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6 octobre 2025
LE CREDIT MUTUEL DU SENEGAL EN ZONE DE TURBULENCE
Le collège des délégués du personnel a déposé, hier, sur la table du Directeur général du Travail et de la Sécurité sociale, sa plateforme revendicative.
Le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) renoue avec la crise. Tout au moins, le collège des délégués du personnel a déposé, hier, sur la table du Directeur général du Travail et de la Sécurité sociale, sa plateforme revendicative. Les travailleurs se désolent du climat social actuel et exigent plus de considération.
La grogne s’accentue au Crédit Mutuel Sénégal (CMS). Les travailleurs, par le biais de leurs syndicats respectifs, sont allés hier se plaindre chez le Directeur général du Travail et de la Sécurité sociale. Ainsi, ils ont déposé leur plateforme revendicative dans laquelle ils ont consigné tous les griefs qu’ils reprochent au top management de l’institution financière.
Dans la lettre dont «L’As» détient une copie, les mandataires des collèges des Délégués du personnel sollicitent en application des dispositions L 272 du Code du travail, l’intervention des autorités en charge du respect des droits des travailleurs auprès de leur employeur, le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS). En effet, ils estiment que depuis plus de trois ans, ils traversent une situation très difficile qui se traduit, selon eux, par une dégradation des relations personnelles et de travail ; une violation continue de la législation du travail ; une démotivation du personnel dans sa majorité ; et une faible évolution de notre niveau d’activité.
Conscients de cette situation et convaincus qu’il est encore possible de sauver leur entreprise, les syndicalistes demandent au Crédit Mutuel Sénégal de «réviser l’accord d’entreprise suite au projet soumis par les délégués du Personnel et à l’engagement de l’employeur ; de payer la prime de productivité conformément à l’Accord d’Entreprise». Ils espèrent ainsi que l’autorité arrivera à une conciliation sur le différend les opposant à leur employeur. Cette crise survient après une longue période d’accalmie au niveau de l’institution financière. En fait, les dernières tensions au sein du CMS remontent à deux ans, période à laquelle les travailleurs réclamaient la fin de l’administration provisoire, mais aussi le versement des primes de productivité et de mission pour les exercices 2016. Il déplore également le non-respect jusque-là par l’Administration du CMS de l’accord d’entreprise signé depuis février 2017.
A préciser que les syndicalistes se sont toujours montrés ouverts au dialogue pour trouver une issue heureuse à leurs doléances. A rappeler que le Crédit Mutuel du Sénégal a été créé en 1988 suite à une coopération entre la France et le Sénégal avec comme mission principale de financer les démunis. En 2000, il est devenu une Institution de finance et de micro finance. C’est en 2004 que le CMS a eu son premier directeur noir en la personne de Mamadou Touré décédé en février 2018.
NOO LANK TAILLE EN PIECES SENELEC
Face à la presse hier, «Noo Lank» a présenté un mémorandum intitulé «Soupçon de fraude : comment la Senelec rackette les Sénégalais» dans lequel il démonte en pièces les arguments du gouvernement concernant la hausse du prix de l’électricité
Le collectif «Noo Lank» change de stratégie et passe à la vitesse supérieure dans sa lutte contre la hausse du prix de l’électricité. Face à la presse hier, «Noo Lank» a présenté un mémorandum intitulé «Soupçon de fraude : comment la Senelec rackette les Sénégalais» dans lequel il démonte en pièces les arguments du gouvernement concernant la hausse du prix de l’électricité. A les en croire, la Senelec a fraudé avec la complicité de la Commission de Régulation du Secteur de l’Electricité (Crse). Le président de Sos Consommateur, Me Massokhna Kane, demande l’audit du plan «Yeesal», de l’ASER et de la SENELEC.
Comme il l’avait annoncé dans le cadre de sa nouvelle stratégie de lutte pour obtenir du gouvernement le retrait de la mesure de hausse des prix de l’électricité, le collectif «Noo Lank» a présenté hier son mémorandum. Il s’agit d’un document de 26 pages intitulé «Soupçon de fraude : comment la Senelec rackette les Sénégalais» qui comporte les arguments du collectif de se révolter contre la mesure impopulaire du pouvoir d’augmenter les prix de l’électricité. Pour Aliou Sané et ses camarades, l’argument du gouvernement est infondé. «Il s’agit d’une stratégie frauduleuse sans scrupule basée sur une surestimation arbitraire et exagérée. Cette hausse est un moyen pour le gouvernement de permettre à la Senelec de transférer et de repartir sa dette au niveau des consommateurs.»
Pour asseoir leur thèse, les camarades de Bentaleb Sow évoquent le traitement que la Crse a réservé à l’approbation de la nouvelle grille tarifaire que lui a adressée la Senelec. «La Commission a validé la grille tarifaire en moins de 24h, ce qui ne respecte pas les lois et règlements», relèvent-ils avant de citer l’article 36 alinéa 6 du contrat de concession entre l’Etat du Sénégal et la Senelec qui stipule que «si la révision envisagée est telle que l’un au moins des nouveaux tarifs soit supérieur ou inférieur de plus de 5% aux tarifs correspondants appliqués durant les douze mois précédents, la Senelec soumet à la Commission un projet de révision et la Commission dispose d’un délai de deux mois à compter de la réception du projet de révision pour faire connaître sa décision.» Ce qui les pousse à dire que le travail de contrôle n’a pas été fait par la Commission qui, selon eux, s’est comportée comme une «sous-direction» et a permis à la Senelec de «s’auto-entraîner».
Toujours dans sa démarche de déconstruction de l’argumentaire de gouvernement, «Noo Lank» rappelle la hausse exponentielle des factures de l’électricité le mois même de l’entrée en vigueur de la mesure. «Au cours du mois de décembre, les clients de la Senelec ont été surpris de voir leurs factures connaître une hausse exagérée alors que les factures portent sur une période de consommation antérieure à l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs», indiquent Aliou Sané et Cie. Ainsi, le Collectif demande à la société nationale de l’électricité de cesser immédiatement la surestimation arbitraire et frauduleuse. «Le doute n’est plus permis sur la fraude qu’est en train d’opérer la Senelec en concomitance avec la Crse pour épurer sa dette.» D’ores et déjà, «Noo Lank» demande au Président Macky Sall d’annuler la hausse des tarifs de l’électricité et de saisir l’Inspection Générale d’Etat(Ige) afin d’évaluer la gestion de la Senelec, de 2012 à nos jours.
