Le pays a décidé de fermer ses frontières terrestres et d’interdire toute importation de marchandises par la route avec ses voisins pour lutter contre la contrebande. Pour les observateurs, Abuja pose une vraie question mais apporte une réponse dangereuse
Le 20 août dernier, le Nigeria a décidé de fermer ses frontières terrestres et d’interdire toute importation de marchandises par la route avec ses voisins: le Benin, le Niger, le Tchad et le Cameroun. Officiellement pour lutter contre la contrebande. Selon les observateurs, Abuja pose une vraie question mais apporte une réponse dangereuse.
La décision unilatérale de Muhammad Buhari est une potion très amère tant pour la première économie africaine que pour ses voisins, au premier rang le Bénin avec 700 kilomètres de frontières communes.
Pour Cotonou, « ces 5 derniers mois sont une catastrophe » affirme un confrère béninois. « Prenez le point de passage de Sèmè-Kraké, c’était chaque mois 300 millions de francs CFA de recettes, aujourd’hui c’est zéro. » Le recul du PIB du Bénin sur les quatre premiers mois est chiffré à 0,5.
Les politiques nigérians ont l’ambition de relancer la culture du riz, en clair : mettre un terme à l’importation de riz thaïlandais en provenance du Benin, préféré par les Nigérians car moins cher.
« Mais si l’ambition du Nigeria est de diversifier son économie au forceps, Buhari fait une erreur colossale, explique un économiste béninois. Le Nigeria s’isole et s’écroule sur lui-même ».
Et de conclure : « Lutter contre la contrebande, ou les excès d’un secteur informel c’est bien, mais en concertation avec ses voisins. Abuja devrait d’abord balayer chez lui: chaque jour, 400 mille barils de pétrole sont volés! Il est urgent de convoquer tous les partenaires autour d’une même table. »
L'ÉTAT ANNULE LA CONTROVERSÉE CENTRALE À CHARBON DE BARGNY
L'annulation de ce projet charbonnier intervient après une succession de pannes techniques, de difficultés financières et de conflits entre actionnaires qui avaient paralysé le projet au cours des quatre derniers mois
Le président du Sénégal Macky Sall a annoncé l'annulation de la centrale à charbon de Bargny conformément aux engagements du pays dans le cadre de l'accord de Paris. Cette annonce a été saluée par les communautés locales et les activistes au Sénégal qui, depuis plus de cinq ans, se sont fermement opposés et ont activement fait campagne contre cette centrale à charbon tout en poussant le gouvernement à investir dans les énergies renouvelables.
En réponse à cette annonce, Landry Ninteretse, chef d'équipe régional de 350Africa.org, a déclaré: « Au cours des trois dernières années, 350.org ainsi que des partenaires locaux et régionaux ont tiré la sonnette d'alarme, révélant les impacts humains et écologiques catastrophiques auxquels les communautés de Bargny, Sendou et Rufisque seraient exposées si le projet se concrétisait. Nous avons dénoncé le rôle de banques telles que la Banque Africaine de Développement, la Compagnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest (CBAO) et la Banque Néerlandaise de Développement (FMO), qui avaient financé le projet. Cette décision confirme que l’appel des communautés affectées et celui de la science appelant à l'arrêt des combustibles fossiles doivent être entendues par les gouvernements. Le Sénégal a maintenant une chance de s'engager sur une voie différente et propre vers un développement centré sur la durabilité et la justice»
L'annulation de ce projet charbonnier intervient après une succession de pannes techniques, de difficultés financières et de conflits entre actionnaires qui avaient paralysé le projet au cours des quatre derniers mois, l’arrêt de l'importation du charbon et provoqué le licenciement de plusieurs travailleurs du projet. Récemment, le Khalife général de Tidianes, l’un des chefs religieux bien respecté dans le pays, a ajouté sa voix en tant qu à celles des communautés et des militants qui se sont mobilisés contre le projet de charbon controversé.
Mamadou Barry, Directeur Exécutif de Action Solidaire International, a déclaré: « Alors que nous, militants au Sénégal, nous saluons la décision présidentielle, nous nous méfions du “plan de transition” suggéré par le président qui envisage de transformer la centrale du charbon en gaz. Nous nous opposerons également à cette installation gazière car elle est susceptible d'avoir les mêmes effets néfastes sur le bien-être des habitants de Bargny, Sendou et Rufisque.»
