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26 septembre 2025
par Jean-Pierre Bekolo
LA FAMEUSE “AFRICAN SOLUTION”
Le véritable frein à cette perspective c’est notre aliénation et notre duplicité; on se sert de l’Afrique pour mieux réussir à l’occidental car au fond on ne croit pas vraiment à l’Afrique !
Cette idée de “African Solution” a été évoqué pour la première fois par Thabo Mbeki en Afrique du Sud face aux pressions des ONG occidentales sur son gouvernement à propos du SIDA. Si l’idée d’une African Solution ne souffre d’aucun doute qu’il faut en effet une solution africaine pour ces questions de santé bien sur mais pour tout le reste aussi, il n’en demeure pas moins que ça n’est resté qu’un voeux pieux.
Si la boisson Covid-Organics promue par le président Malgache et les comprimés Aprivine du chercheur Béninois Valentin Agon sont des “African Solutions” au Covid-19, il n’en demeure pas moins que l’un est une boisson à produire de manière industrielle dans des usines tout comme les comprimés lorsqu’il faudra les produire en quantité suffisante pour répondre à la demande. En d’autres termes, l’”African Solution” ressemble au finish à un projet capitaliste comme tous les autres.
Pourtant, le projet de santé Cubain qui donne une leçon au reste du monde avec cette candie est avant tout un projet communiste. En d’autres termes si le African Solution n’a jamais vu le jour ou souffre de nombreux écueils n’est-ce pas parce qu’il espère se frayer une place dans un monde capitaliste où justement il n’a pas de place. Les Africains se soignent avec les écorces de la brousse parce que ça soigne bien sur mais aussi parce qu’ils ne peuvent pas se payer les frais médicaux et les médicaments disponibles en pharmacie. Ne dit-on pas que la science ne peut pas reconnaitre cette pharmacopée Africaine parce qu’elle n’est pas brevetable ? Ce paradigme de la brevetabilité qui permet l’entrée dans l’économie capitaliste élimine de fait la African Solution dans laquelle le tradipraticien vous clairement qu’on est venu lui “donner en rêve” le médicament avec lequel il va vous guérir.
Aujourd'hui, l'Etat paye des gens qui sont à la maison, on distribue la nourriture, on soigne les gens sans payer... Ca ne vous dit rien ? A l’heure où l’écologie est devenu un projet politique dans de nombreux pays occidentaux et curieusement les pays Africains sont les pays avec le moins de partis politiques dits écologiques, à l’époque où on parle de-développer l’occident, il me semble que notre paradoxe est que nous voulons la African Solution à l’intérieur du Capitaliste et donc du Western Solution. Une équation qui explique que malgré ses solutions, l’Afrique sera toujours dernière dans les systèmes qu’elle a décidé de suivre.
Ce qui est en jeu maintenant avec le Covid-19, c’est qu’avec le confinement a commencé cette dé-développement que des écologistes appellent de leur voeux et nos pays derniers dans le modèle de développement actuel semble pleurer le fait que cette économie où ils sont derniers s’arrête, alors qu’ils devraient en profiter pour prendre une direction où c’est plutôt les autres qui seront les derniers.
C’est de ce que devrait être la “African Solution”, mais le véritable frein à cette perspective c’est notre aliénation et notre duplicité; on se sert de l’Afrique pour mieux réussir à l’occidental car au fond on ne croit pas vraiment à l’Afrique !
Texte recueilli de la page Facebook de l'auteur
ALIOUNE SARR N’ENVISAGE PAS DE DÉMISSIONNER
Celui qui est président du CNG de lutte depuis vingt-six ans, affirme que les règles de fonctionnement des instances doivent être respectées
Alioune Sarr, le président du Comité national de gestion (CNG) de la lutte, a déclaré dimanche qu’il n’envisageait pas de démissionner de ce poste, malgré les nombreuses critiques dont il est l’objet.
‘’Tant que l’autorité (le ministère des Sports) me fera confiance, je répondrais toujours présent’’, a soutenu M. Sarr, invité de l’émission Grand Jury de la radio privée RFM.
Interrogé sur les sanctions prises à l’encontre de certains arbitres de lutte, il a dit que c’est une commission du CNG chargée des règlements et pénalités qui a pris les décisions.
Les arbitres concernés par les sanctions avaient la possibilité de faire appel des décisions du CNG, mais ils ont préféré en parler dans les médias, selon Alioune Sarr.
Il dit n’avoir aucun compte à régler avec personne.
‘’On ne peut pas être dans un système et être contre ce système’’, a argué M. Sarr, laissant entendre qu’il dirige l’instance de régulation de la lutte sur la base de son règlement.
Alioune Sarr, président du CNG de lutte depuis vingt-six ans, affirme que les règles de fonctionnement des instances doivent être respectées.
‘’On doit savoir sanctionner de manière positive ou négative, dans notre pays’’, a-t-il dit M. Sarr, médecin et ancien directeur de l’hôpital Abass-Ndao, à Dakar.
