L'essentiel de l’actualité de ce Lundi 24 Février 2020 avec Ahmed Aidara
KÉMI SÉBA BLOQUÉ À L’AIBD PAR LA POLICE
C’est un retour mouvementé. Le leader de l’Ong Urgences Panafricanistes, Kémi Séba et son camarade Héry Djehuty ont été retenus, par la Police, à l’aéroport international Blaise Diagne, à leur descente d’avion.
C’est un retour mouvementé. Le leader de l’Ong Urgences Panafricanistes, Kémi Séba et son camarade Héry Djehuty ont été retenus, par la Police, à l’aéroport international Blaise Diagne, à leur descente d’avion. Après avoir été expulsé du territoire sénégalais en 2017 pour trouble à l’ordre public, l’activiste franco-béninois a obtenu une dérogation pour assister à son procès en appel, après avoir brûlé un billet de 5 000 francs CFA.
L’information concernant son blocage à l’Aibd, rendu public via un communiqué de l’Ong, a été confirmé par l’avocat de l’activiste Me Cheikh Khoureyssi Ba. « Le Commissaire Faye de l’Aéroport m’informe que mon client ne peut pas entrer sur le territoire sénégalais. Kémi, avec qui je viens d’échanger, est en zone de transit avec son fidèle ami Héry Diehuti », indique Me Ba joint par iRadio.
LES HOMMAGES D’AMINATA MBENGUE ET D’IDRISSA SECK À OUSMANE TANOR DIENG
La secrétaire général du Parti socialiste et le président de Rewmi ont rendu hommage dimanche à Ousmane Tanor Dieng, figure socialiste et ancien collaborateur des présidents Senghor et Diouf
Dakar, 23 fév (APS) - La secrétaire général du Parti socialiste (mouvance présidentielle), Aminata Mbengue Ndiaye, et le président de Rewmi (opposition), Idrissa Seck, ont rendu hommage dimanche à Ousmane Tanor Dieng, figure socialiste et ancien collaborateur des présidents Senghor et Diouf
Le parcours du défunt secrétaire général du PS "a été pour les militants et tous le Sénégalais une leçon de vie, un viatique", a déclaré la présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT).
"Ousmane Tanor Dieng aura réussi, car ayant marqué positivement sa vie. Il a été pour sa postérité, notamment le Parti socialiste, un guide moral et pratique", a-t-elle dit, dimanche, lors d’une cérémonie d’hommage à son prédécesseur à la tête du HCC.
Elle a justifié la tenue de cette cérémonie par la volonté d’exprimer à nouveau une redevabilité à l’égard du défunt et partager avec sa famille "une émotion encore vive".
Aminata Mbengue Ndiaye souligne que son prédécesseur "n’était pas seulement qu’un homme d’idées et de convictions", mais il y avait aussi en lui, "le culte d’une vertu essentielle bâtie sur le courage et l’élégance".
"Il a été calme et intransigeant dans ses décisions", a-t-elle ajouté.
"Au moment où à travers le monde se créent des querelles de délitement des valeurs démocratiques, Tanor croyait au pacte républicain pour l’intérêt supérieur de la nation, qui, pour lui, prime sur ceux particuliers", a témoigne la présidente du HCCT.
Elle a rappelé qu’Ousmane Tanor Dieng "considérait les valeurs humaines comme une suprême prééminence".
Le leader de Rewmi, Idrissa Seck, affirme lui qu’Ousmane Tanor Dieng "n’était pas exclusivement la propriété du Parti socialiste’’.
"Il était dans le cœur de tous les Sénégalais et au-delà même dans celui de tous les Africains et aussi de ses camarades de l’International socialiste", a-t-il témoigné.
"A toutes les échelles où se mesurent la grandeur et la rigueur de l’homme d’Etat, la vision et la clairvoyance du chef de parti, l’élégance vis-à-vis des adversaires, la capacité d’endurance face aux épreuves de la vie, la fidélité et la loyauté en amitié, Ousmane Tanor Dieng a toujours été au premier rang", a lancé l’ancien Premier ministre.
Pour lui, cette figure politique qui a dirigé le PS de 1996 à 2019, offre son parcours comme "un livre qui demeure ouvert et reste une source d’inspiration intarissable".
