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27 septembre 2025
ISMAÏLA SARR SE CONFORME, SADIO ET CIE DANS LA REFLEXION !
La pression monte autour des footballeurs professionnels évoluant en Europe. Du fait de la crise du coronavirus, ils sont invités à faire des «efforts» financiers par leurs employeurs respectifs.
La pression monte autour des footballeurs professionnels évoluant en Europe. Du fait de la crise du coronavirus, ils sont invités à faire des «efforts» financiers par leurs employeurs respectifs. Si certains font preuve de compréhension, d’autres campent sur leurs positions. En Angleterre, Watford de Ismaïla Sarr et tant d’autres clubs ont accepté la proposition. Ce qui n’est pas encore le cas de Liverpool de Sadio Mané. a l’instar de beaucoup de formations de Premier League, les reds sont dans la réflexion.
Alors que le monde lutte farouchement pour venir à bout du Coronavirus qui a fini de semer peur et panique, certains clubs sportifs mènent eux une bataille parallèle pour sauver ce qui peut l’être. Pour amoindrir leurs pertes suite à la crise installée par la pandémie, ils sont nombreux ces présidents de clubs à miser sur les gestes de leurs employés. Leur souhait, emmener joueurs, entraîneurs et autres salariés à baisser leurs émoluments. Une mesure « raisonnable », dans un contexte particulier. Mais l’idée ne semble pas faire l’unanimité. Si, dans de nombreux clubs européens, les joueurs ont déjà accepté la mesure, certains traînent encore les pieds.
PREMIER LEAGUE : LE GOUVERNEMENT PRESSE LES CLUBS !
La mesure consistant à emmener les footballeurs à baisser leurs salaires n’est pas appréciée de la même manière au niveau des clubs. Considéré comme le championnat le plus riche d’Europe, la Premier League est au cœur des débats. Et pour ne rien arranger, le syndicat des joueurs (PFA) a refusé de passer un accord avec la Premier League. Une posture qui a irrité le gouvernement britannique qui n’a pas hésité à s’immiscer dans le débat. « Tout le monde doit jouer son rôle et cela veut dire que les joueurs de Premier League aussi. La première chose qu'ils peuvent faire pour contribuer est d'accepter une baisse de salaire », avait indiqué le ministre de la Santé Matt Hancock, lors d'une conférence de presse. Une manière pour lui de mettre un coup de pression sur le syndicat des footballeurs professionnels. Et à ce jour, seuls trois clubs ont décidé de se plier. Dans un premier temps, Southampton (14e) et West Ham (16e) avaient annoncé des accords sur des baisses de salaires. Ce fut ensuite au tour d’Arsenal de les imiter, avec une annonce concernant une baisse de 12,5% du salaire de ses joueurs et de son staff technique. Au niveau de Tottenham, il n’y a pas eu de sacrifice financier pour les employés, mais une baisse de 20% sur les revenus des dirigeants.
LE SYNDICAT DES JOUEURS ANGLAIS RIPOSTE !
En prenant part au débat, le gouvernement anglais espérait faire bouger les choses. Mais plus d’une semaine après, rien n’a presque bougé. Mieux, le syndicat des joueurs (PFA) campe toujours sur ses positions. Indexée comme étant le principal facteur de blocage des négociations, la puissante association a plutôt plaidé pour les footballeurs. Dans un communiqué, la PFA semble dans un premier temps cautionner l’idée d’une baisse. « Nous avons bien conscience du sentiment répandu dans l'opinion publique que les joueurs devraient payer les salaires des personnels non-joueurs. (...) Nous acceptons tout à fait l'idée que les joueurs vont devoir se montrer flexibles et partager le poids financier de l'épidémie de Covid-19 pour assurer l'avenir à long-terme de leur club et de ce sport en général », peut-on lire dans le communiqué du syndicat. Dans un second temps, la PFA a dénoncé l’attitude de certains dirigeants de clubs qui auraient pour but, à travers cette mesure, de détourner les aides publiques pour ainsi préserver les actionnaires. « Les clubs, en tant qu'entreprises, qui ont les moyens de payer leurs joueurs et leurs salariés, devraient le faire. Toute utilisation des aides gouvernementales sans réel besoin financier se ferait au détriment de la société dans son ensemble. voir les joueurs contribuer à payer les salaires des employés non-joueurs ne servirait que les intérêts des seuls actionnaires », ajoute le texte de la PFA. Dans le viseur du syndicat, des clubs de l’élite comme Tottenham, Newcastle et Norwich qui ont décidé de placer leur personnel non joueur sous le programme de chômage partiel mis en place par le gouvernement qui prend en charge 80% des revenus à concurrence de 2 500 livres par mois.
WATFORD : SARR ET SES CO- EQUIPIERS ACCEPTENT !
La politique de la baisse des salaires commence à porter ses fruits. A l’image des dirigeants des Spurs de Totteham, certains managers ont décidé de faire des sacrifices. C’est notamment le cas de Eddie Howe (coach de Bournemouth), Chris Wilder (Sheffield United) et de Graham Potter (coach de Brighton). En plus des clubs cités (Arsenal, Southampton, Sheffield), Watford est venu s’ajouter à la liste.
Après des jours de négociations, les joueurs, les « Hornets » ont accepté une baisse de salaire pour aider leur club à faire face aux conséquences économiques de la pandémie du Covid-19. « Watford Football Club est parvenu à un accord avec ses joueurs en vue d'une baisse des salaires de l'équipe », a affirmé hier l’actuel 17ème de Premier League, sur son site officiel. Ce geste de Ismaïla Sarr et de ses coéquipiers a été salué par le président du club. «Nous pouvons être fiers de nos joueurs pour avoir accepté de faire ce geste. Ils ont compris qu'ils avaient un rôle à jouer et n'ont pas hésité à prendre cette décision pour le bien de l'ensemble du club », s’est félicité Scott Duxbury, dans un communiqué du club. Face à cette situation inquiétante, l’international sénégalais et ses camarades ont fait d’énormes efforts financiers. Watford n’a pas donné le montant de la baisse de salaire, mais plusieurs médias anglais ont fait état d'une réduction de l'ordre de 30%. «Personne, où qu'il travaille, n'est enthousiaste à l'idée de baisser son salaire. Mais c'est le bon sens et une capacité à bien comprendre les enjeux qui ont prévalu », a fait valoir le capitaine Troy Deeney.
LIVERPOOL : SADIO MANE ET LES SIENS EN DISCUSSION !
Leader de la Premier League avant l’arrêt du championnat, Liverpool de Sadio Mané n’est pas épargné par ces histoires de baisse de salaire. Après avoir annoncé son souhait de placer une partie de son personnel non joueur en chômage partiel, le club de la Mersey a fini par reculer. La direction parle même de mauvaise décision. « Nous pensons que nous avons pris une mauvaise décision la semaine passée en annonçant que nous allions recourir au Coronavirus Retention Scheme et nous en sommes vraiment désolés. Le club va chercher des alternatives, malgré notre éligibilité à ce programme qui concernait environ 200 salariés», a écrit le président du club, Peter Moore, dans une lettre ouverte aux supporteurs. Et qu’en est-il pour les joueurs ? Concernant cet aspect, le boss des Reds a déjà une idée. « Les discussions sont complexes. Et par conséquent, le processus est en cours », a ajouté M. Moore. A l’image de Liverpool, d’autres cadors du championnat anglais sont au stade de réflexion. « Les joueurs veulent la transparence complète. Ils ne sont pas stupides. Ils veulent en connaître les raisons et où va aller l’argent. Je pense que si les clubs ne sont pas capables d’expliquer pleinement leur position, ils doivent s’attendre à de la défiance de la part des joueurs », a assuré Gordon Taylor, président du syndicat des footballeurs (PFA), dans des propos relayés par The Mirror.
FRANCE : GANA ET LE PSG TOUT PROCHES D’UN ACCORD ?