L'annulation de ce projet à Bargny est le deuxième grand projet de charbon à être annulé sur le continent cette année, après que le Tribunal National de l'Environnement (NET) du Kenya ait annulé la licence précédemment accordée à Amu Power pour la construction de la centrale à charbon de Lamu. Preuve que le pouvoir du peuple est vraiment imparable et que la résistance aux combustibles fossiles ne cesse de monter.
Par ailleurs, l'annonce par la Banque Africaine de Développement en septembre qu'elle ne financera plus aucun projet de charbon en Afrique démontre une préoccupation croissante et le manque de soutien pour les projets de combustibles fossiles à travers le continent et, plus important encore, le fait que les voix des personnes qui demandent une plus grande action climatique sont maintenant entendues dans les organes et cercles de décision de haut niveau à travers le continent.
TRENTE-SIX ‘’DAARA’’ MODERNES SERONT LIVRÉS EN FIN DÉCEMBRE
Les écoles prévues dans le cadre de ce projet viendront s’ajouter aux 400 autres ‘’daara’’ qui seront ouverts dans le cadre du Projet d’amélioration de la qualité et de l’équité de l’éducation de base
Le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, a annoncé mardi la livraison, d’ici à la fin du mois de décembre, de 36 écoles coraniques modernes dans le cadre du projet de modernisation des ‘’daara’’ (écoles coraniques).
‘’Un maillage du territoire est en cours, mais déjà 64 +daara+ modernes seront disponibles, dont 36 seront livrés en fin décembre 2019’’, a-t-il déclaré lors de l’examen du projet de budget de son ministère.
Les écoles prévues dans le cadre de ce projet viendront s’ajouter aux 400 autres ‘’daara’’ qui seront ouverts dans le cadre du Projet d’amélioration de la qualité et de l’équité de l’éducation de base (PAQEEB), a précisé M. Talla.
Il estime qu’il faut saluer la décision du chef de l’Etat, Macky Sall, de moderniser les ‘’daara’’. Selon lui, les élèves, qu’ils soient dans les écoles coraniques ou dans les écoles conventionnelles, ‘’sont tous des fils du pays qui ont droit à une bonne formation’’.
Mamadou Talla annonce par ailleurs que ‘’des 15 accords signés avec les syndicats d’enseignants, huit sont déjà honorés’’. Cinq autres accords ‘’sont en voie’’ de l’être, tandis que deux autres accords ‘’n’ont pas encore été réglés’’.
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
ET SI ON PARLAIT DU NAIRA ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Qu’est-ce qui empêche d'étendre l’utilisation de la monnaie nigeriane au reste de la population de notre région ? Pourquoi une monnaie française, minoritaire de surcroît devrait-elle servir de référant ?
L’année 2020 marquera le 60e anniversaire de l’accès à l’indépendance des colonies françaises d’Afrique. Tout au long de l’année, l’incongruité de la permanence du franc colonial continuera à susciter des controverses et des exigences visant à mettre fin au statut quo.
Deux perspectives manquent à l’appel :
1. Les protagonistes du débat ? le CFA doit être un débat de “nous dans nous”.
La discussion avec les chefs d’état africains des ex-colonies françaises ou avec les responsables de l’Etat français ne doit pas absorber notre énergie. Le fait qu’une monnaie française continue de circuler dans l’ancien espace colonial africain 60 ans après les indépendances est tout simplement une aberration économique sociale et politique.
Cela a assez duré, l’immobilisme n’est pas consistant avec les besoins du développement et de l’abolition de la pauvreté.
Les arguments d’un Ouattara portant sur la stabilité, la garantie et l’inflation maîtrisée n’invalident en aucune manière la mise en place d’une alternative qui intègre ces critères tout en nous permettant d’exercer pleinement les attributs de notre souveraineté économique et monétaire. Ouattara a été littéralement porté au pouvoir par l’armée française et l’État français alliés à des gangs de rebelles surgis du Burkina Faso. Son allégeance à la Françafrique est indiscutable. Il n’est donc pas crédible.