L’ancien ministre d’Etat, ministre des Affaires et Services présidentiels sous le régime du président Abdou Diouf, est décédé le 15 juillet 2019 à Bordeaux.
MACKY II BOUCLE SON PREMIER TOUR
An 1 pour Macky 2 ! Il y a un an, jour pour jour, que les électeurs sénégalais portaient, pour la seconde fois, le président de la République, Macky Sall, à la tête du pays, à l’issue d’une élection qui aura mobilisé beaucoup d’énergie et de tensions.
An 1 pour Macky 2 ! Il y a un an, jour pour jour, que les électeurs sénégalais portaient, pour la seconde fois, le président de la République, Macky Sall, à la tête du pays, à l’issue d’une élection qui aura mobilisé beaucoup d’énergie et de tensions. Vainqueur, dès le premier tour à plus de 58%, le candidat de la coalition Benno Book Yakaar était alors arrivé largement devant l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, alors classé deuxième avec 20,50%, son meilleur score pour sa troisième tentative et le candidat, moins expérimenté, Ousmane Sonko, qui fit alors une première entrée mémorable avec 15,67%.
Le professeur Issa Sall du PUR (4,07%) et Me Madické Niang (1,48%) ont bouclé le classement d’une course à cinq, dont les candidats du PDS, Karim Wade, et de l’autre frange du PS, Khalifa Sall, ont été écartés quelques semaines plus tôt, renforçant ainsi les suspicions contre le candidat à sa succession, Macky Sall, accusé d’écarter des adversaires potentiellement dangereux.
Au soir du dimanche 24 février, avec un taux de participation record qui frisait les 67%, la coalition au pouvoir a très tôt engagé la bataille de la communication en envoyant au front son directeur de campagne, l’ex premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne, proclamer victoire, coupant l’herbe sous les pieds de l’opposition qui espérait un second tour. « Nous sommes vainqueurs avec plus de 57% des voix. Nous avons compilé par nos systèmes de dépouillement la presque totalité des résultats qui nous ont été remontés depuis les bureaux de vote », assurait-il, dans la soirée, au siège de l’APR, entouré des leaders de la coalition BBY.
Malgré les contestations, ses résultats furent confirmés quelques jours après, à 1% près, par la Commission nationale de recensement des votes, qui renforçait même la victoire du président Sall, à 58,26 % des voix, pour un deuxième mandat de cinq ans, et plus tard par le Conseil constitutionnel, sans contestation des candidats de l’opposition, qui se sont accordés pour ne pas déposer de recours, même s’ils se refusaient tous de ne pas reconnaitre les résultats. « Le candidat sortant a confisqué la volonté du peuple souverain et il sera seul à en assumer les conséquences, face au peuple et face à l’histoire », dénonçait Idrissa Seck.
Cela n’empêchera pas son ancien camarade au sein du PDS de rempiler pour un nouveau bail au palais de l’avenue Roume. Au point d’ailleurs de soulever un autre débat sur une volonté qui lui est prêtée de briguer un troisième mandat avant même qu’il n’ait bouclé le premier des cinq tours de celui en cours...
Comme annoncé depuis quelques jours, le ministre de l’Urbanisme Abdou Karim Fofana a mis à exécution sa menace. Il a conduit hier, vers 23h, l’opération de déguerpissement des tabliers installés aux alentours du rond-point. Sous la supervision du ministre, les bulldozers ont rasé complètement les tables dont les propriétaires avaient été sommés de quitter les lieux. Les charretiers ont quitté en catastrophe dès l’arrivée du ministre Fofana. Il faut souligner que le tracé du BRT passe par le rond-point Liberté 6.
L’oubli de Mes Mbaye Jacques Diop et Mamadou Diop exaspère
Le choix de donner les noms de Amath Dansoko, Cheikh Hamidou Kane, Aminata Sow, Ousmane Sow et Ousmane Sembène à certains établissements a été fortement apprécié par des Sénégalais, tant dans la rue que sur les réseaux sociaux. Cependant, l’oubli de certaines personnalités qui ont marqué l’histoire du Sénégal à l’image de Me Mbaye Jacques Diop et Me Mamadou Diop, respectivement ancien maire de Rufisque et ex édile de Dakar, est une pilule amère que beaucoup ne parviennent pas à avaler. Osons croire que Macky Sall rectifiera le tir au plus vite.
