Les demandeurs se plaignent de nombreux dysfonctionnements résultant de la délégation à des entreprises privées des services de délivrance des visas qui, par ailleurs, pose de sérieuses questions en matière de protection des données personnelles
Mediapart |
MICHAEL PAURON |
Publication 01/12/2019
En quelques années, la France a généralisé la délégation à des entreprises privées de ses services de délivrance des visas. Difficultés à obtenir un rendez- vous, bugs informatiques, surcoût : les demandeurs se plaignent de nombreux dysfonctionnements résultant de cette nouvelle donne, qui, par ailleurs, pose de sérieuses questions en matière de protection des données personnelles.
Depuis une quinzaine d’années, la France privatise à tour de bras les services de délivrance de visas de ses consulats. Selon le ministère de l’intérieur, 38 pays étaient concernés fin 2018 par ce type de sous-traitance, représentant plus de 89 % des demandes de visas pour la France. Les plaintes des demandeurs sont nombreuses : difficultés à obtenir un rendez-vous, bugs informatiques, surcoût de 30 à 50 % par rapport au tarif pratiqué auparavant, rejet des demandes considéré comme incompréhensible, et souvent vécu comme injuste. Beaucoup se sentent démunis, face à des sociétés privées qui reportent la responsabilité d’un refus sur le consulat, à qui appartient toujours la décision finale.
Avec cette politique, les représentations françaises à l’étranger se sont affranchies des demandeurs mécontents. « Ça permet de faire le ménage devant l’ambassade », confie un ambassadeur sous le couvert de l’anonymat. L’Afrique est particulièrement touchée : en 2018, sur les 4 millions de demandes de visas « court séjour » pour la France, 1,5 million provenaient du continent africain. Et une demande sur trois y a été rejetée en moyenne. À titre de comparaison, moins de 6 % des 816 000 visas sollicités depuis la Chine ont été refusés. À ce jour, les principaux « marchés » africains ont été privatisés, dont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et, depuis janvier, le Togo, le Bénin, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée.
À Dakar, l’accueil des demandeurs sénégalais, la réception et la gestion des dossiers, le relevé des données biométriques et, enfin, le paiement des frais de visa pour la France ont été confiés en 2014 au leader mondial de ce nouveau business, l’entreprise indienne VFS Global. La société occupe 1 200 mètres carrés au rez-de-chaussée d’un immeuble moderne, dans un quartier périphérique du centre de la capitale sénégalaise.
Le centre ouvre à 8 h 30, mais de nombreux Sénégalais font la queue depuis une bonne heure déjà. Abdoulaye* (les personnes dont le prénom est suivi d’un astérisque ont requis l’anonymat) patiente sous un soleil déjà ardent. Il accompagne sa sœur, Awa*, qui a enfin obtenu un rendez-vous. « Désormais, tout se passe sur internet, explique-t-il. Or beaucoup de familles n’ont pas d’accès chez eux. Il y a le cybercafé, mais encore faut-il être formé au web. Au mieux, un membre de la famille peut aider, sinon il faut s’adresser à des gens qui monnayent leurs services. » Ces services, proposés de manière informelle autour du centre, coûtent entre 1 000 et 4 000 FCFA (1,5 et 6 euros).
Après s’être enregistrée sur le site internet « France Visas » (basé à Nantes et mis en place en 2018), Awa a été redirigée vers celui de VFS Global, où lui a été immédiatement proposé un rendez-vous une semaine plus tard. Des « clients » assurent avoir dû attendre jusqu’à trois mois. Le nombre de places disponibles, de 150 à 300 par jour, dépend du consulat, qui attribue ces lots à VFS Global. Pour valider cette première étape, la sœur d’Abdoulaye a dû payer 13 500 FCFA (20,50 euros). Le jour J, Awa est arrivée munie d’une fiche indiquant la date et l’heure, ainsi que de son dossier complet, comprenant notamment son passeport, des relevés bancaires prouvant qu’elle dispose des ressources nécessaires pour la durée de son séjour, ses billets aller et retour. Après avoir passé un premier contrôle, une hôtesse a scanné sa fiche et lui a remis un ticket numéroté. Direction la salle d’attente.
