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27 septembre 2025
"N'EÛT ÉTÉ LE NON DE LA GUINÉE, LE SÉNÉGAL SERAIT UN TERRITOIRE FRANÇAIS"
Plus jeune prisonnier politique du Sénégal sous Senghor, Dialo Diop revient dans cet entretien sur les conditions d'acquisition de l'indépendance du pays
Plus jeune prisonnier politique du Sénégal sous Senghor, Dialo Diop revient dans cet entretien sur les conditions d'acquisition de l'indépendance du Sénégal.
M. Diop, frère de l'activiste sénégalais Oumar Blondin Diop, est aussi l'ancien secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), formation politique fondée par le savant Cheikh Anta Diop,
Il dénonce la Françafrique et déclare que le processus d'indépendance n'est pas encore achevé.
A-t-on donné à l'Afrique une réelle indépendance en 1960?
60 ans après l'accession des pays africains à leur souveraineté, le Dr Dialo Diop est interrogé par Rose-Marie Bouboutou, Maxime Domegni et Alassane Dia.
DES CHERCHEURS SÉNÉGALAIS TRAVAILLENT À UN INDICE DE SÉVÉRITÉ DU COVID-19
Dans ses photographies hebdomadaires, le BPE classe pour l’instant plusieurs pays africains – dont le Sénégal – dans le haut du panier à l’international, alors que certains pays occidentaux comme le Royaume-Uni, les Pays Bas sont en queue de classement
Jeune Afrique |
Manon Laplace |
Publication 23/04/2020
Au Sénégal, le Bureau de prospective économique travaille à l’élaboration d’un indice de sévérité du Covid-19, faisant le pari des statistiques pour tirer les leçons de la gestion mondiale de la crise.
« Tirer les leçons » de la gestion de la pandémie de Covid-19, pays par pays, grâce aux statistiques. C’est l’ambition du Bureau de prospective économique (BPE) du Sénégal, rattaché au Secrétariat général du gouvernement. Depuis le début du mois d’avril, le BPE planche sur l’élaboration d’un “indice de sévérité du COVID-19″ au niveau mondial.
Depuis sa création en 2018, le Bureau a déjà mis sur pieds plusieurs indicateurs, censés mesurer, entre autres, le niveau d’émergence économique d’un pays ou la qualité de vie. Aujourd’hui, il propose un classement hebdomadaire des pays du monde en fonction des résultats atteints dans leur gestion de la crise sanitaire qui secoue le monde entier depuis plusieurs mois. Un exercice statistique qui s’appuie notamment sur les taux d’infection, de décès et de guérisons, afin de déterminer quels sont les pays les plus sévèrement atteints par le Covid-19, puis d’examiner mathématiquement les facteurs de résilience, et comprendre pourquoi certains pays sont plus résilients que d’autres.
Dans ses photographies hebdomadaires de la sévérité du COVID-19 au niveau mondial, le BPE classe pour l’instant plusieurs pays africains – dont le Sénégal – dans le haut du panier à l’international, alors que certains pays occidentaux comme le Royaume-Uni, les Pays Bas et les États Unis sont en queue de classement.
Pour Jeune Afrique, l’ingénieur-statisticien et économiste Moubarack Lô, directeur général du BPE et co-concepteur de l’indice, avec Amaye Sy, revient sur la méthodologie, l’évolution et la fiabilité des résultats, l’indépendance des travaux ou encore les limites d’une analyse purement mathématique d’une crise sanitaire.
Jeune Afrique : Quel est l’objectif de cet indice de résilience des pays face au coronavirus ?
Moubarack Lô : C’est un indice à deux niveaux : d’abord, on mesure la sévérité de l’épidémie dans le pays en fonction des infections, des guérisons et des décès. Ensuite, on étudie les facteurs de résilience.
Un indice permet de synthétiser le flux d’informations et de données concernant l’épidémie en un indicateur unique. Cela permet de classer les performances des pays et de tirer les leçons des succès et des échecs de chacun. Que font les pays qui s’en sortent face à ceux où la crise est moins bien gérée ? Quels facteurs structurels et conjoncturels ont fait la différence ? C’est la première fois depuis la grippe espagnole de 1918 qu’une épidémie atteint le monde entier au cours d’un même trimestre. Il faudra tirer des leçons de tout ça.
Nous avons élaboré un papier de recherche relatif à cet indice et nous l’avons soumis, pour publication, au Policy Center for the New South, basé au Maroc, où je sers comme Senior Fellow.
Sur quels critères basez-vous vos calculs concernant la résilience ?
Nous avons sélectionné une quantité élevée de variables candidates, structurelles ou conjoncturelles, comme la qualité du système de santé, l’âge des populations, la stratégie d’identification des cas, de dépistages… D’autres ont été écartées, comme le total de cas par pays, certains pays ayant commencé à comptabiliser tardivement. Nous ne regardons donc que les nouveaux cas chaque semaine.
Les variables utilisées ne sont pas figées. La méthode est évolutive et en construction, d’ici peu nous devrions être fixés sur les variables les plus significatives. L’utilisation ou non de la chloroquine sera également étudiée, afin de savoir s’il s’agit d’un facteur déterminant.
Classer les pays du monde en fonction de leur gestion de la crise ne suppose-t-il pas que le scénario de propagation du virus soit le même partout ? Ce qui semble ne pas être le cas…
Nous ne maîtrisons pas la propagation du virus. L’idée n’est pas de créer un modèle de prédiction de sa propagation mais de se concentrer sur la gestion des cas confirmés.
Une méthode purement mathématique n’exclut-elle pas un certains nombre de facteurs humains, d’interprétations scientifiques ?
Nous avons une approche scientifique, pas intuitive. Il s’agit de vérifier mathématiquement des intuitions : sur le port du masque, le déconfinement, le dépistage massif, le climat… Qu’est-ce qui marche réellement ?
Au-delà de l’équipe de quatre statisticiens du BPE vous ne collaborez donc pas avec des médecins, des épidémiologistes ?
