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20 juillet 2025
«NOTRE SYNDICAT VA FAIRE BOUGER LES LIGNES…»
Le secrétaire général de l’Union Nationale des Travailleurs de la Justice (Untj), Me Atab Goudiaby, explique les raisons qui sous-tendent la naissance de cette organisation née des flancs du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust)
Le secrétaire général de l’Union Nationale des Travailleurs de la Justice (Untj), Me Atab Goudiaby, explique les raisons qui sous-tendent la naissance de cette organisation née des flancs du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust). Dans l’entretien accordé à «L’As», il juge chaotique la gestion de Me Hadji Aya Boun Malick Diop à la tête du Sytjust. Selon lui, il a échoué. Le greffier au Tribunal de Grande Instance de Guédiawaye annonce que le syndicat qu’il dirige va faire bouger les lignes avec l’appui de la Cnts/Fc.
Le secrétaire général du Sytjust défend un bilan positif. Alors pourquoi avez-vous quitté le Sytjust pour créer l’Untj ?
Un excellent bilan ? A mon avis, les travailleurs de la justice en doutent. Parce que si son bilan était positif, il n’aurait pas besoin de déposer un préavis de grève pour demander à l’Etat de respecter ses engagements. Le dépôt du préavis de grève montre à suffisance que le bilan du Sytjust est négatif. Si le bilan était défendable, on continuerait d’y travailler. Mais s’il (Ndlr, le Sg Sytjust) met en demeure l’Etat, c’est parce que le bilan est négatif. Concrètement, que reprochez-vous au bureau du Sytjust ? Dans une association, lorsqu’il y a une absence totale de démocratie et de reddition des comptes, alors, il y a une forte probabilité d’assister à une scission. Malheureusement, c’est ce qui est arrivé au Sytjust. Le Sytjust était un syndicat fort, mais à un certain moment, on a constaté que l’organe exécutif prenait des mesures sans consulter la base. Et ils refusaient de rendre compte à leurs mandants. Ce manque de communication a conduit à un défaut de confiance. C’est ce qui a conduit à la scission que nous avons constatée ces temps-ci.
Les dirigeants du Sytjust vous reprochent d’avoir posé des actes répétitifs allant dans le sens de ternir l’image du syndicat depuis le début du premier mandat de Me Aya Boun Malick Diop. Cela pourrait donc expliquer votre départ du Sytjust ?
Ils devraient vous donner la date de commencement de nos actes répétitifs. On a toujours suivi les mots d’ordre du Sytjust durant son premier mandat de 2014 à 2017. Je rappelle, par ailleurs, que le mandat d’un Bureau Exécutif National (BEN) est de trois ans renouvelable. Le premier mandat de Aya Boun Malick Diop et de son BEN couraient de mars 2014 à mars 2017. Mais jusqu’en mars 2018, ils n’avaient pas organisé de congrès pour renouveler les instances. C’est en ce moment, étant donné qu’il y avait rupture entre la base et le sommet, qu’on les a mis en demeure pour qu’ils organisent le congrès comme le prévoient les textes. Mais à l’époque, ils nous avaient fait comprendre qu’ils avaient d’autres agendas que d’aller organiser un congrès. Ce qui était vraiment en porte-à-faux avec les valeurs syndicales. Ils avaient refusé d’organiser le congrès en 2017.
C’était quoi leur prétexte ?
Leur prétexte, c’est qu’ils ont leur agenda. Le BEN est organe qui exécute les décisions prises lors du congrès. Donc, il ne peut pas y avoir un autre agenda contraire à celui qui a été fixé par le congrès. Ce faisant, déjà on pouvait les poursuivre pour détournement d’objectifs, mais lorsqu’on a constaté que ces gens ne voulaient pas organiser le congrès, on a initié des pétitions pour les pousser à organiser le congrès. Ils ont compris que les militants qui signent les pétitions étaient nombreux et ils ont fait venir les sages (ADG) pour jouer la médiation parce que la base était déterminée à aller vers un congrès extraordinaire comme le prévoient les textes. Nous étions déterminé parce qu’on avait fixé la date du 06 avril 2019 pour le congrès extraordinaire du Sytjust, mais nous étions toujours dans la volonté de préserver l’unité.
Les sages sont intervenus et on avait sursis à ce congrès extraordinaire, pensant qu’ils étaient de bonne foi pour préserver l’unité. Nous sommes partis au renouvellement des instances de base. Nous qui avions signé les pétitions, nous étions majoritaires dans les cellules de base. Les délégués qui devraient aller au congrès pour le vote constituaient la base de ceux qui voulaient un congrès extraordinaire. C’est pourquoi ils ont saboté le congrès. Ils n’ont pas respecté les règles du vote parce que le congrès dit que pour élire un BEN, il faudra par exemple des délégués qui sont désignés par la base. Alors, ils ont refusé d’instaurer cette liste de délégués. En lieu et place, ils ont pris une autre liste. Autrement dit, tout le monde, même des invités qu’on ne pouvait pas identifier comme travailleurs de la justice avaient voté. Nous avons opposé un niet et cela a vraiment créé un tohubohu indescriptible dans la salle. Mais on était toujours animé par l’esprit de vouloir préserver l’unité. On a voulu arrêter le congrès et ils ont fait un forcing. On s’est retiré.
On a l’impression d’entendre le discours de mauvais perdants
Mauvais perdants ! Non ! Si les règles de jeu étaient respectées, il serait battu. Mais on a fait venir, excusez-moi de l’expression,tous les badauds de Saly à l’époque pour remplir la salle et voter. Il n’y avait même pas de listes des électeurs. Imaginez-vous aujourd’hui si ce mode de scrutin existait dans notre pays. On dit que pour l’élection de 2024, il n’y aura pas de fichier électoral. Estce que le président élu serait crédible ? C’estla façon dont ce BEN a été élu. Après avoir constaté ces irrégularités, nous avions pris des huissiers pour constater et donner des sommations aux gens qui ont voté et qui n’en avaient pas le droit. On avait initié des sommations, mais encore les sages sont venus nous dissuader. Parce que le juge des référés allait annuler le procès verbal.Du coup, le congrès serait annulé. Notre scission n’est pas venue de membres du bureau, mais plutôt de la base. C’est la base qui nous a demandé de créer un nouveau syndicat
Maintenant quel sera le combat de votre syndicat ?
Vous avez constaté que le Sytjust a déposé un préavis de grève parce que le bilan est négatif. Tout ce qu’ils appellent acquis en réalité, ce sont des promesses qui sont en l’état. Rien n’a bougé. Notre syndicat va faire bouger les lignes avec le soutien du Secrétaire général de la Cnts/Fc, Cheikh Diop. Parce que ces revendications concernenttous les travailleurs de la justice. C’est nous travailleurs qui avions mené le combat pour pousser le gouvernement à prendre des engagements. L’Etat avait commencé à exécuter ses promesses mais il s’est arrêté subitement et nous ignorons les raisons. Donc notre syndicat ira vers l’autorité pour continuer les négociations et la mise en œuvre effective de ses engagements.
LE FRN ENGAGE UN AVOCAT POUR LA CAUSE DE GUY MARIUS SAGNA
La conférence des leaders engage toutes les composantes du front à ne ménager aucun effort pour obtenir la libération immédiate de l'activiste et l'arrêt des poursuites engagées contre lui et ses coaccusés - COMMUNIQUE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du FRN, daté du 19 février 2020, relatif à l'actualité sociopoilitique nationale.
