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26 septembre 2025
Par Al Hassane FaLL
HOMMAGE A FEU PIERRE SARR
L’hommage que je me propose de rendre à cet éminent intellectuel ne se situera pas, simplement, sur le plan personnel ou affectif, car si j’ai connu Pierre Sarr, ce fut comme étudiant au Département de Philosophie, et d’échanger avec lui
Il me plaît, en ce 28 avril, de rendre hommage à un professeur émérite de philosophie dont j’ai eu le privilège de suivre les enseignements, de la première année à la maîtrise et qui fut, du reste, l’encadreur de mes recherches pour le mémoire de maîtrise, je veux nommer feu Pierre SARR, ancien chef du Département de Philosophie.
L’hommage que je me propose de rendre à cet éminent intellectuel ne se situera pas, simplement, sur le plan personnel ou affectif, car si j’ai connu Pierre SARR, ce fut comme étudiant au Département de Philosophie, ayant eu l’opportunité, dans le cadre de mes travaux académiques, d’échanger avec lui sur les problématiques fondamentales de la philosophie. Il s’agira donc non pas d’une série de louanges mais d’un hommage philosophique à l’aune de ses considérations à la fois intempestives et inactuelles. Ce qui faisait la marque distinctive de ce natif du Sine, c’est sans nul doute son amour de la pensée grecque antique, quoi de plus normal d’ailleurs, pour cet historien de la philosophie ancienne et médiévale, si l’on admet que la philosophie, comme le dit Martin Heidegger, est grecque, elle parle grec et il faut une oreille grecque pour l’entendre. C’est pourquoi, il aimait dire que la philosophie est une affaire de bonne semence naturelle et, suivant la fameuse formule de Hegel, elle n’est pas faite pour le vulgaire ni pour être mise à la portée du vulgaire. Malgré sa conception élitiste de la pensée philosophique, il a toujours su, à la lumière de la sagesse socratique, quoique de manière parfois énigmatique, trouver le contexte ou le prétexte pour mettre en branle le dialogue philosophique.
Homme charismatique mais aussi plein d’humour, il savait si bien jouer les nuances et les subtilités du langage. Un jour, je me rappelle, surveillant un contrôle et rappelant les consignes, il disait : « il est interdit de se parler ». C’est alors que mon voisin, taquin, lui rétorqua en ces paroles : « …mais on peut au moins se regarder… ».
Après quelques secondes de silence, il lui répondit : « vous savez, monsieur, on peut même communiquer par le regard… » ; Puis, en fin connaisseur de Ferdinand de Saussure, il rajouta : « le langage de la parole n’est pas le seul langage… ». Je me souviens, également, lors d’un cours, en deuxième année, sur la Métaphysique d’Aristote, faisant le point sur le déroulement du programme de ladite matière, il s’écria : « nous avons presque fini, il ne nous reste que des détails… », aussi s’empressa-t-il de dire : « …mais la philosophie est une affaire de détail, il faut s’accaparer du détail pour en faire la substance de sa pensée ».
Au demeurant, loin de vouloir ramener le savoir philosophique à la dimension du détail, ou poser le détail comme objet de la philosophie ; en bon lecteur du Ménon de Platon, il avait compris que le détail était un critérium de la rigueur du raisonnement philosophique car le discours, en tant que discours, se devait de montrer et de démontrer son universalité, au-delà des contingences multiformes du détail, même si le détail reste un moment de la pensée philosophique. Si Pierre SARR était celui qu’on pourrait appeler, à tort ou à raison, le penseur du détail, c’est certainement parce qu’il estimait que la philosophie naît du détail, mais se construit dans sa négation et s’accomplit dans l’affirmation de l’être en tant qu’être qu’Aristote considère, dans la Métaphysique, comme l’objet de toutes les recherches, présentes, passées et à venir…
S’il en est ainsi, c’est parce que l’actualité inactuelle parce qu’actuelle à jamais du questionnement philosophique, au sens où l’entendait Pierre, comme l’appelaient affectueusement ses étudiants, réside dans la prise en charge de la sempiternelle question de l’être, non pas en vue de prendre part, uniquement, à ce que Aristote appelait « le combat des géants », mais, principalement, de comprendre l’homme, dans sa relation à l’être, en tant qu’être-là, en vue de donner sens à la politique. C’est dire que la pensée sur les fondements de l’art politique ne saurait faire l’économie de l’ontologie et, partant, de l’être de l’être qui pose la question du sens de l’être car aucune question métaphysique ne peut être questionnée sans que le questionnant ne soit lui-même compris dans la question.
Ainsi, c’est seulement à travers la connaissance de l’homme, le seul animal qui sait qu’il va mourir, cet être fini qui aspire à l’infini, ce « cas » de la nature, pour reprendre Martin BUBER, que l’on pourra refonder la politique. En effet, comme il l’écrivait dans un article paru dans la Revue Ethiopiques, intitulé La question de l’homme dans l’anthropologie métaphysique, « tel on conçoit l’homme, la personne humaine, tel on lui construira une demeure. Or, prendre la communauté humaine comme objet de réflexion revient à poser comme exigence de l’art politique, l’organisation de la vie personnelle des citoyens et de la macrostructure étatique selon des principes conformes à l’idéal de la personne humaine. »
Comprendre l’essence de la personne humaine et, par ricochet, le monde, revient d’abord et avant tout à concevoir l’homme, non pas à partir de catégories transcendantales comme l’âme ou l’esprit, ou dans la perspective d’un dualisme rédhibitoire entre l’âme et le corps, encore moins comme simple zôon politikon (animal politique) mais, essentiellement, sous le prisme de l’ontologie phénoménologique, à partir de l’historialité du Dasein, présenté dans Sein und Zeit comme être-dans-le monde.
