bénéficient de ressources propres, pour 1,080 milliard de F Cfa. La réduction des dotations consacrées aux fêtes et cérémonies, conférences, congrès et séminaires ainsi qu’aux lignes «habillement et accessoires». En outre, les crédits destinés à l’achat de mobilier, matériel de bureau, matériel informatique, véhicules et autres biens amortissables ont été revus à la baisse à hauteur de 2,262 milliards de F Cfa.