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28 juillet 2025
"MANÉ A TERMINÉ 4È PARCE QU'IL EST AFRICAIN"
Sadio Mané s'est classé quatrième du Ballon d'or 2019, remis ce lundi à Messi pour la sixième fois. Sur le plateau de Canal + Afrique, Habib Beye a dénoncé un "scandale pur et simple"
Le sixième Ballon d'or de Lionel Messi n'a pas enchanté tout le monde. Sadio Mané, annoncé comme l'un des grands outsiders de cette récompense, n'a pris finalement que la 4e place. Ce qui a rapidement suscité une certaine incompréhension, notamment celle de Habib Beye. "Peut-on juger que Messi sera le meilleur joueur de l’histoire ? Oui. Peut-on juger que Messi est le meilleur joueur du monde actuellement ? Oui. Peut-on juger qu’il a fait la meilleure saison en 2019 ? Non", a lancé l'ancien défenseur sur Canal + Afrique.
"On va repartir dans ce qu’on a dit. Peut-être que les gens verront ça comme de la victimisation. Il est Africain. Et c’est pour ça qu’il est 4e. Vous pouvez le tourner dans tous les sens, c’est pour ça qu’il est 4e", tranche encore Beye. Vainqueur de la Ligue des champions avec Liverpool et de la Supercoupe d'Europe, Sadio Mané a marqué 27 buts en 45 rencontres. Insuffisant aux yeux du jury pour être le lauréat du Ballon d'or 2019.
"C’est un scandale pur et simple"
Ces derniers jours, Jürgen Klopp, l'entraîneur de Liverpool, militait lui pour donner le Ballon d'or à un autre joueur des Reds: Virgil van Dijk. "Je suis Sénégalais, j’ai supporté Sadio Mané. A un moment donné, il faut être pragmatique et honnête dans ce qu’on dit. Aujourd'hui, celui qui me dit que Virgil van Dijk a fait une meilleure saison que Sadio Mané, qu’il me donne les critères, qu’il vienne discuter avec moi. Et on débat, il n’y a pas de problème", recadre Beye, pas convaincu par l'avis de Klopp.
De là à remettre aussi en cause le trophée remis à Messi cette année? "Messi est sûrement le meilleur joueur du monde aujourd'hui, intrinsèquement. Quand on le voit jouer, on est ébloui. Moi le premier. Sauf que Messi a sombré en demi-finales de Ligue des champions à Anfield, rappelle encore Beye. Pendant ce temps-là, Sadio Mané et les autres allaient en finale de Ligue des champions, gagnaient cette Ligue des champions. Voir Sadio Mané 4e du Ballon d’or, moi je vous le dis, c’est un scandale pur et simple."
LA TENTATION DE LA BUNKÉRISATION
Il nous revient que l’intrusion de Guy Marius Sagna pourrait avoir comme conséquences de donner raison à ceux qui pensent que le palais devrait être une zone d’exclusion interdite à la circulation piétonne
Si, à l’Assemblée, les députés de la majorité ont été très remontés contre la manifestation de Guy Marius Sagna devant les grilles de la présidence vendredi dernier, au palais, on n’est pas embarrassé. L’avenue Roume ne trouve rien d’extraordinaire à l’acte posé par l’activiste et ses camarades contestataires. ‘‘L’acte de Guy ne relève pas de l’audace, mais d’une irresponsabilité illimitée’’, a déclaré une source proche du palais. Un acte qui risque grandement de raffermir les restrictions dans la zone de l’avenue Roume.
Il nous revient que l’intrusion de Guy Marius Sagna pourrait avoir comme conséquences de donner raison à ceux qui pensent que le palais devrait être une zone d’exclusion interdite à la circulation piétonne. Ce contre quoi le président Sall s’est toujours opposé, estimant qu’une ouverture démocratique et un rapprochement populaire sont toujours préférables à une tour d’ivoire. ‘‘Guy Marius Sagna savait très bien que les gardes allaient jouer le jeu et n’oseraient pas user de leurs armes, et il en a profité. On est tous d’accord sur le principe de la liberté, mais il faut de la responsabilité. Cet acte vient apporter de l’eau dans le moulin de ceux qui pensent qu’on doit fermer le palais à la circulation’’, se plaint-on à l’avenue Roume.
Au palais, l’activiste est vu comme un contre-modèle dont le ‘‘courage est un simple abus de la liberté, car il est facile d’être courageux quand on est protégé par les lois et règlements qu’on bafoue’’. Cet acte est attentatoire à l’image du Sénégal et à la viabilité des libertés. La source n’a pas hésité à rappeler les efforts que Macky Sall a dû déployer pour tirer d’affaire les membres de Y en a Marre, en 2015, au Congo où le mouvement de la société civile, en association avec Filimbi et le Balai citoyen, était en délicatesse avec la justice congolaise.
‘‘Il a fallu que Y en a marre aille jusqu’au Congo pour comprendre les vertus d’une société ouverte’’, fait-on remarquer. D’ailleurs, à l’avenue Roume, on se félicite de la particularité sénégalaise, assimilable aux démocraties occidentales, qui consiste à ne pas faire de ce lieu un blockhaus imprenable et inapprochable. ‘‘En Afrique, on ne s’approche pas des palais bunkers, parce que la sécurité tire à vue. En Europe et en Amérique, on passe devant sans oser profaner le plus grand symbole de la nation. Au Sénégal, les activistes profitent des pouvoirs de la liberté d’une grande démocratie sans en assumer la responsabilité’’, regrette la source.
Elle avance qu’il faut éviter tout triomphalisme populiste et condamner à l’unisson cette atteinte à l’institution. ‘‘C’est pourquoi, majorité, opposition, société civile et citoyens ordinaires doivent dénoncer cette irresponsabilité, surtout dans un contexte mondial de lutte contre le terrorisme où, dans beaucoup de démocraties, la liberté a été sacrifiée à l’autel de la sécurité et le Sénégal est l’une des rares exceptions où on jouit encore pleinement des deux’’.
Seul point qui contrebalance la ‘‘profanation’’ de l’institution ce vendredi, les retombées diplomatiques du document administratif accordé à l’intellectuel camerounais qui rehaussent l’image du ‘’pays de la Téranga’’. ‘‘Après avoir l’honneur de recevoir le passeport diplomatique sénégalais, Achille Mbembe a qualifié le Sénégal de ‘seule société ouverte’ en Afrique’’.
LE FESTIN DES SPÉCULATEURS
L'affaire de spoliation du domaine public maritime (Dpm) révèle une autre spéculation foncière beaucoup plus ancienne et concerne, au premier chef, un promoteur qui a fini d’y construire son complexe hôtelier sur une superficie d’un hectare
Avant l’élection présidentielle du 24 février 2019, une affaire de spoliation du domaine public maritime (Dpm), pour une superficie de 80 000 m2 à Kayar, soit 209 parcelles, avait éclaté, impliquant des hommes politiques et soutiens du président Macky Sall, des membres de l’opposition, collaborateurs directs et alliés du président du parti Rewmi, Idrissa Seck. Cette histoire, dite du bradage du Dpm, avait donné lieu à beaucoup d’accusations et contre-accusations. Celle-ci a révélé une autre spéculation foncière beaucoup plus ancienne et concerne, au premier chef, un promoteur qui a fini d’y construire son complexe hôtelier sur une superficie d’un hectare.
