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28 juillet 2025
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QUAND LE LAXISME DE L'ÉTAT FRISE LA COMPLICITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous avons une justice aux ordres - Le mandat de Macky est fait de renoncements spectaculaires et d'abjuration publique - Le président s'attend à un gage d'impunité - ENTRETIEN AVEC BOUBACAR SADIO
L’ex-commissaire Boubacar Sadio est connu pour son franc-parler et sa liberté d’expression. C’est pourquoi, il ne cesse de jeter un regard critique sur la marche du pays. Dans l’entretien qu’il a accordé à SenePlus, il revient sur l'affaire des 94 milliards soulevée par Ousmane Sonko, l’affaire Pétrotim et les autres scandales jusqu’ici impunis sous le régime de Macky Sall.
Boubacar Sadio est interrogé par notre éditorialiste, Serigne Saliou Guèye.
L’ETAT RECRUTE 10 000 JEUNES POUR REBOISER 2 MILLIONS D’HECTARES
Pour combler le gap de 40 000 hectares perdus chaque année à cause de la déforestation, le Sénégal s’est engagé à reboiser 2 millions d’hectares à l’horizon 2030, soit 200 000 ha par an. Pour réussir ce pari, 10 000 jeunes seront recrutés.
Pour combler le gap de 40 000 hectares perdus chaque année à cause de la déforestation, le Sénégal s’est engagé à reboiser 2 millions d’hectares à l’horizon 2030, soit 200 000 ha par an. Pour réussir ce pari, 10 000 jeunes seront recrutés. L’assurance est du ministre de l’Environnement Abdou Karim Sall qui présentait hier son budget 2020, arrêté à la somme de 33 milliards 575 184 483 francs CFA. Selon M. Sall, le durcissement des sanctions liées à la coupe abusive de bois a permis aux autorités de procéder à 135 emprisonnements
Le reboisement a été au coeur des échanges samedi à l’Assemblée nationale, lors du vote du budget du ministère de l’Environnement et du développement durable. C’est peu avant 23 heures que le ministre Abdou Karim Sall a commencé à répondre aux questions des députés, après plus de quatre tours d’horloge de temps de parole pour les élus. Et pour réussir à reverdir le pays à travers le reboisement, le ministre a annoncé que 10 000 jeunes sénégalais seront recrutés pour des actions de reboisement d’envergure. En plus de ce recrutement, le ministre a fait savoir que le Sénégal s’est engagé à reboiser 2 millions d’hectares, d’ici 2030, soit 200 000 ha par an. Face aux députés, le ministre a regretté le fait que le Sénégal perde chaque année 40 000 ha à travers la dégradation et la déforestation. «Les actions de déforestation et de reforestation ne permettent que d’atteindre 10 000 ha par an. Il faut donc multiplier ce nombre par 20 pour atteindre notre objectif », a-t-il soutenu, samedi. « Si on veut impérativement atteindre les objectifs d’un Plan Sénégal Emergent Vert, il faut que toute la population s’implique en accompagnant la volonté que le Chef de l’Etat a dans ce sens », a déclaré le ministre de l’Environnement et du développement Durable. Abdou Karim Sall a cite l’exemple de l’Ethiopie qui a pu planter en 24 heures 335 millions d’arbres.
Pour lui, cette action d’envergure ne peut être réalisée qu’avec l’accompagnement des populations et la participation de tous les citoyens. «Nous invitons l’ensemble des parties prenantes à s’engager sur cette voie afin d’atteindre cet objectif qui est de reverdir notre pays », a lancé l’ancien Directeur Général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP). Sur la coupe abusive de bois, le ministre a soutenu que ces actes sont inacceptables. Ils se passent, selon lui dans les régions du sud. Les contrées de Matam et de Louga ne sont pas aussi épargnées par ces coupes abusives de bois. «Dans cette partie du Sénégal, nous avons besoin d’un plan important de reboisement. Et pour cela, on ne peut pas, au moment où on reboise, que des gens se mettent à couper les arbres», a déploré le ministre de l’Environnement.
880 PROCES-VERBAUX POUR 135 EMPRISONNEMENTS EN 2019
Sur une interpellation d’un député proposant que les sanctions soient multipliées surtout à l’endroit du voisin gambien pour stopper l’hémorragie, le ministre dira que des actions diplomatiques seront menées. Cependant, M. Sall soutient que sa conviction est que cette question cruciale pour le Sénégal ne doit pas être sous traitée, mais prise en charge entièrement par le Sénégal. «La lutte contre les coupes abusives et de trafic de bois doit s’organiser de manière efficace à partir de notre territoire. Et cela, selon les directives du président de la République. Ce dernier a demandé qu’il y ait une synergie entre les forces de défense et de sécurité et les agents des eaux et forêts», a confié le ministre. En matière de sanctions, Abdou Karim Sall a annoncé que son durcissement à travers le code forestier a permis de faire des avancées. Même si des efforts restent à faire sur le terrain, estime-t-il, le combat est en train d’être mené. Pour cette année, Abdou Karim Sall renseigne que 880 procès-verbaux ont été établis dont 135 emprisonnements. Il note que ce sont des citoyens burkinabés qui ont été les derniers à être arrêtés, il y a une semaine. Lors de leurs interventions, des députés ont déploré le manque de moyens des agents des eaux et forêts. Le ministre qui a reconnu ce fait a souligné qu’il reste toujours engagé et déterminé à venir à bout de ce problème national. Et selon le ministre, c’est dans les régions de Louga et de Matam que ce fléau a plus pris de l’ampleur. Il a constaté que dans le département de Ranérou, des troncs d’arbres et des tas de bois coupés sont rangés dans le bas-côté.
Des mesures ont été immédiatement prises en accord avec les deux gouverneurs des deux régions interdisant tout transport et déplacement de véhicules chargeant du bois. «Cette action, au regard des remontées d’informations que nous avons, est en train de faire des résultats. Nous allons continuer à le faire», a informé le ministre.
«L’AFRIQUE DEVAIT ETRE AUJOURD’HUI AU MEME NIVEAU QUE L’INDE, LA CHINE, LE BRESIL»
Les jeunes du mouvement And Sopi Thiès ont répondu massivement à l’appel de la conférence tenue à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Thiès, par Cheikh tidjane Gadio,
Les jeunes du mouvement And Sopi Thiès ont répondu massivement à l’appel de la conférence tenue à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Thiès, par Cheikh tidjane Gadio, qui était l’invité de Madiakhaté Niang Président du mouvement.
«L’Afrique devait être aujourd’hui au même niveau que l’Inde, la Chine, le Brésil» a d’emblée déclaré le député Cheikh Tidjane Gadio pour camper le débat. Il ajoute que le continent devrait être une puissance mondiale et compétir avec les plus grandes puissances du monde. Pour en donner la mesure, il cite Béchir Ben Yahmed de Jeune Afrique qui disait que si l’on créait les Etats Unis d’Afrique, le lendemain on serait le quatrième pays du monde. De l’avis de Cheikh Tidjane Gadio, l’Afrique n’a pas un autre destin en dehors du fédéralisme et il urge de faire basculer l’Afrique sur la pente de son destin fédéral. « Personne ne pourra nous convaincre que nous aurons le temps de bâtir 54 pays africains, 54 Etats nations, 54 Etats qui réunissent les attributs de souveraineté, qui sont capables de se défendre seuls, d’assurer leur souveraineté alimentaire, leur autonomie en éducation, en santé, en agriculture, en infrastructures. Tout est à faire en Afrique parce que nous avons pris près de 50 ans de retard en tentant de faire l’impossible.
