Contrairement à une idée largement répandue, l’identitarisme, loin d’être inné, est un construit social. La négation de l’autre est un comportement qu’on acquiert, qu’on vous fait acquérir en vous désignant l’autre comme une menace à votre vie, vos biens
Les artisans de l’indépendance mauritanienne ne s’accordent, ni sur l’identité de ce territoire nouvellement émancipé, ni sur son appellation. Pour certains, la relation de la Mauritanie avec le panafricanisme est fondatrice ; ce caractère doit être nettement perceptible à travers l’appellation recherchée.
Pour d’autres, la vocation existentielle de la Mauritanie est de servir de tête de pont du panarabisme en Afrique de l’Ouest ; ceux-là veulent de la même manière et avec le même engagement, traduire cette aspiration à travers une appellation suggérant un tel dessein.
On le voit ; les prismes idéologiques, à travers lesquels les pionniers de l’indépendance se représentaient l’identité de la Mauritanie, étaient donc antinomiques, porteurs de germes conflictuels.
L’histoire officielle nous enseigne qu’un consensus fût trouvé ; d’un commun accord, les protagonistes auraient retenu l’appellation « République Islamique de Mauritanie », le référent religieux ayant été présenté comme fédérateur, à l’opposé et au contraire de l’argument idéologique.
Avec le recul, on peut affirmer que ce consensus était provoqué par des artifices argumentaires, plus qu’il ne l’était par une dynamique unitaire. Son contenu réel sera très vite dévoilé par l’orientation arabophone de la politique de l’éducation, exposant à l’exclusion du système éducatif, tous les négro-mauritaniens dont les langues seront bannies à tout jamais des programmes scolaires.
Aux velléités de résistance à l’acculturation, pressentie dans les nouveaux programmes éducatifs, et que les négro-mauritaniens exprimèrent en mil neuf cent soixante six (1966) dans le « Manifeste des 19 », on opposât une répression d’une violence sans précédent dans l’histoire des états nouvellement indépendants.
L’exclusion des négro-mauritaniens va se poursuivre, avec l’enterrement définitif de cet espace du vivre ensemble qu’est l’école, qui de facto, avait cessé de jouer cette fonction depuis bien longtemps, sauf que cette fois-ci, la ségrégation y sera institutionnalisée ; les élèves sont séparés en deux communautés, celles qui ont en partage la langue « hassania », considérées d’office comme arabophones, dont les enseignements seront dispensés en arabe ; les communautés négro-mauritaniennes dont le « hassania » n’est pas la langue maternelle, indexées de francophones et dont les enseignements seront d’autorité dispensés en français ; pour cette partie de la population, ce sera le début d’une véritable ghettoïsation culturelle.
A la fin des années quatre-vingt, les toucouleurs, considérés comme la communauté négro-mauritanienne la plus rebelle au processus d’assimilation culturelle, seront victimes d’un véritable nettoyage ethnique, avant de faire l’objet d’une déportation aveugle, suivie d’une appropriation massive et sauvage de leurs terres sur la vallée, par les entrepreneurs politiques de violence.
Les auteurs de ces barbaries seront rapidement amnistiés par une loi scélérate, perçue par la communauté juridique, comme une prime au génocide. Les leaders historiques de la Mauritanie ont pensé la culture comme un instrument de conquête et de confiscation du pouvoir.
Cette appropriation de la légitimité par la culture, s’est fortement incrustée, de façon indifférente, dans les mœurs politiques de ce pays, affectant de manière structurelle sa cohésion sociale et constituant une menace permanente à sa stabilité.
L’empire des Indes sous domination britannique, va abriter dès 1906, la mise en place d’un marché politique à la faveur duquel , va naître le parti de la ligue musulmane dont les penchants séparatistes vont s’affirmer très vite, face au parti du congrès qui exerce le pouvoir , parti majoritaire à connotation hindouiste , dont l’essentiel des revendications est axé autour du départ de l’occupant, autour d’une logique indépendantiste.
Le clivage entre ces deux visions atteindra son paroxysme, quand le parti du congrès décidât en 1937, de faire voter musulmans minoritaires et Indous majoritaires dans des collèges électoraux séparés ; les musulmans se sentiront à jamais confinés dans leur statut de minorité.
Encouragé en cela par l’occupant britannique, le parti de la ligue musulmane va alors faire de la théorie des deux nations, son principal argument politique. Ce concept est à l’origine de la création du Pakistan, en 1947, suite à la partition des Indes, qui avec plus de dix millions de déplacés, est considérée par les observateurs, comme l’un des exemples les plus dramatiques de toute l’histoire des constructions identitaires.
Le Pakistan, dont l’appellation signifie en langue ourdou « pays des purs », va peu après sa création, se trouver confronté à son tour à la théorie des deux nations, soulevée cette fois-ci par la ligue Awani constituée de Benghalis qui ne tardent pas à faire sécession. Le Bengladesh voit le jour après un conflit sanglant.
La sécession du Bengladesh est vécue comme un prélude à l’éclatement du Pakistan. La solution imaginée par les dirigeants pakistanais pour prévenir une telle éventualité, sera de recourir à la surenchère islamiste ; le Pakistan va alors devenir « République Islamique du Pakistan » et son tout nouveau premier ministre, Zulfikar Ali Butho, ne tarde pas à modifier la constitution en y introduisant un amendement , repris dans son article 260, qualifiant d’apostats les « Ahmadis », exposant de la sorte ces chiites de confession qui représentent plus de 20% de la population pakistanaise, à la pire des persécutions , contre laquelle ils ne manquent pas de réagir par des actes tout aussi violents, au sein d’un Etat effondré « failed state », fragilisé sur le plan institutionnel et qui, dépossédé de toute capacité médiatrice du jeu social, n’a plus les moyens d’assurer la sécurité de ses sujets ; un pays où très vite, l’absence de référent étatique sera remplacée par la montée de référents identitaires, particularistes.
Aujourd’hui, le Pakistan n’est plus qu’une poudrière où sunnites et chiites, soutenus respectivement par l’Arabie Saoudite et l’Iran, s’affrontent à coup d’attentats ciblés et de crimes de masse.
Au Rwanda, Le Hutu Habyarimana, sentant dans les années quatre vingt dix son autorité s’effriter, va, dans une démarche populiste, faire de la thèse du complot un argument politique ; si l’Etat rwandais est menacé, c’est parce que les tutsis complotent pour sa perte et pour la vôtre, vous les hutus ; d’où cet appel terrible de la radio dite « radio des mille collines » pour médiatiser et planifier le génocide des tutsis.
D’avril à juillet mil neuf cent quatre vingt quatorze (1994), des rwandais vont assassiner d’autres rwandais dans une hystérie meurtrière ininterrompue, d’une atrocité abominable, monstrueuse, à coups de machettes, de houes, de haches, de gourdins cloutés…………...
Des enfants furent tués dans leurs écoles par ceux-là mêmes qui étaient chargés de leur éducation, des blessés achevés jusques et y compris, dans les hôpitaux…….Plus les victimes vous étaient proches et plus il fallait afficher à leur égard une grande atrocité pour ne pas s’exposer aux représailles envisagées à l’encontre de ceux qui refusaient de faire le « travail ». Au-delà d’un million de morts en une centaine de jours !