L’État français quant à lui n’a jamais été généreux avec ses ex-colonies, nonobstant la soit disant aide au développement. S’il continue d’imposer la circulation de sa monnaie dans son ancien espace colonial, c’est tout simplement parce qu’il y trouve son intérêt, sinon il y a longtemps qu’il y aurait mis fin. Sans état d’âme. Comme lors de sa décision de dévaluer le CFA en 1994.
Donc, le débat n’est pas avec eux. Ce que nous devons établir, c’est un rapport de force en portant le débat au sein de l’opinion publique et des organisations populaires. La question est la suivante : en quoi et à quelles conditions le remplacement du CFA sera-t-elle bénéfique aux pêcheurs, aux éleveurs, aux producteurs d’arachides, aux femmes associées dans des groupements de production, aux PMEs et aux acteurs du secteur dit informel.
Pour chaque secteur, il faudrait en fait entreprendre de sérieuses recherches d’impacts futurs, développer les argumentaires et donner des réponses objectives, car il s’agit de la vie des gens et il faut cesser de prendre des décisions à leur place. C’est eux qu’il faut convaincre car c’est à eux qu’il appartiendra de mener le combat (s’ils sont convaincus qu’il y va de leur intérêt) et de déclencher un processus de ruptures visant in fine à décoloniser le pays, l’Etat et les mentalités. Au-delà des abstractions et autres théories macroéconomiques, il faut travailler sur des scénarios et des études de cas concrets. C’est ce qui est attendu des économistes.
Qu’ils aillent donc parler aux commerçants de Sandaga plutôt que de continuer à débattre entre eux !!
2. Par quoi on remplace le CFA ?
La CEDEAO a, sur papier du moins, changé de paradigme et remplacé l’approche institutionnelle de l’intégration régionale par une nouvelle approche dite de “l’intégration des peuples par les peuples et pour les peuples”. Néanmoins, la diplomatie des sommets continue avec les sommets des chefs d’Etats précédés par des conseils de ministres qui examinent des propositions et recommandations venant d’experts de la région et de consultants de la Banque mondiale et de la Commission Européenne. D’où le mimétisme observé dans l’évolution de la CEDEAO. On copie l’Union Européenne et on continue à faire une intégration sans les peuples.
Une approche de l’intégration par les peuples voudrait que l’on parte des populations plutôt que des États. D’où ma question : en 2018 sur les 350 millions d’habitants de la CEDEAO,196 millions utilisent le naira (monnaie du Nigeria). Qu’est-ce qui empêche qu’on en étende l’utilisation au reste de la population de notre région ? Le CFA en Afrique de l’Ouest est utilisé par 120 millions de ressortissants des 8 ex-colonies françaises. Pourquoi une monnaie française, minoritaire de surcroît devrait elle servir de référant ?
Par ailleurs, nous savons que la référence pour l’Euro lors de sa mise en œuvre était le Deutsche Mark adossé à l’économie la plus puissante d’Europe. Et que le dollar américain, monnaie de référence mondiale est adossé à l’économe la plus puissante de la planète. Le Nigeria est la première puissance économique africaine. Son PIB s’élevait en 2018 à 398 milliards de dollars américains sur 614 milliards pour l’ensemble de la CEDEAO (15 pays) et 291 milliards pour les 8 pays de l’Uemoa pris ensemble. Ne serait-il pas logique que le Naira soit une option sur la table lors des discussions sur le remplacement du CFA ?
Enfin, nous savons que le naira est indubitablement gérée de manière souveraine par la Banque du Nigeria. Une nouvelle Banque Centrale de la CEDEAO pourra bénéficier du panafricanisme sourcilleux de nos compatriotes du Nigeria, Ghana, Gambie, Guinée… pour faire du Naira un outil de développement dégagé de toute tutelle coloniale. Et nous avons assez d’or dans cette région pour constituer des réserves majestueuses pour notre nouvelle monnaie.
3. Maintenant, la vraie question est de savoir si nous avons confiance en nous et entre nous ?
Si nous sommes après 60 ans d’indépendance prêts à prendre en mains les leviers de notre destinée commune ? Sans tuteur. Comme 40 autres pays africains ayant une monnaie indépendante.
