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27 septembre 2025
LES VISIÈRES EN PLASTIQUE CONSTITUENT-ELLES UNE PROTECTION EFFICACE CONTRE LE CORONAVIRUS ?
Ces masques ne sont pas des protections respiratoires. Ils présentent toutefois certains avantages. Si utilisés, ils doivent l'être en complément des gestes barrières et de la distanciation sociale
Vous nous questionnez sur l’efficacité des masques munis d’une visière de protection en plastique. Habituellement utilisés sur les chantiers, ils sont parfois considérés par la population comme une alternative aux masques plus classiques, alors que les protections grand public tardent à être généralisées.
Le site de l’INRS, organisme de santé et sécurité au travail, livre des éléments à ce sujet. Première chose à retenir : ces masques à visière n’ont pas l’efficacité des autres protections respiratoires. Et pour cause, ils n’ont pas été conçus pour cela. Il s’agit, selon l’INRS, «d’équipements de protection des yeux et du visage. lls répondent à la norme EN 166 "Protection individuelle de l’œil - spécifications". S’ils peuvent protéger les porteurs des grosses gouttelettes émises immédiatement après une toux par une personne à proximité et face à l’écran, ils ne permettent pas de protéger des particules restant en suspension».
En complément des gestes barrières
Hors de question, donc, que ces masques soient autorisés et utilisés en milieu hospitalier ou dans le cadre de soins médicaux sans être associés, en même temps, à une protection respiratoire. En revanche, ils comportent un avantage de taille : pour l’institut, sa visière permet de le relever et de l’ajuster sans nécessairement toucher son visage. Une pratique dangereuse avec les masques en tissu plus classiques, qui tendent à affaiblir, parfois, la vigilance sur l’hygiène des mains.
Dans les autres secteurs, précise encore l’INRS, ces «écrans faciaux ne peuvent être utilisés qu’en complément des mesures collectives, organisationnelles et d’hygiène mises en œuvre permettant d’assurer la santé et la sécurité des salariés». Comprendre : comme les autres masques dits de catégorie 2, à visée collective, ces outils ne doivent surtout pas conduire à s’affranchir des gestes barrières et de la distanciation sociale.
SUR LA PISTE DE LA "PANGOLIN CONNECTION"
Le paisible animal des forêts tropicales et des savanes, suspecté d’être un acteur de la pandémie du coronavirus, fait l’objet d’un commerce illégal et fructueux organisé par des syndicats du crime
Le Monde |
Laurence Caramel , Marie-Béatrice Baudet et Youenn Gourlay |
Publication 24/04/2020
Le paisible animal des forêts tropicales et des savanes, suspecté d’être un acteur de la pandémie, fait l’objet d’un commerce illégal et fructueux organisé par des syndicats du crime.
Lui qui aime tant vivre la nuit, le voilà en pleine lumière. Paisible quadrupède des forêts tropicales et des savanes, le pangolin est devenu l’objet de toutes les attentions. Le petit mammifère édenté est soupçonné d’être l’un des acteurs majeurs de la pandémie de Covid-19 qui a déjà tué près de 160 000 personnes dans le monde en quatre mois à peine. Comme la chauve-souris, le fourmilier dont la démarche rappelle celle du bossu de Notre-Dame, est porteur d’un coronavirus proche du SARS-CoV-2, à la source de la crise sanitaire qui a stoppé net la planète.
Le « perceur de montagnes »
Se retrouver à la « une » des journaux ? Pauvre bête, il n’en demandait pas tant. Peu lui importe d’être un sans-grade. Son physique ingrat ne lui permet pas de faire de l’ombre au panda, emblème du Fonds mondial pour la nature (WWF) et grand favori des enfants, avant l’éléphant, la girafe et le rhinocéros. Le pangolin préfère rester discret et se plaît à la solitude. Son seul titre de gloire est d’être l’unique mammifère au monde recouvert d’écailles. Ses techniques de chasse suscitent l’admiration. Friand de termites et de fourmis, l’animal étire son interminable langue gluante pour les attraper mais il agit aussi avec malice. Après avoir pénétré fourmilières et termitières grâce à ses griffes puissantes – les Chinois le surnomment le « perceur de montagnes » –, il soulève ses écailles puis les referme comme des persiennes, une fois les insectes pris au piège. Son dos lui fait office de garde-manger, en somme.
Qui savait tout cela il y a encore quelques mois ? Rares étaient les scientifiques à s’intéresser aux huit espèces de pangolin recensées dans le monde, quatre en Afrique et quatre en Asie. Quand on évoquait ce drôle d’animal présent sur terre depuis des millions d’années, c’était plutôt pour s’en moquer. Dans son Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis publié en 1985 (Seuil), Pierre Desproges écrit que « le pangolin ressemble à un artichaut à l’envers, prolongé d’une queue à la vue de laquelle on se prend à penser que le ridicule ne tue plus ».
« Un seul coupable, l’homme »
Mais alors, pourquoi et comment expliquer que ce fourmilier taciturne soit aujourd’hui sous les feux de la rampe ? « Un seul coupable, l’homme », répond sans hésiter le biologiste Gilles Bœuf. « Bien sûr que c’est nous », confirme Didier Sicard, professeur de médecine et spécialiste des maladies infectieuses. A l’instar du Covid-19, 75 % des maladies nouvelles qui affectent aujourd’hui les humains sont des zoonoses, c’est-à-dire des pathologies transmises par les animaux, rappellent les deux scientifiques.
« Notre total irrespect pour la faune et la flore conduit à réunir dans des conditions sanitaires scandaleuses des animaux vivants qui en principe ne se côtoient pas », s’insurge Gilles Bœuf, professeur invité au Collège de France. « Pensez par exemple à ces marchés asiatiques comme celui de Wuhan, la métropole chinoise d’où serait partie la pandémie. On y croise des civettes, des serpents, des crocodiles, des cygnes, des ânes, des chiens et, sous le manteau, des espèces interdites de vente comme les pangolins, notamment », décrit, tout aussi exaspéré, Didier Sicard, membre du conseil d’administration de l’Institut Pasteur du Laos, pays où il a vécu pendant plusieurs années. Cette promiscuité marchande forcée facilite les échanges de gènes de virus entre voisins de cage et multiplie les dangers d’infection.
L’homme joue depuis longtemps avec le feu, en réalité. La déforestation à marche forcée chasse les espèces sauvages de leurs habitats naturels. Les animaux approchent des villages et les écosystèmes vacillent. Quand les forestiers coupent les arbres, les moustiques familiers de la canopée volent plus près du sol et piquent davantage les intrus. Le pangolin n’échappe pas à cette frénésie de développement mais il détient aussi un triste record : il est le mammifère le plus braconné au monde. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un pangolin est retiré de la vie sauvage toutes les cinq minutes. « Ce commerce illégal progresse à une vitesse alarmante et engendre des profits très importants », juge Paul Stanfield, directeur de la criminalité organisée et émergente à Interpol.
Sa chair est considérée comme un mets de choix en Afrique et en Asie, mais surtout ses écailles seraient parées des plus grandes vertus thérapeutiques, à en croire la médecine traditionnelle chinoise
Loin d’être de vulgaires amateurs, les trafiquants appartiennent à des réseaux mafieux également impliqués dans le commerce illicite d’armes, de drogue, d’ivoire ou d’êtres humains, bref de tout ce qui peut rapporter gros. Or, le fourmilier attise les convoitises. Sa chair fondante et peu grasse est considérée comme un mets de choix en Afrique et en Asie, mais surtout ses écailles seraient parées des plus grandes vertus thérapeutiques, à en croire la médecine traditionnelle chinoise.
Dans un article publié fin 2019 dans Pangolins. Science, Society and Conservation (Elsevier, non traduit), Shuang Xing, de l’université de Hongkong, et ses coauteurs font remonter au VIe siècle la première référence aux propriétés médicinales de l’animal qui, à l’époque, auraient apaisé les piqûres de fourmi. Le mammifère rejoint la bibliothèque impériale de la médecine traditionnelle deux siècles plus tard pour ses capacités à stimuler la lactation, traiter l’infertilité ou fluidifier le sang.
Ces attributs sont toujours présents dans la nomenclature officielle validée par Pékin, auxquels se sont ajoutés, parmi beaucoup d’autres, le traitement du cancer des ovaires et celui du sein, la lutte contre la maladie de Parkinson, l’anorexie et les hémorroïdes. Comment renoncer à des croyances transmises depuis si longtemps ? « Ces hypothèses sont grotesques, conteste avec virulence Gilles Bœuf. Comme les cornes de rhinocéros et nos propres ongles, il n’y a que de la kératine dans ces écailles. »
Avant de figurer au tableau d’honneur du trafic des espèces, le mammifère a d’abord emprunté les routes officielles du commerce mondial afin d’alimenter les tanneries américaines et mexicaines productrices de sacs à main, de bottes de cow-boy et de ceinturons. Le filon exploité par l’Indonésie, la Thaïlande ou la Malaisie prit fin dans les années 1990. A partir de cette date, la Chine, qui avait d’abord puisé – jusqu’à les faire pratiquement disparaître – dans ses propres spécimens, est devenue le principal client d’un commerce de plus en plus souterrain. L’animal n’est plus seulement convoité pour la qualité de sa peau mais pour ses soi-disant bienfaits médicinaux.
L’hécatombe se traduit dans les statistiques douanières que traquent, tels des enquêteurs sur la piste de criminels, les scientifiques chargés d’éclairer les débats de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites). Cette enceinte créée en 1975, et où siègent plus de 180 pays, a le pouvoir d’interdire un commerce lorsque la survie d’une espèce est en jeu. Entre 1975 et 2000, 776 000 pangolins asiatiques ont été officiellement exportés. Mais les chercheurs estiment qu’une quantité comparable a été prélevée dans la nature pour satisfaire les circuits illicites. Il faut en moyenne tuer trois ou quatre individus de 5 kilos pour obtenir un kilo d’écailles.