Malheureusement, l’on assiste, aujourd’hui, à une déviation philosophique où les chemins de la question sur l’essence humaine débouchent sur un non chemin, si ce n’est le chemin des chemins qui ne mènent nulle part. En effet, le monde actuel, marqué par ce que Alain Finkielkraut appelle la défaite de la pensée, dominé par le dictat des nouvelles technologies, nous fait oublier notre réalité d’êtrepour-la-mort que Heidegger définit en ces termes : « dès qu’un homme naît, il est déjà assez vieux pour mourir ». Cet oubli de la mort et l’oubli de cet oubli ont, aujourd’hui, comme conséquence, le primat de l’inauthenticité sur l’authenticité. Maintenant, le monde dans lequel je suis est celui où j’apparais comme identifiant et identifié et non comme personne ; je n’ai plus un nom mais un pseudo, je suis à la fois ami de tout le monde et de personne.
Ainsi, pour pasticher l’auteur de l’Essence de la technique, l’on peut affirmer que le danger menace et les hommes d’aujourd’hui n’ont plus d’oreille pour l’entendre, seul leur parvient le vacarme des nouvelles technologies qu’ils ne sont pas loin de prendre pour la voix même de Dieu, au point qu’on serait tenté de reformuler le cogito cartésien en ces termes : je suis connecté donc je suis. Cette situation, caractéristique de ce qu’on pourrait appeler avec Pascal la misère de l’homme, n’apparaît cependant pas comme un simple divertissement. En vérité, il s’agit plutôt d’un jeu où le joueur est joué dans son propre jeu sans que le jeu en question ne puisse être considéré comme tel. Comprendre l’homme à partir de cette ontologie du jeu, telle doit être la tâche première de toute anthropologie métaphysique. Que ce jour donc qui marque la disparition d’un homme qui aura voué toute sa vie à la pensée métaphysique, nous permette de nous rappeler les urgences de l’heure à savoir comment penser le sens du rapport de l’homme au monde, s’il est vrai que l’homme est toujours pour l’homme ce qu’il y a de plus lointain…
C’est seulement en ranimant l’audience due au sens de la question qu’est-ce que l’homme ? Et en prolongeant cette réflexion de manière à « courir le risque de questionner jusqu’au bout, d’épuiser l’inépuisable de cette question par le dévoilement de ce qu’elle exige de demander », que nous pourrons espérer bâtir, habiter et penser un monde à l’image de l’homme, pour ne pas dire un monde humain trop humain...
Pour finir, je dirai, comme le remarquait, justement, le penseur de Messkirch, dans un cours sur Aristote, résumant la biographie du stagirite : «il naquit, travailla et mourut». Cette phrase lapidaire n’est pas sans évoquer la vie de Pierre SARR lui-même, « une vie, pour reprendre le mot de Jean-Michel Palmier, consacrée au travail et à l’étude, d’un ascétisme presque monacal, mais éclairée par un éblouissant génie ». Au revoir Pierre, que ton âme repose en Paix !
Al Hassane FaLL
Administrateur civil, ancien étudiant au Département de Philosophie
L’éthique est mise à rude épreuve dans l’achat des vivres destinés à l’aide alimentaire d’urgence aux populations. La tonne de riz est achetée à 275.000 FCFA alors que le prix homologué est de 240.000 FCFA pour l’importation
L’éthique est mise à rude épreuve dans l’achat des vivres destinés à l’aide alimentaire d’urgence aux populations. Même si le décret du Président Macky Sall extirpe l’opération du Code des marchés publics, la morale voudrait que les prix d’achat des vivres ne soient pas supérieurs aux prix homologués par le ministère du Commerce. Or, la tonne de riz est achetée à 275.000 FCFA alors que le prix homologué de la tonne du riz brisé non parfumé est 240.000 FCFA pour l’importateur. Une différence qui révolte des experts du secteur du commerce.
La polémique autour des marchés de vivres dans le cadre de la résilience de la pandémie du coronavirus est loin de s’estomper. Même si le débat sur la transparence des marchés semble être dépassé depuis la sortie du ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, Mansour Faye, une autre controverse fait jour. Il s’agit de celle liée à l’éthique. Sur le plan, en effet, de la légalité dans l’attribution des marchés du riz, du transport, de l’huile et du sucre, le ministre Mansour Faye est inattaquable. Puisqu’il peut opposer à ses détracteurs le décret n°2020-781 du 18 mars 2020 qui soustrait les travaux, les fournitures et les prestations de services réalisés dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 du Code des marchés publics. N’empêche sur le champ de l’éthique, soulignent des experts en marchés publics et en commerce, le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale est blâmable. Ils reprochent à Mansour Faye d’avoir acheté par exemple le riz à des prix supérieurs à ceux homologués par le ministère du Commerce.
Citant en effet le tableau des prix administrés à Dakar depuis 2013 (arrêté 01294 du 1er 08 2013), nos interlocuteurs indiquent que la tonne de riz brisé non parfumé coûte 240.000 FCFA. Il s’agit du prix importateur. Le prix grossiste est de 245.000 FCFA la tonne et le prix détaillant est de 260 FCFA le kilogramme. Or, la tonne de riz a été achetée par le gouvernement à 275.000 FCFA la tonne. Un prix bien supérieur à celui homologué par le ministère du Commerce. Idem pour le sucre dont la tonne à l’import ou usine est vendue à 545.000 FCFA, soit 27.250 FCFA le sac de 50 kg, le prix grossiste à 27.750 FCFA le sac de 50 kg et 575 kg le kilogramme au détail.
Quant à l’huile, le prix de la dosette de 250 ML à l’import est de 260 FCFA, il évolue à 270 FCFA chez les grossistes et 290 FCFA au détail. En plus de la problématique des prix, nos interlocuteurs renseignent que les 100.000 tonnes de riz achetées par le gouvernement n’est pas disponible au Sénégal. Parce qu’il y a deux stocks de riz à savoir le riz qui se trouve dans les entrepôts et celui sous douane. Ils rappellent que le Sénégal consomme 150.000 tonnes en trois mois.
