A ce jour, seul le Togo respecterait les exigences et critères principaux pour la mise en place d’une monnaie unique sous-régionale, parmi les pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
L’information, rapportée par l’Agence de presse du Nigeria (NAN), émane de Zainab Ahmed, ministre des Finances, du Budget et de la Planification du Nigeria, à l'issue de la réunion du Comité des ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales de la Cedeao, sur la question de la monnaie unique, qui s'est tenue la semaine dernière.
Rappelons que, selon la Commission de la Cedeao, une future monnaie commune exige notamment : des critères de convergence, un régime de change flexible, la lutte contre l’insécurité et la collaboration entre les pays membres de la communauté.
Ainsi, relève la ministre nigériane, avec un seul pays répondant à la majorité des critères, la date butoir de 2020 semble difficile à tenir pour la monnaie unique.
Quoi qu’il en soit, les chefs d’Etat de l’espace communautaire devraient se réunir à Abuja, le 21 décembre prochain, pour examiner les recommandations des ministres des Finances, concernant le régime de monnaie unique proposé pour la sous-région.
AMADOU LAMINE DIAGNE SURFE SUR LE TOURISME À DAKAR
L’homme d’affaires sénégalo-ivoirien investit dans deux nouveaux hôtels, Sheraton et Aloft, dans le quartier chic des Almadies. Ouverture prévue en 2022, pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse
Jeune Afrique |
Amadou Oury Diallo |
Publication 14/12/2019
Amadou Loum Diagne vient de réaliser une belle opération. Après des années de négociations, il a obtenu un crédit de 64 millions de dollars auprès de l’Overseas Private Investment Corporation (Opic), le fonds gouvernemental américain pour le financement du secteur privé, seul prêteur du projet. Ce crédit est le plus important que l’institution financière ait jamais octroyé dans le secteur de l’hôtellerie.
Il servira à boucler le financement du projet de construction d’un Sheraton (5 étoiles) de 250 chambres ainsi que d’un hôtel Aloft (3 étoiles) de 150 chambres, à Ngor, dans le très huppé quartier des Almadies, sur le littoral nord-ouest de Dakar, pour un coût global de 128 millions de dollars. Le futur complexe, dont la gestion a été confiée à l’américain Marriott, premier groupe hôtelier mondial et propriétaire des deux enseignes, doit ouvrir pour le début de l’année 2022 et va venir enrichir l’offre d’hébergement moyen et haut de gamme de la capitale avant l’accueil des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ).
Club Med
Patron discret, cet ex-conseiller en finance dans les télécoms, qui a contribué à la réalisation d’infrastructures satellitaires dans une vingtaine de pays africains, est l’actionnaire majoritaire du holding Vacances Cap-Skirring (Vacap), une société de promotion hôtelière et immobilière implantée à Dakar. Il a notamment racheté le célèbre village de vacances du Club Med posé sur la pointe du littoral ouest de la capitale, où vont être construits les deux nouveaux hôtels.
En partenariat avec le groupe Club Med – le leader mondial des vacances haut de gamme tout compris, passé depuis 2015 sous le pavillon du conglomérat chinois Fosun International –, Amadou Loum Diagne développe par ailleurs un projet de village de vacances à Nianing, sur la Petite Côte, près de Saly. Le coût du complexe, d’une capacité de 861 lits, est estimé à 41,3 milliards de F CFA (près de 63 millions d’euros). Outre les promoteurs Vacap et Club Med, d’autres organismes, dont la Caisse des dépôts et consignations (CDC) du Sénégal et le Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), participent au financement du projet.
Né à Abidjan de parents sénégalais, Amadou Loum Diagne, qui se définit comme « un vrai Sénégalo-Ivoirien », développe aussi un important projet hôtelier près du Sofitel Ivoire, au cœur du Plateau, un quartier de la capitale économique ivoirienne – l’autre grande métropole ouest-africaine en plein essor dans le tourisme d’affaires. « J’appartiens aux deux pays, je réside autant en Côte d’Ivoire qu’au Sénégal », explique-t-il quelques minutes avant de s’envoler pour Abidjan.
TRANCHES DE VIE DES «DEPORTES» MAURITANIENS
Témoignages : ostracisme et misère; résilience et intégration (3ème et dernier jet)
«9 avril 1989.» Cette date reste gravée dans la mémoire des réfugiés mauritaniens. Mais elle n’a été que le reflet d’une progressive détérioration de la vie politique en Mauritanie dans les années 80. Comme le décrit si bien l’enseignant Abdoul Khadre Bomou dans son mémoire de fin d’études à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Education et de la formation (Fastef), département histoire-géographie.
Dans le document intitulé «Diawara, foyer originel du conflit sénégalo-mauritanien : reconstitution des faits à travers la mémoire collective», Monsieur Bomou revient sur cet épisode. il écrit : «les années 80 en Mauritanie, sont marquées par les actions des FlaM (les Forces de libération africaines de la Mauritanie) et les coups d’État manqués de 1987. En effet, Maouya Ould Sidi ahmed Taya est arrivé au pouvoir en décembre 1984 à la suite d’un coup d’État. À peine arrivé, le régime du Président Taya est secoué par une publication du Manifeste du Négro-africain opprimé par les Flam en 1986.
Dans ce Manifeste, les Flam dont la majorité des membres sont des Halpulaar ont mis le doigt sur toutes les tares du régime Taya. Les membres des Flam pensent qu’on assiste à une «baydanisation» du pays et parlent même de «l’apartheid mauritanien». Ils dénoncent un néocolonialisme des «Baydan», la manipulation des statistiques démographiques qui fait des Baydan une population majoritaire avec 80% contre 20% pour les Noirs, la mainmise des Baydan sur l’appareil politique, l’économie, l’armée, les mass-médias et le système éducatif.
La réaction du Président Taya ne tarda pas. il limoge le ministre de l’intérieur de l’époque Ane amadou Babali, un proche des membres des Flam, et une série de cadres négro-africains. Des flamistes sont arrêtés, emprisonnés et condamnés. Un an plus tard, le régime de Maouya Ould Sidi Ahmad Taya est secoué par une tentative de coup d’État dont les auteurs sont des officiers halpulaar. Toutes ces actions ne font qu’augmenter l’assentiment du régime de Taya à l’égard des Négro-africains. Dans la même année, un autre coup d’État a été déjoué. Cette fois-ci, l’attaque vient de la part des ultranationalistes arabes.