Derrière les dunes sableuses de Keur Abdou Ndoye, se trouve Kayar ! Un domaine public maritime long de plus 10 kilomètres qui fait l’objet de toutes les convoitises. Avec sa bande de filaos et sa vaste plage, Kayar n’est pas loin d’être un endroit paradisiaque. Sur place, des maisons sortent de terre, au bord de la mer. La pression foncière, ici, est suffoquante. D’autant que la commune située au pied de la mer totalise 176 sites de débarquement. Ce qui en fait l’un des centres artisanaux de pêche les plus importants du pays, avec une valeur marchande de 8 milliards de francs Cfa, selon des chiffres rendus publics en 2010.
Jadis terre de pêche, Kayar, située à environ 58 km au nord de Dakar, a connu, dès le début des années 80 et 90, sa première érosion côtière. Au fil des années, cette petite ville, érigée en commune depuis 17 ans, a étendu ses tentacules le long de la côte de l’ancienne communauté rurale. Déjà, en 1996, l’avancée de la mer avait précipité le déguerpissement des habitants de Darou Salam, l’un des quartiers les plus populeux de Kayar. Au mois d’avril 2015, la mer a encore frappé le quartier de Tenty Yoff. Conséquence : déplacement forcé des occupants. En janvier 2018, une sévère boule houleuse y a emporté des gilets de sauvage, détruit neuf stations d’essence, des maisons et des pirogues. Selon des documents du Plan d’action environnemental régional et du Centre national écologique consultés par ‘’EnQuête’’, si tout cela est arrivé, c’est à cause des changements climatiques. Bref, un phénomène naturel. Et que le taux de recul de la ligne de rivage, qui devait être de 1,20 m par an, n’y a pas été constaté.
Au moment où l’érosion côtière sévit avec son lot de dégâts, l’homme vient ajouter son grain de sel. Avec une activité clandestine qui y bat son plein : le bradage du Dpm. En effet, l’activité humaine exacerbe l’érosion côtière. Le domaine public maritime, qui s’étend de Keur Kalidou à Bereub, en passant par Ndiokhob Guedj, a fini d’être morcelé, agressé et vendu à des particuliers. Outre le lotissement de 2004 de la station balnéaire Nord et Sud qui a déjà absorbé les 2 km, une usine de transformation de poisson (Macef) appartenant aux Coréens, y a été implantée. Elle a vu le jour, entre 2012 et 2013, suite à l’avis favorable des autorités du défunt Conseil régional de Thiès. Actuellement, trois stations d’essence sont en train d’être construites sur le Dpm au quartier Tenty Yoff, suite, dit-on, à une délibération faite par le défunt maire Ndiassé Kâ (2014-2018).
Cependant, le projet phare de l’heure et qui retient l’attention des uns et des autres, c’est la construction de la première infrastructure hôtelière de la localité. Tout a commencé, dit-on, en 2013. Lorsque le promoteur Cheikh Guèye a entamé, sur une superficie d’un hectare sur le Dpm, la construction d’un complexe hôtelier. Alerté, le maire Lamine Dramé (2011-2014) l’a sommé d’arrêter les travaux, parce que ne disposant d’aucun document légal. Cheikh Guèye a promis à l’édile de Kayar d’offrir aux populations de Ndiokhob, sous la forme d’une responsabilité sociétale d’entreprise, une mosquée et des salles de classe, en contrepartie. Mais malgré le niet du maire, il a démarré la construction de la mosquée qui n’est toujours pas achevée.
En effet, le promoteur se prévalait de l’accord du maire précédent de Kayar, feu Masseck Guèye.
Les explications du promoteur Cheikh Guèye
Cette affaire charrie de nombreuses questions, alors que la construction du complexe est presque achevée. Elle est d’autant plus intrigante que de nombreuses personnes sont citées. Selon les documents consultés par ‘’EnQuête’’, le bradage du domaine public maritime de Kayar a été envisagé depuis bientôt 10 ans. Le 27 juin 2010, feu Masseck Guèye, alors maire de Kayar (2009-2011), avait signé et délivré au promoteur Cheikh Guèye un acte d’attribution provisoire d’une partie du Dpm. Mis au parfum de cette affaire, à son arrivée à la tête de la commune, feu Ndiassé Kâ, ancien édile de Kayar (2014-2019), a dit son refus catégorique de céder cet espace. Et le 20 mars 2015, il décida d’écrire au promoteur Cheikh Guèye pour lui demander des documents justificatifs lui permettant d’occuper cette superficie du Dpm. Ce dernier les lui apporta le 22 août 2016. Le maire d’alors apposa sa signature.
Aussitôt, le promoteur lança une nouvelle procédure pour s’acquitter des frais de bornage et d’autorisation de construire. A cet effet, une somme de plus d’un million de francs Cfa aurait été versée au Trésor public pour les frais de bornage. Cheikh Guèye dit aussi avoir saisi, le 9 mai 2012, par courrier n°00531, le Centre des services fiscaux de Thiès et le chef de la Division régionale de l’urbanisme et de l’habitat de Thiès.
Selon M. Guèye, le chef de service précité a, ensuite, écrit au receveur de l’Enregistrement des domaines et du timbre de Thiès qui, lui, a donné son avis favorable devant lui permettre d’occuper le terrain du domaine public maritime de Kayar. Ainsi, le 5 juin de la même année, le promoteur hôtelier dit avoir déposé à la mairie de Kayar son projet de construction du complexe hôtelier déchargé sous le n°90.
Sa recherche de la légalité ne s’arrête pas là. Après avoir déposé son projet ou son business plan sur la table de l’autorité municipale, Cheikh Guèye, patron de la menuiserie Khadim Rassoul, dit, dans ses documents, avoir repris le circuit des différents services administratifs (l’Urbanisme et l’Habitat et les Impôts et domaines) de Thiès pour recueillir leurs avis favorables.
S’estimant alors dans la légalité, le promoteur a entamé la construction de son complexe hôtelier qui, aujourd’hui, est en phase de finition.
Enfin, le 22 avril 2015, le promoteur ajoute avoir reçu l’avis favorable de la Commission d’aménagement du territoire et des domaines du Conseil départemental de Thiès. Qui, d’après lui, lui donne le droit d’occuper le terrain qui lui avait été cédé par le maire Masseck Guèye.