Au niveau du championnat français, représentants de joueurs et clubs sont encore en négociations. A en croire l’Equipe, le plan en étude serait de parvenir à un « paiement différé sur un pourcentage du salaire ». La même source soutient qu’un accord pourrait être trouvé sous peu. « Thiago Silva et Marquinhos qui représentent les joueurs négocient pour une réduction des émoluments de 20 à 30 % », rapporte L’Equipe. Le président parisien, Nasser Al-Khelaïfi serait lui favorable à une baisse des salaires, alors que les salariés du club espèrent que les joueurs se montreront solidaires et responsables pour imiter leurs homologues du Barça, Bayern, Real Madrid ou encore la Juventus. Dans la Liga espagnole, les joueurs du FC Barcelone et de l’Atlético de Madrid ont accepté des réductions de 70%. En Italie, Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers de la Juventus recevront un montant réduit pour les quatre prochains mois si la saison n’arrive pas à son terme
BAYERN, BARCELONE ET LA JUVE DONNENT L’EXEMPLE !
Au moment où la Premier League se déchire pour trouver un accord concernant la baisse des salaires, d’autres grands clubs européens ont montré la voie à suivre. Des géants comme le Bayern, le FC Barcelone ou encore la Juventus ont déjà vu leurs joueurs réduire leurs émoluments pour aider leurs clubs. En Allemagne, plusieurs clubs se sont engagés dans cette voie. Dans la Serie A italienne, les formations de l’élite aurait trouvé un accord. « Il s’agit d’une réduction d’un tiers de la rémunération brute annuelle des joueurs, en cas d’annulation définitive de la fin de saison. Si le championnat devait reprendre, la baisse serait d’un sixième de la rémunération brute annuelle », rapporte Corriere dello Sport. Selon la même source, les clubs doivent conclure des accords avec leurs joueurs. Toutefois, il faudra convaincre le syndicat des joueurs, pas pour le moment emballé par cette idée. « C’est irrecevable. C’est une volonté, à peine dissimulée, de faire porter à des joueurs présentés sous un mauvais jour la responsabilité d’éventuels dégâts économiques liés à une situation de crise », a fait savoir le représentant des joueurs professionnels, cité par Corriere dello sport
LES AVERTISSEMENTS DE LA FIFA
L’instance chargée du football mondial aura du boulot dans les prochains mois. Alors que les dirigeants de clubs et de Ligues multiplient les démarches pour trouver un terrain d’entente pour la suite de la saison, la FIFA observe de loin les tractations. Et dans ce dossier concernant la baisse des salaires en cette période de Covid-19, la FIFA aura un rôle particulier à jouer. Dans un document interne que l’agence Reuters a pu consulter, Gianni Infantino et son équipe invitent les clubs, les Ligues et les joueurs à conclure des conventions collectives appropriées. «Cela permettra de garantir une certaine forme de paiement du salaire aux joueurs et aux entraîneurs. Ces conventions permettront d’éviter les litiges, protéger la stabilité contractuelle et veiller à ce que les clubs ne fassent pas faillite, tout en tenant compte de l’impact financier du COVID-19 sur les clubs », préconise la FIFA.
par Papa Demba Thiam
CONSTRUIRE L'AFRIQUE AVEC MOINS DE DETTE
Impulsés par des fonds publics limités, des investissements privés seront le moteur d'une croissance inclusive portée par plus de création de valeur dans un ensemble intégré
Le Point Afrique |
Papa Demba Thiam |
Publication 24/04/2020
Dans le contexte des mesures d'urgence de lutte contre les conséquences sanitaires et économiques de la crise du Covid-19, il importe de décrypter la réalité des financements proposés à l'Afrique. Certains de ses pays, parmi les 25 les plus pauvres du monde, bénéficient d'aides spéciales du FMI pour rembourser leurs dettes pendant ces six prochains mois. Ce sont des dons. D'autres utilisent des droits de tirage spéciaux (DTS) pour obtenir des prêts sans intérêts. Mais tous bénéficient d'un moratoire de six mois qui leur permet de ne pas payer les intérêts de leurs dettes pour cette période. Enfin, la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale (BM) offrent des ressources supplémentaires y compris par la réallocation des fonds de certains projets qui étaient déjà approuvés.
Dette africaine : un puits sans fond
Bien qu'appréciés par les gouvernements africains, ces efforts ne réduisent pas leurs dettes de manière significative. Certaines de ces mesures en augmentent même le volume. Ce sont pourtant les institutions financières multilatérales qui s'étaient récemment alarmées du poids grandissant de la dette africaine. Le sujet était même au centre de la Conférence de Dakar du décembre dernier sur le thème « Développement durable et dette soutenable : trouver le juste équilibre ». Peu après, s'est ensuivie une polémique entre la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) quant à leurs responsabilités respectives dans l'accroissement de la dette africaine. Au même moment, le cataclysme de la crise du Covid-19 était sournoisement en marche en Chine et vraisemblablement en Italie aussi. Et voilà donc qu'en trois mois, l'urgence de réduire la dette semble rangée au placard par ces mêmes institutions pour parer aux destructions du Covid-19. C'est que les institutions financières multilatérales ne font qu'avec ce qu'elles savent faire le mieux.
Dans ce contexte nouveau, ce sont donc paradoxalement les États africains, encore tout récemment accusés de « frivolité » envers les emprunts, qui ont pris conscience de la nécessité de sortir des cycles d'endettement sans fin qui risquent de noyer leurs économies. L'Afrique, dans le sillage de l'appel lancé par le président du Sénégal Macky Sall, réclame maintenant l'annulation pure et simple de la totalité de sa dette publique ainsi que la restructuration et le rééchelonnement de sa dette privée. Même le pape François s'y est mis lors de son homélie de la messe de Pâques, suivi par le président français Emmanuel Macron. Au-delà même de la faisabilité d'une telle opération, il convient de replacer la dette dans le contexte de son expansion.
L'endettement, fruit d'un système
À chaque modèle économique, son système d'endettement. Celui hérité du « consensus de Washington » n'a été le bon ni pour l'Afrique ni pour les pays développés. Parce que dans les pays occidentaux, l'endettement public massif a été favorisé par la mise en œuvre des dix « commandements du consensus de Washington » pendant les années où Margaret Thatcher était Premier ministre de Grande-Bretagne (1979-1990) et où Ronald Reagan a présidé les États-Unis d'Amérique (1981-1989). Concrètement, il s'agissait de libéraliser toutes les économies et de privatiser la plupart de leurs entreprises publiques.
Le désinvestissement dans l'industrie et les infrastructures
Des arrangements devant donner naissance à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont préparé presque tous les pays à s'ouvrir au libre mouvement des biens et services. Résultat : beaucoup d'entreprises des pays de l'hémisphère nord se sont délocalisées vers les « économies des marchés émergents ». Ayant laissé faire, les États ont littéralement cessé d'investir dans les infrastructures, la santé, la recherche-développement et bien d'autres domaines d'importance comme l'industrie, pour laquelle presque plus aucune politique n'a été poursuivie dans plusieurs pays…
En effet, excepté les pays du nord de l'Europe, l'Allemagne et la Suisse, qui ont maintenu leurs bases industrielles avec force internalisation de chaînes de valeurs pour la protection de leurs labels économiques, la plupart des économies occidentales se sont mises en mode « pilotage automatique » sous la férule d'institutions nationales et multilatérales dont la particularité était d'être administrées par des bureaucrates.
L'affaiblissement de pays développés
Ainsi a été poursuivi un modèle de globalisation qui a, petit à petit, fabriqué de la pauvreté dans des pays dits développés. L'explication en est simple. Les investisseurs privés occidentaux eux-mêmes étant allés ailleurs financer et monter des usines pour fabriquer à bas coûts, ont exporté vers les économies des marchés émergents, technologie, savoir-faire et emplois. Ils ont contribué à augmenter la masse de produits importés en Europe, aux USA et en Afrique. Pire, même les services s'y sont mis. Il en est ainsi de la comptabilité qui, entre autres services, a été délocalisée.
La conséquence en est que les pays occidentaux et l'Afrique sont peu à peu devenus des marchés de consommation alors que le chômage et la pauvreté s'y développaient. Dans cette affaire, ils ont tous beaucoup perdu. Non seulement les États concernés ont perdu d'énormes recettes fiscales et budgétaires, mais encore, ils ont été obligés de financer leurs filets de sécurité sociale par de l'endettement public. Ainsi, l'essentiel de leurs dépenses publiques financées par l'endettement n'étaient plus des investissements publics pouvant générer des ressources pour les rembourser. La crise fiduciaire et financière de 2008 a achevé d'installer ces États dans un endettement structurel que la lutte contre la crise du Covid-19 risque d'aggraver.