AUDIT DES STRUCTURES PUBLIQUES D’ELECTRICITE
Ayant pris part à la rencontre, le président de Sos Consommateurs, Me Massokhna Kane, se réjouit du combat mené par le collectif «Noo Lank». Pour lui, le Sénégal devait baisser les prix de l’électricité de moins de 30% au lieu de ramer à contre-courant.
Rappelant une batterie de mesures prises par le chef de l’Etat allant dans le sens d’assouplir l’accès à l’électricité, le défenseur des consommateurs trouve paradoxal qu’en 2020, les prix de l’électricité flambent. «Lorsqu’on dit qu’on va produire 1 229 MW, donc plus que le besoin des Sénégalais qui était environ de 800 MW, on ne va pas louer un bateau turc pour 5 ans pour une somme de 115 milliards Fcfa qui doit produire 240 MW. On ne peut pas être en surproduction et aller même jusqu’à envisager de vendre de l’électricité en Gambie et en Guinée Bisseau et aller louer des bateaux pour vous fournir de l’électricité», clame Me Massokhane Kane qui estime que tout ce qui a été avancé pour justifier cette hausse n’est pas fondé. «Comme mesure, il faut auditer le plan Yeesal.
Dans le plan Yeesal, dans le plan 2016- 2020, on nous avait promis qu’en 2020, on allait vendre le courant entre 60 et 80 F le Kwh. Maintenant, on en est au double. Ce qui veut dire que ce plan a échoué et qu’il faut l’auditer», fulmine-t-il. D’autant que beaucoup de centaines de milliards de F Cfa ont été investis dans le plan.
Dans la foulée, ils demandent également l’audit de l’Aser. Il estime d’ailleurs que l’audit de cette agence permettra d’éclairer la population sur l’électrification rurale. Poursuivant sa liste de revendication, il demande l’éclatement de la Senelec qui a été décidé depuis maintenant 10 ans afin de réduire ses charges. En outre, le leader consumériste demande la libération de Guy Marius Sagna qu’il considère comme un otage de la Senelec.
CHAQUE ANNEE, 2,5 MILLIONS DE TONNES DE GAZ SERONT PRODUITES
Dans le but d’avoir une meilleure exploitation du gaz naturel liquéfié en 2022, le Sénégal et la Mauritanie ont signé un accord de vente et d’achat du Gaz Naturel Liquéfié (Gnl).
Dans le but d’avoir une meilleure exploitation du gaz naturel liquéfié en 2022, le Sénégal et la Mauritanie ont signé un accord de vente et d’achat du Gaz Naturel Liquéfié (Gnl). Grâce à cet accord de partenariat, on assistera à une production annuelle de 2,5 millions de tonnes de gaz.
Dans le cadre du développement du projet du champ gazier Grand tortue GTA que le Sénégal partage avec la Mauritanie, les parties impliquées (États et compagnies pétrolières contractantes) ont convenu de commercialiser conjointement tout le Gaz Naturel Liquéfié (Gnl) de la phase 1 dudit projet, afin de l’optimiser. Ce champ gazier de GTA, à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie, sera développé en 3 phases. La première phase pour laquelle intervient cette signature de contrat produira environ 2,5 millions de tonnes par an (Mtpa) de Gaz Naturel Liquéfié (Gnl) pour l’exportation, et 70 millions de pieds cubes par jour de gaz, environ 500 mw électriques pour les deux marchés domestiques. Ces quantités sont équitablement partagées entre les deux pays, selon les conditions fixées par l’accord de coopération inter-Etats.
Selon le ministre mauritanien du Pétrole Mohamed Abdel Fata, la signature de cet accord permettra à l’horizon 2022 de proposer au marché international une offre de Gnl dont la quantité est estimée à 2,5 millions de tonnes par an à partir de la phase 1. «Le choix de la société Bpgn comme acheteur de GTA a été fait à la suite d’un processus mené conjointement entre nos deux sociétés nationales. Le processus de négociation démontre notre volonté commune de mutualiser nos efforts en meilleur positionnement commercial au sein d’un marché mondial en concurrence perpétuelle», dit-il.
Pour sa part, le ministre du Pétrole et des Energies Mouhamadou Mactar Cissé estime que la signature du contrat d’achat et de vente du gaz naturel liquéfié démontre, si besoin en était encore, les liens fraternels solides qui unissent nos deux Etats, pour avancer ensemble dans le chemin du développement harmonieux. «Le champ gazier de GTA sera développé en trois phases. La première phase produira au total environ 2,5 millions de tonnes par an de gaz naturel liquéfié pour l’exportation», soutient-il. Interpellé sur la nécessité de conclure actuellement un contrat de vente alors que la production ne démarre qu’en 2022.
Mactar Cisse explique : «Contrairement au pétrole brut, le gaz naturel ne se stocke pas aisément. Ces équipements nécessitent un niveau d’investissement par mètre cube du gaz naturel liquéfié très élevé, en comparaison au coût de stockage du pétrole brut. Cela induit un certain nombre de contraintes pour les projets gaziers. Dans l’industrie du gaz, contrairement au pétrole, il faut d’abord trouver le marché avant d’exploiter le gaz». De l’avis de Mouhamadou Makhtar Cissé, environ 5 milliards de dollars américains, soit environ 3 000 milliards de FCFA, sont nécessaires pour réaliser les investissements de production de la première phase de GTA.
«LE MEDICAMENT QUI TUE AUJOURD’HUI S’APPELLE PLAN EMERGENT»
C'est l'avis de Marème Touré, vice-présidente du Codesria à l’occasion du symposium en hommage à Samir Amin,
Les intellectuels présents à Dakar, à l’occasion du symposium en hommage à Samir Amin, se sont penchés sur les intentions qui se cachent derrière la création de la Zone de libre échange continentale africaine et les plans émergents, sève nourricière des politiques économiques de plusieurs pays africains. Pour eux, ce ne sont que de nouveaux outils utilisés par le système capitaliste pour appauvrir davantage le continent africain.