En République Démocratique du Congo, on compte environ une quarantaine de groupes armés, à connotation ethnique, pour la plupart, et dont les affrontements, ont fait depuis les indépendances à nos jours, plus de six millions de morts.
Aujourd’hui, ce pays qui regorge de richesses et de compétences est devenu le théâtre permanent de règlements de comptes tribaux, débouchant sur des conflits sanglants prenant des formes variées ; politiques, économiques, foncières, et dont les conséquences effroyables sur les populations civiles sont d’une actualité poignante ; esclavage sexuel, recrutement d’enfants soldats, kidnapping, expropriations, déplacements, exil…….
On notera la saignée du Liban dont la pluriconfessionnalité, naguère encensée, ne sera d’aucun secours aux centaines de milliers de victimes de conflits intercommunautaires à caractère religieux ; les atrocités, toutes à caractère identitaire, que les populations civiles vivent au Soudan du Sud, en Centrafrique , à bien des égards en Côte d’Ivoire, et dans une moindre mesure, mais de manière inquiétante, en Guinée ; le cas du Burundi qui, en violation des accords d’Arusha, renoue avec les vieux démons de l’ethnicisme , à telle enseigne que la communauté internationale alarmée par ce qui ressemble de plus en plus à des assassinats ciblés, a saisi le conseil de sécurité, dans une démarche préventive pour éviter qu’une hystérie identitaire ne s’empare à nouveau de ce pays, aujourd’hui au bord de la guerre civile ; la Birmanie, où les rohingyas, parce que de confession musulmane, sont déchus de la citoyenneté, expropriés de leurs terres, victimes d’une épuration ethnique, dans un pays qui abrite un Nobel devenu subitement silencieux, devant les atrocités que vit une minorité, quoique considérée par l’ONU comme la plus persécutée au monde.
Ceux d’entre les birmans qui se réclament de l’opposition démocratique font valoir que la solution la plus appropriée serait l’expulsion pure et simple de ces musulmans qui refusent de renier leur religion. Confinés dans des camps de relégation, les rohingyas continuent d’être victimes de véritables pogroms à l’instigation de moines bouddhistes fondamentalistes, instrumentalisés par la junte militaire.
C’est le lieu de déplorer l’attitude de la communauté internationale qui s’est laissée prendre au jeu de l’identitarisme en vue du règlement de la crise de l’ex-Yougoslavie en mil neuf cent quatre vingt quinze ( 1995) ; les accords de Dayton, n’étant ni plus ni moins, qu’une instrumentalisation de l’ethnicisme au niveau international.
Ces accords, qui ne font que remodeler les frontières, en fonction du référent ethnique, ont cependant fait jurisprudence comme mode privilégié de règlement des conflits intercommunautaires, au détriment de l’intangibilité des tracés frontaliers hérités du découpage colonial.
La partition du Soudan en est une illustration, celle de l’Irak bien que non achevée une ébauche, et n’eût été l’intervention de la France au Mali , dans un combat d’avant-garde en totale rupture avec la grammaire de Dayton, l’intégrité territoriale de ce beau pays, par sa richesse culturelle et sa mixité sociale, aurait tout simplement volé en éclats.
Il faut croire hélas, que le Yemen et le Soudan du Sud, demeurent éligibles à la solution du morcellement, ainsi qu’à terme, le Nigéria qui vit un processus identique à celui qui a débouché sur la partition de l’Inde et la naissance du Pakistan.
Avec un Sud chrétien et riche, un nord musulman et pauvre, et en arrière- plan la montée de fondamentalismes religieux aussi biens islamiques que chrétiens (Wahhabisme au nord, évangélisme au sud), la crise que connaît le Nigéria, conduira de façon inéluctable à la naissance d’un Pakistan noir au nord, dont les conséquences déstabilisatrices, affecteront toute l’Afrique de l’ouest, considérée déjà comme une zone potentielle de conflits pour le futur.
Afin d’éviter à ces pays et à d’autres, le plongeon vers l’inconnu, on ne peut que souhaiter voir la conception fondée sur l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, retrouver son lustre d’antan, au détriment de la thématique géo-ethnique des accords de Dayton.
Il faut espérer que l’union Européenne qui a brillé par son absence, lors du règlement de la crise de l’ex-Yougoslavie, renoue avec la place qui devrait être la sienne, pour peser de tout son poids et participer avec détermination à l’émergence d’une gouvernance mondiale, moins portée vers l’ethnicisation des relations internationales.
Plusieurs facteurs militent pour une alternative à l’approche de Dayton, dont le plus pertinent réside dans la mutation de la politique étrangère des Etats-Unis qui , sous les effets croisés de la multipolarité des conflits, d’un déficit budgétaire chronique et béant, ont renoncé au contrôle de la géopolitique planétaire, et militent avec l’engagement qu’on leur connaît, pour une nouvelle vision des relations internationales, moins tourmentée , plus apaisée, privilégiant la persuasion au détriment de la coercition.
Contrairement à une idée largement répandue, l’identitarisme, loin d’être inné, est un construit social. On ne naît pas identitariste, on le devient. La négation de l’autre est un comportement qu’on acquiert, qu’on vous fait acquérir en vous désignant l’autre comme une entrave au mieux –être auquel vous aspirez, une menace à votre vie, vos biens, votre culture, votre être.
La crise identitaire existe parce qu’il y a des acteurs qui la construisent, des entrepreneurs de violence qui font fortune en exacerbant les particularismes, en gommant les espaces classiques d’intégration, dont le plus important est l’école républicaine ; en excluant des programmes scolaires les activités qui favorisent le vivre-ensemble : sport, scoutisme, colonies de vacances, théâtre ; en instituant un enseignement suprémaciste, faisant l’apologie de la supériorité d’une culture, d’une race , d’une langue sur les autres ; en confisquant les libertés individuelles et collectives, au nom d’arguments populistes dont le recours aux surenchères , religieuse, ethnique, linguistique, régionaliste.
Pour usurper un fauteuil, extorquer une voix, confisquer une fonction, les entrepreneurs politiques de violence n’hésiteront pas à désigner l’autre à la haine publique, le contraindre à l’exil, l’envoyer à la potence.
Ils ont réussi le pari machiavélique de hisser l’identitarisme au niveau de pathologie majeure de la mondialisation, au même titre que les terrorismes ambiants, d’ordre politique, criminel , religieux; au même titre que la socialisation de la guerre ; la prolétarisation galopante des états ; le développement irrésistible de la criminalité transfrontalière et de son versant cybernétique ; la prolifération de trafics en tous genres : armes, stupéfiants, personnes, organes humains, médicaments.
Plus un coin ou recoin habités de cette planète terre où la fièvre identitaire ne fasse des ravages ; des contrées les plus hostiles aux agglomérations les plus attrayantes, des sociétés les plus policées aux démocraties les plus abouties ; chaque pays a ses ouigours, ses rohingyas, ses zones tribales, ses banlieues, ses camps, ses chiites, ses sunnites, ses yazidis, ses coptes, ses kurdes, ses beurs, ses black, ses touaregs, ses musulmans, ses chrétiens, ses haoussas, ses hutus, ses tutsis, ses pygmées, ses albinos, ses métis…..
A cause de ses implications cognitives, le discours identitaire a toujours exercé, depuis la profondeur des siècles, une puissante attraction sur les foules et disposé à leur égard d’une capacité mobilisatrice insoupçonnée. Il n’y a donc rien d’étonnant à voir les leaders d’opinion, politiques ou religieux, succomber à la tentation de faire de l’identitarisme, une variable pivot dans leur quête de légitimité.