« La Conférence des leaders du FRN, réunie à Dakar ce 19 février 2020, a exprimé sa forte préoccupation devant la longue détention sans jugement du prisonnier politique Guy Marius Sagna. A ce propos, le FRN a décidé de constituer un avocat pour l'assister et le défendre contre les mesures arbitraires dont il est victime. La conférence des leaders engage toutes les composantes du FRN à ne ménager aucun effort pour obtenir la libération immédiate et inconditionnelle de Guy Marius Sagna et l'arrêt des poursuites engagées contre lui et ses coaccusés. Elle soutient toutes les actions déjà engagées dans ce sens. La conférence des leaders engagera toutes les actions nécessaires pour le respect de la liberté d'expression et de manifestation au Sénégal, ainsi que des droits des opposants.
Poursuivant l'examen de son ordre du jour, la Conférence des leaders a d'abord tenu à renouveler ses vives félicitations aux plénipotentiaires de l'opposition à la commission politique du Dialogue pour le sérieux, l'expertise et l'ouverture avec lesquels ils s'acquittent de leurs missions.
Le FRN souhaite la plus grande diligence dans la mise en œuvre des consensus retenus sur le point relatif à l'audit du fichier et du processus électoral. Tout retard aurait des conséquences négatives sur l'organisation des élections locales que nous souhaitons la plus rapprochée possible.
Le FRN encourage tous les commissaires à poursuivre sans relâche la recherche de consensus forts et novateurs afin de consolider davantage notre démocratie. »
LES TRAVAILLEURS DU COUD CENSURENT «SCANDALE AU CŒUR DE LA REPUBLIQUE»
L’intersyndicale des travailleurs du Centre des œuvres Universitaires de Dakar (Coud) a du mal à digérer la publication du livre de Pape Ale Niang qui fait de fracassantes révélations sur la gestion de leur établissement
L’intersyndicale des travailleurs du Centre des œuvres Universitaires de Dakar (Coud) a du mal à digérer la publication du livre de Pape Ale Niang qui fait de fracassantes révélations sur la gestion de leur établissement. Décidés à mener des actions pour laver leur honneur, ils ont organisé hier un point de presse pour démonter les accusations du journaliste
Les travailleurs du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (Coud) sont très remontés contre le journaliste/chroniqueur Pape Alé Niang. Ils n’en reviennent pas que certains d’entre soient cités dans le livre : «Scandale au cœur de la République : dossier du Coud» qui éclabousse Cheikh Oumar Hanne et ses collaborateurs, lors de son passage à la tête du Coud. Affiliés à l’intersyndicale du Coud, ces agents sont montés au créneau hier pour déplorer ces accusations qu’ils jugent fallacieuses et infondées. «Depuis un certain temps, le nom du Coud et celui de ses agents sont traînés dans la boue. Cette situation a fini par mettre le personnel dans une situation inconfortable. Nous tenons à informer l’opinion nationale, nos familles, nos amis qu’au Coud, il y a de dignes Sénégalais qui travaillent et y gagnent leur vie honnêtement», clame Saliou Fall, porte-parole du jour.
Selon lui, le Coud a fini de faire ses preuves dans ce pays pour avoir participé à la formation de l’élite intellectuelle sénégalaise. «Combien de ministres, de médecins, de professeurs d’université et même président de la République d’ici et d’ailleurs ont été pris en charge par le Coud ?» s’interroge-t-il. Une façon pour lui de montrer le rôle important joué par la structure depuis sa création.
Très amers, les membres de la cellule de communication n’excluent pas de porter plainte contre Pape Alé Niang si ce dernier persiste dans ses déclarations. «La possibilité d’ester en justice est aujourd’hui une option très sérieuse pour nous membres de l’intersyndicale pour laver l’honneur du Coud», ont-ils indiqué dans un communiqué. En attendant, ils condamnent avec la dernière énergie ce qu’ils appellent des publicités négatives de leur maison. Pour eux, les travailleurs sont irréprochables. « Le Coud s’est soumis à tous les corps de contrôle du pays, il est passé de la mauvaise cotation à la bonne cotation par l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) », se vantent Saliou Fall et ses camarades.
«C’EST A CAUSE DE LA PAUVRETE QUE JE SUIS ENTRE DANS L’ARENE»
Dans la suite de l’entretien qu’il a accordé à «L’As», l’ancien Tigre de Fass, Mbaye Guèye, revient largement sur sa carrière de lutteur
Réalisé par El Hadji Abdoulaye GAYE |
Publication 20/02/2020
Dans la suite de l’entretien qu’il a accordé à «L’As», l’ancien Tigre de Fass, Mbaye Guèye, revient largement sur sa carrière de lutteur. Ancien militaire, il avait rejoint l’arène pour pouvoir joindre les deux bouts. Il se livre sur ses débuts, l’origine du surnom «Tigre de Fass», son plus gros cachet. Celui qui a également taquiné le ballon à un moment donné de sa jeunesse raconte ses souvenirs.
Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans la lutte ?
Je me nomme Babacar Mbaye Guèye, mais on m’appelle Mbaye Guèye. J’habite à Fass, mais je suis né à Diokoul en 1946. Quatre ans plus tard, je suis venu avec mon père à Dakar. Mes premiers jours dans cette ville, j’habitais chez ma tante Seynabou Sène. Comme tous les jeunes musulmans de mon âge, j’ai fait l’école coranique où j’ai appris beaucoup de choses. Ousseynou Ciss et Ngagne Demba Sène étaient mes maîtres. C’est par la suite que nous sommes venus à Fass. Avant d’entrer dans la lutte, j’étais joueur de football. J’évoluais à Concorde en junior. C’est par la suite que Feugueleu a voulu que je pratique la lutte. Au début, j’ai refusé car ce sport ne m’intéressait pas. En 1965, lorsque mon père est décédé, j’ai décidé de rejoindre l’armée. Après ma libération, Feugueleu est venu à nouveau me parler de la lutte. J’avais refusé pour une deuxième fois. Par la suite, ils ont décidé de cacher mes chaussures pour que je ne parvienne plus à aller à l’entraînement de football. Mais je peux dire que c’est en 1967 que j’ai vraiment décidé de faire de la lutte mon sport favori. J’ai sillonné tous les quartiers de Dakar pour faire la lutte simple. Et je peux dire que peu de lutteurs m’ont terrassé.
Que peut-on retenir de vos premiers combats dans l’arène ?
Pour mes premiers combats, j’ai battu Samba Thiaré, Adama Mané ou encore Jean. Après ces victoires, je suis entré dans le cercle des mi-lourds et j’ai terrassé Birame Samba de Bargny, Sa Walo, Baye Demba War. Par la suite, j’ai lutté avec Pape Kane de Thiaroye, Yako Sarr et j’avais remporté tous ces combats. Après, j’ai accédé au cercle des Vip de l’arène. Je me suis mesuré à Sa Ndiambour. C’est lors de cette confrontation que le nom de «Tigre de Fass» est né. Par la suite, j’ai fait match nul avec Ibou Senghor. Il avait tout fait pour me terrasser, mais il n’avait pas réussi. Lors de notre deuxième confrontation au stade Iba Mar Diop, je l’ai battu. Par la suite, j’ai eu à battre Ousmane Ngom et Samba Dia. Après ces combats, on m’a proposé Robert Diouf. J’avais longtemps voulu en découdre avec lui et je l’avais terrassé à son tour par un coup de poing. A cette époque, je ne savais pas comment donner des coups fatals. Mais je me suis amélioré grâce à mon premier entraîneur de boxe, François Faye. Il m’avait donné cette technique de frappe. En 1974, j’ai battu à nouveau Robert Diouf. C’est après que j’ai intégré Asfa avec Issa Faye. J’ai battu également Double Less, mais on ne me reconnaît pas cette victoire jusqu’à présent. J’ai à nouveau fait le tour en battant mes adversaires, certains à trois reprises, d’autres quatre fois. C’est Pape Kane qui m’a infligé ma première défaite dans l’arène. Il m’a mis K.-O avec un coup de poing. En 1986, lorsque mes petits frères ont intégré le milieu de la lutte, j’ai décidé de céder ma place à Moustapha Guèye. Une chose que je ne regrette pas, car il a porté le drapeau de Fass au plus haut niveau. Donc, je peux dire que j’ai fait 19 ans de carrière dans la lutte.