Si l’indice est purement statistique, la littérature qui découlera de nos travaux elle, sera davantage soumis à interprétation. Nous consulterons des spécialistes, des épidémiologistes, ou encore des sociologues.
Pourtant, vous mentionnez « la culture nationale » dans les critères structurels que vous évoquez dans le calcul de l’indice. Comment un élément comme celui-ci peut-il s’intégrer dans un modèle statistique ?
Effectivement, ce type de variable est difficile à quantifier. La culture nationale implique notamment le degré de discipline et d’acceptation des directives, des éléments qui serviront dans la littérature découlant de nos travaux. Il faut rappeler que l’élaboration de cet indice est toujours en travaux, certaines notions restent à affiner.
Dans vos premiers classements, le Sénégal apparaît dans les premiers rangs. Dans le dernier, publié cette semaine, il est douzième mondial…
Cela nous a surpris. Ce qui semble sauver le Sénégal, c’est son taux de guérisons exceptionnellement élevé. On ne sait pas si un pays fait mieux aujourd’hui. Le pays a très tôt suivi les méthodes du professeur Raoult et je pense que ce n’est pas un hasard. Il ne compte également que six décès sur 442 cas, à la date du 22 avril, c’est très peu.
Vous êtes une agence gouvernementale, comprenez-vous que cela puisse créer une forme de suspicion ?
En tant que statisticiens, nous travaillons sans état d’âme. Nous sommes une agence gouvernementale mais nous avons une ligne éditoriale purement scientifique. Si le gouvernement sénégalais est le premier destinataire de nos enseignements, il s’agira d’un capital savoir utile au monde entier.
Avec le Sénégal, les pays africains qui s’en sortent le mieux, selon votre classement, sont la Mauritanie, le Togo, le Bénin et le Burkina Faso. Des pays occidentaux comme le Royaume-Uni, les États-Unis et les Pays Bas figurent dans le bas du classement. Leur système de santé n’a pourtant rien de comparable, leurs moyens de réponses non plus…
La Mauritanie compte officiellement sept cas, dont un décès et deux guérisons, c’est ce qu’il faut prendre en compte. C’est mathématique. Un pays peut avoir un bon système de santé, et une mauvaise stratégie. En France, il n’y a pas eu de stratégie de détection précoce. Au Sénégal on a un système de santé moins bon, mais la stratégie mise en oeuvre semble permettre d’éviter une situation où il aurait été extrêmement éprouvé. Tout le contraire de la Nouvelle Zélande, où le virus est le moins sévère et qui est donc le premier pays au niveau mondial à la date du 18 avril.
Les pays européens et les États-Unis ont pris des mesures tardivement, ce qui n’est pas le cas de l’Afrique qui a fermé ses frontières alors que les cas étaient encore peu nombreux. Si l’Afrique résiste, les leçons serviront aux pays qui se sont laissés surprendre alors qu’ils avaient bien plus de moyens pour gérer la crise.
Quels sont les premières limites auxquelles est confronté votre modèle statistique ?
Pour l’heure, la collecte de données est l’un des principaux problèmes. Certains pays n’avaient, jusqu’à récemment, pas le matériel pour faire leurs propres tests, comme la Somalie qui envoyait ses prélèvements au Kenya. D’autres sont soupçonnés de manipuler leurs données, comme la Biélorussie ou la Chine. Ce qu’ils récusent.
Justement, comment établir des statistiques fiables sur la bases de données fournies par des États, dont certains manquent de transparence ou biaisent les chiffres ?
Nous nous fions aux données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais ce qui nous intéresse ce n’est pas un pays en particulier mais un enseignement global sur les bonnes pratiques, les bonnes politiques. En plus des conclusions globales, il y aura des zooms régionaux, qui permettront de dégager des facteurs de résilience. Si des pays donnent des informations trop parcellaires, ils seront écartés. 10% de données de pays pas fiables, c’est une marge d’erreur qui ne gênera pas les conclusions globales.
Comment peut-on classer des pays où l’épidémie est apparue avec plusieurs mois d’écart, comme le Sénégal, la Chine ou l’Italie ?
L’indice ne sera vraiment significatif que d’ici fin avril, l’épidémie étant arrivée tard dans certains pays. Mais j’insiste sur le fait qu’il s’agit de photographies hebdomadaires qui évoluent sans arrêt. Il faut se donner du temps pour mesure la sévérité et la résilience.
Il est donc trop tôt pour identifier certains facteurs de résilience ?
D’ici mai, nous aurons un bilan de quatre mois de mondialisation de l’épidémie, aujourd’hui nous n’avons pas assez de données ni de recul pour tirer des conclusions. Mais il semblerait que la détection rapide des cas, induisant une prise en charge médicale rapide joue un rôle.
Nous avons déjà développé un indice de calcul de l’émergence économique, il pourrait s’adapter à la résilience économique liée au coronavirus. Il s’agit cependant d’un indice annuel donc il faudra attendre la fin de l’année pour obtenir des résultats. Un indice sanitaire peut être calculé à la semaine, pour l’économie, il faut plus de temps. Nous réfléchirons néanmoins sur l’élaboration d’indices économiques infra-annuels.
POURQUOI LE SAVON TUE-T-IL LES VIRUS ?
On n’arrête pas de nous dire de bien nous laver les mains, et de le faire souvent, pour barrer la route du virus Sars-CoV-2. Mais comment donc un geste si simple peut-il freiner une pandémie ?
On n’arrête pas de nous dire de bien nous laver les mains, et de le faire souvent, pour barrer la route du virus Sars-CoV-2. Mais comment donc un geste si simple peut-il freiner une pandémie ? Pour le comprendre, il faut faire un peu mieux connaissance avec ce virus.
Il fait partie de ce qu’on appelle les virus enveloppés. Quand ces derniers ont infecté un organisme, ils repartent pour en infecter un autre. En repartant, ils emportent sur eux un morceau d’enveloppe de la cellule dans laquelle ils étaient. Ils sont alors comme dans une petite bulle, qui les protège. Cette «bulle», «c’est du gras, de l’huile, indique Meriadeg Le Gouil, virologue et écologue. Elle rend les virus fragiles parce qu’elle est molle et peut être facilement détruite par du savon.»
