Les dessous de la démission de Khadim Ba de la Sar
On en sait un peu plus sur les raisons du retrait surprenant de Khadim Bâ du Conseil d’administration de la Sar. « Je retire ma ligne de 250 millions € et ma caution de 130 milliards qui ont servi aux importations de la SAR depuis 2018... J'arrête aussi tous les financements liés aux investissements et me retire de toutes les activités de la SAR », peut-on lire sur la lettre qu’il a adressée à l’ancien Secrétaire d’Etat à l’Hydraulique Diène Faye devenu Pca de la Sar. Un coup dur pour la société de raffinage qui commençait à reprendre du poil de la bête d’autant plus qu’avec ce retrait, les banques nationales et internationales qui finançaient l'activité grâce à la confiance qu'elles avaient en Khadim Ba, vont se retirer purement et simplement. D’après nos sources, après Khadim, les autres administrateurs de Locafrique aussi vont se retirer du Conseil d’administration. Au-delà de l’exaspération et de la colère quoi transparaissent dans les propos de Khadim Bâ qui dénonce un problème de gestion, «L’As» a appris qu’il y a aussi d’autres raisons familiales plus profondes qui expliquent la démission fracassante du jeune chef d’entreprise. « Le père de Khadim s’est ligué avec certains membres du C.A pour glisser des peaux de bananes à Khadim qui était un peu la caution morale qui a permis à la Sar de sortir des ténèbres», a confié un proche du patron de Locafrique. «Ce serait une grosse déception si Locafrique se retire, pour les travailleurs enthousiastes par rapport au retour du privé national en force au sein du capital de la Sar », a commenté Cheikh Diop, le patron du syndicat du secteur des hydrocarbures qui croit savoir que c’est seulement Khadim Bâ qui s’est retiré et non la structure. Or, d’après des sources proches de Bâ, Locafrique elle-même va se retirer de la Sar. Ce qui risque de plonger la Sar dans une crise sans précédent. À moins que le Gouvernement n’intervienne plus vite pour sauver la Sar.
Grogne des entrepreneurs contre Alioune Ndoye
Des entrepreneurs et promoteurs immobiliers sont en colère contre le maire de Dakar Plateau devenu ministre de la Pêche. Il reproche à Alioune Ndoye les retards liés à la signature des autorisations de construction qui plombent leur exercice. Bien qu’ils aient payé autour de 8 millions en termes de taxes, ils disent attendre depuis longtemps le sésame, sans aucune explication officielle. Nous avons tenté d’en savoir plus, mais Alioune Ndoye n’a pas encore répondu au message que «L’As» lui a envoyé.
Un mort dans l'effondrement d'un bâtiment à Touba
L'effondrement d'un bâtiment en construction au quartier Gare Bou Mack hier dans la commune de Touba a fait une victime. Gallas Niang, un ouvrier âgé de quarante-cinq ans, marié et sans enfant, a perdu la vie dans le sinistre au moment où il s'activait à l'intérieur du bâtiment. Le cadavre extrait des décombres par les passants, avant même l'arrivée des sapeurs-pompiers, a été transporté à l'hôpital Ndamatou en attendant son inhumation aujourd’hui au cimetière de Touba Bakhiya.
Le G7 déclenche le 4e Plan d’actions
Les syndicats de l’Education nationale durcissent le ton. Les syndicats les plus représentatifs (G17) vont entamer dès demain le 4e plan d’actions. L’année scolaire est encore menacée. En effet, après évaluation du 2e plan d’actions, le G7 a décrété hier le boycott de toutes les évaluations du second semestre. En plus, les syndicalistes annoncent une série de débrayages : jeudi à 9h et vendredi prochain. Il est prévu une conférence de presse vendredi. Ils seront en débrayage le mardi 3 mars avant d’observer une grève totale le mercredi 4 mars. Le jeudi 5 mars, les enseignants observent encore un débrayage à 9h qui sera suivi d’un sit-in devant les Inspections d’Académie et inspections de l’Education et de la Formation.
Affrontements entre étudiants et policiers à Kaffrine
L'université du Sine-Saloum El Hadj Ibrahima Niass est secoué par un mouvement d’humeur des étudiants. En effet, les étudiants du campus de Kaffrine ont pris le relais de leurs camarades de Kaolack. Ils réclament tous de meilleures conditions d’études. Très tôt le matin, les étudiants du campus de Kaffrine de l'université du Sine-saloum El Hadj Ibrahima Niass ont pris d'assaut les grandes artères de la capitale du Ndoucoumane, pour manifester leur ras-le-bol. Pour 800 étudiants, il n’y a eu que 3 enseignants titulaires à l'UFR Sciences sociales. Ils ont barricadé les artères, brûlé des pneus et affronté les policiers. Il s’en est suivi des jets de pierres et de grenades lacrymogènes.
Blocus gambien
Les gouvernements du Sénégal et de la Gambie multiplient les actions pour lever toutes les contraintes liées à la libre circulation des personnes et des biens. En effet, après l’audience que le Président Macky Sall avait accordée à une délégation du Président Adama Barrow, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a reçu hier son homologue gambien. Me ElHadji Omar Youm et Bay Lamine Jobe, ministre gambien des Infrastructures, ont échangé sur la facilitation du transport entre le Sénégal et la Gambie. Ils ont d’ailleurs promis de se retrouver dans les prochains jours pour poursuivre les discussions.
Grogne des travailleurs de Aftu
Les travailleurs de l’Association de financement des transports urbains (Aftu) sont très remontés contre leurs employeurs. Ils exigent de meilleures conditions de travail et réclament des contrats de travail. Ils déplorent également la surcharge des horaires de travail, l’absence de bulletins de salaires et le non reversement de leurs cotisations sociales. A cela, s’ajoute le mépris dont ils font l’objet de la part de leurs employeurs. Face à la presse hier au terminus 56 de Keur Massar, ces agents de l’Aftu ont aussi réclamé des aires de repos et décrié le comportement de leurs responsables syndicaux, qui, depuis 2005, ne cessent de les berner en s’alliant avec leurs patrons pour les sacrifier.
Réplique opérateurs de Aftu
La réplique des opérateurs de l’Aftu n’a pas tardé. Ils ont profité de la cérémonie de remise de matériels à savoir trois véhicules pickups et neuf motos d’une valeur de 43 millions Fcfa au Centre d’Appui à la Professionnalisation des Transports (Captrans) pour recadrer leurs employés. Pour le président du Conseil d’administration de Captrans, Ndiogou Malick Dieng et son secrétaire général Momar Diagne, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Ils soutiennent que les opérateurs sont dans la logique de signer des contrats à tous les travailleurs avec la mise en place d’un système d’organisation et d’harmonisation. A les en croire, d’ici peu, des rencontres seront organisées sur la question. Concernant les aires de repos, Ndiogou Malick Dieng renvoie la balle aux collectivités territoriales et à l’Etat du fait des problèmes d’espace.
Fin de la grève des gros porteurs
L’Union des routiers du Sénégal (Urs) a mis fin hier à son mot d’ordre de grève à la suite des négociations entre ses responsables et le ministre du Transport, Me Oumar Youm. Le secrétaire général de l’Urs, Gora Khouma joint au téléphone par «L’As» confie que le gouvernement a accédé à leurs revendications. Sur le problème de l’applicabilité du pesage à l’essieu, Gora Khouma précise que le Gouvernement a fait machine arrière en décidant de maintenir l’ancienne formule à savoir le PTAC c’est-à-dire le Poids total en charge. Aussi si le transporteur trouve par exemple beaucoup de camions au pesage de Diamniadio, il peut aller à un autre site pour un gain de temps. La seconde mesure, selon Gora Khouma, c’est la suspension de la taxe de 2000 francs imposée par «Afrique pesage» pour l’entretien de ses machines. Concernant les aires de repos, c’est le ministre des Collectivités Territoriales qui se chargera d’un commun accord avec les maires de mettre en place des parkings payants avec toutes les commodités pour permettre aux chauffeurs de faire l’entretien de leurs véhicules et se reposer. Pour les contrôles techniques, le secrétaire général de l’Urs souligne Me Youm a promis de prendre langue avec ses collègues pour l’organisation d’un comité interministériel. Pour la convention collective, Gora Khouma renseigne que Me Youm a promis d’en faire une urgence avec son collègue du Travail.
La tortionnaire Seynabou Ndiaye écope 20 ans de prison
Le juge n’a pas été tendre avec la dame Seynabou Ndiaye qui est poursuivie pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la cécité sur deux enfants de moins de 15 ans. Mme Ndiaye a été condamnée à 20 ans de travaux forcés. Son mari qui est aussi traîné en justice pour complicité a écopé de 5 ans de prison ferme. En sus de la peine, la dame devra payer une amende de 250 000 francs et 300 millions aux deux victimes pour la réparation du préjudice. Pour rappel, l’accusé infligeait des sévices corporels aux deux fillettes de son époux qui étaient âgées au moment des faits, en 2015, de 3 ans et 5 ans. Lors de leur comparution à la barre de la chambre criminelle de Dakar, elles avaient 8 et 10 ans. Les victimes ont perdu la vue à cause du savon que leur marâtre mettait dans leurs yeux. Des accusations que Seynabou Ndiaye avait réfutées.