Qu’est-ce qui vous avait motivé à pratiquer la lutte?
A notre époque, il y avait des Américains qui disaient que pour faire une carrière sportive, il fallait faire des études supérieures. Et en ce qui me concerne, c’était un défi que je devais relever. J’ai juste fait l’école coranique et j’avais mon métier. Mais étant motivé pour subvenir aux besoins de ma famille, j’ai décidé de pratiquer la lutte. C’est à cause de la pauvreté que je suis entré dans la lutte. Aujourd’hui, je ne regrette rien, car tout ce que j’ai, c’est grâce à ce sport. Tout ce que j’ai aujourd’hui, c’est grâce à la lutte.
Donc, c’était un défi pour vous ?
Quand on a la volonté, on peut tout faire dans la vie. Il suffit juste de croire en ses qualités et accepter la volonté divine. J’ai fait une excellente carrière dans la lutte. Même si je n’ai pas dépassé les Boy Nar Faye ou Mame Gorgui Ndiaye, je peux dire que j’ai presque côtoyé ces icones. Aujourd’hui, on ne peut pas citer des noms dans le milieu de la lutte sans parler de moi.
Quand est-ce que vous avez senti que vous alliez devenir un champion ?
Quand je suis revenu de l’armée, j’ai commencé à faire la lutte simple et j’ai battu tous mes adversaires. C’est l’année où mon père est décédé que j’ai senti que je deviendrai un lutteur. Peu de lutteurs m’ont terrassé dans la lutte simple. J’ai fait des prouesses dans la lutte
A vous entendre, on a l’impression que vous avez rampé pour vous hisser au sommet ?
Oui, j’ai lutté partout à Dakar, surtout à Pikine et dans les régions. Je me rappelle notre groupe qui avait pour nom Onu. On était chez Sadio Ndiaye à Angle Mousse (Pikine). Il y avait d’autres lutteurs comme Mbaye Cissé, Papa Kane et Boy Ndiaga. On dormait là-bas. C’est lors de discussions entre nous qu’on programmait nos entraînements. C’étaient des discussions comme du genre : tu ne peux pas me terrasser. Et dans tard dans la nuit, nous nouions nos pagnes pour lutter jusqu’au petit matin. L’après-midi, on allait en salle de musculation ou on faisait des contacts. C’est ainsi qu’on a vécu pendant trois longues années.
Comment se déroulaient vos préparations ?
On n’avait pas peur de nos adversaires. Et on n’était pas des poltrons. On n’avait peur de rien. Pour moi, quel que soit l’adversaire qui était en face de moi, j’étais capable de le battre. Je ne reculais devant rien. Dans la lutte, il existe trois choses. C’est soit la victoire, soit la défaite ou le match nul. La troisième option fait partie de la lutte mais aujourd’hui, cela a tendance à disparaître
A votre époque, est-ce que vous aviez des managers ?
Il y avait bien des managers. Mais c’était à nous lutteurs de choisir nos adversaires et de négocier le cachet, mais aussi le jour de nos combats. Mon manager qui était Dame Mbaye allait récupérer l’argent et signait le contrat.
Existait-il les 10% que nous voyons aujourd’hui?
Non, cela ne se passait pas comme ça. Je peux dire même que cela dépassait même les 10% d’aujourd’hui. C’était un contrat moral avec mon manager. C’était à moi de décider de ce que je devais lui donner, même si on ne nous donnait pas des millions. C’est moi qui avais augmenté les cachets. Le stade Demba Diop fait 30 000 places. Si le stade est plein, avec des tickets de 1000 francs, le promoteur gagnait 30 millions Fcfa. C’est par la suite que j’ai demandé qu’on me paye un million pour lutter. Et beaucoup de personnes me taxaient de fou. C’était juste de l’ambition. C’est par la suite qu’un promoteur qui se nommait Bassirou Diagne m’a proposé un cachet d’un million Fcfa pour lutter. Et certains étaient contre. C’est ainsi que je suis devenu un ennemi dans le milieu de la lutte, car tout le monde voulait ma défaite. Si je suis devenu un acteur de la lutte, c’est pour rétablir la vérité. Pour vous dire la vérité, à l’époque, Fass était un quartier où il y avait beaucoup de délinquants. La plupart des jeunes consommaient de la drogue. Et en tant que lutteur, j’avais pour mission d’éradiquer ce fléau. C’est ce qui a dérangé beaucoup de personnes qui ne souhaitaient que ma défaite. C’est pour cela qu’il y avait la situation de un contre tous. Je ne luttais pas uniquement contre mes adversaires, mais contre ceux avec qui je vivais dans le même quartier. Il fallait qu’on purifie Fass. Et c’était seulement par le sport qu’on pouvait faire cela. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’autorités qui se réveillent à Fass
Quel bilan tirez-vous de votre carrière ?
J’ai fait une carrière exemplaire. J’ai pratiqué la lutte pendant 19 ans. J’ai eu à battre la plupart de mes adversaires. C’est après ma chute contre Mouhamed Aly que j’ai décidé de céder la place. Mon plus grand cachet dans la lutte a été de 3,5 millions Fcfa. Après mon retrait, j’ai décidé de former les jeunes comme Toubabou Dior, Birahim Ndiaye, Moustapha Guèye à l’écurie Fass dont je suis le fondateur avec mes amis. C’est en 1986 que j’ai ouvert une école de lutte à Fass Mbao. En 2000, beaucoup de jeunes lutteurs ont fait leurs débuts avec moi. Mais aujourd’hui, ils sont la cause des querelles entre les promoteurs et les anciens lutteurs. C’est pour cela qu’ils n’ont pas pu avoir beaucoup des combats. Il y avait Laye Pythagore, Tigre de Somone entre autres. Ils ont fait leurs débuts avec moi à Fass. En plus, des lutteurs comme Balla Gaye 2, Modou Lô étaient présents dans mes «mbapatt» (combats de quartiers). Il y a eu une année où Modou Lô a remporté le tournoi dans la catégorie des légers.
Quel a été votre plus grand souvenir dans l’arène?
Le souvenir que je ne suis pas encore près d’oublier, c’est lorsque j’ai battu Moussa Diamé. Je faisais 85 kilos et mon adversaire était un lourd. Pour ce combat, je m’étais entraîné comme un fou. J’étais en compagnie d’Ibrahima Sall, plus connu sous le non de Bill. Il était au ministère des Sports. Et il m’a mis en rapport avec Mansour Dia, un athlète. Ce dernier a été plusieurs fois champion du Sénégal de saut en longueur dans les jeux locaux. C’est lui qui m’avait en musculation. Et Alioune Sarr, l’actuel président du Cng, me conseillait sur ce que je devais manger. Nous avons fait un très bon duel. J’étais petit à ses yeux. Je l’ai frappé jusqu'à ce qu’il ne soit plus en mesure de lutter. Et il s’est accroché, mais je lui ai même donné un coup de tête. Il avait beaucoup saigné lors de cette confrontation. Et j’avais utilisé une technique folle pour le terrasser. C’est à la suite de cette victoire que je suis entré dans le cercle des grands
Comment étaient les arbitres à cette époque?
