MAIS POURQUOI VEULENT-ILS DÉBARQUER TIDJANE THIAM, LE PATRON DE CRÉDIT SUISSE ?
Depuis sa nomination, le cours de l'action de la banque a fait un bond de 20 % en un an. Alors que reproche-t-on à cet Africain dont la mère était une nièce de Houphouët-Boigny, et dont l'oncle a occupé les fonctions de Premier ministre au Sénégal ?
Le Point Afrique |
Ian Hamel |
Publication 06/02/2020
PRESSION. Malgré le fort soutien des principaux actionnaires de sa banque, le Franco-Ivoirien n'est pas en odeur de sainteté sur la place financière de Zurich.
– Au niveau de l'aura, la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), c'est un peu l'équivalent du Monde en Suisse alémanique. Ce quotidien conservateur a la réputation de défendre bec et ongles la place financière, et notamment les deux principaux établissements bancaires, l'UBS et Credit Suisse. Mais depuis quelques mois, la NZZ réclame avec constance le départ de Tidjane Thiam, directeur général de Credit Suisse, en fonction depuis juillet 2015. Ce Franco-Ivoirien, aujourd'hui âgé de 57 ans, dirigeait à Londres le groupe d'assurances Prudential quand il a été appelé à la rescousse de la deuxième banque de la Confédération en mauvaise posture. Depuis, Credit Suisse se porte mieux, sa masse sous gestion grimpe et le cours de son action a fait un bond de 20 % en un an. Alors que reproche-t-on à cet Africain, dont la mère était une nièce de Félix Houphouët-Boigny, l'ancien président de la Côte d'Ivoire, et dont l'un des oncles a occupé les fonctions de Premier ministre au Sénégal ?
Le banquier se déplace en hélicoptère
Le quotidien Le Temps de Lausanne titre sobrement : « Tidjane Thiam, le banquier qui n'était pas assez suisse. » « Il est brillant, mais il ne fait pas partie des élites habituelles », déclare un observateur de la place financière, qui rappelle « que les Suisses n'aiment pas toujours les têtes qui dépassent ». De plus, ce Franco-Ivoirien s'exprime en anglais et en français, mais pas en allemand. À Zurich, on n'aime guère son côté flamboyant : Tidjane Thiam n'hésiterait pas à se déplacer en hélicoptère… Le patron de Credit Suisse ne manque pas non plus d'ennemis à l'intérieur de la banque. À commencer par le Suisse Urs Rohner, le président du conseil d'administration de Credit Suisse ! Ce dernier est soupçonné d'avoir fait fuiter dans la presse la semaine dernière les noms des successeurs potentiels du Franco-Ivoirien.
Credit Suisse n'est plus suisse
L'Agefi, le quotidien de la finance, met encore davantage les pieds dans le plat : « Le plus désolant, c'est que cette discussion ne se fonde pas sur des critères objectifs, mais qu'elle se mène sur des bases émotionnelles pour ne pas dire sur des questions d'appartenance nationale », écrit-il. Tidjane Thiam se serait mis à dos tous ceux qui veulent que la Paradeplatz (la place dans la vieille ville de Zurich qui accueille l'UBS, Credit Suisse et la Banque nationale suisse) reste suisse. Or, la grande banque n'est vraiment plus suisse. Et ses principaux actionnaires, tous étrangers, soutiennent Tidjane Thiam.
Les principaux actionnaires à la rescousse
À commencer par la firme américaine Harris Associates (8,42 % des actions de Credit Suisse) qui menace de ne pas réélire… Urs Rohner, le président de la banque, si ce dernier n'apporte pas un soutien officiel à son directeur général ! La société d'investissement londonienne Silchester International Investors (3,3 % des actions) vient à son tour de plébisciter Tidjane Thiam. Même s'ils ne s'expriment pas officiellement, Qatar Investment Authority, son homologue norvégien, et le groupe saoudien Olayan Group ne semblent pas non plus mécontents des prestations de l'ancien patron de Prudential.