D’ailleurs, le bateau qui doit compléter le tonnage de riz acheté par le gouvernement arrive, d’après nos sources, le 30 avril et le 15 mai prochain. Malgré ces écarts de prix, des experts en marchés publics dédouanent Mansour Faye. A les en croire, on ne peut pas parler de surfacturation dans l’achat des vivres parce qu’on n’est pas dans le champ des marchés publics. D’ailleurs, ils pensent que c’est Mansour Faye qui s’est compliqué la tâche en lançant un avis de commande comme s’il s’agissait de marchés publics. Or, le décret cité plus haut lui facilite l’opération. Ce qui fait que l’opinion analyse l’achat des vivres sous l’angle des marchés publics.
LE MINISTRE DU COMMERCE ECARTE DE BOUT EN BOUT
Autres effluves de scandales dans cette affaire de marchés de denrées de première de nécessité, il y a le fait d’octroyer des marchés à des proches souvent pas qualifiés, à un prix supérieur aux prix homologués depuis 2013. Dans le cas du riz, en dehors de Moustapha Ndiaye qui, quoique proche de Me Oumar Youm, est un homme du sérail, qui exploite le riz Buffalo, les autres n’ont pas la qualité à moins qu’ils ne servent d’écran. « Voyez-vous, le riz de Hachem, c’est en réalité la marque Big Jo qui est une propriété de Luis Dreyfus Comodity appartenant à Bourgi. Quand au gars de Koungheul, tout le monde sait qu’il n’est pas importateur. Je suis dans le secteur depuis deux décennies, je n’ai jamais rencontré ces deux», a confié, scandalisée, notre source. Quid du sucre et de l’huile ?
Notre interlocuteur qui promet des révélations sur l’implication de gros bonnets dans ces marchés aux relents de deal, déclare : « Comment peut-on donner le marché de sucre à un importateur, Idy Thiam en l’occurrence, alors qu’il y a 40 000 tonnes de sucre en souffrance à Richard Toll ? On parle même de la fondation Servir le Sénégal également dans l’huile. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que pour réussir leur forfait et ne pas respecter les prix du marché, ils ont écarté le Ministère du Commerce qui homologue les prix. Donc, le gouvernement achète le prix au détail pour l’offrir aux populations. Ce sont les entreprises qui s’enrichissent sur le dos du contribuable qui va encore payer les dettes. A quelle fin si ce n’est dans l’espoir de recevoir une ristourne ?» tacle notre interlocuteur.
LE DEFICIT DE RESPIRATEURS, AU CŒUR DES INQUIETUDES
Comme semble le montrer le 9e décès enregistré dans la cité religieuse de Touba par…manque d’appareil respiratoire, selon certaines indiscrétions
La prise en charge des cas graves du nouveau coronavirus nécessite un traitement pointilleux et un service de réanimation bien équipé, selon les professionnels. Malheureusement, le déficit d’appareils respiratoires, précieux pour soigner les cas graves et sévères de Covid-19, risque de plomber la riposte. Comme semble le montrer le 9e décès enregistré dans la cité religieuse de Touba par…manque d’appareil respiratoire, selon certaines indiscrétions. Zoom sur la problématique de la prise en charge des cas graves, via les acteurs du système, et son développement.
Les centres de traitement des malades de Covid-19 sont majoritairement sous équipés. Plusieurs voix se sont élevées dont celle du Professeur Moussa Seydi, chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Fann pour alerter sur une situation qui pourrait être préjudiciable à la riposte contre la maladie. Ainsi en a-t-il été dans la région de Ziguinchor où le Pr. Moussa Seydi, en visite au centre de traitement, a trouvé le service de réanimation dans un état comateux et non opérationnel. « Le centre n’est pas construit selon les normes et manque d’équipements nécessaires pour être opérationnel », a-t-il déclaré.
Dans le même sillage, le médecin-chef du district de Bignona, Dr Tito Tamba, a assené ses vérités à l’État en indiquant qu’il faut immédiatement un relèvement du plateau technique qui devrait passer par la mise à disposition en quantité suffisante des équipements de protection et autres équipements médicaux. Conséquence de la faiblesse du plateau technique, le 9e décès enregistré dans la cité religieuse de Touba serait dû à l’absence d’un respirateur, selon Iradio. Les retombées de ce déficit d’équipements surtout d’assistance respiratoire pourraient être désastreuses et irréversibles face à cette situation épidémique de Covid-19. D’autant comme l’a indiqué le directeur du Samu National, Pr. Bèye, que l’appareil respiratoire est une nécessité de première ligne dans la prise en charge des cas graves. « C’est dans ces cas que le tableau des détresses respiratoires connait une aggravation, sous le tableau d’une très grosse insuffisance respiratoire qui nécessitera une ventilation artificielle et des moyens de réanimation très poussés », a renseigné le Pr. Mamadou Diarra Bèye. A quel scénario faudrait-il alors s’attendre si la plupart des centres de traitement ne sont pas équipés d’appareils respiratoires ? Doit-on toujours continuer à évacuer les patients qui souffrent de cas graves ou sévères de la Covid-19 au centre Cuemo de l’hôpital de Fann, malgré qu’il ne dispose que de 14 lits ? À ces questions s’impose une réponse diligente, sans quoi le mal du nouveau coronavirus risque d’avoir raison de plusieurs de nos concitoyens.
UNE APPROCHE DE SOLUTION EN FINALISATION, SELON L’ECOLE POLYTECHNIQUE DE THIES
L’école polytechnique de Thiès est sur le point de finaliser un prototype de respirateur qui pourrait être utilisé dans les centres de traitement. Le directeur de ladite école, Alassane Diène, a assuré que le 4e prototype de cet outil si précieux est en phase d’être finalisé. Pour rappel, le Sénégal n’en compte qu’une dizaine et loin d’être suffisant à l’heure où la courbe de contagion du Coronavirus est ascendante. « Nous venons de terminer la réalisation du 3e prototype que nous avons présenté aux autorités et aux médecins. Ces derniers nous ont demandé d’y ajouter certaines fonctionnalités », a déclaré sur les ondes d’iradio, M. Diène. Selon lui, l’équipe d’ingénieurs est à pied d’œuvre pour finaliser le 4e prototype qui va intégrer toutes les remarques des médecins qui devront travailler avec la machine. « On ne peut pas sauter ces remarques pour aller à la commercialisation de l’appareil. Nous sommes tenus de respecter toutes les étapes qu’ils nous ont recommandées », a-t-il signalé.