Selon Walid Chamaki, le patron de VFS Sénégal, le temps d’attente pour le « guichet France » varie de 12 à 45 minutes. L’un des quatorze « conseillers de clientèle » a saisi les informations d’Awa sur une base reliée au consulat français, dont ses empreintes digitales et sa photo. Les employés ont des objectifs, et une prime au rendement. Car, une fois appelé au guichet, le « client » est censé passer moins de 15 minutes dans les locaux. Un rythme particulièrement intense en période de pic – de juin à septembre –, qui oblige bien souvent la soixantaine d’employés à rester bien au- delà de leurs horaires. Un travail à la chaîne, rémunéré 300 000 FCFA (460 euros) par mois, hors primes. Employés comme demandeurs sont filmés par plus de cent caméras.
Une fois son dossier vérifié, Awa s’est acquittée des frais de visa dus à l’ambassade, soit 40 000 FCFA (60 euros), prix fixé par l’Union européenne pour l’espace Schengen. Elle a par ailleurs choisi l’option « SMS », qui lui permet d’être tenue informée en temps réel de l’avancée de son dossier. Ce service lui a coûté 650 FCFA (environ 1 euro).
D’autres options sont proposées. L’envoi du passeport par courrier varie de 10 000 à 40 000 FCFA (entre 15 et 60 euros), selon la destination. Pour les plus fortunés, une offre « VIP », avec salon privé, boisson et une écoute personnalisée, est facturée 13 200 FCFA (20 euros). Au total, un Sénégalais doit débourser au minimum 80,50 euros, 164 euros s’il prend toutes les options. Une somme non remboursable, même si le visa est refusé.
Avec 60 000 demandes par an pour la France (court et long séjour), auxquels s’ajoutent 35 000 visas étudiants et 50 000 dossiers pour ses neuf autres « marchés » (dont la Chine), le centre VFS Sénégal tourne à plein régime. Dans le monde, une demande de visa sur deux traitée par des entreprises privées l’est par VFS Global, qui dispose de 3 100 centres et 11 000 employés répartis dans 144 pays. L’entreprise, fondée à Mumbaï en 2001 par l’Indien Zubin Karkaria, pèserait aujourd’hui quelque 2,5 milliards de dollars.
VFS GLobal, qui était à l’origine une filiale du voyagiste suisse Kuoni et qui a fusionné avec cette entité en 2018, travaille avec la France et 61 autres gouvernements, dont la Grande-Bretagne, pour qui elle gère 70 % des demandes de visas britanniques. À la différence de Paris, qui signe les contrats ambassade par ambassade, Londres a choisi de recourir à un appel d’offres gouvernemental. Le 17 août 2019, le journal anglais The Independant a révélé l’existence de filiales de VFS Global domiciliées dans des paradis fiscaux, dont les îles Caïmans, Jersey, et au Luxembourg, ainsi que des flux financiers significatifs vers ces sociétés. Le contrat britannique a lui été passé avec VF Worldwide Holdings, enregistrée à Maurice. Contacté par mail par Mediapart sur différents points, VFS Global n’a pas souhaité s’exprimer sur ces révélations précises, ni sur ses revenus exacts, précisant seulement que « Kuoni Travel Holding Ltd a fusionné ses activités dans VFS Global Investments Ltd en juin 2018 et est basé en Suisse ».
« Des pratiques jugées non conformes aux exigences légales »
TLS Contact, l’autre leader travaillant pour la France, a également refusé de répondre à nos questions. Racheté en 2010 par l’empire français des centres d’appels Teleperformance, il a vu son chiffre d’affaires bondir prodigieusement en quelques années, passant de 4 millions d’euros en 2008 à 150 millions d’euros en 2018. Si la firme reste muette quant à la domiciliation fiscale de TLS, une entité apparaît cependant au Luxembourg sous le nom de TLS Group S.A. Domiciliée au 32, rue Jean-Pierre- Brasseur, à Luxembourg, cette société n’est pas un centre de traitement, comme Mediapart a pu le constater lors d’un appel téléphonique. Selon le rapport annuel 2018 de Teleperformance, la société luxembourgeoise lui appartient à 100 %. Cette dernière contrôle au moins une filiale homonyme basée à Bruxelles et une autre, TLS Contact Limited, à Londres.