Le système colonial nous a balkanisés pour paralyser le continent et aujourd’hui, il est passé à la vitesse supérieure, c’est-à-dire l’hyper balkanisation. Ce processus consiste à casser le Mali en 2 ou 3 Etats, la Centrafrique en 2 Etats, casser le Sénégal s’ils peuvent, le Nigéria, la République Démocratique du Congo (RDC) », dit-il. « Avec 54 Etats, l’Afrique a d’énormes problèmes, imaginez ce qui va se passer avec 80 Etats », s’interroge Cheikh Tidiane Gadio. Pour lui, la question du panafricanisme était avant une volonté politique, mais elle est devenue aujourd’hui une urgence. C’est désormais, un choix obligatoire parce que l’Afrique est menacée dans sa survie. A l’en croire, l’international terroriste mondial a compris que c’est le continent le plus vulnérable au monde et il demande dans le même temps sa part d’Afrique, les terres, l’eau, les forêts et les immenses ressources naturelles. C’est pourquoi, les terroristes viennent aussi s’installer car ils sont dans des organisations qui combinent leurs activités avec l’économie criminelle en l’occurrence le trafic de drogue, d’êtres humains, d’armes, etc.Ilfaut donc aux yeux de Cheikh Tidjane Gadio, que les africains comprennent que s’ils continuent dans cette dynamique, ils vont inéluctablement mener le continent à sa perte. Il est temps de dépasser les égoïsmes nationaux. Monnaie commune, armée commune, diplomatie commune, commerce intra africain, tel est le rêve que Dr Cheikh Tidjane Gadio voudrait voir réalisé le plus rapidement.
«DIEU AIME L’AFRIQUE, MAIS EST-CE QUE LES AFRICAINS AIMENT L’AFRIQUE»
L’ancien Ministre des Affaires Etrangères du Sénégal a par ailleurs « giflé » le Président du Brésil qui disait récemment que si les noirs brésiliens qui se sont révoltés dans les campus universitaires ne sont pas contents, ils n’ont qu’à rentrer en Afrique. Pour Cheikh Tidjane Gadio, en diplomatie, on n’attaque pas les pays, on n’attaque pas des peuples. Mais ce n’est pas parce qu’il est le Président d’un grand pays, le deuxième pays noir au monde, auquel l’Afrique est attachée, qu’on lui donne le droit de tenir un tel discours. « J’attends une réaction de l’Union Afrique ou de nos Chefs d’Etat car c’est inacceptable qu’on continue de nous maltraiter, de nous manquer de respect. Nous sommes 1,2 milliard d’africains et bientôt 1,5 milliard et nous détenons 1/3 des ressources naturelles du monde. Il ne nous manque qu’un leadership clairvoyant, qui comprend que nous pouvons être comme les autres car nous réunissons tous les attributs. Dieu aime l’Afrique et la question maintenant est de savoir si les africains aiment l’Afrique», dit il. Madiakhaté Niang, Président du mouvement And Sopi Thiès a affirmé, qu’à la lumière du message de Cheikh Tidjane Gadio, il est clair que malgré le retard accusé, il est possible de sceller cette union, que les pères fondateurs ont toujours voulue. Selon lui, le Mouvement And Sopi Thiès a invité le Dr Cheikh Tidjane Gadio pour que la jeunesse l’écoute et s’approprie le discours panafricain qu’il porte. C’est d’autant plus important dit-il, que le mouvement And Sopi Thiès a décidé de s’engager dans les prochaines élections locales, pour proposer aux populations une nouvelle alternative, une nouvelle façon de gérer la cité, conceptualisée dans le slogan, «une véritable gestion de proximité»
GUIRASSY ET SONKO ACCULENT LA MINISTRE SOPHIE GLADIMA
Le contrat de Tosyali, la situation à Niokolo Koba et le zircon de Niangrang étaient hier au menu des discussions à l’Assemblée nationale
Le contrat de Tosyali, la situation à Niokolo Koba et le zircon de Niangrang étaient hier au menu des discussions à l’Assemblée nationale, lors du vote du budget du ministère des Mines et de la Géologie, arrêté cette année à plus de 2 milliards. Les députés Ousmane Sonko originaire de la Casamance et Moustapha Guirassy, député maire de Kédougou ont profité de l'occasion pour acculer le ministre.
Le ministre des Mines et de la Géologie n’a pas été épargnée hier par les députés Ousmane Sonko et Moustapha Guirassy. Sophie Gladima en a pris pour son grade, d’abord avec l’interpellation du député Ousmane Sonko sur le contrat Tosyali. Connu pour la maîtrise des différents sujets, il est revenu sur les termes du protocole d’accord signé par l’Etat du Sénégal avec la société turque sur le fer de la Falémé. "Le protocole d’accord signé par L'État et Tosyali est entre mes mains. Et tel quel, il risquerait de faire des dégâts dans le pays’’, révèle le patron de Pasteef.
A l’en croire, c’est un protocole d'accord qui est traité avec une légèreté anormale. «Il faut savoir que 50% du personnel devra être turc, la contribution du Sénégal aux intérêts du prêt d'investissement bancaire, la prise en charge par la trésorerie du Sénégal, de la garantie accordée aux institutions financières par le prêt d'investissement, la réalisation des liaisons routières et ferroviaires nécessaires pour la viabilisation du contexte, autoriser la réalisation de l'exploitation d'un pôle urbain, prise en charge par l'État des primes de sécurité sociale des employés pour les dix premières années’’, énumère-t-il.
Selon M. Sonko, le protocole fait partie d'un contrat et il serait une catastrophe pour le Sénégal. En l'en croire, il ferait ainsi partie des plus mauvais contrats que le Sénégal aura signés. L’ancien inspecteur des impôts est revenu aussi sur la situation au parc de Niokolo Koba. "Pouvez-vous nous confirmer que des autorisations ont été régulièrement signées par votre prédécesseur ? Est-ce que ces autorisations n’ont pas empiété sur le parc‘", demande le député. Ousmane Sonko s'est étonné que des gens puissent exploiter cette zone pendant tout ce temps, sans être inquiétés.
Pour Moustapha Guirassy, préserver le parc Niokolokoba est plus que jamais une nécessité. Il a invité l’Etat à privilégier les champions locaux qui doivent bien se sentir dans les retombées des exploitations. L’ancien ministre de la Communication a en outre demandé au ministre des Mines de prendre exemple sur la situation de Kédougou. «Nous devons faire très attention.
Pour des questions sécuritaires, nous devons changer de paradigmes », pense t-il, tout en ajoutant qu’il faut une bonne politique de protection de l'environnement. «Il y a toujours des morts d'hommes et d'autres difficultés qui sont notées dans la région »’, informe-t-il. D'autres députés ont également eu à intervenir sur le zircon de Niangrang. Sur cette question, le ministre a tenu à rassurer.’’ Quand nous avions su qu'il y'avait un problème dans cette zone, nous avions écouté la population. Nous n'avons pas encore exploité le zircon’’, renseigne t-elle. Toutefois, Sophie Gladima pense que l’exploitation du zircon deNiangrang sera bénéfique pour les populations de la zone.
SOPHIE GLADIMA, MINISTRE DES MINES : «TOUS LES POINTS EVOQUES PAR SONKO ONT ETE ENLEVES»
Le ministre des Mines et de la géologie ne s’est pas fait prier pour répondre à l’interpellation du député Ousmane Sonko sur l’affaire Tosyali. «Ce projet était trop lourd et on ne trouvait pas d’investisseur pendant les 3 phases. La première phase ne concerne pas le ministère des Mines. Néanmoins, nous continuons la discussion avec cette société qui travaille, en parallèle, avec le ministère de l’Industrie. Parce que la première phase le concerne », a-t-elle fait savoir lors du vote du budget de son ministère.
