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20 juillet 2025
DAKAR ET LA HANTISE DU CORONAVIRUS
Depuis l'apparition de l'épidémie, une certaine peur s'est emparée des clients et des vendeurs sénégalais qui travaillent avec les chinois - L'affluence dans les magasins et sur les rues adjacentes de la capitale s'en trouve amoindrie
VOA Afrique |
Seydina Aba Gueye |
Publication 20/02/2020
Le Coronavirus affecte les économies des pays qui entretiennent des liens commerciaux forts avec la Chine. En plus du ralentissement des importations, les enseignes chinoises et leurs partenaires sénégalais sont souvent désertés par des clients apeurés.
Aux Allées Centenaires de Dakar, l'affluence dans les magasins chinois et sur les rues adjacentes n'est pas aussi grande que d'habitude.
Depuis l'apparition du Coronavirus, une certaine peur s'est emparée des clients et des vendeurs sénégalais qui travaillent avec les citoyens chinois.
Khadija Gaye explique qu'elle "a peur quand on entend que les Chinois débarquent toujours au Sénégal". D'après elle, même les clients ont peur, c'est pourquoi "certains mettent des masques pour venir acheter", tandis que "d'autres se contentent juste de rester devant la boutique pour marchander".
Même si aucun cas de coronavirus n'a été détecté au Sénégal, Khadija affirme que les vendeurs du marché chinois de Dakar ne sont "pas vraiment rassurés" parce que "les frontières ne sont pas fermées" et il est "normal" que ça "suscite de l’inquiétude d'autant plus qu'il y a des Chinois qui débarquent jusqu’à présent au Sénégal".
La vendeuse ne cache pas sa "peur" et son "impuissance" face à l'absence de dispositif "visible" de l'État dans ce marché d'habitude très prisé.
Cette peur a fini par avoir une forte incidence sur le chiffre d'affaires des marchands de produits venant de la Chine.
C'est le cas d'Adama Diaw, un marchand qui côtoie les Chinois de Dakar depuis plusieurs années. Il avoue que c'est la première fois qu'il observe un tel ralentissement des activités. "Le rythme du travail a considérablement baissé et bon nombre de nos marchandises en provenance de la Chine commence à se raréfier", confie le vendeur.
Il estime qu'il y a de quoi avoir peur pour les affaires parce que le marché chinois est mondial alors si que leurs produits ne passent plus ça se ressent.
Pour Adama, les grands pays comme les États-Unis et la France ressentent certainement moins alors que pour "les pays comme le Sénégal qui ne vivent que de produits importés", c’est très difficile dans tous les domaines.
Malgré cette baisse du chiffre d'affaires et la présence dans les esprits du Coronavirus, certains vendeurs comme Khadim Diagne gardent espoir et estiment qu'il ne sert à rien de stigmatiser les Chinois vivant au Sénégal. "On n'a pas peur parce qu’au moment de l’épidémie nos collaborateurs n'étaient pas en Chine" déclare-t-il avant de tempérer "il est quand même important de prendre toutes les précautions et bien filtrer les entrées dans le pays".
Pour Khadim, il n'y a aucune raison d’avoir peur. "Certes, je n'ai pas vu de nouveaux entrants chinois dans le pays mais les rumeurs persistent là-dessus et cela peut amener la panique même si on est habitué à les côtoyer quotidiennement", reconnaît le jeune marchand qui pense que "globalement il n'y pas de raison d'avoir peur parce qu'il n'y pas encore de cas confirmés au Sénégal".
Au-delà des interrogations et des polémiques que le coronavirus a soulevées avec notamment la question du rapatriement des 13 étudiants sénégalais de Wuhan, force est de constater que ce virus qui fait des ravages en Chine n'épargne pas les commerces de produits chinois dans la capitale sénégalaise.
LE DÉSASTRE MICHAEL BLOOMBERG
René Lake revient sur le débat télévisé de la nuit dernière entre candidats démocrates aux primaires, marqué par une prestation catastrophique du milliardaire new-yorkais et un Joe Biden plutôt moyen
Joe Biden moyen, Elisabeth Warren incisive, Bernie Sanders serein et surtout un Michael Bloomberg ramassé à la petite cuillière. Pour René Lake, le troisième débat des candidats démocrates aux primaires, a livré de nombreux enseignements intéressants la nuit dernière.
L'analyste politique fait son décryptage au micro de VOA Afrique dans cette tranche matinale de la radio, à partir de la 23è minute.
"NOUS ÉCRIVONS EN FRANÇAIS, MAIS NOUS NE NOUS EXPRIMONS PAS"
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De passage à Bruxelles pour la rentrée littéraire" Raconte moi Cheikh Anta Diop" des Lingeer Belgique en janvier dernier, Boubacar Boris Diop a été reçu à la Radio Campus pour une balade littéraire exceptionnelle. Le journaliste, écrivain et disciple de Cheikh Anta Diop, est notamment revenu sur sa décision d'écrire en langue nationale (le wolof en l'occurence). Une initiative certes difficile, avoue-t-il, mais d'une absolue necessité. " Ecrire en français offre un public plus diversifié mais pas forcément important. Nous ne devons pas nous priver de notre culture pour la simple raison de communiquer entre nous", lance l'éditorialiste de SenePlus à l'endroit de ses pairs écrivains d'Afrique et d'ailleurs.
Retrouvez l'intégralité de l'émission ci-dessous.
LES TRANSPORTEURS ROUTIERS EN GRÈVE POUR DÉNONCER LES RACKETS
« D’une frontière à la capitale, Dakar, il y a presque mille gendarmes, mille policiers et mille douaniers. J’approche, c’est 1000 francs CFA. Tu ne donnes pas, tu es arrêté. »
Entre le prix élevé du carburant, le manque d’aires de repos et surtout les dessous de table demandés lors des contrôles routiers, les conducteurs n'en peuvent plus et exigent des garanties du gouvernement.
Ce 19 février avait lieu le premier jour de grève pour les conducteurs de l’Union des transporteurs routiers du Sénégal. Si le décompte du nombre de grévistes est toujours en cours, le syndicat, qui compte 3000 adhérents, l’assure : il n’y aura pas de reprise du travail tant que leurs exigences ne seront pas satisfaites.
Parmi les douze doléances présentées au gouvernement le 11 février dernier, la première porte sur les contrôles routiers jugés trop nombreux et les pots-de-vin exigés par les autorités.