Face à ces multiples menaces, Maouya décide de réagir contre ses détracteurs. Il procéda par expurger l’administration et l’armée en ciblant prioritairement les Halpular.» il s’est ensuivi les événements de 1989 qui, à en croire l’historien, a été un prétexte pour se «débarrasser» des Négro-Mauritaniens. D’ailleurs la plupart des réfugiés rencontrés se considèrent comme des «déportés». 30 ans après, certains d’entre ont su être résilients, là où d’autres vivent dans la peur, le traumatisme etle désarroi. De Bakel à Dakar en passant par Matam et Podor, ils nous racontent leur parcours de vie.
MAMADOU BIRAME DIALLO, ANCIEN MILITAIRE REFUGIE AU SENEGAL «MON PREMIER ENFANT A ETE TUE LORS DE CES EVENEMENTS»
Il s’était fait remarquer en campant pendant des jours en face du (siège ?) du HCR avec sa famille où ils avaient élu domicile et passaient la nuit à la belle étoile. Né en 1949 à Helbir dans la région d’Aleg en Mauritanie, il est aujourd’hu niché avec sa famille au fin fond de la banlieue dakaroise à Tivaouane Peul «Toll général». Il a pris en location une maison entière (deux chambres, salon) où il vit avec sa femme et ses enfants. Grâce au HCR, il a pu se payer six mois de loyer en raison de 75.000 Fcfa le mois. Mais les six mois de location épuisés, il est depuis sous la menace d’une expulsion. «Marhaban», nous accueille Mamadou Birame Diallo dans sa chambre à coucher qui fait en même temps office de salon avec un sofa installé à l’entrée, un petit ventilateur et un mini téléviseur sur le côté.
Sur le mur, ses photos rappelant sa présence très jeune dans l’armée mauritanienne. Alité et en sueur, il se confie : «Avant 1989, j’étais dans l’armée où j’ai fait presque dix ans. Il y a eu des problèmes de racisme à partir de 1986 voire 1987 faisant que les militaires noirs étaient constamment rayés de l’armée sous de faux prétextes souvent liés à la limite d’âge. Avec la guerre du Sahara, beaucoup de noirs avaient intégré l’armée. Après la guerre sous le règne du premier Président mauritanien Moktar Oul Daddah qui avait d’ailleurs commencé le conflit, le pays s’est fortement affaibli et se trouvait à genoux. Finalement, après un coup d’État, la Mauritanie va sortir de cette guerre. Mais il s’est avéré que la présence de militaires noirs dans l’armée gênait le régime, vu que ces derniers commençaient à avoir une certaine force. C’est ainsi que le racisme a commencé dans l’armée. Des gens comme moi, frustrés, ne voulaient que sortir de l’armée.
D’autant que les noirs ne pouvaient plus bénéficier de promotion et voyaient des novices qui ne savaient ni lire ni écrire être promus à leur place. Parce que tout simplement c’était des maures blancs. Par la suite, après une tentative de coup d’État des Négro-Mauritaniens, de nombreux militaires noirs ont été tués et d’autres emprisonnés. J’ai fait deux mois de prison avant qu’ils ne m’amènent dans mon village où j’ai purgé encore six mois derrière les barreaux puis libéré et rayé de l’armée sans droit. On est resté dans notre village Helbir jusqu’aux évènements de 1989. Ils ont profité de cette situation pour nous dégager tous et nous ramener au Sénégal. On nous a chassés dans notre propre pays en 1989. On a été chassés de notre village, privés de nos terres et amenés de force de l’autre côté de la rive. () Je suis venu m’installer à Dakar avec ma famille en 2000. J’étais en bonne santé et je faisais de petits boulots pour gérer ma famille. En 2006, je suis tombé malade. J’ai subi une opération grâce à l’aide de HCR qui avait payé. Mais depuis ma santé est fragile et je ne peux plus travailler. C’est la descente aux enfers. Avec de petits boulots, il m’était difficile de payer la location. Finalement je suis venu m’installer avec ma famille au Centre social des réfugiés de Rebeuss. J’y ai vécu dans une seule pièce avec ma famille pendant neuf ans. En 2019, on nous a expulsés de la maison. Et le HCR m’avait signifié qu’il ne pouvait plus rien faire pour moi et qu’on avait qu’à partir. C’est ainsi que j’ai décidé de venir camper en face des locaux du HCR en plein air parce que je n’avais nulle part où aller. Nous est venus là-bas le 13 mars pour quitter le 21 mars. Nous y avons fait neuf jours. C’est ainsi que le HCR m’a donné le montant de six mois de loyer. J’ai décidé de venir chercher un logement ici à Tivauoune Peul.
Les six mois sont arrivés à terme et le propriétaire de la maison me réclame tous les jours le loyer. Aujourd’hui, je me sens délaissé. Je dois être opéré. Et il me faut 195.000 F CFA pour l’intervention. Je sollicite depuis le HCR. Je ne veux plus retourner en Mauritanie. C’est des racistes. Mes enfants ne connaissent pas ce pays et ne comprennent pas la langue. Ils auront du mal à s’y intégrer surtout avec cette histoire de déportation. Mon premier enfant a été tué lors de ces évènements. Il était parti alimenter le bétail et il n’est pas revenu. Il avait 14 ans. On nous a dit plus tard qu’il était mort. Avec tout ce traumatisme, il me serait difficile d’y retourner et vivre avec les gens qui ont tué mon fils. Je ne retournerai pas dans ce pays tant que la situation n’aura pas changé et qu’il n’y ait plus de racisme. Je voudrais qu’on me réinstalle ailleurs dans des pays comme l’Australie qui sont prêts à accueillir des réfugiés. Je suis vieux et malade. Mes enfants ne peuvent pas travailler convenablement. Du moment où ils ne peuvent plus s’occuper de nous, qu’ils m’aident à sauver ma famille avec une procédure de réinstallation.»
