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28 juillet 2025
PAR Scandre HACHEM
POUR UNE MISE EN PLACE DE L'ENSEIGNEMENT GÉNÉRALISÉ DES LANGUES NATIONALES
Il s'agira de commencer par le CP, puis de le poursuivre année après année. En l'espace de cinq ans, l'ensemble du cycle primaire serait entièrement couvert
Le souhait d'une introduction de l'enseignement des langues nationales dans le cursus scolaire a été exprimé dès les premières années qui ont suivi l'indépendance.
En 1978, l'enseignement du poulaar est introduit à l'université de Dakar comme matière facultative dans un premier temps.
L'enseignement des langues nationales, wolof, poulaar, sérère et diola, est aujourd'hui intégré à la filière des langues à la faculté des lettres et sciences humaines.
D'immenses progrès ont été réalisés dans la maîtrise de nos langues à tous les niveaux, tant du point de vue de la syntaxe que de la grammaire, de l'écriture que du vocabulaire.
Le Sénégal dispose désormais des atouts nécessaires à l'introduction de l'apprentissage généralisé des langues nationales : d'une part les outils de base ont été élaborés et sont bien fixés, d'autres part les moyens institutionnels, humains technologiques pour appuyer un tel projet sont disponibles. Cela peut donc se réaliser, et pour un coût on ne peut plus raisonnable eu égard aux enjeux.
Envisager l'introduction de ce processus d'apprentissage généralisé à l'école primaire.
Tous les enseignants des écoles parlent couramment au moins une langue nationale et peuvent prendre en charge son enseignement.
Il s'agira de commencer par le CP, puis de le poursuivre année après année.
En l'espace de cinq ans, l'ensemble du cycle primaire serait entièrement couvert.
L'enseignant apprendra à maîtriser les outils en même temps qu'il enseignera la langue à ses élèves. Dans chaque région, deux langues seraient obligatoirement enseignées, le wolof (langue communément parlée dans toutes les régions) et une seconde langue au choix plus spécifique à la population de l'environnement, pulaar, sérère ou diola, sans exclure pour autant les autres langues. Chaque langue pourrait disposer d’une heure à une heure trente minutes de cours par semaine prise en charge par l'enseignant ou, exceptionnellement, par un vacataire en concertation avec le chef de village ou de quartier.
Coordonner et accompagner ce processus
Une équipe pédagogique et technique devra bien sûr être créée pour coordonner et accompagner ce projet. Cette équipe devrait être relayée à terme par une commission au niveau de chaque académie. Le rôle de cette équipe sera d'élaborer un programme d'apprentissage par niveau ainsi que de son suivi. Celui-ci n'a pas besoin d'être entièrement prêt pour commencer l'opération. Il suffit de le préparer pour le CP d'abord, puis année après année, en gardant à l'esprit qu'il devra être amélioré en permanence grâce à la remontée des enseignants eux-mêmes et au suivi de la commission chargée spécifiquement de l'élaboration des programmes.
Les outils technologiques permettent d'assurer un tel suivi avec toute la souplesse nécessaire et une réactivité optimale.
Il faut pour cela exclure l'idée d'un programme fixé dans un livre imprimé, à tout le moins durant les premières années de l'opération. Il faudrait au contraire effectuer la transmission par internet des programmes par tranche bimensuelle, ce qui permettrait d'améliorer les tranches précédentes et les suivantes au fur et à mesure de la remontée des critiques et suggestions.
Cela évite la réédition systématique des livres, opération particulièrement coûteuse, et la nécessité d’attendre une à plusieurs années pour en améliorer le contenu, ce qui ne ferait que décourager les acteurs de terrain, favoriser le mécontentement et encourager les inerties.
L'option envisagée ambitionne au contraire à l'excellence, avec la possibilité d'une amélioration systématique et rapide des outils et accompagnements humains.
Une formation des formateurs
Des outils pédagogiques devront être réalisés et mis à la disposition des enseignants. De même que pour les programmes, ces outils, qui devront être simples et très légers, pourront être améliorés régulièrement.
De plus, un ou deux week-ends de formation et d'échanges seraient organisés chaque année à une échelle géographique limitée pour éviter les grands messes et les frais de déplacements et d'hébergement inutiles et coûteux. N'aurait donc à se déplacer que le formateur dont le rôle sera essentiellement de favoriser les remontées d'expérience, les échanges, l'expression des critiques et des propositions pour améliorer et enrichir la démarche.
Un cycle continu de formation par session d'une semaine devrait être mis en place durant l'année scolaire.
Cela suppose, bien sûr, la formation de formateurs, sélectionnés sur la base du volontariat, essentiellement parmi les personnels de l'éducation nationale, actifs ou à la retraite.
Du primaire au collège, puis au lycée
Ces cinq années d'expériences acquises, de plus à une très large échelle, seront un puissant levier pour réitérer l'opération au niveau des collèges tout en l'adaptant à leurs spécificités et contraintes, levier psychologique, levier pédagogique, maîtrise des outils.