« Ce que nous avons noté, c'est que d’une frontière à la capitale, Dakar, il y a presque mille gendarmes, mille policiers et mille douaniers, note Gora Khouma, le secrétaire général du syndicat. Donc c’est une façon de racketter, tout simplement. J’approche, c’est 1000 francs CFA [1,50 euro]. Tu ne donnes pas, tu es arrêté. »
Concurrence déloyale du secteur informel
Il y a par ailleurs un nombre insuffisant d’aires de repos. « Le conducteur qui quitte Dakar pour aller jusqu’à Rosso ou bien jusqu’à Bakel [à la frontière mauritanienne, ndlr] ou jusqu’à la frontière du Mali, veut se reposer et dormir, mais on n’en a pas la possibilité, déplore-t-il. Non seulement c’est intenable, mais c’est source d’accident. »
Ces revendications sont portées par les transporteurs de marchandises comme par les conducteurs de transports en commun. Ces derniers dénoncent la concurrence déloyale du secteur informel, mais aussi de la société nationale de transports, Dakar Dem Dikk.
D’abord cantonnée à la capitale et sa banlieue, celle-ci a étendu son réseau à travers le Sénégal en 2017 et vise désormais les pays frontaliers. Le ministère des Transports se dit ouvert à la discussion avec les grévistes, mais il prévient qu'il faudra du temps pour trouver un compromis avec les nombreuses parties prenantes.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
CHEF DE L’ETAT ET CHEF DE PARTI, LA QUADRATURE DU CERCLE
L’histoire politique a montré que chaque fois que le chef du parti délègue certains de ses pouvoirs à un numéro 2, ce dernier est tenté d’en abuser au point de vouloir faire un pronunciamiento au sein du parti
Lors de la 56e session de la commission politique du dialogue national, la question relative au cumul des fonctions de chef de parti et de président de la République a été la principale pomme de discorde entre la majorité, favorable au statu quo, et l’opposition, la société civile et les non-alignés qui prônent la dissociation. Lorsqu’ils étaient dans l’opposition, Macky Sall et Abdoulaye Wade ont toujours prôné la séparation entre les deux fonctions. Mais une fois au pouvoir, ils se rendent compte de la complexité du problème au point de se renier !
L’histoire politique de notre pays depuis 1960 jusqu’à aujourd’hui montre que tous les hommes politiques (Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall) qui se sont succédé à la tête de l’Etat sont à la fois président de la République et président de parti. Le système politique sénégalais est copié de celui de la France qui lui-même est d’inspiration monarchique. C’est ce qui explique que généralement le parti politique, statutairement une association privée d’hommes et de femmes aspirant à la conquête démocratique du pouvoir, est une propriété privée appartenant à celui qui a déployé ses moyens financiers pour le créer. Dans ces conditions, le fondateur du parti devient le principal décideur et le principal bailleur de toutes les activités. C’est ce qui fait que les textes du parti lui octroient des attributions monarchiques qui lui donnent pratiquement droit de vie et de mort sur les militants. Cette omnipotence déteint la plupart du temps sur la démocratie au sein des partis puisque pour les décisions qui requièrent l’avis démocratique de certaines instances, c’est généralement le chef du parti qui les prend à lui seul. Ainsi, c’est le chef omnipotent qui choisit ses députés ou ses maires sans tenir compte de leur représentativité ni de leurs compétences. Encore moins des avis des instances ! Quoi d’étonnant dans ces conditions qu’à l’Assemblée nationale, on assiste souvent au spectacle de hurluberlus qui se lèvent pour dire qu’ils sont les députés du président de la République. Et non du peuple qui les a élus et qu’ils sont censés servir.
Le parti est assimilable à un micro-gouvernement
Si dans certains partis, on déplore le manque de renouvellements démocratiques voire de structuration, c’est parce que le chef et propriétaire du parti se substitue aux instances pour nommer les responsables. Dès lors, le parti est assimilable à un micro-gouvernement où le chef peut nommer et limoger qui il veut. L’exemple le plus achevé de ces partis autocratiques est le Parti démocratique sénégalais (PDS) qui appartient exclusivement à Abdoulaye Wade. Aujourd’hui qu’il n’est plus président de la République, il reste le président de son parti bien que son fils Karim Wade l’ait hérité. Dans l’histoire politique du Sénégal, on note aussi le legs du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (Fsd/Bj) de feu Cheikh Abdoulaye Dièye à son fils Bamba. Au début des années 60, c’està-dire au lendemain de notre indépendance, on notait un partage des responsabilités au sein de l’Union progressiste sénégalaise (UPS) devenue Parti socialiste (PS).
Mamadou Dia neutralisé et embastillé, Senghor a alors pu diriger le parti à sa guise. Sous Diouf, les choses ont fonctionné de la même manière même si l’on a connu aussi la toute-puissance séquentielle de Jean Collin et d’Ousmane Tanor Dieng. Quand le président Macky Sall signait la Charte des Assises, il s’engageait à respecter ses dispositions. Et parmi celles-là, il y avait la dissociation des fonctions concomitantes de président de la République et de chef de parti. Et quand le 28 novembre 2012 le chef de l’Etat Macky Sall, au cours d’une audience, chargeait le président Amadou Mokhtar Mbow d’«organiser une large concertation nationale sur les réformes à mettre en œuvre à court, moyen et long termes, pour doter le pays d’une armature institutionnelle moderne, à la mesure de son ambition de devenir et de rester une grande nation de démocratie », les Sénégalais pensaient que les conclusions de la commission qu’allait créer l’ancien président de l’Unesco allaient être mises en applications. Que nenni ! Le document de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) a été chahuté par les partisans du président Macky Sall, celui-là même qui en avait fait la commande !
Et tous les politiciens apéristes qui s’étaient prononcés sur le document de la CNRI — et souvent en des termes railleurs qui frisaient l’insolence et l’irrévérence — ne prenaient en compte que le seul article 63, alinéa 2, qui dit : « Durant l’exercice de ses fonctions, le Président de la République ne peut exercer aucune fonction dirigeante dans un parti politique ni appartenir à toute autre association». L’explication avancée, c’est que l’Alliance pour la République (APR) est un jeune parti ayant besoin de son chef pour se massifier, se fortifier et se structurer. Pourtant dans les dispositions transitoires, il est clairement indiqué à l’article 153, alinéa 1 que « le président de la République en fonction termine son mandat au cinquième anniversaire de la date de son élection. Seules ne lui sont pas applicables au cours du présent mandat, les dispositions prévues à l’article 63 alinéa 2 ». Ce qui veut donc dire que l’actuel Président n’était point visé par une telle disposition.