THIERNO SOW, COORDONNATEUR DES REFUGIES DU DEPARTEMENT DE PODOR «L’ADMINISTRATION ETAIT TELLEMENT NOIRE QU’IL FALLAIT LA BLANCHIR»
«J’étais fonctionnaire de l’Etat, technicien en télécommunications. La déportation m’a trouvé à Kiffa dans la région de Assaba. Un beau matin, un officier est entré dans notre centrale, a sorti sa carte et m’a donné une notification du commissaire. Je sors et je ne vois que des noirs dans la cour de notre service. C’était en avril 1989. On nous amène comme ça à Nouakchott puis au Sénégal. J’étais le seul de ma famille à être déporté. L’administration était tellement noire qu’il fallait la blanchir.(…)Je n’ai pas oublié et je n’ai pas pardonné. Ils nous ont sortis de la Mauritanie mais ils n’ont pas sorti la Mauritanie de notre cœur. C’est un problème douloureux et regrettable. Heureusement que le Sénégal, un pays avec sa Teranga légendaire, nous a accueillis. Si c’était un autre pays, on ne serait pas resté un an. (…)».
DEMBA SANE, COORDONNATEUR DES REFUGIES MAURITANIENS DU DEPARTEMENT DE BAKEL «NOS ENFANTS SE POSENT BEAUCOUP DE QUESTIONS»
«Les événements de 1989, je me rappelle comme si c’était aujourd’hui. C’était une stratégie bien réfléchie pour déporter les négros mauritaniens. Je vivais avec ma famille à Woringuel dans le département de Kankossa. J’avais à peine sept ans quand on nous déportait vers le Sénégal. Avec mes frères, on était à l’école quand on a appris qu’on rapatriait les Sénégalais et qu’on les chassait. Finalement, ce n’est plus les Sénégalais. C’est devenu une affaire ethnique. Ils disaient tout simplement que tous les Peuls étaient sénégalais et rapatriaient tout le monde. Mon père était un berger. Des soldats sont venus une soirée demander après lui. Mes frères se sont opposés à ce qu’ils soient embarqués. Les gendarmes ont braqué une arme sur eux. Je me rappelle qu’un des gendarmes disait : «je vais vous tirer dessus si vous ne faites pas attention». Sur ces entrefaites, un camion est venu et nous avons tous été embarqués dedans sans bagages ni rien. Nous avons passé deux nuits au poste de gendarmerie du département avant d’être amenés à Goureye dans des camions de 10 tonnes comme du bétail, puis mis sur des bacs pour nous faire traverser à Bakel.
C’était un mois de juin. L’armée sénégalaise était positionnée tout au long de la rive sénégalaise en face de l’armée mauritanienne de l’autre côté. Lorsque nous sommes arrivés, la gendarmerie sénégalaise nous a transportés dans des minicars à la brigade où nous avons passé trois jours pour les besoins des dépositions et autres. Après, nous avons été logés dans un camp de réfugiés derrière l’hôpital de Bakel. Nous y avons campé nos bâches. C’était horrible. En tant qu’enfant, j’étais dépassé surtout de voir des personnes malades déportées. Certains avaient la diarrhée et souffraient durant tout le périple. Nous étions traumatisés. Et il n’y a jamais eu de suivi psychologique. Nous étions entassés dans les camions. Et des gens piquaient des crises dans le camion. Il y a beaucoup de personnes qui sont tombées malades après. D’autres sont décédés. Je ne pourrais jamais admettre ce qui s’est passé. Cette déportation a été une torture pour les Négro-Mauritaniens. Il y a de ces choses qu’on ne peut pas pardonner. C’est impardonnable ce qui s’est passé. Nos enfants aujourd’hui se posent beaucoup de questions. Déjà, ils sont choqués quand ils voient les gens venir nous recenser. On doit régler cette question de façon définitive. C’est au Sénégal que j’ai passé toute ma vie et où j’ai grandi et étudié. J’ai fait cinq ans à l’Université Gaston Berger (UGB) au département des Sciences et Techniques où j’ai obtenu mon Master en développement de Systèmes d’informations. J’ai bénéficié d’une bourse du HCR et cela m’a beaucoup aidé.»
DIAWARA, LA OÙ TOUT A COMMENCÉ !
Elle a trainé la triste réputation d’avoir été le lieu de départ du conflit entre le Sénégal et la Mauritanie de 1989. Mais, Diawara tente aujourd’hui tant bien que mal de se départir de son lourd passé.
Elle a trainé la triste réputation d’avoir été le lieu de départ du conflit entre le Sénégal et la Mauritanie de 1989. Mais, Diawara tente aujourd’hui tant bien que mal de se départir de son lourd passé.
Des soldats en nombre se déploient sur les berges du fleuve séparant le Sénégal de la Mauritanie. Mais plus de peur que de mal ! Diawara est en fête. Loin des vieux démons de 1989, ce village sis à 18 km de Bakel se prépare à accueillir, en ce 22 octobre 2019, les forces de défense et de sécurité mauritaniennes dans le cadre des patrouilles bipartites organisées avec leurs homologues sénégalaises le long des frontières. Ces opérations ont pour but de lutter contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme, de neutraliser les voleurs de bétail et autres malfaiteurs. Mais aussi et surtout de sensibiliser les populations sur le trafic des armes légères et sur la nécessité de respecter les lois et règlements en vigueur dans chaque pays.
Et pour des soucis d’inclusion, des discussions sont ouvertes avec les autorités administratives, locales, coutumières, religieuses et les populations. Mais les panels n’auront finalement pas lieu à Diawara après un faux bond des militaires mauritaniens à la fin de cette patrouille conjointe, la 11ème organisée entre 2018- 2019. Mais ce petit imprévu ne va pas gâcher la fête. Dès le lendemain, Diawara vit au rythme du match de football tant attendu entre les militaires et une équipe locale. Tous les chemins mènent ainsi au stade municipal de la localité. Un jeune capitaine récemment nommé commandant de la Place d’armes de Bakel est derrière toute cette organisation. Il s’active pour marquer de son empreinte la réconciliation-renaissance de la cohabitation pacifique des peuples de part et d’autre de la rive du fleuve Sénégal. Très diplomate, le capitaine Moustapha Sambe essaye de garder de très bonnes relations avec ses principaux interlocuteurs de l’armée mauritanienne. Il reconnait cependant que les différends entre agriculteurs et éleveurs constituent l’une des principales problématiques à gérer par les deux pays.