L’absence des étudiants qui n’ont pas répondu présent à ce symposium en hommage au professeur Samir Amin qui, pourtant, a enseigné dans cette université, n’a pas tempéré la densité des discussions des intellectuels qui prennent part à cet évènement. Et hier, le thème général des panels portait sur la gouvernance mondiale. Et certains intervenants ont profité de cette occasion pour remettre en question la Zlecaf et le Pse.
Sur ce dernier, la sociologue Marème Touré est formelle : «Le médicament qui tue aujourd’hui s’appelle Plan émergent’’, s’insurge la vice-présidente du comité scientifique du CODESRIA avant d’ajouter : «Sénégal émergent, Cameroun émergent ; et quand on questionne l’émergence, on se rend compte que l’émergence, c’est la transformation structurelle de nos économies et on ne peut pas transformer structurellement nos économies si on ne transforme pas structurellement nos mentalités.» Chef de section des Sciences humaines au bureau régional de l’UNESCO en Afrique de l’ouest, elle rappelle aussi que les formes de domination sont multiples.
Pour la célèbre journaliste du Monde diplomatique, Anne Cécile Robert qui a pris part à la rencontre, le monde se trouve en 2020 à un moment de crise de la mondialisation économique en tant que projet idéologique. «Et il y a donc un espace qui s’ouvre et qui donne une possibilité pour investir nous-mêmes et promouvoir nos propres idées», souligne la journaliste Spécialiste des questions africaines. Elle soutient toutefois qu’en Afrique, il y a une violence extrême du libre échange et surtout le rôle néfaste joué par l’UE dans la manière dont les pays européens imposent le libéralisme qui est un médicament qui tue l’Afrique.
De son avis, aujourd’hui, les politiques néolibérales s’appellent «programme de lutte contre la pauvreté. Mais c’est la même chose en fait, on continue à privatiser, on continue à faire du libre-échange et sur ce rapport, je considère le projet de la ZLECAF comme la poursuite du néolibéralisme», affirme Mme Robert qui ajoute qu’il faut se méfier des habits neufs du néolibéralisme.
LE DG MAMADOU DJIGO EXPLIQUE LES CONTOURS DE CE JOYAU
Le Directeur général de l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (ANAT) sort de l’ombre
Interview réalisée par Ousseynou BALDE |
Publication 12/02/2020
Le Directeur général de l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (ANAT) sort de l’ombre. Ingénieur de formation, Mamadou Djigo s’était fixé un objectif de doter le Sénégal d’un plan national d’aménagement du territoire en six ans. Faisant partie des expatriés qui ont décidé de rentrer pour booster l’économie du pays auprès du nouveau président Macky Sall, Mamadou Djigo s’était emmuré dans un silence assourdissant depuis na nomination. Malgré les crocs-en-jambe de certains de ses anciens ministres, il a résisté aux coups de boutoirs. C’est seulement sous Oumar Guèye qu’il atteindra l’Himalaya avec l’adoption de ce plan qui s’étend jusqu’en 2035, par un conseil présidentiel. Dans cet entretien avec «L’As», il décline les grands axes du nouveau Plan. Le responsable Apr de Koungheul confie que le document renseigne sur les disparités territoriales, les causes des inondations et des mauvais découpages administratifs. D’ailleurs, il informe qu’une stratégie de correction des incohérences des découpages administratifs est mise en place. Mamadou Djigo annonce le vote de la loi d’orientation du plan national d’aménagement du territoire au mois d’avril pour la mise en œuvre du plan.
«Le plan national d’aménagement et de développement territorial (PNADT) est un plan d’organisation intelligente de l’espace. L’aménagement du territoire n’est rien d’autre qu’un ensemble de dispositifs de techniques, d’actions et d’interventions afin d’assurer une bonne réponse à la demande de la population etc. Un plan d’aménagement, c’est en réalité la planification spatiale. Maintenant, lorsqu’on a un territoire, il faut voir comment faire pour bien l’organiser, répartir les populations, les infrastructures, les hôpitaux, les rails, les routes et voir comment sécuriser le territoire etc. Ainsi le plan d’aménagement du territoire consiste à regarder le passé, faire avec le présent et s’orienter vers le futur. Puisque si on ne se projette pas vers le futur, on sera victime quasiment de toutes les tentations. Par exemple, si vous avez un espace et que vous laissez faire, les gens vont habiter dans des zones inondables. Mais si vous cartographiez les zones inondables et que vous interdisiez aux gens d’y habiter, ils vont forcément s’installer dans des zones propres à l’habitat.
LES INONDATIONS ET LES MAUVAIS DECOUPAGES S’EXPLIQUENT PAR L’ABSENCE D’UNE LOI D’ORIENTATION DU PLAN D’AMENAGEMENT DE 1997
Le Sénégal disposait d’un plan d’aménagement du territoire, mais malheureusement ce plan devrait être accompagné par un certain nombre d’outils, notamment la loi d’orientation, pour qu’il soit opposable au tiers. Mais ce plan de 1997 qui a été élaboré pendant 20 ans n’a pas été accompagné par une loi. Du coup, le déséquilibre entre Dakar et le reste du pays s’est accentué. Les gens sont allés s’installer dans des zones inondables alors qu’un bon plan pouvait nous éviter cela. Aussi les problèmes des découpages administratifs des territoires s’expliquent par l’absence de la mise en œuvre de l’ancien plan parce qu’il n’y avait pas de lois et d’observatoire. On avait même demandé à l’époque un fonds d’impulsion pour la mise en œuvre de ce plan, mais le fonds n’a jamais été disponible. Le plan de 1997 devait aller jusqu’au 2021, mais le président de la République était obligé de mettre en place un nouveau plan parce que nous avons accumulé un retard de 12 à 15 ans. Du coup, il fallait faire un nouveau plan d’aménagement. La réalisation du nouveau plan a pris 6 ans.