La dévastation de l'Afrique
Les économies africaines, qui souffrent depuis les années 1970 des sécheresses combinées avec la détérioration des termes de l'échange et des crises pétrolières, ont été plus encore touchées par le diktat du « consensus de Washington ». Parce que les conditions drastiques mises à l'accès aux ressources financières bilatérales et multilatérales se sont multipliées : mise en œuvre de « programmes de stabilisation » et de « programmes d'ajustement structurel » avec le FMI et la BM, conformité aux règles et disciplines de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), désengagement public d'« entreprises non essentielles », « privatisation » de la fourniture de services publics, embargo sur tous les investissements à « coefficient de capital élevé », etc. Conséquence : les investissements dans les infrastructures, la recherche, l'éducation, la santé et d'autres systèmes et structures de développement économique et social ont été abandonnés. Dans le même temps, l'ouverture progressive au commerce consacrée par les accords instituant l'OMC qu'ils ont signés s'est imposée aux États africains.
Le contre-système des économies des marchés émergents
Si l'Europe, l'Afrique et les États-Unis se sont laissé entraîner dans une fabrique de pauvreté, à des degrés divers, par la mise en œuvre du « consensus de Washington », les économies des marchés émergents ont opté pour une autre approche. Dirigés par des « gouvernements stratèges » qui croient dans la politique de développement, des pays comme la Chine, la Corée du Sud, le Vietnam, Taïwan, Hongkong, Singapour, la Malaisie, l'Indonésie, les Émirats arabes unis, la Turquie entre autres, ont utilisé de l'argent public en quantité plus limitée pour construire des « plateformes de compétitivité intégrées » (PCI) dans de nombreux secteurs économiques. Cela leur a permis d'attirer massivement des « investissements directs étrangers » (IDE).
De fait, alors que l'Europe et les États-Unis d'Amérique délocalisaient massivement leurs entreprises et que l'Afrique se confinait davantage dans son rôle de fournisseur de matières premières, les économies des marchés émergents accumulaient du capital financier grâce à leurs recettes fiscales et douanières accrues. Ceci a été rendu possible par des politiques volontaristes, interventionnistes et rigoureuses par lesquelles elles ont soigneusement évité de financer leur essor par un endettement massif.
Voilà pourquoi, alors que la question de la dette publique est sur toutes les lèvres, il n'y est pas beaucoup question de celle de ces pays. Ceux-ci ont plutôt acheté de la dette publique des pays occidentaux, investi dans leurs infrastructures, prêté de l'argent et soutenu leur secteur privé en Afrique avec des stratégies interventionnistes qui ont permis de renforcer leur présence dans des secteurs comme les infrastructures, les mines et les grands travaux. C'est comme cela que la Chine est devenue créancière pour environ 40 % de la dette africaine. Elle dispose ainsi d'un pouvoir de négociation qui la rend incontournable dans toutes les discussions concernant la dette africaine. La prise de conscience que permet la crise du Covid-19 est donc une chance pour l'Afrique de changer son modèle de développement ainsi que son mode de financement.
Comment l'Afrique peut-elle prendre sa chance ?
Les investisseurs des économies des marchés émergents ayant tendance à développer l'expertise nécessaire pour suivre des opportunités, il convient d'élaborer et de présenter des notes de politique à des communautés financières et industrielles auxquelles il faut démontrer la transparence et la cohérence de nouvelles stratégies d'allocation d'actifs financiers en Afrique. L'avantage est que cela met en évidence des opportunités d'investissements rentables en Afrique, même à court terme. Une telle approche pourrait donner lieu à des programmes de « coentreprise » et faire naître des « consortia d'investissements » avec des « Partenariats Stratégiques Public-Privé sur les Chaînes de Valeurs » (PSCV).
Les modèles de partenariat proposés s'appuient sur la transformation industrielle des ressources en Afrique pour créer des pôles de croissance qui sont reliés entre eux par des plateformes logistiques qu'il faut installer sur des chaînes de valeurs. Ils s'appuient sur une logique d'intégration économique et spatiale qui distribue des potentiels de croissance intégrés et complémentaires en Afrique. C'est comme cela qu'on pourrait graduellement construire en Afrique une constellation de « centres de croissance multipolaires » (CCMP) qui seront reliés par une capillarité de chaînes de valeurs qui traversent les espaces régionaux et sous-régionaux du continent. C'est là une manière de bâtir des économies africaines coémergentes et résilientes sur leurs forces, tout en y créant des millions d'emplois durables pour éradiquer la pauvreté, définitivement.
Il s'agit bien de créer toute une machinerie économique intégrée et de la mettre progressivement en branle. Il faut donc commencer par identifier des pays africains qui abritent une masse critique de systèmes et structures qui leur permettent de fonctionner comme des locomotives pour la coémergence du continent. L'analyse montre que plusieurs pays sont conséquemment configurés pour être renforcés et pour jouer ce rôle. Il est possible d'illustrer cela avec le cas du Maroc.
Pourquoi le Maroc pourrait être un exemple de locomotive
D'abord, le Maroc était déjà assez engagé à revoir entièrement son modèle de développement avant l'avènement du Covid-19, avec sa « commission spéciale sur le modèle de développement » (CSMD). Le pays est aussi géotratégiquement bien situé entre l'Afrique et l'Europe qui est à seulement 14 kilomètres de ses côtes maritimes. Il est voisin immédiat avec l'Afrique subsaharienne, ce qui a encouragé ses dirigeants à demander son adhésion à la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest » (Cedeao)). Donc rien que de par sa position géostratégique, le pays pourrait jouer un rôle important dans le cadre de la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECA). Il pourrait donc devenir un « centre de croissance multipolaire » (CCMP) avec aussi bien des effets de polarisation d'activités économiques au Maroc que des effets de diffusion de nouvelles opportunités économiques sur l'Afrique. Cet élément est essentiel pour la construction de chaînes de valeurs continentales et pour des partenariats en coentreprise qui connectent l'Afrique et le reste de l'économie mondiale.
De plus, dans le cadre de la lutte immédiate contre les effets sanitaires et économiques du Covid-19, la base industrielle naissante et en pleine dynamique du pays, a démontré beaucoup de flexibilité et d'agilité en convertissant rapidement des lignes de production industrielle pour fabriquer des produits prophylactiques qui sont indispensables pour limiter la propagation du Covid-19. Par exemple, des usines pour produire des masques et du gel hydroalcoolique y ont été mis en place en très peu de temps au moment où des pays développés se battaient sur des cargaisons de ces mêmes produits venant d'Asie. Il faut encore noter que le pays est en train de se doter rapidement d'une culture industrielle qui essaie de maximiser le contenu local des chaînes de valeurs globales, ce qui contribue à y changer mentalités et comportements. Par exemple, les initiatives prises dans le domaine de l'industrie automobile où la valeur locale n'a cessé d'augmenter, illustrent le volontarisme efficace porté notamment par son ministère du Commerce, de l'Industrie, de l'Investissement et de l'Économie numérique qui est déterminé à pousser le pays à bâtir son économie sur ses forces.
Tout cela prédispose le Maroc à tester l'efficacité des « partenariats stratégiques public-privé sur les chaînes de valeurs » (SPCV) en utilisant des fonds publics limités pour attirer des investissements privés massifs avec une combinaison d'ingénieries technique, économique et financière taillées sur mesure.
À court terme, le gouvernement marocain pourrait émarger des fonds d'amorçage pour identifier des grappes potentielles dont le développement pourrait soutenir la transition du secteur informel et le restructurer pour augmenter sa productivité, sa compétitivité, et ainsi créer des centaines de milliers d'emplois durables pour les jeunes. L'utilisation de ressources financières publiques limitées permettrait aussi d'identifier des possibilités d'investissement dans des grappes économiques et des chaînes de valeurs aptes à soutenir ce modèle d'intégration économique inclusive en Afrique, parce que fondé sur la transformation de ses « avantages comparatifs » en « avantages compétitifs ».
À moyen terme, la mise en place d'un « fonds de développement de projets » (FDP) pourrait aider à financer le développement de projets jusqu'à des niveaux de maturité et d'appréciation des risques qui permettent de les « revendre » aux investisseurs privés.