« Il est temps de prendre la criminalité faunique au sérieux. On n’en viendra pas à bout uniquement avec des rangers et des protecteurs de la nature »
John Scanlon, juriste
En 2000, la Cites classe les quatre espèces asiatiques dans l’annexe 1 de la convention, celle qui interdit toute exportation sauf pour des motifs exceptionnels de recherche scientifique. Il ne reste plus alors aux opérateurs asiatiques qu’à se tourner vers l’Afrique, comme ils l’ont fait pour l’ivoire ou le bois de rose après avoir épuisé leurs propres ressources. Le transfert apparaît d’autant plus facile que la Chine investit massivement sur le continent, où une communauté d’entrepreneurs et de simples travailleurs s’installe dans les régions les plus reculées pour exploiter les bois précieux et les minerais. Il faudra attendre dix-sept ans pour que les quatre espèces africaines, désormais aussi considérées par l’UICN en « danger d’extinction » ou « vulnérables », rejoignent à leur tour l’annexe 1.
John Scanlon, l’ancien secrétaire général de la Cites qui fut à la manœuvre pour arracher cette avancée, ne se fait aucune illusion sur sa portée : « Le classement d’une espèce n’assure pas sa protection. Au cours des trois dernières années, 206 tonnes d’écailles ont été saisies. La mission initiale de la Cites n’est pas de combattre le crime organisé. Pour cela, il faut des policiers, des procureurs et une justice qui condamne. » Le juriste australien plaide pour que le trafic d’animaux sauvages soit intégré dans la Convention des Nations unies contre le crime transnational organisé au même titre que le trafic d’êtres humains, de drogue ou des armes. « Il est temps de prendre la criminalité faunique au sérieux. On n’en viendra pas à bout uniquement avec des rangers et des protecteurs de la nature. »
Quand le kilo de viande de pangolin est proposé à 300 dollars (276 euros) dans les restaurants d’Ho Chi Minh-Ville, au Vietnam, ou que celui d’écailles payé 5 dollars dans un village de brousse se monnaie 160 fois plus dans les officines chinoises, il faut se décider à ouvrir les yeux, comme le réclame depuis longtemps Ofir Drori. Cet activiste d’origine israélienne aux allures d’aventurier romantique a créé, depuis le Cameroun, un redoutable bataillon de militants dont la détermination à infiltrer les organisations de trafiquants a permis de faire tomber quelques barons parmi les prédateurs d’ivoire, de chimpanzés ou de serpents.
Innombrables relais
Baptisé « Eagle » (Eco Activists for Governance and Law Enforcement), ce réseau est présent dans neuf pays d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest. « Les petits braconniers ne nous intéressent pas. Ils ne sont que l’ultime maillon d’une chaîne qui mène à de puissants syndicats transnationaux du crime. Le pangolin a trouvé sa place dans ces circuits obscurs et représente aujourd’hui la majorité de nos opérations », explique-t-il.
Acheminer plusieurs tonnes d’écailles vers les ports d’embarquement les plus prisés comme Douala, au Cameroun, ou Lagos, au Nigeria, suppose d’avoir d’innombrables relais pour assurer l’insatiable demande de la Chine ou du Vietnam. Tout en déjouant la surveillance des douaniers. Ce qui, dans cette partie du continent, n’est pas le plus insurmontable.
« Nos frontières sont pourries. Tout rentre et tout sort comme on veut, lâche sans détour Claude Keboy, membre du Groupe des spécialistes des pangolins de l’UICN en République démocratique du Congo (RDC) et coordonnateur de l’ONG Synergie rurale - Action paysanne. Les policiers ignorent la loi, ils ne savent pas que le pangolin est protégé comme l’okapi ou l’éléphant. Lorsque nous arrêtons des braconniers, ils sont vite relâchés. Les pangolins, eux, sont vendus sur les trottoirs de Kinshasa et on voit même des ministres en acheter. »
Le 22 février, 500 kilos d’écailles en provenance de RDC ont été saisis dans les environs de Bangui, la capitale centrafricaine. Ce pays enclavé, toujours en proie à l’insécurité cinq ans après la fin de la dernière guerre civile, offre, tout comme son voisin le Soudan du Sud, de tranquilles itinéraires de transit aux trafiquants, habiles pour se mouvoir dans ces Etats faillis. « Jusqu’à maintenant, les gens jetaient les écailles à la poubelle mais ils commencent à réaliser qu’elles peuvent représenter beaucoup d’argent », s’inquiète Jérémy Ndallot, ancien directeur de la faune au ministère des eaux et forêts, à Bangui.
La Centrafrique est le seul pays du continent à abriter les quatre espèces de fourmilier, et leur viande y est particulièrement recherchée. En Côte d’Ivoire, le 3 mars, plus de 3,5 tonnes d’écailles issues de saisies ont été incinérées devant la presse pour « lancer un signal » aux trafiquants. Mais les peines encourues – un an de prison maximum et 300 000 francs CFA (457 euros) d’amende en vertu d’une loi datant de 1965 – sont dérisoires pour dissuader des criminels dont le butin se chiffre en millions d’euros.
Les triades chinoises
De la collecte à la livraison finale, une cinquantaine de pays seraient impliqués dans ces circuits sinueux dont vingt-cinq en Afrique, selon l’UICN. Et qu’il s’agisse des ONG, des forces de police ou des douaniers, tous conviennent des difficultés à contrer un trafic aussi bien organisé dont l’une des têtes de pont serait les triades chinoises. Une véritable industrie.
Pour faire simple, le premier maillon de la filière récolte les écailles dans les villages africains, le deuxième les transporte dans des boutiques souvent tenues par des commerçants asiatiques ou ouest-africains, où elles sont stockées. Le troisième les transfère dans un port où une quatrième équipe a déjà préparé les faux documents douaniers et organisé « le couvre-bagage » c’est-à-dire les cargaisons alibis : bois creux, sacs de cacao, plastique à recycler, etc. « Sur ce point, les réseaux font preuve d’une incroyable imagination, témoigne Charlotte Nithart, directrice de campagne de l’association Robin des bois. Des écailles ont été saisies à Roissy cachées dans des boîtes de pop-corn et des sacs de croquettes pour chiens. Au Vietnam, elles étaient à l’intérieur du réservoir à gaz GPL d’une voiture. »
Le bateau est préféré à l’avion pour le transfert d’Afrique en Asie. Les volumes embarqués sont plus importants. Au départ du voyage, peu de difficultés. Les services douaniers – et ils le reconnaissent – s’intéressent en priorité à ce qui entre sur leurs territoires, pas à ce qui en sort, à la fois pour des raisons de sécurité nationale et de recettes fiscales. Les taxes sur les marchandises importées représentent des rentrées budgétaires substantielles notamment pour les Etats africains.
Zones franches non contrôlées
Les routes maritimes choisies ne doivent pas éveiller les soupçons. « Vous n’imaginez pas une seconde qu’un cartel colombien cache sa cargaison d’héroïne dans un navire reliant directement Carthagène à Marseille, et bien c’est pareil pour les écailles de pangolin, les pistes sont brouillées », explique-t-on, comme une évidence, à la direction générale des douanes, à Paris. Les conteneurs où sont dissimulées les écailles du quadrupède transitent beaucoup. Djebel Ali, neuvième port commercial mondial situé dans le sud de l’émirat de Dubaï, sert régulièrement de première escale. La marchandise illicite est alors transbordée – sans aucune intervention douanière puisqu’elle n’entre pas dans le pays – puis repart sur un autre bâtiment à destination de l’Europe où, après un nouveau stop, elle file vers Hongkong ou Singapour, de préférence dans les zones franches non contrôlées.
Directrice du renseignement de la fondation internationale Wildlife Justice Commission, créée en 2015 afin de lutter contre la criminalité environnementale, la Britannique Sarah Stoner souligne également les incroyables capacités d’adaptation des trafiquants aux fluctuations de la demande. La jeune femme dispose de trente enquêteurs dont la majorité travaille sous couverture. « D’après nos informateurs, le cours de l’ivoire, un bien de plus en plus difficile à écouler sur les marchés, serait en baisse depuis deux ans. Les mafias que nous avons identifiées, notamment celles spécialisées dans les faux papiers, lui préfèrent désormais l’écaille de pangolin. »
Les réseaux réagissent vite dès qu’ils se sentent menacés. Quand une compagnie maritime suspecte est repérée, « elle disparaît comme par enchantement, confie Igor Jakupic, agent à l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Peu de temps après, une nouvelle firme apparaît, créée de toutes pièces avec un faux historique de navigation et de chargements. »
Sociétés-écrans et paradis fiscaux
L’OMD et Interpol coopèrent avec les forces de police nationale et coordonnent des coups de filet menés simultanément dans plusieurs pays. En juillet 2019, grâce à l’opération Thunderball, neuf tonnes d’ivoire et douze tonnes d’écailles de pangolin ont été confisquées à leur arrivée dans le port de Singapour. « Le réseau à l’œuvre était également spécialisé dans la contrefaçon de produits de luxe, indique Henri Fournel, coordinateur biodiversité à Interpol. Ce syndicat du crime disposait d’une solide base arrière qui payait, entre autres, l’ensemble des acteurs de la chaîne et versait des pots-de-vin à des officiels. » L’argent sale circule soit par des sociétés-écrans et des paradis fiscaux, ou, afin de ne laisser aucune trace, passe par les systèmes traditionnels de paiement informel comme l’hawala, fondés sur la confiance entre agents de change.
Les saisies perturbent les réseaux mais ne suffisent pas à les démanteler. « Arrêter des trafiquants est un début, il faut ensuite réussir à les condamner à des peines de prison importantes », insiste Henri Fournel, conforté par son confrère de l’OMD Igor Jakupic : « Quand 20 kilos de drogue sont interceptés, une équipe d’enquêteurs va immédiatement se mettre sur la piste des criminels. S’il s’agit d’écailles de pangolin ou de peaux de tigre, les troupes sont moins mobilisées, voilà la réalité. »
Pointé du doigt pour son laxisme, le gouvernement chinois a banni la consommation de viande de pangolin en 2017. L’utilisation d’écailles pour la médecine est, elle, contrôlée en théorie depuis 2007 par la création de « stocks certifiés » sous la tutelle de l’Administration nationale des forêts. Mais ce dispositif, qui attribue des licences à quelque 200 entreprises pharmaceutiques chargées d’approvisionner les hôpitaux publics en traitements traditionnels, est loin d’être étanche à la contrebande.
Manque de volonté politique ?