A l’en croire Il n’y a rien à cacher. Selon elle, les 20 points du Mou du 9 octobre 2018, ont été ramenés à 13 à l’issue de la rencontre qui s’est tenue avec l’Apix, Tosyali et le ministère des Finances, en juillet 2019. «Cela veut dire que tous les points soulevés par le député Ousmane Sonko n’existent plus dans le protocole. Ce que Ousmane Sonko dit est faux, nous n’avons pas signé de contrat avec Tosyali», poursuit elle. « Je pense que quelqu’un qui voit la lune qui vous dit que je ne la vois pas, vous ne pouvez rien contre cette personne. Ce protocole, c’est juste un démarrage de discussions. Nous avons fait des propositions en trois phases. Une première phase où la société va faire du fer à béton, une deuxième phase où nous allons exploiter les mines pour réduire l’importation et la dernière phase sera la grande production », conclut-elle
«ON EST PRET A ORGANISER LES LOCALES EN JANVIER 2020»
96 orateurs ont pris hier la parole à l’hémicycle. Le ministre de l’Intérieur à sa prise de parole a essayé de répondre à la série de questions portant sur des sujets divers.
96 orateurs ont pris hier la parole à l’hémicycle. Le ministre de l’Intérieur à sa prise de parole a essayé de répondre à la série de questions portant sur des sujets divers.
«(…) Sur la fixation de la date des élections, nous sommes prêts à les organiser. Juste que dans le cadre du dialogue en accord avec l’opposition, tous les partis politiques sauf le PDS, les gens ont proposé pour qu’on reporte les élections. Maintenant comme il n’y a pas eu d’accord sur une date, le gouvernement a pris le soin de dire que les élections seront organisées au plus tard le 28 mars 2021. Mais nous concernant, le ministère de l’Intérieur, on est même prêt à organiser les Locales en janvier 2020. Nous avons l’expérience de l’organisation des élections. (…)
Pour ce qui est de la drogue dont on parle c'est la drogue saisie par les forces de sécurité. Et c'est une forme de réussite de la Douane, de la police, de la gendarmerie et de l'Ocritis qu'il faut saluer. La drogue saisie a toujours été incinérée. Je peux vous assurer que la drogue on l’incinère. A chaque fois que nous procédons à des saisies de drogue, on l’incinère en présence de la presse nationale.(….)
Pour ce qui est de la stigmatisation de certains noms à connotation étrangère pour l’obtention de la carte d’identité, c’est vrai que c’était une pratique. Mais nous avons donné l’instruction et nous allons la compléter avec une circulaire pour que si les gens qui sont munis des pièces requises puissent accéder à une carte d’identité sans qu’on fasse de discrimination sur le nom. Abdoulaye Daouda Diallo lui-même avait été victime de ça alors qu’il était ministre de l’Intérieur. C’est des pratiques qui étaient là et qu’il faut arrêter. (…)
«NOUS NE SOMMES PAS EN GUERRE CONTRE LES SERIGNE DAARAS»
Pour ce qui est du prétendu saccage du tribunal de Louga, il faut dire que lorsque la séance a terminé, il y a eu une bousculade et certaines personnes ont été blessées dont un ASP qui est sorti hier (Ndlr : samedi) de l’hôpital. Quand on dit saccage, il y a exagération. Je vous assure qu’il n’y pas eu saccage et tous les rapports de les services confortent cette thèse. Il faut éviter de politiser cette question des Daaras ? Nous restons des Républicains. Personne n’est plus républicain que nous. Nous ne sommes pas en guerre contre les Serigne Daaras. C’est un problème qui est posé et il faut avoir le courage de dire que ce n’est pas bon. Nous sommes suffisamment indépendants pour accepter ce que nous devons accepter ou refuser ce que nous devons refuser. Il n’y a aucun lobby pour imposer quoi que ce soit. Sur l’homosexualité par exemple, le Président Macky Sall en a déjà répondu sur différents plateaux. Et sa position est claire. Il ne compte pas transiger sur ces questions. Il faut savoir dépasser ces questions. Jamra dit que nous avons donné des récépissés à des associations d’homosexuels. C’est faux. On n’a donné aucun récépissé à des associations d’homosexuels ni avant l’arrivée de Macky Sall ni sous son ère. Maintenant, il peut arriver qu’on donne un récépissé à un chef de parti politique ou à un président d’association ; si celui-là se dit être homosexuel cela ne veut pas dire que son association ou son parti est une organisation d’homosexuels.(…)
«LE VISA D’ENTREE SERA RESTAURE»
En définitive, je voudrais dire que le Sénégal est en train de voir comment ramener le visa d’entrée dans le pays. Maintenant le jour où on va l’appliquer, le Sénégalais qui a la double nationalité devra se présenter avec son passeport sénégalais. Sinon il cherchera le visa. Ce n’est pas le fait de parler Ouolof ou Puular qui justifie que l’on soit sénégalais. Il faudra un document d’identité sénégalais.»
Par Malick THIAM
COMMENT COMPRENDRE GUY MARIUS SAGNA ?
L’acte de Guy Marius Sagna ne relève pas de l’audace. Car au-delà d’avoir été bousculé dans le jardin de la République, mais d’une irresponsabilité illimitée qui n’est imaginable nulle part en Afrique et dans les grandes démocraties.
L’acte de Guy Marius Sagna ne relève pas de l’audace. Car au-delà d’avoir été bousculé dans le jardin de la République, mais d’une irresponsabilité illimitée qui n’est imaginable nulle part en Afrique et dans les grandes démocraties. Il n’est pas un « héros » de la démocratie, mais plutôt celui d’un « terroriste » qui a commis un attentat contre les libertés publiques, car son acte irresponsable ( ?), potentiel peut entrainer des restrictions de nos libertés. Il n’est pas un combattant de la liberté (ce qui n’a pas de sens en démocratie), mais un membre présumé et aux relents sentant fortement les odeurs a relents DAESH pour les libertés publiques. En d’autres termes, son « courage » est un simple abus.
Du libertinage, simplement, car il est facile d’être courageux quand on est protégé par les lois et règlements qu’on bafoue. Son « courage » aurait été salué dans une dictature mais dans une société ouverte et démocratique c’est une distraction politico-médiatique. Il a fallu que « Y en a marre », dont maintenant on se marre, aille jusqu’au Congo pour comprendre les vertus d’une société ouverte.
Le coup d’éclat de Sagna est une stratégie dans la lutte de positionnement entre groupuscules pour le leadership de l’activisme politico-médiatique, au détriment d’un symbole qui appartient à toute la nation. Il n’y a que dans de très grandes démocraties comme aux Etats-Unis, en France et au Sénégal (une exception en Afrique) où l’on peut passer devant le Palais Présidentiel et même s’y photographier avec les gardes rouges comme en Grande Bretagne avec la garde royale.
Donc une grande démocratie va de pair avec une grande liberté qui est consubstantielle à une grande responsabilité. Ce qui s’est passé devant le Palais de la République est inimaginable ; ceci partout en Afrique, où on ne fait qu’apercevoir les Palais bunker que de loin et encore moins dans les grandes démocraties d’Europe et d’Amérique, où les citoyens ont intériorisé que le pouvoir de la liberté est forcément limité par un grand sens des responsabilités. En Afrique, on ne s’approche pas des palais bunker parce que la sécurité tire à vue, en Europe et en Amérique on passe devant sans oser profaner le plus grand symbole de la Nation.