Ceux-ci, doivent toutefois intégrer une variable nouvelle ; celle d’une mondialisation mal maîtrisée, à l’ombre de laquelle, l’instrumentalisation des crispations identitaires est devenue une menace stratégique à l’existence même des états.
Maître Taleb Khyar Ould Mohamed Mouloud est avocat à la Cour, ancien membre du Conseil de l’Ordre National des Avocats de Mauritanie.
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IL EST IMPORTANT DE RÉHABILITER ALINE SITOE DIATTA
EXCLUSIF SENEPLUS - L'écrivaine Sylvia Serbin plaide pour une reconnaissance des héroïnes africaines très souvent reléguées au second plan dans les livres d'histoires au détriment de leurs compagnons hommes
Le programme pédagogique ''Gno Yam'' initié par l'éditorialiste de SenePlus Emmanuel Desfournaux pour promouvoir l'égalité femme/homme a été officiellement lancé lundi au musée de la femme Henriette Bathily par Sylvia Serbin. L' auteur du livre Reines d'Afrique et héroïnes de la diaspora noire a, devant une soixantaine d'élèves en classe de sixième et cinquième de l'école EBOA, échangé sur ces braves femmes africaines absentes de l'histoire universelle.
Sylvia a aussi donné son avis sur le rapatriement du corps d'Aline Sitoé Diatta.
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR ALYMANA BATHILY
ET VOUS AUSSI, MAKHTAR CISSÉ !
EXCLUSIF SENEPLUS - L'État doit réaliser un audit externe de la Senelec et faire de la CRSE une autorité véritablement indépendante - Une gestion transparente et efficiente de cette société s’impose plus que jamais
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 09/12/2019
L’élection présidentielle passée et gagnée par Macky Sall, la vérité du marché s’impose donc. Le prix de l’électricité subit une hausse de 6% à 10% depuis le 1 Décembre 2019.
Il s’agit nous dit-on, d’ajuster les tarifs pour que les consommateurs prennent en charge 6% du « manque à gagner » de « 12,191 milliards de FCFA correspondant à une hausse tarifaire de 26,3% » en Octobre 2019.
Mamadou Makhtar Cissé, ci devant ministre du Pétrole et des Energies, alors Directeur Général de la Senelec nous assurait pourtant encore en Février dernier que le « Plan Yessal » qui avait remplacé le « Plan Takal » de Karim Wade avait permis à son entreprise de réaliser des bénéfices annuels au cours des trois derniers exercices et de contribuer à hauteur de « 60 milliards au moins par an aux recettes fiscales et douanières ». Et de se vanter que son entreprise n’est devancée que par la Sonatel pour sa contribution aux recettes de l’Etat ?
Et les services du Directeur Général de la Senelec de « pitcher » aux journalistes que l’entrée de l’entreprise en bourse était à l’étude. De même qu’il était envisagé un investissement dans les télécoms étant donné qu’elle disposerait déjà d’un réseau de fibre optique couvrant tout le pays.
Mamadou Makhtar Cissé avait alors assuré aux Sénégalais que 600 milliards de FCFA avaient déjà été mobilisés pour contribuer au budget du « Plan Yessal » de 835 milliards. La Senelec avait contribué pour 125 milliards, l’Etat du Sénégal pour 23 milliards, la BOAD et la Banque Mondiale pour 25 milliards chacune et « le reste par d’autres partenaires institutionnels et privés ».
Aussi les médias se sont-ils enflammés : « la Senelec renait de ses cendres et affiche une bonne santé financière », avait titré l’un d’eux.
Mouhamadou Makhtar Cissé, « artisan de l’âge d’or de l’énergie au Sénégal », avait proclamé l’autre.
Jusqu’à créer un mythe : un Directeur Général « newlook », gestionnaire rigoureux autant qu’éthique, apolitique, préoccupé uniquement par la mission de service public de sa boite et par les objectifs à lui assignés par le PSE : « un prix de l’électricité parmi les plus bas de la sous-région (~ 60 à 80 FCFA/kWh) pour un soutien à la compétitivité économique ; diminuer de moitié la facture d’électricité des ménages ; et supprimer les coupures et les pertes associées d’ici 2017... ». Et de laisser même croire à une baisse prochaine des prix…
Tout ça n’était donc que propagande. Nous voilà rattrapés par la dure réalité
Nous apprenons maintenant de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) qu’en fait aujourd’hui, la Senelec a un déficit de trésorerie de 70 milliards de FCFA qui se creuse au gré des fluctuations du baril du pétrole.
On en est donc à la situation de déficit chronique qui prévalait déjà en …1998 quand le régime du président Abdou Diouf s’était enfin résolu à envisager la privatisation de la boite.
En fait, il semble qu’on s’est juste contenté de réduire les 900 heures de délestages de 2011 et les ramener à 66 heures dès 2016. Mais à quel coût !
Il fallait dans un premier temps éviter au régime qui est arrivé au pouvoir en 2012 d’être confronté aux mobilisations sociales contre les délestages auxquelles le président Abdoulaye Wade a dû faire face de 2008 à 2012. Il fallait ensuite fabriquer une « success story » pour le candidat Macky Sall.
La Banque Mondiale dont on peut réfuter les politiques et les recommandations mais dont les diagnostics sont souvent pertinents, indiquait déjà en 2010 par la voix de sa Directrice Générale d’alors, Ngozi Okonjo-Iweala : «il y a beaucoup de problèmes de trésorerie, de gestion interne, de manque de transparence et d’efficience ». …La Senelec gagnerait à aller vers une bonne transparence dans la gestion des finances internes et dans le management. Pour cela, il faut une étude de l’entreprise».
On en est encore là, apparemment. Assurément, une gestion transparente et efficiente s’impose plus que jamais à la Senelec.
Moumadou Makhtar Cissé en sa qualité de ministre assurant la tutelle de la Senelec et de Directeur Général sortant de cette entreprise dont il est donc responsable au premier chef de la situation actuelle, devrait mettre un point d’honneur à réaliser deux choses pour regagner la confiance des consommateurs : réaliser un audit externe et faire de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) une autorité véritablement indépendante.
Peut être que les Sénégalais pourront alors avaler cette pilule amère qu’est la hausse des prix de l’électricité.
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
Biram Senghor, fils de Mbapp Senghor, un tirailleur sénégalais mort à Thiaroye, demande toujours justice et réparation à la France pour ce qu’il assimile à un "crime odieux"
Au Sénégal, chaque 1er décembre, on commémore le massacre de Thiaroye.
En 1944, plusieurs dizaines de tirailleurs sénégalais ont été tués par l'armée française.
Selon les autorités françaises, il s'agissait d'une mutinerie qui avait mal tourné.
L'année 2019 marque les 75 ans de cet évènement tragique.
Biram Senghor, fils de Mbapp Senghor, un tirailleur sénégalais mort à Thiaroye, demande toujours justice et réparation à la France pour ce qu’il assimile à un "crime odieux".
Par ailleurs, il déclare que la France a une dette de sang vis-à-vis des Africains.
Ndèye Khady Lo et Alassane Dia l'ont rencontré à Dakar.