Avant d’aller plus loin, faisons connaissance avec le savon. Ses molécules ont une tête qui aime bien l’eau et une queue qui n’aime pas l’eau mais aime le gras. Quand le savon rencontre l’eau, toutes ses molécules se mettent dans le même sens : les têtes qui aiment l’eau d’un côté, les queues qui n’aiment pas l’eau de l’autre.
Maintenant qu’on connaît un peu mieux le virus et le savon, il est temps d’organiser leur rencontre. On l’a vu, la queue des molécules de savon aime le gras. Et le virus est entouré d’une bulle de gras. Alors que se passe-t-il si on les met ensemble ? Les molécules de savon se mettent autour du gras et… aïe, aïe, aïe, attaquée par le savon, la protection du virus se casse en petits morceaux !
Les morceaux de virus se retrouvent alors emportés dans des sortes de petites bulles créées par le savon et qui se déplacent dans l’eau. Quand on se rince les mains, pouf les petites bulles contenant les bouts de virus s’en vont !
Tout ça, ça ne se fait pas en un claquement de doigts. C’est pour ça qu’on nous conseille de nous laver les mains pendant au moins vingt ou trente secondes. «Vos mains sont pleines de vie, entre les doigts, entre la peau et les ongles… Il y a énormément d’espaces où peuvent se cacher les virus, les résidus de poussière, les peaux mortes, du gras… Tout ça, ça peut quelque part protéger le virus et le rendre un peu moins accessible que sur une surface en inox par exemple», affirme Meriadeg Le Gouil. Il faut donc laisser le temps au savon de se débarrasser de tout ce qui traîne sur nos mains pour être sûrs que le virus ne reste pas caché quelque part.
AUDIO
LES SÉNÉGALAIS ET LES MESURES BARRIÈRES CONTRE COVID
Ma question est la suivante, si jamais une grande partie de notre personnel de santé devait se retrouver en quarantaine, qui prendra soins de nos malades ?
Dans un esprit qui valse, je pense aux citoyens sénégalais et plus encore au personnel de santé, à nos enfants talibés et à cette population démunie. La sécurité du personnel de santé ne cesse de me titiller la tête. Avec certitude j’ai noté 1 hôpital et 2 centres de santé dont une partie de leur personnel s’est retrouvée en quarantaine. Je ne parle pas de probables autres structures de santé citées dans les rumeurs. Ma question est la suivante, si jamais une grande partie de notre personnel de santé devait se retrouver en quarantaine, qui prendra soins de nos malades ?
À noter qu’au-delà des cas positifs au Covid-19 il y a d’autres personnes qui souffrent d’autres pathologies. Pourquoi le personnel doit se contenter de ses précautions habituelles que sont les gants, masques et désinfectants (qui parfois manquaient) ? Nous savons qu’ils ne tiendront pas toute une journée de consultation dans une combinaison mais pourquoi le ministère de la santé et de l’action sociale ne leur fournit pas des surblouses et des lunettes de protection ? Pourquoi il ne réorganise pas l’accueil dans les structures de santé et éviter d’exposer le personnel ?
Et d’ailleurs, je glisse vers les moyens et méthodes qui peuvent permettre d’éviter d’exposer notre personnel. Il nous faut régler le problème des numéros d’urgence. Hélas, des sénégalais se plaignent sans cesse d’absence de réponses ou de réponses inadéquates. Qui a-t-il ? Les centres d’appel sont-ils surchargés ? Si c’est le cas, que le ministère concerné fasse appel à des bénévoles et mette en place le dispositif nécessaire. Je reste convaincue que nous répondrons car déjà au début de la pandémie, des bénévoles s’étaient inscrits sur une liste pour ce genre de besoin. J’ai tellement à dire, que mes concitoyens me pardonnent le ramassage. Qu’ils me permettent de titiller le transport et de finir par les enfants de la rue appelés talibés.
La surcharge des moyens de transport est perceptible aux yeux de tous pendant qu’on parle de la multiplication des cas communautaires. Le sénégalais qui a la chance de garder son emploi à ce jour mais la malchance de ne pas pouvoir être en télétravail peine à avoir un bus, un car et parfois le prix du taxi est insoutenable. Et si les entreprises qui font dans la location de bus, cars, etc. mettaient à la disposition de l’Etat et du peuple leurs biens, une forme d’aide et le premier se chargera du carburant et de la désinfection régulière. Et parlant de ces entreprises qui travaillent toujours, certaines comptent des cas ou un employé en quarantaine mais les responsables choisissent de faire travailler son personnel sans précautions supplémentaire et d’ailleurs la seule qui vaille et de mettre en sécurité chacun le temps au moins de désinfecter et tester les cas contacts.
À défaut de tout cela, l’État devrait oser le confinement généralisé et nourrir son peuple démuni. Ledit peuple qu’il a l’obligation d’accompagner même en l’absence de confinement. Nos enfants, nos jeunes frères et sœurs… , je conclus ce texte avec eux. Des amis et moi avons enchainé quelques semaines à faire des daaras, à essayer de les confiner en apportant de quoi les nourrir et les rendre propres mais que fut douloureuse cette expérience. Nous pouvons peut être fiers de nous mais j’ai ce besoin de le dire, ces enfants sont loin d’être en sécurité. Entre l’étroitesse de leur daara, parfois l’insalubrité, parfois le manque d’eau et d’électricité, parfois l’inconscience des adultes qui les entourent, etc. je tire la sonnette d’alarme et exige que l’Etat prenne soin de ces innocents, qu’il leur assure à manger et à boire mais également la bonne santé et d’ailleurs d’en profiter pour régler le problème de la mendicité une bonne fois.
Citoyennement vôtre
Yaye Fatou Sarr
Par Demba Anta DIONE
NON AU CONFINEMENT DE LA POPULATION GENERALE !
Pour se faire comprendre, nous ne pouvons pas ne pas nous attarder un peu sur ce que nous entendons par une approche santé publique.