Le rejet catégorique de Macky Sall
En voyage en Chine à la sortie du document de la controverse, le président Sall, dans un ton répugnant voire comminatoire, avait déclaré qu’il n’est assujetti ni à une contrainte ni à un délai pour lire et avaliser le document de la CNRI. Par conséquent, il prendra ce qu’il juge bon de ce document. En sus, le député Samba Diouldé Thiam de la mouvance présidentielle lui avait emboité le pas en légitimant la nécessité du cumul des deux fonctions. Voici ce qu’il disait à ce propos : « Une femme ou un homme solitaire n’accède jamais au pouvoir politique. Un président de la République a besoin de s’appuyer sur les forces politiques et sociales qui ont grandement contribué à son élection pour conduire la politique sur laquelle il est élu. Il en a encore besoin s’il est dans les conditions de solliciter un deuxième et dernier mandat. Il ne faut pas se payer de naïveté et imaginer un Président qui « décroche » de son parti ou de la coalition de partis, donc des forces politiques qui ont travaillé pour son élection, en plus des mouvements divers qui se sont mobilisés en sa faveur.
Même si un indépendant est élu a la tête de l’Etat, la première préoccupation qui l’habitera sera de construire un bloc de forces politiques et sociales pour le soutenir durant son mandat, éventuellement pour l’accompagner dans la recherche d’un deuxième et dernier mandat. » Toute cette schizophrénie montre à quel point les hommes politiques, une fois au pouvoir, éprouvent des craintes pour quitter la direction de leur parti. On peut leur donner raison si c’est pour maintenir la stabilité au sein de leur formation politique. L’histoire politique a montré que chaque fois que le chef du parti délègue certains de ses pouvoirs à un numéro 2, ce dernier est tenté d’en abuser au point de vouloir faire un pronunciamiento au sein du parti. Certains disent que le PS a commencé sa pente déclinante quand Diouf a confié ses rênes à feu Ousmane Tanor Dieng en 1996.
Et si Wade a été éjecté du pouvoir en 2012, c’est dû en grande partie à la mainmise voire l’emprise de son numéro deux officieux à savoir son fils Karim Wade. In fine, il est à craindre au niveau du dialogue politique que cette question du cumul qui divise les plénipotentiaires sera transmise au chef de l’Etat pour la décision ultime. Il est peu probable que Macky Sall valide une telle proposition parce que le faire, c’est trahir sa position sur le 3e mandat. Scier la branche sur laquelle il est assis. Bref, la quadrature du cercle.
CUMUL PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET CHEF DE PARTI, UNE SÉPARATION IMPOSSIBLE
C’est presque de l’utopie politique que de croire qu’un chef d’Etat élu au Sénégal va accepter de renoncer à la direction de la formation politique qu’il dirige ou dont il a héritée
C’est presque de l’utopie politique que de croire qu’un chef d’Etat élu au Sénégal va accepter de renoncer à la direction de la formation politique qu’il dirige ou dont il a héritée (cas de Senghor et Abdou Diouf pour l’UpsPs) ou qu’il a créé (cas de Abdoulaye Wade et Macky Sall pour le Pds et l’APR). Au Dialogue national, la majorité politique se braque sur la question du cumul des mandats estimant qu’on ne doit pas y toucher, alors que l’opposition et la société civile veulent qu’à partir de 2024, le président de la République élu ne soit plus chef de parti. Un dialogue de sourds, impossible à résoudre.
Il ne serait pas surprenant que parmi les points qui resteront en suspens lorsque le président Famara Ibrahima Sagna va remettre les conclusions des travaux du Dialogue national au président de la République, figure celui portant sur le cumul des fonctions de chef de l’Etat et de chef de parti. « Nos démocraties en Afrique ne sont pas mûres pour une telle scission. Je crois qu’on est plus dans la cosmétique politique pure maquillée de la politique politicienne cherchant seulement à légiférer sur la tête d’une personne ciblée, or on doit légiférer pour les générations futures » souligne d’emblée l’homme politique Kadialy Gassama.
Et pourtant, aussi bien du côté de l’opposition que de la société civile, on cherche à légiférer pour les générations futures puisque la proposition de la fin du cumul entre Pr et Chef de parti doit s’appliquer pour la présidentielle de 2024. Au sein de la majorité présidentielle, le cumul actuel ne gêne nullement Au contraire ! Pour les représentants de Benno Bokk Yaakar (BBY), c’est pas touche au cumul !
De Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, tous les quatre chefs d’Etat du Sénégal de nos indépendances à nos jours ont géré ce cumul. Le premier, Léopold Sédar Senghor, suite à une divergence avec le président Lamine Guèye a créé en octobre 1948 le Bloc démocratique sénégalais (Bds) à la suite d’une scission avec la Section française de l’internationale ouvrière (Sfio) dirigée par Me Lamine Guèye. Le BDS deviendra plus tard l’Union progressiste sénégalaise (Ups), puis le Parti socialiste. Senghor cumula les deux postes de président de la République et secrétaire général du Parti socialiste jusqu’à son départ du pouvoir en décembre 1980. Son successeur, Abdou Diouf, a suivi le même sillage. Pour asseoir son pouvoir naissant et prendre la tête du PS, il lance la désenghorisation.
Le Sénégal vit pleinement le parti-Etat puisque, sous Abdou Diouf, l’Etat s’était confondu avec le parti. On retiendra cependant la décision du président Abdou Diouf en 1996 de se retirer du poste de secrétaire général du PS pour prendre celui de Président du parti en laissant à feu Ousmane Tanor Dieng le titre de Premier secrétaire lors du fameux « congrès sans débat ». Encore que Abdou Diouf n’avait pas quitté le parti, mais il en avait délégué la gestion quotidienne à Ousmane Tanor Dieng. Troisième président du Sénégal indépendant, le libéral Abdoulaye Wade n’a pas enlevé une seule virgule au cumul chef de l’Etat/chef de parti.
Secrétaire général national fondateur du Pds en 1974, il a dirigé ce parti d’une main de fer jusqu’à son élection à la tête de l’Etat en 2000. Il a cumulé ce dernier et son parti jusqu’à son départ en 2012. Son successeur Macky Sall avait promis de ne pas cumuler les deux. Voulant certainement s’attirer les bonnes grâces de l’opinion et de l’opposition, il avait adhéré sans réserve aux textes fondamentaux des conclusions des Assises nationales sans que le ''Peuple des Assises'' ne réagisse.