Me Sall pour défendre Guy Marius Sagna
Le pool d’avocats de l’activiste Guy Marius Sagna s’étoffe. Comme promis, le Front de Résistance Nationale (FRN) a demandé à Me El Hadji Amadou Sall, Avocat à la Cour, de prendre toutes les dispositions et initiatives nécessaires pour la libération de Guy Marius Sagna. Selon le coordonnateur du Front, Moctar Sourang, l'opposition, dans le cadre du dialogue national, estime que le moment est venu pour le président de la République de promouvoir la décrispation politique de façon à ce que le parquet ne s'oppose pas, comme cela est de coutume, à la libération de Guy Marius Sagna dont la place n'est pas, encore une fois, en prison.
Lamine Diallo et sa questekki
Le député Mamadou Lamine Diallo constate pour le déplorer que le Président Macky Sall ne sait pas faire de l’économie pour créer des emplois. D’après le président du mouvement Tekki, Macky Sall ne sait pas comment mener une politique économique pour créer des emplois et faire face aux 100 à 200 000 demandeurs d’emplois par an. Selon le parlementaire, à la place des emplois pour les jeunes, le Président Sall propose des loisirs en allant emprunter 150 milliards pour construire un stade confié à des entreprises turques.
Pikine Dagoudane
Les locaux de l’institution municipale de la Ville de Pikine ont refusé du monde hier, à l’occasion de la 3e édition de la fête de l’excellence destinée à primer les meilleurs élèves du Département. Près de 500 élèves ont reçu des prix de la part de leurs parrains. Opportunité saisie par le maire de Pikine, Abdoulaye Thimbo pour manifester sa volonté de construire un lycée digne de ce nom dans l’Arrondissement de Pikine-Dagoudane en vue d’améliorer l’offre éducative dans la localité. Aussi, annonce-t-il la remise très prochaine des clés du Collège d’enseignement moyen de Thiaroye sur mer.
C’est dramatique, l’aplomb avec lequel nos autorités mentent. Parce qu’il faut que l’on dise les choses comme elles sont sans diplomatie. Et quand elles se font rattraper par leur duplicité, nos autorités n’éprouvent aucun scrupule à nous regarder dans le blanc des yeux pour nous dire doctement que c’était leur ombre qui parlait à leur place. C’est même devenu récurrent de les voir ravaler leurs propres vomissures à commencer par le Chef qui a manifesté partout sa volonté de se conformer à la Constitution avant de revenir nous tenir un discours décousu de ni oui ni non. Depuis cette semaine, celui qui ne se trompe jamais dans ses prophéties est venu en remettre une couche. Il était sûr qu’ils seraient cinq candidats à la présidentielle de février 2019. Banco à l’arrivée ! Il est revenu nous baratiner que son candidat sera élu avec 57 % des voix. Presque dans le mille puisque ledit candidat a obtenu un 1 % de plus. Un véritable génie, on vous dit que notre Nostradamus ! Le même Dionne nous suppliait de voter oui lors du référendum pour ne devoir pas voir son boss faire un mandat de 7 ans ou écarter l’éventualité d’un mandat illimité. Et voilà que le même Monsieur, sans fausse pudeur, revient quatre ans plus tard devant ses compatriotes pour leur débiter qu’il est contre la limitation des mandats. Pathétique ! Cultivant la roublardise, il entretient même l’idée d’un troisième mandat. On a comme l’impression que ces messieurs et dames n’ont rien retenu de l’histoire toute récente de ce pays. L’autre était convaincu que les manifestations contre un troisième mandat n’aboutiraient à rien, « une brise est un vent léger qui secoue peut être les feuilles des arbres, mais ne sera jamais un ouragan », professait-il. La suite, on la connait. Reste à savoir si les tenants actuels du pouvoir, si hautains et dans leur tour d’ivoire, seront assez intelligents pour ne pas commettre la même bêtise que leur prédécesseur. Qui disait que le pouvoir rend fou ?
Kàccoor Bi
RETRAIT DE LA SAR LOCAFRIQUE A-T-ELLE SENTI UNE « FAILLITE » IMMINENTE ?
Hier, certains journaux et sites d’informations de la place ont annoncé le retrait de M. Khadim Ba, directeur général de Locafrique, de la Société africaine de raffinage (Sar) où il détenait 34 % du capital. Jusqu’ici « Le Témoin » ne voulait pas s’inviter dans la guerre interne à la famille des Ba. Et Dieu sait que nous connaissons bien les tenants et aboutissants de cette profonde crise pour avoir révélé à l’époque les démêlés entre Carrefour Automobile, Locafrique, le Crédit Lyonnais et autres filiales. C’était fin 1999, début 2000 si nous souvenirs sont exacts. Toujours est-il qu’entre Khadim Ba et son père, la guerre pour le contrôle des sociétés du Groupe fait rage surtout du fait que des gens tapis dans l’ombre familiale ont eu à miner tous les chemins de Khadim Ba au point de le pousser à se retirer de la Sar. Justement, l’actionnaire Khadim Ba a-t-il senti une « faillite » de la Sar l’obligeant à fuir à temps ? A-t-il flairé une privatisation de la Sar qui l’a poussé à fuir pour sauver ses meubles financiers ? Ou alors Khadim Ba a-t-il été piégé par des gens lui faisant croire à une crise imaginaire de la Sar pour le pousser à la démission ? Autant de questions auxquelles l’avenir répondra. Mais une chose est sûre : son départ de la Sar et le retrait de la ligne de crédit estimée à près de 160 milliards CFA qu’il avait mise à la disposition de la raffinerie pour lui permettre de financer ses importations, ce départ, donc, risque d’impacter négativement le fonctionnement de la Sar. Car, certains bailleurs et banques qui faisaient confiance à la Sar n’écartent pas de se solidariser avec Khadim Ba. C’est-à-dire de partir avec lui. Laissant la Sar sur la paille. Se remettra-telle de ce coup ? Sauf miracle, il est permis d’en douter.
BEM-ABIDJAN LANCE EN SEPTEMBRE LA COTE D’IVOIRE DEROULE LE TAPIS ROUGE A PAPE MADICKE DIOP
BEM-Dakar, moins de deux ans après avoir fêté brillamment ses 10 ans en décembre 2018, ouvre sa première filiale africaine à Abidjan en septembre prochain. La 1ère business school d’Afrique noire francophone, selon le classement 2019 de Jeune Afrique, entend désormais étendre son leadership en Afrique. Abidjan constitue la première étape de ce challenge lancé par le président directeur général de BEM-Dakar, Pape Madické Diop. C’est pourquoi, l’homme consacre depuis quelques temps beaucoup de son agenda à faire la navette Dakar-Abidjan-Dakar. Notre brillant compatriote a raison de le faire puisque les autorités ivoiriennes lui ont déroulé le tapis rouge. Il faut dire qu’elles n’en croyaient pas leurs oreilles lorsque le PDG de Bem-Dakar leur a notifié son intention d’investir à Abidjan. Du coup, elles lui ont accordé plein de facilités fiscales comme une exonération totale. Ce alors qu’au Sénégal, le fisc est intolérable ! Mieux, les plus hautes autorités du pays comme le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le ministre chargé des Investissements, le ministre de l’Enseignement supérieur ont tenu à recevoir Pape Madické Diop pour lui dérouler le tapis rouge pour un tel investissement. En outre, toute l’élite économique et politique ivoirienne s’est associée à une telle entreprise pour faciliter la naissance de BEM-Abidjan. Le patron de BEM-Dakar a confié les rênes de BEM-Abidjan à un brillant cadre ivoirien, Olivier Avon, un ancien directeur à Nestlé, à Samsung, détenteur d’un MBA des Etats-Unis. Un garçon brillant et enthousiaste qui a promis à Pape Madické Diop de faire de BEM-Abidjan une grande école de commerce en trois ans seulement. La filiale ivoirienne devrait être rapidement le point d’ancrage de Bem en Afrique noire. Plein succès à ce nouveau challenge d’un champion sénégalais qui fait la fierté de notre pays !
YNCREA, UNE ECOLE DE FORMATION D’INGENIEURS PAR BEM-DAKAR
Restons avec le groupe BEM pour annoncer le lancement à Dakar de Yncréa, une école de formation d’ingénieurs et de technologie, la plus grande en France. Figurez-vous que cette grande école encadre la formation de près de 5500 élèves ingénieurs. Yncréa fédère les écoles d’ingénieurs Hautes études d’ingénieurs (HEI), Institut supérieur d’agronomie (ISA) et Institut supérieur de numérique (ISEN). Les points forts de ces écoles, fondées sur des valeurs humanistes, sont la proximité avec les entreprises via l’implantation dans les territoires, l’innovation via la transdisciplinarité, le digital via ses usages, l’agilité pédagogique et l’international. Pape Madické Diop veut offrir aux jeunes Sénégalais des perspectives plus larges dans le domaine de la formation dans les métiers d’ingénieurs. Pour la mise en place de Yncréa-Dakar, deux dirigeants de ce grand campus de France séjournent actuellement dans notre pays. Il s’agit de Anne Catherine Guitard, directrice générale chargée du développement, et Julien Sta, chargé des finances.
COLOBANE BENI DES DIEUX ?