Pour se faire comprendre, nous ne pouvons pas ne pas nous attarder un peu sur ce que nous entendons par une approche santé publique.
En effet, cette dernière veut que tout problème de santé soit défini par des indicateurs de mesures en terme de Morbidité (nombre de cas) de mortalité (nombre de décès) ou d’invalidités. C’est une fois défini comme épidémie en fonction de son ampleur et de sa gravité que le problème de santé doit être analysé à travers ses déterminants que sont ses causes et/ou ses facteurs favorisants. On pourrait alors se demander qu’est ce qui est lié à notre environnement qui peut faire apparaître ou exploser ce phénomène ?
Quelles sont nos habitudes et coutumes ? De quels moyens disposons nous ? Comment est structuré et fonctionne notre système de santé ? Est ce qu’il pourra faire face ? Analysons ce phénomène avec beaucoup d’humilité et ne cédons pas à la panique !
In fine, après cette compréhension du problème qui est aujourd’hui le Covid-19, nous pourrons parler des stratégies et interventions nécessaires pour l’endiguer. Ces interventions pouvant être de plusieurs ordres dans le cadre d’une approche inclusive et participative et pas seulement un apanage d’Experts, de Chercheurs ou de Médecins !
Alors prenons les chiffres et analysons les ! Quand une maladie touche 80% de la population pour en tuer 0,1% parmi les plus de 75 ans qui représentent moins de 10% de cette population, combien en a telle tué ??? Alors qui doit-on protéger ? Qui est vulnérable ? C’est cette précieuse population âgée qui nous a tous mis au monde et éduqués qu’on doit sauver ! Mais jamais nous confiner dans certaines conditions qui ressemblent à : « aller tous vous enfermer avec eux et contaminez les ! »
Le confinement va venir augmenter la population vulnérable en y rajoutant des personnes qui avait déjà une maladie soit connue ou ignorée la plupart du temps quand on vit en Afrique. Le confinement va faire des malnutris avec comme corolaire, une baise de leur système immunitaire ; il fera plus de diabétiques déséquilibrés car les populations vont peut être manger très mal, insuffisamment ou trop et bonjour l’obésité ; le confinement va augmenter le stress de tous ces gens qui n’en ont pas d’habitude, alors bonjour les hypertensions de stress ou de sédentarité !
Additionnez juste 1% de chacun de ces phénomènes et vous conviendrez avec moi que vous avez largement dépassé le seul cas communautaire, mal défini et très mal communiqué dans la représentation sociale des sénégalais, que vous voulez traquer !
Regardez bien l’évolution des statistiques en Europe dans les pays les plus touchés, le Covid19 tue à travers ces comorbidités. Quand on a un peuple de croyants à 99% le message le plus perçu demande un canal adapté ! Un de nos maitres feu le professeur I. WONE (paix à son âme) nous disait, pour faire passer le message de lavage des mains lors d’une épidémie de cholera, il avait demandé aux communautés du Fouta de se laver les mains à la manière du prophète ! Alors le résultat ne pouvait être que positif !
Quand on se glorifie du nombre de cas bien traités dans nos maigres hôpitaux pour parler de l’exception sénégalaise alors que nous n’avons même pas testé 0,0001% de la population, cela veut bien dire que nous n’avons vraiment pas bien géré la prévention en amont ! Comment peut on être une exception Sénégalaise avec 377 dont 5 décès (1,3%) ? Au même moment, la Guinée a 662 cas dont 5 décès (0,8%); le Rwanda 147 cas et 0 décès ; Madagascar, 140 et 0 décès, Djibouti 846 cas et 2 décès (0,2%) et j’en passe.
Revenons sur terre, l’Europe n’est pas l’Afrique et le Sénégal n’est pas la France, nous avons ni le même système de santé ni les mêmes moyens pour avoir la même approche ! Notre population n’est pas la même et nous n’avons pas le même écosystème !
Quand l’Island a décidé de tester massivement sa population, plus de 10% ce sont soumis à ce test et les autorités ont multiplié les tests aléatoires qui leur ont permis de constater que 50% des gens déclarés positifs sont asymptomatiques ; pendant que la France qui confine toute une population durant plus de 6 semaines ne serait qu’à 5,7% de couverture en test d’ici le 11 Mai ! Et pendant ce temps regardez l’hécatombe chez eux !
Et pourtant la France n’a pas de stratégies figées, elle se réadapte en fonction de la dynamique de l’épidémie dont la compréhension est favorisée par l’analyse des données. Au moment où elle allège son confinement, on demande de corser les mesures chez nous.
Une prise de décision en situation d’épidémie doit toujours être orientée par les données sanitaires fiables et une compréhension des déterminants de la maladie. Il est temps de se réadapter et aller vers une communication positive qui malheureusement est infestée par des scandales de denrées alimentaires dont on n’avait pas besoins si les gens continuaient à gagner quotidiennement leur pain.
Les gens croient à la présence de la maladie chez eux, mais malheureusement c’est cette communication, information par le bon exemple qui fait défaut. De la manière avec laquelle ont vend l’image d’un colonel de l’armée dans la lutte, l’expertise de ces vaillants professeurs de maladies infectieuses, réanimateurs et urgentistes, on devait vraiment cacher la face de certains hommes politique car l’heure n’est pas à cela. Ceux qui gèrent la paix sont très différents de ceux qui vont à la guerre !
Laissons les gens travailler en appliquant les mesures barrières recommandées, et protégeons les personnes vulnérables. Ce combat contre l’ennemie invisible demande tact délicatesse et humilité, nul ne peux être un héros dans cette guerre ! in fine ce sont les valeureux peuples disciplinés qui gagnent.
Dr, Demba Anta DIONE
Expert Indépendant
LE CIS MET SUR LA TABLE UNE BATTERIE DE PROPOSITIONS
L’objectif est d’assurer la continuité de l’activité économique et de garantir sa reprise dès la fin de la crise.