Fin 2019, China Biodiversity Conservation and Green Development Fondation, une importante ONG locale, membre de l’UICN, a interpellé les autorités sur la certification, par la province du Hebei, de trois lots représentant plus de 1,6 million de tonnes d’écailles en provenance d’Afrique. Selon les déclarations de son secrétaire général, Zhou Jinfeng, au magazine News China, « une grande quantité des écailles vendues en Chine sont illégales car les grossistes peuvent très facilement mélanger des marchandises certifiées avec celles de la fraude et échapper à toute régulation ».
Afin d’endiguer les méfaits du SARS-CoV-2, le régime autoritaire a pourtant su actionner ses réseaux de surveillance incarnés par les impitoyables comités de quartier. Comment dès lors ne pas s’interroger sur sa détermination à mettre fin au trafic de pangolins ? Est-ce par manque de volonté politique ? Pékin doit accueillir le prochain sommet de la Convention des Nations unies sur la biodiversité dès que la situation sanitaire mondiale le permettra. Les défenseurs de l’environnement confortés par le lien entre la maltraitance des espèces animales et la propagation de virus mortels pourraient alors mettre le président Xi Jinping, fervent défenseur de la médecine traditionnelle, face à ses contradictions.
D’ici là, le business continue. Dans le sud de la Chine, les marchés aux animaux sauvages ont rouvert. Et, le 31 mars, les douanes malaisiennes ont découvert 6 tonnes d’écailles de pangolin dans une cargaison de noix de cajou partie du Nigeria à destination de la Chine. Le Covid-19 enflammait déjà le monde depuis quelques semaines.
Par Dr Tamsir Anne (tekkikat bi)
Sàrti ndaali-Maali
Ndaali Maali, walla Mande, benn la woon ci nguuru nit ku ñuul yu mag yi nekkoon démb ci déndub Afrig. Moo fi wuutu woon ndaali Gana ci Afrig sóowu jànt. Gana moom itam moo donnoon jàllooreey yeneeni nguur yu mel ni Aksum , Kuus,
Dr Tamsir Anne (tekkikat bi) |
Publication 24/04/2020
Ndaali Maali, walla Mande, benn la woon ci nguuru nit ku ñuul yu mag yi nekkoon démb ci déndub Afrig. Moo fi wuutu woon ndaali Gana ci Afrig sóowu jànt. Gana moom itam moo donnoon jàllooreey yeneeni nguur yu mel ni Aksum , Kuus, Nibi ak Misira démb bu Buur-Fari ya.
Ndaali Maali jàpp nanu ne ca Xeelu xarnu ba ci XIVeelu xarnu ba la fi nguuram lawoon, ëmboon réew yii tey : Maali, Senegaal, Gambi, Gine, Niseer, ak bëj-boppu Gànnaar… Ña fa doonoon Buur-Daali seen jàlloree jàll xarnu yi ba yegsi ci ñun: ñoom Mansa Musaa, Sumaaworo Kante, Sunjata Keyta ak ñeneen. Booba Afrig a yore woon wurusu àddina si, nit di jóge fu nekk di waliwansi di wutsi xam-xam.
Tekki sàrt bi doon doxal ndaali Maali bii topp ci làmmiñu wolof mu ngi sukkandiku ci jukki bu ay boroom xam-xami cosaan yu Senegaal, Maali, Gine, ay gawlo ak ñeneen dekkalaatoon ca Kankan (réewum Gine). Ci sàrt bii la ñu tërëloon yoon ya ñu doon jëflante ci seen biir sosiete ci fànn yépp : koom-koom, politig ak yeneen. Kon mënees na cee jàngate lu bare ci ni maam yooya gise woon àddina, seen parlu, seen xayte ak seen mandute. Jikko ak melokaan yu tumuranke te Afrig ak àddina sépp soxla leen.
Peggi liggéeykat yi "ñamakala" dañoo war fu ñu tollu di wax dëgg seeni njiit, di leen digal, di saytu ci seen làmmiñ ak seen jëf yoon yi ak sàrt yi ñu tëral ci ndaali Maali.
Matukaay 3eel:
"Morikanda" yi walla sëriñ yi ñooy sunuy sàng te ñoo ñuy yar ci diine lislaam. Kon ku nekk yoreel na leen njukkël te war na leen a weg.
Matukaay 4eel:
Askani ndaali Maali ay maas ñoo ko bokk. Maas bu nekk day fal njiitam. Ñi bokk benn maas ñooy nit ñi (góor walla jigéen) yi seen magante weesuwul ñetti at.
"Kangbe yi", walla maas yi nekk diggante ndaw ñi ak mag ñi, dañoo war a bokk fa ñuy fase tëral yu am solo yépp yi soxal sosiete bi.
Matukaay 5eel:
Nit ku nekk ci askan wi yelloo na dund, yelloo na karaangee ci yaramam. Képp ku faat bakkanu keneen nit, yoon di na la natt ñu faat sa bakkan.
Matukaay 6eel:
Taxawalees na ngir xeex yaafuus ak yàccaral, am yokkute kurél gu ñu tuddee "Könögbèn wölö".
Matukaay 7eel:
Waaso yi ci biir Mande sàkkees na ci ag kàll ci seen diggante ñoom ñépp. Ñoom ñépp ay doomu bàjjan lañu, maanaam jote seen diggante warul a ëpp loxo mukk, te war nañu di nawante ak di wegante fu ñu tollu.
Naka noonu diggante ay goro, diggante maam ak i sëtam kaf ak fo ak ree fu ñu tollu moo leen war.
Yaru gone yi askan wi yépp a ci war a farlu, ba tax askan wépp ay baay di ndéy ci tuut-tànk yi.
Matukaay 10eel:
Nañu baaxoo di jaalewante saa yu nit génne àddina.
Matukaay 11eel:
Su seen jabar walla doom dawee làqu ci seen dëkkandoo bu leen ko fa topp.
Matukaay 12eel:
Ndegam ndono néegu baay a ko yelloo, bu leen fal mukk doom bàyyi baay feek kenn ci baayam yaa ngi dund. Bu leen jox mukk ndogal ab xale ngir rekk am-amam.
Bu leen yëkkati mukk seen loxo jëmale ko ci jigéen juy séy feek boolewuleen ko ba tàyyi ak boroom këram.
Matukaay 16eel:
Wareef la di boole jigéen ñi ci kurél yépp ci nguur gi, wareesu leen a yemale ci lenn ci fànn woowu.
Matukaay 17eel:
Jàppees na fen yi yàgg ba weesu 40 at ne kon ay dëgg lañu.
Matukaay 18eel:
Nañu fonk te ormaal képp ku ñu mag
Matukaay 19eel:
Góor gu nekk ñaari goro la am: waay-juri ndaw si mu takkagul ak kàddoom gi mu joxe ci coobare boppam.
Warees na leen fonk te di leen sàmm saa su nekk.
Matukaay 20eel:
Bu leen toroxal mukk seeni jaam, may leen ayu bés bu nekk bés bu ñu cay noppaloo. Fexe leen ba ñuy wàccook seen liggéey ci waxtu yu yem. Sab jaam yaay sàngam, wante moomoo gaafakaam.
Matukaay 21eel:
Bul di miinanteek soxnaay ki la yillif, sa dëkkandoo, sab sëriñ, boroom xam-xamu cosaan, sab xarit walla ki nga àndal di liggéey.
Matukaay 22eel:
Rëy màndargaay néew doole la, xeebu di màndargaay daraja.
Matukaay 23eel:
Bu leen di worante mukk, sàmmante leen ak seen kàddu.
Matukaay 24eel:
Bu leen lor mukk doxandéem.
Matukaay 25eel:
Ndawal kilifa amul lenn lu mu war a tiit ci biir ndaali Maali.
Matukaay 26eel:
Yëkk bu ñu la denk, warul a jiite ab gétt.
Matukaay 27eel:
Bépp jànq bu tollu ci njeexitalu ndawam mënees na ko maye mu séy te deesu ca seet ñaata at la am.
Ak nu jamaale ya mën a tollu ak ku ñu mënti doon, la waay-juru jànq ba dogal rekk lees war di topp.
Bépp xale bu góor bu am 20 at mat naa dénc soxna.
Matukaay 28eel:
May gu njëkku jànq ñetti nag la: benn bi jànq bee ko moom, yeneen ñaar ya yaayam ak baayam ñoo leen moom.
Matukaay 29eel:
Tas séy dagan na ci anam yii:
. jëkkër ju tële
. waay-séy bu dof
. góor gu mënul a wáccook wareefam ci séy
Bépp séy bu ñuy tas dañuy dem ba génn dëkk bi door ko fa tas.
Matukaay 30eel:
Nañu dimbali képp ku yelloo ndimbal.
Matukaay 31eel:
Nañu fonk mbokk, séy ak dëkkandoo.
Matukaay 32eel:
Ray leen seen noon su waree, wante bu leen ko toroxal.
II. MOOMEEL YI
Matukaay 34eel:
Ci juróomi anam yii topp mënees na cee am lu lew: jënd ak jaay, maye, weccee, liggéey ak ndono. Beneen yoonu am-am bépp bu leen moy te amul seedde dese naa lew.
Matukaay 35eel:
Lépp lu ñu for te kenn newul ne moo ko moom, su àppu 4 at weesoo kese lay mën di doon moomeelu mbooloo mi.
Matukaay 36eel:
Nag wu ñu denkaane, su juree ñeenti yoon, ñeenteel ba ka ñu ko denk moo ko moom.
Matukaay 37eel:
Sëll ñetti xar mbaa ñeenti bëy lees koy weccee
Matukaay 38eel:
ñeenteeli nen bu nekk ka ñu denk ginaar gaa ko moom
Matukaay 39eel:
Xiif gis loo lekk, lekk ko, du ag càcc soo yemee ci lekk rekk te jëloo ca dara yobbale.
III. AAR CÀKKEEF Gi
Matukaay 40eel:
Àll bi mooy suñu am-am bi ñu war a gën a fonk: ku nekk war na ko sàmm, aar ko ngir tawféexu askan wépp
Matukaay 41eel:
Saa yoo bëggee taal àll bi, bul xool ci suuf, téenal xool njubaqtanu garab yi.
Matukaay 42eel:
Jur gi ci kër yi dañu leen a war a yéew saa yu nawet teroo te deesu leen tekki feek góobuñu ba noppi: Xaj, muus, kanaara ag njànaaw gi bokkuñu ci.