Le démenti de l’ex-receveur des Impôts de Thiès
Joint par ‘’EnQuête’’, l’ancien receveur des Impôts et domaines de Thiès confirme avoir reçu un courrier de Cheikh Guèye. Par contre, il précise qu’il n’a pas la compétence ‘’ni d’affecter ni d’autoriser des constructions’’ sur le domaine public maritime. ‘’Le receveur des domaines reçoit le dossier, procède à l’instruction. Il a, seulement, la compétence d’instruire le dossier. A ce que je sache, au moment de quitter le service des Impôts et domaines, le dossier de Cheikh Guèye n’avait pas encore abouti. Il était au niveau du conseil départemental qui devait délibérer pour émettre un avis, avant que le dossier ne soit transmis au gouverneur. A la période où que je quittais les Impôts et domaines (2018), le dossier était à ce niveau. Donc, il n’y a pas un courrier du receveur ni celui du Cadastre qui a autorisé Cheikh Guèye à construire ou à s’implanter. Non !’’, recadre l’ex-receveur de Thiès, par ailleurs allié du président Macky Sall, aujourd’hui à la retraite.
Aussi, rappelle-t-il qu’il n’a plus la compétence de parler des dossiers qui traitent des questions domaniales, parce qu’il a pris sa retraite depuis bientôt deux ans.
L’échec d’une procédure
Mis en cause dans cette affaire de bradage, Cheikh Guèye a crié sur tous les toits et même juré la main sur le Coran, en 2018, avoir agi en toute légalité, en se basant sur les documents précités. Cependant, il n’est nullement mentionné, dans tous les documents brandis, qu’il s’est adressé à la Direction de l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam) pour une quelconque autorisation d’occupation temporaire (Aot) ou à une permission de voirie. Car, il est clairement défini que le domaine public maritime appartient à l’État qui, seul, peut en autoriser certaines occupations, mais sous certaines conditions. L’Anam, elle-même, ne peut procéder à aucune délibération sur le Dpm. Le domaine public maritime ne peut faire l’objet d’aucune vente. C’est pour cette raison qu’elle ne délivre que des autorisations d’occupation temporaire à ceux ou celles qui le souhaitent.
Pour disposer d’une seule parcelle dans le Dpm, la personne physique ou morale qui le souhaite doit ‘’requérir l’avis technique favorable de l’Anam, suivi de l’Aot ou de la permission de voirie délivrée par l’administration des Finances’’, lit-on sur le site de l’agence. Pour bénéficier de l’avis technique sanctionnant l’autorisation d’occupation temporaire, il faut entreprendre une certaine démarche avec un certain nombre de documents, notamment le plan de situation réalisé par un géomètre agréé, une attestation d’engagement, la demande manuscrite adressée au Dg de l’Anam… Il y a également une redevance à verser. Elle est ‘’calculée sur la base de la superficie définie par le géomètre agréé, selon la nature de l’activité envisagée sur le site. Pour une activité commerciale, il sera facturé à 500 F Cfa/m² et pour une occupation non commerciale, c’est 100 F Cfa/m²’’, renseigne l’Anam.
Après cette démarche, l’agence délivre à la personne physique ou morale un acte de conformité ou de non-conformité avant toute installation envisagée dans le domaine public maritime. Or, M. Guèye n’a jamais exhibé ce document provenant de l’Anam. Dans sa procédure enclenchée, il manque l’avis technique favorable de l’Agence nationale des affaires maritimes. Quant à l’avis favorable du conseil départemental, les services de Yankhoba Diattara disent n’avoir jamais délibéré pour octroyer ce bout de papier à Cheikh Guèye. Encore que, sur le domaine public maritime, il n’est point permis la construction de bâtiments en dur. Ce qui est autorisé, ce sont des installations légères en bois. Parce qu’à tout moment, l’autorisation d’occuper délivrée par l’Anam peut arriver à son terme.
En revanche, Cheikh Guèye, que nous avons tenté de joindre à plusieurs reprises, avait déjà dit, l’année dernière, être dans ‘’toute la légalité’’. Une légalité qui lui a permis, d’ailleurs, d’entamer la construction de son complexe hôtelier sur le domaine public maritime de Kayar. Mais Lamine Dramé, ancien maire et actuel point focal du Forum civil à Kayar, bat en brèche. Selon lui, Cheikh Guèye s’est uniquement basé sur l’accord de principe de feu Masseck Guèye pour entamer la construction de son complexe hôtelier ‘’sans aucune légalité’’. Puisqu’avec l’agression du Dpm, les gens vont tenter d’extraire le sable marin. Et dès qu’il y a une extraction du sable marin, l’érosion côtière va encore frapper aux portes de Kayar.
Si, en 2018, le promoteur dit avoir reçu un acte de délibération concret des mains de l’ancien maire Masseck Guèye, au mois de mai 2011, d’après les informations recueillies, un édile n’est pas habilité à faire une quelque délibération sur le domaine public maritime.
Un bradage peut bien en cacher un autre
En 2018, il a fallu l’éclatement d’un scandale concernant un lotissement clandestin sur le Dpm de Kayar, à hauteur de Ndiokhob, sur une superficie de 80 000 m2, pour soulever une autre vieille occupation illégale. Encore à Ndiokhob. A quelques semaines de l’élection présidentielle, un lotissement clandestin y a été constaté, avec à la clé 836 bornes sur le domaine public de Kayar et sur la partie qui tend vers Dakar.
Au départ, deux personnes ont été citées et considérées comme les principaux acteurs de ce lotissement clandestin. Il s’agit du premier vice-président du Conseil départemental de Thiès, Yankhoba Diattara, cadre du parti Rewmi, et Pape Moussé Diop, Président de la Commission ad hoc en charge de la protection des domaines, allié et collaborateur du président Idrissa Seck. Ces deux partisans d’Idrissa Seck ont été mouillés par le président de la Commission de l’aménagement du territoire et des domaines au conseil départemental, Abdoulaye Sow, membre de l’Alliance pour la République (Apr). Par voie de presse interposée, chacun a tenté de se tirer d’affaire. Personne ne voulant être mêlé à cette affaire. Ainsi, rejetant les accusations d’Abdoulaye Sow, Yankhoba Diattara et Pape Moussé Diop ont contre-attaqué et désigné Abdoulaye Sow comme celui qui a délivré l’avis favorable au promoteur Cheikh Guèye à leur insu.
L’’’apériste’’ confie à ‘’EnQuête’’ : ‘’Dans cette affaire, il y a beaucoup de non-dits. Ils ont effectué, sans aucune autorisation, un terrassement de plus de 200 parcelles, soit 80 000 m², sur le domaine public maritime de Kayar. Moi, je leur parle du lotissement clandestin et eux, ils s’attardent sur le projet de Cheikh Guèye. Diattara et Pape Moussé sont les principaux auteurs de ce lotissement clandestin. Ce qu’ils ont fait est impardonnable. Ils l’ont fait. Donc, à eux d’assumer.’’ Il clame haut et fort son innocence. D’ailleurs, le sieur Sow a reçu le soutien du promoteur hôtelier. ‘’Dans cette affaire, Yankhoba Diattara ne raconte que des contrevérités. J’ai obtenu des papiers légaux qui m’ont permis de débuter les travaux du complexe hôtelier’’, disait Cheikh Guèye en 2018. Qui se défend d’être mêlé de près ou de loin au bradage dudit domaine public maritime.