«LA QUESTION DU DEPISTAGE MASSIF N’EST PAS ENCORE A L’ORDRE DU JOUR»
Au cœur de la lutte contre les transmissions communautaires et une rapide prise en charge des malades de Covid-19, le dépistage massif reste une option écartée par le directeur du Centre des œuvres d’urgence sanitaire (Cous), Dr Abdoulaye Bousso.
Au cœur de la lutte contre les transmissions communautaires et une rapide prise en charge des malades de Covid-19, le dépistage massif reste une option écartée par le directeur du Centre des œuvres d’urgence sanitaire (Cous), Dr Abdoulaye Bousso. Selon lui, cette politique qui prône en substance le dépistage massif n’est pas en adéquation avec la situation épidémique actuelle. Dr Bousso a par ailleurs révélé que 11032 tests ont été réalisés et que la majorité des patients est jeune. Non sans manquer d’affirmer que la seule manière de limiter la propagation de la maladie reste la discipline, le respect des règles de prévention individuelle et collective, tout en insistant sur le déplacement des personnes d’une région à l’autre.
La courbe des cas communautaires est dans une croissance vertigineuse et plusieurs réflexions évoquent des stratégies pour maîtriser la pandémie du nouveau coronavirus. « Nous sommes dans une phase ascendante de notre épidémie. Ce qui est prévisible pour nous. Dans ces types de maladies à transmission respiratoire, la contamination est très rapide. Donc à l’instar des autres pays du monde, nous sommes dans cette phase et nous sommes en train de mener des stratégies pour essayer de limiter un peu cette contamination », a déclaré le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous), Docteur Abdoulaye Bousso.
Pour lui, le dépistage de masse n’est pas en adéquation avec l’actuelle situation, même si elle est prônée par plusieurs autres spécialistes. Et pour s’expliquer, la blouse blanche a donné des arguments sur la stratégie mise en œuvre pour lutter contre Covid-19. « On parle beaucoup de dépistage de masse et aujourd’hui la stratégie du ministère de la Santé continue à faire un dépistage des personnes contacts autour des personnes qui sont positives », a-t-il déclaré lors de la situation épidémiologique de ce lundi 27 avril au Sénégal.
Et de poursuivre : « la question du dépistage de masse n’est pas encore à l’ordre du jour parce que tout simplement, il faut toute une stratégie, c’est-à-dire des moyens spécifiques pour pouvoir faire un dépistage de masse ». Pour argumenter cette position, le spécialiste des situations de catastrophe a indiqué le temps d’incubation comme un facteur prouvant qu’un Sénégalais testé négatif aujourd’hui peut être positif dans les jours à venir. « En sachant aussi qu’on ne peut pas parler de statut sérologique quand on connaît l’épidémiologie de cette maladie, vous pouvez être malade pendant les 14 jours d’incubation et même si aujourd’hui, on testait les 14 millions de Sénégalais, deux jours après, on peut avoir la moitié qui peut être positive », a expliqué le Dr Abdoulaye Bousso.
ELARGISSEMENT DES TESTS ET RESPECT DES REGLES
Par ailleurs, Dr Abdoulaye Bousso a affirmé que si l’Organisation mondiale de la santé (Oms) valide les tests de dépistage rapide, ils pourront être utilisés. « Parce que ce sont des tests qui nous permettraient d’avoir un diagnostic très rapide et si un malade est positif de pouvoir le prendre en charge immédiatement », a-t-il ajouté. Et de laisser entendre : « aujourd’hui, il y a des réflexions qui sont en train d’être menées dans le sens d’avoir ces tests de diagnostic rapide. Il y a actuellement beaucoup de tests qui sont en cours d’analyse même au niveau de nos laboratoires. Si ces tests sont validés, ils pourront être utilisés et ils nous serviront pour faire une stratégie avancée autour des cas contacts et autour des zones qui sont touchées ». Étant donné que cette guerre contre Covid-19 est préventive et non curative, le patron de la Cous, a une fois encore insisté sur le respect des règles édictées, notamment le déplacement des personnes d’une région à l’autre, vu le nombre de régions touchés par le virus. « Cela nous amène à poser la problématique toujours de la circulation des personnes parce que sur le cas de Sédhiou, c’est une personne qui a eu à circuler après l’interdiction de circulation entre les régions. Donc, c’est une question fondamentale. Si on veut arriver à préserver certaines régions et à limiter les cas communautaires, je pense qu’il y a encore des efforts à faire sur le déplacement des personnes d’une région à l’autre », a indiqué Dr Bousso. Et de poursuivre : « nous avons aussi 30 Districts sur 79 qui sont touchés actuellement».
11032 TESTS, UNE MAJORITE DE PATIENTS JEUNES
Aussi, il a révélé le nombre de tests réalisés depuis le premier cas de Covid-19 au Sénégal, lundi 02 mars 2020, avant d’indiquer l’âge moyen des malades comme un facteur qui justifie le nombre élevé de cas simples obtenus. « Et pour les dépistages à ce jour, nous sommes à 11032 tests de laboratoire faits et dans cette proportion, l’Institut Pasteur a 10354 tests et l’Iressef 678 tests. De plus, nous avons un âge moyen de patients de 34,87 %. Nous avons une majorité de patients jeunes et ceci peut expliquer la majorité de cas simples », a renseigné Dr. Abdoulaye Bousso.