L'identification, le développement et la coordination d'un tel modèle de croissance inclusive et progressivement intégrante à l'échelle du continent, passe par le développement des capacités d'« entrepreneuriat institutionnel » au Maroc et progressivement dans d'autres pays. Les bureaucrates peuvent être aidés à se muer en « entrepreneurs institutionnels » par de la formation dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie proposée. Cela permettrait de concevoir et multiplier plus rapidement des « partenariats stratégiques public-privé sur les chaînes de valeurs » multidimensionnels autour de projets en grappe et présenter des opportunités concrètes d'investissements solidaires aux investisseurs privés et institutionnels. Cette opération de « promotion proactive des investissements » (PPI) pourrait se faire avec la mise en place de systèmes et structures d'une « conférence permanente des investisseurs du Maroc » (CPIM). Une manière d'y réorienter et de restructurer la promotion des investissements et de l'adapter à la stratégie proposée.
Ce sont là des éléments de stratégie dont la diplomatie économique marocaine pourrait rapidement se servir pour soutenir ses discussions en cours avec les dirigeants africains et qui pourraient aboutir à un projet de coémergence africaine. Le Maroc n'en serait qu'une des premières étapes dans la construction de « centres de croissance multipolaires » (CCMP) partout en Afrique, avec la même doctrine et les mêmes principes. Dans le contexte actuel, un tel modèle fait sens. Il réduit l'usage de fonds publics au minimum et élimine la tendance à l'endettement public. Un pas important pour reconstruire les économies africaines sur des bases endogènes plus saines pour, enfin, hâter l'intégration économique et spatiale du continent dans des directions pertinentes et acceptables pour tous ses États.
Papa Demba Thiam est un économiste sénégalo-suisse, ex-cadre de la Banque mondiale est professeur et entrepreneur privé pour le développement des chaînes de valeurs.
LE COVID-19 DICTE SA LOI A LA COMPETITION AFRICAINE
Mamadou Koumé, Babacar Khalifa Ndiaye, Salif Diallo, entre autres observateurs, apportent leur éclairage et donnent leur avis sur cet éventuel report des comptitions africaines
Le report ou décalage de la prochaine CAN de football prévue au mois de janvier 2021 fait de plus en plus son chemin. Souhaité par l’ancien international El Hadji Diouf et entrevu par Me Augustin Senghor, président de la Fédération sénégalaise de football, non moins membre du Comité exécutif de la CAF, le renvoi de la grande compétition semble se préciser dans le contexte d’incertitudes liées à la pandémie du Coronavirus et qui contraint toutes les compétitions à l’arrêt. Devant cette situation, Mamadou Koumé, Babacar Khalifa Ndiaye, Salif Diallo, entre autres observateurs, apportent leur éclairage et donnent leur avis sur cet éventuel report.
BABACAR KHALIFA NDIAYE, ANCIEN CHEF SERVICE DU SOLEIL : «Pour le moment, il n’y a pas péril en la demeure»
L a crise actuelle qui sévit dans le monde, ne laissera pas une grande marge de manœuvre aux compétitions africaines. Après le report des JO, de l’Euro, de gros nuages pèsent sur l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations 2021. Après l’ancien international El Hadji Diouf, c’était au tour de Me Augustin Senghor d’émettre de sérieux doutes sur la tenue de la compétition continentale en 2021 au Cameroun. Toutefois, si le report n’est pas encore acté, les raisons ne manquent chez les observateurs. Et elles tiennent toutes sur les grosses parts d’incertitudes liées à l’évolution de la pandémie du Covid-19. Pour Babacar Khalifa Ndiaye, tout est lié à la crise sanitaire. «Pour le moment, il n’y a pas péril en la demeure. Il reste quatre journées à jouer pour les éliminatoires de la Can. D’après le calendrier international, on peut les jouer un mois avant novembre. Si la situation se règle assez tôt, il n’y a pas de raison que l’on ne puisse pas organiser la Can au mois de janvier et disputer les éliminatoires entre trois et quatre mois. Maintenant, il y a lieu de se demander quand est ce que la pandémie va s’arrêter ? C’est en fonction de l’évolution de la pandémie. Si on aura le temps de jouer les matchs qui restent, il va falloir différer les matchs et reporter la phase finale», indique-t-il. L’ancien chef du service sport du quotidien Le Soleil pense qu’en cas de reprise, la Caf aura toutefois les capacités d’organiser dans les délais la Can en janvier mais en prenant de mesures exceptionnelles. «Il n’y a pas de soucis. Les joueurs vont aller en compétition, jouer régulièrement avec leurs clubs. Ils n’auront pas de temps, mais il faudra s’adapter. Car, à situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles. On a déjà fait les tirages au mois de novembre pour jouer en janvier-février. Ce ne sera donc pas une première. S’il faudra passer par là, il faut le faire car la situation l’exige. C’est un cas de force majeur. Mais il faudra revenir aux normes», confit-il.
SALIF DIALLO, JOURNALISTE AL’APS : «Il y a un manque de visibilité total»
Devant le manque de visibilité lié au contexte, Mamadou Salif Diallo de l’Agence de presse sénégalaise est d’avis que si les compétitions ne se terminent pas entre le mois de septembre et octobre, il n’y aurait pas d’autres alternatives que le report. «Il y a un manque de visibilité total. Personne ne sait quand est ce que la pandémie va s’arrêter. Le mois de juin qui est une date Fifa est déjà arrivé. La CAN a lieu en janvier et non en juin. Il faudra que les éliminatoires soient terminées en septembre ou en novembre. Si les qualifications se terminent et en septembre, le Cameroun aura trois mois pour préparer sa CAN de football. Mais si cela dépasse le mois de septembre, ce sera compliqué. Si on veut être optimiste avec les deux dates Fifa, septembre et octobre, on peut finir les éliminatoires. Parce que l’on peut organiser deux matchs à chaque date Fifa. Il reste quatre matchs de qualifications», relève-t-il. «Je ne vois pas une autre formule. Si on trouve une solution en juin, on peut prendre la deuxième quinzaine du mois de juillet pour s’entrainer. Les championnats vont démarrer en Europe. Si on a la fenêtre en septembre et octobre, on finit les compétitions. Si les éliminatoires sont terminées, c’est possible d’organiser la Can en janvier. Sinon cela risque d’être compliqué. Je ne vois pas la solution», poursuit-il. En outre, le journaliste sportif pense que l’option de Me Augustin Senghor, favorable au report de la Can, reste très sérieuse. «Il faut prendre au sérieux la position de Me Augustin Senghor. Il est le chargé de la Commission qui organise la Can. Il est le principal responsable de l’organisation à part le président de la Caf Ahmad. Si on n’organise pas les éliminatoires en juin et juillet, cela va être compliqué. L’argumentaire de Me Senghor est non seulement solide mais il fait parti du gouvernement de la Caf», conclut-il.
MAMADOU KOUME, ANCIEN PRESIDENT ANPS : «La balle est dans le camp de la Caf qui doit se déterminer»
Le temps pourrait bien jouer en faveur d’un probable report de la Can de janvier 2021. Selon l’ancien président de l’Association nationale de la presse sportive (ANPS), il est tout juste suspendu à un bon aménagement par la CAF des journées des éliminatoires. «Toutes les grandes compétitions sont décalées. Pour ce qui concerne la Can, les équipes devraient jouer les matchs de qualification. Maintenant, on si regarde le calendrier, on se pose la question de savoir est ce que l‘on aura assez de temps pour faire les éliminatoires. Si les fenêtres Fifa ne nous permettent de jouer les quatre matchs, il faudra revoir le mode de qualification. Mais cela pose un autre problème si on change les règles au cours des éliminatoires. On n’aura pas le temps de disputer les quatre matchs ; si je prends par exemple le Sénégal, (deux matchs contre la Guinée Bissau, un contre le Congo Brazzaville et contre le Eswatini),» explique–t-il. Faudra t-il donc opter pour le report ou décaler la Can ?, l’ancien patron de la presse sportive soutient que la balle reste dans le camp de la CAF qui doit se déterminer. «Décaler pour combien de temps ? Pour cela, il faudra tenir compte du calendrier international. Tous les joueurs africains sont impliqués dans les championnats européens. Maintenant est-ce que les clubs et la Fifa vont faciliter cela. La balle est dans le camp de la Caf qui doit se déterminer. Il faudra attendre la fin de cette pandémie. Si la CAF ne réaménage pas le calendrier, on va décaler», avise le président Mamadou Koumé.