‘’On peut ordonner la destruction de son complexe’’
Présenté au départ comme l’un des cerveaux dudit lotissement clandestin, Pape Moussé Diop souligne qu’il a mis une croix sur cette affaire Cheikh Guèye. Car, selon lui, ce dernier a acquis son terrain en se fondant sur des documents illégaux. ‘’Il a construit de façon illégale un hôtel sur le domaine public maritime. Les papiers qu’il a acquis pour la construction de ce complexe sont illégaux. Depuis lors, il manœuvre pour obtenir ces terres sans la délibération du conseil départemental. Je puis vous jurer que le conseil départemental, encore moins la commission régionale domaniale (avec à sa tête le gouverneur) ne se sont jamais réunis pour une quelconque délibération en faveur de Cheikh Guèye. Nous n’avons jamais remis un avis favorable à Cheikh Guèye. Tous les documents qu’il a montrés sont faux. Aujourd’hui, il fait tout pour que ce projet soit validé’’, fulmine le président de la Commission ad hoc en charge de la protection et de la gestion des domaines, précisant que le promoteur hôtelier risque de tout perdre, s’il ne fait pas attention.
‘’S’il persiste, on peut ordonner la destruction de son complexe qu’il a construit de manière illégale. Il y a une anarchie qui règne dans le domaine public maritime de Kayar. Et il faut que ça s’arrête. Il dit avoir obtenu un avis favorable de la part du conseil départemental. C’est faux, parce que, depuis notre arrivée, nous n’avons jamais distribué ou affecté une seule parcelle à qui que ce soit. Encore que le conseil n’a pas la prérogative d’affecter. C’est l’Anam qui délivre au demandeur l’autorisation d’occupation temporaire pour une période bien déterminée’’, a-t-il confié récemment à ‘’EnQuête’’, après plusieurs tentatives pour obtenir son avis.
Interrogé sur l’implantation de l’usine de transformation de poisson Macef et la construction de stations d’essence, Pape Moussé Diop dit ne rien savoir de cette unité. ‘’Je n’ai aucune information là-dessus. Je ne sais même pas à qui appartient cette unité et les stations d’essence. Nous allons vérifier et si on découvre qu’il y a un début de nouveaux travaux sur le Dpm, on va ordonner l’arrête immédiat de ces constructions illégales’’, dit-il.
Action judiciaire en cours
Il faut aussi dire que certains protagonistes de ces différentes affaires sont présentement devant les juridictions. En effet, Abdoulaye Sow a porté plainte contre Yankhoba Diattara pour diffamation. Lors du procès en première instance, Abdoulaye Sow a soutenu avoir été diffamé par le vice-président du Conseil départemental de Thiès, dans la mesure où il n’est nullement mêlé à la délibération du conseil départemental ayant donné un avis favorable à Cheikh Guèye. Mais Yankhoba Diattara ne s’est pas défilé. A la barre, il a maintenu ses accusations. Au final, la diffamation n’a pas été retenue contre le secrétaire général national chargé de la vie politique du parti Rewmi. ‘’Débouté’’ par la justice, Abdoulaye Sow a interjeté appel. Le procès suit toujours son cours.
En attendant que la justice vide complètement le dossier dit du bradage, ces acteurs politiques continuent à se renvoyer la balle.
Lotissement clandestin abandonné
Aujourd’hui, le lotissement clandestin a été tout simplement supprimé. Car, à notre dernier passage sur le site, vers la fin du mois d’octobre, nous avons pu constater que toutes les 836 bornes ont été enlevées. Maintenant, ce qui reste à clarifier, c’est l’affaire du complexe hôtelier.
Contacté par ‘’EnQuête’’ M. Sow nie et rejette l’accusation selon laquelle c’est lui qui a délivré, à l’insu du conseil, l’avis favorable à Cheikh Guèye lui permettant de poursuivre ses travaux qui ont été arrêtés pendant un long moment sous le magistère du maire Lamine Dramé.
En 2018, lors d’un point de presse, les membres du mouvement dénommé And Défar Thiès dont est membre Yankhoba Diattara avaient tenté de disculpé leur camarade pour mouiller l’ancien receveur des Impôts et domaines de Thiès. Tous rejettent la faute sur Abdoulaye Sow.
Des lois violées et des auteurs impunis
Dans cette affaire du bradage du domaine public maritime (Dpm) de Kayar, quatre lois de la République ont été violées par les auteurs de la spéculation et qui restent impunis.
Le domaine public maritime appartient à l’État. Même si les régions (conseil départemental avec l’Acte III de la décentralisation), communes et communautés rurales (communes rurales)… ont bénéficié du transfert de compétences avec la loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences, cela ne donne le droit pour autant aux autorités locales d’effectuer un morcèlement dans le domaine public maritime. Car, tel que défini par l’article 12 du Code du domaine de l’État sont autorisées sur le Dpm : ‘’Les installations légères, démontables ou mobiles n’emportant pas emprise importante du domaine public ou modification de son assiette. Leur retrait ne donne lieu au paiement d’aucune indemnité.’’
Or, dans le cas du complexe hôtelier, mais aussi de l’usine de transformation de poisson et des stations d’essence en gestation, il ne s’agit pas d’installations légères ; les bâtiments sont construits en dur. Là-dessus, la loi ne souffre d’aucune ambiguïté.
Pour ce qui concerne l’affaire dite du bradage du Dpm de Kayar, les différents auteurs précités et qui continuent toujours de se renvoyer la faute ont violé quatre lois de la République. Il s’agit de la loi n°2008-43 du 20 août 2008 portant Code de l’urbanisme, la loi n°76-66 du 2 juillet 1976 portant Code du domaine de l’État, le Code de l’environnement de 1983 (article 86), mais aussi le Code général des collectivités locales, en ses articles 59, 60, 61, 62.
Dans l’affaire du bradage du Dpm de Kayar, aucune personne n’est inquiétée par la justice. Et pourtant, le Code de l’urbanisme, en son article 80, dispose que : ‘’Toute personne qui s’adonne à de telles pratiques doit être punie à des peines d’emprisonnement allant de 6 mois à 2 ans de prison ferme et une amende de 5 à 20 millions de F Cfa.’’ Le Code du domaine de l’État, quant à lui, prévoit, en son article 20, le paiement des redevances au niveau du Trésor public et des poursuites pénales. L’article L86 de l’environnement, pour sa part, prévoit également des poursuites pénales, de même que les articles 59, 60, 61 et 62 du Code général des collectivités locales.
Cependant, depuis l’éclatement de cette affaire, aucune des personnes qui se renvoient la balle n’a été convoquée par la justice pour tirer cette affaire au clair. Si le dossier du lotissement clandestin a atterri devant les tribunaux, c’est parce qu’Abdoulaye Sow, qui s’est senti diffamé par le président du Conseil départemental de Thiès, Yankhoba Diattara, a décidé de porter plainte. Mais, à part les deux, tous les autres n’ont jamais reçu de convocation.