BEAUCOUP DE DISPARITES ENTRE LES TERRITOIRES
Dans le diagnostic, nous avons constaté que le Sénégal dispose énormément d’eau. Nous avons des eaux souterraines, des eaux de surface et des eaux pluviales. Malgré cela, nous avons des difficultés dans l’agriculture et plusieurs localités ne disposent pas de l’eau potable. Pourtant, il fallait faire une petite gymnastique pour que les populations aient partout de l’eau potable. Nous avons constaté aussi la dégradation de l’environnement, l’avancée du désert, la perte de la biodiversité, l’exode rural et les systèmes productifs locaux sont restés traditionnels. Nous avons relevé l’avancée de l’érosion côtière, la disparition du couvert végétal, l’exode rural qui accentue le déséquilibre. On m’interpellait souvent sur la suppression des conseils régionaux et je répondais : parce que le système mis en place ne fonctionne pas. La preuve, la solde migratoire des régions du Sénégal était négative sur les régions de Dakar et de Diourbel. Cela veut dire que les entrées étaient supérieures aux sorties. Autrement dit, les autres régions n’étaient pas attractives. Cela continue d’accentuer la population à Dakar et crée l’insécurité, l’installation des populations dans des zones inondables, des embouteillages etc.
LE PLAN D’AMENAGEMENT PREND EN COMPTE L’ACTE III ET LE PSE
Non ! En fait, il ne s’agit pas de changer les choses automatiquement. La gestion d’un territoire est un processus. Le rythme n’est pas lent, mais il est bien soutenu. Je suis convaincu que d’ici 5 ans, les collectivités territoriales n’auront plus besoin de l’Etat. Avec l’Acte III de la Décentralisation, on aura des territoires viables et durables. Le président Macky Sall ne pouvait pas attendre le plan d’aménagement du territoire pour lancer l’Acte III de la décentralisation. Maintenant le plan tient compte de l’Acte III, du PSE et de sa vision. C’est la raison pour laquelle, il l’a validé le 24 janvier dernier. Maintenant, ce plan ambitionne de développer le Sénégal à partir de ses territoires par une bonne structuration de l’espace et une valorisation de ses ressources et potentialités.
STRATEGIE DE CORRECTION DES INCOHERENCES DES DECOUPAGES ADMINISTRATIFS
Pour élaborer le plan d’aménagement, nous avons tenu 14 comités régionaux de développement et après le diagnostic, nous avons encore tenu 14 autres réunions. Il y a eu énormément de difficultés liées aux découpages administratifs. En réalité, il y a des découpages qui n’étaient pas motivés par le développement, mais plutôt par la politique politicienne. On a fait des découpages sans aucune étude et sans une base technique. Ce qui a enfanté des territoires qui ne sont pas viables. Il faut reconnaître aussi que dans les anciennes communautés rurales, il n’y avait pas de limites. Sur ce plan, nous avons proposé dans le cadre de la gouvernance territoriale, la correction de toutes les incohérences. Le Ministère des Collectivités territoriales, en collaboration avec le Ministère de l’Intérieur à travers l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (Anat) et la Direction générale de l’administration territoriale (DGAT), a mis en place une stratégie de correction des incohérences. Il y aura de nouveaux découpages et la métropolisation. Mais sur les limites des anciennes communautés rurales, les difficultés sont liées à la rédaction des décrets. C’est la raison pour laquelle nous avons prévu de rédiger tous les décrets. Ainsi au lieu d’utiliser des marqueurs qui peuvent disparaître, nous allons mettre des points géographiques. Nous avons même commencé à mettre en œuvre le plan d’aménagement national du territoire. Car dans les recommandations du plan, il est prévu de rédiger tous les décrets. Nous avons proposé cinq niveaux dans le cadre de la hiérarchie fonctionnelle des établissements humains. Dakar sera une métropole internationale. Il est prévu 10 métropoles d’équilibre et des métropoles régionales. Il y aura aussi des centres secondaires stratégiques et des centres relais. Et c’est à partir des centres relais qu’il faut développer le territoire. En fait, des remodelages sont en train d’être faits parce que la gouvernance de certaines de nos grandes villes n’est plus adaptée ; par exemple : le continuum Dakar-Pikine-Guédiawaye jusqu’à Diamniadio.
LA LOI D’ORIENTATION DU PLAN NATIONAL D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE SERA VOTEE AU MOIS D’AVRIL
Les grandes affectations sont au nombre de quatorze. On a divisé le territoire national en quatorze zones et chaque grande affectation a une vocation dédiée. C’est une manière de territorialiser l’ensemble des politiques publiques. Il y a aussi la structuration du territoire par rapport à un transport multimodal. Pour la réalisation du plan, on a impliqué toutes les structures de l’Etat, mobilisé toutes les universités et recruté trois bureaux d’études. J’ai rencontré en dehors des équipes, plus de 200 personnalités. Maintenant, la loi d’orientation du plan national d’aménagement et du développement territoire sera votée au mois d’avril prochain. Après le vote de la loi, tout se fera en conformité avec ce plan. L’Etat se battra pour mettre en place les infrastructures qui figurent dans le plan. Le plan devait coûter 2,5 milliards mais on a dépensé moins. Il s’étale jusqu’en 2035, mais il est révisable chaque année. Aussi nous avons développé un outil qu’on appelle observatoire national pour le développement des territoires. Il va évaluer le plan.
LE CLUB VIRE LE MIS EN CAUSE ET APPORTE DES PRECISIONS
L’affaire du scandale sexuel qui a secoué le centre de formation Dakar Sacré-Cœur (D1 Sénégal) continue de susciter des indignations. Hier, le club de football a viré le mis en cause qui n’est personne d’autre que le chargé de la Cellule de performance
L’affaire du scandale sexuel qui a secoué le centre de formation Dakar Sacré-Cœur (D1 Sénégal) continue de susciter des indignations. Hier, le club de football a viré le mis en cause qui n’est personne d’autre que le chargé de la Cellule de performance. La direction a également expliqué de façon détaillée la procédure qui a abouti à l’arrestation d’Olivier Sylvain, en poste depuis 2019.