En réponse à l’appel à l’élan de solidarité nationale lancé par le Président Macky Sall pour la lutte contre le Covid19, le Club des Investisseurs Sénégalais (CIS) met sur la table quelques suggestions pour mieux l’accompagner. Le CIS, qui salue les différentes mesures mises en branle par l’Etat, estime que le Plan de résilience Economique et Sociale du gouvernement va permettre d’assurer la survie des entreprises au terme de la crise
Le gouvernement du Sénégal, dans le but d’assurer la survie de nombreuses entreprises impactées par la pandémie du covid-19, à travers le Plan de Résilience Economique et Sociale (Pres), a annoncé d’importantes mesures. L’objectif est d’assurer la continuité de l’activité économique et de garantir sa reprise dès la fin de la crise. Le Club des Investisseurs Sénégalais (CIS) qui se veut comme un acteur majeur dans le cadre de cette mission met sur la table une batterie de propositions pour améliorer le plan préconisé.
Dans un communiqué rendu public hier, le président Babacar Ngom et ses amis du CIS se réjouissent de la décision du gouvernement de payer la dette de 302 milliards Fcfa dus aux fournisseurs de l’Etat. Ils rappellent toutefois que le paiement de la dette intérieure de l’Etat est en principe déjà inscrit dans le budget, et est destiné à combler des déficits antérieurs. Pour les entreprises, soutiennent les membres du CIS, «c’est juste de la trésorerie encaissée tardivement pour couvrir des charges déjà payées. Ce qui ne peut pas être utilisé pour compenser l’engagement de payer intégralement les salaires». Les investisseurs soulignent par ailleurs que «l’engagement de maintien des salaires et des emplois ne peut être tenu que si l’Etat aide à compenser les pertes de recettes actuelles dues à la cessation des activités des entreprises».
A l’image des secteurs du Transport, de l’Hôtellerie et de l’Agriculture qui ont bénéficié d’un appui de 100 milliards, indiquent Babacar Ngom et Cie, les autres secteurs doivent eux aussi être soutenus. Surtout que les secteurs de l’éducation, du transport aérien, du BTP, entre autres, sont déjà en grandes difficultés après moins d’un mois de cessation d’activités. C’est pourquoi le CIS demande à l’Etat de soutenir davantage ces secteurs. «Les entreprises auront besoin de financements substantiels pour assurer la reprise post-Covid. Leurs besoins dans ce sens risquent d’être bien plus importants et l’enveloppe devra dès lors être revue à la hausse», indiquent les hommes d’affaires.
Pour eux, il s’agira d’abord de maintenir les entreprises en vie, puis de les préparer pour la relance dans de bonnes conditions. Concernant la remise et la suspension d’impôts accordées aux entreprises qui s’engageront à maintenir leurs travailleurs en activité pour la durée de la crise, ou à payer plus de 70% de leurs salaires, comme préconisé par le président de la République, le Club des Investisseurs suggère à l’Etat de trouver un mécanisme de soutien à ces entreprises, en tenant compte des différés de charges de la dette en cours de négociation avec les partenaires au développement et les pays amis. «Une contribution de l’Etat d’au moins 50% des montants payés par les entreprises (70% du salaire net) devra les soulager du manque à gagner par rapport à leurs revenus et de couvrir les charges pendant la période», selon Babacar Ngom et ses amis qui, dans le même sillage, proposent au gouvernement de renoncer aux impôts sur les salaires des concernés (VRS) en contrepartie d’une mesure de prise en charge à terme par l’Etat des institutions telles que l’Institution de prévoyance Retraite du Sénégal (IPres) et la Caisse de Sécurité Sociale (CSS), de ne plus percevoir les cotisations afférentes aux entreprises.
Autres suggestions faites par le CIS à l’Etat, c’est d’amener celui-ci à circonscrire le périmètre des entreprises. Il s’agit d’identifier les entreprises «les plus affectées» en prolongeant le différé de paiement de leurs impôts au-delà du 15 juillet 2020 pour couvrir la période courante de la crise. En d’autres termes, «les paiements seraient différés à partir de 90 jours après la levée effective des mesures sanitaires restrictives d’activité professionnelle».
Selon les membres du CIS, le délai général de paiement doit rester suspensif et n’être déterminé qu’à la fin effective de la crise. Ils invitent le gouvernement à appliquer également la remise partielle de la dette fiscale, selon les critères de transparence et non selon la discrétion de l’Administration. Pour ce faire, il propose la mise en place d’une commission paritaire composée de professionnels pour fixer et veiller à la mise en œuvre des dits critères.
LA BANQUE AGRICOLE COUPE LES VIVRES AUX ACTEURS DE LA FILIÈRE ANACARDE
La filière anacarde, principal levier économique de la zone sud, vit des moments troubles. Les acteurs peinent à trouver des financements auprès de leur principale banque partenaire qui invoque des risques liés au Covid-19.
La filière anacarde, principal levier économique de la zone sud, vit des moments troubles. Les acteurs peinent à trouver des financements auprès de leur principale banque partenaire qui invoque des risques liés au Covid-19.
L’argent est le nerf de la campagne de l’anacarde ! Les acteurs de la filière, notamment les collecteurs et autres fournisseurs, en veulent à la Banque Agricole qui tarde à financer leur campagne alors que la saison est ouverte depuis le mois de mars dernier. L’institution financière leur oppose des risques liés au Covid-19. A en croire l’opérateur économique Bakary Mané, il a déposé une demande de financement depuis février sans rien recevoir en retour. «J’avais fait une demande d’expertise foncière que j’ai remis à la banque. J’ai ainsi mis ma maison d’une valeur de 100 millions en hypothèque pour pouvoir bénéficier de ce financement et entamer ma campagne. J’attendais un financement de 60 millions de francs CFA. Et vu qu’il n’y avait aucun souci dans mon dossier, la Banque Agricole avait promis de me financer au mois de mars ; mais elle traîne toujours », confie-t-il. Pourtant, fait-il constater, l’année dernière, cette même banque l’avait financé à hauteur de 30 millions de F CFA qu’il dit avoir remboursé plus les intérêts en moins de trois mois.