La banque accusée d'espionnage
Malgré tout, la grande banque suisse subit depuis septembre dernier une violente tempête. Elle a été contrainte de reconnaître qu'elle avait mandaté des détectives privés pour suivre son responsable de la gestion de fortune. Ce dernier venait d'être débauché par l'UBS, le principal concurrent. Pour éteindre l'incendie, deux hauts cadres de la banque, le Français Pierre-Olivier Bouée, directeur des opérations (et numéro deux), et Remo Boccali, le chef de la sécurité, ont démissionné. Officiellement, ils auraient pris la décision d'espionner Iqbal Khan, le responsable de la gestion de fortune, sans en informer Tidjane Thiam, le directeur général. Malgré tout, la presse helvétique ne s'est pas gênée pour raconter dans les détails l'animosité qui régnait entre Thiam et Khan, voisins sur les bords du lac de Zurich… De plus, en décembre 2019, la SonntagZeitung révélait que Credit Suisse surveillait depuis plusieurs années les activités de l'organisation Greenpeace en Suisse. Décidément.
PAR OMAR YOUM
LE RAPATRIEMENT DE NOS ETUDIANTS DE WUHAN N'EST PAS UNE SIMPLE QUESTION FINANCIÈRE
Le rapatriement doit se faire en respectant toutes les normes de sécurité pour préserver la santé des intéressés, du personnel d’appui, de l’équipage mais aussi celle de nos populations. A défaut, cela peut être une catastrophe sanitaire pour le Sénégal
Le rapatriement de nos jeunes étudiants sénégalais de Wuhan n’est pas une simple question financière. Pour un État comme le Sénégal faire voyager ses enfants de Wuhan à Dakar ou d’un autre endroit de la Chine n’est pas et ne sera jamais hors de portée.
En effet, le pays a toujours procéder avec responsabilité au rapatriement de ses fils et filles en détresse à travers le monde. Les dernières opérations, sauf erreur, remontent à 2017 pour les sénégalais provenant de Lybie ou du Niger. Il s’agissait de centaines de citoyens sénégalais. Donc, poser la problématique du rapatriement sous l’angle simplement financier, comme le font certaines déclarations populistes, est une ineptie. Le rapatriement doit se faire en respectant toutes les normes de sécurité pour préserver la santé des personnes à rapatrier, du personnel d’appui, de l’équipage mais aussi celle de nos populations (avion adéquat, normes sécuritaires du voyage, protection appropriée des passagers, centre d’isolement dédié etc.).
A défaut, le rapatriement peut être une catastrophe sanitaire pour le Sénégal. C’est donc pas un problème d’argent mais de précautions à prendre pour éviter tout risque sanitaire. Comme le disait l’autre « La santé dépend plus des précautions que des médecins ».
Restons unis et forts et en union de prières avec tous les peuples exposés à cette situation et en particulier les sénégalais(es) actuellement sur le sol chinois."
"PLUS IL Y A DE MILITAIRES FRANÇAIS AU SAHEL, PLUS IL Y A DE DJIHADISTES"
Barkhane renforce son contingent de 600 soldats, lequel passera de 4500 à 5100 hommes d'ici fin février. Quelle est la pertinence de ce renfort ? Décryptage de Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherche à Sciences Po et au CEPED
La force française Barkhane, engagée au Sahel contre les actions de plus en plus meurtrières des groupes djihadistes, renforce son contingent de 600 soldats, lequel passera de 4500 à 5100 hommes d'ici fin février. Quelle est la pertinence de ce renfort ? Analyse et décryptage de Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherche à Sciences Po et au CEPED, le Centre Population et Développement de l'Université Paris Descartes, spécialiste de l'Afrique et auteur de "La guerre perdue - la France au Sahel" (Ed. Lattès, 2020).
Afin de contrer les groupes djihadistes de plus en plus actifs et meurtriers depuis quelques mois et la reconstitution de l'hydre djihadiste aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la France a décidé de renvoyer des renforts. Engagée au Sahel depuis 2013, la force française Barkhane va ainsi passer de 4500 à 5100 hommes d'ici fin février. Soit une augmentation de 600 soldats supplémentaires déployés essentiellement dans cette zone dite des trois frontières" (Mali, Burkina Faso, Niger). Précision ce dimanche de la ministre française des Armées Florence Parly : "une autre partie de ces renforts sera engagée directement au sein des forces du G5 Sahel pour les accompagner au combat".
TV5MONDE : Pourquoi ce "surge" français en Afrique (en référence au "surge américain" en Afghanistan ou en Irak, autrement dit le renfort de troupes américaines en 2009 par Barack Obama et en 2007 par George W. Bush en Irak, ndlr) ?