Et pour pallier cette situation, dit-il, une des solutions, en plus de la sensibilisation et de la concertation des parties, c’est la délimitation exacte des couloirs de passage du bétail vers le fleuve et les zones de pâturage. D’ailleurs, les évènements de 1989 entre la Mauritanie et le Sénégal ont pris départ à Diawara suite à une banale histoire entre bergers et agriculteurs. Une trentaine d’années après, ce mauvais souvenir reste gravé dans la mémoire collective. «Je me rappelle les coups de feu. Les avions survolaient au-dessus de nos têtes. Les saccages de boutiques de Maures, je m’en souviendrai toujours. Et quand il y a eu l’apaisement, on allait jouer dans les tranchées creusées par l’armée sénégalaise. On y entrait pour jouer», se souvient Abdoul Khadre Bomou qui était très jeune à l’époque. Il avait six ans quand les évènements se sont produits. Aujourd’hui, il enseigne l’Histoire et la Géographie au lycée mixte de Diawara. Les évènements l’ont marqué à tel point qu’il a réservé son mémoire de spécialité à la FASTEF à cette question. Son mémoire est intitulé : «Diawara, foyer originel du conflit sénégalo-mauritanien : reconstitution des faits à travers la mémoire collective».
Dans ce document, Abdoul Khadre Bomou qui a interrogé de nombreux témoins de l’époque revient sur les origines immédiates du conflit en rappelant les événements successifs qui ont eu lieu entre les cultivateurs soninkés de Diawara (Sénégal) et les éleveurs Peuls de la Mauritanie sur l’île Dunde Xore. Il indique qu’une simple altercation entre cultivateurs et éleveurs a rapidement dégénéré en un conflit sanglant avec plusieurs morts. «Ne supportant plus les troupeaux de Peuls mauritaniens en divagation dans le Dunde Xore (Ndlr : Grande-Île en Soninke), une bande de terre très fertile sur le cours du fleuve Sénégal, les cultivateurs de Diawaranko les capturent avant de les abattre. Une action qui n’a pas dissuadé les bergers de l’autre côté de la rive de récidiver en introduisant une nouvelle fois leur bétail dans les champs des Diawaranko.
Considérant ceci comme une provocation de plus, les Diawaranko, sans se douter de rien, se ruent encore une fois vers le Dundé Xore pour récupérer les moutons. C’est ainsi qu’ils furent pris en embuscade par les Peuls armés de fusils et des militaires mauritaniens. Les premiers coups de feu créent une panique générale et font un mort sur le coup. Une autre personne blessée par balle a été prise en otage avec 12 autres personnes, avant de succomber à ses blessures».
LE «DUNDE XORE» ET LES PECHEURS SONINKE
Le Dunde Xore est séparé de la rive sénégalaise par une bande d’eau étroite, mais très profonde et qui ne s’assèche jamais. Alors que de la rive mauritanienne, elle est plus éloignée, mais les eaux sont très basses durant la saison sèche. Ce qui rend la traversée très facile. Toujours dans le document rédigé par Monsieur Bomou, on peut lire : «Au mois d’avril, sur l’Île les cultures sont déjà mûres, les récoltes sont presque finies, mais les paysans n’ont pas encore complètement abandonné les champs. Du côté de la Mauritanie, au mois d’avril le pâturage est épuisé, le bétail n’a plus rien à brouter. Alors qu’au niveau du fleuve, les eaux sont basses et la traversée devient facile pour les Peuls de la Mauritanie et leur bétail. C’est la conjugaison de tous ces facteurs qui font qu’à la même période, les Peuls de la Mauritanie qui craignaient pour la vie de leur bétail se retrouvent sur l’Île dans les champs des Soninkés du Sénégal qui voulaient tout exploiter sans rien laisser». Aujourd’hui, cette bande de terre est inoccupée. Depuis le conflit, les cultivateurs Diawaranko ne peuvent plus y aller pour cultiver. Un tour sur l’ile laisse entrevoir un sol écartelé, des herbes touffues et des branches des arbres entrelacées. Il est difficile de se frayer un chemin avec les épines de certaines feuilles. Derrière cette apparence de foret abandonné, des chaussures, des canettes entre autres objets font penser que le lieu est toujours fréquenté. «Il arrive que des gens viennent chercher du bois mort dans ce No man’s land», confie notre guide, un pêcheur Soninké, qui ajoute que ce sont les bergers peuls mauritaniens qui viennent toujours pendant la saison sèche. Fin connaisseur des sociétés vivant de part et d’autre du fleuve Sénégal, Djiby Damba, un des sages de la communauté des pêcheurs, affirme que les peuples sont les mêmes des deux côtés du fleuve. «Nos habitudes n’ont jamais changé envers les peuples d’un côté comme de l’autre entre le Sénégal et la Mauritanie que ce soit avant, pendant et après le conflit».
Cette communauté soninké constituée de pêcheurs a vécu sur place le face-à-face entre les deux armées sénégalaise et mauritanienne qui se sont longtemps regardées en chiens de faïence durant le conflit sans jamais se frotter carrément. Malgré ce climat tendu, leur activité n’a jamais changé. «Il y avait ici partout des militaires, des chars, des tranchées creusées le long du fleuve. Mais on n’a jamais bougé d’ici. Et depuis 1989, des policiers montent la garde en permanence ici pour surveiller les embarquements et les débarquements», dit-il. Aujourd’hui, ces pêcheurs assurent plus que jamais la traversée des deux côtés de la rive. «Nous avons toujours des parents en Mauritanie. »
RESPONSABILITE DES AUTORITES ADMINISTRATIVES
Pourtant, ces évènements malheureux pouvaient être évités, à en croire l’enseignant et fils de la localité Souleymane Bomou, si les autorités sénégalaises avaient réagi à temps. «Nous ne pouvons pas comprendre qu’il y ait des tensions pendant quatre jours entre cultivateurs sénégalais et éleveurs d’un autre pays sans que les autorités ne se saisissent de l’affaire. Nous nous demandons comment tous ces événements ont pu se passer au nez et à la barbe du sous-préfet de l’époque, un certain Ameth Ndiaye, sans qu’il ne prenne les devants ? Nous nous demandons, comment le préfet qui est à dix-huit kilomètres de Diawara n’a pas eu écho de ces événements ? Et s’il en a eu écho, pourquoi il n’a pas dépêché des éléments afin qu’ils sécurisent les lieux et dissuadent la population à se rendre sur l’Île ?», s’est-il interrogé. Et d’indiquer ensuite que c’est seulement le 9 avril vers 11 heures après les tueries et les prises d’otages que les forces de l’ordre sénégalaises sont intervenues pour prendre en main les choses.