LES FAITS
Dakar Sacré-Cœur est au centre des débats avec une sombre histoire de scandale sexuel. Chargé du pôle performance au sein du club, Olivier Sylvain est directement cité dans cette affaire qui a secoué le monde du football. Au lendemain de l’éclatement du scandale, la direction du club a apporté ses explications. «L’équipe de football de l’AS Dakar Sacré-Cœur informe avoir dû mettre un terme, avec effet immédiat, à sa collaboration avec un volontaire du club, arrivé en octobre 2019, en charge de la Cellule de Performance, pour des faits contraires aux principes et valeurs qui sont les nôtres, mais aussi celles de nos partenaires. Ces faits se seraient déroulés dans le cadre des activités du secteur football professionnel de notre club. Dès qu’elle en a été informée, la direction du club a pris les mesures nécessaires pour que cet individu soit interpellé par les forces de police», informe un communiqué de Dakar Sacré-Cœur. Mais pour arriver à l’arrestation de la personne au cœur de cette histoire, le club a fait preuve de retenue et de maîtrise absolue. Selon le texte, tout est parti de propos rapportés par des collaborateurs du pôle médical, faisant état de conversations entre joueurs du Centre de formation, autour de gestes inappropriés de la part du Responsable du Pôle Performance (RPP).
Informés de ces propos le 6 février dernier, le Coordinateur Sportif et le Responsable Club Citoyen ont déclenché une procédure d’enquête interne. Le lendemain, c’est-à-dire le vendredi, trouvant les éléments de l’enquête interne suffisamment graves et édifiants, le Coordinateur Sportif et le Responsable Club Citoyen ont souhaité rencontrer le président Délégué du club, à savoir Mathieu Chupin. Suite à leur exposition des faits, une cellule de crise sera immédiatement mise en place. Sans attendre, le président Délégué a rédigé et transmis directement une lettre de signalement au Commissariat Central de Dakar.
L’INTERPELLATION
Il faudra attendre le samedi 8 février pour voir la police entrer dans la danse. Après avoir eu suffisamment d’informations, les forces de police, en collaboration étroite avec les responsables du club, ont procédé à l’interpellation de l’individu. Selon le communiqué de Dakar Sacré-Cœur, cela s’est passé samedi, peu après 9h. Le 10 février, Olivier Sylvain a été déféré et placé sous mandat de dépôt. Dans la même journée, explique le texte, les quatre (4) victimes présumées (à ce stade de l’enquête) ont été reçues individuellement par le président Délégué et ses proches collaborateurs. Leur responsable légal était également de la partie. En marge de ces échanges entre les différentes parties, une plainte commune a été déposée au Commissariat Central de Dakar.
UNE CELLULE PSYCHOLOGIQUE CONSTITUEE
Face à l’ampleur de la situation, la direction de Dakar Sacré-Cœur a pris les devants. Une cellule de soutien psychologique a été aussitôt constituée. « Le Président Délégué a réuni lundi tous ses collaborateurs afin de leur exposer les faits. En parallèle, tous les joueurs du Centre de Formation ont été individuellement reçus par la psychologue du club. Dans le cadre de la cellule de soutien psychologique, une permanence a été mise en place pour apporter son aide à toute personne qui en ferait la demande », renseigne le texte. Au titre des mesures prises, la Direction du club a rencontré les parents des nouvelles victimes présumées identifiées à l’issue de la journée du lundi 10 février 2020. Il en sera de même pour les autres joueurs du Centre de formation. Alors que les gens craignent d’autres nouveaux cas, Dakar Sacré-Cœur cherche encore les moyens de protéger les présumées victimes. « Compte tenu de la gravité des faits et afin de protéger nos joueurs et leurs familles, la préoccupation première du club à ce stade demeure la protection des victimes présumées et la collaboration pleine et entière avec la police et la justice pour faire toute la lumière sur cette affaire. Le club communiquera ultérieurement en fonction des avancées du dossier, si nécessaire », détaille le communiqué. Actuel deuxième au classement de la Ligue 1 sénégalaise, Dakar Sacré-Cœur avait fini de s’imposer comme un des centres les plus fiables du pays. Partenaire privilégié de l’Olympique Lyonnais depuis 2015, DSC avait récemment renouvelé pour deux ans son compagnonnage avec le club français. Et avec ce scandale qui n’a pas encore révélé tous ses secrets, le club peut compter sur le soutien de ses partenaires stratégiques. « En marge de l’ensemble de ces dispositions, les principaux partenaires du club ont été informés de la situation. Ils ont confirmé leur soutien au club dans sa démarche transparente de signalement », a ajouté le texte.
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ÉTO'O REJETTE L’IDÉE D'UNE CAN TOUS LES QUATRE ANS
Présent dans l’émission « Le débat africain » d’Alain Foka sur RFI, l’ex-attaquant camerounais est revenu sur le discours, à Rabat, du président de la Fifa, Gianni Infantino, que certains ont considéré comme paternaliste
Présent dans l’émission « Le débat africain » d’Alain Foka sur RFI, l’ex-attaquant camerounais Samuel Eto’o est revenu sur le discours, à Rabat, du président de la Fédération internationale de football (Fifa), Gianni Infantino, que certains ont considéré comme paternaliste.
« Il y a un partenariat gagnant-gagnant entre la Fifa et la CAF. Je suis proche de Gianni Infantino et d’Ahmad. Mais je crois que Gianni Infantino a manqué de tact. Surtout qu’il a les portes de la CAF grandes ouvertes », affirme l’ancien joueur du FC Barcelone, interviewé par Alain Foka dans «Le débat africain».
« Avant, entre la CAF et la Fifa, les relations n’étaient pas bonnes. Mais ça ne donne pas le droit aux autres de nous imposer des choses », ajoute le Camerounais précisant qu’il a été « très dur » sur le sujet lors d’un entretien avec Gianni Infantino. « Je n’accepte pas ce qu’il a dit », lâche-t-il.