Me Wade galvanise ses maires
Le Secrétaire général national du parti démocratique sénégalais (Pds) tient à l’image de son parti. Il ne veut pas que les responsables de son parti qui sont aux affaires ternissent l’image du Pds et de son leader. En effet, recevant ce week-end les maires libéraux, Me Abdoulaye Wade leur a demandé d’être des modèles en termes de gestion des collectivités territoriales.
Les Aet ont un nouveau Président
L’Amicale des Anciens Enfants de troupe (AAET) change de Président. Après deux mandats de deux ans, Ibra Diakhaté, Promo 75, cède la place à un autre ingénieur en télécoms, Pape Demba Diallo, Promo 82 et actuel Directeur du FONSIS. Il a été choisi à l’unanimité lors de l’assemblée générale de l’Amicale tenue hier à la Caserne Samba Diéry Diallo. Tout comme son prédécesseur, Pape Demba Diallo a servi à la Sonatel pendant de nombreuses années. Il sera secondé par l’architecte Fodé Diop, Promo 73, élu vice-président. Les travaux de l’assemblée générale ont été présidés de main de maître par le Colonel de gendarmerie Abdoulaye Aziz Ndao de la Promo 68.
Zahra Iyane fait l’apologie de la finance islamique
La ministre de la Microfinance, Zahra Iyane Thiam qui a présidé samedi la clôture de l’atelier sur l’allégement des taux d’intérêts débiteurs appliqués par les services financiers décentralisés (SFD), estime que les recommandations sont simples car les contraintes ne sont pas nombreuses. A l’en croire, pour les grandes orientations, il est préconisé de renforcer la gouvernance des SFD, recourir à la digitalisation des processus et les canaux de distributions à travers l’interaction des SFD et les fines têtes. La ministre propose ainsi à SFD de s’orienter vers les financements innovants en particulier vers la finance islamique. Elle promet la prise en compte du référentiel socio-économique qui est consigné dans le Plan Sénégal Emergent. L’ambition du gouvernement est de ramener le secteur de la micro finance à sa raison originelle qui est une raison sociale. Il s’agit de relever ce défi tout en pérennisant les structures. Zahra Iyane Thiam souhaite également l’inclusion économique et sociale des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). En somme, elle informe que des recommandations fortes ont été formulées en vue de l’allégement des taux d’intérêts débiteurs appliqués par les SFD. A l’en croire, la Bceao est dans une politique d’écoute qui lui permet de prendre des décisions ou de promouvoir des régulations. Il faut rappeler que l’atelier de deux jours a regroupé 55 structures.
Kémi Séba expulsé vers le Togo
L’espoir de l’activiste panafricaniste Kémi Séba de retrouver ses camarades du Sénégal a été anéanti par la police de l’Air et des frontières. Attendu au procès à la Cour d’Appel sur l’affaire des billets de banque brûlés, Kémi Séba a été arrêté hier dès sa descente d’avion à l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD). Son avocat Me Cheikh Khouraysi Ba a été informé par le Commissaire de police, M. Faye, que son client ne peut pas entrer dans le territoire sénégalais. Kémi qui a eu à échanger avec Me Ba était déjà en zone de transit avec son fidèle Héry Diehuti. Selon l’avocat, les policiers estiment que Kémi Séba, expulsé en septembre 2017, ne peut plus entrer en territoire sénégalais même si les juges ont besoin de sa présence et l’ont dûment cité à comparaître. Ainsi, l’activiste qui venait de Bruxelles a continué sur Cotonou. Décision bizarre quand on préconise la libre circulation des personnes en Afrique.