Au Sénégal, les activistes profitent des pouvoirs de la liberté d’une grande démocratie sans en assumer la responsabilité. Pourtant, rappellent vivement les mémoires, après avoir l’honneur de recevoir le passeport diplomatique sénégalais Achille Mbembe a qualifié le Sénégal de « seule société ouverte» en Afrique, se référant ainsi à la société ouverte et ses ennemis » de Popper. L’irresponsabilité des activistes est une menace pour la société ouverte qui se fonde sur le respect de la loi et des règles jeu du jeu et de l’offre démocratique. La désacralisation des institutions est une éventuelle restriction des libertés publiques est une menace pour notre société ouverte et notre démocratie.
C’est pourquoi, Majorité, opposition, société civile et citoyens ordinaires doivent dénoncer cette irresponsabilité ; ceci, surtout dans un contexte mondial de lutte contre le terrorisme, où dans beaucoup de démocraties la liberté a été sacrifié à l’autel de la sécurité. Et cher « ami » mais quand même vrai compatriote Sonko, le Sénégal est l’une des rares exceptions où on jouit encore pleinement de la liberté même de mendier et d’insulter son donateur.
par Madiambal Diagne
LE TRIBUNAL DE LOUGA AURA JUGÉ MAIS N'AURA PAS RENDU JUSTICE
Quelle idée du président d’aller discuter devant caméras avec le Khalife général des mourides,après que ce dernier ait fini de menacer l’Etat ? Comment les juges pourront-ils ne pas prendre cette rencontre comme une pression ?
Ce n’est pas un combat du bien contre le mal. L’histoire du talibé enchainé à Ndiagne est présentée à dessein comme un combat entre des forces bonnes du côté religieux, que des «complexés» et agents étrangers chercheraient à combattre pour les conditionner. L’Etat est vu comme le bras armé de tous ceux qui sont outrés par le traitement des jeunes dans les daaras. Un tel raisonnement ne tient guère, car la liste des morts d’enfants, de cas d’abus et de sévices est longue. Toute l’année durant, les rubriques des faits divers, dans la presse, relaient des cas de violences on ne peut plus sidérants. Au-delà de ce que révèlent les rapports des organismes et institutions compétents au Sénégal, qui ne cessent de montrer l’ampleur de la situation et de la gravité des faits, nous observons à chaque coin de rue, la maltraitance d’enfants en guenilles, faméliques, avec des plaies suintantes. Comme d’habitude, la défense choisie est de présenter cela comme un combat contre l’islam par des gens sans foi ni morale. Le plan de jeu reste le même. Faire le tour de toutes les maisons religieuses, indexer l’Etat comme cheval de Troie d’un mal étranger, l’invective et la caricature de «néo-colonisés» pour toute personne indignée. Le journaliste Barka Bâ a bien identifié cette barbarie qu’on tente de justifier par du populisme religieux. Le chercheur Amadou Sow a également déconstruit, d’une façon édifiante, l’éducation par les sévices corporels dans notre société en présentant l’éducation religieuse et des pratiques traditionnelles comme les cérémonies entourant la circoncision. La lecture de L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane n’aura pas été plus actuelle.
Face à un acte ignoble qu’on ne peut que condamner par humanisme et par logique, les ennemis sont vite trouvés et deux camps, que rien ne pourront concilier, vont encore s’affronter. On dit bien que lorsqu’on a sa conscience pour soi, la fabrique d’ennemis est libre et notre morale est la seule qui vaille. Nul ne serait surpris de voir les défenseurs du Serigne Daara être les premiers à s’indigner si une image de violence aussi terrible, sortait d’une cérémonie traditionnelle, propre à nos aïeux, qu’on aime disqualifier en converti assumé de «ceddo». Nous nous indignons des sévices et autres traitements infligés par les personnes mises en esclavage durant la traite négrière. Dire que Khadim Guèye, le maitre coranique de Ndiagne, a utilisé les mêmes outils et méthodes barbares que les négriers du 15ème siècle pour entraver de pauvres mômes sur qui il avait une autorité et une mission de les éduquer !
Au-delà d’un sentiment humaniste et d’une empathie qu’on ne pourrait inculquer à tous, le problème des talibés dans son ensemble sera, dans un horizon à moyen et long termes, une sérieuse claque pour notre société. On ne peut laisser des jeunes dans la rue, de la toute petite enfance à la fin de leur adolescence, sans aucune formation. La seule chose à laquelle ils sont formés est de quémander ou pire d’exiger des pièces. S’ils n’y arrivent pas, ils s’adonnent à des larcins sans se rendre compte qu’ils sont en train de s’exercer, de se former à devenir de grands brigands de demain. Il nous revient encore les paroles de Elvis Presley dans In the Ghetto qui disait en 1969 : «Dans le ghetto, vous autres ne comprenez-vous pas ; cet enfant a besoin qu’on l’aide ; ou tôt ou tard il deviendra un jeune homme plein de rancœur ; regardez-vous et moi ; sommes-nous trop aveugles pour voir ; ou ne faisons-nous que détourner le regard pour regarder de l’autre côté.» C’est donc notre responsabilité à nous tous. Le parent qui envoie son enfant dans ces conditions, la société qui laisse faire, l’Etat qui détourne le regard, la personne complice qui donne une pièce ou une aumône quelconque (pour se protéger d’on ne fait quel mauvais sort) à cet enfant. Ce geste, peut-être naïf ou innocent, justifie que cet enfant soit utilisé comme un agent économique dans une vulgaire opération de traite de personnes. On va relire La grève des battù de Aminata Sow Fall.
En atteignant la majorité, de tels jeunes seront amers, si aucune perspective viable ne leur est offerte. La société qui a observé en silence et a été complice de leur difficile sort sera la première à subir sa furie. Espérons avoir tort !
Une élite faussement bigote
La situation récente sur les talibés éclaire le jeu trouble de l’élite intellectuelle et économique sénégalaise. Le jeu d’une carte populiste à fond, fait d’un discours d’une orthodoxie sincère et d’un profond respect des valeurs traditionnelles s’expose au grand jour. Ils sont nombreux à s’empresser pour donner des parcours de jeunes formés à la dure, d’une éducation de braves leur ayant donné une orthodoxie. L’hirondelle qui ne fait pas le printemps. Toutefois, ils ne diront pas que leurs familles et proches sont dans les meilleures écoles du pays, exclus de tout ce système qui fait des enfants des machines à sous, proies de tout détraqué et exutoire de toute violence. A nos enfants, les meilleurs des avantages ; à la masse de se débrouiller avec sa progéniture ! Tant dans les établissements d’enseignement laïc que ceux d’orientation religieuse, les classes sont remplies d’enfants de l’élite sénégalaise qui ne se gêne pas de voir des talibés martyrisés ou enchainés, mais collerait un procès au premier enseignant qui rabrouerait ses propres enfants. C’est cette même élite qui, pour protéger des intérêts et conforter sa posture, ne se gêne pas pour appeler chefs religieux, prédicateurs et communicateurs traditionnels à faire montre d’une sincérité face à un Etat «sans valeur», voire athée, à la solde d’intérêts étrangers pour implanter des valeurs qui ne sont pas les nôtres. La sympathie populaire se gagne vite en se peignant comme un individu qui a trimé, fait face au pire de ce que la société sénégalaise offre à l’enfance mais qui aura sa réussi. La pièce du pieu à fond dans les valeurs morales et du faux dévot, est celle que joue le mieux l’élite sénégalaise. Qui parmi les défenseurs du marabout tortionnaire peut dire à la face du monde avoir envoyé son propre enfant à ces «daaras» où ils nous disent avoir été personnellement brimés ? Qui parmi ces chefs religieux qui voudraient sauver un modèle d’éducation religieuse ringard, archaïque et inhumain, peut nous dire que ses propres enfants ou ses petits-enfants sont dans ces daaras et dans de telles conditions ? Qui peut nous faire croire que l’éducation religieuse islamique tiendrait à la souffrance et à la «martyrisation» de l’apprenant ? Qui parmi ces personnes qui tiennent tant à conserver ces modèles d’un autre âge, pousse sa foi et son attachement atavique à ce modèle jusqu’à renoncer aux avantages et autres conforts qu’offre la modernité ? Et puis, il y en a certes qui ont été dans des daaras où ils avaient été torturés et qui ont réussi dans leur vie. Combien ont connu des chemins de traverse du fait de mauvais traitements dans ces lieux d’éducation ? Ces derniers n’ont sans doute pas eu l’occasion d’exposer dans les médias leurs blessures, leurs balafres et leurs drames.