Les confrères ont salué avec un bel unanimisme le coup réussi par la nouvelle patronne des socialistes, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, en favorisant la poignée de mains entre le président de la République et l’un de ses opposants les plus radicaux, le patron de Rewmi Idrissa Seck. De la même manière, il y a quelques mois, le Sénégal tout entier s’était réjoui de la réconciliation entre l’actuel président de la République, Macky Sall, et son prédécesseur Me Abdoulaye Wade. Une réconciliation sous les auspices du khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Le point commun entre ces deux réconciliations spectaculaires ? Elles ont tous les deux eu pour cadre le quartier de Colobane puisque aussi bien la grande mosquée Massalikoul Djinane que la Maison du Ps se trouvent à Colobane. Les deux lieux sont d’ailleurs distants que de 100 mètres à peine. De là à dire que ce quartier est béni de dieu ou visité par la grâce…
MARCHE SAHM DE THIES LES DEGUERPIS EN PLEURS REMERCIENT HABIB NIANG
Malgré l’épreuve difficile que constitue leur déguerpissement, Habib Diène, responsable des mareyeurs qui occupaient les lieux depuis 1977, a tenu à saluer toutes les interventions en termes de médiations du président du mouvement And Suxxali Sénégal, Habib Niang. «Nous sommes impuissants face à ce qui s’est passé hier soir, c’est très dur car nous sommes des pères de familles qui n’ont que ce marché pour subvenir aux besoins de leurs familles. Nous nous en remettons à Dieu et acceptons ce qui nous arrive. Mais nous saluons et remercions sincèrement le président Habib Niang, pour avoir pris son bâton de pèlerin pour trouver une solution, il a fait le déplacement dans le seul but de trouver une issue pacifique. Et aujourd’hui encore, c’est la seule autorité qui a envoyé ses collaborateurs pour nous accompagner dans cette épreuve. Par ma voix, tous les mareyeurs remercient M. Habib Niang et son mouvement » souligne Habib Diène. Joint au téléphone, le président du mouvement And Suxxali Sénégal a regretté la tournure des choses qui ressemble à ses yeux à des actes de sabotage. « Je crois qu’on est allé trop vite en besogne parce qu’on pouvait privilégier le dialogue entre les deux camps pour trouver une solution qui arrange tout le monde. Mais venir déguerpir des citoyens qui se sont installés sur les lieux depuis 1977, cela donne l’impression d’un sabotage et d’une volonté de nuire à l’image du président Macky Sall » confie Habib Niang.
LE CORONAVIRUS FAIT DIX MORTS EN ITALIE
La propagation de l’épidémie coronavirus devient de plus en plus inquiétante. Au moment où le taux de contaminations diminue en Chine, et plus précisément à Wuhan, épicentre de l’épidémie, le virus a pris des proportions inquiétantes dans d’autres pays européens. Et l’Italie en est la triste réalité puisque le bilan devient encore plus lourd : dix morts déjà. Ainsi, l’Italie devient le pays occidental le plus touché avec 322 personnes infectées. Huit régions et une province autonome sont désormais touchées. La Toscane (centre-ouest de l’Italie) comptait notamment deux cas de contamination, à Florence et Pistoia, tandis qu’en Sicile (sud), une touriste originaire de Bergame (Lombardie, nord-ouest) qui se trouvait dans un hôtel à Palerme a été hospitalisée.
ELLE AVAIT RENDU AVEUGLES SES DEUX BELLES-FILLES MINEURES SEYNABOU NDIAYE CONDAMNEE 20 ANS DE TRAVAUX FORCES
20 ans de vie derrière les barreaux. C’est la peine infligée à la marâtre qui maltraitait ses deux belles-filles. Le président de la chambre criminelle a donné le verdict. La prévenue Seynabou Ndiaye est condamnée à 20 ans de travaux forcés pour coups et blessures volontaires ayant entrainé la perte de vue de ses deux belles-filles Nogaye Gueye et Fatou Gueye âgées de 3 et 5 ans en 2015. La dame est condamnée aussi à verser 250 000 francs dans les caisses du Trésor public. Son mari Modou Gueye qui assistait aux bastonnades de ses enfants par son épouse, jugé par contumace, est condamné à 5 ans de prison pour non-assistance à personnes en danger. Il devra verser la même somme de 250 000 au Trésor. Par ailleurs, la dame Seynabou Ndiaye et son époux Modou Gueye sont condamnés à réparer le préjudice causé aux deux enfants en leur remettant 150 millions de francs. Pour rappel, la plainte a été déposée par les voisins de la maman des deux filles, habitant au quartier Darou Salam Yeumbeul. Face aux enquêteurs, l’une des victimes Fatou Gueye avait confié que « ma tante nous battait tous les jours au vu et au su de notre papa. Elle a même une fois frappé Nogaye à la tête à l’aide d’un encensoir. Elle l’a cognée contre le mur. Souvent, elle mettait du savon en poudre dans nos yeux et du gasoil sur nos cuirs chevelus ». Mais, la condamnée avait nié les faits prétextant qu’elle battait les gamines avec ses mains. « Ce n’est qu’en prison qu’on m’a dit que je mettais du savon dans leurs yeux. Ce qui est faux. En ce qui concerne le gasoil, c’est leur père qui l’achetait car elles avaient des poux », a-t-elle tenté de se défendre sans convaincre le juge.
GUINEE-BISSAU CONFIRMATION DE LA VICTOIRE DE UMARA SISSOCO EMBALO
Sur injonction de la Cour suprême de justice (Csj), la Commission nationale électorale (Cne) a procédé ce mardi 25 février à un nouveau recomptage des voix pour apurer les résultats du second tour de la présidentielle. La plénière convoquée par la Cne, en présence des représentants des deux candidats en compétition, n’a fait que confirmer que ce qui était déjà connu. En clair, la victoire de Umaro Sissoco Embalo avec un taux de 53,55 % des suffrages valablement exprimés. Son concurrent, Domingos Simoes Pereira est resté au même score, à savoir 46,45 % des votants. Cette énième vérification des résultats intervient à 48 heures de la prestation de serment du président déclaré élu. De retour en Guinée Bissau après deux semaines à l’étranger, le général Embalo a affirmé qu’il organisera une cérémonie d’investiture sobre. À cet effet, son parti, le Mouvement pour l’alternance démocratique (Madem G15) a demandé à son groupe parlementaire de prendre les dispositions nécessaires pour la tenue de la cérémonie à l’Assemblée nationale populaire.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
STATUT SPÉCIAL DE DAKAR, UNE IDÉE DANGEREUSE POUR L’UNITÉ NATIONALE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’émergence ne peut se planifier en dehors de la décentralisation - Le HCCT est une énième charrue avant les bœufs - Ce régime ne croit pas au Xamxam (science) mais aux stratagèmes politiciens - ENTRETIEN AVEC MOUSSA BALA FOFANA
Moussa Bala Fofana est Banquier d’affaires au Canada et ancien conseiller technique du gouvernement du Sénégal. Dans l’entretien accordé à SenePlus, l’expert en Développement territorial, en Développement local et en Planification des politiques publiques se prononce sans circonlocutions sur les velléités de doter Dakar d’un statut particulier avant de souligner l’échec des politiques de la décentralisation.
SenePlus : Comment appréciez-vous l’idée de doter de Dakar d’un statut qui lui permettrait d’avoir un maire nommé par décret présidentiel ?
Moussa Bala Fofana : C’est une idée dangereuse pour l’unité nationale et particulièrement contreproductive pour notre objectif d’émergence économique. En effet l’émergence ne peut se planifier en dehors de la décentralisation et du paradigme de développement territorial. Et il se trouve que la décentralisation est un instrument de management et de gestion du plan de développement depuis le territoire qui repose essentiellement sur deux dynamiques :
La mobilisation des acteurs locaux autour du projet de territoire le plus pertinent. Cette mobilisation passe par le droit d’élire l’exécutif local par le citoyen. Ainsi, par le droit de vote on s’assure de l’engagement et de l’implication du citoyen et l’acteur économique dans le projet de développement.
Dans un second temps, nous avons la libre administration qui est une autonomie dans la planification et la gestion du projet de développement économique et social.
Vous pouvez donc comprendre que la nomination du maire va entrainer un effet de démobilisation des citoyens et des acteurs, le projet de territoire devient imposé et les actes de gestions impertinentes et souvent impopulaires auprès des populations.
Ne pensez-vous pas que c’est un stratagème pour le président Macky Sall de récupérer Dakar par manipulation politicienne ce que les suffrages lui refusent ?
Effectivement, l’objectif politicien est une évidence et pour une idée aussi dangereuse qui va engendrer une situation d’asymétrie du droit de vote. Comprenons bien que si cette idée rétrograde venait à être actée, cela causerait une frustration grave auprès des citoyens de la capitale sénégalaise. En plus, le fait de camoufler cette inégalité du droit de vote à travers le concept galvaudé de « statut spécial ou particulier » va créer des attentes au sein d’une partie de la rébellion casamançaise qui revendique un statut spécial. Et j’aimerais préciser que les situations d’asymétries du pouvoir de vote par la nomination du maire dans les grandes nations africaines sont particulières et contextuelles. Paul Biya au Cameroun a fait plus de 40 ans de pouvoir et la Côte d’Ivoire était dans une période d’instabilité.