HSF en rogne
Le président de l’Ong Horizon Sans Frontières dénonce le refus d’accès sur le territoire sénégalais deKémi Séba alors qu’il a été régulièrement convoqué pour son procès. Pour Boubacar Sèye, ce comportement n’honore pas le Sénégal en matière de respect des droits de l’Homme et surtout des conventions internationales que le Sénégal a ratifiées, entre autres ; droits de l’homme, son corolaire de droit à un procès équitable et qui signifie la présence effective de la personne. Selon M. Sèye, l’activiste qui doit faire face en appel à la juridiction sénégalaise a le droit d’y accéder et de faire entendre sa cause dans le respect du principe du contradictoire qui concerne tout procès dans une démocratie soucieuse du respect des droits de l’Homme. Horizon Sans Frontières appelle les autorités à la retenue, au respect des règles élémentaires du procès équitable, permettant à Kémi Séba d’assister librement à son procès. A l’en croire, rien en principe ne s’oppose à ce qu’il puisse assister à ce procès au regard des dispositions internationales signées par le Sénégal, quand bien même il ferait l’objet d’interdiction du territoire.
Le commandant du vol de Brussels refuse de prendre Kémi Séba
L’activiste est devenu une patate chaude pour les autorités étatiques. Interdit d’entrée au Sénégal, la police l’a transféré en zone de transit afin que Kémi Séba rejoigne Cotonou. Mais à la dernière minute, les autorités ont décidé, selon Me Khoureysi Ba, d’expulser l’activiste vers Bruxelles d’où il est venu d’ailleurs. Hélas ! La première tentative a foiré, du moins si l’on en croit Me Ba. D’après la robe noire, le commandant du vol de Brussels Airlines de 22h15 a refusé de prendre à bord Kémi Séba pour des raisons de sécurité. Et l’appareil s’est envolé vers la capitale belge, laissant l’activiste à l’aéroport.
Racine Sy remobilise ses cellules dakaroises
Mamadou Racine Sy et son mouvement «And Liggey Sénégal ak Racine» (Alsar) se déploient sur le terrain pour galvaniser leurs militants et sympathisants disséminés sur l’étendue du territoire national. D’après une note de son service de presse, après la tournée effectuée il y a quelques jours au nord du pays, il a rencontré ce week-end les cellules du mouvement implantées à Dakar. Il s’agissait de sonner la grande mobilisation afin de mieux préparer les toutes prochaines consultations électorales, mais aussi de poursuivre la grande opération de massification enclenchée depuis l’avènement d’Alsar en décembre 2017. Surtout que les élections locales pointent à l’horizon, et Alsar compte jouer un rôle majeur le moment venu. « Dakar qui concentre une grande partie de l’électorat avait donc besoin d’échanger avec le leader d’Alsar. Comme à l’accoutumée, Mamadou Racine Sy a évoqué l’organisation et l’appui considérable en direction des GIE de femmes et de jeunes ».Une manière de mettre le doigt sur les financements importants qu’il va accorder à ces segments vitaux de la société. La question centrale de l’implantation des cellules, des sections et fédérations de Dakar était aussi à l’ordre du jour. Idem pour la structuration du mouvement qui avait d’ailleurs fait l’objet d’un conclave national à Saly Portudal. Le Président d’Alsar n’a pas manqué de réaffirmer son soutien indéfectible aux orientations stratégiques et à la politique du Président Macky Sall.
Ameth Fall «Braya» déclare sa candidature
La liste des candidats à la mairie de Saint-Louis s’allonge. Après Pr Mary Teuw Niane, Cheikh Bamba Dièye, Maguèye Seck, c’est au tour d’Ameth Fall «Braya» d’annoncer officiellement sa candidature à la mairie de Saint-Louis. Le natif de Guet-Ndar compte aller sous la bannière du Parti démocratique sénégalais (Pds).Il a fait l’annonce hier lors de l’assemblée générale convoquée par le secrétaire général départemental du Pds. Il a déclaré sa candidature en tant que secrétaire général départemental du Pds, fils de Saint-Louis et membre du rassemblement «Rafet». S’agissant de son exclusion du Pds, il dira qu’il n’a pas le temps d’accepter d’être diverti. Il continue de se réclamer secrétaire général du Pds. Evoquant les locales de 2014, le responsable libéral continue de se réclamer victorieux, mais qu’on lui a tordu la main. A l’en croire, des autorités l’avaient appelé et lui avaient demandé de faire une déclaration parce que la tension pouvait exploser à tout moment dans la ville.