Une autre chose également condamnable dans cette situation, est la posture transparente des acteurs de la Société civile et du monde politique. L’entrain qui est montré pour des questions politiques n’est pas le même pour le sort des enfants dans un pays jeune. Mise à part l’interpellation du gouvernement par la députée Mame Diarra Fam à l’Assemblée nationale, les déclarations sensées et fortes sur ce sujet sont rares. Au contraire, la plupart de ceux qui se prononcent justifient l’acte ignoble du maitre coranique de Ndiagne. A la vérité, ce n’est ni plus ni moins qu’une forme d’apologie du crime. On regrettera une fois de plus que ce soit des autorités morales et religieuses qui s’empressent de monter au créneau pour parler sans aucune lucidité ou connaissance des questions. Le Président Macky Sall semblait avoir compris le danger de voir les chefs religieux donner l’impression de diriger le pays ou de guider les décisions majeures dans la vie de la Nation, quand il les exhortait en quelque sorte à rester à leur place. Il n’est pas fortuit que toutes les grosses polémiques qui ont eu à occuper l’opinion publique, les derniers mois, sont consécutives à des sorties inopportunes de chefs religieux.
La défiance sans fin à l’autorité publique
La chose qui est le plus à regretter dans toute cette situation est la mise à sac du Tribunal de Louga. C’est effroyable. Nous n’avons cessé d’alerter dans ces colonnes sur la défiance répétée à l’autorité publique et sur le manque de respect à la chose commune. Le Sénégal se mue lentement en un Etat où le désordre et la désobéissance sont les voies privilégiées pour se faire entendre. Le respect dû aux institutions se perd et chaque citoyen pense pouvoir faire justice ou rétablir ses droits par la force des insultes, de la violence et d’une pression quelconque. Il revient à l’Etat républicain, pour le bien de tous, de se montrer maître du jeu. Il y a un ordre et une stabilité à garder. L’onction accordée au pouvoir est de veiller à la sécurité de tous et au respect de tous. Quel message est renvoyé à des magistrats dont les audiences peuvent être sabotées par des groupes mécontents ? Quelle image peut-on donner aux forces de sécurité si toute personne mécontente ou insatisfaite se mettait à casser du tout et impunément ? Quelle image renvoie-t-on à un pays majoritairement jeune en sabotant et en troublant l’ordre, même dans la faute ? Le ministre de la Justice, Me Malick Sall, a promis une traque des responsables et des sanctions à la hauteur de leurs actes délictuels, nous attendons de voir. Il serait triste que dans quelques mois, une nouvelle tribune revienne parler du sort des talibés ou de l’impunité des vandales du Tribunal de Louga, alors que tout un dispositif légal existe pour y mettre un terme de façon concertée et définitive.
L’autorité de l’Etat se trouve bafouée à chaque instant et cet Etat est orphelin de défenseur et protecteur. Quelle est cette idée du président Macky Sall d’aller discuter, devant les caméras, avec le Khalife général des mourides, immédiatement après que ce dernier avait fini de menacer l’Etat ? Comment les juges en charge du dossier en cause pourront-ils ne pas prendre cette rencontre comme un signal, une forme de pression sur la décision qu’ils sont appelés à prendre dans cette affaire pendante devant leur juridiction ? Comment cet Etat du Sénégal n’a pas été capable de protéger le Tribunal de Louga des vandales, en dépit des réels risques et menaces qu’on pouvait facilement percevoir avec les déclarations intempestives entendues çà et là ? L’Etat n’a pas l’excuse d’avoir été surpris par ces hordes de vandales. Aussi, plus d’une semaine après les faits, aucune arrestation n’a été opérée dans les rangs de ces personnes qui se pavanent dans les rues pour se vanter de leur geste. Plus grave, d’autres guides religieux déclarent publiquement enjoindre leurs fidèles à aller occuper la prison de Louga, en cas de condamnation de Khadim Guèye. Ce ne serait peut-être pas trop demander aux juges de Louga, dans le rendu de leur verdict le 4 décembre 2019, de prendre leurs responsabilités en toute conscience et que si cela leur chante, les autorités de l’Etat puissent intervenir dans les limites de leurs prérogatives pour faire bénéficier, après coup, de mesures particulières aux personnes mises en cause. Quelqu’un avait saccagé le stade de Mbacké et l’avait annoncé urbi et orbi, pour ne s’en tirer qu’avec une faible peine de sursis. Si, encore une fois de plus, les vandales du Tribunal de Louga restent impunis et que ce sinistre tortionnaire de maitre coranique de Ndiagne, s’en sort sans coup férir, l’autorité de l’Etat et le sens de la justice en prendront un sacré coup. Si le juge absout le bourreau de Ndiagne, «il aura jugé mais n’aura pas rendu justice», pour paraphraser le célèbre avocat français, Eric Dupont-Moretti. Il est encore désolant que la classe politique se taise comme une carpe, face à cette agression contre l’ordre républicain perpétrée au Tribunal de Louga. Les juges n’ont eu la vie sauve qu’en se réfugiant dans les bas-fonds de leur tribunal. Nous le disions dans une chronique en date du 11 novembre 2019, que seul le calendrier électoral intéresse nos hommes politiques sénégalais !
«CE FACE-A-FACE ENTRE NOUS ET LES ONG ME GENE PARCE QUE NOUS AVONS LES MEMES OBJECTIFS»
Diplomate de formation, Mbaye Babacar Diop, nouveau directeur des Droits humains, parle dans cet entretien de l’affaire des daaras, de l’homosexualité, de Karim Wade.
Diplomate de formation, Mbaye Babacar Diop, nouveau directeur des Droits humains, parle dans cet entretien de l’affaire des daaras, de l’homosexualité, de Karim Wade. Sans langue de bois, il dit tout.
Aujourd’hui, l’actualité est dominée par l’affaire des talibés de Ndiagne qui a choqué tout le monde. Quelle est votre réaction en tant que directeur des Droits humains ?
Il y a trop d’amalgame qui a amené certains à croire et à dire que l’Etat combat les daaras. Si on commet certains actes, on tombe sous le coup de la loi. Il faut faire œuvre de pédagogie sur certaines questions. Le parent a le choix, mais il n’a pas le choix d’amener son enfant vers ce qu’on appelle «l’esclavage» parce qu’il faut faire la différence entre la question des daaras, celle de la mendicité et des non talibés enfants dans la rue. Pour moi, il faut essayer de voir quelle est la perception que le Peuple sénégalais a des actions menées par l’Etat. Et aussi il y a un travail de pédagogie qui a commencé parce que je crois beaucoup à la concertation…
Est-ce qu’il n’y a pas un problème de formation des maîtres coraniques sur ces questions-là ? Je sais que ce n’est pas évident aussi en parlant de ce volet formation parce qu’il suffit de mémoriser souvent le Coran et d’ouvrir son propre daara. Qu’est-ce que l’Etat va faire et qu’est-ce que votre direction compte faire pour régler définitivement cette question-là ?