DR BOUSSO, SUR LA PSYCHOSE AUTOUR DU SERVICE DE REANIMATION « Tous les malades qui y sont admis ne décèdent pas »
L’admission en service de réanimation qui est considéré comme le couloir de la mort n’est pas, selon le patron du Cous, une situation sans espoir. « C’est vrai que beaucoup pensent que tous les malades de la réanimation décèdent, mais je peux dire aujourd’hui que 9 patients sont passés au service de réanimation de Fann à Cuemo et parmi ces derniers, 4 sont décédés et 3 sont sortis guéris », a-t-il dévoilé. La preuve, Dr Bousso a indiqué que depuis le départ, ils ont eu 14 cas graves. Et les 9 qui sont décédés ont une moyenne d’âge de 69 ans. « Donc, c’est une tranche d’âge qui est vraiment à risque, les personnes de plus de 60 ans présentant des comorbidités », a-t-il rappelé. Avant de poursuivre : « Nous avons un patient qui a été évacué et qui est décédé à l’extérieur et nous avons actuellement un patient qui est sous traitement. Les autres malades sont décédés à Ziguinchor, Touba, Louga, Thiès ». Le cas de Thiès, a avancé le directeur du Cous, est assez particulier parce que c’est un décès communautaire. « Parce que la personne est décédée dans la communauté en dehors des structures de santé et a été testée positive », a-t-il renseigné. Non sans ajouter qu’il y a un malade qui est décédé au service des maladies infectieuses de Fann.
ALASSANE OUATTARA PREDIT UN «RISQUE DE RECESSION» DANS L’ESPACE UEMOA
En cas de persistance de la pandémie de la maladie à coronavirus jusqu’à la fin de l’année, les pays de la zone de l’Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa) pourraient entrer en récession.
En cas de persistance de la pandémie de la maladie à coronavirus jusqu’à la fin de l’année, les pays de la zone de l’Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa) pourraient entrer en récession. C’est le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union qui l’a fait savoir hier, lundi 27 avril lors d’une session extraordinaire en vision conférence de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa.
Les pays de la zone de l’Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa) pourraient entrer en récession en cas de persistance de la pandémie de la maladie à coronavirus jusqu’à la fin de l’année. C’est du moins ce qu’a fait savoir le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara (ADO), président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union. Il s’exprimait hier, lundi 27 avril lors d’une session extraordinaire en vision conférence de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa.
«Cette pandémie, si elle se poursuivait jusqu’à la fin de l’année, pourrait conduire nos économies à rentrer en récession et réduirait, de façon significative, la capacité de nos Etats à lutter contre la pauvreté et le terrorisme», a-t-il indiqué.
Selon le président Ouattara, cette crise sanitaire aura un impact direct négatif sur la croissance-économique des Etats de la zone Uemoa et sur leurs finances publiques en 2020. «Il ressort, par exemple, que le taux de croissance moyen, en 2020, dans notre Union, ressortirait à 2,7%, soit une réduction de près de quatre points de pourcentage par rapport à la prévision initiale de 6,6%», laisse-t-il entendre.
Ainsi, demande-t-il à ses homologues d’agir vite et de prendre des mesures à la fois sur les plans sanitaire, économique et social, afin d’atténuer les conséquences de la crise sur leurs économies et réduire ainsi les souffrances de leurs concitoyens.
Par ailleurs, le président ivoirien s’est félicité des mesures urgentes et des plans de riposte, évalués aujourd’hui à environ 5 285 milliards de francs Cfa, adoptés dans les différents pays de la zone. « Ils permettront de limiter les impacts du COVID-19 sur les populations, l’emploi et le secteur productif et de promouvoir les initiatives prises pour éviter l’affaissement des entreprises et favoriser le redémarrage rapide des activités économiques post-crise», a-t-il souligné.
Il a aussi salué les institutions régionales pour les mesures prises pour donner une bouffée d’oxygène aux pays membres. A cet égard, il a notamment cité l’injection de liquidité dans nos économies, avec les Bons COVID-19 et l’accroissement du niveau de prêts concessionnels aux Etats, afin de financer les dépenses urgentes d’investissement et d’équipement et de lutter contre la pandémie.
«En dépit des contraintes actuelles, il apparaît indispensable de poursuivre la mise en œuvre de nos grands chantiers dans les domaines de la sécurité, de la santé, des infrastructures et de la monnaie commune», soutient-il.
Face aux défis importants et nombreux, il appelle les Etats membres à faire preuve d’ingéniosité et prendre, avec célérité, toutes les mesures nécessaires, afin de réduire l’impact de la pandémie sur leurs populations et leurs économies.
LA CLASSE POLITIQUE À COUTEAUX TIRÉS
L’annulation de la dette africaine, fortement réclamée par le chef de l’Etat Macky Sall, à diverses occasions et dans divers médias, est différemment appréciée par les acteurs politiques
L’annulation de la dette africaine, fortement réclamée par le chef de l’Etat Macky Sall, à diverses occasions et dans divers médias, est différemment appréciée par les acteurs politiques. Interrogés par nos soins, Pape Diallo alias Zator Mbaye, ministre conseiller de l’Alliance des forces de progrès (Afp) applaudit des deux mains et invite la jeunesse africaine à porter le combat. Même son de cloche du côté du coordonnateur adjoint des non-alignés, Babacar Ndir, président du Parti pour la démocratie, la citoyenneté et la République (Pdcr) qui estime pour sa part que l’Afrique ne doit rien à l’Europe. De son côté, Daouda Ndir, coordonnateur des Cadres de la République des valeurs, qui se dit pessimiste quant à l’aboutissement de la requête du chef de l’Etat, suggère plutôt le rapatriement du fonds de garantie du CFA logé dans la banque de France.
ZATOR MBAYE MINISTRE CONSEILLER, COORDONNATEUR DE LA COORDINATION DES JEUNES DE BBY : «Il nous appartient, nous autres jeunes, de nous engager dans ce combat-là»
«Le président Macky Sall est l’un des présidents africains les plus jeunes. Il s’est mis dans la prospective qui parle de l’annulation de la dette. La question est tellement pertinente qu’aujourd’hui, elle a interpellé la première personnalité de l’Eglise mondiale. L’annulation de la dette pourrait permettre de libérer une certaine Afrique, aujourd’hui otage de certains organismes financiers. Elle permettrait forcément la résilience, mais aussi de donner à la jeunesse africaine, parce que cette annulation-là vise la jeunesse et non les personnes du troisième âge, de meilleures opportunités sur le continent. A terme, ça pourra freiner ce que l’on appelle aujourd’hui le phénomène de la migration clandestine. Parce que, si nous annulons la dette africaine, cela va donner plus d’opportunités à la jeunesse africaine et ceux-ci resteront sur le continent pour pouvoir le développer. Forcément, rien ne se passera comme avant, parce que nous allons vers un nouvel ordre mondial.