L’absence de transparence de ces sociétés qui ont accès à des données extrêmement sensibles (empreintes digitales, comptes bancaires, numéros de téléphone, informations personnelles) pose question. VFS Global assure avoir déjà recueilli pas moins de 89 millions de données biométriques depuis 2007 ! Une manne qui intéresse beaucoup de monde, depuis des sociétés d’aviation – qui, selon nos informations, ont déjà approché certains centres –, en passant par des États peu scrupuleux.
D’ailleurs, certains d’entre eux contrôlent déjà partiellement les centres installés sur leur territoire. C’est le cas de la Chine, de la Russie et de l’Arabie saoudite, pays où les filiales de VFS ou de TLS sont associées à des sociétés contrôlées par des ressortissants locaux. En 2017, la Cour des comptes s’en est inquiétée : « Cette situation doit conduire les consulats à effectuer des contrôles portant sur la destruction systématique des données personnelles et biométriques enregistrées et des dossiers des demandeurs. Ce contrôle exige du temps et une expertise technologique dont peu de consulats disposent. »
« VFS Global ne conserve aucune donnée plus longtemps que nécessaire au transfert des datas à notre client final [les consulats – ndlr] », nous a répondu par mail le service communication de VFS Global. Quant à leurs éventuels partenaires locaux, et leurs prestataires, qui vont de l’entreprise de nettoyage à la maintenance informatique, en passant par la sécurité, la firme assure les contrôler « une fois par an ».
Selon le ministère de l’intérieur français, « les services des visas [des consulats – ndlr] doivent effectuer au minimum deux fois par an des visites de contrôle poussées afin de dresser un procès-verbal de conformité ». Sur ce point encore, la Cour des comptes relevait des manquements dès 2017 : « Ces contrôles ne sont pas systématiquement menés [...] et le procès- verbal correspondant n’est en réalité jamais rédigé. » Dans un rapport de janvier 2019, l’Office national d’audit de Malte rappelait les conclusions d’un audit effectué par la commission européenne à son consulat d’Alger, et au centre de son prestataire, VFS Global. Les experts européens, intervenus en septembre 2016, expliquaient que « certaines pratiques adoptées par VFS, notamment en matière de protection des données, ont été jugées non conformes aux exigences légales ». Peu rassurant.
Que disent les politiques de confidentialité, disponibles sur les sites internet de ces sociétés ? Du côté de VFS, elles varient selon les pays. Sur les plateformes pour la France, il est indiqué que « les données biométriques ne sont pas enregistrées [...] mais transférées immédiatement sur les serveurs des autorités consulaires françaises ». En revanche, sur le site de VFS au Congo Kinshasa, pour une demande de visa chinois, « les renseignements personnels [...] peuvent être collectés pour une utilisation ultérieure [...] ».
« TLS Contact peut collecter vos données à caractère personnel pour son propre compte en vue de l’exécution de services particuliers (sans lien avec les services susdits), pour les besoins de son activité », lit-on sur le site internet de ce prestataire. Et ces données pourraient être partagées avec des « tiers », dont des « forces de l’ordre », ou « en cas de fusion, vente, restructuration, acquisition, co- entreprise, cession, transfert ou autre acte de cession de tout ou partie de notre activité, de nos actifs ou de notre capital ».
Malgré de nombreux échanges et demandes d’interview, le ministère des affaires étrangères français n’a pas répondu à nos questions concernant l’opacité de cette gestion financière, le manque de protection des données, la quasi-absence de contrôles... Dans le même temps, les inaugurations de ces centres se multiplient, comme à Singapour, le 8 juillet dernier. De quoi satisfaire les appétits de Zubin Karkaria, ami de la France décoré de l’Ordre national du mérite, à Mumbaï, en 2016.
Boite noire
Michael Pauron est journaliste indépendant. Il a réalisé son reportage à Dakar en mai 2019, et a ensuite complété son enquête depuis Paris.
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INTÉRÊTS ET LOBBYING AUTOUR DU BALLON D'OR
Messi, Ronaldo, Mané, van Dijk ? Les prétendants se bousculent à la veille de la cérémonie consacrant le Ballon d'Or 2019. Mais les véritables intérêts à la course à cette récompense sont ailleurs
Messi, Ronaldo, Mané, van Dijk ? Les prétendants se bousculent à la veille de la cérémonie consacrant le Ballon d'Or 2019.