Ainsi ma conviction est que l’ambition du Sénégal pour l’Afrique devrait nous amener à assumer le jeu démocratique, à incarner un leadeurship exemplaire et planifier un dispositif de gouvernance locale qui n’aurait rien à envier aux démocraties européennes et nord-américaines.
Si aujourd’hui dans le camp du pouvoir, par la voix d’Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT), on soulève la question relative au statut particulier de Dakar, ne pourrait-on pas parler de l’échec de l’Acte III de la décentralisation qui prône la dépolitisation des rapports entre l’État et les collectivités locales ?
Effectivement, et le HCCT est une énième charrue avant les bœufs. J’avais prévenu que le HCCT ne pouvait être efficient qu’après l’aboutissement de la réforme de territorialisation et de décentralisation. En effet, en planification des organisations, les structures faitières reposent sur les principes de légitimité, d’équité et d’une prise de décision participative et itérative. Le HCCT ne peut donc porter à la presse un sujet dont la pertinence et la nécessité d’être débattue n’ont pas fait l’objet d’un processus participatif. Je suis persuadé que cette idée ne se trouverait pas à la centième position d’un sondage sur les priorités des populations et des élus de Dakar. Voilà une violation flagrante du principe d’autonomie de gestion, car ce principe commence par la définition des priorités et de l’agenda des débats par les acteurs locaux. Vous imaginez que l’idée du HCCT est d’être un cadre institutionnel permettant aux territoires d’interagir, d’échanger et d’exprimer de manière démocratique et en toute autonomie les solutions, enjeux et défis pour une amélioration de la politique irréversible de la décentralisation ?
Ne pensez-vous pas qu’une telle institution comme le HCCT doit jouer un rôle plus central dans la planification d’une vision objective utile pour les politiques de décentralisation ?
Absolument, le HCCT n’est pas dans son rôle véritable. L’institution est dévoyée pour des objectifs politiciens. La cause profonde en est l’absence d’État planificateur et entrepreneur et d’un leadeur positif ayant des aptitudes d’un penseur dynamique. Pendant ce temps, les grands débats sur le développement des territoires continuent à l’international et le leadeurship du Sénégal est absent depuis le début du combat contre le maire de Dakar.
Alors, si les dirigeants du HCCT et leurs experts veulent porter des débats techniques sérieux, je vais leur partager 4 axes majeurs en guise de contribution pour relever le débat:
1- Aujourd’hui les cités et les villes des pays du monde de la décentralisation travaillent pour la mise œuvre des 17 objectifs et 169 cibles du développement durable et réfléchissent à comment la décentralisation peut être un facteur porteur de transformation sociale.
2- Depuis le début du siècle, les cités et les villes du monde de la décentralisation sont dans l’application du paradigme scientifique de développement territorial comme alternatif pour atténuer les effets pervers de l’économie mondialisée.
3- Ensuite, dans le domaine des sciences de l’administration, les grandes universités produisent des travaux scientifiques sur des formules gagnantes de territorialisation des politiques publiques et d’aménagement durable des territoires et de l’urbanisme dont ils peuvent s’inspirer pour aider nos maires.
4- Et enfin, leur rappeler que dans les pays francophones l’ingénierie financière qui doit être à la base du financement de la politique de la décentralisation est le tendon d’Achille de notre volonté d’émergence depuis nos territoires. Voilà 4 chantiers dans lesquels ils peuvent tenter de s’illustrer à suffisance sans risquer de jeter notre nation en dérision.
Sept ans après sa mise en œuvre, comment jugez-vous la première phase de l’Acte III de la décentralisation ?
L’acte III est définitivement un acte manqué et pour la petite histoire je vais rappeler qu’en mars 2012, j’avais quitté le Canada pour venir soutenir la politique de décentralisation, de territorialisation et de planification d’une stratégie d’émergence du Sénégal depuis nos territoires éco-géographiques. Ainsi, en tant que conseiller technique du cabinet de la décentralisation, j’ai porté ma signature sur les premiers documents techniques de l’Acte III. J’ai démissionné au bout de 9 mois, car je me suis vite rendu compte que ce régime ne croit pas au Xamxam (science) mais aux stratagèmes politiciens (péxé) pour les objectifs du moment. L’acte III, comme les autres orientations majeures et réformes structurantes ont été passées à la trappe pour l’objectif spécifique de réélection.
Quel est le mot de la fin ?
Juste rappeler à ce régime que « Xamxam du péxé » ! On ne peut diriger un pays sur la base d’objectifs politiciens et c’est cela qui explique ce débat impertinent sur le statut particulier de Dakar. Le régime prépare sa succession alors que les urgences sont ailleurs et pour preuve la politique du mandat à tout prix a fini par vider nos liquidités. Le Sénégal camoufle une tension de trésorerie depuis 2017. Aujourd’hui, les politiques sociales et les grandes réformes stagnent avec notre politique de décentralisation toujours financée à moins de 5 % du budget national au moment où la moyenne mondiale est à 25%, les pays émergents à 35 % et les pays de l’OCDE à plus 50%. Mon mot de la fin est donc un rappel à plus de responsabilité et de sérieux dans la mise en œuvre des politiques publiques et comme disait Jacques Bénigne Bossuet : « Le gouvernement est un ouvrage de raison et d'intelligence. » Pour clore, j'aimerais saluer le beau travail de la presse et vous remercier de l'opportunité que vous m'offrez pour saluer tous vos lecteurs et mes compatriotes et réserver un clin d'œil à mes frères du Baol et de la Diaspora.
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DAKAR SUFFOQUE
Masques sur le visage, sorties limitées... La qualité de l'air qui s'est dangereusement dégradée ces dernières heures dans la capitale, contraint la population à recourir à tous les moyens possibles pour se protéger
Dakar s'est réveillée sous un nuage poussiéreux amenant les populations à s'adapter à ce mauvais climat. Il faut limiter ses sorties ou porter un masque pour parvenir à pointer son nez dehors.
Quelques témoignages recueillis dans la ville.
PAR Amadou Tidiane Wone
TOUT CE QUI EST EXCESSIF DEVIENT INSIGNIFIANT…
A force de banaliser les séjours carcéraux, la peur de la prison s’estompe et, de plus en plus de témérité va repousser les frontières des interdits. A force de bander des muscles pour tout, et trois fois rien, on se fait une réputation de dictateur
En France, notre modèle forcé, la loi punissant la destruction d’un billet de Banque datait de 1810. Mais elle a été abrogée complètement en 1994. Il n’est donc pas illégal de détruire un titre monétaire en le brûlant.
« Une jurisprudence de 1974 va également dans ce sens : détruire un billet de banque n’est pas considéré comme la destruction du bien d’autrui, car le billet appartient à son porteur et non à la Banque Centrale qui l’émet. »
Au Sénégal, la peine encourue pour le même délit peut être une condamnation allant de cinq ans à dix ans de prison selon l'article 411 du code pénal sénégalais. En plus d’une amende.
Pour dire que, en la matière, la loi française est plus conforme à la raison : qui brûle un billet de Banque, lui appartenant, s’appauvrit d'autant ! Si la personne estime que ce geste a une portée militante qui en vaut le prix, autant lui en laisser le bénéfice. Et la vie continue.
Je dis cela pour me désoler de la tournure que prend ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Kemi Seba. Il était déjà suffisamment douloureux de voir un africain, originaire d'un pays voisin et frère, le Bénin, se faire déporter en… France… Que cette personne, soit engagée dans le combat pour le panafricanisme et la reconquête de la souveraineté africaine, rajoute à la confusion. Par ailleurs, le Benin et le Sénégal partagent plusieurs organisations dont la vocation est de favoriser la circulation des personnes et des biens et l’intégration économique. L'UEMOA, la CEDEAO notamment. A l’intérieur de ces zones tout citoyen, notamment ressortissant de l'un quelconque des États membres, devrait se sentir chez lui et en sécurité. Même en prison !
C'est dire que la déportation de Kemi Seba en France posait déjà problème dans son principe. Même s’il jouit de la nationalité française, il est surtout béninois. Visiblement. Le Sénégal doit, à son Histoire et à la jeunesse africaine, des signaux forts d'une conscience politique aiguë des défis que nous impose la balkanisation de notre continent, ainsi que notre décolonisation inachevée. Par-dessus tout, le sens de l’Histoire nous commande de ne pas rejeter les fils de l'Afrique. Surtout pas vers l’ancienne puissance coloniale.
Alors ce qui me semble excessif, c'est l’arrestation, à nouveau, de Kemi Seba à l’aéroport Blaise Diagne alors même qu'il venait, dit il, répondre devant la justice sénégalaise des faits qui lui avaient valu déportation ! Sachant le risque pénal qu'il encourt, Kemi Seba aura posé un acte courageux. Il faut le lui reconnaître. Cependant, et à moins que l'on ne nous ait pas tout dit, des négligences ont dû être commises à un moment ou à un autre. Car Kemi Seba a annoncé sa venue au Sénégal depuis des jours en en donnant les raisons. Il était loisible aux autorités d'informer ses avocats de la non tenue, à cette date, du procès ou de leur signifier que son arrêté d’expulsion étant toujours en vigueur, il courrait le risque de ne pas être autorisé à entrer dans le territoire. Cela aurait évité la perte d'un billet d'avion ainsi qu’un incident dommageable à l'image de sanctuaire des libertés dont le Sénégal a bénéficié sous tous les régimes précédents. A moins que les avocats aient été saisis mais que la stratégie du coup de force ait été adoptée… on y verra plus clair !