C’est l’une des raisons d’ailleurs pour lesquelles je voudrais engager la jeunesse sénégalaise, africaine. Les ministres de la Jeunesse africaines doivent se réunir, faire un plaidoyer pour soutenir cette demande pressante, mais pertinente du président Macky Sall qui a été reprise par des personnalités, notamment le président français. Donc, il nous appartient, nous autres jeunes, de nous engager dans ce combat-là, d’envoyer un plaidoyer avec toute la jeunesse politique, apolitique, de la société civile, les jeunes artistes, n’importe qui, que nous comprenons la pertinence de cette position. Parce que le Covid-19 n’est pas sans effet immédiat, mais peut avoir un acte positif sur ce que le continent deviendra demain, sur ce que les jeunesses africaines deviendront demain».
DAOUDA NDOYE, COORDONNATEUR DES CADRES DE LA REPUBLIQUE DES VALEURS : «Nous proposons le rapatriement des fonds qui garantissent le CFA au niveau de la France»
«L’appel du chef de l’Etat, par rapport à l’annulation de la dette, est un appel que nous saluons fortement et qui vient à son heure. Annuler la dette est une bonne chose. Mais, ne pas s’endetter est encore meilleur. S’endetter tout en sachant là où on met les billes. Nous pensons que, si les 9.000 milliards qui ont été consacrés à des infrastructures comme le Train express régional (Ter), au Stade du Sénégal récemment inauguré en grande pompe, à la construction du Centre international Abdou Diouf de Diamniadio à hauteur de 50 milliards, avaient été utilisés pour rénover chaque hôpital régional, aujourd’hui on n’en serait pas là. Même si nous sommes favorables à l’annulation de la dette, il faut savoir raison garder. Il faut être lucide. Parce que les bailleurs, les investisseurs ne sont pas des enfants de cœur. Ce n’est pas parce qu’il y a une crise sanitaire que l’annulation de la dette va se faire. Il faudrait réfléchir à des mécanismes de soulagement de la dette, à des reports d’échéances qui sont beaucoup plus flexibles sur lesquels les investisseurs vont être beaucoup plus friands à nous accompagner, plutôt que de parler d’annulation de la dette. Le problème de la dette est un problème crucial longtemps évoqué, depuis le temps de Thomas Sankara. Il a vaillamment lutté, mais il n’a pas eu gain de cause. Donc, nous sommes dubitatifs. La réponse à cette question est pour nous double. D’une part, nous disons que l’annulation de la dette pourrait aider notre pays à sortir de l’ornière, mais de l’autre, il ne faut pas qu’on soit dans le rêve, parce que nous ne croyons pas à cette annulation. Nous sommes plutôt pessimistes. Nous proposons même, en lieu et place de l’annulation de la dette, que les fonds qui garantissent le CFA au niveau de la France, soient rapatriés. C’est beaucoup plus facile que d’annuler la dette».
BABACAR NDIR, PRESIDENT DU PDCR, COORDONNATEUR ADJOINT DES NON-ALIGNES : «Il faudrait que tous les Africains portent ce combat»
«Nous pensons que le président Macky Sall a raison de demander l’annulation de la dette en cela que, aujourd’hui, à cause de cette crise qui n’a pas encore montré toutes ses facettes et qui nous portera forcément un préjudice sur le plan économique, social, etc. Donc, nous pensons que cette dette doit attendre, et même mieux, on doit l’annuler. L’avenir du Sénégal et même de l’Afrique est dans cette annulation de la dette. Parce que, aujourd’hui, si nous regardons l’histoire, l’Afrique ne doit pratiquement rien à l’Europe. Au contraire, c’est l’Europe qui doit quelque chose à l’Afrique. Que faites-vous de ces siècles d’esclavage ? Que faites-vous de la colonisation ? Que faites-vous de la spoliation de nous ressources ? Que faites-vous des guerres qui ont été engendrées par l’Europe ? Au vu de tout cela, ces gens ne peuvent pas venir voler à l’Afrique tout ce qu’elle avait et se permettre de venir simplement venir prêter à l’Afrique et ensuite vouloir que coûte que coûte l’Afrique lui rembourse. Nous pensons que ce que l’Europe a fait comme mal à l’Afrique n’est même pas comparable à la dette que lui doit simplement l’Afrique…Ceux qui parlent d’une humiliation ou d’une mendicité n’ont rien compris. Il va falloir que l’Europe puisse annuler la dette pour permettre aux pays africains, au sortir de la crise, de pouvoir faire une véritable relance économique dans le sens du développement de l’Afrique. Il faudrait que tous les Africains portent ce combat. Ce n’est plus une question de président de la République ».
Par Dr Sahite GAYE
REVENIR AUX FONDAMENTAUX !
La question du faux médecin, celle de la distribution de l’aide alimentaire, les excès de zèle de certaines forces de l’ordre et d’autres phénomènes notés auraient été évités en prenant en compte ces fondamentaux de la communication de crise
Avec le coronavirus l’information gouvernementale est partout mais la communication se fait rare. Beaucoup de messages sont partagés, depuis l’apparition du coronavirus, par le gouvernement du Sénégal. Au regard des “pratiques communicationnelles” en cours, il semble nécessaire de revenir aux fondamentaux de la communication de crise. Ce réajustement est d’autant plus urgent que le covid19 recouvre tous les aspects d’une polycrise (sanitaire, économique, social, géopolitique…). Il fallait, dès le départ, ne pas s’éloigner des règles de base de la profession tout en prenant en compte le contexte. Ces principes sont: PENSER, INFORMER, EXPLIQUER, RASSURER.