LE NOUVEAU CAS IMPORTÉ DE COVID-19 EST UNE FEMME VENUE DE LA GUINÉE
Selon le docteur Yaya Baldé, elle est entrée au Sénégal par le département de Vélingara, avec la complicité d’un motocycliste, la frontière étant fermée et le transport de passagers sans autorisation administrative interdit
Le cas de coronavirus importé, annoncé dimanche par le ministère de la Santé, est une femme d’origine guinéenne âgée de 25 ans, qui est entrée en territoire sénégalais à bord d’une moto, a-t-on appris du médecin-chef de la région de Kolda (sud).
Selon le docteur Yaya Baldé, elle est entrée au Sénégal par le département de Vélingara, avec la complicité d’un motocycliste, la frontière étant fermée et le transport de passagers sans autorisation administrative interdit.
Avec ce cas, la région de Kolda compte huit cas de Covid-19, dont quatre ont été déclarés guéris, selon M. Baldé.
La jeune femme venue de la Guinée cherchait à se rendre à Diaobé. Elle a été arrêtée par un ‘’comité de vigilance’’ mis en place à Bonkonto.
Elle a été internée au centre de traitement du Covid-19 de Kolda.
Le médecin-chef de la région invite les populations à faire preuve de plus de vigilance, notamment dans les zones frontalières, pour éviter d’autres cas importés de coronavirus.
Le Sénégal compte à ce jour 671 cas de coronavirus, dont 380 sont sous traitement, selon le ministère de la Santé, qui ajoute que huit patients ont succombé à la maladie, et 283 ont recouvré la santé. Aucun cas de Covid-19 importé n’avait été signalé par les autorités sénégalaises depuis plusieurs semaines.
HABIB FAYE, LA TOUCHE MAGISTRALE
Il y a deux ans, disparaissait celui qui reste à ce jour l’un des musiciens sénégalais et africains les plus réputés dans le monde pour son incroyable talent de bassiste
Il y a deux ans, disparaissait Habib Faye. Il reste à ce jour l’un des musiciens sénégalais et africains les plus réputés dans le monde pour son incroyable talent de bassiste, particulièrement. Mais également pour sa polyvalence, son audace et sa générosité dans le partage artistique.
Le réveil a été brutal pour les mélomanes du Sénégal et d’ailleurs, le 25 avril 2018. Habib Faye venait de rendre l’âme, à Paris. Cela fait deux ans aujourd’hui. Il aurait eu 55 ans. Aux premières heures de l’annonce du décès, Wasis Diop réagissait avec ces quelques bons mots en hommage au défunt musicien. « (…) Malheureusement, un génie n’en a jamais pour longtemps. On parle là d’un homme jeune au talent si démesuré que le Sénégal n’a jamais pu s’en servir comme il se doit. Je me suis souvent plaint le concernant. Pourquoi restait-il au Sénégal où son talent était inexploité ? Il aurait pu faire taire tous les bassistes américains tant il était puissant ! (…) Nous perdons le plus grand instrumentiste du Sénégal et au-delà. C’est une énorme perte, tant artistique qu’humaine. Il était souriant et très beau», s’était ému Wasis Diop, sur le site d’informations de Jeune Afrique. C’était là des attestations gentilles d’un musicien franc et doué, mais surtout des mots vrais.
La musique venait d’être orpheline de l’un de ses plus fameux intellectuels contemporains. La guitare basse venait de perdre un maestro brillant et étincelant. Habib la taquinait en majesté. Le pouce droit collé sur le dessus du chevalet de la basse, ses autres doigts grattaient dans une excellente vitesse les frettes pour distiller des mélodies toniques et angéliques qui résistent aux temps. Toujours avec le sourire charmant, taquin ou éclatant. Parfois avec des quolibets ou de plaisantes pitreries à l’endroit de ses collègues du Super Etoile qui le surnommaient « Bibouya ».
LE SURDOUÉ
Habib avait plusieurs cordes à son arc de musicien. Il avait la même joyeuse prestance sur un tabouret, pour percuter la batterie ou manier le clavier. Il avait autant de maestria avec la contrebasse, les guitares solo et classique. Il était chanteur, arrangeur, compositeur et producteur d’ailleurs nominé aux Grammy Awards (2008, avec Angelique Kidjo). Il avait produit Ndongo Lô et «Le retour» mémorable de Kiné Lam, entre autres succès locaux. Son surnom, «le surdoué de la musique sénégalaise», n’était pas usurpé. Sa polyvalence faisait sa force, et son immense talent sa réputation. Pendant plusieurs années, il a été directeur artistique et chef d’orchestre du Super Etoile de Youssou Ndour. C’est d’ailleurs dans ce groupe musical qu’il avait construit sa notoriété et ses éclats.
Il a d’abord intégré, un peu avant ses 18 ans, la deuxième formation du Super Etoile de Dakar. C’était un groupe annexe qui se substituait au Super Etoile sur les scènes de Dakar quand les séniors du groupe étaient en tournées internationales. Mais il avait auparavant déjà appris ses gammes à l’âge de neuf ans, quand il faisait presque la même taille que la guitare basse. C’était aux côtés de ses virtuoses de grands frères, Adama, Lamine et Vieux Mac Faye. Ce dernier raconte d’ailleurs à propos de son défunt frère sur le plateau de la Tfm: «Il a gagné un concours de musique auquel je faisais partir du jury, au Centre culturel Blaise Senghor, sans que je l’aie reconnu au début. J’étais surpris, conquis et convaincu à partir de là ». En ce moment, il prestait dans un groupe dénommé «Thiaaf» avec son acolyte de toujours, Ibou Cissé, claviériste du Super Etoile. Il avait aussi créé le «Watosita» avec l’animateur radio Michael Soumah, dans lequel il était guitariste. Il sera plus tard l’initiateur d’autres groupes. Au début des années 2000, il fonde groupe de jazz «Habib Faye Quartet» et sort un CD live éponyme. Son premier groupe, Harmattan, a fait les beaux jours du Festival International Jazz de Saint-Louis.