LA «FATWA» DES IMAMS
Oustaz Pape Hanne et Imam Amadou Makhtar Kanté s’opposent à la reprise des prières communautaires dans les mosquées en ce mois béni du ramadan comme l’avaient demandé l’Ong Jamra et certains fidèles musulmans.
Pour le mois béni du Ramadan, l’Ong Jamra et certains fidèles musulmans ont demandé la reprise des prières communautaires dans les mosquées, invitant l’Etat à prendre des «mesures d’accompagnement idoines». Mais, pour certains religieux, ce vœu est tout simplement impossible. Pour cause, la pandémie continue de prendre ses aises dans le pays mais également l’Islam est très clair, en cas de pareille situation. Selon le prêcheur à la Tfm, Oustaz Pape Hanne, le Prophète (Psl) recommande aux musulmans de prier chez eux en cas de pandémie, surtout que les prières surérogatoires (appelées chez nous «nafila») ne sont pas une obligation. Quant à Imam Amadou Makhtar Kanté de la mosquée du Point-E, c’est même «irresponsable de parler de retourner à la mosquée» alors que la situation devient de plus en plus grave avec le Covid-19. Il invite les imams à plutôt aller «chercher dans les références de la Charia ce qui nous permet de prévenir cette maladie qui peut être une catastrophe pour le pays».
OUSTAZ PAPE HANNE, PRECHEUR A LA TFM : «En cas de pandémie, le Prophète (Psl) recommande aux musulmans de prier chez eux»
«L’Islam s’est toujours basé sur la Sunna du Prophète Mohamed (Psl). Le Prophète (Psl) a toujours recommandé aux musulmans de ne pas porter atteinte à soi, ni à une autre personne. Les prières surérogatoires en public et dans les mosquées ne sont pas une obligation. Seydina Oumar Ibn Khatab (Rta) est l’initiateur de cette pratique. Cette année, le pèlerinage à la Mecque n’aura pas lieu, pour la 41e fois d’ailleurs. Donc, ouvrir les mosquées n’est pas un choix judicieux. Et, ce que certains disent, faire des rangs avec la séparation d’au moins un mètre entre fidèles, n’est pas conforme aux recommandations divines. Dieu dit que les rangs doivent être serrés en faisant la prière communautaire. Avec le coronavirus, si on dit que la prière dans les mosquées est possible, mais qu’elle doit se faire en gardant une distance entre les fidèles, ce n’est pas conforme à la religion. En pareille situation de pandémie, la recommandation du Prophète (Psl) a toujours été que chaque fidèle fasse ses prières chez lui. Les mosquées peuvent cependant être ouvertes pour diffuser le Saint Coran. Aussi, les Imams peuvent y faire leurs prières. Mais les fidèles, doivent rester chez eux. Si on se base sur la Charia et sur l’exemple du Prophète Mohamed (Psl) et de certains érudits qui ont marqué la religion, il n’est pas recommandé de faire des prières publiques dans les mosquées en cas de pandémie.
Par contre, il y a des figures emblématiques de la religion qui sont aussi pour la prière en commun, malgré le danger. Il y a certains adeptes qui préfèrent tout braver, quitte à perdre la vie. Mais, le Prophète (Psl) a recommandé aux musulmans de se conformer au Saint Coran et à la Sunna. Donc, les prières communautaires peuvent être suspendues car les prières surérogatoires ne sont pas une obligation. Et que les fidèles prient chez eux. Ni le Prophète (Psl) encore moins son premier successeur, Aboubacar (Rta) ont jamais effectué des prières surérogatoires en public. Et beaucoup l’ignorent. La pratique a été instituée par Oumar Ibn Khatab (Rta). Le Prophète (Psl) a toujours effectué ses prières surérogatoires chez lui.»
IMAM AMADOU MAKHTAR KANTE DE LA MOSQUEE DU POINT-E : «Je trouve tout à fait irresponsable de parler de retourner à la mosquée alors que...»
«On a suspendu les prières communautaires sur la base d’un raisonnement scientifique et juridique du point de vue de la Charia tout à fait acceptable et qui a été défendu par la plupart des Oulémas (érudits) qui sont connus dans le monde musulman. Si vous n’êtes pas spécialistes dans la virologie, vous n’êtes pas habilités, même si vous connaissez tout le Coran, à raconter des histoires aux gens. Il faut être sérieux, respecter les gens qui sont compétents dans leur domaine. Ce que les imams devraient faire, c’est plutôt chercher dans les références de la Charia ce qui nous permet de prévenir cette maladie qui peut être une catastrophe pour le pays, si elle atteint une certaine dimension. Déjà, des pays puissants sont à terre, avec des centaines de morts par jour. Ils vont attendre qu’il y ait des cadavres partout dans le pays pour se lever. Je trouve ça irresponsable.
Je pense que les gens ne connaissent pas la nature de la maladie et les risques auxquels on expose notre système de santé. Il y a une bonne partie du personnel de santé qui est touchée. Déjà, on n’a pas de compassion pour ces gens-là. Aujourd’hui, s’il y a une catastrophe autour d’un quartier, dans une mosquée, ce sont ces imams qui vont appeler les autorités de santé publique. Donc, il faut être cohérent dès le départ. Je trouve tout à fait irresponsable de parler de retourner à la mosquée alors qu’au contraire, ce qui se passe actuellement, c’est qu’on commence à avoir des décès, les cas augmentent et la contamination communautaire est encore là. Il y a beaucoup de farceurs dans ce pays, mais je pense que chacun doit farcer avec sa propre vie mais n’a pas le droit de le faire avec la vie de la communauté.
Par contre, un imam sérieux qui connait les références de l’Islam, là où on l’attend, c’est de sensibiliser les populations. Et j’entends rarement les imams le faire. Ils n’insistent pas sur les gestes barrières. Mais ils insistent beaucoup sur le fait qu’il faut retourner à la mosquée. Si on va à la mosquée, on va faire respecter les masques, la distanciation sociale, c’est-à-dire une forme de prière bizarre qu’ils vont nous inventer tout simplement parce qu’ils veulent aller à la mosquée. Dès que tu reconnais qu’il y a une contrainte qui fait que même si on va à la mosquée, on sera obligés de prendre certaines dispositions, cela veut dire que la maladie est là. Pourquoi prendre tout ce risque pour faire une prière alors que la Charia te dit que tu peux faire cette prière chez toi ? Il faut qu’on fasse attention à ne pas tomber dans le populisme religieux qui est très dangereux. Si on laisse faire certains imams, avec certains discours dangereux, et qu’ils commencent à mobiliser des gens pour qu’ils retournent dans les mosquées, ça peut être très grave. Ce n’est pas l’absence de prières dans les mosquées qui a créé la maladie et qui l’a amené au Sénégal.
COVID-19 : Quand des rassemblements religieux accélèrent la propagation
Les rassemblements religieux ont contribué à la propagation de la pandémie du Covid-19 dans le monde. «En France, comme chaque année depuis 25 ans, l’Église Porte ouverte chrétienne organise un rassemblement évangélique du 17 au 24 février à Mulhouse (Haut-Rhin). Plus de 2 000 fidèles venus de France ou d’Allemagne y participent. Plus de la moitié des participants a été contaminée par le coronavirus», rapporte le site Franceinfo. Il ajoute qu’en «Corée du Sud, des cas de Covid-19 sont détectés au sein d’une secte chrétienne dans le sud du pays. Un millier de personnes y étaient réunis les 7 et 8 février ». Selon toujours le site français, «en Iran, les premiers cas sont détectés à Qom, ville sainte chiite visitée toute l’année par des millions de fidèles qui prient collectivement». Pis, précise-t-on, «il y a des pèlerins en provenance du Pakistan, où un grand rassemblement s’est tenu début mars avec des malades du coronavirus recensés». «En Israël, les accès aux lieux de culte ont été restreints et les rassemblements interdits, mais elles ne sont pas totalement respectées par les juifs orthodoxes, qui représentent la moitié des personnes hospitalisées en raison du Covid-19», indique Franceinfo.