Les élites françaises informées vous confirmeront sans ambages que l’Afrique c’est l’avenir de la France. Il convient donc pour elles de maintenir les liens coloniaux quitte à les “faire évoluer” (sic).
Les élites africaines conscientes vous diront spontanément que la France c’est le passé de l’Afrique. Décoloniser le futur passe par la récupération de notre autonomie intellectuelle et culturelle. Sans quoi nous ne serons jamais en mesure de nous défendre dans cette guerre économique mondiale qu’on appelle globalisation.
Nous serons tout au plus des auxiliaires et tirailleurs d’un camp ou de l’autre.
Le feuilleton concernant la procédure de destitution de Donald Trumpcontinue aux États-Unis. Mardi, les démocrates ont fini par retenir deux chefs d'accusation contre le président américain dans le cadre de sa procédure de destitution : abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès.
Lorsque ces chefs seront adoptés en séance plénière, sans doute la semaine prochaine, à la Chambre des représentants où les démocrates sont majoritaires, Donald Trump deviendra le troisième président de l'histoire à être mis en accusation au Congrès américain. Il ne sera toutefois vraisemblablement pas destitué, puisque le Sénat, chargé de le juger, est contrôlé par les républicains qui font largement bloc autour de lui.
« Aujourd'hui, au nom de la Constitution et de notre pays, la commission judiciaire de la Chambre introduit deux articles de mise en accusation contre le président des États-Unis, Donald Trump, pour crimes et délits majeurs », a annoncé le chef démocrate de cette commission, Jerry Nadler, en citant les chefs d'abus de pouvoir et d'entrave à la bonne marche du Congrès. « Nous sommes ici aujourd'hui, car l'abus par le président de ses pouvoirs ne nous a laissé aucune autre alternative », a ajouté Adam Schiff, le chef de la commission du Renseignement, qui a mené plus de deux mois d'enquête sur l'affaire ukrainienne.
Donald Trump dénonce des accusations « ridicules »
Sur Twitter, Donald Trump a dénoncé des accusations « ridicules » mises en avant par les démocrates. « Jerry Nadler vient de dire que j'avais "fait pression sur l'Ukraine en vue d'une interférence dans l'élection de 2020". Ridicule, et il sait que ce n'est pas vrai », a-t-il écrit, dénonçant une nouvelle fois « une chasse aux sorcières ».
Les démocrates ont ouvert une procédure de destitution contre Donald Trump après avoir appris qu'il avait demandé à l'Ukraine d'enquêter sur Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020. L'opposition l'accuse d'avoir abusé de son pouvoir pour arriver à ses fins, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec la Russie. « Le président a sollicité et fait pression sur l'Ukraine pour qu'elle intervienne dans notre élection présidentielle de 2020, ce faisant, il a porté atteinte à la sécurité nationale, a affaibli l'intégrité des élections et violé son serment au peuple américain », a affirmé Jerry Nadler.
Les démocrates lui reprochent également d'avoir refusé de collaborer à leur enquête, ce qui alimente le chef d'entrave à la bonne marche du Congrès. Jugeant l'enquête en destitution « inconstitutionnelle », la Maison-Blanche a en effet intimé à plusieurs conseillers du président de ne pas se plier aux injonctions à comparaître et de ne pas transmettre de documents à la Chambre. « C'est un schéma familier dans la conduite du président Trump » qui « croit ne devoir de comptes à personne », a poursuivi Jerry Nadler, un adversaire de longue date du magnat de l'immobilier. Mais « nous devons être clairs, personne, pas même le président, n'est au-dessus des lois ».
Troisième président de l'histoire à être mis en examen
Étant donné l'état des forces dans cette enceinte, Donald Trump est quasiment assuré d'être mis en accusation, « impeachment » en anglais, sans doute avant Noël. Avant lui, seuls les présidents Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 ont connu cet « impeachment », le républicain Nixon ayant démissionné avant le vote. Les deux avaient ensuite été acquittés au Sénat, chargé selon la Constitution de juger les présidents à une majorité des deux tiers.