Notre époque, beaucoup de combats sont restés sans verdict, car il y avait des erreurs d’arbitrage. Mais aujourd’hui avec Sitor Ndour et Malick, les choses commencent à changer. Et le règlement évolue de plus en plus.
PAR Ousmane Sonko
LE CIRQUE DE LA GOUVERNANCE SOBRE ET VERTUEUSE
Les Sénégalais sont lassés des simulacres d’indignations présidentielles jamais suivis d’effet tout simplement parce qu’il s’agit de juteux marchés impliquant les proches, amis et collaborateurs ainsi enrichis sans cause
La presse de ce matin a largement titré sur une supposée subite prise de conscience par monsieur Macky Sall du niveau de gabegie sur fond de surfacturations que cachent les acquisitions de véhicules administratifs par l’État.
Les Sénégalais sont plus que lassés de ses simulacres d’indignations présidentielles jamais suivis d’effet tout simplement parce qu’il s’agit de juteux marchés impliquant les proches, amis et collaborateurs ainsi enrichis sans cause.
Voilà singulièrement ce que je disais sur la question dans mon ouvrage « Solution pour un Sénégal nouveau », publié en septembre 2018 :
« Le gaspillage est l’autre moyen de dilapidation des ressources. Les dépenses politiques fantaisistes avec la démultiplication de ministères, la création tous azimuts d’institutions politiques et d’agences, uniquement pour caser une clientèle politique de partisans et d’alliés, véritables parasites étatiques ; ce qui provoque une hausse énorme et irrationnelle de la masse salariale et des dépenses de fonctionnement. Il prend aussi la forme de commandes en matériels administratifs ne répondant à aucune nécessité, pour enrichir des « entrepreneurs » choisis qui, à leur tour, ristournent une part à ces mêmes autorités. Il n’est qu’à voir le volume du parc automobile de l’État pour s’en rendre compte, certaines autorités sont dotées de deux, trois voire plus de véhicules allant des berlines de luxes aux grosses cylindrées 4X4. Partout dans les rues de Dakar gisent des véhicules de l’État qui, faute d’entretien, deviennent des épaves et finissent à la ferraille. C’est des centaines de milliards qui sont gaspillés ainsi d’année en année, dans l’indifférence totale.
Quand j’étais fonctionnaire, ce qui me choquait beaucoup c’était le rythme auquel le mobilier et le matériel de bureau étaient renouvelés alors que l’existant était encore intact. Et il n’était pas rare de retrouver du matériel de qualité délaissé dans la cour et détérioré progressivement par l’exposition au soleil et à la pluie. Et encore, on ne parle pas ici des énormes budgets engloutis par les consommations d’électricité au delà même des heures de travail ni de carburant ».
Ousmane Sonko,« Solution pour un Sénégal nouveau », page 134, Sept 2018
«LE SANG EST CEDE GRATUITEMENT AU PUBLIC»
Le Sénégal et le Burkina Faso sont les deux pays dans la sous-région où le sang est cédé gratuitement au public.
Le Sénégal et le Burkina Faso sont les deux pays dans la sous-région où le sang est cédé gratuitement au public. Selon le professeur Saliou Diop du centre national de transfusion sanguine du Sénégal, (Cnts): « tous les patients hospitalisés dans les structures publiques peuvent effectivement le témoigner». Toutefois, il a renseigné que le privé contribue à la production d’une poche de sang qui revient à l’Etat, près de 50 mille pour un montant de 5000 FCfa. Sur les différents épisodes de pénurie de sang, le professeur Diop a déclaré: «il n’y a aucun pays émergent aujourd’hui qui se satisfasse complètement au besoin. Le gap est toujours là et je pense qu’il faut continuer la communication, la sensibilisation pour faire participer les communautés à cet effort de don de sang». Le professeur Diop s’exprimait hier, mercredi 19 février en marge de la cérémonie de remise de don de réfrigérateur de stockage de poche de sang offert par la fondation du crédit mutuel du Sénégal
Que répondez-vous aux accusations sur la vente de sang au Sénégal?
Je dirais l’inverse de ce qui a été dit. Le Sénégal et le Burkina Faso sont les deux pays dans la sous-région où le sang est cédé gratuitement au secteur public. Dans n’importe quel autre pays, ils doivent payer avant de disposer du sang. Ce n’est pas le cas du Sénégal. Je pense que tous les patients hospitalisés dans les structures publiques peuvent effectivement le témoigner. Mais, cela ne veut pas dire que le sang n’a pas de coût. Vous savez le don de sang qui est volontaire, nous permet de prélever une matière première, il faut beaucoup de moyen pour faire de tel sorte que ce sang puisse être traité pour être utilisable. Et cette chaine de traitement a un coût important. Au Sénégal, ce montant est entièrement financé par l’Etat, mais le gouvernement demande à ceux qui travaillent dans le secteur privé de contribuer. Si on estime le coût global de la production d’une poche de sang, c’est entre 45 et 50 mille. Aujourd’hui, tous les patients qui sont dans le service public ont ces produits là et gratuitement et on demande aux structures privées de contribuer pour 5mille F CFA par poche. Et c’est là, où est la situation actuellement et je peux vous garantir qu’actuellement la politique de l’Etat c’est de rendre ces poches de sang gratuit dans tout le secteur public ce qui est actuellement réalisé
Combien l’Etat met pour la transfusion sanguine ?
Aujourd’hui, il y a 25 structures de transfusions sanguines. A Dakar, le centre national de transfusion sanguine et l’hôpital principal sont les deux structures de collectes. La ville de Dakar contribue à peu près à 50% du nombre de dons de sang dans le pays. Notre organisation actuelle ne permet pas de faciliter la fourniture de l’information globale parce que le CNTS assure son budget mais les 24 autres structures de transfusion sanguine leur budget est logé dans celui de l’hôpital. Mais, il est clair que l’Etat met beaucoup d’argent. La transfusion sanguine est une activité de santé qui est très très coûteuse. C’est une activité qui se rapproche aujourd’hui de l’industrie pharmaceutique parce qu’avec des exigences énormes en termes, non seulement, de disponibilité du produit mais de la qualité. C’est pour cette raison que l’Etat chaque année augmente sa participation qui, pour assurer le fait que la transfusion puisse être accessible. Il ne suffit pas seulement de la participation de l’Etat car, le point de départ de cette activité, c’est le don de sang et quelque soit les moyens qu’on mettra. Il reste un acte volontaire qui vient de la communauté. Donc, c’est vrai que la population, nous avons tous des droits mais, nous avons aussi des devoirs et l’un de ces devoirs est de participer à cet acte citoyen qui est le don de sang, qui est un acte civique et qui doit permettre à tous ceux qui ont entre 18 et 60 ans de pouvoir donner un peu de leur sang
Est-ce qu’il un gap à combler pour une couverture totale en sang ?