Le leader de l'APR, au moment de signer la Charte des Assises et d’intégrer Benno Siggil Senegaal, n'avait émis que deux réserves. À savoir la nature du régime — les « assisards » roulaient pour le régime parlementaire tandis que Macky Sall militait pour le maintien du régime présidentiel — et la question de la transition sur laquelle il n'était pas d'accord, estimant que le président élu doit finir son mandat. Une fois Président, il s’est dédit comme sur la question de la durée de son mandat, en décidant de rester à la fois chef de parti et chef de l’Etat en contradiction avec la Charte des Assises. Laquelle bannit ce cumul. Dans les conclusions des Assises nationales, en effet, il est clairement dit que « le président de la République ne peut être ni chef de parti politique, ni membre d’une quelconque association durant l’exercice de ses fonctions». Le président Macky Sall continue gaillardement de présider les réunions de l’APR même si elles ne se tiennent plus à la salle des banquets du Palais de la République.
Deux alternances malgré le cumul
« Mais où est le problème ? Abdou Diouf a fait le cumul, il a été battu en 2000. Abdoulaye Wade a fait le cumul, il a été battu en 2012. Mais où se situe le problème ? » se demande le socialiste Kadialy Gassama. « Vous savez, on est en Afrique. Nos démocraties ne sont pas encore mures pour prétendre avoir une scission entre le chef de parti et le chef de l’Etat comme dans des pays comme la France ou les Etats-Unis.
La démocratie dans nos pays est encore fragile. Actuellement, la question du 3ème mandat secoue une dizaine de pays africains où les chefs d’Etat sont en train de tripatouiller leurs constitutions rien que pour rester au pouvoir. Regardez en Mauritanie où le président sortant voulait rester à la tête du parti, ce qu’a refusé son successeur le président Ghazouani » souligne notre interlocuteur. Selon l’économiste socialiste, il serait hasardeux de vouloir imposer coûte que coûte un tel schéma de déconnexion des fonctions de chef de l’Etat et de chef de parti à nos démocraties.
En outre, il estime qu’il n’est pas possible pour un président de ne pas continuer détenir l’appareil politique fort qui lui a permis d’arriver au pouvoir. « Dans les principes, bien que le cumul comme être Dg et ministre, président du conseil départemental et maire doive être banni, je ne pense que le cumul entre chef de l’Etat et chef de parti soit gênant. La commission du dialogue politique ne doit pas s’attarder sur cet aspect car ce n’est pas une question trop importante d’autant qu’elle n’impacte pas sur le suffrage universel. Deux chefs d’Etat (Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, Ndlr) ont cumulé les deux postes, et pourtant ils ont été battus par le suffrage universel » explique Kadialy Gassama. Jamais deux sans trois avec Macky Sall ?
FOUNDIOUGNE, UNE COMMUNE A LA RECHERCHE DE SA SPLENDEUR PERDUE
Fondée en 1917, Foundiougne est l’une des plus anciennes communes du Sénégal. Grâce à sa position stratégique sur le Saloum, son port de commerce a joué un rôle de premier plan à l’ère coloniale.
Fondée en 1917, Foundiougne est l’une des plus anciennes communes du Sénégal. Grâce à sa position stratégique sur le Saloum, son port de commerce a joué un rôle de premier plan à l’ère coloniale. En 1940, lors de la bataille de Dakar, le général de Gaulle a utilisé Foundiougne comme point de débarquement discret de ses émissaires clandestins. L’administrateur Marcel Campistron, rallié à la France libre, facilitera leur pénétration et leurs actions de préparation de cette opération dans le territoire. Ville commerciale et historique, Foundiougne a assurément perdu de sa splendeur d’antan pour devenir une ville quelconque…
Et pourtant avec ses énormes potentialités économiques, Foundiougne, pour peu qu’il y ait eu une volonté politique soutenue, aurait pu sortir de sa situation d’une ville sans infrastructure majeure. En effet, l’étranger qui met le pied dans cette ville située dans le Sine Saloum, est frappé par son extrême pauvreté. Même si l’intérieur des maisons est spacieux, celles-ci sont faites de sommaires concessions rustiques. Aucun édifice en hauteur à part la maison du maire qui se distingue des autres par son luxe. Les rues sablonneuses sont désertées par la population à cause d’une chaleur étouffante qui prend possession de la ville dès le matin pour ne laisser place à un peu de tiédeur qu’en début de soirée.
En ce jour de samedi du mois de février, lors de notre passage pour les besoins de la couverture de la coupe du maire, l’impression qui prévaut est que tout Foudiougne s’était réfugié à l’intérieur des concessions où régnait une certaine torpeur qui rendait les humains maussades. Le soleil dardait ses rayons sur les rares personnes qui osaient affronter la canicule. Les arbres qui auraient pu leur offrir leur ombrage sont presque inexistants dans cette ville côtière qui fut l’une des plus vivantes à l’époque coloniale.
Babacar Diamé, maire de Foundiougne depuis 2009 et président du Conseil de surveillance de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), retrace l’histoire de la commune où a étudié le président de la République Macky Sall. « Foundiougne est une ancienne ville qui était, à l’époque coloniale, le chef-lieu du cercle du Sine et Saloum. Lorsque les colons sont arrivés, il n’y avait pas de routes pour aller à Kaolack. Ils sont alors passés par la mer pour venir à Foundiougne en créant leur propre base. A l’époque, il y avait la commercialisation de l’arachide. Tout le bassin arachidier venait à Foundiougne déposer les arachides. Et le produit était acheminé à Bordeaux. Le port de la commune était le 6ème port de l’Aof » !
Foundiougne pleure son passé florissant
Créée en 1917, Foundiougne a célébré en 2017 ses cent ans d’existence. Par sa position, la ville a connu un développement fulgurant eu égard à ses potentialités. Aujourd’hui, elle polarise 17 collectivités locales. Fort gâtée par la nature, cette presqu’île est ceinturée par la mer et des îles du Gandoul. Hélas, malgré ses potentialités, Foundiougne n’a pu tenir après le départ des colons. Son développement ayant connu un arrêt. Le commerce qui faisait vivre la localité se meurt. Son port régresse au détriment de celui de Kaolack qui a pris le relais. Avec les voies routières construites par les autorités sénégalaises, Foudiougne perd ainsi de son point d’accès par la mer au profit de Kaolack.