Comme eux, Donald Trump devrait aussi échapper à une destitution. Les républicains restent en effet majoritaires à la Chambre haute et il paraît extrêmement improbable que 20 membres du parti lâchent le président. Reste à savoir si son procès sera rapide, comme le souhaitent certains proches du président, ou si Donald Trump s'en servira comme tribune politique.
NAFISSATOU DIA, NOUVELLE DIRECTRICE DE LA COMMUNICATION DE CFAO
L'ancienne employée à la direction Afrique et Moyen-Orient du groupe Orange est nommée par le leader de la distribution automobile depuis le 2 décembre dernier
Le groupe CFAO annonce la nomination, à compter du 2 décembre 2019 de Madame Nafissatou DIA, 46 ans, de nationalité sénégalaise, au poste de Directrice de la Communication et de la Responsabilité Sociétale (RSE).
Nafissatou DIA occupait jusqu’à présent la fonction de Directrice de la Communication et du Sponsoring pour la direction Afrique et Moyen-Orient du groupe Orange (21 pays), basée à Paris. Avant de rejoindre Orange, Madame DIA a démarré son expérience professionnelle avec une mission de responsable de coopération internationale et de relations publiques pour une organisation des Nations Unies à Dakar pendant 3 ans de 1997 à 1999. Elle prend par la suite des responsabilités commerciales et marketing pour une société de service informatiques à Dakar, puis elle intègre Sonatel en 2000 (filiale de Orange au Sénégal). En 2009, elle est nommée directrice communication institutionnelle, relations publiques et presse, et RSE, membre du conseil de la Fondation Sonatel.
Nafissatou DIA a suivi des études de langues étrangères appliquées au commerce international, au marketing et à la communication à Bordeaux entre 1991 et 1995, puis un master de supply chain management à KEDGE Bordeaux en 1996, et par la suite un master en gestion des télécommunications à Dakar en 2005.
Madame Nafissatou DIA est directement rattachée à Madame Cécile DESREZ, Directrice des Ressources Humaines, de la Communication et de la RSE du Groupe CFAO.
NATHALIE YAMB, NOUVELLE ÉGÉRIE CONTROVERSÉE DU "FRENCH-BASHING" EN AFRIQUE
Son expulsion de Côte d’Ivoire, où elle résidait depuis plus de dix ans, a braqué tous les projecteurs sur cette militante virulente qui a fait de la dénonciation du néo-colonialisme son cheval de bataille
Jeune Afrique |
Marième Soumaré - avec André-Silver Konan |
Publication 10/12/2019
Si l’objectif des autorités ivoiriennes était de réduire son influence, l’effet aura été pour le moins contre-productif. Depuis que Nathalie Yamb a été expulsée d’Abidjan, lundi 2 décembre, le milieu se réclamant d’un panafricanisme de combat est en ébullition. Très active sur les réseaux sociaux, la Suisso-Camerounaise, qui a fait de ses prises de positions anti-impérialistes tonitruantes une marque de fabrique, y a en effet gagné une aura renforcée.
Depuis son arrivée à Zurich, mardi 3 décembre, la militante du parti d’opposition Lider (Liberté et démocratie pour la République), proche de Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale et ancien ministre de l’Économie de Laurent Gbagbo, a d’ailleurs reçu une pluie de messages de soutien.
À en croire la militante et son entourage, ce sont d’ailleurs ses prises de position radicales qui lui ont valu d’être expulsée d’Abidjan, où elle réside depuis plus de dix ans. Mais si une partie de la galaxie anti-coloniale radicale porte aux nues celle qu’ils érigent désormais comme l’une de leurs nouvelles égéries, d’autres se montrent beaucoup plus circonspects, pointant le grand écart idéologique entre ses positions libérales, une certaine forme de souverainisme et le panafricanisme dont elle se réclame.
Certains n’ont d’ailleurs pas hésité à ressortir un tweet de Nathalie Yamb datant de 2017 dans lequel la pasionaria anticolonialiste affirmait que « le peuple de Côte d’Ivoire est composé de moutons tribalistes dirigés par des loups voleurs et manipulateurs ».
Pas de quoi écorner l’image de Nathalie Yamb auprès de ses soutiens ; au contraire. « Son discours d’activiste plaît à une partie de la jeunesse africaine, parce qu’il met en lumière la question centrale de la souveraineté des États africains, notamment vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale. Mais aussi parce que, conformément à la logique d’une époque dominée par les réseaux sociaux, il est parfois outrancier et excessif », juge l’essayiste camerounais Yann Gwet.