Vous avez parfaitement raison et l’Etat en est conscient. Et dans le Programme de modernisation des daaras, il y a eu des objectifs qui sont déjà atteints. Il y a eu des formations qui ont été déjà organisées. Ce n’est pas suffisant, mais c’est un pas. On ne force pas les gens à être formés. Ceux qui ont accepté d’adhérer à ce programme ont été formés. Il y a 200 maîtres coraniques qui ont été formés. Et justement la formation a un double sens. Il s’agit d’avoir la même lecture parce que même l’interprétation des textes sacrés, que ce soit le Coran ou autre, on n’est toujours pas d’accord et c’est enrichissant. Donc c’est intéressant de comprendre pourquoi l’Etat doit respecter tel engagement ou doit agir dans l’intérêt de tout le monde. Et dans la formation, ce n’est pas seulement la mémorisation, mais d’avoir des outils pédagogiques et de connaître les limites à ne pas franchir dans ces outils-là. Parce que si on prend l’argument religieux, l’Etat a l’obligation de défendre les enfants. Et dans ce programme de modernisation des daaras, il y a eu un partenariat avec la Banque islamique de développement (Bid). Il y a eu 10,3 milliards de F Cfa qui ont été investis dans le cadre dudit programme. Et pour l’amélioration des conditions de vie et d’apprentissage des enfants, l’Etat a mis 3,7 milliards de F Cfa. Pour l’amélioration physique du cadre de vie au niveau des structures religieuses et des villes religieuses, l’Etat a mis un milliard pour la construction des infrastructures. C’est en sens que 26 daaras ont été construits entre 2012 et 2015 au niveau de plusieurs cités religieuses, notamment Touba. Si quelqu’un donc est contre quelque chose, il ne va pas s’engager là-dessus. L’Etat a tout pris en charge. Il faut arrêter de voir des enfants exclus du système. L’Etat ne va pas dire que par force ton enfant ne va pas apprendre le Coran.
Il y a aussi le business des enfants qu’on fait mendier. Il y a eu des statistiques qui ont montré que des enfants passent leur temps à mendier. Ils font plus de 5h par jour pour mendier…
Et l’Etat ne peut pas ne pas réagir. C’est pourquoi l’Etat amis en place en 2019 le Centre national de protection de l’enfant (Cnpe). Il y a eu un recensement à Dakar. Et les statistique sont montré qu’il y a 1 006 écoles coraniques et 54 mille 837 talibés dont 53% pratiquent la mendicité. Maintenant le débat, c’est où sont les 47% ? Cela prouve qu’il y a des Serigne daraas qui maintiennent leurs talibés dans leurs daraas. Et si vous faites votre propre sondage, il y a des enfants qui ne peuvent même pas réciter un Fatiha parce qu’ils n’ont même pas le temps d’étudier. Dans ces 53% de daraas qui pratiquent la mendicité, 91% consacrent entre une heure à 5 heures à la mendicité. Les autres heures, ils font quoi ?L’Etat a aussi investi sur des infrastructures parce qu’il y a le problème de sécurité. Il y a le cas des enfants qui ont été brûlés ici à la Médina. Est-ce qu’on va continuer comme ça ? Si l’Etat intervient, on dit qu’il fait de l’ingérence. S’il n’intervient pas, on dit qu’il est négligent. Et l’Etat ne saurait être négligent. Et dans les statistiques, on a compris que 19% de ces daraas sont dans des maisons en construction et 17% sont dans des zones inondées.
Mais si on parle d’inondation, il y a le droit à la santé aussi. Est-ce qu’un Etat responsable doit accepter cela ? Et 5% sont dans des maisons abandonnés où il peut y avoir à tout moment un drame. L’Etat n’a pas le droit de voir des citoyens être exposés comme ça. C’est pourquoi il prend ses responsabilités. Il faut qu’on essaye de gérer cet amalgame-là ; celle consistant à dire qu’on est contre les daraas et les Serigne daraas alors que l’Etat même accompagne ces daraas et Serigne daraas qui le veulent. Il y a eu des subventions de 300 mille F Cfa pour les aider. Pour lutter aussi contre la mendicité, il y a eu des programmes pour améliorer l’alimentation des enfants en collaboration avec l’Unicef…
Par rapport à l’affaire des talibés, on sait qu’il y a eu d’abord la publication du rapport du Comité, mais ensuite un reportage de Cnn et après le tollé avec les médias sénégalais et même internationaux. Est-ce qu’on ne peut pas craindre une coïncidence troublante par rapport à ces faits-là, et également n’y a-t-il pas toujours un forcing du comité des droits de l’Homme pour vraiment que le Sénégal éradique complètement ce problème des enfants talibés ?
Ce n’est pas de mon ressort d’analyser les calendriers et les agendas quand nous sommes dans ces situations. Ce qui est important, c’est de faire des constats. Et j’en profite pour vous dire que le Sénégal répond scientifiquement, objectivement et diplomatiquement. Le Sénégal n’a jamais fui le débat alors qu’il y a des pays puissants qui sont interpellés par le comité et qui décident de ne pas y aller. Le Sénégal a toujours pris ses responsabilités. Maintenant ces questions de pression, le Sénégal ne va pas réagir sous pression. Et répondre à la pression signifie qu’on n’était pas capable d’être conscient et sensible à nos propres problèmes. Je ne vois pas comment on peut être plus consciencieux que le Sénégal par rapport à la question des enfants. C’est pour dire qu’on n’a même pas besoin de pression. Et s’il y a pression, ça vient de nous-mêmes parce qu’on ne pas se développer sans éduquer nos enfants. C’est une masse critique d’enfants et de jeunes biens éduqués qui permettent d’atteindre nos objectifs de développement durable. On n’a pas besoin de pression par rapport à l’extérieur parce que le Sénégal est conscient de ses devoirs. Ça je peux vous rassurer. Et il faut qu’on essaye de voir avec les médias pour la sensibilisation. Je crois que c’est mon boulot, c’est dans mes missions de faire la promotion des droits humains. Il faut que l’on essaye de voir comment travailler à la perception des droits humains sur tous les angles…
On parle aussi des questions de torture…
Il y a beaucoup de chantiers au Sénégal, mais je pense qu’il ne faut pas dramatiser. Les choses pour moi se passent convenablement et si je le dis je l’assume. Il y a des gens qui parlent de tortures. Est-ce qu’ils ont vu des gens être torturés ? Moi j’en ai vu dans d’autres pays d’Afrique. Il faut que l’on se dise la vérité, le Sénégal est très en avance non seulement par rapport à l’Afrique, mais au monde. On a beaucoup d’acquis et nous n’allons pas raser les murs. Mais dire aussi que tout est rose, nous n’avons plus notre place ici. Si tout est rose, on n’aurait pas créé la direction des Droits humains. Il se trouve qu’il y a des améliorations à faire. Le président de la République a donné des instructions au gouvernement, lors du dernier Conseil des ministres, pour une modification de la loi sur le viol et la pédophilie.