Toutefois, le maire estime que, tant bien que mal, les choses commencent à bouger depuis l’accession du président Macky Sall au pouvoir. « Foundiougne est en train de connaitre le développement. Il faut reconnaitre que le président de la République Macky Sall, qui a grandi à Foundiougne et y a fait ses classes de CM1 et de CM2, a conscience des potentialités qui existent dans le département de Foundiougne pour avoir vécu dans ce lieu. Etant né à Fatick, il a grandi à Foundiougne. Il faut aussi reconnaitre qu’avant lui, il y avait des gens qui avaient compris la nécessité d’accompagner Foundiougne. Mais malheureusement, Foundiougne a toujours été laissée en rade », se désole le président du Conseil de surveillance de la Caisse des dépôts et Consignations et maire de la ville. Avant de poursuivre : « Maintenant, depuis 2012, les choses ont effectivement repris. Parce que d’abord, il y a les infrastructures qui ont été créées entre Foundiougne et Passy et entre Keur Ndiaye Wally et Sokone. Vous voyez qu’il y a eu un désenclavement. Le président de la République a considéré qu’il faut aller loin, il est en train de construire un pont d’une longueur de 1,300 km, d’une hauteur de 28 m pour un coût de 42 milliards. Il y a le port de NdakhongaFoundiougne d’un coût de 28 milliards qui va s’ouvrir certainement à la fin de l’année 2020. Il y a aussi la plateforme d’hydrocarbures qui permet de stocker tout le carburant qui va arriver et qui permettra aussi de capter le trafic malien. Parce que les Maliens vont à Dakar pour chercher le carburant. A partir du moment où il y aura la livraison de cette plateforme, les Maliens n’auront plus besoin d’aller jusqu’à Dakar, mais viendront à Foundiougne » confie, résolument optimiste, le maire Babacar Dramé.
Le premier magistrat de la ville garde espoir que sa localité connaitra le développement avec le port et le pont en cours de réalisation. Foundiougne, c’est aussi un bastion de l’agriculture, du tourisme et de l’élevage. « Nous avons espoir que le pont qui sera livré au mois de mars 2021 permettra de désenclaver complètement la zone Foundiougne-Ziguinchor, Foundiougne-Gambie, Foundiougne-Guinée etc. Ce sera une bonne chose pour le département et, d’une manière générale, pour le pays », s’enthousiasme-t-il. Avec tout cela, la commune verra sa jeunesse profiter de ses potentialités. « L’emploi des jeunes se fait de manière progressive, tous les chantiers qui sont là sont ouverts aux jeunes. Ils sont recrutés mais il y a des métiers spécialisés pour lesquelles il n’y a pas de personnes formées au niveau local. Indépendamment de ça, il y a des entreprises qui sont des prestataires de services dans le cadre de l’exécution du pont. Ce sont des Chinois, mais ils ont des entreprises sénégalaises qui recrutent des agents. Et avec l’ouverture du pont, il y aura encore davantage d’emplois et cela permettra de booster l’économie du pays. Les femmes et les jeunes vont y travailler. La Der est déjà à Foundiougne pour accompagner les femmes », liste encore, entre autres heureuses perspectives, le maie Babacar Dramé.
Le grand combat de la population, l’eau
A 18 heures, le soleil a fini de darder ses rayons sur Foundiougne. Les « Jakarta » font d’incessants va-et-vient. Le jour de notre visite, la finale de la coupe du maire s’est jouée sur un terrain sablonneux sans tribune. Comme dans un gros village, les supporters ont entouré l’aire sablonneuse, criant et gesticulant. Si une des équipes marque, ils entrent dans le terrain pour jubiler. Les autorités sont assises sur des chaises. Il arrive souvent que le ballon se retrouve sur elles. Modou, sur ses 20 printemps, assis à califourchon sur sa moto discute avec une cliente. « Ici, la quasi-totalité des jeunes conduisent des motos Jakarta. Mais, certains aussi vont travailler comme journaliers au port. La vie n’est pas du tout rose. Mais, le grand problème de Foundiougne c’est l’eau. Nous souffrons de ce manque d’eau », répète le jeune homme avant de filer avec sa cliente. Un trentenaire, un bouquin en main, estime que la commune a des potentialités inexploitées. « Le bilan du maire est mitigé. On ne peut pas dire qu’il n’a pas travaillé, mais il reste beaucoup de choses à faire. Faites le tour des quartiers et vous constaterez par vous-même l’état de la pauvreté. Ne pensez pas en voyant ce pont et le port que la vie est nickel ici. Non ! Les lampadaires sont allumés, il n’y a pas longtemps. Ce n’est toute la commune qui est éclairée. Aujourd’hui, notre grand besoin reste l’eau. Je pense que le maire devrait se battre pour ça » a confié le trentenaire qui demande l’anonymat.
Le maire parle de ses réalisations
« En termes d’accompagnement, nous avons besoin de Promovilles, de la responsabilité sociétale d’entreprise parce que la société qui construit le pont doit pouvoir nous permettre d’avoir au moins une voirie. Parce qu’à Foundiougne, il n’y a pas de voies bitumées. Il serait bon que dans l’activité de réalisation du pont, du port et de la plateforme on puisse avoir une voirie intérieure et ensuite accompagner les jeunes. Pour le sport, on a réservé 4 hectares de terrain pour la construction d’un stade départemental multifonctionnel. Nous voulons aussi construire une arène. J’ai un bilan positif à Foundiougne. Je suis maire depuis 2009. Quand je suis venu, il y avait des difficultés en matière d’éclairage, des insuffisances dans l’éducation parce qu’il fallait construire des salles de classe, il y avait un marché hebdomadaire qu’il fallait créer, et c’est fait. Il y a aussi le campement municipal qu’on a mis en place, deux autos taxi qui sont là qui doivent démarrer pour contribuer au désenclavement de la ville, le nouvel hôtel de ville qui a été construit avec une enveloppe d’une valeur de 200 millions en remplacement de l’autre qui était dans un état de délabrement et qui date de 1917. La ville est éclairée. C’est l’eau qui constitue un réel problème à Foundiougne. On n’a jamais eu d’eau potable. L’Etat a créé un forage à Passy Mitiel. Grâce à ce forage, on est alimenté en eau. Je pense que dans les mois à venir cela va desservir Foundiougne » confie, avec un enthousiasme émouvant à voir, le maire Babacar Diamé.