L'APR, LA RÉPUBLIQUE DES FRONDEURS
Après l'ouragan Moustapha Diakhaté-Sory Kaba qui a fait vaciller les intentions inavouées de Macky Sall de briguer un troisième mandat, le cyclone Cissé Lô menace de tout ravager sur son passage. Des nuages sombres et menaçants se profilent à l'horizon
Avis de tempête sur les côtes beige-marron. Une houle de contestation charriée par des frondeurs et pas des moindres, menace dangereusement de s'abattre sur la formation présidentielle à la stabilité précaire. Après l'ouragan Moustapha Diakhaté-Sory Kaba qui a fait vaciller les intentions inavouées de Macky Sall de briguer un troisième mandat, le cyclone Cissé Lô menace de tout ravager sur son passage. Des nuages sombres et menaçants se profilent à l'horizon…2024.
Difficile de minimiser la fronde, cette fois-ci. Le retentissant coup de boutoir de Moustapha Cissé Lô ne souffre d'aucune ambiguïté et trahit un profond malaise interne longtemps camouflé. Bouillant comme à son habitude, Cissé Lô a encore fait feu de tout bois au sein de sa propre formation politique. Le tempétueux vice-président de l'Assemblée nationale a laissé éclater sa colère en plein examen de budget à l'hémicycle, le 3 décembre dernier.
Isolé, frustré par le manque de reconnaissance de Macky Sall vis-à-vis de ses compagnons de la ‘'première heure'', il menace de faire un grand déballage et ne perdra pas de temps pour joindre l'acte à la parole. L'avant-goût est donné le lendemain même. El Pistolero vide son chargeur dans les colonnes du journal L'Observateur : Macky Sall, son futur adversaire à la mairie de Dakar, le ministre Diouf Sarr et son ancien rival à la course pour le contrôle du perchoir de l'Assemblée nationale, Moustapha Niasse…tout le monde est criblé.
La fronde interne des frustrés
Fidèle parmi les fidèles de l'ancien président de l'Assemblée nationale pendant les dures périodes de conquête du pouvoir, Cissé Lô reproche à Macky Sall sa propension à promouvoir "transhumants" et "alliés de dernière minute" au détriment de ceux qui étaient là avant même le choix de l'acronyme Apr, ceux qui avaient été chassés de l'Assemblée nationale au même moment que lui en 2008.
"Macky Sall n'est pas mon père, il ne m'a pas acheté. Il a abandonné tous ceux qui ont combattu à ses côtés dans l'opposition et a confié les postes de responsabilité aux transhumants. Tous ceux qui dirigent aujourd'hui les institutions sont des transhumants ou soi-disant alliés. Moi, Me Alioune Badara Cissé, Mbaye Ndiaye et Mahmoud Saleh ne gérons que des restes. Sa façon de nous rendre la pièce de notre monnaie, c'est refuser de nous recevoir", tempête-t-il.
À propos de Moustapha Niasse, son ancien rival qui semble lui faire de l'ombre, le premier vice-président de l'Assemblée est très incisif. "Je me suis battu contre Moustapha Niasse et Cie qui avaient comme dessein d'annihiler la candidature de Macky Sall dans leur option pour une candidature unique. Un vieux qui doit prendre sa retraite depuis longtemps, mais qui refuse de se retirer de la vie politique pour son amour insatiable de l'argent. Il est la cause de tous les maux du pays. Des personnes âgées de plus de 60 ans qui cherchent toujours des mandats électifs, c'est cela le mal du pays. Je les défie", peste-t-il.
Une sortie qui en dit long sur le climat délétère sur fond de frustration d'apéristes authentiques qui règne dans la mouvance présidentielle. Et les réactions rageuses d'Ibrahima Fall, Djibril War et d'autres responsables qualifiant Lô de "fou à interner" semblent rajouter de l'huile à la braise.
ABC-Diakhaté, même attitude, même destin
Avant lui, d'autres barons Apériste authentiques frustrés comme Alioune Badara Cissé et Moustapha Diakhaté ont mené une fronde interne. Tombé en disgrâce, écarté du gouvernement et casé dans la pénombre de la médiature de la République, Alioune Badara Cissé, qui fut à un moment le numéro 2 du parti, multiplie les sorties incendiaires contre le régime de Macky Sall, mais sa critique sur les dernières élections législatives soulève l'ire de ses frères de parti.
"Ce qui s'était passé au mois de juillet lors des élections législatives, tout le monde sait que c'est anormal. Les cartes d'électeurs étaient introuvables. Le gouvernement a le devoir de résoudre ce problème, parce que c'est inadmissible", soutient ABC qui estime être dans son rôle de médiateur et de citoyen. Suffisant pour s'attirer les foudres de ses "frères" de l'Apr qui lui demandent d'assumer ses positions en démissionnant.
"Sénégal debout", un mouvement interne anti-Macky
Le même sort a été réservé à l'autre rebelle, Moustapha Diakhaté. Ses positions en porte-à-faux de celles du régime avaient fini d'installer le malaise au cabinet présidentiel où il siégeait en tant que ministre-conseiller. Mais, il finira par payer cash à l'instar de Sory Kaba, sa défiance. Pour avoir osé exprimer sa position contre un éventuel 3e mandat, le décret de limogeage est tombé comme un couperet sur la tête de Diakhaté.
Ces responsables ne sont que la partie visible de l'iceberg. En effet, d'autres frustrés de l'Apr (ministres, cadres, Dg) se sont ligués au sein du mouvement "Sénégal debout", un front anti-Macky né des flancs de l'Apr. Ils comptent, selon Walfadjiri Quotidien, dresser une liste parallèle en perspective des prochaines élections locales.
Les prochaines joutes électorales (Locales, Législatives et présidentielle) s'annoncent d'ores et déjà pénible car les risques de frictions internes sont évidents.
PAR N'doli Jean-Hugues Cherif
MANÉ, VICTIME DU FAIR-PLAY DES SIENS
Les jurés du reste du monde l’ont bien prouvé pour le Ballon d'or : ils ont fait parler leur affect tandis que les Africains ont, eux, placé leur idéologie avant leurs intérêts, lésant ainsi les prétendants de leurs pays
Alors que nombre d’observateurs s’attendaient à voir Sadio Mané remporter cette année le Ballon d’Or, c’est finalement Lionel Messi qui l’a emporté. La faute aux jurés africains qui ne lui ont pas apporté leurs votes ?
Le 2 décembre, pour la sixième fois, c’est l’Argentin Lionel Messi, désigné par un panel mondial de 208 journalistes, qui a remporté le Ballon d’or France Football. Depuis que la compétition s’est élargie aux joueurs du monde entier, en 1995, un seul Africain est parvenu à décrocher le trophée ou même à monter sur le podium : le Libérien George Weah. Nombreux sont ceux qui avaient parié qu’il en serait autrement cette année.
Vainqueur de la Ligue des champions avec son club de Liverpool et finaliste de la Coupe d’Afrique des nations 2019 avec l’équipe du Sénégal, l’attaquant Sadio Mané figurait parmi les favoris et aurait pu – ou aurait dû – prétendre au minimum au top 3. Las : il s’est classé quatrième. Et il y a pire : il a récolté, avec l’autre candidat africain, Salah, à peine un tiers des voix du continent.