Au demeurant, et comme évoqué plus haut, le Sénégal a toujours été un sanctuaire pour les militants africains : tous les opposants du continent, les mouvements de libération nationale de plusieurs pays alors en guerre, l'OLP de Yasser Arafat, l’ANC et tant d’autres ont toujours bénéficié du soutien et de l’hospitalité du Sénégal, de ses autorités politiques et de son peuple. Des chefs d’États africains comme Ahmadou Ahidjo qui repose en terre sénégalaise, ainsi qu' Hissene Habre, malheureusement emprisonné, ont trouvé refuge au pays de la Teranga et bénéficié du soutien des sénégalais… Que va-t-il en rester désormais ?
Kemi Seba n'est pas un terroriste. Il a un discours virulent sur des causes de plus en plus partagée par des jeunes africains. Ce discours n'est pas nouveau. Mais il bénéficie de l'effet d’amplification des réseaux sociaux. A son âge, certains n’avaient que des tracts difficilement ronéotypés pour crier leur colère. Mais ils en disaient fichtrement pire !! Plusieurs en sont morts d’ailleurs. N'insultons pas l’Histoire !
Pour ce qui est de l’excès, il en est de même que pour ce qui concerne Guy Marius Sagna. Et à son sujet, je m’interroge sur les motivations du garde présidentiel qui l'a ceinturé et introduit à l’intérieur du Palais de la République alors qu'il était sensé lui en interdire l’accès ! J’ai regardé plusieurs fois les images de son interpellation devant les grilles du Palais de la République. Mais Il y a quelque chose qui cloche dans cette affaire ! Au lieu de l'immobiliser, le temps de faire venir une fourgonnette et de l’emmener au Commissariat central, on l'a entraîné à l’intérieur du Palais ! Imaginez qu'il fut un terroriste muni d'une ceinture explosive … imaginez seulement ! De quel supérieur le garde présidentiel en question a t-il reçu l'ordre d’entraîner Guy Marius Sagna à l’intérieur du Palais de la République ? Et à quelles fins ? Pourquoi Guy Marius a été le seul à être entraîné à l’intérieur du Palais ? Pourquoi il est le seul à être maintenu dans les liens de la détention, alors que ses compagnons ont été libérés les uns après les autres ? Quelque chose cloche. Mais quoi ? On y verra plus clair !
Au total, il est temps de remettre de la sérénité dans le maintien de l'ordre et la gestion des temps de crise. A force de banaliser les séjours carcéraux, la peur de la prison s’estompe et, de plus en plus de témérité va repousser les frontières des interdits. A force de bander des muscles pour tout, et trois fois rien, on se fait une réputation de dictateur. Un dictateur qui mobilise une armée d’éléphants pour écraser des fourmis… A moins que…
texte collectif
RÉFORME DU FRANC CFA, LES DÉPUTES FRANÇAIS MAL INFORMÉS PAR LEURS TECHNICIENS ?
La Commission des finances de l’Assemblée nationale française s’est penchée, le 12 février, sur la réforme du franc CFA. Mais une partie des explications que deux techniciens du Trésor et de la Banque de France ont données aux députés s’écartent des faits
Fanny PIGEAUD et Ndongo Samba SYLLA |
Publication 25/02/2020
La Commission des finances de l’Assemblée nationale française s’est penchée, le 12 février, sur la réforme du franc CFA, annoncée fin décembre 2019. Mais une partie des explications que deux techniciens du Trésor et de la Banque de France ont données aux députés s’écartent des faits ou s’avèrent partielles. Décryptage, par Fanny Pigeaud (journaliste) et Ndongo Samba Sylla (économiste).
Le 12 février 2020, la Commission des finances de l’Assemblée nationale française a consacré une séance de travail à la réforme du franc Cfa, annoncée quelques semaines plus tôt, le 21 décembre 2019, par le Président français Emmanuel Macron et son homologue de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara.
Créé en 1945 par le gouvernement provisoire français, le franc Cfa est la dernière monnaie coloniale qui circule encore sur le continent africain. Placé, aujourd’hui encore, sous la tutelle politique et financière du gouvernement français, il est utilisé par 187 millions de personnes, réparties entre les six pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), et les huit pays formant l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). La réforme dont il est question concerne uniquement le franc Cfa de l’Uemoa (une autre réforme est apparemment à l’étude pour le franc Cfa de la Cemac).
Pour expliquer aux députés les changements qui allaient être opérés et répondre à leurs questions, un cadre du Trésor français et un représentant de la Banque de France avaient été invités. La vidéo de cette réunion est accessible sur Internet.
Si cette séance a permis de formuler quelques rappels importants et d’apporter des précisions, une partie des explications que les deux techniciens ont données aux parlementaires s’écartent des faits ou s’avèrent très partielles. A l’évidence, très peu des députés présents semblaient outillés -ou préparés- pour traiter et comprendre cette question et ses enjeux.
Nous avons déjà écrit sur cette réforme. Mais il nous a semblé utile de reprendre ce qui avait été dit à l’Assemblée nationale, et de faire le point, afin que les citoyens ordinaires et les responsables politiques français, européens et africains, soient informés le mieux possible, sachant que les parlements nationaux (africains et français) seront consultés pour la ratification du texte de cette réforme, probablement dans les mois à venir. La France devra aussi -si ce n’est déjà fait- aviser les autorités monétaires de la zone euro de la réforme envisagée (ces dernières encadrent la coopération monétaire entre la France et les pays de la zone franc en vertu de la décision du 23 novembre 1998 du Conseil de l’Union).
Dans un premier temps, nous allons reprendre les quelques éléments d’information utiles qui ont été communiqués aux députés pendant cette réunion. Dans un deuxième temps, nous reviendrons sur les propos qui nous semblent problématiques, voire très problématiques.
Partie 1 : Les informations et rappels utiles Rien ne change
Les cadres du Trésor et de la Banque de France ont commencé par indiquer que la réforme laissait intacts des «éléments essentiels» du système Cfa, à savoir la parité fixe avec l’euro et la «garantie de convertibilité illimitée» de la France. L’objectif a été avant tout de «sortir les irritants politiques», lesquels «ne sont pas nécessaires pour assurer la parité fixe et la garantie».
Les «irritants politiques», ce sont le nom du franc Cfa (devant être rebaptisé «eco»), la présence de représentants français dans les instances techniques de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (Bceao) et l’obligation pour la Bceao de placer 50 % de ses réserves au Trésor français. Ce sont en effet les indices les plus visibles de la subordination des pays membres de l’Uemoa à la France.
Par leurs propos, les deux intervenants ont confirmé que la réforme qualifiée «d’historique» par MM. Macron et Ouattara ne… changeait rien au fond. On comprend bien qu’en supprimant les «irritants politiques», Paris espère mettre un terme aux nombreuses critiques sur le franc Cfa, qui ont pris de plus en plus d’ampleur ces trois dernières années.
La France reste la patronne
Les deux orateurs ont donné des précisions sur la manière dont la France va assurer la «maîtrise de son risque», en tant que «garant». «Maîtriser son risque» revient pour la France à définir les conditions de l’octroi de sa «garantie».
Ils ont expliqué que cette «maîtrise du risque» passera «par d’autres moyens» que ceux utilisés jusqu’ici (dont la présence des représentants de la France dans les instances et la centralisation de la moitié des réserves au Trésor français), évoquant «des questions de reporting, de dialogue en cas d’approche des crises». Ils ont ajouté : «Nous avons travaillé avec la Bceao sur un cadre de reporting sur des éléments d’informations financières, les évolutions monétaires, l’évolution des réserves, nous permettant d’avoir le même niveau d’informations qu’avant et un canal de dialogue pour que, quand on s’approche d’une situation où la garantie de l’Etat pourrait être appelée, on puisse faire valoir notre point de vue sur la restauration des grands équilibres».
C’est encore la confirmation que rien ne change : le Trésor français va continuer à avoir un droit de regard/exercer un contrôle sur les activités de la Bceao et de ses pays membres.
Soulignons que les deux techniciens ne semblent pas être sur la même longueur d’onde que le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, qui déclarait le 28 janvier dernier devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale : «Le cordon ombilical qui reliait encore les pays membres de la zone du franc Cfa, devenu l’eco, au Trésor français se trouve ainsi coupé.». A moins qu’il ne s’agisse d’un revirement dans la communication de Bercy.
Les pays africains devront ratifier le texte préparé par la France
Lors de cette séance, il a été précisé que le nouvel accord conclu entre l’Uemoa et le ministère français des Finances devrait être ratifié par le Parlement français et celui de chacun des huit Etats membres de l’Uemoa. «Nous travaillons sur le projet de loi de ratification, ça prendra quelques mois pour que le texte soit soumis aux parlements. L’idée est d’aller vite.» Sont aussi en préparation les «textes secondaires d’application», dont la «convention de garantie» pour les modalités techniques concernant la «garantie de convertibilité illimitée». A noter : ni l’Uemoa ni le ministère français de l’Economie et des finances n’ont jusqu’à présent jugé utile de rendre public l’accord qu’ils ont signé le 21 décembre 2020, juste après l’annonce de la réforme.