Par Alioune SOW
DES BOURDES D’AHMAD AU COUP DE GRÂCE D’INFANTINO
Mais où sont donc passés les Diouf, Yaya Touré, Drogba et autres prompts à donner leur avis lorsqu’il s’agit de critiquer un entraîneur ? il n’y a pas mieux indiqué que nos valeureux ambassadeurs pour rappeler à Infantino que l’ingratitude ne paie pas
Ahmad sur lequel les Africains avaient fondé beaucoup d’espoirs a fini en un laps de temps par dévoiler son immaturité pour diriger une organisation de dimension continentale mais aussi sa maniabilité et ses faiblesses, autant de limites que l’infernal Infantino a exploitées pour « trucider » le football africain. Entre dérives et détournements, le président confédéral a prêté le flanc face à une FIFA désireuse d’imposer ses idées au détriment d’une CAF fragilisée.
En « imposant » à la CAF de passer de deux à quatre ans pour son événement phare, le président de l’organe faitière du football mondial s’est lourdement fourvoyé et court le risque de voir l’Afrique lui tourner le dos. Derrière la mise sous tutelle de la confédération africaine de football se cache l’improbable ambition de placer Fatoumata Samoura à la tête de cette dernière se débarrassant au passage d’une secrétaire générale encombrante pour l’égérie du football mondial. Peu importe la vérité ; le fait est que le football africain à travers les dérives de ses dirigeants et l’ambition démesurée du président de la FIFA est en grand danger.
Les dérives d’Ahmad
Ahmad Ahmad, le président de la CAF, est décidément intenable. Après l’épisode de la CAN 2019 retirée au Cameroun puis attribuée à l’Egypte s’étant bien terminé, que s’est-il donc passé dans la tête de ce dernier pour « promettre » à l’Algérie victorieuse de la compétition l’organisation de l’édition 2021 pourtant dédiée au Cameroun. La sortie rocambolesque du président de la fédération algérienne de football annonçant que son pays était en mesure d’organiser une coupe d’Afrique encore meilleure que ce qui a été fait jusqu’à maintenant vantant les mérites de ses installations à contribuer à semer le doute dans les esprits les plus sceptiques. A y regarder de près, le différend entre l’actuel patron du football africain et son prédécesseur n’est pas assaini. La confédération africaine de football serait elle devenue une tribune pour règlement de comptes. Ahmad, on l’a senti à travers ses propos souvent peu amènes tenus à l’encontre de Issa Hayatou, n’est pas satisfait d’avoir seulement éjecté le dinosaure de son fauteuil mais entend bien l’humilier. La rancune est tenace, on le sait mais s’est-on posé la question de savoir jusqu’où peuvent mener ces diatribes.
L’entêtement du patron du football continental à persister dans cette voie malgré son statut a déjà fait beaucoup de mécontents. C’est un secret de polichinelle de dire de la CAF qu’elle est divisée en son sein à tel point que pro-Hayatou et pro-Ahmad ne se font plus de politesse. Du reste le malgache aurait dû se faire une idée de la dangerosité de la situation depuis que son ex secrétaire général l’a balancé à la police française, raison de son interpellation à quelques encablures de la Can en Egypte. Au péril de ses dérives, Ahmad s’est fourvoyé au point que la FIFA, inquiète, s’est sentie obligée d’intervenir afin d’éviter une implosion du football africain.
Infantino, véritable sapeur- pompier pyromane, s’est vu dans l’obligation de lâcher celui -là même qu’il avait poussé dans l’arène pour écarter l’ancien dirigeant camerounais. Les exactions du président Ahmad sont multiples. A l’aube de son parachutage à la tête du football africain, il promet de travailler sans salaire, on découvre aujourd’hui qu’il s’est octroyé un salaire digne des dirigeants des grands groupes industriels ou bancaires. De sa promesse de combattre la corruption qui gangrène le football africain, il a fait une maxime pour mieux l’installer et de manière plus pernicieuse.
Imaginer, notre Ahmad continental n’a pas trouvé mieux que d’octroyer à chaque –président- de fédération la coquette somme de cent mille dollars pour dit-il recevoir ses invités. Le droit de champagne dit-on dans le milieu. Si ce n’est pas acheter le silence de l’autre ça y ressemble beaucoup. En retirant la Can 2019 au Cameroun, il a littéralement bousculé le calendrier établi au préalable qui attribuait celle de 2021 à la Côte-d’Ivoire et celle de 2023 à la Guinée. Cette cacophonie a failli finir devant la justice sans le sens élevé de la diplomatie du président ivoirien. Prendre la responsabilité de virer manu militari son secrétaire général à la veille d’une grande compétition comme la coupe d’Afrique, connaissant sa maitrise des dossiers mais surtout son affiliation inconditionnelle à Hayatou, ressemble beaucoup à un manque de tact. La goutte qui fait déborder le vase est venue de la finale de la CAF champion’s league.
D’abord en descendant sur le terrain, le patron du football africain commet un délit d’initié. Quelle que soit la complexité de la situation, il y a un commissaire de match, un délégué CAF et le patron des compétitions donc, descendre sur le terrain au risque de se faire bousculer et insulter comme il l’a été par des officiels tunisiens pose problème. Du reste, jusqu’à présent, aucune sanction n’a été prononcée contre quelconque dirigeant parmi les fautifs. Ensuite, il était convenu au départ de la présence de la VAR. Prétexter une panne avant ou pendant le match, parait léger comme excuse. D’autant qu’on sait que l’Espérance n’en était pas à son premier coup pour ce qui concerne de pourrir la situation quand cela s’impose.
La décision du tribunal arbitral du sport de prendre à contre-pied la décision du président de la CAF de faire rejouer le match final complique la situation. En arguant le fait que la décision revient au comité exécutif et non au président, cela remet en cause la validité de toutes les décisions précédentes prises par le président en solo et attribuées au comité exécutif souvent réduit en une simple entité de validation. Cette décision du TAS laisse la porte ouverte à des plaintes susceptibles de plonger le football africain davantage dans le flou. On se demande encore comment après que la commission d’arbitrage de la CAF a désigné Monsieur Gomes pour diriger la finale entre l’Algérie et le Sénégal, on s’est retrouvé avec Monsieur Alioum comme ultime sifflet de la compétition. Les récentes pirouettes du président ajoutent à l’inquiétude générale. Ainsi le déplacement de la CAN de juin à janvier qui ressemble fort bien à une injonction de la Fifa soucieuse de faire place à sa future coupe du monde des clubs. Hormis le fait que cette décision bouscule le calendrier international, elle remet en cause la nécessité du championnat d’Afrique des nations (CHAN) qui aux dernières nouvelles est proposée à disparaitre du calendrier de la CAF
Le coup de grâce de la FIFA
Lorsqu’il s’est agi d’écarter le dinosaure Hayatou, le rusé président de la Fifa a jeté son dévolu sur l’anonyme Ahmad président de la fédération malgache. Ce dernier, faut –il le rappeler, venait de se voir retirer l’organisation de la coupe d’Afrique des cadets, il nourrissait donc une certaine forme de haine à l’encontre de son prédécesseur. Infantino dès lors, s’est ouvert le chemin pour d’une part mieux contrôler Ahmad d’abord en laissant la justice française humilier ce dernier puis, dans la foulée, mettre la CAF sous tutelle. En cette veille de CAN, Infantino n’était pas obligée de prendre cette décision, encore moins de mettre sa secrétaire générale au - devant de la scène si ce n’est l’éloigner des arcanes de la Fifa tout en la préparant pour une éventuelle candidature à l’élection de l’année prochaine.