Il n’y a aucun pays émergent aujourd’hui qui satisfasse complètement au besoin. Vous savez quand on compare le nombre de don de sang dans le monde, il y a à peu près 34 dons de sang pour 1000 habitants dans le pays développé. Dans nos pays, on est autour de 4 dons de sang pour 1000 hbts. Au Sénégal, nous sommes à 6,5 dons de sang pour 1000 hts et la norme c’est d’avoir 10 dons de sang pour 1000 hbts dont, il y a un gap et il est clair qu’il y a beaucoup de progrès car, nous résorbons chaque année ce gap avec à peu prés 10% de dons de plus par rapport à l’année dernière, mais le gap est toujours là. Et je pense qu’il faut continuer la communication, la sensibilisation pour faire participer la communauté à cet effort de don de sang.
LA CRIMINALISATION ET LE DURCISSEMENT DES SANCTIONS CONTRE LE RACISME DANS LE FOOT FORTEMENT PRÔNÉS
Le cas de l’attaquant Moussa Maréga, évoluant à Porto, au Portugal, vient allonger la longue liste de footballeurs qui en ont fait les frais. L’international malien, victime de cette pratique, a tout simplement décidé de quitter la pelouse
Le problème du racisme est devenu un phénomène récurent dans le milieu du sport. Les tribunes des stades de football sont souvent le théâtre d’actes relevant de xénophobie. Le cas de l’attaquant Moussa Maréga, évoluant à Porto, au Portugal, vient allonger la longue liste de footballeurs qui en ont fait les frais. L’international malien, victime de cette pratique, a tout simplement décidé de quitter la pelouse. Une réaction toutefois, diversement appréciée dans le monde football. Comme pour nombre d’observateurs, Mady Touré Touré, président de Génération foot, estime que l’attitude adoptée par Marega constitue la réponse appropriée face à un manque de volonté notoire des instances dirigeantes du football. D’autres, comme Amsata Fall, directeur exécutif de la Ligue sénégalaise du football professionnel penchent pour la «criminalisation» de ces actes dans les stades.
Le sport «Roi», comme toutes les autres disciplines, est devenu le réceptacle de comportements les plus répréhensibles de la société. Face à la recrudescence du phénomène. Le match opposant le Victoria de Guimarães au FC Porto, le dimanche 16 février dernier, émaillé par des incidents relatifs au racisme, a fini par défrayé la chronique et susciter l’émoi dans le monde du football. Au cœur de cet incident largement diffusé dans le monde, se trouve l’attaquant international malien, Moussa Maréga, victime de cris et d’insultes racistes, après son but victorieux. La vive émotion qui s’est emparée de cette affaire est à la mesure des multiples réactions. Certains footballeurs, à l’image du jeune Kylian Mbappé, n’ont pas hésité à appeler les joueurs de couleur à agir avec fermeté face à ces actes en quittant la pelouse. L’attaquant français rejoint nombre d’acteurs du football qui pensent que c’est un moyen pour enrayer le phénomène du racisme qui survient de manière récurrente dans le football.
AMSATA FALL, DIRECTEUR EXECUTIF DE LA LIGUE SENEGALAISE DU FOOTBALL PROFESSIONNEL «Il faut criminaliser les actes de racisme dans les stades»
Ils sont, en effet, nombreux à voir dans la recrudescence des actes de racismes dans les stades la conséquence d’un manque sanctions proportionnelles aux actes commis. Amsata Fall, directeur exécutif de la Ligue sénégalaise de football, n’hésite pas à déclarer que c’est tout simplement un manque de volonté notoire des instances dirigeantes du football. «Il n’y a pas de sanctions à la hauteur de ces actes. Adresser des cris de singe à une personne ou autres actes de racisme liés à la couleur de la peau, c’est renier à cette personne sa nature humaine. C’est plus grave que certains ne l’imaginent». Il appelle ainsi, la FIFA, L’UEFA et toutes les autres instances dirigeantes du football à contraindre les fédérations des différents championnats à durcir les sanctions. «On doit criminaliser ces actes comme on criminalise les viols ou les assassinats», parce que, explique-t-il, «prendre un humain pour un singe c’est anéantir sa nature humaine. Et je ne vois pas un crime plus ignoble que celui-là». Poursuivant sur sa logique, le directeur exécutif de la ligue sénégalaise de football professionnel propose en guise de solutions que «les instances comme la FIFA ou l’UEFA mettent parallèlement en place de sanctions sévères contre les équipes dont les supporters sont à l’origine d’actes racistes. Ce, en les rétrogradant à des divisions inférieures». Il se dit également être en phase avec le comportement de Moussa Maréga qui a quitté la pelouse. Tout en appelant aux autres joueurs à faire pareil
MADY TOURE, PRESIDENT DE GENERATION FOOT «Quitter la pelouse n’est pas la solution qu’il faut»
Quand à Mady Touré, président de Génération Foot, il a suggéré également le durcissement des sanctions en commençant par le sommet jusqu’à la base. «Tous les stades disposent de caméras de vidéosurveillance. On peut facilement identifier ces personnes et les sanctionner sévèrement. C’est juste de la volonté qui manque aux dirigeants», explique-il. Cependant, il n’épouse pas l’idée de quitter la pelouse comme l’a fait l’attaquant malien du Porto. «Quitter la pelouse, c’est donner raison aux auteurs de ces actes de racisme. Il faut répondre sur le terrain en continuant à jouer et marquer. Il faut être fort mentalement car, parfois ce n’est pas lié au racisme mais c’est juste de l’indiscipline pour déstabiliser le joueur», tempère-t-il. A son avis, «le joueur doit plutôt penser aux autres supporters venus nombreux pour lui ou son équipe». Le président de l’Académie de Déni Biram Ndao est partagé par ces observateurs qui ont eu à pointer du doigt l’absence de sanctions ou celles dérisoires prises rarement contre ces actes racistes. Que faut-il faire? Si l’on sait que le comité chargé de lutter contre ce fléau au sein de la FIFA a été dissout en septembre 2016. C’est la question que tout le monde se pose aujourd’hui. Il est clair que les forces puissantes, les instances dirigeantes du football qui, à défaut de cautionner ouvertement le racisme, semblent vouloir fermer les yeux. Mais jusqu’ à quand. L’avenir du football en dépend.
ETO’O, KOULIBALY… EN ONT AUSSI FAIT LES FRAIS
L ’incident de dimanche 16 févier, à Guimarães (Portugal) n’est que le prolongement d’une longue série d’agressions racistes à l’encontre des joueurs de couleur. Furieux l’ex-attaquant d’Amiens a quitté la pelouse, malgré les tentatives de dissuasion de ses coéquipiers sur le terrain. N’ayant pas pu supporter cette attaque contre sa propre personne, le joueur a décidé de quitter la pelouse. Ce geste diversement apprécié repose encore le débat et interpelle tous les acteurs du football au moment où les fédérations ont encore du mal à adopter des résolutions fortes contre ce fléau Une attitude saluée par beaucoup de joueurs et de médias qui n’ont pas manqué d’adresser des messages de solidarité à l’attaquant malien de 28 ans. Ce phénomène n’a pas cessé de se manifester dans le monde football et il revient de manière récurrente
EXCEDE, SAMUEL ETO’O RETENU SUR LA PELOUSE
En 2006, Samuel Eto’o avait en effet tenté une réaction pareille avant d’en être dissuader par certains de ses coéquipiers et le néerlandais Franck Rijkaard, son manager d’alors au FC Barcelone. Des tribunes montaient des cris de singes et autres insultes à caractère raciales lors d’un match opposant son club d’alors le FC Barcelone au Réal Saragosse. Excédé, le Ballon d’Or camerounais décida de quitter le terrain dès la 76ème minute. «J'arrête !», pouvait-on lire sur ses lèvres. La fédération espagnole de football, prompte à réagir, n’a eu d’autres mesures à prendre qu’une piètre amende que le Réal Saragosse devait payer. Des années après, le phénomène continue toujours de prendre de l’ampleur.