En 1984, à 19 ans, il abandonne les études à deux semaines du baccalauréat, à la veille d’une tournée européenne, pour se consacrer exclusivement à la musique et au Super Etoile. Le choix se confirmera comme une bonne nouvelle pour la musique sénégalaise. Au-delà du groupe, Habib va rendre la guitare basse presque incontournable dans la musique sénégalaise. Si Habib a été si magistral, c’est qu’il a été à la bonne école des influences jazzys de son grand frère, Adama Faye. Ce dernier est un membre fondateur du Super Diamono, qui était la référence jazzy à l’époque grâce à sa touche de génie. Habib s’est d’ailleurs révélé pour la première fois avec le groupe de Oumar Pène, dans lequel il a fait des piges. «Quand Adama et moi répétions, Habib nous accompagnait alors qu’il n’avait que 12 ou 13 ans », révèle Oumar Pène. En 1980, lors du mythique show de Touré Kounda et de Super Diamono au stade Demba Diop, Habib Faye avait 15 ans. Il suivait tranquillement le concert en spectateur quand il s’entendit appeler sur scène pour remplacer le bassiste de Oumar Pène, absent. C’était sur proposition de Lamine Faye et Ismael Lô, qui étaient en ce temps encore au Super Diamono. Le garçon séduit son monde mélomane.
A LA BONNE ECOLE
C’est Habib Faye qui va introduire la touche jazzy dans la musique de Youssou Ndour et y greffe les sonorités suavement chromatiques. Les albums «Ndobine» et «Badou», avec surtout le morceau «Bekoor», constituent depuis leur sortie des bases pour tous les apprentis bassistes. Habib Faye s’est occupé de la conception et de l’arrangement de tous les hits mémorables du groupe. «Nous ne faisons que perpétuer le travail qu’il a magistralement abattu et laissé en héritage pour nous. Il était le cœur du Super Etoile », confie Youssou Ndour. Les deux étaient très liés. Sur les grands plateaux mondiaux de Youssou, tous pouvaient manquer sauf Habib.
Jeunes célibataires, ils ont partagé un appartement à la Cité Biagui pendant deux ans. C’est d’ailleurs au gré de ces souvenirs que se sont effectuées leurs retrouvailles, à travers un échange téléphonique, après quelques années de carrière solo de Habib Faye. Il revient « chez lui » et participe au Grand bal de Bercy, en novembre 2017, souffrant de son infection pulmonaire, à l’insu du monde. Il meurt cinq moins plus tard, toujours dans la discrétion de ses maux. Pour la petite histoire, le Super Etoile a annulé une tournée courante à l’annonce du décès et retourné sur Dakar. 30 ans plus tôt, en 1987, le scénario s’était opéré quand Habib Faye leur annonçait le décès de Alla Seck.
VERTUS SOCIALES
La bienveillante cachoterie de Habib a intensifié le choc chez sa famille et ses amis. La surprise était la chose la plus partagée chez tous ses proches qui lui prêtent les plus nobles qualificatifs. Quoique très discret, Habib avait toutes les vertus sociales. Tous ceux qui l’ont approché décrivent un homme follement généreux et d’une exquise urbanité. «C’était un immense musicien et un homme très poli, très disponible, très discipliné et très intelligent», concède Oumar Pène. Ismael Lô regrette son talent, son humour et ses blagues distrayantes. Sa famille pleure un membre courtois, sociable et très attachant.
Habib Faye était aussi un fervent disciple mouride, proche de Serigne Saliou Mbacké. Cheikh Mansour Diouf a confié que si Serigne Saliou Mbacké n’a pas intronisé Habib Faye au grade de cheikh, c’est certainement parce qu’il jouait encore de la musique. Sa passion. Une passion à travers laquelle il a marqué son nom dans le panthéon de la musique du monde. Une ouverture dont sa curiosité, sa boulimie et son avidité des connaissances artistiques a rendu aisée. Des caractères qui se sont principalement réveillés chez le Monsieur après la tournée «Human Right Watch» avec le Super Etoile, en 1987, aux côtés de Peter Gabriel, Tracy Chapman, Sting, Bruce Springsteen, etc.
Habib Faye, un intelligent autodidacte qui s’est beaucoup inspiré des lignes de basses de Jaco Pastorious, a émargé son nom sur les disques de plusieurs grands noms de la musique. On peut citer Mickey Hart, Peter Gabriel, Manu Katche, Mokhtar Samba, Joe Zawinul, Paco Sery, Gilberto Gil, Chet Atkins, Mark Knopfler, Branford Marsalis, Poogie Bell, David Sancious, Lionel Loueke, Tania St-Val, Jacob Devarieux, David Sanborn, Carlinhos Brown, entre autres. Habib Faye s’offusquait souvent du manque d’audace et de créativité des musiciens sénégalais et africains. Lui avait surpassé cette somnolence et s’est arrogé le mérite d’avoir révolutionné le jazz à sa manière, avec ses lignes de basses.