En intimant l’ordre à la CAF de moduler la périodicité de sa compétition phare, Infantino s’est complétement fourvoyé et à verser totalement dans le néocolonialisme. Cette manière condescendante de s’adresser au gotha du football continental a réveillé certains égos mais pas plus. Car en réalité, Infantino tient en otage les présidents de fédérations africaines sujets pour la plus part à des détournements de fonds notamment ceux alloués par la Fifa. Lors de la remise du rapport de Madame Samoura sur la gestion globale de la CAF, il a été très peu question des finances. La stratégie développée pour faire filtrer la disparition de sommes importantes- on parle de vingt - cinq millions de dollars- quelques jours seulement après la remise du rapport montre le cynisme du patron du football mondial. La sortie maladroite et insensée du vice-président de la CAF, l’inénarrable président de la fédération congolaise démocratique Constant OMARI, illustre éminence grise du président Ahmad, traduit une certaine forme de panique qui est en train de s’installer au sein de la famille du football africain. En accusant indignement certains caciques du milieu, il cherche à déplacer le problème. A y regarder de près, la CAF a toujours été sujette à des crises mais jamais à ce niveau.
Et le patron du football mondial fort vicieux a volontairement induit les dirigeants africains à des dérives qui aujourd’hui les mettent sous son contrôle. Après avoir déplacé la CAN, la prochaine étape sera l’acceptation de modifier la périodicité de la coupe d’Afrique des nations au détriment d’une coupe du monde des clubs faite sur mesure pour enrichir davantage les clubs européens. Derrière cette pratique diabolique se cache aussi l’envie de satisfaire les clubs européens soucieux de garder davantage leurs joyaux africains. Le plus inquiétant dans tout ça reste le mutisme total des grandes vedettes du football africain.
Le seul Samuel Eto'o s’est aventuré à donner son avis qui du reste honore son statut. Mais où sont donc passés les El Hadj Diouf, Yaya Touré, Didier DROGBA et autres prompts à donner leur avis lorsqu’il s’agit de critiquer un entraineur ? Les récentes tentatives de donner plus de responsabilités aux anciens footballeurs ne doivent pas justifier leur mutisme car c’est le football du continent qui est en danger. Et il n’y a pas mieux indiqué que nos valeureux ambassadeurs pour rappeler à Infantino que l’ingratitude ne paie pas. En attendant, nous autres Africains devons nous solidariser pour dire non à la CAN tous les quatre ans.
Par Babacar LEYE
LA CONSIGNE SUR LES BOUTEILLES PLASTIQUES, UNE AUGMENTATION DEGUISEE DES PRIX ?
La loi instaure une consigne sur les bouteilles en plastique. Cela veut dire qu’en plus du prix d’achat, l’acheteur doit remettre une autre somme au vendeur.
Le Gouvernement a adopté une loi qui entrera en vigueur le 20 avril prochain et qui interdit l’usage de certains produits fabriqués à base de matière plastique, en vue de préserver l’environnement. Les conséquences sociales risquent d’être dramatiques.
Les micro- industries produisant de l’eau en sachets vont disparaître, avec des pertes d’emploi, les jeunes hommes et femmes qui vendent ces sachets d’eau vont devoir chercher un autre travail. Les organisateurs d’évènements familiaux (mariage, baptême, décès…) ne vont plus avoir la possibilité d’offrir à leurs hôtes de l’eau ensachée. Ce qui a jusqu’ici constitué une pratique hygiénique sans faille. Qu’est qu’on offrira aux hôtes si les sachets d’eau, les tasses, verres à jeter…sont interdits.
Va-t-on retourner au système qui consistait à mettre dans une tente une grande bassine d’eau glacée avec un ou deux pots que tout le monde doit utiliser pour boire ? A côté de toutes ces questions sans réponse, la loi instaure une consigne sur les bouteilles en plastique. Cela veut dire qu’en plus du prix d’achat, l’acheteur doit remettre une autre somme au vendeur.
A titre d’illustration, le client achète une bouteille de 1,5 litre et paye au boutiquier 400 FCFA, il doit en plus donner une consigne, par exemple de 10 FCFA. Cela reviendra à 410 FCFA versés. Pour arriver à ce système le ministère a fait la comparaison avec les bouteilles en verre d’un fabricant de boisson. Mais là, le fabricant ne vend que le contenu et pas la bouteille. Celle-ci une fois revenue est rincée, stérilisée et réutilisée. Or la valeur de la bouteille en plastique est contenue dans le prix de vent
e. Donc l’acheteur en est propriétaire. Pourquoi donc payer une consigne sur un bien qui vous appartient. Si une telle mesure est appliquée, les prix de vente actuels des bouteilles doivent forcément baisser. Les associations de consommateurs doivent être vigilantes. J’achète 30 bouteilles d’eau minérale de 1,5 litre par mois, et après usage je les garde pour les offrir à des femmes qui sont dans la fabrication de jus locaux. Donc je ne peux retourner ces bouteilles à mon boutiquier. Je vais en mission à l’intérieur du pays. En cours de route, j’achète des bouteilles d’eau et je paye une consigne et c’est sûr qu’après usage, je ne vais pas les transporter pour les remettre au boutiquier. La consigne laissée risque d’être un gain sans cause pour ces boutiquiers.
Par ailleurs quel papier ceux vont me remettre pour que je puisse prouver que ces bouteilles sont achetés chez eux, vu l’informalité de leurs activités. Quid des supermarchés ? La lutte contre le péril plastique est d’abord personnelle. Au lieu d’adopter des lois et de réprimer, il faut conscientiser la population, par des spots télé, radio. J’ai entendu le ministre de l’environnement dire que ce que le Rwanda a réussi, le Sénégal peut le réussir. Ce qu’il semble oublier c’est que nous avons une population qui n’est pas disciplinée.