Pourtant, si les jurés sont censés choisir en fonction de critères uniquement sportifs, ils favorisent souvent les candidats issus de leur aire géographique lorsque ceux-ci sont en bonne place. Messi et Van Dijk sont ainsi arrivés chacun premier en Amérique du Sud et en Europe, leurs régions d’origine respectives.
N’y a-t-il donc pas là comme une anomalie ? Sadio Mané semble avoir fait les frais d’une certaine théorie universaliste qui suppose qu’il existe une unicité fondamentale du genre humain, par-delà les différences biologiques et culturelles, et qu’il suffit d’être juste, équitable.
Critères disqualifiants
En d’autres termes, parce que la race humaine est une, nul ne devrait se laisser influencer par la couleur de peau, la langue, l’appartenance à une même nation, à une même aire géographique… C’est un leurre.
Dans le contexte du choix du Ballon d’or, cela supposerait que les journalistes qui participent au vote soient dénués de sentiments et de passion. Il n’en est rien, les jurés du reste du monde l’ont bien prouvé : ils ont fait parler leur affect tandis que les Africains ont, eux, placé leur idéologie avant leurs intérêts, lésant ainsi les prétendants de leurs pays.
Il est grand temps de sortir de la bien-pensance qu’impose cette théorie universaliste. En particulier quand on sait que des critères disqualifiants pour des joueurs africains – tel le prestige de la formation dans laquelle ils évoluent – président au choix du Ballon d’or.
Mané, Salah et d’autres footballeurs du continent auront sûrement l’occasion de concourir à nouveau pour cette distinction dans les prochaines années. Aux journalistes africains de les y aider en allumant les contre-feux et en tirant les leçons de cette dernière édition.
ISRAËL EST DEVENU MOINS TOLÉRANT
M. Kichka, dont la famille a survécu aux camps de concentration de la Seconde guerre mondiale, est revenu sur sa passion, le développement de la Bd, et partage dans cet entretien sa vision de l’Israël et du conflit israélo-palestinien
Célèbre dessinateur de presse, Michel Kichka, 65 ans, né à Liège, s’est installé à Jérusalem. Travailleur «infatigable», il a reçu en 2009 le prix «Dosh award» pour récompenser son travail de dessinateur en Israël. Ses dessins ont été publiés dans des journaux internationaux comme «Courrier International», «The Herald Tribune» ou «L’Arche», entre autres. Durant son séjour à Dakar, M. Kichka, dont la famille a survécu aux camps de concentration de la Seconde guerre mondiale, est revenu sur sa passion, le développement de la Bd, et partage dans cet entretien sa vision de l’Israël et du conflit israélo-palestinien.
Comment peut-on vous présenter ?
Je suis dessinateur de presse, Bdeisteet enseignant aux beauxarts à Jérusalem où j’habite. Né en Belgique en 1954, je suis en vernissage depuis 1974. J’ai trois grands garçons, des adultes qui ont environ 40 ans. Là, je suis au Sénégal, invité par l’embrassade d’Israël, pour d’un côté rencontrer des collègues, des étudiants et la presse, mais aussi pour parler d’Israël à travers mon travail qui est un regard critique et aimant sur ce pays où j’habite. Je pense que c’est très important de parler d’Israël un peu différemment, car le peu qu’on connaît d’Israël dans le monde et le Sénégal, c’est à travers les informations sur le conflit. On ne parle d’Israël que quand il y a conflit là-bas.
En Israël, il n’y a pas que des problèmes, bien vrai qu’il y en a beaucoup. Alors, j’essaie de montrer d’un côté qu’il y a d’autres choses, et qu’il y a surtout une grande liberté de dessiner ce qu’on veut dans mon métier, de parler librement. Mais d’un autre côté, il y a une volonté de restreindre cette liberté un peu partout : chez moi, au Sénégal, en Amérique, en France… Cette liberté de ton qu’ont les dessinateurs de presse gêne beaucoup aujourd’hui. Alors que dans le passé, c’était vraiment un atout.
Pourquoi êtes-vous venu au Sénégal ?
Voilà, je suis venu écouter comment mes collègues sénégalais voient cela, notamment ODIA avec qui j’ai eu trois rencontres et que j’apprécie énormément. Nous parlons beaucoup de ce qui se passe chez nous et nous nous retrouvons sur beaucoup de plans. On voit qu’il y a plein de choses qui nous sont communes dans notre métier.
En effet, je crois que quand on fait des dessins de presse, on a un regard à la fois critique et aimant sur l’homme. D’abord on aime l’être humain. Et ce n’est pas parce qu’on dessine par fois des dessins très durs qu’on n’aime pas l’homme. Justement, c’est parce qu’on est déçu de ce que l’homme fait. On fait des dessins qui sont parfois méchants, mordants, mais on est essentiellement tous des gens très bons.
Avez-vous choisi de venir au Sénégal ?
Non ! C’est l’ambassade qui m’a proposé. Daniel, le second de l’ambassade, m’a demandé de venir. Il est de Jérusalem lui aussi. On se connaît depuis très longtemps. Quand il m’a dit qu’il venait ici pour travailler, il m’a dit : «On peut te faire venir.» J’ai tout de suite dit oui. Je n’ai même pas posé de question. Je lui ai dit : «Dites-moi ce que vous attendez de moi. Il n’y a aucun problème.» Et on m’a laissé faire ce que je voulais. Je suis content de cela, je m’enrichis.
Et vous avez rencontré des caricaturistes sénégalais. Qu’est-ce que cela vous a apporté comme expérience ?
Je connais un peu. C’était la deuxième fois que je venais. En 2004, j’avais rencontré l’équipe du Cafard Libéré. J’ai vu deux personnes. Et donc, le dessin de presse ne m’était pas tout à fait étranger, mais je ne suis pas le dessin presse sénégalais au quotidien. Par contre, c’est un dessin qui a une image de marque très française parce que ce sont les grandes influences du Cafard Enchaîné et d’autres organes que l’on retrouve dans le dessin de presse sénégalais. Et moi, je suis Franco-belge de culture.
Donc, je me retrouve. Je me sens chez moi dans un dessin de presse ici. On a le même style graphique. Je ne me suis jamais posé de question sur le Sénégal. Quel genre de régime il y a ? Estce que c’est une démocratie ? Est-ce qu’il y a la liberté ? Comment est la presse ? Qui la contrôle ? Comment vivent les dessinateurs ? Est-ce qu’ils vivent ou non de leur métier ? Est-ce qu’il y a des interdits, des tabous ? Nous aussi on a des interdits, des limites et des problèmes pour vivre de notre travail. Chez nous aussi, les politiciens n’aiment trop pas ce qu’on fait. Voilà, il y a une espèce de confrérie internationale.
Avez-vous des interdits en Israël ?
Pas vraiment. Il n’y a pas des interdits qui soient officiellement interdits. Il y a des sujets qui sont casse-gueule. Principalement, il y a deux sujets : C’est de caricaturer les religieux parce qu’en ce moment-là, on risque de vous taxer d’antisémite puisque c’est comme ça qu’on dessinait les Juifs dans les caricatures antisémites au 20ème siècle. La deuxième chose, c’est à cause de la pudeur dans la société qui est assez conservatrice. Et tout ce qui a trait au sexe, il faut le dessiner d’une façon assez intelligente. On ne peut pas faire des choses trop frontales. Sinon les journaux ne le publieront pas.