Echos-BOS
Le bureau opérationnel de suivi (BOS) du Plan Sénégal Emergent (PSE) a sorti le 3e numéro de sa revue appelée «Echos BOS». Il y est présenté les défis à relever dans le cadre de la deuxième phase du PSE pour raffermir la marche amorcée du Sénégal vers l’Émergence. D’après une note parvenue à «L’AS», après avoir fait le bilan de la mise en œuvre de la 1ère phase du PSE (2014- 2018), il a rappelé les performances économiques et sectorielles réalisées par le Sénégal. Ainsi les lecteurs pourront aussi avoir une idée parfaite de la phase 2 du PSE qui est résolument orientée, d’une part vers la stimulation des investissements privés captés par les projets stratégiques du PSE, et d’autre part vers la mise en œuvre de réformes structurantes afférant notamment à l’environnement des affaires, au financement de l’économie, à la modernisation de l’administration, etc. Il y est également fait état des projets à dominance de Partenariats Public-Privé (PPP) identifiés afin de susciter une plus forte implication du secteur privé. Des projets qui couvrent notamment les thématiques portuaires, de centrales électriques, d’exploitations agricoles modernes, d’agropoles, de pôles urbains, d’infrastructures de transport, etc..
Crise au centre de Santé Baye Talla Diop
La section Sames de Pikine prend la défense du Médecin chef du centre de santé, Baye Talla Diop (Ex-Dominique), Assane Ndiaye. Très remontés contre les sorties intempestives de certains syndicalistes dudit Centre de santé contre leur camarade, les membres du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) ont sifflé la fin de la récréation. Pour le responsable régional du Sames Dakar, Dr Alioune Niang dénonce les attaques contre leur collègue à travers la presse. A l’en croire, ce sont des agents à la retraite qui sèment le désordre dans les districts. Il ajoute que des agents mutés refusent de rejoindre leurs postes en violation des règles administratives élémentaires. Il déclare sa désapprobation totale de cette forme de syndicalisme visant à prendre en otage le système par des agents à la retraite. Le Sames demande à tout médecin victime d’accusations infondées de porter plainte devant les juridictions.
Depuis le succès de l’essai « Afrotopia » de Felwine Sarr, de nombreux projets intellectuels et culturels dessinent un avenir émancipateur pour l’Afrique
Le Monde Afrique |
Séverine Kodjo-Grandvaux |
Publication 23/02/2020
Vendu à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, traduit en italien, en espagnol, en portugais, en allemand, en néerlandais, en arabe et désormais en anglais (le 25 février), Afrotopia est un succès éditorial. Depuis la parution de cet essai en 2016, l’économiste et écrivain sénégalais Felwine Sarr a enchaîné les conférences et les rencontres avec le grand public, aussi bien en Afrique, en Europe, en Amérique du Sud, au Canada et aux Etats-Unis où il rejoindra l’université de Duke comme professeur titulaire à la rentrée prochaine.
Il faut dire qu’Afrotopia est arrivé à point nommé, alors que les diasporas afrodescendantes questionnent leur place au sein des sociétés européennes, dénoncent les violences policières à leur encontre et n’entendent plus accepter de pratiques discriminantes. A un moment aussi où se dessine, sur le continent africain, un renouveau de la pensée critique et où se font entendre les voix d’une jeunesse engagée contre les dictatures ou contre la dépendance économique sinon politique (notamment à travers la question du franc CFA) de leur pays envers l’ancienne puissance coloniale.
La question n’est certes pas nouvelle. Déjà dans les années 1960-1970, des philosophes africains appelaient à la décolonisation conceptuelle et mentale. Mais Afrotopia a eu le mérite de poser clairement les thèmes du débat en ce début de XXIe siècle et, surtout, de proposer de nouvelles pistes de réflexion. Pour son auteur, il ne s’agissait pas tant de dénoncer une situation de violence physique et symbolique, de prédation des ressources et de destruction de l’environnement du continentque de redonner à l’imaginaire toute sa puissance créatrice afin que les populations africaines puissent de nouveau produire leurs « propres métaphores du futur ».