En définitive, il en déduit un laxisme manifeste des autorités sénégalaises de l’époque face à cette succession d’événements. Aujourd’hui, Diawara revit. La localité a pansé ses plaies même si les familles de réfugiés vivant tout autour en constituent les cicatrices. «Les gens oublient dès fois que ces événements se sont une fois produits sur les lieux», rassure Souleymane Bomou adjoint-maire de Diawara. Cette résurrection, les associations d’émigrés y ont contribué, plus particulièrement le Comité de rénovation de Diawara (Coredia) qui se positionne comme l’intermédiaire entre la commune et certains de ses partenaires.
Les émigrés contribuent fortement à l’essor de la zone. Pratiquement dans chaque demeure, il y a émigré. Et ces Soninkés de la diaspora ont réalisé de nombreuses infrastructures dans ce village, que ce soit la station de pompage, les établissements scolaires, le centre de santé, etc. Au grand bonheur de Diawara qui, même au crépuscule, est animé autant que Bakel ville.
LE COLLECTIF «NOO LANK» DONNE UN ULTIMATUM A MACKY SALL ET SON REGIME
Le collectif citoyen «Noo Lank», porté sur les fonts baptismaux juste après l’arrestation de Guy Marius Sagna et Cie, a réussi, hier, son baptême du feu avec une marche effectuée de la place de l’obélisque au rond-point de la Rts.
Seydina Bilal DIALLO et Sira DIALLO |
Publication 14/12/2019
A la fin de procession, hier, les leaders du collectif «Noo Lank» se sont succédé sur le chapiteau, les uns plus virulents que les autres. Ils ont dénoncé la hausse du prix de l’électricité et l’arrestation de Guy Marius Sagna, Dr Babacar diop et Cie. Ils ont donné un ultimatum au régime de Macky Sall afin qu’il remédie à ces «forfaitures».
Le collectif citoyen «Noo Lank», porté sur les fonts baptismaux juste après l’arrestation de Guy Marius Sagna et Cie, a réussi, hier, son baptême du feu avec une marche effectuée de la place de l’obélisque au rond-point de la Rts. Le collectif veut contraindre le gouvernement à revenir sur sa décision d’augmenter le coût de l’électricité ; mais aussi exige la libération de ceux qu’il considère comme des «otages politiques». Selon le coordonnateur de «Y en a marre», Macky Sall a intérêt à les libérer dans les plus brefs délais. «Ils croupissent en prison alors que les bandits etles voleurs de la République vaquent à leurs occupations. Le régime a intérêt à les libérer sinon le peuple ira les libérer», avertit Aliou Sané.
Concernant la hausse du prix de l’électricité, il estime que rien n’est encore perdu. «Il faut se battre pour que cette hausse soit revue et annulée. On donne un ultimatum à Macky sall et son gouvernement pour remédier à cette situation. Nous avons posé un premier acte et nous restons à l’écoute. D’ici demain ou après-demain, si rien n’est fait, on va leur montrer que le peuple est déterminé», a martelé Aliou Sané. Embouchant la même trompette, le coordonnateur du Forum Social Sénégalais (Fss), Mignane Diouf soutient que dans les jours à venir, le collectif informera des prochaines étapes de son plan d’actions. Pour soulever l’inconséquence du régime, il affirme qu’il y a six mois, le Directeur général de la Senelec, Makhtar Cissé informait que la société était en bonne santé financière et qu’elle pouvait même vendre de l’électricité à l’étranger. «Le 27 novembre 2019, son successeur vient nous dire que la Senelec a un gap de 12,191 milliards de F CFA et qu’il veut que les Sénégalais payent ça. Nous n’allons pas payer ce que nous n’avons pas consommé. Que ceux-là qui ont consommé ou gaspillé la ressource la paye», assène Monsieur Diouf.
«FRAPP FRANCE DEGAGE» : «SI RIEN N’EST FAIT D’ICI JEUDI, ON MARCHERA SUR LE PALAIS»
Plus radicaux, les compagnons de Guy Marius de Sagna dans «Frapp France Dégage» ont menacé de marcher sur le Palais la semaine prochaine si leurs camarades ne sont pas libérés. «L’état de santé de nos camarades se dégradent en prison. Il faut libérer les otages. Si d’ici jeudi, cela n’est pas fait, on manifestera de la place de l’Indépendance au Palais de la République» a annoncé Alioune Badara Mboup, représentant de «Frapp France Dégage ». Le syndicaliste et membre du G20 Dame Mbodj partage aussi le même avis et pense que c’est la meilleure voie pour libérer Dr Babacar Diop et ses camarades en détention depuis deux semaines. «Si le président de la République veut vraiment la paix, qu’il libère, d’ici jeudi, tous ceux qui sont emprisonnés de façon arbitraire et qu’il sorte un décret pour diminuer le prix de l’électricité. Sinon, on marchera jusqu’au Palais de la République», fulmine-t-il. Le représentant des étudiants de dire qu’il n’y aura plus de cours à l’Université Cheikh Anta Diop tant que le Dr Babacar Diop et les étudiants emprisonnés ne seront pas libéré.
JUGE HAMIDOU DEME : «CEUX QUI NOUS GOUVERNEMENT DOIVENT FAIRE PREUVE D’EXEMPLARITE»
Prenant la parole, le Président d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, a soutenu ne pas comprendre que Macky Sall affirme lors de son élection que la Senelec était une boite bien gérée et quelques mois après que celle-ci augmente le prix de l’électricité. «Il est inacceptable que les Sénégalais payent leur mauvaise gestion», déclare M. Gassama. A sa suite, le juge Ibrahima Hamidou Dème a indiqué qu’à un moment donné les gens pensaient que les Sénégalais n’étaient plus engagés. Mais, dit-il, la marche d’aujourd’hui (Ndlr : Hier) prouve le contraire. «Le peuple est toujours déterminé. Ils (Ndlr : les dirigeants de l’Etat) nous demandent de faire des sacrifices, mais est-ce qu’ils font des sacrifices ? La réalité prouve le contraire si l’on voit la voiture du Président achetée à presqu’un milliard et les 300 milliards Fcfa consacrés à l’achat de véhicules depuis 2012. Ceux qui nous gouvernement doivent faire preuve d’exemplarité. Mais comment nous demander de faire des sacrifices alors qu'ils ne les font pas», s’est désolé le magistrat démissionnaire. Pour finir, Aliou Sané de «Y en a marre» a salué la forte mobilisation. Cependant, il dit ne pas être satisfait. «Il reste un défi. Ce n’est que le commencement. Il faut qu'on reste déterminé à poursuivre le combat», a-t-il conclu.