C’est en droite ligne avec les politiques de lutte contre la violence basée sur le genre. Pour moi, les droits civils et politiques sont importants certes, mais dans la prise en charge de certains aspects des droits humains, à mon sens, il y a un déficit, pour ne pas dire une discrimination. Les plus forts d’une manière générale ne s’en occupent pas. Ces handicapés là, nous avons voté une loi d’orientation sociale le 6 juillet 2010. Et dans la mise en application il y a beaucoup d’avancées qui ont été faites par le gouvernement. Mais le président de la République a dit qu’il faut encore aller plus loin et plus fort. Il a demandé une évaluation prospective de la loi d’orientation sociale.
Est-ce qu’il y a un budget carrément réservé à la promotion des droits humains ? Est-ce que cette année il a connu une hausse à l’Assemblée nationale ?
Si, il y a un budget. C’est sensiblement la même chose. Notre rôle c’est que nous sommes dans le côté à la fois technique, promotion, stratégique et veille, c’est-à-dire nous ne sommes pas très loin des Ong. C’est pourquoi si je vois ce face-à-face entre nous et les Ong, ça me gêne parce que nous avons les mêmes objectifs. Même les journalistes, il y a ceux qui ne connaissent pas la direction des Droits humains. Je me suis rendu compte de cela. Et ce n’est pas la faute des journalistes, c’est nous. C’est ma responsabilité d’aller vers les Sénégalais à travers vous pour leur dire que : voilà ce que nous avons déjà fait et voilà ce que nous comptons faire, voilà nos responsabilités et nos objectifs et ensemble nous allons voir comment construire… Le Sénégal ne peut pas faire preuve de faiblesse sur ces questions de moralité et sur celles qui sont dans l’obligation de l’Etat. Et c’est vraiment pour vous rassurez. Il y a les questions des handicapés, des femmes, mais également l’éducation des jeunes filles, les Droits économiques, sociaux, culturels (Desc), les enfants, en fait tous les domaines.
Vous avez été nommé à la tête de la direction des Droits humains après le passage du Sénégal devant le Comité des droits de l’Homme où l’affaire Karim Wade a suscité beaucoup de commentaires…
S’agissant du cas de Karim Meïssa Wade, j’assume ma position, car ce que je dis sur cette affaire m’engage personnelle Mbaye Babacar Diop, directeur des Droits humains au ministère de la Justice Diplomate de formation, Mbaye Babacar Diop, nouveau directeur des Droits humains, parle dans cet entretien de l’affaire des daaras, de l’homosexualité, de Karim Wade. Sans langue de bois, il dit tout. «Ce face-à-face entre nous et les Ong me gêne parce que nous avons les mêmes objectifs» Propos recueillis par Djiby DEM et Bocar SAKHO - d.dem@lequotidien.sn-bsakho@lequotidien.sn ment. Je me rappelle une lettre ouverte qu’il, alors tout puissant, avait adressée aux Sénégalais. Ma position à l’époque comme aujourd’hui ne souffre d’aucune objectivité. Je parlais de M. Karim Wade quand il était puissant, je n’aime pas parler des gens qui ont perdu le pouvoir. Ça m’avait touché, mais négativement. J’étais en 2004 en Israël et en Palestine dans le cadre d’études diplomatiques des Nations unies. Et j’ai été interpellé par le patron de l’industrie de l’aviation civile pour me demander si je connaissais Karim Wade. Je lui ai dit que je connais son père. Il m’a dit qu’à l’époque on l’appelle «Monsieur 10%». Ça me gênait et je lui ai dit : «Pourquoi vous dites ça» ? Parce que, lorsque le Sénégal cherchait la flotte pour Air Sénégal, les négociations n’avaient pas abouti dans le sens souhaité parce qu’il y avait des exigences. Ce n’est pas une accusation. Mais je pense que les gens doivent être cohérents même s’ils pensent qu’on doit donner de l’argent. Mon rôle est que les droits de chacun soient préservés, que ça soit Karim Wade ou un autre… Avec le Comité des droits de l’Homme des Nations unies qui n’est pas une juridiction, on parle du cas de Karim Wade, mais on oublie ou laisse de côté la Cedeao avec sa Cour de justice qui est la juridiction communautaire compétente en matière de violation des droits de l’Homme en Afrique. Celle-ci s’est prononcée sur cette affaire, sur les prétendues violations droits civils de Karim Wade de participer librement à la direction des affaires publiques de son pays et des droits utiles à son pays en rendant un arrêt le 4 mars 2019 en ces termes : «Sur la violation de participer librement à la direction publique de son pays, la Cour de justice de la Cedeao constate que le rejet de l’inscription de Karim Meïssa Wade sur la liste électorale, alors qu’il aspire à la plus haute fonction au niveau étatique, constitue certes une restriction à son droit de vote, mais celle-ci est faite en application de la loi, notamment L31 du Code électoral qui vise à réprimer sévèrement certains faits lorsqu’ils sont commis par des personnes dépositaires de l’autorité publique.»
Cette privation de l’exercice du droit aux suffrages est attachée de plein droit à diverses condamnations pénales sans que le juge qui décide de ces mesures ait à les prononcer expressément. A mon avis, il faut toujours être dans une posture d’éclairage de l’opinion. C’est d’ailleurs dans mes prérogatives de veiller et de promouvoir les droits de tous les citoyens, c’est dans mes prérogatives en tant que directeur des Droits humains ; qu’il s’agisse de Karim Wade ou de n’importe quel autre Sénégalais.
Qu’en est-il des engagements pris à Genève sur l’affaire Karim Wade ?
(Catégorique). Il n’y a pas eu d’engagement pris à Genève. On doit cesser la désinformation, les fake news. Il n’y a pas d’engagement. Il n’y a aucun engagement pris à Genève. Nous sommes dans un Etat organisé. Les messages du gouvernement sont envoyés par un canal officiel, diplomatique, des écrits via le ministère des Affaires étrangères. Qu’il s’agisse du cas de Karim ou d’un autre, il n’y a pas eu de cas spécifiques mentionnés dans les documents de réponse. C’est cela la réalité et personne ne peut le nier. Maintenant, s’il y a des gens qui veulent faire croire à l’opinion autre chose, je leur concède ce droit, mais je précise encore une fois que le cas de Karim n’a pas été évoqué. On doit essayer d’avancer. Sur tout ce que le comité a dit, on fait dire au Sénégal ce qui n’a pas été mentionné dans le document officiel.
On parle de plus en plus de la question de l’homosexualité… Et le Comité en a fait référence ?
Pourquoi ceux qui parlent du cas de Karim Wade ne feraient pas comme le président de la République et le ministre de la Justice qui se sont tous prononcés explicitement sur les questions qui touchent fondamentalement la structure, le socle de notre société. Est-ce qu’il n’est pas temps d’interroger les acteurs de la société civile, l’opposition pour de manière responsable qu’ils se prononcent et nous disent ce qu’ils pensent de ce comité et de ce qu’il défend. De toutes les façons, je vous assure que le Sénégal n’accepte pas et n’acceptera pas des ingérences de cette nature (Ndlr : la légalisation de l’homosexualité). A la société civile maintenant de nous dire sa position sur ce point précis, car l’Etat a de manière responsable répondu au Comité. Nous attendons que les acteurs de la société civile, notamment ceux qui parlent du cas Karim Wade et ceux qui font de la politique politicienne, nous disent ce qu’ils pensent réellement du Comité des droits de l’Homme de l’Onu qui demande au Sénégal une abrogation pure et simple de l’article 319, alinéa 3 du Code pénal sénégalais. (Ndlr : l’homosexualité est punie au Sénégal par l’article 319 du Code pénal, alinéa 3, issu de la loi 66- 16 du 12 février 1966). L’article stipule que : «Sans préjudice des peines plus graves prévues par les alinéas qui précédent ou par les articles 320 et 321 du présent Code, sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 100 mille à 1 million 500 mille francs, quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe. Si l’acte a été commis avec un mineur de 21 ans, le maximum de la peine sera toujours prononcé.» Enlever cet article du Code pénal est une porte ouverte à des dérives, ce sera la fin de notre histoire et de notre existence.