Marc-Antoine Pérouse de Montclos : Je m'interroge un peu sur le pourquoi du comment de cette décision. Je crois qu'il faut d'abord demander à Mme Parly !
Peut-être la France a-t-elle trouvé que l'annonce de 220 hommes supplémentaires au sommet de Pau était un peu trop ridicule comme "surge" justement ? Peut-être y a-t-il des pressions des pays du G5 Sahel pour que la France en fasse davantage ?
Mon analyse personnelle, c'est qu'on peut mettre 200, 600 ou 800 hommes, ça ne changera rien au fond du problème. Car la solution est d'abord politique avant d'être militaire, et tant que la réponse des armées africaines, nos alliées sur place, ne s'est pas améliorée, je ne vois pas très bien comment on va sortir de ce bourbier. Sachant que la formation fournie par les armées françaises ou européennes aux armées locales n'a pour l'instant pas fait ses preuves. C'est aussi cela le fond du problème.
TV5MONDE : Ce renfort pourrait-il justement venir palier ce qui ressemble pour l'instant à l'échec du G5 Sahel (la force anti-terroriste conjointe regroupant le Mali, le Burkina, le Niger, le Tchad et la Mauritanie) en Afrique ?
MAPM : On continue d'être dans une logique de substitution. Nos partenaires africains n'arrivent pas à venir à bout de la menace donc on le fait à leur place. Je n'ai pas senti du tout d'inflexion majeure de la part des états de la zone pour améliorer leur réponse militaire. Puisqu'on sait très bien que les exactions commises par les armées entretiennent le conflit et qu'il y a vraiment de gros problèmes de commandement.
Il y a deux problèmes essentiels dans les armées africaines : la corruption (où part la solde des soldats qui induit un mécontentement interne et le manque d'équipement ?) et l'impunité. Un exemple assez probant c'est Sanogo, ce capitaine qui a fait le coup d'état au Mali en 2012, et qui a été promu général. Son coup d'état a en fait permis aux djihadistes de s'implanter durablement dans le nord du pays car l'armée était occupée à se battre dans Bamako ! Or Sanogo vient tout juste d'être libéré (il est en liberté provisoire depuis le 28 janvier 2020, ndlr) sans aucun procès. L'impunité, est d'autant plus flagrante que son adjoint (le général Ibrahima Dahirou Dembélé, ndlr) est depuis 2019 ministre de la Défense du Mali ! Quel signal voulez-vous envoyer aux armées africaines dans ces conditions ?
Le renfort de 600 soldats français va en fait entériner des pratiques qui ne permettent pas de lutter efficacement contre les insurrections de la région.
TV5MONDE : Quid du sentiment anti-français qui se manifeste au Mali ?
MAPM : A mon sens, il n'y a pas de lien entre la libération de Sanogo et le sentiment anti-français. Il ne faut pas donner trop de crédit à ces manifestations contre la présence de l'armée française. Ce qui est certain en revanche, c'est que pour les dirigeants des pays du G5 Sahel, et pas seulement au Mali, c'est très difficile d'admettre qu'ils sont incapables de gérer la situation eux-mêmes et qu'ils sont contraints de faire appel à l'ancienne puissance coloniale. Cela engendre beaucoup de frustration et d'humiliation. D'un côté ils ont besoin de l'armée française pour conforter leur régime. De l'autre, ils doivent satisfaire les demandes de leur population, de leur électorat, qui, 60 ans après leurs indépendances, s'interroge de plus en plus sur le rôle de l'ancienne puissance coloniale dans la zone.
TV5MONDE : Quelle est la stratégie de la France au Sahel ? Ne sommes-nous pas passé d'un scénario de désengagement à un scénario de renforcement aujourd'hui ?
MAPM : Je ne sais pas s'il n'y a jamais eu un scénario de désengagement. Le gouvernement n'a jamais dit à partir de quel moment il considèrerait possible de se retirer. Il n'y a pas de benchmark, il n'y a pas d'annonce, et les Français ne sont pas très curieux par rapport à cela. Depuis 2013 , on entend le même récit sur la menace terroriste et la nécessité de prévenir une possible attaque de ces groupes djihadistes en Europe, or cela n'a jamais été le cas jusqu'à présent. On est de ce point de vue là dans le cadre d'une guerre préventive. Et je trouve que de ce point de vue justement, les Français sont fort mal informés de ce conflit puisqu'on ne sait pas s'il y a un calendrier de désengagement et quelles seraient les conditions requises pour s'en aller. Pour l'instant on a l'impression qu'on est là ad vitam eternam. Je souhaite qu'il y ait des débats parlementaires plus vifs à ce sujet.