Son album, H2O (2012), auquel participent Manu Dibango, Youssou N’dour, Julia Sar et Angélique Kidjo, en témoigne grandement. Il était avant-gardiste et s’inscrivait toujours au diapason des nouveautés. Il est l’un des premiers à se mettre au console, avec comme résultat l’album « Euleuk si biir » de Youssou Ndour et Oumar Pène. Les albums internationaux de Youssou Ndour brillent notamment de sa marque et de son ingéniosité.
Beaucoup de jeunes musiciens lui doivent aussi sa contribution désintéressée, répondant à leur aimable estime. «Il nous a tous bercés. Nous avons tous été fans de lui d’emblée; nous rêvions tous de jouer un jour à ses côtés. J’ai eu cette chance », reconnait le koriste Ablaye Cissoko, avec qui il a signé l’une des plus alléchantes collaborations musicales, avec « Kola note café », en 2015. C’était toujours sur le registre du jazz. D’ailleurs, avant sa disparition, il avait entrepris des explorations sonores et musicales dans plusieurs communautés des profondeurs du Sénégal pour les accorder à ses lignes de basses. Il mourra malheureusement avant la présentation de l’œuvre. Aujourd’hui, pour la commémoration de l’An 2 de son décès, les Acteurs de l’industrie musicale (Aim) baptise leur siège à son nom. Comme pour immortaliser Habib Faye, dont l’œuvre magnifique et colossale reste encore bavarde et visible.
UNE COMMUNICATION À AMÉLIORER
Formateurs, communicants, professionnels dans l’environnement des médias, Mamadou Ndiaye du Cesti et Bakary Domingo Mané de l’Issic passent en revue l’évolution des sorties officielles du ministère de la Santé depuis l’arrivée du coronavirus au Sénégal
La pandémie Covid-19 impose beaucoup de défis aux nombreux pays qu’il a touchés à travers le monde. Mais il y en a un que chacun se donne toutes les chances de relever : la maitrise des informations sur le sujet. Depuis l’apparition du premier cas confirmé de coronavirus au Sénégal, le 2 mars dernier, le ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) a produit 54 communiqués pour renseigner sur l’évolution du virus. Du premier au dernier, la communication des autorités sanitaires a beaucoup évolué. Deux experts analysent l’approche du MSAS pour contrecarrer le flux d’informations quotidien et distribuent leurs bons et mauvais points.
Formateur à l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication (Issic), Bakary Domingo Mané remarque que ‘’les premiers communiqués étaient touffus, avec beaucoup trop de détails. Mais, au fur et à mesure, l’on note que les autorités s’en tiennent désormais à l’essentiel. C’est devenu un communiqué en trois sens qui livre le nombre de personnes testées positives à la maladie, la différenciation des formes de contamination au virus et les renseignements sur les malades et, en troisième lieu, le rappel des mesures d’hygiène à respecter’’.
Un changement que Mamadou Ndiaye, expert en communication digital, explique par la sensibilité aux critiques externes. ‘’A chaque fois que des experts et observateurs sur les réseaux sociaux font des remarques sur la communication du ministère de la Santé, nous sentons, sur les jours qui suivent, que les autorités prennent en compte les propos exprimés sur la question’’, observe le formateur en journalisme multimédia au Cesti (Centre d’études des sciences et techniques de l’information).
‘’Le communiqué est devenu top standardisé. On n’a pas une certaine gymnastique intellectuelle à faire’’
Cependant, l’évolution n’est pas toujours synonyme de changement. Depuis un certain temps, le Pr. Ndiaye remarque un mécanisme répétitif. Ce qui fait que, ‘’lorsqu’on détient un communiqué du MSAS, nos yeux se promènent sur le nombre de cas. C’est l’information, car le communiqué est devenu trop standardisé. On n’a pas une certaine gymnastique intellectuelle à faire. Je pense que l’on peut améliorer cela, en mettant l’accent sur les faits nouveaux. L’objectif du communiqué de presse est de donner une information. Par exemple, on note une augmentation des cas communautaires. Et on étaye avec les chiffres’’.
Cette routine est aussi notée par le formateur digital sur les points de presse quotidiens sur la situation de la pandémie au Sénégal. Comme il l’explique : ‘’Avant, l’heure de dévoilement des chiffres (18 h) était attendue comme une messe. Maintenant, chacun va vaquer à ses occupations et les chiffres se retrouvent, dès leur sortie, sur les réseaux sociaux. A un moment donné, la cible se désintéresse et ne reste plus sur le qui-vive.’’
Si la communication de crise a d’abord pour objectif d’éviter qu’un incident ou une situation sensible n’aboutisse à une crise, Domingo Mané est d’avis que la stratégie du ministère porte quand même ses fruits. Car, estime l’ancien journaliste de ‘’Sud Quotidien’’, dans la volonté manifeste de maitriser la communication, les journalistes, consciemment ou non, les y aident en se contentant de reprendre textuellement les communiqués. Un terrain sur lequel son homologue du Cesti ne le suivra pas, puisque, selon Mamadou Nidaye, ‘’l’on retrouve beaucoup de détails, à la veille de chaque communiqué, dans certains journaux’’.