SOULEYMANE MBOUP, LE "MONSIEUR SIDA" EN AFRIQUE
Le scientifique sénégalais de 68 ans, est connu dans le monde entier pour avoir participé à la co-découverte du VIH-2, une forme de virus du Sida touchant essentiellement la population de l’Afrique de l’Ouest
En bon sénégalais, Souleymane Mboup s’habille avec soin. Cet homme réservé, qui n’aime pas trop se mettre en avant, parle peu, surtout aux journalistes. Il a d’ailleurs fallu faire jouer quelques interventions pour obtenir une entrevue, d’où cette boutade en accueillant l’équipe d’APA: « Je m’étais dit que je n’allais plus donner d’interview mais, tout ça c’est à cause de lui, ». Il parle en tapotant son chargé de communication, histoire de signifier que c’est ce dernier qui l’a décidé.
Son vaste bureau est décoré sommairement: un modeste aquarium où nagent des poissons de différentes couleurs et quelques tables dont l’une est jonchée des distinctions reçues aux quatre coins du monde et qui témoignent de l’apport décisif du Sénégalais au progrès de la médecine.
Sur les murs de ce local offrant une vue imprenable sur la nouvelle ville de Diamniadio (27 km de Dakar), sont accrochées des attestations de reconnaissance et quelques photos montrant le médecin aux côtés de hauts responsables dont le président sénégalais, Macky Sall.
Quand le regard s’attarde sur le président sénégalais, l’éminent chercheur en profite pour saluer les efforts que ce dernier déploie pour promouvoir la recherche et de l’innovation, puis il fait cette confidence : « Il sera bientôt choisi par des organisations américaines en guise d’exemple de chef d’Etat qui appuie de manière significative la recherche scientifique ».
Là où le président sénégalais et ses pairs appuient la recherche scientifique, le professeur Mboup, lui, s’y adonne. C’est sa passion. Il s’y consacre depuis plus de 40 ans, ce qu’il vaut d’être cité parmi les meilleurs au monde dans son domaine, d’où le surnom de « Monsieur Sida de l’Afrique ».
Ce titre, il le doit à sa participation à la découverte en 1985 du VIH-2, un virus ayant des particularités propres et qui s’avère moins virulent et moins transmissible que le VIH-1. « C’est après dix ans de suivi des personnes sur lesquelles ce virus avait été localisé que nous sommes arrivés à ces conclusions », explique t-il.
« Par exemple, pour la transmission du Sida de la mère à l’enfant, le risque est de 1/3 si la maman est porteuse du VIH-1 alors que ce taux est de -5% quand il s’agit du VIH-2 », détaille le chercheur.
Fruit d’une coopération entre l’Université de Dakar, celle de Tours (France) et la Harvard School of Public health (Etats-Unis), la découverte du VIH-2 a surtout montré l’importance de la collaboration dans le monde de la recherche. Elle a aussi dévoilé « qu’il existe en Afrique des chercheurs capables de rivaliser avec n’importe quel autre chercheur dans le monde », se félicite-t-il.
C’est de cette collaboration internationale d’ailleurs qu’est issu l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef). Logé au cœur de la ville de Diamniadio, ce centre va permettre d'appuyer les politiques de santé publique mais aussi de promouvoir la recherche pour combattre certaines maladies pouvant se muer en pandémie comme le virus Ebola, Zika, le paludisme, le cancer, la tuberculose, le Vih…
« Nous disposons ici des équipements à la pointe de la technologie et nous avons des chercheurs capables de travailler sur plusieurs thématiques et dans divers domaines de la santé. C’est un avantage très comparatif et dont peu de centres dans le monde disposent », se réjouit Professeur Mboup invitant les Etats africains à œuvrer pour le retour des cerveaux du continent partis étudier ailleurs.
Né en 1951 à Dakar au Sénégal, ce médecin colonel de l’armée sénégalaise désormais à la retraite, a fait ses études dans la capitale sénégalaise avant de s’envoler, en 1976, pour la France où il obtient un Doctorat de l’Institut Pasteur en 1981 et un Doctorat en Bactériologie Virologie en 1983 à l’Université de Tours.
Le presque septuagénaire à l’éternel sourire est l’auteur de plus de 300 articles et de 18 livres, portant notamment sur les maladies infectieuses, la méningite et le Sida.
C’est sur lui que s’est appuyé le gouvernement du Sénégal pour lancer, dans les années 80, son programme de prévention contre le Sida. Ce qui lui a permis de contenir la propagation de la maladie et de disposer de l’un des taux de prévalence les moins élevés au monde (environ 0,7%). Dans le contexte d’un pays africain comme le Sénégal, le résultat relève de l’exploit.
BALLON D'OR, MANÉ TERMINE À LA 4È PLACE
2019 a-t-il été l'apogée de la carrière de Sadio Mané ? Ou le Sénégalais peut-il aller encore plus haut ?
France Football |
Timothé Crépin |
Publication 02/12/2019
Auteur de la meilleure année de sa carrière, Sadio Mané a terminé à la 4e place du Ballon d'Or France Football 2019.
2019 a-t-il été l'apogée de la carrière de Sadio Mané ? Ou le Sénégalais peut-il aller encore plus haut ? On le saura en 2020. Mais, quelle année pour le Sénégalais ! S'il a soulevé sa première Ligue des champions, tout en ayant un rôle capital dans le parcours fou des Reds en Premier League, l'ancien joueur du FC Metz a étalé toute sa classe pour devenir l'un des meilleurs de ce sport.
23e puis 22e lors de ses deux premières nominations, Mané atteint donc la quatrième place. Au pied du podium. Frustrant pour lui, bien sûr. Finaliste de la dernière Coupe d'Afrique des nations, il aurait certainement pu enquiller davantage de points s'il avait davantage brillé dans cette compétition. Reste que cette année 2019 restera inoubliable pour lui, forcément.
Ses différents classements dans l'histoire du Ballon d'Or France Football :
2017 : 23e
2018 : 22e
2019 : 4e.
MANÉ A-T-IL BOUDÉ LA CÉRÉMONIE DU BALLON D'OR ?
L’international sénégalais a justifié son absence dans une courte vidéo, très diplomatique, diffusée sur Twitter par France Football
Considéré comme l’un des grands favoris pour remporter le Ballon d’Or 2019, l’ailier de Liverpool, Sadio Mané, a dû se contenter d’une très décevante 4e place, éjecté du podium de manière très contestable par Cristiano Ronaldo. Absent de la cérémonie organisée à Paris, l’international sénégalais a justifié son absence dans une courte vidéo, très diplomatique, diffusée sur Twitter par France Football.
«J’aurais aimé être avec vous, mais malheureusement mon calendrier ne me le permet pas puisque j’ai match ce mercredi», a indiqué le Lion, avant de prendre rendez-vous pour les prochaines éditions. «Je dis bravo au vainqueur, on se donne rendez-vous l’année prochaine, j’espère être là et peut-être soulever le Ballon d’Or inch’Allah. A bientôt.»