IV. MATUKAAYU YU MUJJ YI
Matukaay 43eel:
Bàlla Faseke Konaate moom lañu fal mu yilif lépp lu aju ci xew-xew yi ak baaxental yi. Mooy kiy dox rataxal-diggante askanu Mande gépp.
Ci loolu may nañu ko muy kaf ak a kàlloo waaso yépp rawatina njabootu Buur-Daali.
Matukaay 44eel: Képp ku wàcc sàrt bii yoon dina la duma. Ku nekk war na koo saytu te di ko jëfe ci biir réew mépp.
Tout ce branle-bas de combat, tous ces préparatifs guerriers, ces émissions apocalyptiques à travers tous les médias et les réseaux dits sociaux, tous ces masques de pacotille, pour une simple variante du paludisme !
Car enfin qu’auraient dit les Sénégalais si le Covid 19 avait tué 100 morts voire, on ne le souhaite pas, atteint les 1000 décès ? On aurait coupé l’électricité, emmuré les gens chez eux, mis des barricades sur les routes afin que nul ne puisse se déplacer, décrété une interdiction de circulation de l’air en plus de celle des transports en commun et même des voitures particulières, la fin de toute activité économique y compris la fermeture des boutiques, des boulangeries, des pharmacies ? Et plus encore bien sûr, si possible. Car ce qu’il faut à ce peuple béni des dieux et sorti de la cuisse de Jupiter, c’est zéro contamination et zéro mort, compris ? Tant pis si, dans le même temps, les accidents de la route continuent de tuer comme la semaine dernière où rien qu’à Dakar, ils ont fait une demi-dizaine de tués. Ne parlons pas des morts « ordinaires » et de tous ces gens qui, ces temps-ci, sont enterrés à la va-vite et quotidiennement dans tous les cimetières du pays. On fait comme s’il n’y avait que le coronavirus qui, on l’a vu, a fait six morts seulement en plus de 45 jours !
Tout ça pour une variante de notre bon vieux « sibirou » !
Un bilan qui, franchement, ne devrait pas entraîner toutes ces mesures loufoques et ubuesques déjà en train de casser l’activité économique. Mais puisque l’on nous dit que 1000 milliards de francs vont être investis dans l’économie justement pour amortir l’impact causé par le covid-19 ! Mille milliards de subventions ? Les Sénégalais n’en ont pas cru leurs oreilles ! Quoi, ne pas travailler et recevoir des vivres pour tenir le coup ? Quoi, fermer ses entreprises, et notamment ses hôtels, et avoir droit à des chèques en compensation ? A quoi pouvait-on rêver de mieux ? Du coup, on trouve des petits malins qui jouent à gonfler le trait, à faire apparaître la situation comme plus grave qu’elle n’est en réalité, à monter en épingle les cas « communautaires » et leur dangerosité supposée pour non seulement réclamer l’instauration du port obligatoire du masque (ce qui, à la limite, peut se concevoir) mais aussi un confinement général assorti, bien sûr, d’une distribution généralisée des vivres. Sans oublier de demander d’obliger les employeurs à payer les salaires même en cas d’arrêt de l’activité. Que demandent de plus les Nègres fainéants que nous sommes ?
C’est le Pérou, on vous dit. Malgré leurs dizaines de milliers de morts, les USA, la France, l’Espagne, l’Italie et même l’Iran en sont déjà à envisager le déconfinement car conscients que leurs économies ne peuvent se payer le luxe de s’arrêter plus longtemps. Voire de tourner au ralenti car, malgré la gravité de la pandémie, ces économies n’ont jamais arrêté de tourner. A preuve, malgré la chute de leurs cours, les bourses de ces pays ne se sont jamais véritablement effondrées. Autrement dit, les fondamentaux de ces économies sont solides et tiennent bon. Le Sénégal, lui, avant d’enregistrer son premier mort avait déjà crié « tous aux abris ! » tandis que ses citoyens s’étaient convaincus que la fin du monde était arrivée chez eux. Tout ça, tout ce branle-bas de combat, tous ces préparatifs guerriers, ce déferlement de chars de combat, de prétoriens armés jusqu’aux dents, ces émissions apocalyptiques à travers tous les médias et les réseaux dits sociaux, tous ces masques de pacotille et de zouaves, pour une simple variante du paludisme !
Oui, une maladie que la chloroquine peut guérir comme notre palu d’antan. Ou que l’on peut soigner encore avec le Schweppes Tonic que nos parents nous donnaient, enfants, lorsqu’on avait le « sibirou » ! D’après « Le Canard Enchaîné », en effet, un médecin tunisien exerçant en France soignait ses patients les moins gravement atteints du coronavirus par…cette boisson amère contenant un peu de quinine.
A votre bon cœur, braves prêteurs…
On me permettra de dire quelques mots sur le nouveau cheval de bataille que viennent d’enfourcher trop allègrement nos braves chefs d’Etat. Prenant prétexte du coronavirus qui, on l’a vu, a très peu affecté finalement le continent, malgré les prédictions apocalyptiques des Cassandres voire des pythies (Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, cellule d’analyse du Quai d’Orsay…), ces chefs d’Etat, donc, Macky Sall en tête, réclament gaillardement l’annulation de la dette africaine ! Ils ont déjà trouvé une oreille attentive auprès du président français Emmanuel Macron qui s’est dit favorable à cette idée. heu…il devrait plutôt écouter les peuples africains, ceux-là même dont il dit qu’ils développent un sentiment antifrançais et qui l’avaient obligé à faire une opération abracadabrantesque sur le franc CFA. Car, je ne suis pas sûr que cette même opinion africaine soit favorable à cette annulation de la dette du continent !
Ce serait en tout cas donner un très mauvais signal à nos chefs d’Etat qui auraient vu à travers un tel geste un blanc-seing pour encore se réendetter pour des projets pharaoniques et totalement inutiles du genre de ceux qui jonchent nos pays. Des projets absolument pas rentables mais qui alourdissent nos services de la dette. Car enfin, il n’y a pas si longtemps, en 2004- 2005, le Sénégal, par exemple, avait bénéficié dans le cadre de l’Initiative pays pauvres très endettés (PPTE) de l’effacement quasi-total de sa dette. Quinze années plus tard, il est déjà au seuil du surendettement sans qu’on ait vu à quoi tout cet argent emprunté a servi à améliorer les conditions de vie des populations.
Au contraire, nos pays, nos dirigeants plutôt, mènent un train de vie ruineux, souvent plus élevé que celui de dirigeants des pays prêteurs ou donateurs, entretiennent des institutions inutiles et coûteuses, une classe politique parasitaire et pléthorique, un appareil diplomatique atrophié et le plus souvent sans rendement, une clientèle — mais aussi une parentèle ! — gloutonne et insatiable. On en passe et des meilleures. Annuler la dette de nos pays sans obliger au moins nos dirigeants à des mesures d’austérité s’agissant en tout cas de leur fonctionnement, ce serait là une très mauvaise chose, un encouragement au laxisme, à la prévarication, aux détournements rendus possibles par les surfacturations des projets éléphants blancs dont ils raffolent, à la paresse et à l’indolence finalement ! Car, plutôt que de se serrer la ceinture, de compter d’abord sur eux-mêmes, voilà ces guides éclairés qui profitent d’une pandémie qui n’a fait finalement qu’effleurer leurs pays pour mendier une remise à zéro des compteurs de leur dette !
Avouez qu’il y a quelque chose de pathétique à voir les plus grandes puissances — appelons-les ainsi — du continent comme l’Afrique du Sud et le Nigeria se joindre, à travers leurs anciens ministres des Finances, à cette honteuse opération de mendicité. C’est comme si, dans l’Union européenne, l’Allemagne et la France prenaient la tête d’une procession de demandeurs d’annulation de dettes, là où on attendait plutôt des enfants malades comme la Grèce et l’Italie ! Pour en revenir à notre affaire, on espère que les dirigeants des pays occidentaux ne vont pas utiliser les fruits des sacrifices et de l’épargne de leurs peuples pour venir une fois de plus soutenir à bout de bras des dirigeants africains qui refusent de travailler et aussi de grandir ! De ce point de vue, heureusement, le refus des pays du G20 d’annuler la dette, consentant seulement un report d’échéances, semble de bon augure assurément…
Mamadou Oumar NDIAYE
POST SCRIPTUM
J’aimerais ajouter trois choses
La première, c’est plutôt une précision. Loin de moi l’idée de nier l’existence du coronavirus ou sa dangerosité voire son caractère mortel. Au contraire ! Il se trouve seulement que notre trop grande émotivité en tant que Nègres nous pousse presque toujours à trop en faire face à n’importe quelle situation. Ainsi, dans cette crise sanitaire, nous prenons des mesures de prévention que des pays 3.000 à 8.000 fois plus atteints n’ont pas encore mises en œuvre. A preuve par la généralisation du port du masque. En France, par exemple, c’est dans les transports en commun seulement que leur port est obligatoire pour le moment… - La seconde c’est que, de même que dans les années 2000 on disait que le Sida enrichit plus qu’il ne tue en Afrique, de même le programme de résilience mis en place par le président de la République pour un coût de 1000 milliards de francs va plus enrichir des chenapans qu’il ne va réduire l’impact économique du Covid-19 sur les ménages les plus pauvres de notre pays. On en reparlera dans quelques mois inch’Allah ! Last but not least, on pourrait dire du général François Ndiaye, porté à la présidence du Comité de Suivi du fonds Force Covid-19 que c’est un saint, tellement l’homme est intègre. Je me souviens de mon défunt ami le capitaine Mbaye Diop, qui fut son promo à Meknès, me disant : « boy, François, c’est l’honnêteté même et aucun de nos chefs ne l’égale ». Ou encore du commentaire de cet autre cousin adjudant aujourd’hui retraité de l’Armée : « Tu sais bien combien je suis kins (zélé). Mais, si on m’avait donné les clefs du Paradis et demandé de ne laisser passer que des musulmans, eh bien j’aurais laissé passer François ! » C’est dire l’excellente réputation de ce brillant officier général que le président de la République a eu le génie de nommer à la tête de ce Comité. Le seul défaut de « François », hélas, c’est que c’est un Sérère !