Dépité, Bakary Mané, très actif dans la filière depuis 1995, dit avoir des inquiétudes d’autant que sa campagne aurait dû commencer le 15 mars dernier, si la banque avait tenu ses promesses. «Les banques ne nous aident vraiment pas. Quand je déposais ma demande de financement au mois de février, il n’y avait aucun cas de coronavirus au Sénégal. La banque a fait traîner mon dossier pour venir aujourd’hui dire qu’il y a des risques avec le Covid-19. Ce discours ne tient pas la route », se désole-t-il. Avant de confier qu’il a saisi une autre banque, la BNDE qui lui a demandé d’attendre. Monsieur Mané de marteler par ailleurs que les paysans sont aussi inquiets que les collecteurs et autres fournisseurs. «Tout le monde est dans l’expectative. Qui parle de la région sud notamment Ziguinchor sait pertinemment que l’économe repose sur les noix de cajou. Si la campagne ne se passe pas comme il faut, toute l’économie de la région sera plombée. C’est sûr et certain», déclare-t-il. Il conclut pour informer qu’une dizaine de compagnies indiennes sont déjà sur place et n’attendent que le produit tant prisé à Ziguinchor à l’heure actuelle : la noix de cajou.
SIAKA DIALLO : «SI LES GENS N’ACHETENT PAS LE CAJOU EN CASAMANCE; C’EST LA REBELLION QUI VA SE LEVER ENCORE»
Joint au téléphone, le président des opérateurs de la filière anacarde de la région de Ziguinchor, Siaka Diallo, confirme les propos de Bakary Mané. Mieux, il dit avoir discuté, hier, avec le Directeur général de la Banque Agricole qui lui a signifié qu’ils ne veulent toujours pas prendre de risque. «Nous ne pouvons pas faire demande de dépôt depuis trois mois et que la banque nous parle de la situation engendrée par le coronavirus. L’économie ne doit pas s’arrêter », tonne Siaka Diallo.
Courroucé, il affirme qu’en Casamance, si les gens n’achètent pas le cajou, c’est la rébellion qui va se lever encore. Parce que, dit-il, c’est l’un des piliers qui consolide la paix dans la région. «Si les gens n’ont pas de quoi vivre, cela va devenir grave. Ces deux sacs de riz et le bidon d’huile fourni par l’Etat, dans le cadre du Programme d’aide alimentaire du gouvernement, ne peuvent pas maintenir les Casamançais. D’autant que c’est plus de 350 mille familles qui vivent de la filière. La filière anacarde, c’est le poumon de l’économie en Casamance. Ils (Ndlr : La Banque Agricole) ne peuvent pas être là à continuer de tergiverser alors que le temps passe», martèle le président des opérateurs de la filière anacarde de la région de Ziguinchor. Un ultimatum de 48 heures donné à la Banque Agricole pour décaisser les financements Siaka Diallo informe en outre que les acteurs avaient tenu une réunion avec le gouverneur qui leur avait donné le feu vert pour faire la campagne. «L’économie ne doit pas s’arrêter parce qu’il y a le Covid-19. Il faut juste respecter les normes sanitaires», laisse-t-il entendre. Non sans informer que la DER est en train de voir avec la BNDE et le CMS comment trouver des solutions financières. « Mais c’est la Banque Agricole, notre premier partenaire qui constitue le problème. Elle ne veut pas prendre de risque. Pourtant, nous avons donné nos maisons en garantie et fourni des contrats en bonne et due forme prouvant que nous allons écouler le produit. Mais le Directeur général de la Banque vient nous parler de risque.
Dans un tel contexte, ce sont les banques sénégalaises, la banque agricole en première ligne, qui devraient prendre des risques pour maintenir l’économie », déclare-t-il. Il prévient dans la foulée que dans 48 heures, si la Banque Agricole refuse de les financer, ils vont tous retirer leurs comptes. « Nous allons fermer nos comptes. Je suis déçu que la Banque Agricole ait ce comportement avec nous», regrette-t-il.
Pour finir, Siaka Diallo estime qu’au moment où chacun se positionne pour bénéficier des 1 000 milliards dégagés par le chef de l’Etat pour faire face au Covid-19, les acteurs de la filière anacarde, loin de vouloir en profiter, veulent régénérer l’économie. « Nous ne demandons pas à être servis. Nous voulons juste bénéficier du financement de la banque comme cela s’est toujours fait pour investir et retourner l’argent à la banque en plus des intérêts », conclut-il. Joint à maintes reprises au téléphone pour avoir une idée plus claire sur les risques opposés aux opérateurs de la filière anacarde, le Directeur général de la Banque Agricole n’a pas donné suite à nos appels et à notre message.
PAR Romuald Wadagni
POURQUOI L’ALLÈGEMENT DE LA DETTE AFRICAINE N'EST PAS LA SOLUTION
Au regard de la faiblesse de l’épargne intérieure et du secteur privé, la dette, la bonne, aux meilleures conditions de coût et de durée, est essentielle pour mettre nos économies sur un sentier de croissance soutenue et durable
Jeune Afrique |
Romuald Wadagni |
Publication 23/04/2020
Contrairement à ceux qui, comme Macky Sall et Emmanuel Macron, prônent l’annulation de la dette des pays africains pour faire face à la pandémie de coronavirus, le ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, estime que d’autres approches doivent être privilégiées.
Le COVID19 inflige au monde entier l’une des plus graves crises sanitaire et économique de son histoire. Cette crise vient complexifier les difficultés déjà importantes des pays fragiles et du continent africain en particulier. Elle surgit alors même que les budgets de plusieurs pays subissent déjà de plein fouet les conséquences redoutables du défi sécuritaire et du changement climatique.
Dans ce contexte de baisse importante et brutale des recettes budgétaires, plusieurs dépenses restent néanmoins incompressibles comme celles liées au fonctionnement de nos institutions, à la lutte contre de nombreuses maladies endémiques, à la poursuite d’autres dépenses sociales prioritaires et au respect de nos engagements financiers.