Derrière eux et leurs agents ou conseillers de communication essayant d'influencer le plus possible les votes, il y a au final très peu de résultat.
Bien sûr, des cas isolés existent, mais les véritables intérêts à la course au Ballon d'Or (hormis pour le gagnant) sont ailleurs, comme le lobbying de cette soirée diffusée sur L'Equipe 21...
PAR Diomansy Kamara
MANÉ NE SERA MÊME PAS SUR LE PODIUM DU BALLON D'OR
Dans leur inconscient nous ne sommes pas capable de gagner ce genre de trophée. Ce ne sera pas la première fois ni la dernière fois que l'Afrique sera lésée, mais on ne s'habituera jamais ni hier, ni aujourd’hui, ni demain
Nous avons donné notre avis, débattu, voulu faire entendre à qui veut bien l'entendre que Sadio Mané méritait ce ballon d'or 2019. Comme avant lui ses grands-frères, Samuel Eto'o ou Didier Drogba pour ne citer qu'eux . Au passage, ce sera ce dernier qui sera chargé de récompenser le gagnant. Le symbole aurait était immense pour tout le continent Africain. Cela aurait en quelle sorte remis les pendules à l'heure. Mais l'Europe n'est pas prête, nous n'avons pas le même fuseau horaire et dans leur inconscient nous ne sommes pas capable de gagner ce genre de trophée.
Messi est donné gagnant, il est incontestable et incontesté, c'est un extraterrestre, mais l’Ovni Sadio était sur sa planète cette saison. Ce ne sera pas la première fois ni la dernière fois que l'Afrique sera lésée, mais on ne s'habituera jamais ni hier, ni aujourd’hui, ni demain.
Tant que notre voix portera, nous porterons le combat, notre jeunesse le mérite. Personnellement, je ne participerai pas à cette mascarade. Le football n'est pas une science exacte mais nous avons aussi des yeux pour voir et analyser objectivement.
Pour moi Sadio, vu la tournure des événements, ne sera même pas sur le Podium... Et c'est peut être un moindre mal, ça éveillera sûrement des consciences.
Rendez-vous demain.
Texte recueilli de la page Facebook de l'auteur.
par Jean Meïssa Diop
ENTRE PUB ET INFO, UNE FRONTIÈRE PAS TRÈS VISIBLE
L’avènement de la formule de téléphonie Free et le déploiement de bien d’autres stratégies commerciales prenant la presse pour espace, donnent la preuve qu’il est complexe de démêler une information enrobée dans une communication
Où se trouve la frontière entre l’information et la communication commerciale ? Comment donner la première sans tomber dans la stratégie de la seconde ?
L’avènement, au Sénégal, de la formule de téléphonie Free – pour ne citer qu’un cas récent – et le déploiement de bien d’autres stratégies commerciales prenant la presse pour espace, donnent la preuve qu’il est complexe et difficile de démêler l’embrouillamini d’une information enrobée dans un message de communication.
Et, croyons-nous, cette perplexité est commune à tous les journalistes professionnels de tous les pays du monde et mus par le scrupule déontologique et éthique.
Il y a de l’information quand, par exemple, une entreprise, voulant désarçonner ses concurrentes, décide d’une réduction de ses tarifs, publie un communiqué de presse pour l’annoncer et invite les journalistes en conférence de presse pour expliquer cette baisse de prix de son ou ses produits. Oui, une baisse de prix intéresse le public et le journaliste qui, lui, annoncera la bonne nouvelle. Mais le commanditaire du message voudra souvent engager le journaliste dans des développements où l’information ne serait plus qu’un prétexte et que le journaliste imprudent devient, de manière consciente ou involontaire, vecteur d’une publicité gratuite, voire clandestine.
Invité au ‘’Journal télévisé’’ de 20 h sur la Rts1 du 21 octobre 2019, le directeur général de Free Sénégal y est allé de ses slogans et a présenté la stratégie commerciale du nouvel opérateur et son déploiement technologique.
Le traitement de ce type d’information exige la sagacité du journaliste et son professionnalisme, son sens de l’information qui lui éviteraient de tomber dans le travers – à moins qu’il ne faille parler de piège – de la pub déguisée ou pub clandestine, ou pub gratuite. Dans tous les cas, insidieuse.