PENSER : il est une règle d’or en communication de risque et de crise : la première urgence est de penser. Penser le contexte. La communication n’est jamais un système fermé ; il est ouvert sur son environnement. Nous sommes au Sénégal, en Afrique, dans une situation de vulnérabilité de certains ménages et l’injonction de nouvelles logiques (distanciation sociale, couvre feu, réduction du temps de travail et de l’occupation de l’espace dit public). Penser les acteurs. Dans cette approche systémique, l’individu prend part à une situation de communication. Il n’est jamais passif, même devant une catastrophe. D’ailleurs c’est ce qui explique, entre autres, les débordements notés surtout à la Médina et dans d’autres quartiers ou villes du pays. En effet, les récepteurs filtrent, hiérarchisent et peuvent refuser les messages. Les comportements, les attitudes sont à analyser comme de la communication. Cette dernière devient un processus social qui englobe des modalités variées et concomitantes comme les gestes, les paroles et le rapport à l’espace géographique. Tout refus de penser se heurte à un déficit pour bien informer.
INFORMER : même en situation normale, ce verbe dans la pratique professionnelle prend en compte le contenu à partager et sa mise en forme. Avec la communication gouvernementale, pour ne pas dire étatique, des réajustements sont nécessaires aussi bien dans la forme que dans le fond. Exit la multiplication des communiqués sans date ni signature, persistent encore des messages avec des mots techniques difficiles à comprendre par le public non initié. A ce niveau l’utilisation des langues nationales est à saluer même si les figures de style sont à bannir. Le vocabulaire de la crise n’accepte que la concision, la clarté et le concret.
L’action d’informer n’est pas synonyme non plus de la multiplication des plateformes si elles ne sont pas nécessaires et pertinentes. Informer revient à penser le public et à exclure toute infantilisation ou stigmatisation dans la communication publique. Depuis l’apparition des premiers cas de coronavirus, le gouvernement informe. Parfois trop. Les nombreux ministères avec leurs prises de parole médiatiques et leurs communiqués respectifs créent un brouillard informationnel. Cet abus déséquilibre le récepteur et trahit une communication institutionnelle non harmonisée. D’ailleurs la première sortie médiatique du président de la République durant cette crise a été balayée dès le lendemain par une masse de messages et par des comportements inexplicables du gouvernement. L’information est toujours une élaboration, une construction et un calibrage par rapport aux cibles. Informer devient, dès lors, donner du sens quitte à expliquer pour atteindre l’objectif de la communication.
EXPLIQUER : La communication de cette polycrise exige de la pédagogie. Avec le coronavirus l’information gouvernementale est partout, mais la communication se fait rare. Cette dernière s’accompagne d’une série d’explications afin de mieux partager le sens, de mettre en lien. Communiquer est plus complexe qu’informer ; surtout face à un risque sanitaire. La communication pose la question de l’altérité. Comment s’adresser à un public ? Comment lui expliquer (non pas exiger) des règles élémentaires comme le lavage des mains si elle ne voit qu’occasionnellement l’eau du robinet ? Qui a la légitimité de la parole ? Est-il transparent ? Le messager est aussi important que le message durant une situation de communication. Dans certaines circonstances, les relais communautaires sont à privilégier. Même distribuer des vivres revient à choisir la personne la plus apte.
De ce fait, la communication est loin de sa réduction à la Com : l’art de plaire, de séduire, de théâtraliser. Les actions de rejet de certaines décisions du gouvernement sont, en partie, liées à cette absence d’explication. Rien n’est évident en situation de crise. Demander de porter un masque revient à expliquer pourquoi et comment. Fermer les lieux de rassemblement exige la même démarche. Aucune loi si répressive soit-elle ne pourrait remplacer cette méthode. Sinon bienvenue l’incompréhension avec ses conséquences dont la plus évidente est le brouillage du message initial dans l’objectif de la communication. Au passage, le point de la situation quotidienne du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale devrait se terminer chaque fois par une explication sur un “ point” bien précis dans la stratégie du gouvernement. Finalement, en communication de crise les actes et les décisions s’expliquent et se négocient afin de rassurer les différents publics.
RASSURER : Une situation de crise plonge les acteurs dans l’incertitude. Elle génère beaucoup de questionnements et d’inquiétudes. Avec le coronavirus nous sommes dans l’inconnu : celui de la maladie, de l’horizon des décisions, de notre vulnérabilité. Tout devient fragile et tout peut changer le jour suivant. Voilà pourquoi, cette communication nécessite de s’adresser à différentes couches de la population qui n’ont pas les mêmes préoccupations.
Afin d’atteindre sa performativité, la parole publique, en plus de l’humilité et de la transparence, doit rassurer. On rassure avant les actes et les décisions afin de ne pas les subir de façon négative. Sous ce rapport, la communication de crise ne remplace pas l’action, elle l’explique, la met en lumière afin de garder le lien avec les publics. Malheureusement depuis le début de la pandémie, les actes du gouvernement ne rassurent guère. Entre hésitations, demi-mesures et pluies d’informations injonctives institutionnelles, le public ne voit pas l’horizon se dessiner.
En temps de crise, toute erreur est à éviter. Cette communication devient sensible et peut aboutir à une crise de la gestion de crise. La question du faux médecin, celle de la distribution de l’aide alimentaire, les excès de zèle de certaines forces de l’ordre et d’autres phénomènes notés auraient été évités en prenant en compte ces fondamentaux de la communication de crise. Dès lors, communiquer revient à se baser sur des faits transparents dont on fait la pédagogie. De même comme dans toute situation de crise, il faut se préparer au pire et à l’imprévisible, même si on ne peut pas prévoir ce dernier.
Dr Sahite Gaye est Enseignant - chercheur en sciences de l’information et de la communication
87 NOUVELLES CONTAMINATIONS AU COVID-19 RAPPORTÉES CE MARDI
La Directrice de la Santé Marie Khémés Ngom Ndiaye a signalé, ce mardi, 87 nouveaux cas de contamination au Covid-19 sur les 873 tests de diagnostic effectués.
Dakar, 28 avr (APS) – La Directrice de la Santé Marie Khémés Ngom Ndiaye a signalé, ce mardi, 87 nouveaux cas de contamination au Covid-19 sur les 873 tests de diagnostic effectués.