TV5MONDE : L'hydre djihadiste qui semble se reformer menace à présent l'Afrique de l'Ouest. N'est-ce pas pour cette raison que la France intervient maintenant dans la zone des trois frontières, afin d'arrêter l'hémorragie ?
MAMP : Oui tout à fait. Dans cette région des trois frontières, des coups très durs ont été portés aux armées sur place (malienne, burkinabé et nigérienne). Donc c'est une réaction. Mais c'est le problème de fond. A chaque fois on est dans la réaction et pas du tout dans l'anticipation et la prévision stratégique dans la zone. C'est bien là le problème.
TV5MONDE : Ce redéploiement français vous apparaît donc comme une mauvaise opération ?
MAMP : Oui c'est une mauvaise opération. Plus il y a de militaires français au Sahel, plus il y a de djihadistes. Car plus les groupes djihadistes vont vers le sud (car en 2013 l'armée française a donné un coup de pied dans la fourmilière de ces groupes armés djihadistes qui étaient dans le nord -peu peuplé- du Mali, là où se trouvaient ce groupes armés djihadistes), plus ils "recrutent" car le sud est beaucoup plus peuplé. Il y a plus de combattants dans les rangs des insurgés. Cela pose de sérieuses questions. Le gouvernement français n'y a pas du tout répondu. A chaque fois qu'il y a un problème, il envoie plus d'hommes. Cela fait sept ans que c'est comme ça, je ne vois pas ce qui a changé depuis ! On verra dans les sept prochaines années... Nous sommes dans une logique de perpétuation de cette guerre ensablée.
TV5MONDE : La France compte tout de même sur le renfort de l'armée tchadienne et même de soldats tchèques ?
MAMP : On peut envoyer des Estoniens, des Suédois... Ca ne règlera rien. Le problème est entre les mains des Africains et c'est un problème politique. Tant qu'il y aura de l'impunité et de la corruption dans les forces armées locales, on ne s'en sortira pas. Et tant que la France ne critiquera pas ses partenaires et leurs errements ! C'est assez triste tout ça.
TV5MONDE : Quelle solution préconisez-vous ?
MAMP : Je préconise l'annonce d'un calendrier de désengagement qui serait négocié avec les partenaires africains. Et qui inciterait les gouvernements africains de la zone à mieux prendre en charge ces problèmes, qui sont en fait des problèmes de gouvernance de leur part, des problèmes politiques, d'impunité et de corruption, qui ne sont absolument pas résolus en l'état !
LA LD-DEBOUT FLÉTRIT LA GOUVERNANCE DE MACKY
Le président invité à revenir à une attitude digne. Il faut rapporter la décision de faire supporter aux populations l’augmentation du prix de l’électricité et arrêter le cirque du dialogue national - DÉCLARATION DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de la LD-Debout, datée du 6 février 2020, relative à la situation sociopolitique nationale.
"Voila bientôt une année que le président en exercice obtenait un second et ultime dernier mandat dès le premier tour du scrutin de l’élection présidentielle de février 2019, à la surprise générale des électeurs, analystes et observateurs de la scène politique sénégalaise. Une victoire technique, sans triomphe ni gloire rendue possible aux moyens d’un tripatouillage de la Constitution, de modifications unilatérales de la loi électorale et de fraudes manifestes opérées à différentes étapes du processus électoral.