MACKY SALL RATE ENCORE LE COCHE
Par décret n° 2020-977, le président de la République, Macky Sall, a, mercredi 22 avril dernier, nommé les membres du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du fonds Force-Covid-19. Un vrai-faux jeu de sa part…
Par décret n° 2020-977, le président de la République, Macky Sall, a, mercredi 22 avril dernier, nommé les membres du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du fonds Force-Covid-19. Un vrai-faux jeu de sa part…
En fin de semaine dernière, il a été révélé sur les réseaux sociaux tout comme dans la presse que le montant du transport de l’aide alimentaire octroyée dans le cadre de la crise sanitaire liée au Covid-19 varie entre 1,5, 3 ou 6 milliards francs. Mieux, d’aucuns avaient aussi soutenu que le Sénégalo-libanais Rayan hachem, qui avait gagné l’essentiel du marché du riz, était un « ami » de Mansour Faye. Suffisant pour que ce dernier soit envoyé au front pour se défendre et se faire l’avocat du président de la République, son beau-frère. Malheureusement, le ministre du Développement communautaire, de l’Equité territoriale et de la Solidarité nationale, qui a en charge la distribution de l’aide alimentaire, est complètement passé à côté de la plaque. Et de toute sa conférence de presse, les populations n’ont, semble-t-il, retenu que ses menaces envers notre confrère Babacar Fall et les grosses gouttes de sueur qui dégoulinaient sur son visage. Conscient de l’échec de son beau-frère, le président de la République, qui a sans doute voulu couper court à cette polémique, a, le 20 avril dernier, mis en place un Comité de Suivi des Opérations de Force Covid-19 et choisi le Général François Ndiaye pour le diriger. Trois jours plus tard, le Président Macky a, par décret n°2020-977, nommé les 30 membres du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du fonds Force Covid-19. Mais le grain de sable de ces nominations aura sans doute été le désistement de Yacine Fall de l’Opposition. La dame, après avoir su que le Président n’avait pas mis en place un comité de pilotage mais plutôt de suivi, a préféré décliner.
ADAMA GAYE, JOURNALISTE « C’est Macky Sall qui a donné les contrats scandaleux à son fils Amadou Sall et à ses copains »
Face à cette polémique, le journaliste Adama Gaye soutient que c’est le président Macky Sall « qui a lui-même donné les contrats scandaleux de riz à son fils, Amadou Sall, et à ses copains Libanais, dont Eric et Samir bourgi, en plus de hachem et Zaytan. » Pour le Pr Moussa Diaw de l’Université Gaston berger de Saint-Louis, la mise en place du Comité de suivi est une stratégie du Président pour faire taire la polémique autour de la gestion transparente et objective de ce fonds sur l’attribution des marchés de l’Aide Alimentaire et des transports. « Il y a eu toute une polémique sur le choix de certains acteurs qui ne semblent pas spécialisés dans la distribution de riz et d’huile. Et le ministre en charge de ce secteur a voulu expliquer sans convaincre », explique d’entrée l’enseignant chercheur à l’Université Gaston berger de Saint-Louis. Il pense que, pour faire taire le débat, le président de la République a pris la décision de mettre en place ce comité de suivi.
PR MOUSSA DIAW « Le Président Macky Sall a mis en place ce comité pour faire taire la polémique »
Selon lui, toutefois, avant même d’attribuer des marchés, on devait mettre en place ce comité et choisir des personnalités devant participer au choix des fournisseurs ou partenaires. « Le problème c’est que dans cette situation on a toujours tendance à voir les mêmes choix, les mêmes réseaux de familiarités, les mêmes comportements dans le choix. C’est d’ailleurs le même constat avec le dialogue national. On choisit les mêmes personnes pour représenter la majorité, les mêmes pour l’Opposition, les mêmes pour la Société Civile. Voilà le tour est joué », déplore notre interlocuteur qui souligne aussi qu’on retrouve tout le temps des gens qui sont épinglés. Selon l’enseignant-chercheur à l’UGb le Président Macky Sall aurait dû au moins cette fois-ci choisir d’autres personnalités afin que l’opinion puisse donner une once de crédibilité à son comité. hélas, déplore-t-il, on choisit les mêmes personnes ou personnalité. « Il faut qu’on change de stratégie et de méthode. Le Sénégal regorge de personnalités qui peuvent faire mieux ce travail. Cette commission est pléthorique, une trentaine de personnes qui sont parfois animées par d’autres idées. Il faut qu’on change de méthode et qu’on arrête de faire des choses qui n’honorent pas notre démocratie. Le Président doit revoir sa copie sur certains choix » estime le Pr Moussa Diaw enseignant-chercheur en politique à l’UGb de Saint-Louis.
VOYAGE CHEZ LES PERSONNES MISES EN QUARANTAINE
Un tarif de 50.000 cfa/nuitée déclenche la chasse aux…clients en ces temps d’absence de touristes !
A Dakar, le gouvernement a réquisitionné 13 hôtels qu’il utilise comme camps de mise en quarantaine pour les personnes susceptibles d’avoir été en contact avec des malades testés positifs au coronavirus. Ces établissements hôteliers son rémunérés à un tarif plafonné de 50.000 francs la nuitée et par personne confinée. Une somme modeste qui pousse certains hôteliers à tout tenter pour avoir le plus de « clients » pour ne pas dire de « patients ». « Le Témoin » a effectué un « vol » au-dessus des réceptifs hôteliers hautement surveillés par la police et la gendarmerie, histoire de voir ce qui s’y cache.
Le Sénégal, à l’instar des pays du monde entier, affronte un ennemi commun : le Covid-19. La furie avec laquelle se déploie ce virus montre qu’il ne compte pas baisser les armes de sitôt et que la guerre engagée contre elle risque donc d’être longue. Le Sénégal, en tout cas, a très tôt pris des mesures barrières préventives contre la propagation du coronavirus. Parmi ces mesures, la mise en quarantaine des personnes ayant été en contact avec des sujets ayant été testés positifs. Pour les mettre en isolement, le gouvernement a réquisitionné 13 réceptifs hôteliers rien qu’à Dakar — dans les autres régions aussi des réceptifs ont fait l’objet de la même mesure — pour les transformer en centres de confinement.
Dans la capitale, il s’agit des hôtels Le Virage, Arc-en-Ciel, Étoile du Lac, Chez Salon, Pullman-Teranga, Ngor Diarama, Ibis-Novotel, Lagon, Savana, Ndiambour, Terrou-bi, Calao et Fleur de Lys. Une aubaine pour l’industrie hôtelière du fait qu’en cette longue période de crise sanitaire, la quasi-totalité des respectifs se sont vidés de leurs occupants jusqu’à fermer. Surtout que le gouvernement a fermé les frontières aériennes et aussi l’Aéroport international blaise Diagne, ce qui fait que les touristes ne viennent plus. Avec le couvre-feu, la plupart des hôtels n’ont maintenu que le personnel essentiel composé d’agents de sécurité et techniciens de surface. Toujours est-il que cette réquisition est une aubaine pour les gérants ou propriétaires d’établissements ciblés par l’Etat. Des propriétaires ou gérants qui, faute de touristes, vont pouvoir engranger des recettes grâce à l’Etat. Lequel s’acquittera d’un tarif de 50 000 cfa la nuitée et par personne confinée. Des tarifs plafonnés pour l’ensemble des réceptifs concernés. Ce quelle que soit leur étoile. Par exemple, un hôtel situé en plein centre-ville de Dakar accueille près de 60 personnes suspectées d’être porteuses du virus. Selon le directeur de l’hôtel indiqué, le fait d’accueillir des « coronavistes » peut en partie compenser l’énorme manque à gagner lié à l’état d’urgence. « Vraiment, nous ne nous plaignons pas ! Surtout pour un hôtel qui applique en temps normal des tarifs variant entre 40.000 cfa et 75.000 cfa. Souhaitons seulement que la répartition des clients se fasse de façon équitable. Car on nous souffle que certains réceptifs ne désemplissent pas ! Ils sont bien servis pour ne pas dire favorisés…On avance même que leur quota aura dépassé plus de 100 personnes contrairement aux autres » déplore notre interlocuteur…
Fortunes diverses…
Et comment se passe le séjour en hôtel de ces clients « stigmatisés » pas comme les autres ? D’abord, notre hôtelier tient à magnifier la rigueur et la fermeté avec lesquelles les autorités encadrent le dispositif de quarantaine dans les hôtels. Les formalités sont partout les mêmes. Comme des clients normaux, les agents étatiques du Covid-19 remplissent un bon d’engagement financier sur lequel ils mentionnent le nombre et l’identité des personnes à confiner. Ainsi que le montant à payer » précise notre hôtelier. Par exemple pour la mise en quarantaine de 60 personnes durant quinze (15) jours, l’Etat doit payer 4.500.000 cfa y compris le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner. Vous voyez combien le tarif est ridicule ! Mais on accepte car l’Etat aurait pu utiliser gracieusement nos réceptifs pour urgence sanitaire ».
Tout de même, notre homme ne sait pas quand est-ce que l’argent va rentrer dans son compte bancaire. « Nous ne savons pas si les paiements vont se faire au bout de deux semaines ou après l’éradication de l’épidémie, toujours est-il que notre comptable a déjà établi et déposé les factures de nos prestations » indique-t-il. Plus chanceux, le directeur de l’hébergement d’un hôtel situé à Ngor révèle que l’Etat a commencé à faire des virements bancaires depuis avant-hier, 21 avril 2020. « En tout cas, les hôteliers ayant accueilli les premiers groupes de mis en quarantaine sont payés » révèle-t-il tout en se félicitant de la rapidité des procédures de paiement.
Malheureusement, certains hôtels de luxe 4 ou 5 étoiles dont la nuitée est facturée entre 80.000 et 200.000 francs voire plus ne se retrouvent pas dans le package de 50.000 CFA/nuitée. « Mais que faire, nous sommes obligés de prendre. Ne serait-ce que pour participer à l’effort de guerre contre le Covid19 » se désole ce responsable d’un hôtel de luxe ayant les pieds dans l’eau. « Tout ce que nous souhaitons, c’est que le mobilier des chambres ne soit pas détérioré par ces séjours de masse. Car, certains produits corrosifs et nocifs qu’utilise le Service d’hygiène peuvent irriter les canapés, fauteuils, matelas etc. » s’inquiète-t-il. « Sans compter que des gens qui n’ont jamais séjourné de leur vie dans un hôtel peuvent dégrader nos matériels». ajoute un autre gérant d’établissement hôtelier faisant partie des happy few réquisitionnés.