Une situation qui peut faire croire à l’existence de canaux parallèles de communication, car si l’on retrouve dans la presse certains détails, ‘’les autorités peuvent les mettre dans le communiqué’’.
Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye, une touche genre positivement appréciée
Sur les points positifs de la communication du MSAS, le professeur de web journalisme apprécie la mise en avant de la directrice générale de la Santé, Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye, lors des points de presse. Même si cela a tardé, c’est un message positif qui lui fait dire : ‘’C’est aussi intéressant de voir qu’il n’y a pas que des hommes capables de venir porter les messages du ministère. En plus, elle a une parfaite maitrise de l’évocation des chiffres, quand il faut les dire en wolof, contrairement à d’autres qui passaient avant elle.’’
Justement, dans la communication visuelle, beaucoup de choses peuvent encore être améliorées. L’on a beau être médecin, l’on reste des êtres humains. On peut avoir des gestes manqués et ne pas respecter les gestes barrières. Alors, conseille l’expert, ‘’lorsqu’on est en face de la caméra, il faut être le plus concentré possible. Une fois qu’on a mis le masque, on doit le mettre tout le temps et parler très fort pour bien se faire entendre. Et surtout éviter de l’accrocher sous le menton et de montrer cela au public pour venir l’interdire derrière’’.
D’ailleurs, Domingo Mané explique que le choix du point de presse au lieu de la conférence de presse montre que les autorités sont dans la communication. Le cas de la conférence de presse de Mansour Faye, Ministre du Développement communautaire et de l’Equité sociale et territoriale, sur les procédures d’attribution des marchés pour l’achat de riz, dans le cadre du fonds Force-Covid-19, a montré que les choses peuvent aller très vite dans le mauvais sens et être déviées de la concentration sur la crise.
La transparence privilégiée dans les cas de décès
Dans le fond, les experts analysent aussi les messages contenus dans les communiqués de MSAS. A un moment donné, la localisation des quartiers où les cas ont été contaminés est apparue dans les communiqués, avant de disparaitre. En cherchant la raison d’un tel changement, l’ancien reporter à ‘’Sud Quotidien’’ a vu ses sources lui faire comprendre que cela répondait à l’option de laisser communiquer les médecins-chefs de région au niveau local. Mais avec la multiplication des cas communautaires, la mention des zones infectées est de nouveau observée. Même si tout manque d’harmonie, Mamadou Ndiaye trouve ces informations importantes, ‘’permettant aux gens de se situer et d’avoir conscience de la gravité de la situation’’.
La pandémie a déjà emporté sept âmes sénégalaises. A chaque fois qu’un patient décède de la Covid-19, le MSAS fait un communiqué à part. Un élément positif important, quand l’on sait qu’au soir du décès de la première victime, Pape Diouf, analyse Domingo Mané, ‘’le ministère a volontairement caché des informations, donnant libre cours à beaucoup de fausses nouvelles sur le lieu de son décès’’.
Finalement, il a dû sortir un communiqué pour donner la bonne information. Depuis lors, le MSAS a décidé de continuer sur cette lancée, en donnant les informations par un communiqué sur les réseaux sociaux. En plus de maitriser l’information pour ne pas laisser libre cours aux rumeurs, cela donne l’occasion, selon le communicant, de montrer de la compassion, chose très importante dans la communication de crise. Mais aussi, note Mamadou Ndiaye, de préserver le secret médical qui doit verrouiller le plus d’informations privées, puisque, de manière officielle, c’est le strict minimum qui est divulgué sur les cas de décès.
UN 8E DÉCÈS ENREGISTRÉ À THIÈS
Après le décès à domicile d’un homme âgé de 88 ans, hier samedi, 25 avril 2020, à 11 heures dans le district sanitaire de Thiès, les examens effectués sur le corps de l’individu décédé ont révélé qu’il était porteur du virus de Covid-19.
Le Sénégal enregistre son 8e cas de décès lié au coronavirus. Après le décès à domicile d’un homme âgé de 88 ans, hier samedi, 25 avril 2020, à 11 heures dans le district sanitaire de Thiès, les examens effectués sur le corps de l’individu décédé ont révélé qu’il était porteur du virus de Covid-19.
L’annonce est faite par Dr Aloyse Wally Diouf, le Directeur de Cabinet du ministre de la Santé, faisant l’économie du communiqué n°56 sur la situation de la pandémie au Sénégal, ce dimanche, 26 avril.
Ainsi, le bilan du jour fait état de 57 nouveaux cas sur 579 prélèvements effectués. Il s’agit de 47 cas contacts suivis par les services du ministère de la Santé, et 9 issus de la transmission communautaire.
Ces derniers ont été détectés à Sangalkam (1), Mbao (2), Tambacounda (1), Touba (2), et Mbour (3). A signaler le retour des cas importés dont 1 a été signalé à Vélingara, dans la région de Kolda.
Par ailleurs, 7 patients contrôlés négatifs, ont été déclarés guéris.
A ce jour, 671 cas ont été déclarés positifs, dont 283 guéris, 8 décédés, 1 évacué à sa demande en France, et 380 patients sous traitement.