KOULIBALY ASSAILLI PAR LES CRIS A GIUSEPPE MEAZZA
On se rappelle encore ce qui s’était passé le mercredi 26 décembre à San Siro lors d’un match de football opposant l’inter de Milan et le Napoli. À l'occasion de la victoire de l'Inter Milan contre Naples (1-0), le défenseur central napolitain Kalidou Koulibaly, expulsé en deuxième mi-temps, a été victime de cris racistes émanant des travées du stade GiuseppeMeazza. «On a demandé à trois reprises au procureur fédéral la suspension du match à cause des cris racistes. Il y a eu des annonces faites au micro mais, le jeu a continué. Ça a rendu Koulibaly nerveux. La prochaine fois, nous quitterons le terrain nous-mêmes, ce n'est pas acceptable», avait expliqué Carlo Ancelotti, manager du Napoli d’alors. Plus tard, Kalidou Koulibaly réagissait sur son compte twitter en ces termes : «Je regrette la défaite et d'avoir quitté mes frères. Mais je suis fier de la couleur de ma peau. D'être français, sénégalais, napolitain : homme.» Le monde du football s’est indigné mais des sanctions à la hauteur de ces actes, il n’y en a pas eu. La FIFA a fermé les yeux. Mario Balottéli a aussi subi, à plusieurs reprises des chants et insultes racistes dont une en sélection italienne. Lors d'un match face à l'AS Rome, c'est une partie du public romain qui avait entonné un chant raciste. Face à Catane, c'est même un joueur adverse qui avait apparemment insulté le numéro 9 du Milan. Mais, c'est l'une des premières fois qu'il est victime de ce genre de bêtises avec la Squadra Azzura.
Le phénomène des cris de singe est récurrent dans les stades italiens et, depuis le début de saison, le Belge de l’Inter Milan Romelu Lukaku, l’Ivoirien de l’AC Milan Franck Kessié, le Brésilien de la Fiorentina Dalbert ou l’Anglais de la Sampdoria Gênes Ronaldo Vieira en ont déjà été victimes. Quelles sanctions pour de pareils cas? Quels comportements les joueurs victimes de ces attaques doivent adopter? Quitter la pelouse comme Moussa Maréga, rompre le spectacle en arrêtant le match, sanctionner sévèrement le club en le rétrogradant à une division inférieure,… une chose est sûr c’est qu’en posant cet acte fort de quitter la pelouse, Moussa Maréga ravive la polémique sur le racisme dans les stades de football et appelle tous les acteurs à réfléchir et trouver des solutions à ce fléau qui gâche l’image de ce beau sport.
PAR MAMADOU BA (STAGIAIRE) & OMAR DIAW
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CORONAVIRUS : LE NOMBRE DE NOUVEAUX CAS DIMINUE, L'OMS SALUE LES PROGRES
France24 |
Avec AFP et Reuters |
Publication 20/02/2020
Les autorités sanitaires chinoises ont recensé jeudi 114 nouveaux décès et 394 cas supplémentaires de contamination au Covid-19, un nombre en nette baisse. Par ailleurs, la Corée du Sud a annoncé un premier décès lié au coronavirus, tandis que deux passagers sont morts à bord du navire de croisière Diamond Princess, en quarantaine au Japon.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a salué les "énormes progrès" des autorités chinoises pour juguler l'épidémie du Covid-19. Alors que le bilan atteint les 2 118 morts avec 114 décès supplémentaires recensés jeudi 20 février,
le nombre de nouveaux cas de contamination en Chine est en nette baisse.
Seuls 394 nouveaux cas de contamination ont été enregistrés, en fort recul par rapport aux 1 749 rapportés mardi. Au total, 74 576 personnes ont été diagnostiquées porteuses du virus.
"Nous avons fait d'énormes progrès en peu de temps", a affirmé le directeur des mesures d'urgence en Méditerranée orientale, Richard Brennan, lors d'une conférence de presse du bureau régional de l'OMS en Égypte.
"On arrive à diagnostiquer le virus partout maintenant" et des "systèmes sanitaires efficaces" ont été mis en place, s'est félicité de son côté le directeur régional de l'OMS Ahmed al-Mandhari. Toutefois, il est "encore trop tôt pour dire que le virus a été endigué", a nuancé le Dr Brennan.
La Corée du Sud a de son côté annoncé jeudi le premier décès dans le pays d'une personne infectée par le virus, portant à 11 le nombre de cas mortels hors de Chine continentale. Dans leur dernier bilan, les autorités coréennes recensent 104 cas d'infection au coronavirus.
Inquiétude après l'arrivée de passagers du Diamond Princess
Au Japon, deux passagers du paquebot Diamond Princess, en quarantaine dans le port de Yokohama, sont morts, a rapporté jeudi la télévision publique japonaise NHK, précisant qu'il s'agissait d'un homme et d'une femme octogénaires.
Cela porte à huit le nombre de décès liés au virus hors de Chine continentale.
Les autorités japonaises ont aussi annoncé, mercredi soir, avoir recensé 79 nouveaux porteurs du coronavirus à bord. Avec au moins 621 cas confirmés, le navire de croisière est le plus grand foyer du virus hors de Chine.
Quelque 500 passagers ont débarqué mercredi du paquebot. Certains au Japon s'inquiètent toutefois de voir des passagers du navire éparpillés dans la nature ou en partance pour leurs pays respectifs.
Les dizaines de nouveaux cas constatés à bord chaque jour ont soulevé des questions sur l'efficacité de la quarantaine, au cours de laquelle les passagers étaient autorisés à se promener en petits groupes
sur le pont avec des masques, tandis que le personnel de bord passait de cabine en cabine pour distribuer les repas.
Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, ont décidé d'envoyer des avions pour rapatrier leurs ressortissants sans plus attendre. Quant à l'équipage, il entamera une quarantaine une fois le dernier passager sorti.
Des manifestants ukrainiens contre l'arrivée d'un avion de Wuhan
L'inquiétude face au virus touche aussi la Russie, où aucun ressortissant chinois ne peut entrer à partir de jeudi, point d'orgue des mesures sanitaires prises contre l'épidémie, malgré le coût économique pour le tourisme et les régions frontalières.
Officiellement, la Russie n'a plus de malades du nouveau coronavirus sur son territoire depuis la sortie d'hôpital la semaine dernière des deux seuls patients officiellement recensés, des ressortissants chinois.
Moscou avait déjà fermé ses quelque 4 250 km de frontières avec la Chine, coupé les liaisons ferroviaires de passagers et restreint le nombre de vols vers des villes chinoises.
En Ukraine, des dizaines de personnes ont protesté mercredi contre l'arrivée prévue jeudi dans le pays d'un avion transportant 48 Ukrainiens et 29 ressortissants de pays tiers depuis Wuhan.
Les manifestants ont bloqué une route menant vers un hôpital à Vynnyky, dans l'ouest du pays.
La France a pour sa part envoyé à Wuhan un nouvel avion en vue de rapatrier "quelques dizaines" de ses ressortissants, a annoncé le ministère de la Santé.