Nos parents libanais dans le lot…
Partout où « Le Témoin » quotidien a enquêté, les hôteliers s’accordent à reconnaitre l’efficacité et le sérieux du dispositif de prévention et de sécurité mis en place aussi bien à l’intérieur qu’aux alentours des hôtels. Des réceptifs sous très haute surveillance de la police et la gendarmerie. « Tout dépend des zones de compétence.
En tout cas, une fois admis à l’hôtel, les patients sont coupés du reste du monde. Aucun contact avec l’extérieur ne sera autorisé ou toléré par les policiers en faction à l’entrée de l’hôtel. Les agents de police sont intransigeants dans ce sens…» explique notre directeur d’hôtel. Pour le quotidien des mis en quarantaine, il nous raconte que dans certains réceptifs, les mis en quarantaine sont logés à deux ou à quatre par chambre s’ils sont de la même famille. « Mais aucun groupe n’est en contact avec l’autre. Même des retrouvailles dans les escaliers et couloirs sont strictement interdites. Néanmoins, ces personnes peuvent se mettre sur leurs balcons pour observer le monde extérieur » explique un gérant avant de s’étonner de la présence de Sénégalais d’origine libanaise dans le lot des mis en quarantaine. « En tout cas, nos frères libanais qui, de nature, voyagent beaucoup, sont nombreux dans mon hôtel » constate-t-il pour justifier la forte présente des membres de la communauté libanaise.
Sur le plan strictement sanitaire, on nous confie que tous les matins, à partir de 08 heures, les équipes médicales du dispositif de riposte au Covid-19 font le tour des chambres pour prendre la température de chaque « patient ». Pour les cas suspects, ils font des prélèvements pour des tests au Covid-19. Et comme la mise en quarantaine nécessite un ensemble complet de mesures de santé publique, les agents de la Croix rouge et du service d’hygiène y jouent également leur partition. « Ce sont les agents de la Croix rouge qui distribuent les repas préparés au sein de l’hôtel. C’est dans les chambres que nos hôtes prennent leurs repas. Après chaque repas, les agents du service d’hygiène récupèrent les plats et autres vaisselles qu’ils pulvérisent aux désinfectants.
De même que les couloirs et autres lieux sensibles de l’hôtel » explique ce directeur d’un hôtel réquisitionné et situé en centre-ville de Dakar. Apparemment, toutefois, tous les mis en quarantaine ne sont pas logés à la même enseigne puisque comme nous le rapportions dans notre édition d’hier jeudi en citant Mballo Dia Thiam, secrétaire général du Sutsas, les personnes suspectes de l’hôpital Principal se plaignaient de leurs mauvaises conditions d’hébergement dans l’hôtel où ils sont placés en isolement. En dehors de Dakar, les régions ne sont pas en reste. Car de nombreux hôtels, auberges et campements sont tombés dans l’escarcelle sanitaire du Covid-19. Comme quoi, rien n’est de trop pour freiner la rébellion de l’ennemi sur l’ensemble du territoire national !
Par Tahir NDIAYE
AIR SENEGAL SA DANS L’INTERMEDE COVID 19
En comptant pour le moins, c’est autour de 300 milliards de FCFA qui ont été introduit en investissements et cautionnements d’Etat, dans le secteur du transport aérien sénégalais.
Les récentes mesures financières du gouvernement sénégalais, en soutien au secteur du transport aérien face au COVID 19, appellent à un constat sous forme de rappels de mesures financières récentes au secteur, et inspirent trois réflexions que je veux partager.
Le constat :
Il s’impose de toute évidence, jamais une si importante masse d’argent public, n’a été investi dans le secteur des transports aériens au Sénégal, en une si courte période (2016 – 2020).
Création de Air Sénégal SA avec un capital de 40 milliards de FCFA, entièrement libérés ;
Acquisition d’actifs avions (2 ATR – 2 A330) à près de 200 milliards de FCFA, avec émission de lettres de garantie souveraine de l’Etat ;
Paiement cash de PDP (Pre Déposit Payment) à Airbus, ayant permis les acquisitions des Airbus A330, 60 milliards de FCFA ;
Investissements pour la rénovation des aéroports intérieurs, St Louis en 1er ;
Pour le soutien au secteur face du désastre du COVID 19, injection directe de 45 milliards de FCFA prévus pour les plans de développement de la compagnie nationale.
En comptant pour le moins, c’est autour de 300 milliards de FCFA qui ont été introduit en investissements et cautionnements d’Etat, dans le secteur du transport aérien sénégalais. Cela fait beaucoup d’argent ; une moyenne arithmétique simple donnerait près de 80 milliards chaque année pendant 4 ans. Ceci peut traduire sans contestation possible, une réelle volonté du Président de la République de doter le Sénégal d’un secteur des transports aériens bien performant lui faisant renouer avec sa vraie place de leadership dans la sous-région en Afrique de l’Ouest.
Ce que naguère, il fut.
Mais ce constat rédhibitoire est vite douché par l’observation de paradoxes présents dans ce secteur des transports aériens sénégalais, qui viennent noyer toute perspective d’organisation rationnelle et de construction durable en son sein.
C’est ce qui vient alimenter mes 3 réflexions suivantes :
Pendant plus de 20 ans, notre pays, à l’instar de beaucoup d’autres en Afrique de l’Ouest, a toujours échoué dans la volonté de se doter d’un pavillon national pérenne, engloutissant pour sa part, en pure perte, plusieurs dizaines de milliards de FCFA d’argent public, et à l’échelle de la seule Afrique de l’Ouest, à l’unisson de tous les autres pays francophones, bien au-delà de 500 milliards de FCFA.
Aussi, la question est ouverte et permanente chez tous les spécialistes de l’activité aérienne internationale, dans toutes les instances professionnelles, sommes-nous toujours ainsi abonnés à l’échec ? Notre expérience actuelle avec Air Sénégal SA, offre-t-elle une garantie pour dire que cette fois-ci, banco !!! Demain, ce sera un succès ? Est-on certain, qu’avec la nouvelle orientation du pavillon national, la qualité professionnelle et technique de la gouvernance actuelle, la trajectoire est la bonne ? Vaines conjectures… oiseuses ratiocinations… douteuses élucubrations… me diront certains, « la preuve du pudding, c’est qu’on le mange », et « c’est en forgeant que l’on devient forgeron ». Soit. Demain, le temps, rendra son verdict.
Pour ma part, j’ai toujours pensé, parmi bien des causes, de flagrantes erreurs de casting de dirigeants, un manque notoire d’évaluation périodique, et aussi de sanctions, ont toujours présidé au choix de responsables dans le management de nos différentes compagnies nationales, et des structures techniques dans notre secteur aérien. Ceci a eu toujours cours au travers de tous les régimes politiques qui se sont succédés dans notre pays.
Ainsi pouvons-nous observé, sans que cela ne dérange outre mesure, sur le cours des 8 dernières années seulement, nous avons eu la prouesse d’aligner 5 Directeurs Généraux pour nos compagnies aériennes se succédant, 6 ministres des transports aériens en tutelle du secteur, se passant les services, dans un parfait et immuable protocole. Bien bravo !!! Disent les antillais, éternel recommencement, belle continuité. Continuité… Voilà un maître-mot que l’on peut retrouver dans le success-story de Ethiopian Airlines.
Durant ses 75 ans d’existence, on constate aisément que c’est pratiquement la même Direction Générale, qui depuis 40 années maintenant, est aux commandes du management général de la compagnie aérienne N°1 en Afrique. Guirma, Tewoldé, busera, Guétachew, voilà des noms emblématiques à ADDIS ABABA et consubstantiels à l’existence de la compagnie éthiopienne, qui ont eu à forger et à camper durant toutes ces années, l’orthodoxie de la gestion de Ethiopian Airlines. Ainsi peut-on mesurer le succès actuel de cette compagnie, au produit d’une longue mémoire et d’une continuité d’expériences vivantes et cumulées, portés par les mêmes hommes et femmes qui, comme des moines inépuisables, ont fait du transport aérien de leur pays un invariable sacerdoce. Autre réflexion, et pas la moindre.
Se peut-il qu’Air Sénégal SA, engendre par elle-même et elle seule, un développement d’envergure internationale, sans partenariat stratégique, une sorte d’impulsion continue en auto-développement sui-generis. Pour ma part je ne le pense pas. La réalité et la nature de cette industrie mondiale, avec ses acteurs globalisés, ses infrastructures et ses technologies standardisées et unifiées, inextricablement connectées, commande obligatoirement à des partenariats et des alliances stratégiques, qui devraient en épouser la forme et le fond. C’est une condition de survie et d’existence, et l’heure semble en avoir sonnée hic et nunc, pour notre pavillon national. Après ses premières années de déploiement d’une activité prometteuse reconnue par la plupart des observateurs, et d’un réseau encore largement extensible, il urge, il est indispensable de nouer un partenariat stratégique, avec une compagnie aérienne d’envergure internationale et de 1er plan. Ce choix sera stratégique, important et décisif.
La compagnie partenaire ne devra aucunement être une concurrente, mais devra apporter plutôt une complémentarité sur plusieurs aspects de l’activité aérienne, tant en actifs d’exploitation, en maintenance, en formation, qu’en management…, sur lesquels Air Sénégal SA pourra élargir ses capacités et moyens techniques et le déploiement de son réseau et de son rayon d’action. Ce partenariat aussi, devra reposer quelque part, sur un partage de vision et une commune orientation de politique internationale, entre les 2 pays des deux compagnies. Ceci pour garantir le développement d’un partenariat solide et durable, dans un tandem win-win et pour les intérêts bien compris de notre pavillon national.
LES MEDECINS EN SPECIALISATION BRISENT LE SILENCE ET EXPOSENT LEURS SOUFFRANCES
Laissés en rade dans la distribution des primes de motivation Covid-19, ils ont déversé tout ce qu’ils avaient dans le cœur et, par conséquent, révélé au public leurs mauvaises conditions de vie et de travail
Le Ministère de la Santé et de l’action sociale a sorti le 21 avril dernier un «ordre de virement de fonds» destiné aux agents des établissements publics de Santé (Eps), au titre de prime de motivation Covid-19 destinée aux agents des établissements publics de Santé (Eps). Mis à l’écart dans la répartition de ce fonds, les médecins en spécialisation n’ont pas caché leur désolation.