’’Sur 873 tests réalisés, 87 ont revenus positifs, soit un taux de positivité de 10, 4%’’, a déclaré Marie Khémés Ngom Ndiaye.
Il s’agit de 86 cas contacts suivis, a précisé la Directrice de la Santé lors du point quotidien de l’épidémie, ajoutant que le seul cas communautaire détecté, lundi à Sédhiou, a déjà contaminé 25 de ses contacts.
Un cas issu de la transmission communautaire a été rapporté à Niarry Tally (Dakar).
Selon la directrice de la Santé, ‘’deux cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation de l’hôpital de Fann et de l’hôpital Principal’’.
Douze (12) patients ont été déclarés guéris, a dit la directrice de la santé, relevant aussi que l’état de santé des autres patients hospitalisés est stable.
A ce jour, 823 cas ont été déclarés positifs au Sénégal dont 296 guéris. Neuf patients sont décédés et un autre évacué en France. Au total, 517 patients sont sous traitement dans les établissements de santé.
La Directrice de la Santé a réitéré aux populations l’appel constant des autorités au respect strict des règles d’hygiène et au port du maque.
UNE FAMILLE INFECTÉE À GUINAW RAIL
Guinaw rail Nord a enregistré son premier cas positif au coronavirus. Une dame, venue de Yarakh, pour voir sa mère, y a introduit le virus, contaminant des membres de sa famille, informe Libération.
Guinaw rail Nord a enregistré son premier cas positif au coronavirus. Une dame, venue de Yarakh, pour voir sa mère, y a introduit le virus, contaminant des membres de sa famille, informe Libération.
Pape Ndiamé Dieng, le maire de la commune, insiste sur le respect des mesures édictées par le ministère de la Santé. Pour l’heure, assure-t-il : « Nous avons saupoudré toutes les maisons de la commune de Guinaw rail Nord. Nous avons remis des produits antiseptiques aux familles démunies en plus de mettre des lavoirs dans les lieux publics. De plus, nous sommes en train de confectionner des masques pour les distribuer gratuitement à la population. Il faut maintenant que la population s’implique ».
L’AUGMENTATION DES CAS DE COVID-19 À LA UNE DES QUOTIDIENS
Dakar, 28 avr (APS) – Les journaux reçus mardi à l’APS mettent l’accent sur la montée de la courbe des contaminations au Covid-19 et la multiplication des cas issus de la transmission communautaire.
Selon le quotidien Le Soleil, 11 régions sur 14 sont maintenant touchées par le nouveau coronavirus. Le journal parle de ‘’l’inquiétante augmentation des transmissions communautaires’’.
’’Le Sénégal a enregistré, dans la journée d’hier, 14 patients issus de la transmissions communautaire. C’est une première depuis le début de la pandémie au Sénégal qui totalise à ce jour 9 décès’’, selon Le Soleil.
Le ministère de la Santé a annoncé, lundi, 64 nouvelles contaminations au Covid-19 sur les 677 tests réalisés, ce qui porte à 736 le nombre de patients recensés dans le pays depuis le 2 mars.
Il s’agit de 50 cas contacts et de 14 cas communautaires. A ce jour, 736 cas ont été déclarés positifs, dont 284 guéris, 09 décès, 01 évacué et 442 patients sont sous traitement.
’’Ça sent mauvais, très mauvais même, et pour cause. Les cas déclarés positifs augmentent à une vitesse V. Hier, 64 cas patients sont revenus positifs sur 677 tests réalisés (….)’’, écrit Source A.
Walfadjri parle de ‘’pente dangereuse’’.
Parmi les facteurs de multiplications des cas issus de la transmission du virus, Libération pointe du doigt ‘’le transport frauduleux de passagers’’ et note que ‘’La mafia +infecte+ le Sénégal’’.
’’La mafia qui sévit dans les transports routiers risque d’anéantir tous les efforts des autorités médicales qui se battent nuit et jour contre le coronavirus. L’irresponsabilité de certains compatriotes aussi. La preuve par les derniers cas communautaires détectés à Sédhiou, Thiès et Touba’’, écrit le journal.
Le Quotidien revient d’ailleurs sur ‘’la longue marche’’ du premier patient Covid-19 à Sédhiou. ‘’Le prêcheur traverse plusieurs régions. Parti de Louga en passant par Mbour etc, et il est contrôlé positif à Sédhiou’’, selon le journal.
Dans la prise en charge du Covid-19, Enquête évoque ‘’le spleen des asymptomatiques’’.
’’Internés dans les centres de prise en charge du coronavirus, certains porteurs saints sont de plus en plus gagnés par le stress et en font voir de toutes les couleurs aux personnels soignants dans certains lieux de traitement. Poussant ainsi certains acteurs à remettre en cause la stratégie de prise en charge’’, dit le journal.
Sud Quotidien annonce le démarrage de la distribution de l’aide alimentaire d’urgence, ce mardi et titre : ‘’Force Covid-19 à l’épreuve’’.
’’S’exprimant hier, lundi 27 avril, la Secrétaire générale du ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, Rachelle Coly Bougal, a fait savoir qu’un total de 38.754,8 tonnes a été déjà réceptionné, pour être distribué dans le cadre du plan de riposte +Force Covid-19+. Selon elle, la Police et la Gendarmerie assurent la sécurité des opérations de convoyage et la distribution de cette aide alimentaire destinée à un million de ménages’’, écrit Sud.
L’As fait état d’’’un autre scandale autour des marchés de vivres’’ et affiche à la Une : ‘’Les prix d’achat supérieurs aux prix homologués’’.
’’L’éthique est mise à rude épreuve dans l’achat des vivres destinés à l’aide alimentaire d’urgence aux populations. Même si le décret du Président Macky Sall extirpe l’opération du Code des marchés publics, la morale voudrait que les prix d’achat des vivres ne soient pas supérieurs aux prix homologués par le ministère du Commerce. Or, la tonne de riz est achetée à 275.000 Fcfa alors que le prix homologué de la tonne du riz brisé non parfumé est 240.000 Fcfa pour l’importateur. Une différence qui révolte des experts du secteur du commerce’’, note le journal.