«AUCUNE LIBERTE N’EST ABSOLUE»
Dans une interview accordée au groupe Sud Communication (Sud FM et Sud Quotidien), Me Ousmane Ngom auteur de l’arrêté à controverse, interdisant toute manifestation au centre-ville, revient sur les motifs.
L’ancien ministre l’intérieur, Ousmane Ngom brise le silence. Dans une interview accordée au groupe Sud Communication (Sud FM et Sud Quotidien), Me Ousmane Ngom auteur de l’arrêté à controverse, interdisant toute manifestation au centre-ville, revient sur les motifs. L’ancien numéro 2 du PDS évoque aussi l’article 80, sans occulter les débats sur la désignation du maire de Dakar par décret et le rapatriement des 13 sénégalais de Wuhan en Chine.
ARRETE INTERDISANT DES MANIFESTATIONS AU CENTRE VILLE
«Au-delà de l’arrêté Ousmane Ngom qui se justifiait et qui se justifie toujours par rapport au contexte et par rapport aux enjeux dans notre pays, le problème aujourd’hui, c’est que nous avons une nécessité d’un débat national sur la sécurité et les libertés publiques. La problématique aujourd’hui, c’est comment gérer l’exercice des libertés publiques ? Souvent, l’on agite en disant : «oui, il faut respecter les libertés de manifester» en oubliant qu’aucune liberté n’est absolue. La liberté de marcher, est inscrite dans la constitution mais elle est encadrée juridiquement par cette constitution puisqu’elle doit s’exercer dans le cadre des lois et règlements. Elle doit s’exercer en tenant compte également de la liberté des autres. C’est-à-dire de ceux qui ne participent pas à la marche, qui ne sentent pas concernés. Qu’en est-il de leurs droits et de leurs libertés d’aller et de venir, de commercer ou bien de travailler ou bien d’aller se soigner. On dit souvent que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. L’Etat doit être le garant de l’ordre public ; veiller à ce qu’il n’y ait pas de troubles à l’ordre public, à la sécurité publique. Ce sont des prérogatives de l’Etat qui sont incontournables. Comment préserver l’intérêt général face aux droits de la minorité, aux droits des autres ? Voilà toutes ces questions qui se posent aujourd’hui et qu’il faut donc mettre sur la table. Ce débat doit s’élargir au niveau national pour que nous puissions aborder toutes ces questions de l’exercice des libertés tout en préservant la sécurité publique, tout en préservant les droits et les libertés des uns et des autres. Il s’agit certes d’encadrer juridiquement les marches et les manifestations publiques dans le respect de l’ordre public mais aussi il s’agit de sauvegarder l’intérêt général qui prime sur tout.
C’est ça le fond et l’assistance de l’arrêté Ousmane Ngom. Il faut rappeler l’environnement et le contexte d’alors qui était un contexte d’effervescence et de troubles où il était important de préserver le centre-ville contre tous ces dérapages qui étaient en vue car le centre-ville n’est pas seulement le centre de la ville. C’est le cœur du pays puisqu’il y’a toutes les institutions de la République, les grands hôpitaux, la zone militaire mais aussi c’est le cœur économique et financier du pays parce que il n’y a plus de 12 établissements financiers qui en dépendent. Je rappelle souvent l’exemple de la Cote d’Ivoire où tout est partie d’un dérapage d’une manifestation à Korogo et à Bouaké où des rebelles ont attaqué les banques centrales, ont dérobé des dizaines voire des centaines de milliards. Ils ont acheté des armes ; ont pu donc installer la guerre civile en Côte d’Ivoire et déstabiliser le pays. Et la Côte d’Ivoire a reculé de plus de 10 ans avec des milliers de morts, son économie s’est effondrée et voilà ce qu’on appelle le manque d’anticipation. La France d’ailleurs l’a vécu récemment. Vous vous rappelez, le ministre de l’Intérieur de France qui avait dit il faut exercer les libertés, finalement les gilets jaunes ont occupé les Champs Elysées et ont paralysé l’économie de Paris et les ministres de l’Intérieur sont appelés de prendre un arrêté Ousmane Ngom à la parisienne ou à la française qui a interdit les manifestations au niveau des champs Élysées. C’est comme ça qu’il a pu endiguer le problème des gilets jaunes. Donc, il a eu à rattraper les choses alors que nous, nous avons anticipé pour éviter d’en arriver à ce genre de situation».
SUPPRESSION DE L’ARTICLE 80
«L’article 80 pose le problème de la sécurité publique et de la sureté de l’Etat. A partir de ce moment, il est important qu’on mette sur la table cette problématique ; cette question et qu’on puisse en débattre. Quelles sont les prérogatives et les égards qu’on doit au Chef de l’Etat, aux institutions de la République ? Comment ensemble, on doit les respecter et les gérer ? Donc, au-delà de la suppression ou non de l’article 80, le problème véritable, c’est la gestion de l’ordre public, de la sécurité publique. Parce qu’aujourd’hui, nous sommes dans un monde globalisé où il y’a une interdépendance des phénomènes. Il peut y avoir des subversions imprévisibles venant de l’intérieur du pays comme de l’extérieur du pays qui peuvent être la porte d’entrée de toutes sortes de catastrophes, le terrorisme, les criminalités nationales ou transnationales, les réseaux de traite de vies humaines et bien d’autres fléaux. Il faut donc tenir compte de tout cela sans compter que notre pays a aujourd’hui d’autres enjeux. Nous sommes un pays qui vient de découvrir des ressources importantes en gaz et pétrole et donc qui va devenir un émirat noir prochainement. Donc, un pays qui est très convoité.
Raison de plus pour avoir une autre vision de la sécurité, de la gestion de la paix mais aussi de la sécurité et une autre vision de la menace qui peut venir de l’intérieur du pays comme de l’extérieur du pays. Et souvent, il y’a une liaison intime entre les deux. Souvent les groupes extérieurs utilisent des groupuscules intérieurs pour déstabiliser un pays. Il faut tenir compte de tout cela lorsqu’on gère un Etat».
NOMMEE LE MAIRE DE DAKAR PAR DECRET
«Je ne vais pas m’appesantir sur cette question-là parce que pour moi, c’est un débat qui n’est pas encore clair dans mon esprit parce qu’il ne faut pas confondre statut spécial et délégation spéciale. Délégation spéciale, veut dire que lorsqu’il y’a un dysfonctionnement au niveau de la collectivité territoriale ou bien au niveau de l’institution municipale, l’Etat central prend une mesure d’exception en nommant un haut fonctionnaire par décret pour diriger l’institution à la place du conseil qui a été élu. Statut spécial, ça veut dire tout simplement, il y’a des personnalités spéciales qui ont été élues aux suffrages universelles directes ou indirectes avec à leur tête un maire qui dirige l’institution. Mais quand on parle de statut spécial, ça veut dire qu’il faut voir la répartition des compétences, des attributions et comment on peut justement bien les répartir entre l’Etat central et l’institution municipale pour que chacun puisse jouer pleinement son rôle ; pour qu’on sache qui doit rendre propre la ville, qui doit éclairer la ville, qui doit bien faire les routes, fleurir les carrefours, rendre agréable le cadre de vie. Aujourd’hui, on ne sait pas qui fait quoi et ça pose beaucoup de problèmes. Donc, on peut parler de statut spécial lorsqu’on envisage de parler des compétences, des attributions, du renforcement de l’attribution des autorités municipales ou du renforcement de leurs compétences, de l’implication dans la gestion quotidienne de la vie des populations comme cela existe dans beaucoup de capitales du monde. Que ce soit à Paris, à Londres, à New York, à Marseille, à Lyon ou ailleurs, on parle de statut spécial mais ça ne veut pas dire qu’il faut dégager l’équipe municipale pour nommer de hauts fonctionnaires qui vont venir gérer à leur place la ville. Toutefois, comme le débat est en cours, ce sont ces réflexions-là que je peux donner mais je ne peux pas aller plus loin».