Une sémantique qu’elle a notamment déployée en octobre dernier, lors du sommet Russie-Afrique à Sotchi. Nathalie Yamb, qui n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien, avait alors fait une intervention fort remarquée. « La France considère toujours le continent africain comme sa propriété. Nous voulons sortir du franc CFA, que Paris, avec la complicité de ses laquais africains, veut pérenniser sous l’appellation éco », a-t-elle notamment martelé.
« Nous voulons le démantèlement des bases militaires françaises qui ne servent qu’à permettre le pillage de nos ressources (…) et le maintien de dictateurs à la tête de nos États. » Un discours qui, selon elle, a « profondément dérangé les officiels et médias françafricains ».
Sur les réseaux sociaux, l’activiste loue d’ailleurs volontiers les mérites de la Russie, dont elle vante les « autorités décomplexées ». Elle a ainsi participé à un « séminaire de prospective sur l’Afrique » à Berlin, organisé par l’Association pour la recherche libre et la coopération internationale (AFRIC), un think tank pro-russe.
La militante peut notamment compter sur le soutien indéfectible des sankaristes burkinabè. Membre du Comité international du mémorial Thomas Sankara, elle y joue un « rôle déterminant » selon le secrétaire général du comité Luc Damiba.
Souvent présente au Burkina Faso, elle est proche de l’ancien président ghanéen Jerry Rawlings, président d’honneur du comité, dont elle est la porte-parole et l’envoyée spéciale. « Ils se connaissaient bien, avant même la création du comité », assure Luc Damiba. C’est d’ailleurs « lui qui l’a coopté », affirme-t-il.
Libéralisme économique et panafricanisme
Nathalie Yamb est née à Gränichen, près de Zurich, en juillet 1969. Contrainte à renoncer à la nationalité camerounaise – le Cameroun n’acceptant pas la double nationalité – , elle y a travaillé en tant que responsable de la communication pour une entreprise de transport maritime dans les années 2000.
Après un passage au Nigeria, elle s’installe en Côte d’Ivoire en 2007, où elle exerce en tant que manager au sein de la compagnie de téléphonie MTN, avant de s’impliquer en politique. Très proche de l’ancien ministre Mamadou Koulibaly, dont elle est la conseillère exécutive, elle a su se faire une place prépondérante au sein du Lider.
Cette omniprésence a participé de l’effacement de l’actuelle présidente du parti, Monique Gbekia. Ce qui a froissé certains proches de Mamadou Koulibaly, tels que Lancina Karamoko, un dissident du Lider qui a rejoint le RHDP du président Alassane Ouattara.
La militante entretiendrait également des relations tendues avec certains Camerounais intervenant dans la politique ivoirienne, dont Théophile Kouamouo, journaliste en France pour LeMedia et soutien de Laurent Gbagbo, Saïd Penda, qui se présente comme un « cyberactiviste » et compte parmi les proches du président ivoirien Alassane Ouattara, ou encore Franklin Nyamsi, fidèle de Guillaume Soro.
Ce dernier, philosophe d’origine camerounaise, a l’habitude de combattre, via des tribunes ou des publications sur les réseaux sociaux, les idées de Nathalie Yamb, une « sanguine » aux « critiques impitoyables », « capable d’aller très loin dans sa manière de caricaturer les personnes qu’elle attaque ».
Plus virulente que le candidat déclaré du Lider, Nathalie Yamb partage sa vision souverainiste. « Elle trouve en Mamadou Koulibaly quelqu’un qui lui donne une certaine cohérence », estime Franklin Nyamsi. « Nathalie Yamb a émergé dans [son] sillage, mais ce n’est pas une intellectuelle : c’est une militante », ajoute le philosophe, qui dénote une certaine « confusion » et un « côté un peu folklorique » dans ses prises de position. Un « manque de structuration idéologique », selon Franklin Nyamsi, pour qualifier la dichotomie entre les positions libérales défendues par Nathalie Yamb et le panafricanisme qu’elle affiche.