Et comme si cela ne suffisait pas, son Excellence avait, avant cette fameuse « victoire » :
inauguré des ouvrages non encore achevés et toujours en chantier à l’image du TER ;
multiplié les nominations par décret, sur des bases clientélistes, partisanes et politiciennes ;
décrété une année sociale avec une Délégation Générale à l'Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes, arme redoutable de corruption de cibles névralgiques, année dite sociale qui s’est terminée en une année de cauchemar ;
emprisonné ou exilé des adversaires redoutables, tout en refusant d’obtempérer devant des décisions de justice d’instances internationales (CEDEAO, Comité des Droits de l’Homme des Nations -unies), exposant ainsi le Sénégal au banc des pays peu respectueux des principes généraux et règles du Droit international pour une ambition personnelle de réélection ;
remis en service de vilains transhumants vomis par les citoyens électeurs qui ont pourtant lourdement sanctionné le régime auquel ils appartenaient ;
maintenu à leurs postes ou promu des prévaricateurs de deniers publics ;
vanté un taux de croissance ridicule, une bonne santé d’une économie nationale exsangue, ainsi qu’une supposée qualité de la signature du Sénégal pour simplement légitimer un endettement plus accru ;
pire, fait présenter aux Sénégalais, par un Directeur démiurge, une Société Nationale d’Electricité en fulgurance dans la performance, qui pourrait même vendre du courant aux pays voisins, au point d’opérer une réduction de 10% sur les factures d’électricité ;
dépensé d’énormes quantités d’argent juste pour une « campagne électorale impressionnante à même de servir de couverture à une gigantesque mascarade électorale inédite mais totalement anti démocratique !
C’était comme hier ! Mais voilà qu’aujourd’hui, par la disposition de l’ordre normal des choses, la dure réalité vient rappeler à son Excellence, à la face d’un peuple médusé, qu’on ne gouverne pas par la tricherie et la ruse, la démagogie et les contre vérités, la méchanceté et l’arbitraire : quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend les escaliers !
La dure réalité objective, c’est que le pays va mal, très mal même ! Et c’est lui – même qui le certifie en prédisant que ça va tanguer pour 2020 ! A l’école, les enseignants sont dans la rue ; en campagne, le monde rural est dans le désarroi, n’ayant d’autres choix que de préférer vendre leurs productions aux chinois, ce qui constitue une menace réelle pour les travailleurs des huileries désemparés ; à l’université des milliers de bacheliers orientés et non orientés voient leur avenir s’assombrir ; la drogue circule et personne n’est responsable ; la violence et l’insécurité sous toutes leurs formes ont pris droit de cité, empêchant les citoyens, déjà éprouvés par des conditions de vie exécrables, de dormir ; alors que le système de la santé à lui même besoin de soin, davantage que les malades ; pour ne prendre que ces quelques exemples !
Pendant ce temps, plutôt que de se ressaisir, Son Excellence continue de signer des contrats au profit de puissances étrangères ; décidément, des contrats par lesquels, le Peuple sénégalais voit ses propres ressources (Or, Zircon, Pétrole, Gaz, Phosphates, Fer, Bois …) accaparées par des Sociétés Multinationales sans pour autant sentir, en contre partie, l’impact de telles transactions financières.
En lieu et place, son Excellence n’a d’autres perspectives que d’imposer à ce peuple spolié, si brave et si pacifique, les rigueurs d’un plan d’ajustement structurel : rationalisation des dépenses publiques, donc moins de services publics aux usagers, augmentation des prix des denrées de première nécessité et des coûts de l’énergie, c'est-à-dire diminution drastique du pouvoir d’achat des consommateurs, restriction et découragement des manifestations de réprobation, ce qui d’ailleurs conduit régulièrement aux arrestations de leaders et d’activistes dont Guy Marius Sagna en est devenu la figure emblématique.
Dans un tel contexte, négativement chargé, qui n’augure rien de bon pour le Sénégal, sa stabilité et sa démocratie conquise de haute lutte, la LD – Debout invite Son Excellence à s’imposer, d’abord pour son propre salut, un exercice d’introspection et l’exhorte expressément à cet égard :
à revenir à une attitude digne de la posture de chef d’Etat au service de son peuple, conformément au serment du président de la République ;
à se soumettre aux exigences constitutionnelles et éthiques de la fonction de président et à s’employer exclusivement à la satisfaction de la volonté et des préoccupations du peuple sénégalais, en commençant par fixer sans délai la date des élections municipales et départementales ;
à mettre un terme à son cirque de dialogue national qui ne peut accoucher que d’une compromission d’entrisme dans un gouvernement qui ne serait qu’illégitime, pour revenir aux fondamentaux des Conclusions des Assises Nationales qui, à ce jour, constituent la plus grande commande citoyenne jamais effectuée dans ce pays pour régler ses problèmes et se projeter dans un avenir meilleur ;
à rapporter sa décision injuste de faire supporter aux populations l’augmentation du prix de l’électricité, conséquence d’un pillage et d’une gestion clientéliste et politicienne de Senelec et à libérer immédiatement, et sans condition, Guy Marius Sagna dont une bonne partie de l’opinion avertie demeure convaincue qu’il est détenu sous la dictée de Macron ;
à mettre la lumière sur les contrats pétroliers dans lesquels son propre frère est cité et sur la gestion de toutes les ressources minières et naturelles ;
à consacrer les énormes moyens anti émeute acquis au frais du contribuable à assurer, non pas la seule sécurité du président et de sa famille, mais également celle de tous les Sénégalais, ce qui constitue une fonction régalienne de premier ordre pour un Etat.