Une CAN tous les 4 ans ? « C’est plutôt l’intérêt des Européens »
« La CAN génère vingt fois moins que l'Euro. Avoir une CAN tous les deux ans, est-ce bien sur le plan commercial? Cela a-t-il permis de développer les infrastructures? Pensez à l'organiser tous les quatre ans », avait notamment déclaré Gianni Infantino aux délégués des 54 fédérations nationales africaines de football, au Maroc.
Samuel Eto’o a un point de vue bien tranché. « Est-ce l’intérêt des Africains d’organiser une CAN tous les quatre ans? Je crois que c’est plutôt celui des Européens. Ils veulent avoir à disposition les Mohamed Salah, Sadio Mané ou Pierre-Emerick Aubameyang », avance Samuel Eto’o. « La Fifa défend l’intérêt des clubs européens », insiste l’ancien international.
« Où va-ton trouver l’argent avec une CAN tous les quatre ans ? »
« Comment va-t-on financer notre football? Où va-ton trouver l’argent avec une CAN tous les quatre ans ? », questionne l’ancien « Lion indomptable ». « Nous devons mettre notre football au niveau de celui des Européens.» Et selon Samuel Eto’o, c’est ce que le président Ahmad «est en train de faire».
Quant à la «mise sous tutelle » de la CAF par la Fifa, Samuel Eto’o ne voit pas les choses de cette façon. « Nous avons demandé l’aide de la CAF pour aller plus vite dans la restructuration », argumente Eto’o, au sujet d’une mission de six mois de Fatma Samoura au Caire.
« Il faut une politique sur le continent africain pour développer les championnats. C’est ce qui permettra aux équipes nationales de ne pas vivre dans le chantage », conclut Samuel Eto’o.
L’idée agitée par la Présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), Aminata Mbengue Ndiaye sur le «statut particulier» à doter aux villes capitales de régions, comme celle de Dakar, inquiète plus d’un.
L’idée agitée par la Présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), Aminata Mbengue Ndiaye sur le «statut particulier» à doter aux villes capitales de régions, comme celle de Dakar, inquiète plus d’un. De l’avis de certains experts en décentralisation, qui ont requis l’anonymat, une telle décision sonnerait comme un recul sur les exigences de démocratie représentative, non sans trouver «fallacieux» les arguments servis par l’actuelle patronne des Verts. Ils restent formels que cela relève simplement de la politique politicienne.
La ville de Dakar, comme certains chefs-lieux de régions avaient, vers les années 60 à 70 des statuts spéciaux, avec à leur tête des administrateurs spéciaux nommés par l’Exécutif. Mieux, Dakar et certaines communautés rurales, du temps de Me Wade, avaient été mises sous délégation spéciale. Toutefois, ce statut ne doit aucunement durer un certain nombre d’années, dans la mesure où il est encadré par des critères. D’où certainement l’idée de «statut spécial» pour la ville de Dakar, tout comme les villes capitales de régions, d’autant plus qu’il ne peut pas rester sous délégation spéciale éternellement.
Cependant, la question de l’opportunité d’une telle mesure taraude les esprits d’observateurs avertis. En tout état de cause, des experts en décentralisation contactés par la Rédaction de Sud Quotidien battent en brèche les arguments servis par la Présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), Aminata Mbengue Ndiaye, en marge de l’ouverture de la première session ordinaire 2020 du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct).
Tout d’abord, ils expliquent qu’à l’état actuel de notre démocratie, l’ensemble des maires sont élus au suffrage universel (indirect). C’est-à-dire qu’ils passent par des élections et bénéficient de la démocratie représentative pour être élus. Donc, en termes clairs, leur légitimité vient des urnes. Pour ce qui est du statut spécial, selon eux, le maire peut être nommé par le président ou par un ministre, selon les dispositions d’une loi, à savoir le Code général des collectivités territoriales modifié ou d’un décret. Ce qui voudrait dire, dans le cas d’espèce, que la ville de Dakar sera mise sous tutelle de l’Etat qui va décider des grandes orientations et de qui il va mettre à la tête de la ville.
Sur cette base, ces experts pensent que le principe de la décentralisation sera dévoyé, d’autant plus que l’idée était de donner aux populations la possibilité de s’auto-administrer en élisant leurs maires, leurs présidents de conseils départementaux, etc. Une occasion de montrer, selon eux, qu’il y avait une démocratie locale.
Par conséquent, ces derniers soutiennent qu’une telle décision serait «une rupture du processus démocratique», qu’«aucun argument ne peut justifier».
Même la thèse de l’existence de conflits politiques entre l’exécutif central et le maire de la ville de Dakar ne tiendrait pas la route, à leur avis. Car, ils trouvent que «si chacun respecte son domaine de compétence, il n’y aura pas de problème». Mieux, ils considèrent même que le principe de la démocratie voudrait qu’il y ait des communes gérées par l’opposition.
Quid alors des différends entre exécutif et maire de la capitale sénégalaise qui plomberaient le développement de Dakar ? Sur ce point, ces experts précisent que les finances sont différentes et que la ville de Dakar dispose de ses propres ressources. Même pour ce qui concerne les dotations de l’Etat, ils expliquent qu’il y a des critères de répartition selon le régime financier des collectivités territoriales et que le budget de la ville ne va aucunement changer selon que le maire ait été nommé ou qu’il ait été élu. Ainsi donc, ils avancent l’argument «des calculs politiciens» pour justifier une telle initiative, non sans avertir qu’il ne faudrait pas que «les calculs politiciens prennent le dessus sur les exigences de démocratie représentative».
"L’IDÉE DE NOMMER LE MAIRE DE DAKAR VA DANS LE SENS CONTRAIRE DE LA PROPOSITION FAITE AU SEIN DU DIALOGUE NATIONAL"
Trois questions à Ababacar Gueye, professeur de droit public
Comment appréciez-vous la proposition allant dans le sens de doter d’un statut spécial la ville de Dakar avec un maire qui sera nommé par décret présidentiel ou par un arrêté ministériel?