Lorsque nous avons demandé, début janvier, au ministère de l’Economie et des finances, s’il était possible d’obtenir ce texte, on nous a répondu : «Le texte n’est pas public pour le moment. Le Trésor n’a toujours pas de délai de publication.»
L’eco Cedeao n’est pas pour demain
Les invités des parlementaires ont soutenu que la France était «favorable à une intégration régionale» en Afrique de l’Ouest. Mais ils ont aussi dit à plusieurs reprises que la monnaie unique de la Cedeao était une perspective de «très très très long terme».
Rappelons que la Cedeao est une organisation régionale qui rassemble les quinze pays de l’Afrique de l’Ouest dont ceux de l’Uemoa. Elle a un projet de monnaie unique qui remonte à 1983. En juin 2019, elle a décidé de donner à cette future monnaie le nom eco (diminutif d’Ecowas, traduction anglaise du sigle Cedeao).
Les deux techniciens ont reconnu que, depuis l’annonce de MM. Macron et Ouattara, le nom «eco» «renvoie à deux réalités différentes» : l’eco de la Cedeao et l’eco, nouveau nom choisi pour le franc Cfa de l’Uemoa. Ils n’ont toutefois pas fait allusion aux critiques émises par plusieurs pays de la Cedeao au sujet de la réforme du franc Cfa. Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du Nigeria, du Ghana, de la Guinée, de la Gambie, de la Sierra Leone et du Liberia ont exprimé, le 16 janvier 2020, leur inquiétude à propos de la décision de l’Uemoa de rebaptiser le franc Cfa avec le nom retenu pour la monnaie unique de la Cedeao ; ce qui ne correspond pas à la feuille de route de la Cedeao.
De l’avis du représentant du Trésor français, la mise en place rapide d’une monnaie unique régionale ne semble pas être une urgence pour les pays africains dont «le Nigéria qui n’a pas l’air pressé» et «les pays de l’Uemoa qui n’ont pas l’air non plus particulièrement pressés de passer à une union monétaire à quinze». Ce qui suggère, selon lui, que la parité fixe du franc Cfa avec l’euro va durer encore quelque temps. «Il est possible, probable» que l’intégration monétaire en Afrique de l’Ouest «se fera par agrégation progressive de certains pays qui pourraient avoir un intérêt à rejoindre l’Uemoa», a-t-il conclu. Une vision qui n’est pas conforme non plus à la feuille de route de la Cedeao.
La Bceao et la Beac sont de «gros clients» de la Banque de France
Une information intéressante a été livrée par le représentant de la Banque de France : « La Bceao est le deuxième client après la zone euro de la Banque de France pour l’impression des billets.» La Bceao et la Beac (Banque des Etats d’Afrique centrale) sont «ses deux principaux clients extérieurs de la zone euro et représentent plus de 40 % et même près de la moitié de son plan de charges sur l’avenir». Ce sont des «clients importants pour l’avenir de cette activité en France». Ceci explique sans doute pourquoi, après 60 ans de «coopération monétaire», la Beac et la Bceao sont toujours incapables de fabriquer elles-mêmes leurs billets de banque. Comme nous l’écrivons dans notre livre L’arme invisible de la Françafrique. Une histoire du franc Cfa (page 130) :
«Entre 2013 et 2017, la Bceao a dépensé 226,8 millions d’euros en “entretien de la circulation fiduciaire”, ce qui comprend l’achat des signes monétaires, leur transport et leur assurance, soit une moyenne de 45 millions d’euros par an. Entre le milieu des années 2000 et 2017, la facture se chiffre à un peu plus d’un demi-milliard d’euros.»
Indication donnée par le représentant de la Banque de France : cette dernière n’a pas encore reçu de commande d’impression pour des billets de banque libellés en eco.
«Aucun risque de transfert»
Les deux orateurs ont apporté plusieurs précisions importantes concernant la «garantie de convertibilité illimitée». Elle n’a été exercée que très rarement entre les années 80 et le début des années 90, ont-ils rappelé. Depuis 1994 au moins, cette «garantie» n’a plus été sollicitée par la Beac et la Bceao. De plus, son existence n’implique pas que les deux francs Cfa sont entièrement convertibles avec les autres monnaies, l’euro y compris. La «garantie» «est tout à fait compatible avec une convertibilité relativement limitée de ces monnaies [les deux francs Cfa] qui est limitée par le contrôle des changes». En d’autres termes, il est impropre de parler de «convertibilité illimitée». Une conclusion logique que le représentant de la Banque de France ne tire pas pour autant.
Enfin, la vraie fonction de la «garantie» française, (nominale plutôt que réelle, comme nous le verrons dans la seconde partie), est de faciliter la liberté des transferts : la «garantie française élimine le risque de transfert : à aucun moment vous n’allez manquer de devises», a-t-il précisé. Ce qui confirme l’intérêt du système Cfa pour les multinationales opérant dans les pays de la zone franc et qui réalisent leurs profits en francs Cfa.
L’Uemoa n’a pas de justification économique
Le représentant de la Banque de France a reconnu que l’Uemoa -au même titre que la Cedeao- n’est pas une « zone monétaire optimale», c’est-à-dire que les pays qui la composent ne remplissent pas les préalables institutionnels, politiques et économiques qui rendent le partage d’une même monnaie bénéfique pour chacun d’entre eux. Il aurait cependant pu aller plus loin en tirant les conclusions de ce constat : dans ce cas, pourquoi avoir une monnaie unique, le franc Cfa/eco ? On voit bien que, en marge de la tutelle française, l’autre aspect qui fait du franc Cfa une monnaie coloniale est le fait qu’il soit partagé par des pays qui ont des fondamentaux économiques, des niveaux de développement, des cycles économiques, etc., très différents.
Partie 2 : Les propos problématiques
Passons maintenant en revue les propos tenus pendant cette réunion de la Commission des finances qui, de notre point de vue, posent problème.
Sur le choix du régime de change fixe
Déclaration : «Les accords de coopération monétaires sont destinés à aider ces pays (de la zone franc, ndlr) à maintenir le choix de régime de change qu’ils ont fait eux-mêmes. La France, par la garantie inconditionnelle et illimitée qu’elle apporte, vise à soutenir ce choix d’un régime de change fixe», ont affirmé les deux invités aux membres de la Commission des finances.
Notre commentaire : Les pays africains se sont vu imposer le franc Cfa et le régime de change fixe pendant la colonisation. Avant de leur octroyer l’«indépendance», les autorités françaises ont obligé les futurs Etats à signer une longue liste d’accords dits de «coopération», dont des accords monétaires exigeant l’utilisation du franc Cfa. Le Premier ministre français Michel Debré résume ce principe de ces indépendances conditionnées dans une lettre, adressée en juillet 1960, à son homologue gabonais, Léon Mba : «On donne l’indépendance à condition que l’Etat, une fois indépendant, s’engage à respecter les accords de coopération. […] L’un ne va pas sans l’autre.»
A sa création, le franc Cfa n’avait pas pour autre but que de permettre à la Métropole de continuer à acquérir en monnaie française les matières premières africaines à des prix bas et sans risque de change, et à fournir des débouchés à ses entreprises. Comme le système Cfa n’a jamais changé depuis 1945, sa finalité est restée la même.
La France tient à la parité fixe parce qu’elle va de pair avec la «garantie», un prétexte qui lui offre un instrument de contrôle politique sur ses anciennes colonies. La France ne peut octroyer une «garantie» dans la monnaie d’un pays tiers, en raison du risque de change. C’est pourquoi elle ne s’est pas montrée jusqu’ici enthousiaste à l’idée d’ancrer le franc Cfa à un panier de monnaies.
Sur la «stabilité du franc Cfa»
Déclaration : Le franc Cfa est une monnaie «extrêmement stable» grâce à sa parité fixe avec le franc au départ et l’euro aujourd’hui (un euro = 656 francs Cfa).
Notre commentaire : Avant le passage à l’euro, en 1999, le franc Cfa était arrimé au franc français, une monnaie faible et très instable qui a fait l’objet de dix dévaluations entre 1945 et 1986. La forte instabilité du franc français rejaillissait sur la valeur externe du franc Cfa.
La prétendue «stabilité» du franc Cfa n’existait donc que par rapport au franc français. Du fait de la parité fixe, les pays Cfa subissaient les dévaluations du franc français dans les mêmes proportions. Ces dévaluations avaient un fort impact sur leurs économies car le dollar est la monnaie dans laquelle sont libellés une proportion importante de leur dette extérieure ainsi que les prix d’une grande partie de leurs produits d’exportation. Les dettes qu’ils avaient dans d’autres monnaies que le franc augmentaient donc. Tandis que leurs réserves de change, essentiellement détenues en franc français (100% entre 1960 et 1973 ; puis 65% entre 1973 et 1999), perdaient de la valeur à chaque dévaluation du franc.