En attendant, la LD – Debout réaffirme la nécessité d’une grande unité des patriotes et milite pour un grand rassemblement, dans la période, des forces vives de la Nation, et en appelle à la responsabilité de tous les acteurs porteurs de dynamiques politiques, syndicales et citoyennes pour construire ensemble un front national de lutte unitaire, le plus large possible, qui implanterait ses bases dans les campagnes et les villes, dans les quartiers et les villages, et plus essentiellement dans la capitale, Dakar.
Il n’y a aucun doute en effet que la tentative du troisième mandat, cette maladie virale et infantile des apprentis dictateurs sur le continent sera imposé au Sénégal. Une telle perspective est inscrite dans la logique du jeu des intérêts stratégiques de puissances extérieures qui se servent de valets endogènes pour continuer à spolier les peuples de leurs ressources mais également de lobbies internes, parmi lesquels des transhumants sans éthique ni morale, prêts à tout pour préserver leurs avantages. C’est maintenant et assurément maintenant qu’il faut agir en vue de bâtir les leviers et les ressorts populaires de résistance pour barrer la route à cette dangereuse aventure !
Dernière minute, des étudiants sénégalais pris au piège. Tous les Sénégalais ont vu un certain Macky Sall à bord d’un avion, avec caméra embarquée, pour assister à la soutenance de Mémoire d’un de ses enfants aux Etats – Unis. Avant, dans le dossier PétroTim, tout le monde l’a observé à la télévision, un jour de fête religieuse, très ému cherchant maladroitement les mots pour disculper son frère Aliou Sall cité par la BBC. Le même Macky Sall vient d’exprimer son refus catégorique, à travers une très malheureuse communication, de faire rapatrier par l’Etat les étudiants sénégalais pris au piège à Wuhan en lointaine Chine.
Excellence, admettez que ce n’est pas juste !"
par Oumou Wane
OFNAC, UN SCANDALE PEUT EN CACHER UN AUTRE !
L'expert présenté comme un éminent professeur de Finance, Contrôle de Gestion et Audit, ne serait pas aussi impartial qu’il y paraît, si l’on en juge par ces échanges de mails avec Nafi Ngom Kéita, ancienne présidente de l’Ofnac
Rebondissement spectaculaire dans le présumé « Scandale » au cœur de la république du journalise Pape Alé Niang, inspiré du fameux rapport de l’Ofnac sous la présidence de Nafi Ngom Kéita, au sujet de la gestion du Coud. Apparition d’indices et éclairage nouveau sur le rôle mystérieux du chef de la mission de cet audit en l’occurrence Papa Ibra Kébé. Cet expert, présenté comme un éminent professeur de Finance, Contrôle de Gestion et Audit, qui a repris ses enseignements depuis avril 2016 au Groupe Ecole supérieure de Commerce de Clermont-Ferrand, ne serait pas aussi impartial qu’il y paraît, si l’on en juge par ces échanges de mails avec Nafi Ngom Kéita, ancienne présidente de l’Ofnac.
Il convient à ce stade de considérer avec prudence ces informations, mais d’après ce fameux mail dont font état plusieurs médias, celui qui se présente comme « spécialisé en intelligence économique et délinquance financière » et qui dénonce dans son rapport la gestion chaotique du COUD (Centre des œuvres universitaires de Dakar), semblait, au moins à l’époque, se démener lui-même avec les difficultés financières de ses propres comptes bancaires.
Bien sûr il n’est pas agréable de relater les aspects privés de la vie d’un homme, fusse-t-il expert, mais enfin si ces données appartiennent aux échanges professionnels au cœur d’un rapport d’État, cela devient de fait une information qui concerne le grand public.