Le Rwandais ne jettera pas une matière plastique par ce qu’il encourt une peine mais c’est par conscience personnelle, il sait qu’il ne doit pas le faire. Commençons par mettre des poubelles un peu partout et sensibilisons la population, par des spots permanents dans les radios, télés, journaux. Des affiches etc. C’est dix fois plus efficace que la répression pécuniaire ou pénale.
Babacar LEYE
Parcelles Assainies
LE PARC ÉOLIEN DE TAÏBA NDIAYE A FAILLI ÊTRE PLOMBÉ PAR LES LOURDEURS ADMINISTRATIVES
"Au niveau de l’administration, les obstacles n’ont pas manqué, liés surtout à l’octroi de l’agrément et l’autorisation pour l’ouverture d’un compte offshore"
La première phase du projet du Parc Eolien de Taïba Ndiaye (PETN) est désormais opérationnelle, avec une production de 50 MW. D’ailleurs, elle sera inaugurée ce lundi 24 février 2020 par le président Macky Sall. La production du parc va à terme accroître la production nationale de 15%, mais selon Alé Lô Maire de Taïba Ndiaye, par ailleurs Vice-président à l’Assemblée Nationale, le chemin a été long et parsemé d’embûches, à cause des lourdeurs administratives.
Le Parc Eolien de Taïba Ndiaye (PETN), réalisé par l’entreprise Lekela, aura à terme une capacité de production de 158,7 MW dont 50 MW, pour la première phase qui sera inaugurée le lundi 24 février 2020 par le Président Macky Sall. D’un coût de 200 milliards de Fcfa, et qui s’inscrit dans le cadre du Plan Sénégal Emergent(PSE), le Parc a ainsi commencé à produire de l’énergie propre, fiable, ce qui augmentera de 15% la capacité de production d’électricité du Sénégal.
A terme, il représentera à lui seul plus de la moitié de l’énergie renouvelable du pays. Le projet est important, mais force est de reconnaître, selon Alé Lô Maire de Taïba Ndiaye, par ailleurs Vice-président à l’Assemblée Nationale, que les premières démarches ont été très difficiles. Il ajoute que le projet a aujourd’hui fait du chemin, mais au départ, il n’y avait que l’idée de projet. Et au niveau de l’administration, les obstacles n’ont pas manqué, liés surtout à l’octroi de l’agrément et l’autorisation pour l’ouverture d’un compte offshore ; des aspects qui ont failli plomber l’initiative. C’est ainsi que tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays ont hérité du dossier. A l’époque, dit-il, beaucoup de bailleurs intéressés par l’investissement avaient finalement désisté à cause des lenteurs administratives. Mais, dit-il, le conseil rural de l’époque y avait cru et c’est dans ce cadre qu’il avait prononcé une délibération portant sur 42 ha pour porter le projet, et attendre des années pour se faire indemniser.
Pour le Maire Alé Lô, le projet est devenu aujourd’hui une réalité et bien qu’il soit le dernier né dans le périmètre communal, il a posé des actes dépassant largement toutes les attentes, en faveur des populations et déjà en phase de construction. C’est ainsi qu’un marché à été construit à Mbayène, mais aussi Taïba Ndiaye, sans compter l’appui aux jeunes, aux femmes, la clôture du lycée. Toujours dans le cadre de la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE), le Maire de Taïba Ndiaye renseigne qu’une Organisation Non Gouvernementale (ONG) sera mise en place, pour servir de cadre formel d’accompagnement des populations locales dans les domaines de la santé, de l’éducation, pendant les 20 prochaines années. D’ores et déjà, dit-il, les impactés ont bénéficié de surfaces pour des activités de maraîchage et cette démarche va servir de levier, pour mettre en mouvement la volonté d’orienter les jeunes vers les techniques modernes d’exploitation agricole. Il a tenu ces propos hier, à l’occasion de la cérémonie d’inauguration de la salle informatique de dernière génération, construite au Lycée de Taïba Ndiaye qui compte 1 537 élèves, par le Parc Eolien de Taïba Ndiaye (PETN).
Pour Cheikh Tidiane Keita Proviseur du Lycée, cet investissement intervient au moment où, de moins en moins, les parents viennent à l’école pour s’enquérir de la scolarité de leur progéniture et très peu d’entreprises de la place sont sensibles au sort des enfants. Cette indifférence, dit-il, est incompréhensible d’autant plus qu’il n y a pas d’avenir plus sûr pour nos enfants que l’école. Dans un tel contexte, il est aisé, à ses yeux, de mesurer à sa juste valeur la portée de l’investissement consenti par le parc éolien, et qui est essentiel pour des enseignements-apprentissages de qualité.
A L’ORIGINE DU LYCEE, UN FINANCEMENT DE 150 MILLIONS, DESTINE A L’ERECTION D’UN HÔPITAL
En construisant cette salle informatique de dernière génération, dit-il, le parc a misé sur l’avenir des enfants et cette démarche devrait inspirer toutes les autres entreprises, au profit de l’école. La salle dispose d’un parc de 32 ordinateurs fixes, 2 vidéos projecteurs, 2 caméras, 2 écrans géants, une photocopieuse, 4 climatiseurs, 4 caméras de surveillance, etc. Selon Massaër Cissé Directeur Général du Parc Eolien de Taïba Ndiaye, l’outil, d’un coût d’une cinquantaine de millions de Fcfa, mis à la disposition du lycée de Taïba Ndiaye, entre dans le cadre de l’impact social du parc de Taïba Ndiaye. Pour lui, l’éducation est la base de tout développement, et avoir accès à une salle informatique de ce genre permettra aux enfants de Taïba Ndiaye de sortir de ce lycée avec les bases académiques nécessaires, pour un développement local durable. Selon le Maire Alé Lô, le lycée a été construit à partir d’un financement de la communauté rurale de l’époque, qui était initialement destiné à la construction d’un hôpital à hauteur de 150 millions de Fcfa. Ce qui n’était pas possible, Taïba Ndiaye étant à moins de 15 kilomètres de Tivaouane et moins de 15 kilomètres de Mboro. C’est ainsi que des démarches ont été faites pour orienter les fonds vers la construction d’un lycée, avec l’accord de la coopération française. « Et depuis lors, même si le lycée ne fait pas partie des compétences de la commune, nous ne nous sommes jamais prescrit le droit de ne pas l’accompagner », souligne-t-il.