Aujourd’hui, il y a beaucoup de dessinateurs qui font ce qu’ils veulent, mais qui mettent ça sur Facebook. Il y a une différence quand on travaille avec un organe de presse et quand on fait ce qu’on veut sur notre page Facebook ou tout simplement sur un autre réseau social. Parce que d’un côté on est payé pour son travail et d’e l’autre on ne l’est pas. C’est qu’on a aussi une responsabilité quand on dessine.
Et on engage notre responsabilité dans la façon où notre dessin va être perçu. La responsabilité de l’organe qui publie est aussi engagée. C’est pourquoi un organe ou un site a un droit de regard sur notre travail. Il peut nous refuser un dessin ou nous suggérer un changement. Ils disent : «Ecoute ! Là t’es allé loin. Il faut effacer ou changer ça». Ou «le texte que tu as mis dans la bulle est un peu trop vulgaire. Voudrais-tu changer la façon dont tu l’as écrit» ? Il y a un dialogue qui s’installe. On n’est pas censuré. Censurer, c’est quand on nous barre notre texte sans nous demander notre avis ou qu’on ne publie pas notre dessin sans nous le dire. Ça c’est de la censure.
Mais si on vous demande d’édulcorer un peu, n’est-ce pas brider la créativité du dessinateur ?
D’abord ça arrive rarement. Mais ça peut arriver. Mais je ne pense pas que ça soit dramatique quand ça arrive. On peut des fois ne pas avoir la sensibilité nécessaire au bon moment pour savoir quel mot utiliser ou jusqu’où on peut pousser.
Et parfois, on fait les choses plus fortes quand on les insinue que quand on les montre. Il faut aussi avoir cette expérience et maturité quand on dessine pour comprendre jusqu’où il faut aller. Comme il y a les dix commandements, mais pas les dix commandements des dessinateurs. Cependant, nous avons chacun notre échelle de valeurs et on travaille avec ça. Moi, je fais rarement des dessins qui sont des dessins excréments parce que je suis comme ça. Et il y en a beaucoup qui sont tout le temps comme ça.
La presse satirique a disparu au Sénégal à cause de nombreuses difficultés. Est-ce que c’est la même tendance chez vous ?
En Israël, on n’a pas de presse satirique. Les journaux avaient un petit supplément d’une page ou deux une fois par semaine pour le dessin satirique. Dans tous les journaux, ça a disparu. Ce n’est pas parce que les jour
naux n’en voulaient plus. Je ne sais même pas pourquoi ça a disparu. Mais on n’a pas cette expérience d’avoir une presse satirique. C’est dommage ! On en a besoin. C’est un pays où il y a beaucoup de tensions. Et justement, la presse satirique, ça permet d’évacuer.
C’est bien de pouvoir un peu se lasser. En France, il y a Le Canard, Charly Hebdo, Ciné Mensuel, et il y en a encore des journaux locaux qu’on trouve dans les kiosques. Il y en a dans d’autres pays comme la Hollande, la Belgique, l’Allemagne. Et il y a des pays où il n’y en a pas. En Amérique, il n’y a pas de journal satirique.
Chez nous, il n’y a pas cette forme de journalisme qui est de la satire parce que dans un journal satirique, il y a des articles formidablement critiques et des dessins formidables. Moi, je pense que ça manque beaucoup. Il y a un petit journal qui existe un peu moins d’un an, mais on ne sent pas sa présence dans les médias. Peut-être un jour viendra où son existence se fera sentir.
ODIA, par exemple, travaille dans un journal de presse et dans un journal satirique. Donc dans l’un, il sait qu’il y a des choses à ne pas dire. Dans l’autre, il a plus de liberté parce que généralement l’intérêt d’un journal satirique, c’est d’être indépendant. Ils ne sont pas dépendants de publicité non plus. Ils essayent de vendre leur journal, de survivre et de vivre par rapport à cela parce qu’à partir du moment où vous avez un annonceur dans un journal, il peut vous imposer une ligne. Il peut vous dire : «Nous vous faisons vivre. Ceci et cela, nous ne le voulons pas.»
Ni Le Canard ni Charlie Hebdo ne travaillent comme ça. Cela ne les a pas empêchés d’être au top. Il n’y a jamais de pub dans leurs journaux parce qu’une publicité, c’est le début de la dépendance. Quand ça commence, ça ne s’arrête plus.
C’est bien agréable de savoir qu’on a un compte en banque et qu’on peut prendre des risques sans rien perdre, alors qu’un journal satirique prend beaucoup de risques et des fois il peut perdre. Il peut manquer des lecteurs, il peut perdre plus que ça. Il y a eu dernièrement le cas du New York Times qui a pris la décision de supprimer la caricature sur son journal… C’est une décision malheureuse, un grand recul.
Dans le monde journalistique, j’estime que c’est un scandale. Surtout parce que c’est venu du New York Times. Si c’était venu de Chine China, cela n’étonnerait personne. New York, c’est une des capitales du monde occidental, une des capitales de la plus grande démocratie du monde, capitale économique aussi. Un des plus grands journaux prestigieux qui prend cette décisionlà, c’est une régression. Disons que le combat de la liberté d’expression, c’est un combat de tous les jours. Il n’y a jamais d’acquis. On ne peut jamais se reposer sur ses lauriers.
Il y aura toujours des empêcheurs, des gens qui veulent que vous vous exprimiez moins librement. Et ce n’est pas parce que la génération qui m’a précédé a eu des acquis que ces acquis sont là toujours. En définitive, c’est un très mauvais exemple qui est donné. Je pense qu’il aurait dû soutenir d’abord le dessinateur puisque c’est eux qui ont publié, ce n’est pas le dessinateur. Il y a eu un tollé après… Oui, il y a eu un tôlé.
Mais il faut faire face quand il y a un tollé. Un dessinateur a le droit de déraper. On peut faire des dessins qui sont mauvais. Ça arrive. Cependant, il ne faut pas que ça soit une habitude. Mais dans un journal, il y a quand même toute une hiérarchie. Un dessin, il ne va pas de la table du dessinateur au journal papier comme ça sans que personne ne le voie.
Ce n’est pas vrai. Il y a quelqu’un qui le voit, un autre qui fait la maquette, un autre encore qui donne le bon à tirer pour l’imprimerie. C’est le journal qui a fauté s’il estime que le dessin était trop polémique. Ils n’auraient pas dû le publier parce que c’est eux l’ont choisi. C’est un dessin qui était dans le site d’un syndicat de dessin de presse et ils sont allés le choisir. Ils auraient pu choisir un autre. Donc une fois qu’on se trompe, il faut assumer s’être trompé.
Au lieu de s’excuser, ils auraient pu dire : «C’est un dessin qui a fait polémique. On assume. On comprend, mais voilà, les avis sont partagés. Il y en a qui pensaient que c’était un dessin anti sémique. Nous on ne pense pas qu’il l’était et si c’est comme ça qu’il a été perçu, on est désolé.» Voilà, c’est tout. Et après, on continue de publier des dessins. Mais eux, ils ont décidé d’arrêter. J’étais sidéré quand j’ai entendu ça.
Je me suis dit que ce n’est pas possible. On n’est pas au moyen-âge. On est au 21ème siècle. Et on n’est pas au bled ou au fin fond de la Chine. On est à New York. On n’est pas en Russie. On est dans un pays libre. Donc, je trouve que c’est un signe inquiétant. Et tous les dessinateurs devraient s’inquiéter de ce qui s’est passé.