Déjà Dakar depuis 2016 n’a plus le statut de commune de droit commun. En effet, elle a été érigée en ville depuis cette période. Aujourd’hui, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales a proposé de faire évoluer cette situation en renforçant le statut spécial de la ville de Dakar. L’un des points forts de cette proposition est la nomination du maire par le pouvoir exécutif. Cette situation pourrait entraîner une certaine incompréhension d’autant plus que la réforme de l’acte III de la décentralisation est en cours et n’a pas encore fait l’objet d’évaluation. N’oublions que cette réforme avait déjà fait évoluer le statut des villes.
Ensuite dans le cadre du dialogue national, on parle de la volonté d’élire le maire au suffrage universel direct. Or, cette idée de nommer le maire de Dakar va dans le sens contraire de cette proposition qui constituerait une véritable avancée d’un point de vue démocratique.
Quoi qu’il en soit, il ne faudrait pas que l’Etat par cette réforme remette en cause l’autonomie de la ville de Dakar en en prenant le contrôle avec un maire aux ordres parce que nommé par le Chef de l’Etat.
Une telle mesure ne remettrait elle pas en cause la vocation de la décentralisation dont le but est de rapprocher l’administration des administrés mais aussi de permettre aux populations de choisir leur maire ?
Le rapprochement de l’administration des administrés est plus un objectif de la déconcentration que de la décentralisation. Les collectivités territoriales sont davantage des cadres de gouvernance locale et d’impulsion d’activités de développement.
Aujourd’hui, c’est une mesure qui pourrait remettre en cause le principe constitutionnel de la libre administration des collectivités territoriales consacré par l’article 102 de la Constitution du Sénégal qui prévoit que «les collectivités territoriales constituent le cadre institutionnel de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques. Elles s’administrent librement par des assemblées élues. »
La lecture de ce texte pourrait faire penser que l’obligation d’élection ne pèse que sur l’organe délibérant qu’est le conseil municipal en l’occurrence. Mais pour respecter les principes de la démocratie locale, il faudrait que le maire soit au moins élu par les populations en tant que conseiller municipal.
Personne n’ose dire que la démocratie locale est remise en cause aux Pays-Bas et pourtant dans cet Etat, les maires sont nommés par l’exécutif. Mais en général c’est la personnalité présentée par la liste qui a remporté les élections qui est nommée. Donc quelqu’un qui a déjà la légitimité démocratique.
Toutefois compte tenu des différents conflits entre le maire de Dakar et l’exécutif, une telle idée ne pourrait-elle être considérée comme une panacée dans le but de développer la capitale sénégalaise qui semble en pâtir ?
Je ne partage pas du tout cette idée. Un comportement responsable des autorités étatiques et territoriales devrait permettre d’éviter que la ville de Dakar subisse les conséquences de conflits purement politiques. Dakar c’est la capitale du Sénégal, le siège du Gouvernement du Sénégal. Mais c’est aussi une collectivité territoriale et le maire de Dakar, malgré le dédoublement fonctionnel, doit travailler pour satisfaire les besoins des populations locales. C’est la mission que la loi lui confère. Donc, malgré les contingences et les adversités politiques, les deux autorités doivent collaborer pour participer efficacement chacune en ce qui la concerne à la réalisation de l’intérêt général. Tout le reste ne peut que mener vers des situations de blocage et d’inertie. Ce qui est préjudiciable aux intérêts des populations.
«LES EXPORTATEURS ONT INJECTE PLUS DE 100 MILLIARDS DE FCFA»
Dans une interview accordée à Sud Quotidien, le Ministre de l’agriculture et de l’équipement rural Moussa Baldé est revenu sur cette campagne à double vitesse qu’il juge «réussie».
La campagne de commercialisation de l’arachide de cette année a suscitée beaucoup de débats chez les acteurs de la filière. Pendant que les producteurs se frottent les mains, parce qu’ayant écoulé leurs graines à des prix dépassant de loin le prix plancher fixé à 210 francs, les Huiliers, eux, se plaignent car l’arachide est devenu une denrée rare sur le marché à cause des exportations. Dans une interview accordée à Sud Quotidien, le Ministre de l’agriculture et de l’équipement rural Moussa Baldé est revenu sur cette campagne à double vitesse qu’il juge «réussie». Car selon lui, les exportateurs ont injecté cette année dans le monde rural plus de 100 milliards de Fcfa sans que l’Etat du Sénégal ne débourse aucun franc. Mieux, les producteurs qui ont facilement écoulé leur productions à des prix record. Interpellé sur les statistiques du ministère jugées erronées par certains acteurs, le Ministre soutient qu’il n’a aucun argument scientifique pour contredire ces chiffres.
Certains acteurs de la filière disent que cette campagne est catastrophique. Qu’en pensez-vous ?
Je suis un mathématicien. Pour qualifier des choses, il faut qu’on s’entende sur des termes. Une campagne de commercialisation réussie, c’est une campagne où les producteurs arrivent à écouler leurs graines à bon prix. Cette année, tout le monde est d’accord que les producteurs ont écoulé leurs graines sans difficulté et à un prix jamais imaginé. Les prix ont haussé entre 250 et 325 francs le kilogramme. Aucun producteur n’avait imaginé qu’il pouvait vendre ses graines au bord de son champ à ces prix-là. Parmi les acteurs, il y’a un million de producteurs qui sont contents. Maintenant, on est d’accord qu’il y’a d’autres acteurs, en particulier les Huiliers qui n’ont pas pu collecter comme ils avaient l’habitude de le faire, en particulier la Sonacos. Ce qui peut menacer semble-t-il, 1500 emplois. Mais moi, en tant que ministre de l’agriculture, entre un million de producteurs et les 1500 emplois, je pense qu’on ne peut pas dire que la campagne est un échec. Les huiliers, depuis 3 ans achètent les graines à 150 francs le kilo gramme, pour les 210 francs, c’est l’état qui leur compensait à peu près 60 francs de kilogramme. Cette année, j’ai décidé qu’il n’y aurait pas de compensation. Cette compensation a coûté 33 milliards de francs CFA à l’Etat du Sénégal, les trois dernières années. J’aimerais bien savoir si la masse salariale des saisonniers de ces Huiliers a atteint 33 milliards F Cfa ces 3 dernières années. Je ne le pense pas. Les exportateurs ont injecté cette année dans le monde rural plus de 100 milliards de francs CFA, sans que l’Etat du Sénégal ne débourse aucun franc. Nous nous retrouvions dans le scenario, où les producteurs sont aux anges parce qu’ils ont vendu leurs graines environ 400 mille tonnes à plus de 250 francs, et les Huiliers qui sont à la peine. Mais étant donné que nous avons suspendu les exportations, nous espérons que le reste de la campagne qui court jusqu’au mois de mai, la Sonacos va pouvoir, elle aussi, avoir un taux de collecte raisonnable qui lui permet de faire fonctionner ses usiniers.