Malgré l’arrivée de l’euro, une monnaie beaucoup plus stable que le franc français, la valeur externe du franc Cfa est demeurée très volatile, étant donné que la valeur de l’euro en dollar varie librement. Lorsque l’euro s’apprécie par rapport au dollar, les pays Cfa perdent en compétitivité-prix : ils ont plus de mal à vendre leurs produits à l’extérieur et leurs recettes d’exportation en dollar perdent de la valeur quand elles sont converties en francs Cfa. Entre octobre 2000 et mi-juillet 2008, le franc Cfa s’est apprécié graduellement de plus de 90 % par rapport au dollar ! Durant cette période, une étude de l’Agence Française de Développement soulignait que la parité fixe du Cfa avec l’euro avait été l’un des principaux facteurs responsables de la banqueroute des producteurs et des sociétés de commercialisation de coton au Burkina Faso :
«A terme, étant donné le potentiel d’appréciation de l’euro […] et sachant qu’une hausse significative des cours mondiaux de la fibre [de coton] en Usd est peu probable […], la filière cotonnière burkinabè apparaît menacée. Sans ajustement en terme nominal [i.e., sans une révision de la parité franc Cfa/euro], le risque est d’assister à la poursuite de l’ajustement en termes réels [i.e. une baisse du niveau de vie général] -rendu inévitable par la dégradation des termes de l’échange- et donc à la fragilisation continue des sociétés cotonnières et des acteurs qui lui sont liés.»
L’arrimage du franc Cfa à un euro «fort» et les accords de libre-échange avec l’Union européenne sont deux facteurs dont l’effet combiné est d’appauvrir les paysans africains et d’empêcher toute perspective de transformation industrielle.
Sur la surévaluation du taux de change
Déclaration : A propos du taux de change : «Il n’y a pas de désalignement en Uemoa ou Cemac. Le taux de change est en ligne avec les fondamentaux. C’est ce que dit le Fmi aussi ! Il n’y a pas à notre connaissance de poids sur la compétitivité à l’export. Il n’y a pas de surévaluation du franc Cfa depuis 1994», a-t-il été répété aux députés pendant la réunion.
Notre commentaire : Le rapport du Fmi sur l’Uemoa daté de mars 2019 souligne que le franc Cfa est surévalué de 5 % en moyenne (page 30). Historiquement, le franc Cfa est né surévalué. A sa création en 1945, 1 franc Cfa s’échangeait contre 1,70 franc. En 1948, 1 franc Cfa valait 2 francs. Cette parité monétaire (en dépit du changement d’unité de compte du franc devenu «franc lourd» en 1960) est restée stable jusqu’en 1994 ! Les travaux de la Bceao elle-même montrent que le franc Cfa a été chroniquement surévalué, dans les différents pays de l’Uemoa, des années 1960 à la dévaluation de 1994.
Par la suite, la disparition du franc au profit de l’euro a anéanti les gains en termes de compétitivité extérieure que la dévaluation de 1994 avait permis de réaliser, comme l’a confirmé la Cnuced dans son Rapport sur le commerce et le développement 2007 (pages 134-135).
Il faut cependant aller plus loin dans l’analyse, car un taux moyen de surévaluation pour huit pays n’a aucune signification économique. Le taux de surévaluation varie selon les pays et c’est là le principal problème. D’où la question une fois de plus : est-il judicieux économiquement de maintenir cette monnaie unique ?
Sur la «garantie» française
Déclaration : La supposée «stabilité» du franc Cfa est «liée à la présence d’une garantie que la France apporte» et que l’on appelle «garantie de convertibilité illimitée» : si la zone manque de réserves de change pour couvrir ses engagements extérieurs, la France lui «apporte des euros».
Notre commentaire : La France «prête» des euros aux banques centrales, et pas «apporte», ce qui n’est pas exactement la même chose. D’ailleurs, elle ne leur a jamais prêté d’euros jusqu’à aujourd’hui…
La «stabilité» du franc Cfa est d’abord liée au fait que la politique monétaire de la Bceao et de la Beac suit celle de la zone euro, qui a une inflation faible. Le franc Cfa est devenu un euro déguisé depuis 1999, tout comme il était auparavant un franc français déguisé. A bien parler, le franc Cfa n’est même pas une monnaie, mais un signe monétaire du Trésor français. C’est le premier rapport sur la zone franc publié en 1953 qui faisait un tel constat : toutes les monnaies de la zone franc sont des multiples ou des sous-multiples de la monnaie française !
Cette «stabilité» résulte ensuite du fait que les pays de la zone mènent une politique (dictée par Paris, il est vrai) consistant à maintenir un niveau de réserves permettant de couvrir largement leurs engagements extérieurs. Ce qui a toujours rendu superflue la «garantie» française.
Comme nous l’expliquons dans notre livre, L’Arme invisible de la Françafrique. Une histoire du franc Cfa, la «garantie» française est un concept putatif. Ce sont les Etats africains eux-mêmes qui, avec leurs réserves de change, garantissent la valeur du franc Cfa et donc sa parité fixe avec l’euro. C’est exactement ce qu’écrivait en 1980, Bernard Vinay, ex-directeur à la Banque centrale des Etats d’Afrique centrale et du Cameroun (l’actuelle Beac), cité par l’économiste sénégalais Makhtar Diouf : «La garantie est virtuelle aussi longtemps que les instituts d’émission (africains) disposent de réserves … Lorsque les pays de la zone franc disposent de réserves de change, cette garantie est purement nominale puisqu’elle n’est pas mise à contribution».
Notons que l’adjectif «illimitée» associée à la «garantie» est mensonger : la France ne peut prêter de manière illimitée des euros. Les intervenants à la séance au Parlement ont parlé aussi de garantie «inconditionnelle». Le terme est aussi inexact puisque la France dispose jusque-là de plusieurs contreparties : les réserves de change déposées sur les comptes d’opérations ouverts dans les livres du Trésor français (en dépit des affirmations contraires du représentant de la Banque de France), le stock d’or monétaire de la Bceao dont près de 90 % sont déposés à la Banque de France, sa présence dans les instances «techniques» de la Bceao et de la Beac, sans oublier le Fmi – qui est son paravent.
En 1994, la France a décidé, avec le Fmi, d’une dévaluation de 50 % des deux francs Cfa, au lieu de jouer son rôle de garant.
Sur l’usage des réserves de change des pays africains
Déclaration : «On ne finance pas du tout la dette de la France avec ces réserves» (= les réserves placées sur le compte d’opérations auprès du Trésor français).
Notre commentaire : C’est pourtant le contraire, comme l’a admis dès 1970 un rapport du Conseil économique et social français. On y lit :
«L’avantage que représente pour le Trésor français l’existence de soldes créditeurs aux comptes d’opérations :
1. Les soldes créditeurs des comptes d’opérations sont l’une des ressources qu’utilise le Trésor français pour financer la charge qui résulte pour lui des découverts d’exécution des lois de finances et de l’amortissement de la dette publique.»
En 2019, un cadre du Trésor français a déclaré à la radio allemande Deutsche Welle : «Ce qui est factuellement vrai est que ces sommes [placées sur le compte d’opérations], très limitées, viennent très marginalement atténuer le volume de dette qui est émis chaque année par l’Etat, puisque de facto, elles sont présentes en trésorerie sur le compte de l’Etat. C’est techniquement vrai, mais financièrement marginal.»
Les réserves de change apportées à la France par la Beac et la Bceao (des liquidités disponibles à court terme pour le Trésor français) représentaient 15 % du déficit public français en 2017. Ce type de comparaison fait plus sens que de les comparer à un stock de dette publique payable sur des décennies.
Sur la rémunération des avoirs placés sur le compte d’opérations
Déclaration : Le compte d’opérations «donne lieu à rémunération avec un intérêt favorable». Les réserves de change des pays de la zone franc déposées sur les comptes d’opérations sont «rémunérées à 0,75%». C’est «très avantageux pour les banques centrales d’avoir ce placement». Cette «rémunération des comptes est bien supérieure à que ce que la France a, elle, quand elle dépose à la Bce sa trésorerie (aujourd’hui, c’est -0,50%)». «Globalement, ça coûte et ça a couté à la France. C’est un élément de libéralité par rapport aux zones franc.»
Notre commentaire : Les réserves de change déposées sur le compte d’opérations sont des ressources que les pays africains mettent à disposition de la France. Il est normal que ce placement soit rémunéré. Il n’y a aucune «libéralité» là-dedans : «Lorsque le solde (des comptes d’opérations) est positif, il constitue un gain de devises pour la France», a écrit Bernard Vinay, en 1980.
D’un point de vue historique, les taux d’intérêt réels -c’est-à-dire les taux d’intérêt nominaux ajustés de l’inflation- servis par la France ont souvent été négatifs. Cela veut dire que les pays africains payaient la France pour leur garder leurs devises, pour utiliser l’expression de l’économiste camerounais Joseph Tchundjang Pouemi ! Ce sont donc les pays africains qui ont longtemps perdu au change. Ceci continue d’être la norme avec la poursuite par la Banque centrale européenne de politiques de taux d’intérêt nuls.