Est-ce qu’il vous est arrivé de faire un dessin qui a provoqué ce genre de réactions en Israël ?
Oui, quelquefois. Mais pas souvent. Mais j’ai toujours des réponses. J’aime bien qu’on me pose des questions sur mon travail, car des fois j’ai envie d’aller un peu plus loin. Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, dès qu’on reçoit beaucoup de réactions, on sait qu’on a fait quelque chose de spécial. Quand c’est positif, on vous envoie des «like» par exemple et des encouragements. Et quand c’est le contraire, on se dit qu’on a fait quelque chose d’intéressant. Il y a quoi énerver la moitié, mais je pense qu’un dessin de presse ne peut pas laisser indifférent.
Sinon il est un peu faible. S’il soulève l’approbation de tout le monde, c’est très bien. Et s’il y a beaucoup de personnes qui vous attaquent, c’est aussi très bien. Ça veut dire que votre dessin a fait réagir. Ça veut dire que vous avez bien fait votre travail de dessinateur. Vous avez voulu faire réagir et c’est ce qui s’est passé. C’est très bien. Après, on peut vous demander de vous justifier. Des fois, il m’arrive d’écrire aussi. Je ne fais pas que dessiner. J’exprime mon avis afin que les choses soient bien claires, qu’il n’y ait pas de doute sur ce que je pense.
Et plus, je deviens un peu minoritaire dans mon pays parce que je ne suis pas d’accord. Je fais partie de l’opposition en Israël. Disons-le comme ça ! Ce ne sont pas les gens pour qui je vote qui dirigent le pays. Ce sont les autres pour qui je ne vote pas, et pour qui je ne voterai jamais. Donc la seule consolation que je peux avoir, c’est d’exprimer librement mon opinion dans mon dessin.
Qu’est-ce qui ne vous plaît pas dans la façon dont le pays est dirigé ?
Je pense que l’Israël est un pays qui est devenu moins tolérant qu’avant, plus religieux, plus adroit. Je ne vois pas de perspectives d’avenir et de solutions confortables au confit israélo-palestinien dans les gouvernements successifs de Benjamin Netanyahu. Je trouve que les inégalités socio-économiques ont grandi à l’intérieur du pays. Le pays dans lequel je suis allé m’installer était socialiste. Israël est aujourd’hui un pays capitaliste. Et dans le capitalisme, il y a de grandes inégalités. Et la dernière chose qui me concerne de façon directe, c’est que je sens que le gouvernement en place veut restreindre la définition de ce qu’est la démocratie.
Des fois, il y a des attaques verbales. Il y a des lois qui sont votées pour limiter la liberté d’expression de certaines personnes, pour délégitimer des gens qui sont dans l’opposition. Je me suis fait quelquefois traiter de traitre par des gens à qui mes dessins déplaisaient. Les maux sont forts. Ils peuvent tuer dans la mesure où ils poussent des gens à agir. Et ça s’est vu partout. Ça s’est vu dans l’histoire passée, ça s’est vu aujourd’hui. Donc, ce sont des chosent qui m’inquiètent et qui me déplaisent beaucoup.
Et comment représentez-vous la crise palestinienne ?
Quand je dessine le conflit, je ne m’acharne pas sur les Palestiniens. Ils ont leurs problèmes. Mais disons que je dessine le conflit en crayonnant beaucoup plus les Israéliens que les Palestiniens. Je ne sais pas ce qu’on connaît ici du conflit, mais le monde entier sait qu’il y a une division du conflit entre les gens du Hamas qui sont à Gaza et les gens du Fatah de ce qu’on appelait avant l’Organisation de libération de la Palestine d’Arafat (Olp) qui sont dans le territoire occupé.
Ils ne sont pas d’accord entre eux. Il y a eu déjà plusieurs tentatives de réconciliation, mais il y a des radicaux intégristes musulmans qui oppressent leur Peuple à Gaza. Et les autres, avec lesquels on peut trouver un langage commun, sont un peu moins religieux. Ainsi, avec les uns on peut, avec les autres on ne peut pas. Mais on ne pourra pas faire la paix avec les uns sans les autres puisque c’est un seul et même Peuple qui est divisé en deux par ses divergences.
Donc c’est une situation complexe. Elle n’existe nulle part ailleurs au monde. Il n’y a pas un exemple de pays où on peut regarder en disant que ce payslà a connu la même situation. Voilà la solution qui a été trouvée. Essayons de l’appliquer en Israël ! Il n’y a que l’Israël qui a ce problème.
Ce tout petit pays où deux Peuples le considèrent comme étant le leur, il faudrait en fait le partager. Et il y a des solutions qui ont été envisagées par des gens de bonne volonté du côté palestinien comme israélien, mais n’ont jamais été appliquées. Il faudra qu’un jour quelqu’un monte au pouvoir des deux côtés.
Des hommes et des femmes de la providence qui osent aller vers une solution pour les deux Etats. Mais entretemps, plus les années passent, plus les solutions s’éloignent.
Les derniers plans de Trump ne vous semblent-ils pas aller en ce sens ?
Je n’ai pas encore entendu parler de son plan de paix. Disons que lui a décidé de proposer les solutions économiques avant de proposer une solution politique ! Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée. Je ne suis pas un anti-Trump primaire, mais il n’y a pas une représentation officielle palestinienne à Abu-Dhabi. Donc on n’en est pas encore là. Il y a encore un très grand fossé entre Israéliens et Palestiniens et ça ne permet pas d’accéder à cette solution-là. Trump propose en fait un investissement de 50 milliards de dollars dans la région pour que tous les pays autour profitent de cette prospérité, de cette possibilité de développement. Je pense que tous les pays aspirent à cela : paix et prospérité.
Alors si on n’y arrive pas avec les armes, peutêtre qu’on y arrivera avec l’économie. Moi je pense qu’on peut y arriver avec la culture aussi. C’est notre branche à tous les deux. Je juge qu’elle joue un rôle très important. Je disais justement que je suis contre tous les boycotts qu’il y a contre Israël. Mais je suis aussi contre les boycotts qu’on ferait aux autres. Parce que quand on boycotte un pays en vrac, comme cette association qui s’appelle Bds, ou comme des artistes internationaux, quand il y a spectacle en Israël, ils essaient de les en dissuader.
Justement, les gens qui sont dans la culture sont les premiers partenaires d’un dialogue. Et donc, faire un boycott général, c’est empêcher aux gens de bonne volonté de part et d’autre de pouvoir se rencontrer et dialoguer. Puisque nos dirigeants ne peuvent pas le faire, faisons le nous les artistes, les gens de culture et les intellectuels ! Mais si on est boycotté, ça y est, c’est fini. On est comme des lépreux. On est enfermé dans nos frontières et on ne veut plus personne. Il y a des fois des universités qui n’invitent pas des conférenciers israéliens parce qu’Israël a des territoires occupés, c’est ridicule.
Parce que parmi ces gens d’université, il y a des personnes de paix et de dialogue. Il y a des gens qui parlent arabe. Il y en a qui seraient les premiers à pouvoir dire des chosent qui ne sont pas dans la voie officielle de l’Israël. Moi par exemple qui suis invité par l’ambassade, par le financement du ministère des Affaires étrangères, personne ne m’a imposé ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas. On me laisse le champ libre. Et ça c’est une chance que mon pays soit encore une démocratie.