Le Comité des droits de l’Homme des Nations unies veut forcer le Sénégal à accepter les relations contre nature, à légaliser l’homosexualité, mais le Sénégal n’acceptera pas. Même un couple marié religieusement ou traditionnellement entre une femme et un homme reconnu par la loi divine et humaine ne peut pas se permettre de faire tout ce qu’ils veulent dans la rue. L’émanation d’une loi prend en compte toutes les dispositions psychologiques, anthropologiques, culturelles et sociologiques. En prenant en compte tous ces aspects, le Sénégal a fait des lois dont certaines sont contre de manière générale à tout ce qui est attentatoire à nos mœurs. Me Malick Sall que j’ai côtoyé depuis quelques années est un homme digne, intègre, généreux, dont la seule vocation est de travailler pour faire avancer notre pays. Notre rôle est de travailler pour la stabilité, la cohésion et la paix.
Sur ce point, le Sénégal peut bien compter sur l’appui des guides religieux qui ont été très fermes sur ces questions. Est-ce qu’il n’est pas temps de trouver des consensus forts sur ces questions nationales ?
Au niveau de l’Eglise comme chez les musulmans, les postures sont bien coordonnées. C’est cela qui fait aujourd’hui le fort du Sénégal. La Société civile même doit être sur cette ligne, car on doit trouver des consensus forts et définitifs sur des questions d’intérêt national. Les questions de laïcité, c’est un concept polysémique, car on y met tout ce qui colle à nos propres réalités. Dès lors, une chose peut être acceptée en France et bannie au Sénégal ou ailleurs et vice-versa. Il faut parfois relativiser pour permettre au dialogue de s’installer et de continuer entre les cultures et laisser chacun s’enraciner et s’ouvrir. Pour reprendre un de mes professeurs de Philosophie à l’Université, «on doit être capable d’adopter et d’adapter»
Est-ce qu’il n’est pas temps de trouver des points de convergence sur certaines questions avec la Société civile ?
Le premier dossier que le ministre de la Justice m’a confié a été de choisir quelqu’un qui doit remplacer un commissaire au niveau de la Commission de protection des données personnelles. Pour trouver le bon profil, j’ai pris mon téléphone, j’ai appelé les acteurs de la Société civile, Alioune Tine, Me Assane Dioma Ndiaye, Moundiaye Cissé de l’Ong 3D, entre autres, pour me proposer quelqu’un. A travers son Cv (Curriculum vitae), il a été pris et de mon avis, c’est la personne qu’il faut à la place qu’il faut. Bref, cela résume qu’on doit dialoguer et trouver des consensus sur des questions essentielles et d’intérêt général. C’est en tout cas cette démarche inclusive que j’ai choisie, à savoir de poser sur la table toutes les questions pour trouver des réponses dans l’intérêt des Sénégalais, en parfaite cohérence avec la législation.
DES DEPUTES EXPRIMENT LEURS PREOCCUPATIONS SUR LA SECURITE
Ils ont mis à profit l’examen du budget2020 du ministère de l’Intérieur pour interpeller Aly Ngouille sur les «impairs» sécuritaires ayant permis aux manifestants d’arriver devant les grilles du Palais.
Des députés ont exprimé dimanche leurs préoccupations, après que des protestataires, dont l’activiste Guy Marius Sagna, ont réussi à arriver jusque devant les grilles du Palais présidentiel, vendredi, lors d’une manifestation contre la hausse du prix de l’électricité.
Ils ont mis à profit l’examen du budget2020 du ministère de l’Intérieur pour interpeller Aly Ngouille sur les «impairs» sécuritaires ayant permis aux manifestants d’arriver devant les grilles du Palais. Le député de l’opposition, Cheikh Bamba Dièye, s’étonne du temps de réaction des Forces de sécurité. «Au-delà de l’événement, je pense que la marche doit être autorisée. Mais ce qui m’intéresse, c’est le manque de réactivité (des Forces de défense et de sécurité)», a-t-il déclaré.
Il est d’autant plus surpris que la zone entre la Place de l’Indépendance et le palais de la République est un espace très sécurisé. L’ancien ministre pointe «la responsabilité de tous» dans ce qui s’est passé, demandant d’«apporter une réponse appropriée pour apaiser les esprits». Le leader du Fsd/Bj relève par ailleurs que pendant ces deux dernières années, le pays est «resté fragile» concernant la drogue, les agressions, les vols à main armée. «Tout cela impacte notre qualité de vie. De plus, il faut veiller au temps de réaction des forces de police dans les grands centres urbains et à Dakar», a-t-il estimé.
La députée de Benno bokk yaakaar (Bby, majorité présidentielle), Mariama Ndiaye, insiste elle sur la «sécurité du Président». «Quelque part, il y a eu des failles sécuritaires vendredi. Il faut des sanctions. On attend des sanctions», a-t-elle préconisé. Pour le député Bby de Sédhiou, Yaye Dianko, cette situation «inquiétante», est même «une offense à la République».
Plusieurs autres députés de la mouvance présidentielle comme Aïda Sow Diawara et Djibril War ont appelé à des «sanctions exemplaires» à l’encontre de ceux qui ont tenté de marcher devant les grilles du Palais présidentiel. Pour Pape Songué Diouf, il ne fait aucun doute : ceux qui se sont accrochés aux grilles du Palais, «sont capables d’attaquer le président de la République lui-même».
L’AVOCAT DES FAMILLES DES VICTIMES DU MASSACRE THIAROYE SAISIT LE PARQUET DE PARIS
La sanglante répression du camp de Thiaroye, perpétrée le 1er décembre 1944 par l’Armée française, a été commémorée hier.
La sanglante répression du camp de Thiaroye, perpétrée le 1er décembre 1944 par l’Armée française, a été commémorée hier. Me Hervé Banbanaste, avocat au Barreau de Paris et de plusieurs fils de victimes de ce massacre, va introduire aujourd’hui une requête préalable à une demande de procès pour éclairer cette page douloureuse de l’histoire : «Je travaille avec Madame Armelle Mabon, historienne française, spécialiste de la question.
Une requête préalable à une demande de procès en révision sera déposée le 2 décembre prochain devant Monsieur le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Paris», explique l’avocat. Il motive cette décision : «Sur le fondement des dispositions de l’article 626 du Code de procédure pénale français, nous demandons l’ouverture d’une enquête et notamment la localisation des fosses communes et l’exhumation des corps aux fins d’expertise médico-légale. Seule une mobilisation de l’opinion publique semble de nature à entraîner la réouverture de ce dossier. Mes clients souhaitent relancer l’enquête pour qu’enfin la lumière soit faite sur cette page douloureuse de l’histoire coloniale.»
Par ailleurs, l’Association des juristes africains (Aja) demande à la France de tout faire pour aider à une «clarification définitive» au sujet du massacre du camp de Thiaroye par la restitution de tous les documents y relatifs. Ce dimanche, l’Aja a profité de ce jour anniversaire pour appeler la France à aider à faire la lumière sur cette tragédie. «L’Aja demande au gouvernement français de tout mettre en œuvre pour contribuer à la clarification définitive de cette douloureuse page de l’histoire coloniale en restituant l’ensemble des documents relatifs à cette affaire», lit-on dans un communiqué.