Qu’il s’agisse d’une décision personnelle ou d’une recommandation de son club, le motif invoqué par Mané est évidemment totalement diplomatique puisque ses coéquipiers Alisson et Virigil van Dijk, qui jouent également mercredi, étaient quant à eux bien présents. Mais personne n’en voudra au Red d’avoir fait l’impasse sur cette soirée qui l’aura vu terminer à une place indigne de son année exceptionnelle…
"RENONCER AUJOURD'HUI AU FCFA CONDUIRAIT RAPIDEMENT À UNE DÉVALUATION EN ZONE CEMAC"
L’Agence de notation Moody's analyse les enjeux de la décision prise lors du sommet extraordinaire de la Cemac organisé le 22 novembre à Yaoundé
« Une modification du régime monétaire actuel pourrait entraîner une dévaluation de la monnaie et causerait beaucoup de perturbations [...] À court terme, une dévaluation perturberait et réduirait la soutenabilité de la dette extérieure. À long terme, l’effet d’un nouveau régime, avec ou sans dévaluation de la monnaie, reste incertain et dépendrait de la capacité des autorités à abaisser le taux de change réel pour accroître la compétitivité », soutient l’agence américaine Moody’s dans une note publiée le 26 novembre 2019 et dont l’Agence Ecofin a eu copie.
Dans ce document, l’Agence de notation analyse les enjeux de la décision prise lors du sommet extraordinaire de la Cemac organisé le 22 novembre à Yaoundé. À l’issue de cette rencontre, cinq chefs d’État de cette sous-région et le Premier ministre du Gabon, représentant son président, ont convenu « d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération monétaire » avec la France. La Beac et la Commission de la Cemac ont été chargées de « proposer, dans des délais raisonnables, un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune ».
Une position extérieure fragile
Les arguments techniques qui sous-tendent la position de Moody’s sont de plusieurs ordres. D’abord, Moody’s estime que, sans un nouveau soutien du Fonds monétaire international (FMI), les perspectives d’augmentation des réserves de change de la Cemac sont assez faibles. En effet, la production des devises dans cette sous-région dépend à 74 % de la vente de pétrole brut. Or, les volumes de production (-14 % entre 2008 et 2018) et les prix sont en baisse.
Ensuite, pour l’agence de notation américaine, « le rythme actuel de diversification des économies ne compensera que partiellement le déclin de la production pétrolière ». « Une augmentation plus importante des exportations non pétrolières nécessiterait la mise en place d’un secteur manufacturier robuste, axé sur l’exportation ; ce qui, à notre avis, ne se concrétisera probablement pas à moyen terme, en raison de la faible compétitivité de la région et de la capacité limitée des autorités à concevoir et mettre en œuvre des politiques économiques globales qui soutiendraient les efforts de diversification », explique Moody’s.
Enfin, en même temps que la Cemac aura du mal à générer des devises, elle risque de ne pouvoir limiter davantage la facture de ses importations de biens et services qui se font en monnaies étrangères. « La réduction de 6 % du poids des importations sur le PIB de la région, depuis 2014, reflète simplement une réduction similaire du niveau des dépenses de l’État. Pour les mêmes raisons qui limitent le rythme de diversification économique, nous voyons des possibilités limitées de substitution des importations et nous prévoyons que la part des importations de marchandises ne diminuera que très légèrement, en raison de la baisse de l’activité dans le secteur pétrolier », expliquent les experts de Moody’s.
La garantie de la France encore nécessaire…
Fin juin 2019, les avoirs détenus par des acteurs économiques de la Cemac dans les banques internationales étaient de 5,2 milliards $, dont une partie, sous la forme des prêts. Moody’s estime que même le rapatriement de ces prêts ne résorbera pas complètement le gap.
En effet, juste pour le remboursement des eurobonds émis par les gouvernements de la sous-région, les besoins en devises entre 2022 et 2025 se chiffrent à 3 milliards $. Pour renégocier cela, les États devront prouver qu’ils ont une solide stabilité extérieure. Or, cette stabilité est aujourd’hui fragilisée par l’encours global de la dette de la Cemac vis-à-vis du secteur bancaire international (12,7 milliards $) dont 11,7 milliards $ pour les entreprises non financières.
Il ressort de la note de Moody’s que la Cemac est dans une posture défavorable pour renégocier une évolution du régime monétaire actuel. Les analystes estiment même que, pour le moment, la sous-région aura encore besoin de la garantie de la France pour rassurer les investisseurs étrangers de la stabilité de sa monnaie. Une option qui ne semble pas être la chose la mieux partagée parmi les dirigeants de la sous-région.
Au sortir de la rencontre avec ses homologues, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de Guinée Équatoriale, a salué l’espoir proche d’une rupture avec la France. Pour sa part, le président Denis Sassou Nguesso du Congo a invité à des discussions responsables sur cette question. Les arbitrages de la Commission de la Cemac (organe politique) et de la Beac (organe de supervision monétaire) sont à suivre.
L’optimisme de la Beac
Pour maintenir la stabilité extérieure, la Banque centrale est encouragée par le FMI à initier très rapidement la réduction des liquidités dans le secteur bancaire, pour éviter une probable pression sur les réserves de change jugées trop maigres. Or, dans presque tous les secteurs, les acteurs économiques se plaignent du manque de capital financier comme principal défi à la survie de l’entreprise au Cameroun.
Pour l’heure, la Beac se montre confiante. Elle annonce pour la fin de l’année 2019, un niveau de réserves de changes qui permettra de couvrir plus de 3 mois d’importations de la sous-région. Aussi, en plus du Cameroun et du Gabon dont les programmes avec le FMI s’achèvent au deuxième semestre 2020, la Guinée Équatoriale et le Congo sont parvenus à un accord pour leurs programmes économiques.
Les pays de la Cemac attendent encore 246 millions $ du FMI, hormis les avances qui seront accordées à la Guinée Équatoriale et dont le montant n’est pas encore connu. De ce montant, il faut aussi ajouter les appuis budgétaires accompagnant les programmes du FMI et qui pourraient à court terme renforcer la position extérieure de la sous-région.
LIVERPOOL, TROP NOMBREUX POUR GAGNER ?
Van Dijk, Mané, Salah... Malgré leur titre en Ligue des champions, aucun joueur de Liverpool n'a obtenu le Ballon d’or. La faute à leur collectif : en se partageant les points, les Reds ont laissé le soliste Messi l'emporter
Il a été le premier de la bande à être applaudi. Alors, Georginio Wijnaldum a joué le jeu et a souri en l'honneur de sa 26e place. Sauf qu'en vérité, chaque membre de sa team connaissait déjà la finalité de la soirée : aucun d'entre eux ne serait le personnage central de ce lundi 2 décembre 2019, la récompense étant attribuée une nouvelle fois à Lionel Messi. Une déception, pour le lauréat de la dernière Ligue des champions et meilleur dauphin de l'histoire de la Premier League. Mais pas une surprise, sachant que Liverpool présentait sept candidats au trophée individuel suprême. Trop, beaucoup trop.