Face à cette crise, je voudrais reconnaître et saluer la forte et rapide mobilisation internationale. Les récentes mesures en faveur des pays pauvres et l’accord du 15 avril 2020 au sein du G20, l’illustrent bien. Toutefois, je constate que les politiques et instruments mis en œuvre pour soutenir les économies des pays développés sont orientés vers la mobilisation et la mise à disposition immédiate de nouveaux financements visant à contenir les impacts économiques de la crise, tandis que les mesures adoptées pour l’Afrique se résument principalement soit à des annulations de dette, soit à des moratoires sur le service de la dette publique bilatérale.
Plusieurs inconvénients
Ces solutions, malgré la marge budgétaire immédiate qu’elles offrent, ne répondent pas aux enjeux cités plus haut et présentent d’importants inconvénients à court et moyen termes. En effet, les dépenses des États sont appelées à croître rapidement pour contrer la propagation de la pandémie alors même qu’il faut continuer à faire face aux défis du développement.
À ce constat, s’ajoute la chute importante des recettes qui vient réduire davantage les marges budgétaires. L’allègement de la dette ou un moratoire constitue dans ce contexte, un appel à l’indulgence des créanciers et n’apporte pas de solutions structurelles aux difficultés des États.
Par ailleurs, un allègement de la dette ou un moratoire pour le paiement des échéances ternira davantage l’image des États et compromettra leur accès aux financements futurs. Nos pays subiront un effet induit sur la perception de leur qualité de crédit ; ce qui les exposerait à des sanctions ultérieures inévitables de la part du marché. Un moratoire pourrait même être considéré dans certaines documentations de prêt comme un événement de défaut par les créanciers privés, qu’il soit voulu ou subi et quand bien même il ne concernerait que les créanciers publics bilatéraux.
Au-delà des agences de notation qui pourraient sanctionner le non-respect d’une échéance de prêt, tous les efforts fournis par nos pays pour améliorer le climat des affaires et la perception de risque présentée dans les classifications de l’OCDE notamment et utilisée pour définir le taux d’emprunt de nombreux prêts, ne seront qu’anéantis.
C’est le lieu de rappeler que les annulations de dettes opérées dans la décennie passée à la suite de l’initiative PPTE, n’ont pas manqué de laisser de mauvais souvenirs tant au niveau des créanciers privés que des prêteurs bilatéraux publics dont certains ne sont d’ailleurs plus jamais revenus financer nos États, si ce n’est par l’octroi de dons.
Or, au regard de la faiblesse de l’épargne intérieure et du secteur privé, la dette, la bonne, aux meilleures conditions de coût et de durée, est essentielle pour mettre nos économies sur un sentier de croissance soutenue et durable.
Dans ce cadre, il me plaît d’approfondir les propositions suivantes contenues dans la lettre adressée cette semaine, par le Président Patrice Talon aux dirigeants du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale :
1- Aider à la mobilisation urgente de liquidité nouvelle en lieu et place des annulations ou moratoires de dette.
Les besoins urgents exprimés par l’Afrique se chiffrent à 100 milliards de dollars (dont 44 milliards pour le service de la dette). Une nouvelle allocation en Droits de tirages spéciaux du FMI tant débattue devrait être envisagée. Elle permettrait d’apporter une réponse rapide et efficace aux besoins des pays les plus vulnérables tout en préservant la soutenabilité de leur dette.
Cette solution n’est pas nouvelle et fut mise en œuvre avec succès lors de la précédente crise financière mondiale de 2008 où 250 milliards de dollars furent débloqués rapidement. Par ailleurs les importantes liquidités mises en œuvre dans plusieurs grands espace économiques ces derniers jours sont édifiantes.
2- Relancer les économies africaines via des financements concessionnels.
Les institutions multilatérales et les banques de développement devraient mettre à profit leur qualité de crédit pour mobiliser individuellement des ressources concessionnelles ou semi- concessionnelles pour le financement des économies africaines, à un moment où leur accès aux financements à taux presque nul est intact, contrairement aux pays africains.
Collectivement, elles pourraient mutualiser leurs qualités de crédit au sein d’un nouveau véhicule ad hoc, dédié à un plan de reconstruction d’une ampleur sans précédent pour nos pays. Le Mécanisme européen de stabilité pourrait constituer une bonne source d’inspiration pour créer un véhicule supranational ayant le statut de créancier privilégié et réunissant les partenaires au développement. Ce mécanisme pourrait proposer plusieurs types de programmes adaptés aux spécificités de chaque pays, allant de la ligne de précaution pour les pays sujets à des risques de refinancement à des lignes de financements de grands programmes d’investissement pour les pays aux fondamentaux macroéconomiques robustes.
Un exemple de programme pourrait consister à concentrer les efforts des partenaires au développement pour un investissement massif destiné à réduire significativement le gap en infrastructures de base. Pour les pays à dette non soutenable, ce véhicule pourrait racheter de la dette à décote et obtenir une réduction de l’endettement à faible coût afin d’éviter une restructuration de dettes futures aux conséquences économiques souvent désastreuses.
Pour finir, les appels à l’allègement de la dette ont un côté « déjà vu » avec des résultats controversés. L’option d’un soutien à l’endettement adéquat et responsable me semble un meilleur choix qu’un appel à l’indulgence. Il est également impératif qu’il serve à répondre à des besoins concrets, avec efficacité et efficience. Ceci appelle à la transparence dans sa gestion.
L’HOPITAL PRINCIPAL DE DAKAR ATTEINT EN PLEIN COEUR !
50 agents de l’hôpital et leur famille mis en quarantaine dans des hôtels, d’autres dans l’angoisse
Un accidenté et deux garçons de salle du service de la chirurgie positifs au covid-19
L’hôpital Principal de Dakar est impacté par le coronavirus avec trois personnes déclarées positives dont deux agents et un accidenté hospitalisé contaminé par un visiteur venu de la localité de Keur Massar. Plus de 50 agents, dont la plupart sont des membres du Syndicat unique des Travailleurs de la Santé et de l’Action sociale (Sutsas), étaient en contact avec les porteurs dans le bus faisant la navette entre Keur Massar et Jaxaay, entre autres localités de la banlieue. Ils sont aujourd’hui mis en quarantaine dans des hôtels réquisitionnés pour l’occasion. Une situation qui risque de plomber les activités dans certains services de cet hôpital d’instruction militaire. Mballo Dia Thiam plaide pour une consultation du personnel de l’établissement au plus vite afin que la relève d’éventuels autres contaminés puisse être faite.