Car qu’apprend-t-on dans cet e-mail qui aurait été envoyé le 14 avril 2016 par Papa Ibra Kébé à Nafi Ngom Keita ? Tout simplement que « Pape Ibra Kébé se sent redevable d’une grosse dette de reconnaissance envers Mme Nafi Ngom Keïta et que la soutenir est pour lui, un devoir moral et patriotique ». Au point dans son mail, toujours selon la même source, de solliciter auprès de l’ancienne présidente de l’Ofnac, le rachat d’un crédit immobilier auprès de la BNP qu’il ne parvient plus à honorer depuis son départ du Sénégal, du fait de la situation critique de son compte bancaire qui affiche un solde débiteur de près de…1.600.000 fcfa.
J’arrête là, mais si cela est vrai, je me demande dans quel pays vit-on ? Une nation de marionnettes qui jouent le jeu des rivalités personnelles et règlent leurs comptes par voie de rapports d’experts vendus au plus offrant ?
Je n’accable pas ce professeur, mais toutes les accusations qui sont débattues dans le rapport de l’Ofnac sont censées l’être à partir de chiffres présentés comme scientifiques, du moins comme fiables.
Oui, les Sénégalais ont réclamé une gouvernance plus vertueuse et plus éthique et d’abord de la part des gens qui sont chargés de la contrôler.
Je ne jette pas la pierre à Pape Alé Niang, mais ce rebondissement est un coup dur pour la crédibilité du rapport de l’Ofnac à l’origine de son livre.
On ne doit pas s’étonner dans ce contexte que l’ancien 1er ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne ce dimanche soit monté au créneau pour comparer l’ouvrage de Pape Alé Niang à « un simple rapport sans contrepartie » en affirmant que « l’auteur du rapport (franco-sénégalais) a fui en France après avoir pondu son document commandité par des gens tapis dans l’ombre ». Et il convient peut-être de suivre son regard et d’aller voir qui sont ces gens tapis dans l’ombre chez nous et au pays de Marianne.
Car effectivement, si l’enjeu de ce rapport est d’assouvir une soif de vengeance qui ne dit pas son nom, nul doute que cette affaire va renforcer la méfiance du grand public vis-à-vis des politiques sur le thème « Tous pourris » et accroitre la paranoïa, l’incivilité et la violence dans notre société.
À LA RECHERCHE DU PLAISIR PERDU
Excisée à la naissance, Fatoumata Tamba lutte contre les mutilations génitales féminines, qui touchent près de 200 millions de femmes dans le monde. Pour cette Sénégalaise, l’abolition de cette pratique ne peut passer que par l’éducation des jeunes
Excisée à la naissance, Fatoumata Tamba lutte contre les mutilations génitales féminines, qui touchent près de 200 millions de femmes dans le monde. Pour cette Sénégalaise, l’abolition de cette pratique ne peut passer que par l’éducation des jeunes. Dans sa consultation de Sédhiou, en Casamance, elle casse les mythes sur la sexualité féminine.
"Quand tu es excisée, il faut mettre en place des stratégies pour trouver le plaisir !" Fatoumata Tamba n’est pas revêche à la confidence. Après quelques minutes de conversation, cette Sénégalaise au sourire mutin envoie valser un tas d’idées reçues sur la sexualité et l’excision. Notamment celle qui voudrait que cette mutilation – qui consiste en l’ablation partielle du clitoris, le seul organe entièrement consacré au plaisir – empêcherait celles qui en ont été victimes d’avoir une sexualité épanouie.
À 37 ans, Fatoumata revendique une sexualité heureuse. Pour autant, ce n’est pas elle qui va défendre cette pratique traditionnelle, dont elle a fait les frais à sa naissance. Elle a même fait la route depuis Sédhiou, ville et district de sa Casamance natale, pour représenter l’Amref, ONG africaine de santé publique, à Paris lors de la Journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines, le 6 février. Au nom de croyances ancestrales et patriarcales, de conventions culturelles et sociales, ce fléau affecte toujours près de 200 millions de femmes, filles et fillettes dans le monde, selon l’Unicef.