Dans une lettre ouverte, publiée hier, et adressée au ministre de la Santé et de l’Action sociale, le collectif des médecins en spécialisation (COMES) n’y est pas allé par quatre chemins. Laissés en rade dans la distribution des primes de motivation Covid-19, ils ont déversé tout ce qu’ils avaient dans le cœur et, par conséquent, révélé au public leurs mauvaises conditions de vie et de travail. «Nous tenons à rappeler que les médecins en spécialisation communément appelés DES sont titulaires d’un diplôme de Docteur d’Etat en médecine, à la suite de quoi ils embrassent une filière de spécialisation afin d’affiner leurs connaissances pour le grand bonheur des malades.
Dans ce cadre, ils assurent des activités de consultation, le suivi des patients hospitalisés, les permanences, les gardes ainsi que certains actes médicaux et chirurgicaux, totalisant ainsi un volume horaire dépassant les 40 heures par semaine», ont-ils précisé d’emblée. Avant d’ajouter que la continuité du service est assurée, pour l’essentiel (plus de 80%) par les DES dans l’écrasante majorité des hôpitaux de la région de Dakar. Qui plus est, à en croire le COMES, dans plusieurs régions où il n’y a pas de spécialistes, les DES qui effectuent un stage rural après 4 à 5 années d’apprentissage assurent le fonctionnement de leurs services respectifs.
Pour preuve, le COMES indique que ce sont des DES qui assurent les services de réanimation dans les centres hospitaliers régionaux (CHR) de Kaolack, Fatick et Ziguinchor ; de même ils assurent les services de pédiatrie dans les CHR de Kaolack et Sédhiou ; et le service de cardiologie dans le CHR de Kolda. Malgré ces responsabilités et cette énorme charge de travail, ces derniers ne sont pas traités conséquemment du fait de l’absence de statut, se désole le COMES. Il affirme dans la foulée que les médecins en spécialisation sont aussi confrontés à divers problèmes qui entravent leur épanouissement tant au plan professionnel que personnel, gage d’un meilleur rendement et de satisfaction des usagers du service de santé.
«LE SARS-COV-2 NE FAIT PAS DE DISTINCTION ENTRE AGENTS DE SANTE, QU’ILS SOIENT DU MINISTERE OU NON»
Toujours dans la lettre ouverte, les médecins en spécialisation font savoir au ministre Abdoulaye Diouf Sarr qu’ils se sont toujours impliqués corps et âme dans la lutte contre le Covid-19 au risque de leur vie et ou de leur santé pour honorer leur serment d’Hippocrate. «Ces époux, épouses, pères et mères de famille ne comprennent pas le traitement qui leur est réservé et dénoncent avec la dernière énergie le manque de protection lors des gardes d’urgences ; l’absence d’un statut définissant leurs droits et obligations ; l’absence de couverture maladie pour eux et leurs familles (conjoint, enfants) ; le nombre dérisoire de bourses de spécialisation accordé chaque année ; les retards récurrents constatés dans le paiement des bourses.
Pour preuve, l’allocation du mois de décembre 2019 a été payée le 27 mars 2020 et jusqu’au moment où nous écrivons ces lignes, la régularisation des mois de janvier, février mars et avril 2020 n’est pas effective », déplorent-ils.
Poursuivant, ils dénoncent le non-remboursement des frais d’inscriptions des non boursiers ; le défaut de prise en compte dans l’allocation des primes de risque et de motivation hospitalière alors qu’ils contribuent pleinement à la création des richesses. Ils disent apprendre, à leur grand dam, la lettre du DAGE du Ministère de la Santé les excluant tout bonnement des agents de santé du Sénégal. «Cette fois-ci, la pilule est trop grosse pour passer !
Loin d’être une question d’argent; si tel était le cas, nous nous serions manifestés d’ores et déjà pour les 4 mois d’arriérés de bourse», déclarent-ils. Une manière de dire que leur sortie se justifie par un souhait de recouvrer leur dignité mais surtout, la considération et le respect de leurs autorités de tutelle et des administrateurs d’hôpitaux. «Cette situation n’a que trop duré ! Jusqu’ici, nous nous sommes abstenus de toute action visant à entraver le bon fonctionnement du système de santé de notre pays, encore moins en ces temps de pandémie à Covid-19 où notre patrie a besoin de toutes ses forces valides, de surcroît de tous ses agents de santé. Vos conseillers ne sont pas sans savoir que le SARS-CoV-2 ne fait pas de distinction entre agents de santé qu’ils soient du ministère ou non», laissent-ils entrevoir.
POUR UNE ADOPTION AU PLUS VITE DU PROJET DE STATUT DU DES
En définitive, le COMES soutient que l’histoire lui a donné raison dans le combat pour la généralisation des bourses de spécialisation à tous les médecins pharmaciens et dentistes. A en croire le collectif, les spécialités définies comme étant non prioritaires telles que les maladies infectieuses et tropicales et la pneumologie occupent aujourd’hui le devant de la scène dans la lutte contre le Covid-19. Le COMES prend ainsi l’opinion à témoin et exige instamment le paiement intégral des arriérés de bourses, le remboursement des frais d’inscriptions des DES non-boursiers ainsi que la prise en compte de ses membres dans la liste des primes de motivation Covid-19. Il suggère aussi vivement la réparation des injustices et irrégularités susmentionnées par l’adoption du projet de statut du DES dans des délais raisonnables.
L’HOPITAL PSYCHIATRIQUE DE THIAROYE ENREGISTRE 4 CAS
Après l’hôpital Principal de Dakar, c’est au tour de l’hôpital psychiatrique de Thiaroye de choper le virus puisque 4 de ses agents (un infirmier et 3 techniciens de surface) ont été testés positifs au Covid-19.
La liste des agents de santé infectés au Covid-19 continue de s’allonger dans notre pays. après l’hôpital Principal de Dakar, c’est au tour de l’hôpital psychiatrique de Thiaroye de choper le virus puisque 4 de ses agents (un infirmier et 3 techniciens de surface) ont été testés positifs au Covid-19. Une situation que déplore avec la dernière énergie Mballo Dia Thiam, président de l’alliance des Syndicats autonomes de la Santé et de l’action Sociale du Sénégal (asas) «and Gueusseum»
Le nombre de personnes infectées au covid-19 dans le milieu médical devient de plus en plus important. En effet, après l’hôpital Principal de Dakar où deux garçons de salle ont été contaminés au coronavirus, c’est au tour de l’hôpital psychiatrique de Thiaroye d’enregistrer des cas positifs. Cette structure sanitaire de la banlieue de Dakar a été également touchée puisque 3 agents de nettoiement et un infirmier ont été testés positifs.
Conséquence : une partie du personnel est mise en quarantaine en attendant les résultats, d’après les informations fournies par Mballo Dia THiam, président de l’Alliance des Syndicats Autonomes de la Santé et de l’Action Sociale du Sénégal (Asas) «And Gueusseum». Ce dernier trouve cette situation «très difficile et pénible pour les blouses blanches». Il craint que cela ne suscite une stigmatisation et crée des problèmes dans les familles des concernés. Très en colère contre les autorités, le syndicaliste relève quelques défaillances dans le système de protection des personnels de santé. Des difficultés pouvant être liées, entre autres, au déficit de matériels adéquats dans les différents établissements sanitaires.
Avec l’apparition des cas communautaires, souligne Mballo Dia Thiam, les structures sanitaires d’accueil ont besoin nécessairement de matériels de protection et des personnels en nombre suffisant. «Car, avec la nature du virus, il faut assez de gants et de masques. Chaque jour qui passe pour une personne sans ces mesures de précaution est un jour de vulnérabilité pour elle et pour la population environnante», alerte le syndicaliste. Même s’il reconnaît que beaucoup d’efforts ont été faits, le syndicaliste estime cependant que la répartition du matériel disponible entre les différentes structures pose problème. «Par-ci, il y a déficit de masques. Par-là, ce sont des gants qui font défaut. Et ailleurs, c’est le gel alcoolisé qui pose problème. En somme, les besoins en matériels et équipements de protection sont très importants alors que l’offre est insuffisante», relève Monsieur Thiam qui invite ainsi l’Etat à prendre des mesures pour renforcer le plus rapidement possible les équipements des structures sanitaires.
A l’en croire, la Chine a fait don à notre pays d’un cargo de matériels sanitaires dont il demande la bonne répartition entre les structures sanitaires dans les meilleurs délais. «Car il urge que les structures sanitaires soient inondées de masques, de gants et d’équipements de protection pour amoindrir les risques de contamination des personnels de santé».
Par Dr. Abdoulaye TAYE
L’ANNULATION DE LA DETTE, UNE JUSTICE SOCIALE ET ECONOMIQUE RENDUE A L’AFRIQUE
La pandémie du Coronavirus va plonger les états du monde dans un cycle d’endettement infernal. Elle a mis l’économie mondiale sous assistance respiratoire par intubation au moyen de la dette.
La pandémie du Coronavirus va plonger les états du monde dans un cycle d’endettement infernal. Elle a mis l’économie mondiale sous assistance respiratoire par intubation au moyen de la dette. La crise du COVID-19 coûte aux états des centaines de milliards de dollars de dette à cause du confinement qui provoque une baisse de l’activité économique. Cette crise sanitaire est aussi une crise d’inégalités entre les pays et les peuples. Les projections et les perspectives sont plus sombres pour l’Afrique que pour n’importe quelle autre région du monde : des millions de morts et de victimes de la faim.
Le panier de devises de référence
Mais tous les états ne sont pas égaux par rapport aux effets néfastes de cette dette. Les états dits développés, possédant les monnaies qui composent le panier des devises de référence ont plus de facilités de faire face aux affres de la dette. La Chine peut payer sa dette ou ses importations par son Renminbi, les USA par leur Dollar, le Japon par son Yen, l’Europe par son Euro et le Royaume-Uni par sa Livre Sterling. Leurs banques centrales respectives vont financer toute leur dette. L’Afrique n’a ni cette possibilité ni cette opportunité car sa dette est libellée en devises étrangères.