MADICKÉ NIANG RENONCE À CRÉER SON PARTI POLITIQUE
Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle a annoncé ce vendredi abandonner l’idée de créer son propre parti, assurant agir ainsi à la demande du khalife général des mourides
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 14/12/2019
« Je déclare solennellement que j’ai décidé d’interrompre le processus de création d’un parti politique que j’avais enclenché. À partir de ce jour, je me mets à l’écoute du khalife général des mourides », a annoncé ce vendredi le candidat malheureux à l’élection présidentielle de février 2019, depuis Touba, la ville sainte de la confrérie musulmane.
Comme annoncé par Jeune Afrique en novembre dernier, l’ancien membre du Parti démocratique sénégalais (PDS) était pourtant sur le point de lancer sa propre formation politique. Il en avait déjà choisi le siège et était en train d’en définir la ligne politique, quelques semaines auparavant.
À l’en croire, c’est sur instruction du khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, qu’il a pris la décision « irréversible et irrévocable » de ne pas mener son projet à terme, alors qu’il en finalisait « les dernières phases de mise en œuvre », a-t-il annoncé ce vendredi 13 décembre.
Retrouvailles
Selon l’ancien avocat, c’est également pour suivre les consignes de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké qu’il s’est rendu, le 24 novembre dernier, au domicile de son ancien mentor Abdoulaye Wade.
Après cette visite à Abdoulaye Wade, Madické Niang aurait informé les alliés de sa coalition « Madické 2019 » de sa décision, avant d’en notifier également les membres de la Grande alliance. Cette coalition, composée notamment de ses ex-adversaires de l’opposition à l’élection présidentielle, Idrissa Seck et Issa Sall, s’est formée le mois dernier dans la perspective des élections locales qui pourraient se tenir en mars 2021.
Avenir politique
En renonçant à la création de son parti, Madické Niang amorce-t-il un retrait total et définitif de la vie politique ? « Je n’ai pas de projet d’avenir », a-t-il simplement déclaré, laconique, s’en remettant systématiquement à la volonté du khalife général des mourides. « Je n’ai plus mes yeux pour regarder, je n’ai plus mes oreilles pour entendre. Je ne vois ni n’entends qu’à travers les yeux et les oreilles du khalife général des mourides », a-t-il ajouté.
Ces retrouvailles, célébrées dans le cadre du dialogue national lancé par Macky Sall, pourraient in fine aboutir à la création d’un gouvernement d’union national. Un gouvernement auquel Madické Niang pourrait être appelé à prendre part ?
De Touba, l’ancien candidat a expliqué ce vendredi que le khalife général des mourides ne lui avait pas demandé « d’arrêter toute activité politique », mais recommandé « d’œuvrer exclusivement au bien des Sénégalais », sans préciser sa pensée.
LE SÉNÉGAL MENÉ EN BATEAU
Un projet à 2,8 milliards de francs Cfa, 4 bateaux réceptionnés en grande pompe. Depuis, plus rien… Plus de 11 ans après, le projet des bateaux taxis pour la liaison maritime Dakar-Rufisque-Saly est à l’eau. Nous retraçons les péripéties de ce fiasco
Un projet à 2,8 milliards de francs Cfa, 4 bateaux réceptionnés en grande pompe en 2008. Depuis, plus rien… Plus de 11 ans après, le projet des bateaux taxis pour la liaison maritime Dakar-Rufisque-Saly est à l’eau. Un programme phare du régime du Président Abdoulaye Wade où il était question de décongestionner Dakar. Jusqu’ici, les responsabilités de cet échec n’ont jamais été situées. Nous retraçons les péripéties de ce fiasco.
«Les éléphants blancs sont devenus bleus.» En octobre 2008, le ministre de la Pêche et de l’économie maritime était euphorique au moment de réceptionner les 5 bateaux taxis pour assurer la liaison maritime Dakar-Rufisque. 11 ans plus tard, ce projet qui devait décongestionner Dakar par la mer est rangé aux oubliettes. Les bateaux n’ont jamais été utilisés. Malgré les 2,8 milliards de francs Cfa dépensés.
Aujourd’hui, le sujet est devenu épineux à la fois pour l’ancien régime et l’actuel. On l’évite au maximum. Le Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec) qui avait en charge le projet se réjouit presque de s’être débarrassé des 5 embarcations qu’il a financées sur fonds propres. «Le vieux dossier hérité de l’ancien régime avec les fameux bateaux acquis n’était pas adapté au transport de mer. Ces bateaux ont été finalement cédés aux communes de Saint-Louis et de Foundiougne qui en ont pris possession», renseigne Mamadou Ndione, directeur général du Cosec.
Au vu des déclarations, on croirait que les bateaux sont en circulation. Que nenni ! Ils se sont érodés au fil des années sous les assauts de la brise marine du Port autonome de Dakar. Aujourd’hui, deux sont cédés à Saint-Louis et 2 autres à Foundiougne. Contacté, le maire de Saint-Louis, par ailleurs ministre du Développement communautaire et de l’équité territoriale, demande qu’un questionnaire lui soit soumis. Ce que nous avons fait volontiers. Mais au dernier moment, Mansour Faye nous renvoie au secrétaire général de la mairie de Saint-Louis. Ce dernier, parlant du caractère «sensible» du dossier, demande d’avoir l’autorisation du maire au préalable. Selon lui, ses appels et sms envoyés au maire n’ont jamais connu de réponse.
Les 5 bateaux accostés à Dakar, Saint-Louis et Foundiougne
En réalité, les bateaux ont été acquis, mais n’ont pas jamais navigué sur le fleuve. «Lorsqu’en tant que député j’ai pu observer les résultats après l’achat des bateaux taxis par le Sénégal et qui se sont avérés inutilisables par l’axe Dakar-Rufisque, je me suis rendu compte qu’ils étaient faits pour le plan d’eau de Saint-Louis. J’ai pris la responsabilité d’écrire au Président de l’époque Me Abdoulaye Wade. Dans son élégance légendaire, il m’avait répondu favorablement en m’octroyant deux bateaux taxis alors que nous étions de l’opposition. Entre-temps, il y a eu une alternance et je suis entré dans le gouvernement et, Dieu m’est témoin, je n’ai pas eu toutes les difficultés pour que les bateaux soient donnés à Saint-Louis au nom du principe de la continuité de l’Etat», déclare l’opposant Cheikh Bamba Dièye, maire de Saint-Louis de 2009 à 2014. Finalement, les deux bateaux ont bien quitté Dakar pour Saint-Louis, mais n’ont jamais circulé dans les eaux du fleuve. Et l’actuelle mairie rechigne à communiquer sur le sujet.