Des entreprises – qui auraient dû être des annonceurs – usent de toutes sortes d’astuces pour que leur activité puisse passer dans la rubrique des informations pour profiter du principe que l’information diffusée par un média après traitement par un journaliste est crédible et n’est pas de la propagande.
Allez savoir pourquoi les randonnées pédestres sont en vogue depuis quelques années. Médiatisées par la presse sollicitée pour les relater, ces manifestations sportives d’entreprises – qui procèdent de la communication interne, mais aussi externe – sont une occasion pour faire passer des informations trop élaborées pour en être vraiment. Et c’est ainsi que la stratégie et la réclame publicitaires profitent de l’influence de l’information.
Dans une réflexion sur ‘’Peut-on encore faire la différence entre publicité et information ?’’, Philippe Moati épingle ‘’certains dérapages susceptibles de brouiller les frontières entre l’information et la publicité’’.
Un patron de presse dakarois invitait ses journalistes à avoir une compréhension ‘’plus réaliste, plus dynamique’’ de leur profession en se faisant, à l’occasion de leur collecte de l’information sur le terrain, des démarcheurs de publicité ; attirer la pub tout en faisant leur travail de manière honnête et professionnelle. Une vraie gageure
LA SECONDE VIE D'UNE SÉROPOSITIVE
Diagnostiquée séropositive en 2005, l’aide-infirmière Soukeyna Ndiaye, 46 ans, incarne le combat contre la « stigmatisation » et la « victimisation » au Sénégal
Diagnostiquée séropositive en 2005, l’aide-infirmière Soukeyna Ndiaye, 46 ans, incarne le combat contre la « stigmatisation » et la « victimisation ».Depuis 14 ans déjà, elle participe à plusieurs activités pour le compte du Réseau national des associations de personnes vivant avec le VIH (RMP+) dans le but de redonner le sourire aux séropositifs du Sénégal.
Joyeuse, sociable et endurante, Soukeyna Ndiaye est sollicitée de partout.
Emmitouflée dans un boubou taille basse « Wax », foulard bien nouée à la tête comme une bonne Sénégalaise, la présidente de RMP+ termine son panel avant d’aller au bar prendre un café pour se réchauffer le ventre.
Sur place, la retrouve Dr Mamadou Sakho, conseiller régional de l’ONU-Sida, qui lui donne une tape amicale dans le dos avant de saluer « une dame courageuse ».
« J’ai été dépistée positive du Sida en 2005 quand j’ai accouché mon septième enfant. Je l’ai su après 18 jours », a confié à APA la veuve dont le mari a été emporté par cette pathologie.
Mais ses enfants ont été tous « sauvés » après avoir effectué le test : « Cela montre que les médicaments et le traitement sont efficaces ».
Servant au district de Guinguinéo, un département dans le centre du pays, l’aide-infirmière a accueilli son état de sidéenne « avec philosophie », aidée surtout par ses « notions » d’agent sanitaire.
« C’est une maladie qui peut atteindre n’importe quelle personne. Je l’ai prise de manière positive, en décidant de ne pas verser dans l’autopunition ou la victimisation. Parce que c’est Dieu qui en a décidé ainsi », a déclaré Soukeyna Ndiaye, se réfugiant derrière un sourire qui laisse découvrir ses dents nacrées par la fluorose.
Engagement et communication
Comme beaucoup de sidéens, Mme Ndiaye a aussi vécu la « discrimination » même si elle ne touche qu’à la personne qui « y prête attention ». Pour sa part, elle a pris le choix de « vivre » en décidant de se « soigner ».
D’emblée, elle sait que « pour vivre positivement avec cette maladie, vous devez communiquer avec les gens autour de vous. S’ils sont sensibilisés, ils ne vous rejetteront pas ».
Motivée par la volonté d’éduquer ses enfants, elle décide de s’engager par ailleurs dans le mouvement associatif en présidant le RMP+, un réseau basé en banlieue dakaroise et regroupant, en dehors des personnes vivant avec la maladie, « des personnes ressources qui nous aident dans le travail ».