Le prix de l’argent
Le prix de l’argent est excessivement cher en Afrique comparé à celui de l’argent dans les pays du nord qui sont à des taux d’intérêts négatifs et nuls. Un dollar de dette coûte 3 à 4 fois plus cher. Ce faux prix inéquitable de l’argent est justifié par la surévaluation des risques de sécurité encourus en Afrique dont ils ne seraient d’ailleurs pas étrangers. Dans ce contexte, la charge de la dette publique africaine (intérêts de 6%) devient 6 fois plus lourde que la charge de la dette des pays occidentaux. La charge de la dette baisse en Europe alors qu’elle nous étouffe en Afrique. Si ce taux d’intérêt était pratiqué par les banques américaines, tous les dollars traverseraient les océans pour atterrir et se réfugier en Amérique. Il en résulterait une forte appréciation du dollar. Dans notre cas aucune monnaie africaine n’a profité de ces taux exorbitants, au contraire elles se déprécient. C’est d’ailleurs, tout le sens de la monnaie commune (pas de monnaie unique, c’est un autre débat) qui serait la base monétaire de tous nos échanges commerciaux et financiers internationaux. Elle jouerait le rôle de monnaie continentale à côté de nos monnaies nationales comme le dollar américain a joué le rôle de monnaie internationale à côté des monnaies nationales de tous les pays. Notons en passant qu’un taux d’intérêt négatif est intuitivement et rationnellement incompréhensible et inacceptable. Il ne peut être que le résultat d’un gangstérisme financier auquel on a confié notre droit régalien de contrôler la monnaie. Nous avons accusé la planche à billets de créer de l’inflation, le gangstérisme financier nous apporte non seulement l’inflation, mais aussi la spéculation financière à l’origine des crises telles que celle boursière de 1929 et celle bancaire de 2008 liée aux subprimes. Cette crise de 2008 a couté des milliards de dollars au contribuable européen et américain dont leurs états sont venus en sapeurs-pompiers pour éteindre le feu allumé par cette classe de gangsters financiers égoïstes et voraces qui ne se nourrit que de rente financière. Notre système financier peut mobiliser les états pour sauver les intérêts de créanciers privés tapis dans des banques mais reste insensible aux crimes sociaux commis par un endettement qui ne finit de dévorer toutes les ressources ainsi que la croissance de nos économies africaines.
Taux de croissance vs taux d’intérêt
Il faut remarquer que fixer un taux d’intérêt au même niveau ou plus qu’un taux de croissance est économiquement irrationnel. La tendance à la baisse des taux de croissance en Europe a entrainé le nivellement vers le bas des taux d’intérêts. Mais l’Afrique ne peut pas en profiter à cause des prétendus risques d’instabilité et de sécurité de ses états.
Le mécanisme de règlement de la dette
La dette mondiale représente trois fois le PIB mondial, c’est-à-dire la richesse mondiale. Elle ne peut donc être jamais payée. Le mécanisme de remboursement de la dette publique est une technique financière qui ne fait qu’augmenter la dette. On paye la dette par la dette (soule bouki, souli bouki). La dette des états augmente continuellement, les services de la dette s’envolent, grignotent des marges progressivement sur le budget chroniquement déficitaire, affectent la dynamique des dépenses sociales pour se traduire en termes d’instabilités sociale, politique et économique (pauvreté, inflation, ignorance, chômage, maladies, insécurité, incapacité, nonchalance démocratique, émeutes,….). L’Eldorado financier du monde L’Afrique est devenue l’Eldorado financier du monde. Nous avons les plus fortes rémunérations du capital financier dans le marché intérieur comme extérieur. Nous avons des prairies favorables à la fructification et au développement du capital financier international. Nous avons de la croissance, nous avons des matières premières, nous développons nos infrastructures, nous sommes bien connectés au reste du monde,... Autant nous aiguisons l’appétit des gangsters financiers, autant nous devons transformer ces avantages en atouts pour imposer notre droit à une justice économique et sociale.
Les mécanismes de répartition des richesses et le nouvel ordre mondial
De l’esclavage à la colonisation en passant par l’organisation mondiale du commerce (OMC) et l’endettement administré, nous avons été toujours victimes du partage des richesses et des patrimoines de ce monde. A travers l’esclavage, l’Amérique a disposé de l’énergie renouvelable la plus valorisée de l’époque, la force humaine des esclaves plus productive que les machines dans l’exploitation des plantations de canne à sucre. Le nombre d’esclaves était pris en compte dans le patrimoine des maitres qu’il rendait les plus riches de leur classe. Le travail forcé et l’exploitation des ressources de l’Afrique imposé par le système institutionnel violent de la colonisation ont dépecé le continent de sa richesse au profit de la France et du Royaume-Uni. Cette forte contribution de l’Afrique à travers sa force de travail et ses ressources dans le progrès économique, scientifique et technique de la planète a été mise sous silence, ignorée voire banalisée. Les mécanismes violents de la dynamique de la répartition des richesses et des patrimoines dans le monde ont toujours agi en faveur du plus fort et au détriment du plus faible. L’expropriation par la violence et la force n’a jamais été légitime ni juste.
La conscience humaine n’a pu supporter l’injustice de ces horreurs. Des voix comme celle d’Abraham Lincoln se sont élevé pour exiger l’abolition de l’esclavage et d’autres la libération des nations africaines. Ces traitements inhumains qui heurtent la conscience démocratique en violant le droit des peuples à la liberté et au développement se réadaptent dans le contexte nouveau de la mondialisation par le libre échange régi par le cadre institutionnel international, l’organisation mondiale du commerce. Il s’agit de déployer l’appareil commercial partout en confinant l’appareil de production qui crée des emplois dans les pays développés. Ce nouveau mécanisme de répartition des richesses était accéléré par la détérioration des termes de l’échange qui transfère toujours nos revenus vers les pays du nord. Cependant, ce mécanisme de libre échange commercial sera dénoncé et remis en cause par les USA parce qu’il ne les arrange plus.
Le mécanisme n’est plus performant ni efficace pour canaliser la richesse du monde vers leurs économies. Le mécanisme de libre-échange redistribue leur appareil de production à l’extérieur, au-delà de leur zone et frontière, en Chine notamment. La Chine est devenue l’atelier du monde qui ruine leurs emplois par la délocalisation d’entreprises doublée d’une agressivité commerciale féroce qui secoue profondément les bases de leur libéralisme économique. Toute leur richesse est tirée vers la Chine de la même façon que l’Afrique l’a subi sans crier. Ils brandissent maintenant l’arme du protectionnisme, en violation flagrante du dogme libéral du libre-échange. Il ne leur reste plus que le mécanisme de l’endettement à des taux d’intérêts usuraires pour continuer à pomper nos ressources. La présence de la Chine sur tous les fronts (financier, commercial, industriel,…) les empêche de plus en plus de déséquilibrer l’échange en leur faveur. Plus encore, la Chine revendique, à la place du panier des cinq devises, les monnaies de référence officiellement reconnues par le FMI et auxquelles le DTS se laisse convertir, une monnaie internationale par rapport à laquelle toutes les monnaies sont d’égale dignité. Ils constatent que tous leurs avantages liés à l’ordre et aux mécanismes qu’ils sont établis sont en train d’être chahutés par la Chine. Pour survivre, ils doivent se réadapter en se réorientant vers de nouveaux sens et un nouveau jeu plus juste et plus équitable. Le nouvel ordre international se fera, avec la Chine au centre du jeu, pour renouveler les enjeux du bonheur humain fondés sur la paix, la liberté, l’égalité, le progrès économique, social et démocratique et le bien-être écologique.
Mobiliser le leadership africain
L’après Coronavirus serait fatal à nos économies. Il ne faut pas minimiser les prévisions des institutions internationales, elles sont bien informées. Sous une dette qui explose, les conséquences peuvent aller du chômage à l’aggravation de la pauvreté, en passant par des coupures sur les salaires, des réductions de dépenses publiques sur la santé, l’éducation, les subventions,…. Le président Macky Sall, bien conscient de ces revers éventuels a voulu anticiper en exigeant l’annulation de la dette. Il ne doit pas rester solitaire dans ce combat. Nous saluons la mobilisation de tout le leadership africain pour l’accompagner dans ce combat que nous pouvons gagner. C’est un combat politique, ce n’est pas un combat de spécialiste, même si cette bataille a besoin d’une légitimation et d’une légitimité technocratique. Le déterminisme politique de la répartition des revenus et des patrimoines porté par les mouvements sociaux, syndicaux, politiques et des sociétés civiles a toujours triomphé du déterminisme économique des technocrates. Ce combat pose la problématique des inégalités sociales et économiques entre les pays et les peuples sous l’angle de la répartition juste et équitable des richesses et des patrimoines de la planète.
Résumé
En résumé, l’annulation de la dette se justifie par le privilège que détiennentles pays développés dont leurs cinq monnaies composent le panier de devises internationales d’user de la planche à billets. En outre, le service de la dette qui est chargée d’intérêts usuraires augmente chaque année et grignote les dépenses sociales en creusant le déficit budgétaire. Le mécanisme de paiement de la dette publique fait que l’on ne peut jamais la payer entièrement. La dette même effacée en partie se reconstitue rapidement. Les états paient les intérêts sur la dette et enroule le principal (de l’argent virtuel, voir mon blog seneweb) dans une nouvelle dette qu’il faut encore continuer à payer. On paie la dette par la dette en s’endettant toujours à nouveau. Le service de la dette grossit, grossit encore, grossit toujours, avec une dette qui luimême ne peut cesser d’augmenter. On se retrouve donc avec un budget qui risque d’être complètement englouti par le service de la dette. On n’est donc obligé d’effacer la dette qui s’accumule ou une partie à défaut de pouvoir la rembourser. Les bailleurs sont d’ailleurs bien conscients de cette situation, qui les pousse à annuler de temps à autre la dette de quelques pays ciblés. L’objectif de l’annulation de la dette est d’apporter à nos états une bouffée d’oxygène qui leur permet de prendre correctement en charge leurs dépenses de santé et d’éducation mais aussi et surtout de relancer leur économie. Merci de rendre cette justice sociale et économique à l’Afrique.
Dr. Abdoulaye Taye
Enseignant-chercheur à l’Université Alioune Diop Initiateur du RBG-AMO