Le jour où il ne le sera plus, (j’espère que ça n’arrivera jamais), je ne sais pas ce que je ferai. Mais je me battrai de l’intérieur. Je ne vais pas m’installer ailleurs. Si on quittait son pays à chaque fois qu’il a un problème, tous les pays seraient en miettes. Et quand on est dans un pays et qu’il y a un problème, il faut se battre. Alors, je peux me battre avec mon dessin, je ne peux pas descendre dans la rue.
Avez-vous collaboré avec des dessinateurs palestiniens ?
Oui, j’ai deux très bons collègues palestiniens qui sont membres de Cartooning for peace avec moi depuis des années. Malheureusement, il y en a un qui est mort il y a trois ans d’un cancer. Donc, il me reste un dessinateur palestinien avec lequel je suis en contact régulièrement et on participe ensemble à des colloques internationaux.
Et il y en a d’autres dans le monde arabe. J’ai des collègues marocains, algériens, tunisiens. J’ai aussi un collaborateur égyptien, un Iranien, un Jordanien et un Syrien. Parmi eux, il y en a qui sont aussi des amis, qui sont plus que des collègues. Et d’autres qui ne sont que des collègues que j’ai rencontrés dans la vie réelle. Ce n’est pas parce que nos pays sont en guerre qu’on ne doit pas se parler. Et c’est ça qui est bien dans le métier qu’on fait.
UN CHANGEMENT DE MODÈLE ÉCONOMIQUE SUGGÉRÉ FACE AUX DÉFIS DU FUTUR
Le président de la Banque islamique de développement (BID), Dr Bandar Hajjar, a invité, lundi, à Diamniadio, les Etats membres de cette banque à adapter un nouvel modèle économique en vue de relever les défis du futur.
Diamniadio, 9 déc (APS) - Le président de la Banque islamique de développement (BID), Dr Bandar Hajjar, a invité, lundi, à Diamniadio, les Etats membres de cette banque à adapter un nouvel modèle économique en vue de relever les défis du futur.
‘’Nos Etats membres sont confrontés à des défis immenses et nous ne pouvons pas relever ces défis en faisant les choses de la façon dont nous les avons faites jusqu’ici. Il nous faut sortir des sentiers battus et penser différemment. Il faut adapter notre modèle économique pour relever le défi de l’avenir’’, a-t-il dit.
Le président de la BID s’exprimait au Centre international de conférences Abdou DIOUF (CICAD) de Diamniadio lors d’une rencontre dénommée ‘’Transformers Summit’’, organisée par la BID autour du thème ‘’Bâtir des villes africaines inclusives, sûres et résilientes’’.
Le Dr Bandar Hajjar prône un ‘’nouvel modèle économique’’, expliquant que ‘’si on continue à faire les choses de la même façon, il n’y aura pas de réalisations’’.
‘’Pendant 45 ans, nous avons fait la même chose et nos Etats membres ont fait la même chose. C’est vrai, nous avons réalisé un peu de progrès importants au cours des 45 années d’existence de la banque dans les projets et programmes, mais nous ne voulons pas quelques réalisations […]’’, a déclaré le président de la BID.
Il a souligné que la Banque souhaite ‘’faire des avancées majeures par le biais de changements de paradigmes parce que le monde entame la quatrième révolution industrielle’’.
Selon lui, c’est pour cette raison que ‘’la BID met l’accent sur quatre piliers, science, technologie, innovation et finance islamique’’.
Il souligne que l’institution bancaire a identifié cinq secteurs dans ses Etats membres.
‘’Cela veut dire que si nous réussissons à mobiliser 1 milliard de dollars et que l’on investit dans cinq industries, nous pourrons créer 10 millions d’emplois dans nos 57 Etats membres chaque année. Mais pour ce faire, il faut beaucoup d’efforts de la part de la banque islamique ainsi que de la part de nos Etats membres pour voir comment travailler avec le secteur privé afin de combler le gap de 1000 milliards de dollars’’, a poursuivi Dr Bandar Hajjar.
MACKY SALL INVITE LES ETATS AFRICAINS À S’ADAPTER AUX SOLUTIONS INNOVANTES
Le chef de l’Etat sénégalais a invité, lundi à Diamniadio, les Etats africains à s’adapter aux solutions innovantes développées par les chercheurs et les jeunes start-upeurs en matière de gestion des villes.
Diamniadio, 9 déc (APS) - Le chef de l’Etat sénégalais a invité, lundi à Diamniadio, les Etats africains à s’adapter aux solutions innovantes développées par les chercheurs et les jeunes start-upeurs en matière de gestion des villes.
’’Quelque chose de fondamentale est en train de bouger dans la société civile, dans la société des chercheurs, des jeunes start-upeurs qui donnent des solutions très innovantes qui ne coûtent pas chers et pour lesquelles les Etats doivent s’adapter au lieu de partir sur des projets mirobolants, très lourds qui n’aboutissent à rien du tout", a-t-il dit.
Le président Macky Sall s’exprimait au Centre international de conférences Abdou DIOUF (CICAD) de Diamniadio lors du ‘’ Transformers Summit’’ de la BID autour du thème ’’Bâtir des villes africaines inclusives, sûres et résilientes’’.
Selon Macky Sall, des ’’solutions technologiques’’ sont proposées par des jeunes, plaidant pour le remodelage de la ville du future afin de ’’faciliter la mobilité, promouvoir l’énergie propre, proposer un système viable d’assainissement et des traitements de déchets, prévoir des mécanismes modernes de sécurité, entre autres’’.
’’Le retard de l’Afrique en matière d’aménagement et de gestion urbains au lieu d’être un handicap doit nous offrir une opportunité de recourir aux dernières générations de technologies disponibles’’, a ajouté Macky Sall.
Il a indiqué que les villes comme habitat et centre d’activités ’’se trouvent aujourd’hui confrontées à des niveaux jamais égalés’’ de pollution, d’insalubrité, de trafic et d’encombrement.
’’Le droit à un environnement sain que nous avons inscrit dans la Constitution sénégalaise est une composante essentielle des droits de l’homme. Chacun a droit à un cadre de vie décent compatible avec la dignité humaine. A l’échelle des Etats et des autorités locales, nous devons faire en sorte que ce droit à un environnement sain, au-delà d’une simple proclamation, soit une promesse tenue’’, a dit Macky Sall.
’’Ceci par d’abord une planification et un aménagement rationnel de l’habitat qui répondent aux normes de sécurité et de sûreté publique. Ensuite par la facilitation de l’accès aux services sociaux de bases logements, eau, assainissement, électricité et éducation et santé. Enfin par la conciliation des fonctionnalités productives et résidentielles de la cité’’, a-t-il souligné.
Autant d’enjeux qui font que la gestion des villes d’aujourd’hui et de demain ’’doit nécessairement intégrer’’ des paramètres novateurs pour ’’des réponses intelligentes et durables aux problématiques urbaines’’, a estimé le chef de l’Etat.
Le “Transformers Summit” est organisé annuellement par la BID. Il regroupe des entrepreneurs, innovateurs et leaders mondiaux dans le but de débattre des défis restant à relever pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment l’Objectif 11, à savoir ’’Faire en sorte que les villes et établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables’’.