Le ministère de la Santé exhorte les populations au respect des mesures de prévention collective et individuelle.
LE SÉNÉGAL PRUDENT AU SUJET DU COVID-ORGANICS
Le président malgache dans un tweet avait annoncé ce vendredi une « commande » du remède par le Sénégal après un entretien avec son homologue Macky Sall. Or d’après une source proche du dossier à Dakar, aucune commande n’a encore été passée
Pas de test au Sénégal du remède malgache « Covid-Organics » pour le moment. Cette décoction composée de plantes est revendiquée par le président Andry Rajoelina comme une solution contre le coronavirus. Le président malgache dans un tweet avait annoncé ce vendredi une « commande » du remède par le Sénégal après un entretien avec son homologue Macky Sall. Or d’après une source proche du dossier à Dakar, aucune commande n’a encore été passée.
« Nous suivons les recherches à Madagascar avec intérêt ». Ce sont désormais les mots des conseillers du président Macky Sall ce samedi 25 avril. Il n’est pas question de la commande évoquée par Andry Rajoelina, que la présidence ne confirme pas.
Macky Sall dans la visioconférence avec son homologue disait être ouvert à la réception d’échantillons. Mais aucune livraison du « remède » malgache n’est à l’ordre du jour souligne une source proche du dossier, pour qui il n’est pas envisagé de tester la décoction sur des patients atteints par le coronavirus au Sénégal. Dans le corps médical, on attend d’en savoir plus au sujet de la composition de ce « remède » à base d’une plante, l’artémisia.
Le docteur Abdoulaye Bousso coordonne la réponse sénégalaise contre le Covid-19 et dirige le Centre des opérations des urgences sanitaires
« Je n'ai pas d'informations sur des commandes de ce produit passées par l'Etat. Je pense que l'on va attendre de voir ce que c'est. Dans tous les cas, si nous disposions d'échantillons, nous avons les structures capables de les analyser et de voir en quoi cette solution peut aider à la prise en charge (des malades) du Covid-19 », nous explique t-il.
Pour l’instant aucune preuve scientifique tangible de l’efficacité de ce « remède » n’a pu être apportée.
UN SYNDICAT DE L’AÉRONAUTIQUE TROUVE INÉGALE LA RÉPARTITION DES FONDS
‘’Les premiers pas dans la mise en œuvre de ce plan, dans notre secteur d’activité, posent problème, parce que le partage est terriblement déséquilibré et risque de laisser en rade plusieurs sociétés de la plateforme aéroportuaire’’,soutient le Synpaas
Thiès, 26 avr (APS) - Le Syndicat des personnels des activités aéronautiques du Sénégal (Synpaas) déplore dans un communiqué la répartition ‘’terriblement déséquilibrée’’ des 77 milliards de francs CFA alloués au tourisme et aux transports aériens dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale.
‘’Les premiers pas dans la mise en œuvre de ce plan, dans notre secteur d’activité, posent problème (...) parce que le partage est terriblement déséquilibré et risque de laisser en rade plusieurs sociétés de la plateforme aéroportuaire’’, soutient le Synpaas.
Le syndicat salue toutefois les mesures prises par le chef de l’Etat, dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale, pour atténuer l’impact de la pandémie de coronavirus sur l’économie sénégalaise, y compris les secteurs du tourisme et des transports aériens.
Quarante-cinq milliards de francs CFA seront affectés au hub d’Air Sénégal en vue de l’‘’opérationnalisation’’ de son plan de développement, selon la clé de répartition des 77 milliards de francs CFA dont le Synpaas dit avoir pris connaissance.
‘’Une enveloppe de 15 milliards de francs CFA sera allouée au crédit hôtelier et touristique, tandis que 12 milliards seront affectés au paiement des hôtels réquisitionnés pour le confinement des cas contacts du Covid-19’’, indique le communiqué.
Cinq milliards de francs CFA sont destinés aux entreprises et agences du portefeuille de l’Etat, selon le texte.
Le Synpaas trouve inéquitable cette répartition des fonds et estime qu’elle va ‘’inéluctablement sonner la mort de plusieurs entreprises du secteur [du tourisme et des transports aériens], et créer les conditions de pertes d’emplois pour des centaines de travailleurs’’.
‘’Au même titre que les hôteliers et la compagnie nationale (Air Sénégal), le gestionnaire et tous les prestataires de l’aéroport vont être impactés avec l’arrêt du trafic’’, avertit le syndicat, soulignant que ‘’l’absence de trafic signifie l’absence de revenus’’.
Il y aura ‘’2,6 millions de passagers de moins au Sénégal en 2020’’, affirme le Synpaas sur la base d’estimations faites par l’Association du transport aérien international, selon lesquelles la reprise du trafic devrait avoir lieu en juillet.
‘’D’ici là, ajoute-t-il, une entreprise comme LAS (Limak-Aibd-Summa), gestionnaire de l’aéroport [Blaise-Diagne], et les autres sociétés ont besoin d’appui et de garantie pour pouvoir assurer les salaires de leurs agents avant un début de rentrée de fonds vers août et septembre’’, affirme le syndicat.
Il laisse entendre, sur la base de ces prévisions, que le montant alloué par l’Etat aux entreprises du tourisme et des transports aériens est insuffisant.