LE MEDECIN-CHEF DE BIGNONA SONNE L’ALERTE
Tito Tamba a fait une sortie hier, jeudi, pour asséner ses vérités à l’État en jugeant inopportunes les primes d’encouragement aux personnels soignants au détriment de l’équipement des plateaux techniques
Le médecin-chef du district sanitaire de Bignona dénonce un laxisme coupable de l’État dans la lutte contre le coronavirus. Tito Tamba a fait une sortie hier, jeudi, pour asséner ses vérités à l’État en jugeant inopportunes les primes d’encouragement aux personnels soignants au détriment de l’équipement des plateaux techniques, surtout par rapport à un déficit d’équipements de protections nécessaires pour la prise en charge des malades de Covid-19. La blouse blanche ne valide pas la politique de l’État qui laisse en rade le personnel communautaire.
Ça commence à gronder au niveau des personnels de secteur sanitaire. A l’instar du médecin-chef du district sanitaire de Bignona qui a traité « d’amateurisme » dans une certaine politique menée contre le Covid-19. Dans un message adressé au gouvernement, la blouse blanche a en effet demandé la priorisation des équipements sanitaires de protection au détriment des motivations. Soulignant d’emblée que « Dans le contexte actuel de crise sanitaire mondiale liée au Coronavirus, l’État du Sénégal a pris des engagements devant la nation pour apporter une riposte à la hauteur de la menace », Tito Tamba a loué les efforts produits par la cellule nationale de crise, avant d’observer que « L’heure n’est ni au tâtonnement ni à l’amateurisme encore moins à la politique ».
Soulignant en fait qu’à cette étape de la riposte, il constate une tendance inquiétante du nombre de cas issus de la transmission communautaire ainsi que du nombre de décès liés au Covid-19 dans notre pays, le médecin chef du district de Bignona a cependant relevé que toute action allant dans le sens de la lutte contre cette pandémie doit être minutieusement réfléchie. Pour autant, selon lui, les ressources financières doivent être utilisées à bon escient en fonction des priorités du moment. « Nous apprécions à sa juste valeur l’octroi d’une motivation Covid19 à une partie des prestataires de soins de santé », a-t-il renseigné non sans faire remarquer que « cette frange non valorisée par l’État sénégalais est aussi exposée que les médecins et souvent sans équipement de protection ». Raison suffisante pour lui d’asséner que « le respect de l’équité dans la gestion démocratique du personnel soignant devrait pousser l’Etat à intégrer tout le corps médical ».
D'ailleurs, le médecin considère que cette motivation ne constitue pas une priorité à l’heure actuelle de la lutte. Selon Tito Tamba, à ce jour, les personnels soignants ont besoin d’équipements de protection. « Nous pensons que le renforcement des équipes médicales est nécessaire dans les structures sanitaires. Pour plus d’efficacité dans le dépistage de masse des cas contacts, les kits de prélèvement doivent être disponibles en quantité suffisante. Enfin, toutes ces mesures doivent être accompagnées par le relèvement des plateaux techniques des sites de prise en charge en conformité avec les recommandations de l’Oms». Et de conclure : « pour l’instant, nous sommes préoccupés par l’urgence et la complexité de la riposte. Quand la situation sera sous contrôle, viendra alors le moment idéal de valoriser le personnel soignant en apportant des réponses positives à leurs revendications »
LE SYNDICALISTE CHEIKH SECK «VALIDE» TITO TAMBA
Après le médecin du district sanitaire de Bignona, Tito Tamba, c’est au tour du coordonnateur des syndicats de la santé pour la justice sociale, Cheikh Seck de fixer l’État face à ses responsabilités par rapport à l’insuffisance de matériels de protection pour le personnel soignant. Cheikh Seck appelle le Chef de l’État Macky Sall à «mieux protéger» les agents de la santé qui, selon lui, sont «les acteurs de première ligne». Et sans quoi, dit-il, «cela risque de créer une véritable catastrophe pour ne pas parler d’hécatombe». Le syndicaliste a insisté encore sur le déficit des équipements. « Le matériel n’est pas suffisant… Je vous donne l’exemple de l’hôpital où je travaille. Ici à l’hôpital, nous sommes 632 comme agents et il y a 273 prestataires. Cela veut dire qu’il y a presque 900 agents. Et quand on vous donne 7 000 masques, cela veut dire que le reste, on cible», a expliqué Cheikh Seck. Et de réclamer : «si on pouvait avoir au moins un million de masques qu’on distribuait dans les structures, ce serait mieux»
LA DETTE DIVISE L’AFRIQUE
Annulation ou moratoire ? L’Afrique peine à accorder ses violons sur sa dette afin de faire face à la pandémie du coronavirus.
Annulation ou moratoire ? L’Afrique peine à accorder ses violons sur sa dette afin de faire face à la pandémie du coronavirus. Alors que Dakar plaide pour son annulation, Cotonou par la plume de son ministre de l’Economie et des finances, Romuald Wadagni, démontre dans une tribune publiée par le site jeuneafrique.com, «pourquoi l’allégement de la dette africaine n’est pas une solution». Au niveau sous-régional, alors que Macky Sall a réussi à faire adopter l’appel de Dakar hier, jeudi 23 avril, par treize pays de la CEDEAO, la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), navigue à contre-courant. Dans une interview accordée à Rfi et à France24, la Rwandaise, Louise Mushikiwabo, soutient que «l’Afrique ne veut pas de traitement spécial». «Nous demandons plutôt un moratoire (…) qui va jusqu’en fin 2020 (…) Nous aimerions beaucoup que cette période s’étend jusqu’à la fin de 2021 », a plaidé Mme Mushikiwabo.
ROMUALD WADAGNI, MINISTRE BENINOIS DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES : «L’allégement de la dette africaine n’est pas une solution»
«Les dépenses des États sont appelées à croître rapidement pour contrer la propagation de la pandémie alors même qu’il faut continuer à faire face aux défis du développement. À ce constat, s’ajoute la chute importante des recettes qui vient réduire davantage les marges budgétaires. L’allègement de la dette ou un moratoire constitue dans ce contexte, un appel à l’indulgence des créanciers et n’apporte pas de solutions structurelles aux difficultés des États». C’est l’avis ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni qui s’exprimait dans une Tribune publiée par le site de Jeune Afrique.
Contrairement au Président de la République Macky Sall, il estime qu’un allègement de la dette ou un moratoire pour le paiement des échéances ternira davantage l’image des États et compromettra leur accès aux financements futurs. «Nos pays subiront un effet induit sur la perception de leur qualité de crédit ; ce qui les exposerait à des sanctions ultérieures inévitables de la part du marché. Un moratoire pourrait même être considéré dans certaines documentations de prêt comme un événement de défaut par les créanciers privés, qu’il soit voulu ou subi et quand bien même il ne concernerait que les créanciers publics bilatéraux», a-t-il laissé entendre.
Selon lui, au-delà des agences de notation qui pourraient sanctionner le non-respect d’une échéance de prêt, tous les efforts fournis par nos pays pour améliorer le climat des affaires et la perception de risque présentée dans les classifications de l’OCDE notamment et utilisée pour définir le taux d’emprunt de nombreux prêts, ne seront qu’anéantis.
Par ailleurs, le Ministre des finances béninois a rappelé que les annulations de dettes opérées dans la décennie passée n’ont pas manqué de laisser de mauvais souvenirs. «C’est le lieu de rappeler que les annulations de dettes opérées dans la décennie passée à la suite de l’initiative PPTE, n’ont pas manqué de laisser de mauvais souvenirs tant au niveau des créanciers privés que des prêteurs bilatéraux publics dont certains ne sont d’ailleurs plus jamais revenus financer nos États, si ce n’est par l’octroi de dons», indique-t-il.
Or, au regard de la faiblesse de l’épargne intérieure et du secteur privé, la dette, la bonne, aux meilleures conditions de coût et de durée, est essentielle pour mettre nos économies sur un sentier de croissance soutenue et durable.
Soulignant que les besoins urgents exprimés par l’Afrique se chiffrent à 100 milliards de dollars (dont 44 milliards pour le service de la dette), il pense qu’une nouvelle allocation en Droits de tirages spéciaux du FMI tant débattue devrait être envisagée. Selon lui, elle permettrait d’apporter une réponse rapide et efficace aux besoins des pays les plus vulnérables tout en préservant la soutenabilité de leur dette.