Il est vrai que le taux de 0,75 % servi par la France à la Bceao et à la Beac est supérieur au taux auquel elle pourrait se financer sur les marchés. Ce surcoût a sans doute partie liée avec la décision (de la France) contenue dans la réforme de fermer le compte d’opérations de la Bceao. Mais cette situation -où la rémunération des réserves de change des pays africains est supérieure aux taux sur les marchés- est le résultat des politiques monétaires non conventionnelles, adoptées par les banques centrales des pays développés dans le sillage de la crise financière de 2007-2008. Ce n’était pas le cas auparavant. D’ailleurs, comme le taux d’inflation est supérieur au taux de 0,75%, les pays africains perdent eux aussi en termes réels en plaçant leurs réserves sur le compte d’opérations !
L’absurdité de la situation tient à ceci : des pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire émettent des titres de dette en monnaie étrangère à des taux annuels de 5-6%, alors qu’ils auraient pu faire un tout autre usage de leurs réserves de change qui sont soumises à des rendements réels négatifs. Au lieu de s’endetter à ces taux prohibitifs, ils auraient mieux fait de faciliter les conditions d’octroi de crédits bancaires domestiques. Mais, comme une politique monétaire plus expansive peut mettre en péril la parité intouchable du franc Cfa avec l’euro, ils sont obligés de s’accommoder de cette situation absurde.
Sur l’attractivité de la zone franc
Déclaration : « Pour les investisseurs étrangers, la parité fixe est très attractive. »
Notre commentaire : Ce n’est pas ce que les chiffres montrent. Petit extrait de notre ouvrage :
« Les Investissements directs étrangers en Afrique sont captés par les pays qui ont les PIB les plus importants et ceux qui sont les mieux dotés en hydrocarbures ou en ressources minières. En 2016, l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria, le Maroc et l’Angola avaient reçu plus de 50 % du stock d’IDE entrants en Afrique. La CEMAC représentait seulement 7,1 % de ce stock en 2016 tandis que la part de l’UEMOA se situait à 3 %. Seuls trois pays de la zone franc figuraient dans le top 20 africain : le Congo (10e), la Guinée équatoriale (17e) et la Côte d’Ivoire (20e). Le Ghana, dont la monnaie, le cedi, est réputée moins stable que le franc CFA, enregistre pourtant un stock d’IDE entrants supérieur à celui de tous les pays de l’UEMOA réunis. Plus frappant, en termes de stock d’IDE entrants, le Congo est le seul pays de la zone franc plus « attractif » que la République démocratique du Congo. Tout cela montre que les investisseurs étrangers sont mus par des considérations autres que celles que leur prêtent les thuriféraires du franc CFA. L’ironie de l’affaire, c’est que la zone franc n’est pas la première destination de l’IDE de la France en Afrique. En 2012, ce dernier s’établissait à un peu moins de 58 milliards de dollars (soit 3,7 % du total du stock d’IDE de la France dans le monde), dont 60 % étaient reçus par quatre pays hors zone franc : le Maroc, l’Angola, le Nigeria et l’Égypte. »
Sur le bilan de la « coopération monétaire »
Déclaration : Le bilan de la coopération monétaire entre l’UEMOA et la France est « très positif ». « L’objectif, c’était la stabilité, une inflation faible et un cadrage macroéconomique favorable au développement et à la croissance. Notre analyse : oui, ça a fonctionné et c’est la raison pour laquelle nous sommes favorables à poursuivre cette coopération monétaire avec les fondamentaux que sont la parité et, pour que cette parité fixe soit crédible, la garantie de la France. » Pour appuyer ces propos, les deux intervenants ont mentionné les taux de croissance actuellement élevés dans certains pays de l’UEMOA et le faible niveau de l’inflation. « Le régime de change fixe a été efficace avec en zone UEMOA et CEMAC des taux d’inflation proche de leurs cibles, même légèrement inférieure », ont-ils dit.
Notre commentaire : Si l’on se situe uniquement dans une perspective française, l’accord de coopération monétaire a été très bénéfique et sans grand coût. Les trois mécanismes issus de la période coloniale auxquels la France est tant attachée – une parité fixe du franc CFA avec la monnaie française stable sur la longue durée, une liberté de transferts et une tutelle monétaire – sont toujours en place. Leur produit dérivé – la faiblesse du niveau de l’inflation des pays de la zone franc comparé au reste du continent africain – est le seul motif de consolation côté africain.
La prétendue stabilité procurée par le franc CFA a eu d’énormes coûts pour les populations africaines. La parité fixe empêche les pays de la zone franc de se servir du taux de change comme moyen d’ajustement. En cas de crise, ils se retrouvent obligés de s’ajuster en réduisant les dépenses publiques et de baisser le niveau de vie des populations. Autrement dit, cette rigidité monétaire se traduit par une certaine instabilité sur le plan de l’activité économique. Pour défendre la parité fixe, les banques centrales sont obligées d’avoir des conditions très restrictives d’octroi des crédits bancaires aux ménages, aux entreprises et aux États. Une preuve éloquente : les entreprises privées du secteur productif de la Guinée-Bissau n’avaient reçu que 39,5 milliards FCFA de crédits bancaires en 2017, là où la BCEAO accordait à ses quelques 3600 employés des prêts d’un montant de 52,8 milliards FCFA ! Qui peut croire que la Guinée-Bissau peut connaître un quelconque développement économique avec des importations annuelles de biens d’équipements et de biens intermédiaires d’un montant total de 36 milliards FCFA ?
La conséquence de tout ceci est que le système CFA paralyse les dynamiques productives et contraint les États à emprunter à l’extérieur, à des taux élevés, pour financer leur développement. Il cantonne ultimement les pays de la zone franc dans un rôle de producteurs de matières premières et de consommateurs de produits importés.
Près de 75 ans après la naissance du franc CFA, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les 14 pays concernés sont tous des pays pauvres, sans exception.
La Côte d’Ivoire qui est le pays le plus important dans la zone franc avait en 2018 un PIB réel par habitant inférieur de 31 % à son meilleur niveau obtenu en 1978. Ce n’est qu’en 2015 que le Sénégal, deuxième « poids lourd » de l’UEMOA, a retrouvé son meilleur niveau de PIB réel par habitant obtenu en 1961. Le PIB réel par habitant du Niger en 2018 était inférieur de 44 % à son meilleur niveau datant de 1965. La Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise, a enregistré son meilleur niveau de PIB réel par habitant en 1997, année de son entrée dans l’UEMOA. 21 ans plus tard, cet indicateur a diminué de 18 % ! De ce point de vue, il apparaît évident que les taux de croissance observés depuis une décennie dans la zone UEMOA sont l’arbre qui cache la forêt de la détresse économique : ils ne font que rattraper les décennies antérieurement perdues.
Dans les pays de la CEMAC, le constat est globalement le même. Le Gabonais moyen est moitié moins riche de nos jours qu’il ne l’était en 1976. Même chose pour le Cameroun et le Congo qui avaient en 2018 un PIB réel par habitant inférieur respectivement de 18 % et de 22 % à leurs meilleurs niveaux, datant respectivement de 1986 et de 1984.
En 2018, le Niger, la République centrafricaine et le Tchad étaient les trois derniers du classement de l’Indice de Développement Humain sur un total de 189 pays.
Doit-on juger le « bilan » de la zone franc eu égard seulement au fait que la Côte d’Ivoire, le Cameroun et d’autres pays CFA ne vivent pas l’hyperinflation du Zimbabwe ? Les représentants du gouvernement français peuvent parler de « bilan positif ». Mais les faits ne leur donnent pas raison.
Sur l’influence française au sein de la BCEAO
Déclaration : « La présence de la France dans les instances techniques de la BCEAO donne droit à une chaise parmi neuf » (chaque État membre de l’UEMOA a un siège et la France en a un en tant que « garant »). « C’est donc une présence extrêmement minoritaire sans droit de gouvernance particulier pour la France. »
Notre commentaire : Au sein du conseil d’administration de la BCEAO et de la BEAC, la France dispose en effet du même nombre de représentants et de voix que chaque État membre des deux espaces monétaires concernés. Dans le passé, elle a eu un droit de veto explicite dans ces instances (c’était défini dans les statuts des deux banques centrales). Comme nous l’écrivons dans notre livre, aujourd’hui « les décisions se prennent à la majorité simple des voix, sauf celles concernant la modification des statuts de la BCEAO et de la BEAC qui doivent être prises à l’unanimité par les administrateurs. Cela signifie que la France a un droit de veto implicite sur les questions essentielles ». De toute manière, le statut de « garant » financier assure au gouvernement français un contrôle effectif sur la gestion monétaire des pays de la zone franc. Ce point est confirmé par un arrêt rendu par... le Conseil d’État français, en 2012 :
« La gestion et le contrôle de la BEAC sont notamment assurés par la représentation de la France au sein de cet organisme […] l’activité de la BEAC, qui régit la coopération monétaire entre la France et cinq États d’Afrique centrale, présente un intérêt particulier pour l’économie française. »
Il est sans doute temps que le gouvernement français arrête de faire croire à l’opinion publique française et européenne qu’il joue un rôle bénévole et désintéressé dans la persistance d’un système monétaire colonial, de plus en plus désavoué par l’opinion publique africaine, en Afrique francophone et au-delà.
Pour plus d’informations et d’analyses, nous vous conseillons bien entendu de lire L’Arme invisible de la Françafrique. Une histoire du franc CFA (La Découverte, 2018).