57 NOUVEAUX CAS, UN HUITIÈME DÉCÈS
Le ministère de la Santé a annoncé dimanche un huitième décès causé par le Covid-19 au Sénégal et 57 nouvelles contaminations portant à 671 le nombre de patients recensés dans le pays depuis le 2 mars.
Dakar, 26 avr (APS) – Le ministère de la Santé a annoncé dimanche un huitième décès causé par le Covid-19 au Sénégal et 57 nouvelles contaminations portant à 671 le nombre de patients recensés dans le pays depuis le 2 mars.
Il s’agit de 47 cas contacts dont les sujets étaient placés en observation dans les services sanitaires, de neuf cas communautaires et d’un cas importé, a précisé Aloyse Waly Diouf, directeur de cabinet du ministre de la Santé, lors d’un point de presse.
Les cas communautaires – ce sont les cas de coronavirus dont les services sanitaires ignorent la cause de la contamination – ont été recensés à Sangalkam, Mbao, Mbour (ouest), Tambacounda (est) et Touba (centre).
Le patient objet du cas importé se trouve à Vélingara (sud). Le huitième décès causé par le Covid-19 au Sénégal, annoncé par M. Diouf, a eu lieu à Thiès (ouest).
Un examen effectué sur la personne décédée a montré qu’elle avait le Covid-19. Il s’agit d’un homme âgé de 88 ans.
Sept patients ont été déclarés guéris, ce qui porte à 283 le nombre de patients qui ont vaincu la maladie.
A ce jour, 380 patients sont sous traitement dans les centres de traitement du Covid-19, selon Aloyse Waly Diouf.
Il a réitéré la recommandation faite aux populations par le ministère de la Santé de respecter les mesures de protection individuelle et collective contre le COvid-19.
GUY MARIUS SAGNA, LE DON QUICHOTTE DU SÉNÉGAL QUI CROISE LE FER AVEC L’IMPÉRIALISME
C’est en ferraillant contre les déclinaisons de «l’impérialisme» que ce natif de Casamance s’était forgé, ces dernières années, une réputation de militant aguerri, d’insurgé à tout-va, prêt à en découdre pour défendre ses idées
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 25/04/2020
Au Sénégal, les entreprises françaises reviennent au cœur de l’économie après avoir pâti, sous Abdoulaye Wade, prédécesseur de l’actuel Président, d’une politique de diversification des partenaires. De quoi alimenter le ressentiment des uns et des autres, et notamment de Guy Marius Sagna, héraut de la «lutte contre le néocolonialisme».
Au pays de la Teranga (hospitalité, en wolof), l’avènement du coronavirus ne semble guère avoir arrangé les choses au regard d’un certain ras-le-bol anti-français. Après l’assimilation du virus à un «hôte étranger», en réaction à la provenance française du premier cas importé, le grief a muté vers le néocolonialisme et ne cesse de se propager dans certains milieux politiques et militants, coutumiers des procès intentés à l’ancienne métropole.
Entre-temps, et devant les conséquences de la pandémie sur le tissu économique sénégalais, le gouvernement a décidé de débloquer une aide de près d’un milliard d’euros en faveur des entreprises concernées. Depuis, c’est la queue au portillon des ministères pour être éligible à l’aide gouvernementale.
Bien que dérisoire, l’éligibilité à cette aide devrait se faire en fonction de certains autres critères, plaide le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (FRAPP/ France Dégage). Un véritable tri, selon Guy Marius Sagna, son emblématique leader, qui s’est confié à Sputnik, devrait alors se faire, pour privilégier le capital national. Le tout sans compter le fait que les entreprises bénéficiaires de l’aide doivent opérer aussi bien dans le secteur formel qu’informel, «avec un respect total de la réglementation et des droits des travailleurs. Pour nous, ces éléments sont importants», proclame-t-il.
Un militant aguerri
Les entreprises étrangères qui exercent des activités au Sénégal sont nombreuses. Elles sont marocaines, turques, chinoises, indiennes. Mais les plus puissantes d’entre elles sont d’origine française et fonctionnent le plus souvent comme des entités de droit sénégalais. Une posture qui les place au même niveau que les entreprises locales.
Sur le principe, rien n’empêche que ces différentes sociétés puissent être concernées par l’aide que l’État du Sénégal entend apporter aux entités économiques impactées par la crise sanitaire du Covid-19, selon le Programme de résilience économique et sociale (PRES) décidé par le Président de la République Macky Sall. D’un autre côté, rien n’est dit que les puissantes (et donc les plus résistantes) d’entre elles réclament effectivement leur part d’une aide réservée aux plus affectées. Celle-ci pourrait, d’ailleurs, s’avérer bien dérisoire vu le grand nombre d’entreprises éligibles. Qu’importe, puisque l’attribution de ce soutien gouvernemental ne semble être, pour Guy Marius Sagna, qu’un énième casus belli pour enfourcher son vieux cheval de bataille.
C’est en ferraillant contre les déclinaisons de «l’impérialisme» que ce natif de Casamance s’était forgé, ces dernières années, une réputation de militant aguerri, d’insurgé à tout-va, prêt à en découdre pour défendre ses idées.