Car si l'union fait la force, cela n'est plus vrai quand elle est déployée hors du cadre collectif. « Seul on est bien moins fort, on est même plus beau » , chante d'ailleurs Eddy De Pretto, dans Rue de Moscou. Une conclusion qui s'est également appliquée à Paris durant la cérémonie du Ballon d’or, puisque aucun Red n'a chopé la première place. La faute à la Pulga ? Pas seulement. En vérité, et contrairement à leurs performances sur le terrain, les Rouges se sont sabordés en se marchant dessus au moment où les décideurs devaient choisir les meilleurs noms de l'année. À l'instar des éléments de l'Ajax Amsterdam d'ailleurs, dont la fabuleuse épopée en C1 n'a offert aucun Top 10 malgré quatre postulants (Frenkie de Jong onzième, Matthijs de Ligt quinzième, Dušan Tadić vingtième et Donny van de Beek 28e).
Une équipe contre un extra-terrestre
Wijnaldum 26e donc, Trent Alexander-Arnold 19e, Roberto Firmino 17e, Alisson Becker (et trophée Yachine), Mohamed Salah, Sadio Mané et Virgil van Dijk : voici donc le classement final des éléments de Liverpool, qui se sont partagé les points de manière généreuse au lieu de placer les projecteurs sur un seul d'entre eux. Or, se diviser de manière équitable les rayons de lumière s'avère être une mauvaise idée quand on souhaite remporter le Ballon d’or. Ce sont les mathématiques qui le disent : Messi a été sacré quand Van Dijk (2e), Mané (4e), Salah (5e) et Alisson (7e) l'ont laissé passer devant, malgré un nombre total de points, à eux quatre, bien plus élevé que celui du Barcelonais. Aucun des quatre derniers nommés ne méritaient une note moins basse, mais au moins deux d'entre eux pourraient se permettre de côtoyer l'Argentin tout en haut.
Les « spécialistes » l'avaient, de toute façon, déjà programmé : en raison de la dispersion des votes en faveur des champions d'Europe, le number one ne serait pas rouge. Si le prix de Luka Modrić en 2018 avait renvoyé à un retour aux valeurs collectives, l'édition 2019 saute donc de nouveau à pieds joints dans le domaine individuel. Van Dijk a beau être le meilleur défenseur de la planète, Alexander-Arnold l'un des meilleurs latéraux du monde, Becker l'un des meilleurs portiers de l'univers, Roberto Firmino l'un des meilleurs avants-centres de la galaxie, Mohamed Salah et Sadio Mané deux des meilleurs ailiers du football moderne, ils représentent avant tout des joueurs d'équipe. Raison pour laquelle ils ont soulevé la coupe aux grandes oreilles... et ne toucheront sans doute jamais le Ballon d’or. Sauf peut-être si l'un d'entre eux décide, un jour, de devenir la seule star de son club.
BALLON DOR, MESSI FAIT LA PASSE DE SIX
L'Argentin a remporté lundi son sixième Ballon d'Or, un record qu'il est désormais le seul à détenir, devant le Portugais Cristiano Ronaldo qui termine troisième de cette édition 2019
L'Argentin Lionel Messi a remporté lundi son sixième Ballon d'Or, un record qu'il est désormais le seul à détenir, devant le Portugais Cristiano Ronaldo qui termine troisième de cette édition 2019.
L'attaquant du FC Barcelone, 32 ans, a devancé par ailleurs Virgil Van Dijk (2e) et Sadio Mané (4e), les deux joueurs de Liverpool vainqueurs de la Ligue des champions, pour succéder au Croate Luka Modric (Real Madrid).
L'Argentin, lauréat d'un seul titre cette année (le Championnat d'Espagne), est de nouveau sacré après 2009, 2010, 2011, 2012 et 2015.
Messi, déjà lauréat du prix Fifa The Best il y a quelques semaines, a fini meilleur buteur européen (36 buts) de la saison 2018-19. S'il s'est arrêté en demi-finale de la Ligue des champions, il a remporté le championnat d'Espagne avec le Barça. Et a franchi mercredi la barre des 700 matches disputés sous les couleurs blaugranas.
Les joueurs de Liverpool, lauréats de la C1, payent l'éparpillement des voix: ils sont en effet quatre à figurer dans le top 10, avec Van Dijk, Mané, Mohamed Salah (5e) et le gardien Alisson Becker (7e). C'est la même situation qui avait privé l'un des champions du monde français du sacre un an plus tôt - Antoine Griezmann troisième, Kylian Mbappé quatrième, Raphaël Varane septième.
Par ailleurs dans le top 10, Kylian Mbappé échoue aux portes du top 5 (6e), Robert Lewandowski est 8e, Bernardo Silva 9e et Riyad Mahrez 10e. Grâce à la 10e place de l'Algérien, trois joueurs africains figurent dans les 10 premiers, une performance historique.
Les joueurs - actuels ou partis depuis dans un autre club - de l'Ajax Amsterdam, demi-finaliste surprise de la C1, ont également reçu les faveurs du jury, mais ne font pas partie du top 10 (Frenkie De Jong 11e, Matthijs de Ligt 15e, Dusan Tadic 20e, Donny van de Beek 28e).
Côté français, derrière Kylian Mbappé, qui recule de deux rangs après sa 4e place l'année dernière, Antoine Griezmann est lui 18e, après son podium en 2018 (3e). Hugo Lloris est 23e, Karim Benzema 26e.
Messi a été désigné à la suite d'un vote d'un jury composé de journalistes spécialisés de tous les pays, chaque représentant livrant son propre classement de cinq joueurs, parmi une liste de 30 nommés établie par le magazine France Football.
LA DÉTERMINATION D'UN VOLONTAIRE
Sidi Diop, un homme d’approche ordinaire a participé à la restauration d’un grand édifice historique, le cimetière du tirailleur situé à Thiaroye. Découverte d’un héros qui cultive la discrétion
La vie est parfois simple ! Sidi Diop, un homme d’approche ordinaire a pourtant participé à la restauration d’un grand édifice historique, le cimetière du tirailleur situé à Thiaroye. Découverte d’un héros qui cultive la discrétion.