La commune de Foundiougne n’est pas aussi peu prolixe sur la question après la réception de 2 bateaux taxis en avril dernier. Joint par téléphone, le maire Babacar Diamé confirme l’arrivée des embarcations en avril dernier. «Non, les bateaux ne sont pas encore en circulation. On attend de faire quelques études. Ils sont à la disposition de la mairie», sert-il laconiquement. Baptisés Yalla, Géllowar, Malaaw et Méla, les 4 bateaux taxis font chacun 57 places et ne devaient pas rouler quand il y a 1,5 mètre de houle ni s’éloigner de 5 km les côtes. Le 5ème, Mame Coumba Lamb, assure la navette Dakar-Gorée. Au début de ce projet cher au gouvernement, c’est un comité qui a été mis en place. Dans le comité qui a validé les termes de référence du projet siégeaient 2 représentants du Port autonome de Dakar avec un commandant conducteur de bateau et un ingénieur mécanicien naval. La Marine marchande, devenue Agence nationale des affaires maritimes (Anam), était représentée par deux membres. Le Cosec était représenté par deux personnes, un conseiller technique du directeur général et un expert maritime.
Sous la houlette du directeur général Amadou Kane Diallo et du président du Conseil d’administration Ahmet Fall Braya, le Cosec pilote le projet sous la supervision de la crème du domaine maritime. Les travaux de construction devaient se dérouler à Peniche, une ville portugaise située une trentaine de km de Lisbonne. Lancé en 2006, le projet de liaison maritime Dakar-Rufisque entre dans une nouvelle phase avec la réception des bateaux. La Marine marchande délivre le certificat de navigabilité. Le ministre de la Pêche de l’époque, Souleymane Ndéné Ndiaye, fait même le voyage Dakar-Gorée avec l’un des bateaux. C’est finalement un bulletin de la météo commandité par le Président Wade qui indique qu’ils «ne sont pas adaptés à a mer».
Mame Coumba Lamb à l’arrêt
Le bulletin de l’Anacim auquel Le Quotidien a eu accès renseigne qu’il y a «une houle supérieure à 1,5 m durant 20 jours dans l’année à Rufisque et 3 mois de houle supérieure à 1,5 m à Dakar pendant 90 jours». 6 ans après le naufrage du bateau le Joola et ses 2 000 morts environ, le régime libéral ne pouvait se permettre de prendre des risques. Finalement, une réunion s’est tenue à la Présidence entre le Président Abdoulaye Wade, le commandant Seydou Diallo, directeur du Cosama, qui gérait les bateaux, Amadou Kane Diallo, directeur général du Cosec, et le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye. Finalement, Wade abandonne le projet qui a eu la certification de Véritas international, organisme de validation de la navigation maritime. Le Président Wade qui n’a jamais visité les bateaux n’en revenait pas. En juin 2010, il actionne l’Inspection générale d’Etat (Ige) sur la gestion du directeur général du Cosec. Limogé en juin 2010, Amadou Kane Diallo est arrêté et emprisonné en 2012 pour «détournements de deniers publics, corruption passive, faux et usage de faux en écriture publique authentique». Au moment de l’interpellation, il était accompagné de Abdou Kane Gaye, ex-directeur administratif et financier, de l’ancien Pca Ahmet Fall Braya qui avait payé une caution ainsi que de la comptable Fatou Mbaye Diallo. Ces trois ex-collaborateurs du Dg ont été tous relâchés par la suite. Ils vont tous bénéficier d’un non-lieu en juillet 2018.
Dans le projet de liaison maritime Dakar-Rufisque figure la construction d’une gare maritime dans la vieille ville. Mais les choses non plus ne se passent pas comme tel. Prévue pour des bateaux taxis, la gare sera réfectionnée par le régime de Macky Sall qui décide de relancer le projet. Le bateau Mame Coumba Lamb voit le jour pour un coût d’1 milliard 746 millions de francs Cfa. Il fallait réadapter la gare au bateau avec sa capacité de 200 places. Les lenteurs et la volonté politique vont faire défaut. «Comme le ponton de Rufisque a été construit pour les bateaux taxis avec un tyran d’eau de 0,6 mètre et que le bateau Mame Coumba Lamb a un tyran d’eau d’1m 46, il fallait donc adapter. C’est dans ce cadre qu’un appel d’offres a été fait et l’entreprise pour réaliser le ponton», explique Demba Faye, économiste, qui a occupé de nombreuses directions techniques au Cosec de 1999 à 2017.
Lancés en 2017, les travaux du ponton ne devaient durer que 4 mois. Réceptionné il y a quelques mois, il ne reçoit pas encore de passagers. Si le Cosec dit que le bateau Mame Coumba Lamb est prêté à la commune de Goréé pour assurer la desserte entre Dakar et l’île mémoire, une vérification a permis de savoir que le bateau a servi à un moment donné au transport vers l’île de Gorée suite à l’arrêt de l’une des chaloupes, à savoir Beer. Sinon, Mame Coumba Lamb est immobilisé au Port de Dakar, alors que le Cosec envisage d’acheter un autre bateau pour relancer le projet. Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.
«LA DER A LES OUTILS POUR CONTRAINDRE TOUS LES BENEFICIAIRES A REMBOURSER»
Amadou Hott prévient les futurs bénéficiaires de ces financements que la Der a les outils pour les contraindre à rembourser.
Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération se veut catégorique quant au remboursement des financements de la délégation générale à l’entrepreneuriat rapide (Der) qui a bénéficié hier d’un soutien de plus de 41 milliards de la Banque africaine de développement (Bad). Amadou Hott a prévenu les futurs bénéficiaires de ces financements que la Der a les outils pour les contraindre à rembourser.
Le modèle de la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide (DER) a séduit les dirigeants de la Banque Africaine de Développement (BAD) qui ont décidé de financer ses projets. Seulement, il ne s’agit pas, selon le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, de fonds perdus c’est-à-dire non remboursables.
En effet, Amadou Hott s’est voulu très clair hier, lors de la signature d’une convention de prêt de plus 41 milliards F Cfa. Aussi, avertit-il les futurs bénéficiaires de cet argent, notamment les jeunes et les femmes. « Ce sont des prêts remboursables et pas des dons.