« Propos malveillants »
Malgré leurs différends, ce proche de Guillaume Soro a pourtant, lui aussi, exprimé son désaccord sur l’expulsion de Nathalie Yamb : « Paradoxalement, cette expulsion l’a rendue encore plus visible et attiré la compassion de tous les amoureux de la démocratie et de la liberté. »
Mamadou Koulibaly assure que le gouvernement reproche à sa conseillère de faire de la politique sans avoir la nationalité ivoirienne. À l’en croire, l’activiste se sentait « surveillée » depuis son retour de Sotchi. Elle se serait notamment inquiétée auprès de ses proches de l’installation d’une caméra de surveillance devant les locaux du Lider à Abidjan.
Mercredi, le porte-parole du gouvernement ivoirien Sidi Tiémoko Touré justifiait cette expulsion par les « propos malveillants » tenus par Nathalie Yamb au sujet de l’accident survenu entre deux hélicoptères de l’armée ivoirienne en marge de la visite d’Alassane Ouattara à Katiola, le 27 novembre. « Un motif suffisamment grave », pour justifier cette décision, selon les autorités.
Selon nos informations, ses documents administratifs ont été passés au crible par les policiers ivoiriens, qui ont découvert qu’elle n’avait pas de titre de séjour valide. Optimiste, la militante n’en a pas moins affirmé, mercredi, qu’elle se préparait à rentrer en Côte d’Ivoire dès 2020, « au lendemain de la victoire » de Mamadou Koulibaly.
LE COMMISSAIRE CENTRAL VIRÉ
La rumeur circulait depuis quelques jours. Le commissaire central Mamadou Ndour a été viré et remplacé par El hadj Cheikh Dramé qui dirigeait, il y a peu, la Sûreté Urbaine (Su) de Dakar.
La rumeur circulait depuis quelques jours. Le commissaire central Mamadou Ndour a été viré et remplacé par El hadj Cheikh Dramé qui dirigeait, il y a peu, la Sûreté Urbaine (Su) de Dakar. D’après des sources de «L’AS», Mamadou Ndour a été sanctionné pour négligence, après l’incursion de Guy Marius Sagna jusqu’aux grilles du Palais de la République.
Guy Marius Sagna fait une victime dans la haute hiérarchie policière. Le patron du Commissariat Central de Dakar Mamadou Ndour, installé il y a un peu plus d’un mois, a été limogé et remplacé par le Commissaire El hadj Cheikh Dramé. La nouvelle est tombée hier comme un couperet alors que le Commissaire Ndour était sur le terrain. Ancien enfant de troupe, il a gravi les échelons en devenant inspecteur, puis officier avant d’étrenner ses galons de commissaire avec la réforme de 2008.
Travailleur acharné, il jouit d’une grande réputation au sein du commandement de la police, notamment dans le domaine de la gestion de la circulation. Il a d’ailleurs commandé la Compagnie de la circulation de Dakar avant d’aller en mission au Mali. Son atterrissage à la tête du Commissariat Central avait suscité beaucoup d’espoir, puisqu’il avait fini de peaufiner un plan de circulation qui devait décongestionner la ville. Qui plus est, il avait réussi à remettre les policiers au pas au niveau des brigades de recherches. Hélas !
Le décret divin est imparable. Une petite négligence pourtant imputable à ses hommes, notamment le commandant du corps urbain (Saliou Ndao), le patron du Groupement d’intervention rapide (Gir) Amidou Ba et le chef de la Compagnie d’intervention et de surveillance (Cis) Souleymane Faye, va précipiter sa chute qui ne surprend tout de même pas beaucoup d’officiers de police contactés par «L’AS».
Pour ces derniers, sa nomination à ce poste relevait d’un mauvais casting, parce qu’il n’a pas une grande expérience en matière de maintien de l’ordre comparé à son prédécesseur. «L’AS» a eu vent de son limogeage depuis quelques jours, mais la hiérarchie policière avait coupé court en démentant l’information. Depuis hier, la nouvelle lui a été notifiée formellement. Il a été remplacé par El hadj Cheikh Dramé qui a fait les beaux jours de la Sûreté urbaine. Affecté récemment à l’Aéroport de Diass, Dramé revient cette fois en tant que patron du Commissariat Central de Dakar.