« L’idée de la création de RMP+ est venue de personnes très engagées dans l’accompagnement et l’appui psycho-social des malades. Elles se sont dit à un certain moment pourquoi ne pas s’impliquer davantage dans la lutte contre la contamination et la prolifération du Sida au Sénégal », a-t-elle expliqué.
Le taux de prévalence du Sida au Sénégal est de 0,5%. Et les initiatives pour son élimination, en passant par des communautés comme RMP+, sont nombreuses.
Mais ces initiatives doivent se faire aussi par plus de « communication », avec « l’aide des journalistes dans la lutte contre la discrimination et pour l’humanisation du VIH Sida », a préconisé Soukeyna Ndiaye, sous le regard avisé de Dr Mamadou Sakho.
« Les personnes qui vivent l’épidémie ont besoin de protection sociale et de soutien parce que les modes de transmission du VIH font que personne n’a choisi d’être infecté », a rappelé ce dernier.
par Bassirou Sakho
KLOPP CHOISIT VAN DJIK POUR NE PAS ARBITRER LE MATCH MANÉ/SALAH
Je comprends la colère des sénégalais et des africains lorsque deux des meilleurs joueurs offensifs et champions d'Europe 2019 semblent négligés par leur paires. Mais il convient de ne pas se tromper de cible
C'est le 2 décembre prochain que sera nommé le ballon d'or 2019. Si les sénégalais peuvent se réjouir de voir l'un des leurs parmi les favoris, les espoirs ont très vite été douchés par les récentes rumeurs (Messi vainqueur ?) et surtout les propos récents de Jürgen Klopp.
En effet, le coach de Liverpool faisait de Virgil Van Dijk, coéquipier de Sadio, son principal favori en tant que, et je cite, "meilleur joueur de la saison 2019".
Cette déclaration du technicien allemand a fait un tollé dans les médias sportif sénégalais et africains ces derniers jours.
Si on ne peut nier les qualités du défenseur batave, il paraît surprenant de voir son coach étaler clairement ses préférences alors que deux autres de ses joueurs, Mané et Salah sont également en course pour l'obtention du ballon d'or.
Lorsque j’ai entendu ses propos, j'ai tout de suite été surpris d'une telle maladresse dans la communication de Klopp, entraîneur que j'admire beaucoup par ailleurs. On peut le féliciter de ne pas manier la langue de bois, mais il paraît intéressant de s'interroger sur son choix.
En effet, Sadio Mané fait ces dernières années un travail extraordinaire avec Liverpool, à l'instar de l'égyptien Mohamed Salah. La longévité et la régularité de leurs performances chez les Reds ne semblent pas être des arguments suffisants au yeux de Klopp.
On pourrait légitimement placer ce trio de Liverpool sur le podium du ballon d'or et intervertir les positions sans crier au scandale. Mais revenons sur le choix de Klopp, et peut être des votants (les résultats à venir parleront) et interrogeons-nous sur le manque de soutien criant pour les deux joueurs africains des Reds (déjà démontrés lors des trophées FIFA The Best en septembre dernier). Les footballeurs africains méritent-ils si peu de considération ? Non, bien entendu ! Il faut remonter à 1995 (!!!) pour voir un africain sur le podium du ballon d'or, et voir le libérien Georges Weah, vainqueur de l'édition. Vingt-quatre longues années de disette qui auraient mérité de s'interrompre en 2019. Les africains peuvent toujours rêver d'un podium mais il ne resterait, a priori qu'une place pour compléter le duo Messi/Van Dijk.
Je comprends la colère des sénégalais et des africains lorsque deux des meilleurs joueurs offensifs et champions d'Europe 2019 semblent négligés par leur paires, les journalistes et instances du football. Cette colère du peuple africain, dans son grand ensemble, n'est pas qu'émotionnelle ; elle est empreinte d'un sentiment de mépris, voire d'indifférence pour ses joueurs et sélections de la part du Monde du football.
J'estime cependant que Klopp n'a pas, de manière volontaire et consciente, voulu verser dans ce genre de sentiment. Mais, en choisissant de soutenir Van Dijk il a plutôt préféré ménager la chèvre et le chou. Choisir le défenseur néerlandais lui permet ainsi de ne se mettre à dos aucun de ses deux joyaux offensifs.