«Cette solution n’est pas nouvelle et fut mise en œuvre avec succès lors de la précédente crise financière mondiale de 2008 où 250 milliards de dollars furent débloqués rapidement. Par ailleurs les importantes liquidités mises en œuvre dans plusieurs grands espaces économiques ces derniers jours sont édifiantes», soutient-il.
LOUISE MUSHIKIWABO, LA SECRETAIRE GENERALE DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE : «L’Afrique ne veut pas de traitement spécial»
«Concernant l’annulation de la dette, moi-même et cette équipe d’Africains internationalistes, beaucoup d’entre nous, des sommités dans le domaine de la finance et de l’économie internationale, nous demandons plutôt un moratoire, un gel sur le paiement de la dette puisque l’Afrique, comme le reste du monde, doit trouver l’espace et le temps de s’adresser à cette question très épineuse de la maladie et puis ensuite remettre ses économies sur les rails.
En réalité, l’Afrique ne veut pas de traitement spécial, l’Afrique veut comme tous les autres grands pays en Europe et ailleurs qui ont pris des mesures économiques importantes, ont même changé des lois pour pouvoir gérer cette crise et ensuite se préparer à remonter leurs économies après la crise. Donc pour nous ce qui est important c’est ce gel si vous voulez. Il y a encore à faire effectivement, c’est ce qu’on a publié dans cette tribune parce que d’abord il faudrait considérer tous les pays africains. Aujourd’hui, ce ne sont pas tous les pays, c’est un bon nombre, c’est un bon début mais cette maladie ne discrimine pas les grands ou les petits, ça se voit même à travers le monde.
Ensuite le moratoire qui va jusqu’en 2020, ce n’est même pas jusqu’à fin 2020, c’est moins d’un an. Nous aimerions beaucoup que cette période s’étende jusqu’à la fin de 2021, ensuite, un échange franc et productif sur le secteur privé africain. Beaucoup de pays ont pris des mesures pour accompagner et faire en sorte que les entrepreneurs et les grandes sociétés à travers le monde puissent ne pas être emportés par cette crise et l’Afrique en a vraiment besoin. Il en va aussi de la nécessité d’emploi.
Beaucoup d’Africains aujourd’hui, surtout dans le secteur informel, se retrouvent sans emploi donc cela aussi une discussion que l’on aimerait voir entre les dirigeants africains et leurs créanciers», a déclaré la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), dans une interview accordée à Rfi et à France24. Louise Mushikiwabo prend ainsi le contrepied du président de la République française, Emmanuel Macron et de son homologue du Sénégal, Macky Sall qui demandent carrément l’annulation de la dette africaine.
LA CEDEAO ADOPTE L’APPEL DE DAKAR
Treize pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont appelé hier, jeudi 23 avril à Abuja à l’annulation de la dette pour faire face à la pandémie de coronavirus. Le sommet extraordinaire par téléconférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO a passé en revue les effets du Coronavirus sur leurs économies.
Le président de l’organisation sous-régionale et président de la République du Niger, Alhaji Mahamadou Issoufou, a souligné les effets dévastateurs du virus sur les populations et les économies des Etats membres. Une déclaration du Secrétariat de la CEDEAO hier, jeudi à Abuja, a indiqué que M. Issoufou a appelé à des efforts de collaboration entre les États membres pour lutter contre la pandémie, qui, selon lui, a déjà fait de nombreuses victimes dans la région et au-delà. Le président en exercice a plaidé pour une annulation totale de la dette des pays africains afin de permettre au continent de survivre à l’ère post-coronavirus.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (RSSG), M. Mohamed Ibn Chambas a également appelé à l’annulation de la dette des pays africains dans le cadre palliatif visant à amoindrir les effets du virus sur leurs différentes économies.
UN SEPTIÈME DÉCÈS DÛ AU COVID-19
Il s’agit d’un homme âgé de 65 ans, mort ce vendredi 24 avril au centre CUOMO sis à l’hôpital Fann
Le Sénégal vient d’enregistrer son septième cas de décès lié au coronavirus. Selon un communiqué du ministère de la Santé et de l’Action sociale, il s’agit d’un homme âgé de 65 ans, décédé ce vendredi, 24 avril 2020, au centre CUOMO sis à l’hôpital Fann.
La victime a rendu l’âme à 11h50, peu de temps après la sortie du ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, qui annonçait en faisant le point de la situation du jour, d’un nouveau cas grave enregistré, avec un patient admis en réanimation.
Par Hakim Ben HAMMOUDA
COVID-19 : CRISE SUPREME DE LA GLOBALISATION ?
La globalisation est au centre des questions, critiques voire même rejets dans cette guerre contre la pandémie.
La pandémie est en train d’opérer des transformations radicales et une remise en cause sans précédent de notre monde. Ce sont nos rapports avec l’autre, avec la maladie, avec le corps et avec le monde qui sont en plein bouleversement, avec aussi une grande part d’incertitude qui est au centre des angoisses et des peurs sur l’avenir.
La globalisation est au centre des questions, critiques voire même rejets dans cette guerre contre la pandémie. Pour beaucoup, cette dynamique présentée par le néo-libéralisme triomphant au début des années 1980 comme une réponse à la crise de l’Etat providence et un moyen pour l’individu d’échapper au monde rigide de la modernité et d’atteindre les joies de la post modernité est remise en cause un peu partout. N’est-elle pas à l’origine de la marginalisation du social dans les politiques publiques et dans les choix de politique économiques ? N’est-elle pas derrière le retrait de l’Etat dans la gestion et la régulation de l’ordre marchand ? N’a-t-elle pas été à l’origine des dérives financières d’acteurs en quête de profit ? N’est-elle pas finalement à l’origine de tous les désordres et des turbulences que notre monde traverse depuis de longues années ?
La globalisation néo-libérale est au centre des critiques et des remises en cause que nous vivons aujourd’hui face à la pandémie. Et, le Covid-19 semble bien annoncer sa crise suprême et le début de la quête d’un ordre global plus solidaire et porté par les valeurs humaines plutôt que par les intérêts individuels et la recherche effrénée du profit et l’appât du gain. Et pourtant cette crise n’est pas la première.
De notre point de vue, la globalisation a traversé cinq grandes crises et mutations profondes qui auraient dû annoncer sa fin. Mais, elle a toujours réussi à se relever et à s’offrir à la face du monde comme l’ordre ultime des temps post-modernes et la seule forme d’organisation sociale et internationale. La première est sans aucun doute la crise financière de 2008. La révision de la notation de Moody’s a été à l’origine de la faillite retentissante du mastodonte bancaire Lehman Brothers le 15 septembre 2008.
La fin d’une ère pour l’un des fleurons de Wall Street, et le début de l’une des plus grandes crises financières de l’histoire du capitalisme et qui l’a mis au bord du gouffre. Cette crise a été à l’origine d’une critique radicale de la globalisation néo-libérale et des dérives financières qu’elle a entraînées et qui ont failli emporter le capitalisme. Cette crise sera à l’origine du retour de l’activisme des Etats pour recapitaliser les grandes banques et les sauver de la faillite, relancer l’économie et échapper à la grande dépression qui s’annonçait et mettre en place les nouvelles règles afin de faire aux dérives des marchés financiers. On pensait que ces grandes réformes allaient sonner le glas de la globalisation débridée et allaient ouvrir une nouvelle page dans l’histoire de notre globalité. Mais, une fois le spectre des faillites en cascades des grandes banques passé, nous avons repris nos habitudes comme si de rien n’était et la globalisation a repris ses droits.
La seconde crise de la globalisation néo-libérale a fait suite aux printemps arabes à partir de janvier 2011. Certes, ces révolutions remettaient en cause l’autoritarisme et la tyrannie toute orientale des régimes arabes. Mais, au-delà des revendications d’une plus grande libéralisation des régimes politiques et l’ouverture de l’ordre politique arabe sur la modernité politique et l’universel des libertés, ces révolutions mettaient en exergue la marginalité et l’exclusion sociale de régimes considérés par les institutions internationales comme des élèves modèles.