Opposant le plus assidu des prisons sénégalaises, il quittait, le 4 mars dernier, le Camp pénal de Liberté VI à Dakar, après trois mois de détention provisoire. Il a été écroué, le 29 novembre 2019, après avoir pris part à une manifestation interdite contre la hausse du prix de l’électricité… et s’être agrippé aux grilles du Palais présidentiel. Une allégorie, sans doute, de la lutte, bec et ongles, qu’il mène sur tous les champs de batailles ?
Mais la défense de la souveraineté économique de son pays contre de présumées «ingérences» et autres manifestations de «néocolonialisme économique» demeure son combat de prédilection, et le bâton de pèlerin qu’il a repris sitôt libéré de prison.
Pour autant, il ne fait pas de la France son Delenda Carthago, nonobstant le nom donné au collectif créé en 2017 et dont il est l’un des leaders les plus médiatiques. Son objectif est simplement de défendre les intérêts fondamentaux de son pays et de l’Afrique.
«En réalité, nous luttons contre le néocolonialisme, l’impérialisme. Tous les impérialismes. Parmi ces impérialismes, il y a des magasins de grande distribution, il y a un opérateur qui contrôle la téléphonie sénégalaise, un autre l’eau sénégalaise. Dans une telle situation, l’aide de l’État du Sénégal doit aller aux entreprises sénégalaises. Il n’est même pas possible d’en faire bénéficier des entreprises africaines en l’absence d’un gouvernement fédéral africain», rétorque Guy Marius Sagna.
Pour une «taxe Covid» sur les multinationales
Il s’oppose à la socialisation des aides car, dit-il, «nous allons assister à une privatisation des bénéfices qui vont aller aux bourgeois capitalistes des pays de la Triade. C’est pourquoi, qu’elles soient françaises, états-uniennes, allemandes… elles doivent être écartées, toutes. Mieux, le FRAPP propose une taxe Covid-19 appliquée aux entreprises impérialistes qui ont bénéficié de contrats importants».
Réfutant toute fixation aveugle sur les entreprises hexagonales, le leader de «Frapp/France Dégage» précise : «Le FRAPP n’a aucun problème avec les entreprises françaises en particulier. Il a un problème avec les multinationales qui sont des instruments du capitalisme et donc de l’impérialisme qui est le cancer qui ronge l’Afrique. Nous ne cherchons pas à quitter un impérialisme pour rejoindre un autre impérialisme.»
«Nous ne cherchons pas à faire dégager l’armée française de l’Afrique pour accepter la présence d’Africom, compare-t-il. Ainsi en est-il également sur le plan économique. Il est plus que temps que nos dirigeants identifient les entreprises appartenant à des Sénégalais et créées avec des capitaux sénégalais.»
La bonne représentation des entreprises françaises au Sénégal est une constante dans l’économie locale. La politique de diversification des partenariats menée par l’ancien Président Abdoulaye Wade a consolidé la présence chinoise et facilité l’émergence d’autres alliés, asiatiques en particulier. Selon Christophe Bigot, ancien ambassadeur de France à Dakar, cette diversification a eu pour effet de faire baisser la part de marché des entreprises françaises au Sénégal de 25% à 15% entre 2006 et 2016 (de 24,3% à 15,9%, selon le site Africa Check se basant sur les données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Depuis, les grands projets d’infrastructure lancés par le Président Macky Sall ont remis la France au centre des enjeux économiques et financiers sénégalais.
Un officiel sénégalais, qui a requis l’anonymat, considère qu’il y a clairement un basculement du régime sénégalais vers la France.
«Bolloré, qui a connu des déboires avec Abdoulaye Wade, règne désormais en maître au port de Dakar après avoir racheté en partie son concurrent… français Necotrans. Suez vient juste de prendre la place de la Sénégalaise des eaux (SDE) pour la distribution de l’eau. Total a eu certes tardivement sa part du gâteau des découvertes pétrogazières mais elle l’a eue quand même, provoquant au passage la démission du ministre des Énergies.»
Il poursuit, citant encore le méga-contrat du Train express régional (TER) remporté par le trio Alstom-Thales-Engie prévu pour relier Dakar à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), le projet d’Omnibus entre la capitale et la banlieue confié au duo SNCF-RATP pour démontrer que «la France est bel bien au cœur de notre économie».
Le basculement de Macky Sall
Avec une main-d’œuvre locale bien présente dans ces divers chantiers, les entreprises françaises peuvent se prévaloir d’une certaine participation au bien-être des Sénégalais. En effet, «les filiales de sociétés françaises et entités de droit sénégalais détenues par des ressortissants français représentent plus du quart du PIB et des recettes fiscales au Sénégal. Selon les dernières estimations, il existerait plus de 250 entreprises françaises présentes dans le pays, qui emploieraient plus de 30.000 personnes. La présence française concerne tous les secteurs d’activité», peut-on lire sur le site de l’ambassade de France au Sénégal.
Mais il en faut plus pour en convaincre Guy Marius Sagna et son constat est amer : «Le plus important n’est pas que ces entreprises emploient ou pas un personnel sénégalais ou africain. Dans leur propre pays, sur leur propre continent, les sociétés africaines sont concurrencées, elles sont perdantes. À l’extérieur, elles sont inexistantes.» La faute exclusivement à «l’impérialisme» ?