Il convient, selon moi, de ne pas se tromper de cible et de responsable en pointant du doigt le choix de Klopp.
En effet, on ne peut passer à l'as l'influence économique, médiatique et structurelle de certaines nations et certains clubs, qui phagocytent le milieu et la plupart des récompenses.
Mané, Klopp, Salah, Van Dijk ou encore Liverpool ne sont tous finalement peut-être que de "simples rouages" devant les mastodontes que sont Messi, Ronaldo, le Real ou l'Espagne.
Bassirou Sakho est Conseiller sportif , Playmaker Sport Agency, Paris-Londres
RENDRE AUX TIRAILLEURS LEUR DIGNITÉ
Nous appelons Macky Sall à ête à l’avant-garde de la sauvegarde de notre patrimoine historique en construisant un monument qui glorifie le rôle de ces vaillants soldats à travers les âges - COMMUNIQUÉ DE L'OSSOCIATION DES JURISTES AFRICAINS
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l’Association des Juristes Africains, daté du 30 novembre 2019, relatif au 75e anniversaire du massacre de Thiaroye en 1944.
« L’Association des Juristes Africains (AJA) saisit l’occasion de la commémoration du 75e anniversaire du massacre de Thiaroye en date du 1er Décembre 1944 pour saluer et honorer la mémoire de ces valeureux tirailleurs sénégalais qui après avoir participé à la mobilisation mondiale contre les forces nazies et leurs alliés ont été exécutés par l’armée dans laquelle ils avaient combattu.
L’AJA pense que c’est le moment de glorifier les noms de ces soldats qui grâce à leur courage ont contribué vaillamment à la défaite des forces d’oppression nazie, à la libération de la France et à la sauvegarde des principes de Liberté et de Justice dans le monde.
L’AJA demande au Gouvernement français de tout mettre en œuvre pour contribuer à la clarification définitive de cette douloureuse page de l’histoire coloniale en restituant l’ensemble des documents relatifs à cette affaire. Il s’agit précisément des différentes archives ayant trait à cet évènement et permettant de situer d’une part les positions des parties et conséquemment les responsabilités en découlant. On peut relever à ce titre par ailleurs le témoignage de Georges Ennouchi, à l'époque jeune médecin à l'hôpital principal de Dakar qui a raconté à plusieurs reprises à son fils qu'il avait vu les militaires français achever les blessés dans son hôpital. C'est le 15 août 2019 que son fils a témoigné de ce fait auprès de l'historienne Armelle Mabon :
Dans et esprit l’AJA a commis un avocat au barreau de Paris de défendre le dossier de Monsieur Senghor dont le père et le grand père sont morts dans l’armée française lors de la première et la deuxième guerre mondiale et qui aujourd’hui veut l’exhumation des corps et leur autopsie pour en connaitre les causes de la mort pour faire son deuil…
A cet égard, l’AJA salue le président français Emmanuel Macron, qui après avoir admis la nécessité de rendre aux africains les objets d’art qui leur avait été confisqués du fait de l’ordre colonial, a lancé un appel lors du 70 e anniversaire du débarquement en Provence aux Maires de France pour que des places et des monuments rappellent le souvenir de la contribution des africains à la libération de la France sous l’occupation nazie. Ceci devait se faire, selon lui, en considération du pacte scellé dans le sang par les combattants français et africains.
L’AJA demande aux Etats africains d’où ont été originaires les tirailleurs sénégalais de prendre des initiatives qui honorent leurs morts, qui donnent à leur jeunesse le sens et la signification de l’engagement et de la mort de leurs ancêtres qui ont combattu à côté de la France dans les différentes guerres qu’elle a menées.
L’AJA lance un appel au président Macky Sall de mettre tout en œuvre afin que le Sénégal, berceau historique des tirailleurs sénégalais, soit à l’avant-garde de la promotion et de la sauvegarde de notre patrimoine historique en construisant un monument qui glorifie le rôle des Tirailleurs sénégalais à travers les âges.
L’AJA est une ONG basée à Dakar et dont la vocation est de mobiliser les juristes pour la défense et la promotion des droits de l’homme et pour l’avènement de l’Etat de droit en Afrique.
Le Secrétariat International Tel : 221 77 567 86 75 »