S’il a une réputation de bon enquêteur, certaines sources ne vendent pas cher sa peau pour pouvoir remplacer valablement Ndiaré Sène. «C’est très difficile de remplacer Ndiaré Sène qui a placé la barre très haut. Nous nous attendions à avoir Ibrahima Diop qui a le même profil. Mais si Dramé ne commet pas la même erreur que Ndour, il pourra faire des résultats probants. Il lui faut de bons officiers à l’image de Idrissa Thiandoum affecté injustement à la brigade prévôtale alors qu’il est l’un des meilleurs en tant que commandant du Corps urbain», a confié un policier. Dramé sera remplacé à l’Aibd par le Commissaire Bopp en service à Kaolack. Lui même sera succédé par Serigne Amadou Diop, jusque-là chef du bureau Interpol de Dakar qui lui sera remplacé par la dame Aminata Lo.
LES AVOCATS CRAIGNENT LE PIRE POUR LEURS CLIENTS
Les conseils de Guy Marius Sagna et compagnie sont très préoccupés par l’état de santé de leurs clients qui observent une grève de la faim
Les conseils de Guy Marius Sagna et compagnie sont très préoccupés par l’état de santé de leurs clients qui observent une grève de la faim. Me Khouraychi Ba alerte les autorités et invite l’administration pénitentiaire à prendre ses responsabilités. L’avocat annonce par ailleurs que leur convocation est imminente devant la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel.
Les difficiles conditions de détention carcérale n’ont pas fait renoncer à Guy Marius Sagna et compagnie leur grève de la faim. Ils sont plus que jamais déterminés à aller jusqu’au bout pour obtenir leur libération. Ce qui fait craindre le pire à un de leurs avocats, en l’occurrence Me Khouraychi Ba. L’avocat alerte les autorités et invite l’administration pénitentiaire à prendre ses responsabilités en communiquant sur la situation des Guy Marius Sagna et autres. «Nos clients observent depuis maintenant 7 jours une grève de la faim. Ils sont résolus à aller jusqu’au bout de la grève. Nous craignons le pire», avertit Me Ba, membre du pool d’avocats des activistes arrêtés pour manifestation interdite devant le Palais de la République. Selon Me Ba, la situation est extrêmement délicate parce que, dénonce-t-il, « c’est la première fois que dans un seul dossier, on a des lieux de détention différents. Cela dit qu’il est temps que l’administration pénitentiaire prenne ses responsabilité». Pour la robe noire, compte tenu de la gravité de la situation, l’administration pénitentiaire a l’obligation de faire le point de l’état de santé des prévenus tous les jours à leurs familles. «Dans cette grève de la faim, l’administration pénitentiaire doit présenter aux prévenus chaque jour leurs repas et faire un rapport à la hiérarchie», indique Me Khouraychi Ba.
A l’en croire, la vie de ces jeunes est en danger. « C’est triste, mais les jeunes sont déterminés à poursuivre la grève. Des organisations de droits humains les ont appelés à cesser cette grève de la faim, mais ils sont déterminés. Nous ne pouvons pas faire quelque chose en tant qu’avocats parce qu’ils sont dans leur stratégie de lutte», se désole Me Ba. Par ailleurs, il annonce leur convocation imminente devant la Chambre d’accusation parce qu’il s’agit d’une procédure d’urgence. En effet, les conseils de Guy Marius Sagna et compagnie ont introduit depuis vendredi dernier une requête aux fins de saisine urgente de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel. Ils sollicitent une mainlevée des mandats de dépôt de leurs clients. Les avocats soulignent avoir attiré l’attention du doyen des juges d’instruction sur l’impossibilité dans laquelle il se trouvait pour décerner un mandat de dépôt contre leurs clients. Ils rappellent que le délit visé par le procureur, à savoir la participation à une manifestation interdite, est de trois (3) ans. En plus, ils soutiennent qu’une liberté provisoire de leurs clients n’empêchera pas le Doyen des juges de suivre jusqu’au bout le réquisitoire. Les robes noires contestent aussi le délit d’actions diverses contre Guy Marius Sagna. Ils estiment qu’il est inopérant.