Les révolutions arabes vont mettre à l’ordre du jour la question sociale et feront l’une des critiques les plus acerbes de la globalisation qui a accentué les inégalités sociales qui seront au cœur des crises des systèmes démocratiques et de la montée du populisme. Cette critique sera documentée dans différentes études et essais qui deviendront des bestsellers globaux et contribueront à délégitimer la globalisation. Ces critiques seront à l’origine de l’arrivée de la question de l’inclusion sociale et des solidarités.
La troisième grande crise est liée à l’accident nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011. C’était un accident industriel majeur qui s’est produit suite au séisme et tsunami sur la côte pacifique de Tohoku. Cet accident a rapidement mis en lumière les effets dévastateurs de la globalisation sur la nature et la détérioration de notre environnement avec cette course effrénée au productivisme. Certes, les questions du réchauffement climatique étaient depuis quelques années au centre des débats globaux, mais, sans que la communauté internationale ne soit en mesure de lever de grandes résistances et de ralentir le rythme et la vitesse de la globalisation. Or, Fukushima sera à l’origine d’un changement majeur dans le débat global et les impératifs du développement seront au centre de la quête d’une nouvelle globalité respectueuse de l’environnement et de la nature. La quatrième crise est liée à un développement majeur survenu au cours de l’année 2013 avec l’avènement de la Chine comme la première puissance commerciale mondiale avec un poids total dans les échanges mondiaux de 11% dépassant ainsi pour la première fois les Etats-Unis dont la part était de 10,3%.
Certes, la Chine était devenue depuis 2009 le premier exportateur mondial, mais elle va devenir progressivement la plus importante puissance économique mondiale et dans son sillage les nouvelles puissances émergentes dont l’Inde, le Brésil, l’Argentine, la Turquie, l’Afrique du Sud et bien d’autres pays en développement sortis de leur marginalité. L’avènement de ces nouvelles puissances va rompre l’hégémonie occidentale sur la globalisation néo-libérale et l’ouvrir à l’Autre.
Enfin, la cinquième concerne la gouvernance globale et l’avènement du G20 en 2011 suite à la grande crise financière. L’avènement de cette nouvelle institution a montré les limites des formes traditionnelles des mécanismes de coopération internationale de la globalisation néo-libérale dont le G7 et le besoin d’un multilatéralisme nouveau ouvert à la diversité du monde et inclusif pour la marge et les plus faibles. Or, ces nouvelles formes ont été rapidement marginalisées et le G7 a repris ses droits. De même les institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale ont rechigné à faire les réformes nécessaires pour s’ouvrir aux autres nations.
La crise du Civid-19 ouvre une nouvelle dans les crises de la globalisation néo-libérale. Sera-t-elle la plus importante et la crise suprême qui nous permettra de construire un nouveau monde global plus solidaire, inclusif et durable. Ou reprendra-t-elle ses droits dès que la crise du Covid-19 sera dépassée ? C’est de nous que dépendra l’issue à cette crise et de notre capacité à reconstruire le projet démocratique et solidaire mis à mal à travers le monde par l’égoïsme et la vanité du projet néolibéral.
Hakim Ben HAMMOUDA
Economiste et Ancien Ministre de l’Economie et des Finances de Tunisie
LES DONS PARVENUS AU FORCE COVID-19 S’ÉLÈVENT À 298,6 MILLIARDS DE FRANCS CFA
Des institutions, des entreprises, des organisations, des particuliers font partie des donateurs qui ont répondu à l’appel à la solidarité nationale et internationale lancé par l’Etat du Sénégal, dans le cadre de la riposte contre le Covid-19, précise un
Dakar, 23 avr (APS) - Les dons remis au fonds Force Covid-19 s’élèvaient, mercredi 22 avril, à 298 milliards 618 millions 285 mille 771 francs CFA, a-t-on appris de la direction générale du Trésor et de la comptabilité publique (DGTCP).
Des institutions, des entreprises, des organisations, des particuliers font partie des donateurs qui ont répondu à l’appel à la solidarité nationale et internationale lancé par l’Etat du Sénégal, dans le cadre de la riposte contre le Covid-19, précise un communiqué de la DGTCP.
Cet appel à la solidarité nationale et internationale a pour but de susciter ‘’la mobilisation de ressources nécessaires au financement des actions d’endiguement de la pandémie et de soutien aux entreprises et des ménages dans le besoin’’, rappelle le communiqué.
Le ministère des Finances et du Budget a annoncé, le 27 mars, l’ouverture d’un compte bancaire dénommé ‘’Compte spécial fonds coronavirus/Covid-19)’’, auprès de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Ce compte est destiné à recueillir les contributions financières à la lutte contre le Covid-19. Il est ouvert sous le numéro bancaire SN0000100100000006025215/CODE BIC BCEAO : BCAOSNDA.
Les virements effectués de l’étranger (hors UEMOA) doivent être destinés à ce compte.
Pour les transferts effectués au Sénégal et dans les autres pays de l’UEMOA, les contributeurs doivent les destiner au compte N° : SN750 01010 000003683106 74 Code BIC : TRPNSND1. Ce compte est intitulé : ‘’FORCE COVID-19’’.
Les versements en espèces ou remises de chèques sont admis auprès de tous les guichets du Trésor public, partout au Sénégal.
Les chèques sont libellés à l’ordre du Trésorier général du Sénégal Covid-19, précise le communiqué. Il assure que ‘’toutes les contributions se feront contre délivrance d’un reçu bancaire, d’une quittance du Trésor ou tout autre document en tenant lieu pour les versements effectués auprès de ses guichets’’.
Le ministère des Finances assure que les services de la direction générale du Trésor et de la comptabilité publique ‘’restent disponibles à l’échelle du territoire national et dans les missions diplomatiques’’.
66 NOUVEAUX CAS CONFIRMÉS, QUASI-DOUBLEMENT DEPUIS JEUDI
Le nombre de nouveaux cas de coronavirus au Sénégal a presque doublé depuis jeudi, avec 66 nouvelles contaminations enregistrées vendredi par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Dakar, 24 avr (APS) – Le nombre de nouveaux cas de coronavirus au Sénégal a presque doublé depuis jeudi, avec 66 nouvelles contaminations enregistrées vendredi par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Cette augmentation est à mettre en lien dû avec l’augmentation considérable du ‘’nombre de prélèvements effectués par jour afin de permettre l’identification d’un maximum de porteurs asymptomatiques’’.
Sur 528 tests réalisés, "66 sont revenus positifs dont 61 cas contacts suivis et 5 cas issus de la transmission communautaire’’, a précisé le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, lors du point quotidien sur l’évolution de la maladie au Sénégal.
Les cas communautaires proviennent de la Médina, de Mbacké (Diourbel) et de Pout (Thiès), à raison d’un cas pour chacune de ces communes. Les deux autres cas sont issus de Touba.
Abdoulaye Diouf Sarr a annoncé que cinq patients contrôlés négatifs et déclarés guéris, sortiront de l’hôpital ce vendredi.
Il signalé un cas grave parmi les patients sous traitement, lequel a été placé en réanimation. Pour les autres patients, leur état de santé est ‘’stable’’, a-t-il ajouté.
A ce jour, 545 cas tests positifs au Covid-19 ont été recensés au Sénégal, dont 262 guéris. Six patients ont succombé à la maladie, un autre a été évacué en France par ses proches et 276 patients sont sous traitement.
Analysant les cas issus de la transmission communautaire, le ministre de la Santé a déclaré que les commerçants font partie des personnes les plus exposés. Il a indiqué que sur les cinq cas déclarés ce jeudi, quatre exercent cette activité.
C’est pourquoi il a insisté sur le port systématique du masque dans les marchés et autres lieux publics, conformément à l’arrêté du ministère de l’Intérieur.
‘’Les mesures d’interdiction de déplacement interrégion ne sont pas rigoureusement respectées par certains Sénégalais. Cette attitude, au-delà d’exposer leurs auteurs à la maladie, favorise la propagation du virus’’, a-t-il déploré.
Il a encouragé le personnel de santé à tous les niveaux de la pyramide, tout en saluant leur engagement dans cette guerre contre la maladie à coronavirus. A ce sujet, il a demandé à ses services de ‘’renforcer considérablement leurs moyens de protection’’.
Il a enfin exhorté les populations au respect strict des mesures de prévention collective et individuelle.