Des rangées de 202 sépultures anonymes sont séparées par une allée en terre-plein dans ce cimetière militaire de Thiaroye situé dans la banlieue de Dakar, où sont inhumés les tirailleurs sénégalais tués dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre 1944, selon la version officielle. «Le corps des tirailleurs », formé de soldats de colonies françaises d’Afrique, comprenait notamment des Sénégalais, des Soudanais (actuels Maliens), des Voltaïques (aujourd’hui Burkinabè), des Ivoiriens. Ceux qui déménagent souvent trimbalent des cartons qu’ils finissent par ne plus ouvrir. Leur passé est là, à portée de main, pas vraiment encombrant. Ils ont fini par s’y faire. Leur préoccupation est ailleurs. Leur propre personne n’est même pas au centre de leur préoccupation. Il est difficile de croire qu’une telle catégorie de personnes existe encore. Et pourtant, il suffit de faire un tour au cimetière de Thiaroye et d’écouter le récit de Sidi Diop, pour se rendre compte, cette trempe d’individus existent bel et bien. Sidi mettrait bien au placard la saga familiale. Ce qui l’intéresse, c’est de mettre en avant l’histoire du Sénégal, de la valoriser, de la restituer. De son enfance à Pikine, à l’adolescence, ce fils d’un cultivateur et d’une femme au foyer né en 1952 se retrouve gardien et conservateur d’un cimetière rempli d’histoires. De quoi Sidi Diop est-il le nom ? En apparence, il est simplement habillé, mais affiche aussi une élégance discrète. Ce qui impose d’emblée un ton posé, réfléchi. Il ne manie point la langue de Molière. C’est dans un wolof brute qu’il parle avec des mots précieusement choisis.
Ces héros fusillés
La «méconnaissance de l’Afrique souvent résumée à des clichés » n’a évidemment pas échappé à ce gardien de cimetière, plus engagé qu’il ne veut le dire, d’aller au-delà du commun des habitants de cette bourgade tranquille qu’est Thiaroye. Son grand-père a surement combattu avec les forces françaises aux cotés des tirailleurs, dit-il. A l’image de la plupart des africains du reste. «Il y a 70 ans, l’armée française faisait feu près de Dakar sur des tirailleurs sénégalais réclamant leurs soldes», raconte t-il.
Au petit matin du 1er décembre 1944, dans le camp de Thiaroye, près de Dakar, l’armée française réprime dans le sang le mouvement de protestation de tirailleurs sénégalais (un terme qui désigne des soldats originaires de plusieurs régions de l’Afrique occidentale française). Alors que ces hommes réclament le paiement de leurs soldes, correspondant à leurs années de captivité par les Allemands en France durant la Seconde guerre mondiale leurs frères d’armes ouvrent le feu, faisant plusieurs morts. «Des tirailleurs sénégalais ont été prisonniers de guerre pendant quatre ans en France à partir de 1940. Après la libération, l’armée les fait rentrer à Dakar en 1944. Ils doivent alors toucher leurs soldes, le salaire pour les militaires. Ils arrivent en novembre et avant de retourner dans leur pays d’origine, ils sont regroupés à Thiaroye, un camp militaire qui existait depuis la Première guerre mondiale. Ils sont en voie de démobilisation, mais il semble que l’armée n’a pas l’intention de payer les restants. Il y a un mouvement de protestation de la part des tirailleurs qui refusent de repartir chez eux. Ces hommes seront alors collectivement fusillés. Leurs corps enfouis dans des fosses communes situées quelque part à Thiaroye», raconte t-il. De bouches à oreilles, de générations en générations, l’histoire a été contée. Toutefois, il ne restait pas grand chose de la mémoire de ces braves militaires.
Un engagement volontariste
Devant cette incertitude un homme méconnu du grand public a pourtant joué un rôle déterminant. Sidi Diop dit avoir été animé par une «inspiration divine ». A l’époque se souvient t-il, l’endroit était une décharge non occupée où les populations venaient déverser des ordures. Il décide alors d’agir. Il prend volontairement les devants. Sidi parvient à convaincre quatre de ses amis. Ensemble, ils viennent quotidiennement balayer l’endroit, l’entourent de grilles et font appliquer une défense. Désormais, les populations sont strictement interdites de jeter des ordures sur ces lieux «remplis d’histoire». Le matin Sidi est au travail, l’après midi, il veille sur l’endroit. Des années durant, il va mener cette activité, dans un élan purement volontariste et désintéressé. C’est à travers une circonstance les plus hasardeuses qu’un homme vient vers lui. «Il avait bonne mine et dégageait une allure réconfortante», se souvient Sidi. L’homme s’approche salue et se met à poser des questions. «Il m’a d’abord signifié que l’endroit était une propriété militaire », se rappelle Sidi. Il explique à son interlocuteur venu de nulle part qu’il était simplement mû par le désir de restaurer cet endroit historique qui à défaut de soin risque de sombrer dans l’oubli. Séduit par cette initiative l’homme en face qui se trouve en réalité être un commandant de l’armée le convoque le lendemain. Comme convenu, il se retrouve dans un bureau au camp militaire de Thiaroye avec de hauts gradés. «Les militaires ont unanimement salué l’initiative et ont pris séance tenante une décision. J’ai été nommé gardien officiel des cimetières de Thiaroye», se rappelle t-il. Cette nomination va davantage accroitre la détermination du volontaire. Désormais, c’est toute la journée durant qu’il reste sur les lieux. Quid de ses dépenses quotidiennes ? L’homme préfère s’en remettre à Dieu en comptant souvent sur des bienfaiteurs touchés par son acte.
La partition des gouvernants
Les autorités mises au courant se rapprochent. Parmi les hommes qui ont joué un rôle déterminant pour que cet endroit rempli d’histoires et symboles à plus d’un titre ne soit oublié, figure en bonne place, Me Abdoulaye Wade, ancien président de la République du Sénégal. En effet, selon les témoignages de Sidi Diop, Me Wade avait plusieurs fois dépêché son chef de protocole, afin qu’il vienne s’enquérir auprès du gardien, ce qu’il fallait faire. Après information, le ministre de la Défense de l’époque, Abdoulaye Baldé est également venu sur les lieux. Avec l’intérêt des autorités, l’endroit est totalement réfectionné.
Des murs sont construits, les tombes restaurées, des fleurs plantées et un musée historique mis à la disposition des visiteurs. Me Abdoulaye Wade viendra plusieurs fois sur les lieux. En visite au Sénégal, François Hollande, alors président de la République françaises avait remis à son homologue Macky Sall une copie des archives françaises sur Thiaroye, un geste salué par le président sénégalais au nom du devoir de mémoire. «Nous sommes ici sans ressentiments, pour reconnaître et rappeler notre histoire commune afin que vive la mémoire des tirailleurs et qu’elle soit préservée de l’oubli» avait dit Macky Sall, président de la République du Sénégal. Soixante-dix ans après, François Hollande a fait le déplacement pour exprimer la dette de la France : «Je voulais réparer une injustice parce que les évènements qui ont eu lieu ici sont tout simplement épouvantables, insupportables. Et la France se grandit chaque fois qu’elle est capable de porter un regard lucide sur son passé», disait t-il. «Ce jour-là, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Mon émotion m’a fait verser de chaudes larmes. Il me revenait alors à l’esprit, tout ce parcours effectué, pour que cet endroit soit enfin reconnu», souligne Sidi Diop. A lui seul, il a contribué à la restauration d’un pan historique de tout un continent, réalisant ainsi le rêve de plusieurs générations, de pouvoir se remémorer sur cet endroit rempli d’histoires. A notre tour, nous lui demandons, quel est son plus grand vœu. Sans rechigner Sidi affirme : «rencontrer la première dame du Sénégal» !