CORONAVIRUS ET RAPATRIEMENT DE NOS COMPATRIOTES
L’Etat du Sénégal a pris les devants et a pris les mesures qu’il faut pour faire face à cette situation très tôt et il faut s’en féliciter. Ce n’est pas étonnant d’ailleurs parce que le Sénégal a quand même une certaine expérience de la gestion de la prévention d’épidémies. Rappelez-vous notre pays a connu ces dernières années des flambées d’épidémies, la fièvre jaune des années 96 mais aussi la méningite en 95 et le choléra aussi dans les années 95 et 96. Nous avons même eu un risque d’épidémie avec ce qui s’est passé chez notre voisin la Guinée. Il y’a eu d’ailleurs un cas qui a été importé et traité avec succès lors de cette épidémie d’Ebola qui sévissait en Guinée entre 2013 et 2016. C’est vous dire donc, nous avons un système sanitaire qui a une expérience et qui a des capacités, qui a aussi des compétences et des notoriétés qui sont au plan international. Donc, il est heureux que l’Etat ait pris des mesures très tôt pour anticiper par rapport à cette situation même si nous sommes très loin de la Chine. Quid du débat sur rapatriement ou non nos compatriotes qui sont en Chine ? La Chine est un pays qui a toujours été solidaire par rapport aux autres pays. Rappelez-vous au Sénégal depuis 1960, la Chine envoie des missions médicales ici pour aider nos populations, des missions agricoles ; participe à bien d’autres projets très importants pour le développement de notre pays. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui, elle subit l’épreuve qu’il faut la stigmatiser. Moi, je considère que nous devons tous dire que nous sommes tous des chinois et que nous sommes solidaires avec le peuple chinois par rapport à cette épreuve. Maintenant, est-ce qu’il faut forcément rapatrier nos compatriotes ?
Bien sûr, nous sommes compatissants par rapport à eux, nous sommes aussi solidaires par rapport à eux et par rapport à leurs parents et l’angoisse qu’ils ont, c’est tout à fait normal et humain. Mais la question que je pose est de savoir est-ce qu’il faut tout de suite les rapatrier et transférer cette angoisse qui concerne 13 personnes et leurs parents au 15 millions de sénégalais pour se dire est-ce qu’on ne va pas attraper le coronavirus ou pas ? Ça va créer une psychose, une angoisse beaucoup plus grande. Rappelez-vous, le seul cas Ebola qui avait été importé de la Guinée, lorsque ça a eu lieu, tout ce que ça a créé comme psychose ici dans le pays. Alors si vous imaginez les 13 ou plus, ensuite il faut trouver les structures qu’il faut, avoir les capacités qu’il faut pour les héberger, les mettre en quarantaine etc. Je ne crois pas que le Sénégal soit en mesure de régler toutes ces questions dans les délais. La Chine a les capacités. C’est quand même la deuxième ou la première puissance économique mondiale qui a quand même un système sanitaire qui a les capacités. En 10 jours, ils ont construit 3 hôpitaux. Ils ont créé des robots qui vont servir à manger aux malades. Ils ont aussi eu la possibilité de prendre même le placement des malades qui ont été guéris pour soigner ceux qui sont malades et tout. Ils ont bien d’autres capacités. On parle déjà d’un vaccin. Je pense qu’ils sont plus en sécurité et mieux là-bas en Chine pour être pris en charge et soignés éventuellement s’il y’en avait un qui est donc atteint que de les amener coute que coute au Sénégal.
«S’ACCAPARER ET BENEFICIER DE SES PREBENDES SONT LES SEULES CHOSES QUI INTERESSENT LES POLITIQUES»
C’est l’avis du professeur en Science politique, Jean Charles Biagui, qui estime, par ailleurs, que ces acteurs autour du dialogue ne sont obnubilés que par l’accaparement du pouvoir politique à des fins simplement personnelles.
Jean Michel DIATTA et Nando Cabral GOMIS |
Publication 20/02/2020
Le statu quo noté du côté de la majorité présidentielle sur le cumul de fonctions de président de la République et de chef de parti, poserait la question fondamentale du mandat du président, conformément à la constitution sénégalaise. C’est l’avis du professeur en Science politique, Jean Charles Biagui, qui estime, par ailleurs, que ces acteurs autour du dialogue ne sont obnubilés que par l’accaparement du pouvoir politique à des fins simplement personnelles.
«Il y a deux choses qui peuvent être relevées. La première des choses, est-ce que réellement, conformément à la constitution, le président veut tourner la page, c’est-à-dire céder le pouvoir ? C’est la question qu’on peut se poser, par rapport à cette volonté d’avoir toujours les cartes en main, c’est-à-dire d’être chef de parti et en même temps chef de l’Etat. Est-ce que le président actuel a la volonté de céder son fauteuil conformément à la constitution (pas plus de deux mandats successifs, Ndlr) ? En tout cas, la lecture qu’on peut avoir des derniers événements, semble nous pousser à répondre par non. Il ne le souhaite apparemment pas. Il ne semble pas vouloir partir, conformément à la constitution.
Il y a un autre fait. Même si d’aventure il partait, des gens de son parti ont la volonté de garder toujours le pouvoir, après lui. Dans cette éventualité, il me semble que ceux qui veulent succéder au président souhaiteraient conserver toutes les cartes en main, en ayant et le parti ; et l’Etat, entre les mains.
Mais, tout cela démontre une chose : c’est que ce pseudo-dialogue, parce qu’il ne s’agit pas d’un dialogue, en tout cas, cette rencontre avec des partis politiques dont certains ne sont pas très représentatifs, témoigne d’une réalité : C’est que les acteurs politiques, de manière générale, en tout cas ceux qui sont dans le cadre ce pseudo-dialogue, sont obnubilés par une chose : l’accaparement du pouvoir politique à des fins simplement personnelles. Parce que, cela traduit aussi la personnalisation du pouvoir. C’est vrai aussi que c’est en rapport avec la constitution qui donne des pouvoirs exorbitants au président de la République. S’il est chef de parti, il a pratiquement toutes les cartes en main, sachant qu’en tant que chef de l’Etat, c’est lui qui nomme pratiquement tout le monde.
Malheureusement, la constitution sénégalaise a même renforcé cette personnalisation du pouvoir. C’est dommage ! Toutes ces querelles crypto-personnelles, parce qu’on ne discute pas des grands enjeux nationaux, des libertés fondamentales. C’est vrai que c’est périlleux pour des partenaires au dialogue de discuter en sachant que les libertés les plus élémentaires sont bafouées avec l’incarcération arbitraire de Guy Marius Sagna. Les partis non représentatifs, qui sont parties prenantes au dialogue, auraient pu quitter la table des négociations et imposer la libération de Guy Marius Sagna avant de poursuivre, si vraiment les libertés fondamentales les intéressent. Mais, apparemment non. Ce qui intéresse ces acteurs et ceux du pouvoir, c’est le pouvoir lui-même pour l’accaparer, s’y maintenir et comment bénéficier de ses prébendes. Mais, cela est une constante dans le système politique sénégalais, malheureusement».