Remise en cause de leur intégrité physique et morale, l'excision entraîne aussi de graves conséquences sanitaires, parmi lesquelles : infections, fuites urinaires, douleurs chroniques, hémorragies, fistules, complication à l’accouchement, etc. Quant au plaisir, certes l’excision ne l'interdit pas – seule la partie "émergée" du clitoris est coupée, le reste de cet organe d’une dizaine de centimètres restant innervé et donc sensible. Mais les rapports restent douloureux pour beaucoup. "Je rencontre des filles qui redoutent leur nuit de noce ou des femmes mariées qui se refusent à leur mari parce que ça leur fait trop mal", constate Fatoumata.
"Le plaisir, ça dépend de la manière de faire"
Fatoumata consacre chacune de ses journées, depuis près de 20 ans, à militer pour l’abandon de cette pratique. Elle fait un travail de sensibilisation dans les quartiers de Sédhiou et les villages environnants, dispensant aux jeunes filles et aux garçons une éducation à une sexualité heureuse et respectueuse du droit de chacun(e) à disposer de son corps. "Ce n’est pas facile d’aborder ces questions avec ses parents. Mais les jeunes savent que chez 'Tata Fatoumata', on peut tout dire, et surtout, tout demander."
Adossée à un lycée de Sédhiou, sa consultation ne désemplit pas. Pour cette ancienne laborantine, ces rendez-vous sont devenus un observatoire des lentes mutations qui s’opèrent dans l’intimité des jeunes Sénégalais. "L’excision fait partie de nos valeurs. Les anciens pensent que si on ne coupe pas les femmes, elles auront trop d’appétit sexuel et iront sans cesse chercher les hommes. C’est considéré comme un rite de purification", explique-t-elle.
Mais pour la nouvelle génération, mieux informée, plus éduquée et biberonnée à Internet, ces mythes ont fait long feu. "Les jeunes filles excisées prennent plus de risques et multiplient les partenaires pour rechercher le plaisir et celui qui saura leur donner", analyse Fatoumata, qui observe une augmentation des grossesses précoces chez les jeunes filles mutilées.
"Il faut dire que beaucoup d’hommes ne font pas attention au plaisir de leur partenaire !", ajoute-t-elle. Mais pour les intéressés, Fatoumata a un argument massue pour faire évoluer les mentalités : "J’explique aux jeunes hommes tous les efforts qu’ils devront faire pour satisfaire leur partenaire excisée". Aux jeunes femmes, elle distribue des vidéos érotiques, comme une sorte de manuel où piocher idées et positions qui ouvriraient les portes de l’orgasme malgré un sexe amputé. "Après on en reparle et on voit ce qui marche et ce qui ne marche pas ! Le plaisir, ça dépend de la manière de faire…"
L'avenir porteur d'espoir
En Afrique, près de trois millions de femmes subissent cette mutilation chaque année. Néanmoins, Fatoumata a bon espoir de voir la pratique disparaître dans sa région d'ici à la prochaine génération. Elle salue le travail d’éducation mené dans les écoles et la volonté politique des autorités. Le Sénégal a pénalisé l'excision en 1999 à la suite du lobbying intensif de femmes parlementaires. Et si la prévalence de l’excision reste élevée dans la région de Sédhiou - où elle atteint encore 43% des filles de 0 à 14 ans, les chiffres ont diminué de moitié en dix ans. "Ma mère a fait exciser ses cinq filles mais mes sœurs n’ont pas fait exciser les leurs. Et je ne leur ferai certainement pas."
À ce jour, Fatoumata n’est pas encore mère. Par choix. Par crainte aussi. Derrière l’humour et la langue déliée, se cachent les peurs et les cicatrices intimes. Elle redoute de subir à son tour le calvaire que peut être un accouchement sur une vulve cicatricielle. "Quand mon gynécologue me dit ‘Alors Fatoumata, quand est-ce que je te vois en salle d’accouchement ?’, je pars en courant !", raconte-t-elle en riant. Mais la féministe revendiquée n’est pas de celles qui se laissent guider leurs choix par des lois patriarcales. Ses droits ont été bafoué, alors qu’elle n’était qu’un bébé. Depuis, elle a repris le contrôle de son corps et de sa vie. Elle envisage donc des enfants avec l’homme qu’elle s’apprête à épouser. "Mais pas plus de deux !", avertit-elle. L'heureux élu n’a qu’à bien se tenir.