Dans ce contexte marqué par la propagation du coronavirus au Sénégal, quand un établissement de santé accueille à bras ouverts toutes sortes de visiteurs, il s’expose au danger. De même, quand on vient en ambulatoire dans un établissement de santé public, on expose tout le monde au danger. Notamment le personnel de santé qui est le premier en contact direct avec les patients. Ce qui s’est passé hier à l’hôpital Principal de Dakar dépasse l’entendement avec un « visiteur porteur du virus de covid-19 » qui aurait échappé à la vigilance de la rigueur militaire qui fait le charme de cet établissement de santé. Il serait entré au moment où les visites aux malades seraient interdites. Habitant de Keur Massar, en banlieue dakaroise, il y a contaminé trois individus. C’est donc un cas communautaire qui n’est pas encore identifié et continue de circuler librement avec le virus au niveau de sa localité. Et peut-être même dans tout Dakar ! Ce qui est sûr c’est qu’il a déjà contaminé un accidenté à qui il était venu rendre visite. Cet accidenté hospitalisé a, à son tour, contaminé deux garçons de salle du service de la chirurgie (FUSTEC) qui étaient en contact direct avec lui. Ces trois cas déclarés positifs seraient mis en isolement dans un département dudit hôpital. Les autres agents qui sont des contacts à haut risque ainsi que les membres de leurs familles sont mis en quarantaine dans des hôtels de la place, selon le patron du Sutsas (Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale), Mballo Dia Thiam.
Le SUTSAS/section Principal fortement touché
La plupart des agents momentanément « isolés » sont des membres de ce syndicat. Son secrétaire général informe que les agents contaminés ont eu contact avec une cinquantaine de personnes dans le même bus qui fait toujours la navette entre l’hôpital et la banlieue. Surtout à Keur Massar et à « Jaxaay » dans la zone de Tivaouane Peulh. Selon Mballo Dia Thiam, « la plupart de ces agents victimes du porteur de Keur Massar sont des militants du Sutsas, et ils habitent dans des endroits différents. Chaque agent va être pris en charge dans la structure de sa localité ». M. Thiam regrette le fait que les tests virologiques ne seraient pas encore effectués chez certains agents mis en quarantaine dans des hôtels. A l’en croire, « ceux qui n’ont pas été prélevés sont angoissés. Ceux qui sont dans les hôtels de plaignent de leurs conditions. Ils mangent mal. Pourtant, ils auraient dû mériter un meilleur traitement ». Sur ce, Mballo dit manifester sa compassion à ses militants en quarantaine dont la plupart auraient besoin d’un soutien psychologique.
Une victime rassure, mais s’inquiète aussi pour la relève à Principal
Pourtant une victime que nous avons contactée rassure. Pour cet agent de l’hôpital et membre du Sutsas, « pour le moment, tout va bien. Il n’y a pas à s’inquiéter ». Et d’ajouter que « ce virus passe très vite et inaperçu. Mais personne n’est à l’abri». Mais comme on est en épidémie, dit-il, il faut sensibiliser davantage. Et pour plus de sérénité, il demande à tout un chacun de rester chez lui. « Restez chez vous », a-t-il lancé au bout du fil. En outre, cet « agent contaminé » demande de « régler au plus vite le cas de mes collègues. En leur assurant rapidement un traitement adéquat. Ne serait-ce que pour qu’ils retournent au service et puisent remplacer d’éventuel autres collègues contaminés ».
Des soldats tombés au mauvais moment
C’est aussi l’avis de son patron du Sutsas, Mballo Dia Thiam. Il estime que ces personnes, aussi bien les contaminés que les contacts à haut risque, sont des soldats tombés au mauvais moment. « On doit donc s’occuper d’eux le plus rapidement possible. L’hôpital Principal impacté, ce n’est pas une bonne nouvelle car je rappelle que l’offre en lits est inférieure à la demande. Et si on ajoute à cela cette situation, cela devient inconfortable », indique le syndicaliste.
L’hôpital aphone !
Dans le souci d’informer juste et vrai, « Le Témoin » a essayé de contacter la cellule de communication de l’hôpital, mais s’est heurté à une barrière infranchissable. Le chargé de communication a orienté notre reporter vers le directeur de l’hôpital prétextant que « pour toutes informations concernant l’hôpital », on devrait s’adresser à ce dernier avant de nous filer le numéro de son secrétariat. Il était 19 heures et, naturellement, la secrétaire avait déjà plié bagages. Notre insistance pour avoir directement le directeur est restée vaine. « Madame, vous savez bien que je ne peux pas donner le numéro de mon supérieur. Je suis militaire, vous aussi ! Faites comme vos collègues, peut-être vous allez trouver où le joindre. Même mes enfants, je ne vais pas leur donner le numéro », a esquivé poliment notre interlocuteur avant de se confondre en excuses
Le Général Mame Thierno Dieng confine son hôpital
L’hôpital Principal de Dakar a pris des mesures de riposte contre la contamination du Covid-19. Ce, après la contamination d’un accidenté qui y était interné. Dans une note de service, le médecin général Pr Mame Thierno Dieng a interdit les visites au niveau de l’établissement sanitaire. « Dans le cadre de la riposte contre le Covid19, les visites aux malades hospitalisés dans les services cliniques sont strictement interdites à l’hôpital principal de Dakar. Exceptionnellement, une autorisation signée du chef de service peut être délivrée s’il juge nécessaire la présence d’un accompagnant. Cette note annule et remplace les dispositions contenues dans la note référence, autorisant les majors administratifs à délivrer des laisser-passer. Les chefs de départements et de services et le chef du service intérieur et sécurité sont chargés de l’exécution de la présente note de service », lit-on dans le document signé par le médecin général de brigade Mame Thierno Dieng.