Avez-vous collecté suffisamment de semences pour la prochaine campagne agricole ?
Après 2 mois et 10 jours de campagne, le niveau de collecte global est d’environ 500 mille tonnes de graines coques parce qu’il ne faut pas confondre les graines décortiquées et les graines coques. On a collecté d’environ 500 mille tonnes. Nous avons les exportateurs qui ont exporté 200 mille tonnes, le 30 mille qui étaient déjà au Port que j’ai autorisé aussi pour l’exportation, soit environ 230 mille décortiquées. Si on convertit, c’est autour de 400 mille tonnes de graines. Le niveau de collecte des semences à ce jour est de 66 mille 430 tonnes de semences à certifier. Sur ces 66 mille 430 tonnes nous avons 55 mille 437 tonnes de semences certifiées. Sur un objectif global de 61 mille tonnes. Donc, nous avons atteint l’objectif à 83%, et nous pensons pouvoir atteindre l’objectif final d’ici la fin de la campagne en fin avril. Nous avons 9 mille tonnes de semence écrémées. Ce qui fait un total de 66 mille tonnes. On peut dire qu’actuellement notre objectif est couvert à hauteur de 83%.
Ensuite, il y’a les Huiliers. Cette année, il n’y a que la Sonacos qui s’active dans la collecte. La Sonacos à ce jour a collecté 18 mille tonnes environ. Sur cette collecte, on peut considérer que plus de 3 mille, c’est après la suspension. Donc la Sonacoss a bénéficié pour ce début de mois, aux effets de la suspension des d’exportations. Je rappelle que l’année dernière, à cette période, la collecte totale était au environ de 400 mille tonnes. Donc, la collecte de cette année est supérieure à ce jour à la collecte de l’année dernière.
Pourtant l’intersyndical des corps gras du Sénégal soutient que le chiffre de 1 million 400 mille tonnes avancé par le gouvernement comme étant la production de cette année est erronée. Sur qu’elle base faites-vous vos calculs ?
Vous savez, les méthodes utilisées par le ministère de l’agriculture, sont des méthodes qui sont rodées depuis plus de 5 ans. Ce sont des méthodes statistiques d’estimation, de production qui sont reconnues par les partenaires internationaux, en participer la FAO. Les enquêteurs de la direction de l’analyse et de la prévision des statistiques agricoles (Dapsa) sillonnent le pays avec un échantillon de 6 mille 300 ménages à l’intérieur du pays. Ce sont ces enquêteurs qui, depuis trois ans, quatre ans voire cinq ans, font l’estimation de la campagne. Ils ont estimé cette année la production à 1 million 400 mille tonnes. Je répète que je n’ai aucun argument scientifique pour contredire cela. Quand on regarde le niveau de collecte de cette année aujourd’hui 10 février (l’interview a été réalisée lundi, Ndlr), ce niveau est supérieur à celui qu’on avait l’année dernière à la même date. Je considère que le résultat est fiable, et la campagne sur le terrain prouve que leurs données sont fiables. Pour la production arachidière du Sénégal, il n’y a pas que la collecte officielle. Il y a beaucoup de personnes qui achètent des arachides et qui ne nous le déclarent pas. La deuxième chose, il y’a de producteurs qui ont gardé par devers eux, des milliers de tonnes qu’ils vont utiliser pour leurs semences, qu’ils ne nous déclarent pas. Tout le monde est d’accord qu’au Sénégal quand on regarde la consommation locale elle a été estimée il y a quelques années à 300 mille tonnes et je pense que cela n’a pas diminué. Je crois même qu’elle est supérieure à 400 mille tonnes. Donc, c’est l’ensemble de tout ça qui fait notre production arachidière. Encore une fois, je n’ai aucun argument scientifique pour contester les résultats qui m’ont été ramenés par le service des statistiques du ministère de l’agriculture.
Le gouvernement du Sénégal a pris la décision de suspendre les exportations de graines jusqu’à nouvel ordre. Cette mesure n’est-elle pas tardive ?
Absolument pas ! Lorsqu’on s’était réuni au début de la campagne, chacun des acteurs avait défini ses objectifs. Par exemple la Sonacos avait fixé un objectif de 150 mille tonnes et les exportateurs 400 mille tonnes. Aujourd’hui, ils ont atteint les 400 mille tonnes. Je rappelle que l’année dernière, ils n’ont pas atteint ces 400 mille tonnes jusqu’au 30 avril et j’avais suspendu les exportations jusqu’au mois de mai. Cette année, ils les ont atteint le 31 janvier et j’ai dit aux producteurs que j’ai
décidé de suspendre les exportations de graines. Donc, il y a aucune contradiction. Il y a rien de tardif encore moins quelque chose de précipitée. Ce n’est pas seulement une décision du ministère de l’agriculture mais une décision du comité de suivi de la campagne agricole. Et il y avait les exportateurs, les Huiliers et des producteurs. Ils ont dit : compte tenu du niveau de collecte atteint par les exportateurs, nous pensons qu’il est temps de suspendre les exportations.
Avec les exportations de graines, les Huiliers étaient pourtant obligés de revoir à la baisse leurs objectifs. Maintenant, qu’il y a le gel, pensez-vous qu’ils seront en mesure de collecter suffisamment de graines cette année tout en sauvegardant leurs emplois menacés ?
Je l’espère.
Certains acteurs de la filière réclament votre départ à la tête du ministère de l’agriculture. Qu’en pensez ?