Ainsi, chaque bénéficiaire devra rembourser jusqu’au dernier centime l’argent emprunté. Ce sont des milliards que l’Etat va devoir rembourser pour la pérennité du projet. La DER a les outils pour contraindre tous les bénéficiaires à rembourser », affirme Amadou Hott.
Par ailleurs, le ministre de l’Economie, du Plan et de Coopération a indiqué que la phase 1 de la valorisation des initiatives entrepreneuriales des jeunes et des femmes (PAVIE1) permettra de financer les projets des femmes et des jeunes sur toute l’étendue du territoire national en apportant non seulement un accompagnement technique sur la professionnalisation aux différents métiers mais également en matière de gestion d’entreprise. « Ceci permettra aux femmes et aux jeunes de contribuer à la création de richesse avec une masse critique de jeunes entrepreneurs issus de tous les milieux socio-économiques ».
Pour sa part, le directeur adjoint de la Bad, Serges Nguesssan, a manifesté toute sa satisfaction à la DER. En effet, expliquant les raisons pour lesquelles la BAD a décaissé plus de 41 milliards pour la DER, il a soutenu que le Directeur général de la BAD a été séduit par le modèle pour son pragmatisme. « Il y a plusieurs programmes conçus par les jeunes pour leur promotion, mais la DER est pour moi le premier modèle pragmatique », a souligné le directeur de la BAD.
COUPE DU MONDE DES CLUBS, SADIO MANE AFFICHE SES AMBITIONS
Champion d'Europe, Liverpool arrivera au Qatar pour la Coupe du monde des Clubs de la Fifa en ronronnant comme une machine bien huilée
Champion d'Europe, Liverpool arrivera au Qatar pour la Coupe du monde des Clubs de la Fifa en ronronnant comme une machine bien huilée. Sadio Mané continue de s’affirmer comme l’un des meilleurs attaquants du monde. Depuis le début de la saison 2019/20, le Sénégalais a contribué largement au statut de leader confortable de Liverpool dans le championnat d’Angleterre. Fifa s’est entretenu avec un des atouts majeurs de Jürgen Klopp à quelques jours de leurs débuts dans la Coupe du monde des Clubs de la Fifa.
A l'heure d'aborder la Coupe du monde des clubs, Liverpool pratique-t-il aujourd'hui l'un des meilleurs footballs de la planéte ?
Pour nous, le plus important est toujours de gagner le prochain match. Si nous pouvons le faire en jouant bien, c’est encore mieux, mais je préfère mal jouer et gagner que le contraire.
Quel aspect du jeu Liverpool maîtrise le mieux en ce moment?
Le pressing, avec ou sans ballon. C’est un aspect du jeu que nous travaillons beaucoup à l’entraînement et nous savons bien le faire. C’est l’une des clés de notre succès.
Affronter les meilleures équipes de la planète, est-ce un défi différent de celui que vous vivez en Ligue des Champions?
Oui, le football est toujours une question de défis. Ça va être une nouvelle expérience pour nous, qui nous servira pour le reste de la saison. Le fait de jouer contre différentes cultures et différents styles footballistiques est toujours enrichissant dans une carrière mais en même temps, nous allons là-bas pour faire tout notre possible afin de gagner chaque match. Ça ne va pas être facile, nous le savons, mais c’est toujours un défi. Toutes les équipes présentes sont fortes, c’est une évidence, sinon elles n’auraient pas gagné la Ligue des champions sur leurs continents respectifs. L’idée de jouer contre les meilleures équipes de chaque continent est vraiment très motivante. Chaque match va être très compliqué, mais c’est quelque chose à quoi nous nous attendons. Nous abordons le défi de façon positive et nous allons essayer de battre chaque adversaire.
La Coupe du monde des clubs est l'un des rares trophées que Liverpool n'a jamais remportés. Quelle importance cela a t-il dans l'histoire du club ?
C'est grandiose aussi bien pour nous les joueurs, que pour le club et les supporters. Cela représente beaucoup pour tout le monde et nous sommes impatients d’y être.
source : fifa.com
BENOIT SAMBOU DEZINGUE SERIGNE MBACKE NDIAYE
La proposition de la suppression de la limitation des mandats présidentiels ne fait pas partie des questions à l’ordre du jour des travaux de la commission cellulaire du dialogue politique.
La proposition de la suppression de la limitation des mandats présidentiels ne fait pas partie des questions à l’ordre du jour des travaux de la commission cellulaire du dialogue politique. Cette précision est du coordonnateur des plénipotentiaires de la majorité présidentielle au dialogue politique, Benoit Sambou, qui informe qu’une telle proposition n’a jamais été faite par leur pôle.
Remous au sein des plénipotentiaires du pôle de la majorité présidentielle s’activant dans la commission cellulaire du dialogue politique dirigée par le Général Mamadou Niang. La proposition qu’aurait faite l’ancien ministre sous Wade, Sérigne Mbacké Ndiaye, membre du pôle des représentants de la mouvance présidentielle à ces concertations, à savoir la suppression de la limitation des mandats présidentiels a été bottée en touche par le coordonnateur dudit pôle.
Dans un communiqué en date d’hier, vendredi 13 décembre, Benoit Sambou indique que «à la suite de la parution d’articles de presse faisant état d’une proposition de la Majorité pour la suppression de la limitation des mandats présidentiels, le pôle des plénipotentiaires de la Majorité à la Commission du Dialogue politique informe l’opinion nationale et internationale qu’une telle question n’est pas à l’ordre du jour des travaux de la Commission». Ne s’en limitant pas là, l’ancien ministre de la jeunesse à la tête du pôle de la majorité précise qu’une telle idée n’a même pas été discutée au sein de la mouvance présidentielle.
Dans la note, il dira que «le pôle de la Majorité tient à préciser que jamais, ni dans les séminaires ou échanges préparatoires aux réunions, ni dans les briefings ou débriefings de groupe, une telle proposition n’a été faite».
Toute chose qui lui fera estimer qu’il y a des objectifs cachés derrière une telle sortie. Il considère que «ces informations relèvent donc d’une vaine tentative de manipulation et de divertissement de l’opinion mais également d’une volonté manifeste de jeter le discrédit sur l’action du Président de la République Macky Sall qui, par la Constitution issue du Référendum du 20 mars 2016, a définitivement clos le débat sur la limitation des mandats».