Quête de sens
Le projet n’est pas seulement politique et économique. Il est aussi intellectuel, culturel et spirituel. Et c’est peut-être dans ces champs-là que « cette utopie active » a été le plus reprise, commentée et réappropriée. En 2018, la curatrice germano-camerounaise Marie-Ann Yemsi a choisi de consacrer le thème de la 11e Biennale de la photographie de Bamako à « Afrotopia ». En 2019, le Musée de la nature et de l’archéologie, en Espagne, proposait l’exposition « Afrotopos. Hacia una utopía africana ». L’exposition panafricaine itinérante « Prête-moi ton rêve » entendait selon son co-commissaire, l’Ivoirien Yacouba Konaté, présenter des œuvres qui redonnent vie « à nos utopies les plus colorées, mais aussi aux cauchemars qui nous empêchent de dormir ». Sur la webradio du « Tout-Monde », R22, lancée en 2007 à Rabat, on trouve désormais « Afrotopiques », « le podcast de l’association Génération Afrotopia », qui « s’approprie les grandes questions contemporaines pour les penser depuis les Suds en général, et l’Afrique en particulier ».
Depuis quelques années déjà, de nombreux acteurs du continent sont engagés dans une même quête de sens. En 2016, lors de la première session des Ateliers de la pensée de Dakar, fondés par Felwine Sarr et Achille Mbembe, le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne rêvait d’un « universel vraiment universel », son concitoyen Bado Ndoye de « réenchanter le monde », le Gabonais Bonaventure Mve-Ondo de « retrouver le sens ».
L’historienne et politologue Françoise Vergès, poursuivant la réflexion de Felwine Sarr, parle aussi d’« utopies actives », en rappelant qu’« une des réponses à ces récits du manque et de l’absence intimement liés à l’idéologie de rattrapage du modèle occidental productiviste (…) a été l’afrofuturisme, qui émerge dans les années 1960-1970 ». A l’époque où une partie du continent tentait de donner corps à une utopie panafricaniste en créant, en 1963, l’Organisation de l’unité africaine (OUA).
« Sortir de la grande nuit »
Mouvement culturel du milieu du XXe siècle, essentiellement américain, théorisé dans les années 1990, l’afrofuturisme a fait un retour en force dans les années 2010. Côté intellectuel, Achille Mbembe publie en 2014 dans la revue Politique africaine, « Afrofuturisme et devenir-nègre du monde ». Côté artistique, la styliste sénégalaise Selly Raby Kane, le musicien sénégalais Ibaaku ou le Tchadien AfrotroniX, la culture afropunk… proposent styles et œuvres venus tout droit d’une Afrique du futur.
Le retentissant film Black Panther (2018), mettant en scène une Afrique forte qui a su allier technologie de pointe et traditions millénaires, s’inscrit aussi dans ce courant. De quoi penser, en puisant dans les imaginaires du continent, « une renaissance nègre » – selon les termes d’Achille Mbembe – aussi bien pour les Africains que pour les afrodescendants.
Ce que dessine avec puissance et originalité la Camerounaise Léonora Miano dans son dernier roman Rouge impératrice (éd. Grasset, 2019) dans lequel elle esquisse, par un renversement de situation, une vieille Europe sinistrée et une Afrique prospère, autarcique, où les drones distribuent le courrier – au Rwanda, ils distribuent déjà des poches de sang dans des zones reculées –, où la propriété terrienne a été abolie, où les citadins circulent via des transports en commun non polluants et vivent dans des habitats bioclimatiques, qu’elle imagine jusque dans le moindre détail. Cette Afrique puissante – nommée Katiopa – n’a pu s’ériger que parce que toute cette technologie est portée par un projet civilisationnel, ancré dans les spiritualités et les cultures africaines.
Ce « ré-enchassement » des économies et des politiques d’une Afrique unie, qui a aboli les frontières coloniales, est celui qu’appelle de ses vœux Felwine Sarr. Dans Rouge impératrice, pendant littéraire d’Afrotopia, il est question de « forger une nouvelle conscience », de batailles de l’imaginaire. « D’habiter pleinement sa demeure. » Et, prophétise Felwine Sarr, lorsque éclora « ce jour-là, comme aux premières aubes, l’Afrique redeviendra le poumon spirituel du monde ». Désormais, l’utopie africaine n’est plus comme dans les années 1950-1960 le rêve d’une Afrique indépendante, mais celui d’une Afrique émancipatrice dont le projet civilisationnel permettra au monde entier de « sortir de la grande nuit », comme le précise un ouvrage d’Achille Mbembe.