En l'espace d'une quinzaine d'années au maximum, nous pourrions obtenir une généralisation de l'enseignement des langues nationales dans l'ensemble de l’Éducation nationale du premier et du second degré, avec la possibilité d'un cursus universitaire spécialisé ouvert à un niveau de licence, master et doctorat, et à terme l'enseignement de certaines matières en langues nationales, comme le font les écoles bilingues.
On peut raisonnablement attendre qu'un tel projet, avec les perspectives qu'il ouvrirait, encouragerait fortement des vocations à poursuivre des études supérieures dont l'objectif est l'enseignement de langues nationales au même titre que le français, l'anglais, l’arabe ou autre.
Favoriser l'édition en langues nationales
Des romans, des essais et autres documents sont édités aujourd'hui en langues nationales. Tous ces écrits restent très circonscrits à quelques cercles intellectuels volontaires et persévérants. L'introduction de l'apprentissage généralisé des langues nationales dans le primaire devra servir de levier pour favoriser l'édition de livres et d'albums destinés à cette tranche d'âge, popularisant par là même la démocratisation de la lecture dans la langue maternelle. Nous n'aurions plus des livres édités à quelques petites centaines d'exemplaires au mieux, mais à des milliers régulièrement réédités comme c'est le cas pour les livres Jeunesse lorsqu'ils sont d'excellente qualité. Cela constituerait un puissant facteur de développement de l'édition et préparerait dans la même logique à l'émergence future de livres pour adolescents puis adultes à grand tirage.
Penser l'édition simultanément pour le livre imprimé et le livre électronique
Les smartphones et tablettes sont aujourd'hui largement présents dans toutes les classes moyennes, voire au-delà. Ils sont ainsi accessibles aux enfants, leur usage est courant dès leur plus jeune âge et ils ne s'en privent pas, bien au contraire.
Leur utilisation est généralement réduite aux dessins animés et aux jeux.
La disponibilité de livres électroniques ouvre un champ nouveau et d'autant plus attractif qu'il sera exprimé dans la langue maternelle. Mieux, cela valorisera naturellement celle-ci alors que la langue valorisée dès cet âge est plutôt la langue française et, quelquefois, anglaise. De fait, dans les classes moyennes, l'enfant a tendance aujourd'hui à s'exprimer en français, les parents projetant déjà l'enfant dans un avenir pré conçu. Cette langue n'est pas seulement valorisée à l'école, mais dans l'intimité familiale où la télévision, la tablette et le smartphone, quand ce n'est pas l'échange entre parents, se diffusent en français.
Loin de moi l'idée de rejeter une quelconque langue étrangère, elles sont sources de richesses irremplaçables. Mais il serait temps de donner toute leur place aux langues nationales. Et ce n'est pas les unes contre les autres, ni même les unes sans les autres, mais les unes avec les autres. L'apprentissage généralisé des langues nationales, la disponibilité des livres et documents en édition imprimée et électronique favoriseront la créativité électronique et la création à terme de jeux électroniques en langues nationales.
La place décisive que représente le numérique dans le monde, tant du point de l'économie, de la communication, de la formation et des échanges de toutes sortes et à tous les niveaux met le Sénégal comme l'ensemble de l'Afrique dans l'exigence de maîtriser ce domaine et ils ne pourront y parvenir qu'en participant activement à son élaboration et à son développement. Cela ne sera possible à grande échelle que par la maîtrise et l'usage généralisé des langues nationales.
« C’EST LÀ QU’IL M’A RÉPÉTÉ À QUATRE REPRISES "NÈGRE DE MERDE" »
Dimanche 24 novembre, match de cinquième division italienne. Omar Daffe, 37 ans et gardien d’origine sénégalaise, est victime d’insultes racistes. Contrairement à d’autres victimes de ce fléau, il a décidé de quitter la pelouse. Témoignage
Dimanche 24 novembre, match de cinquième division dans les environs de Piacenza en Émilie-Romagne. Omar Daffe, 37 ans et gardien d’origine sénégalaise du club visiteur de l'ASD Agazzanese 1920, est victime d’insultes racistes d’un supporter local de Bagnolese. Contrairement à d’autres victimes de ce fléau, il a décidé de quitter la pelouse. Il témoigne.
Il y avait-il un enjeu particulier lors de ce dernier match, dimanche 24 novembre, sur la pelouse de Bagnolese ?
C’était un match du dimanche comme les autres. Mais dès le début du match, l’ambiance était un peu « nerveuse » , car Bagnolese restait sur deux défaites de rang. Les deux équipes voulaient gagner, ce qui est normal car tu joues toujours pour gagner.
Et puis, autour de la trentième minute de jeu, il y a ce contact avec un attaquant local...
C’était vers la 25e minute de jeu.
Il y a effectivement un contact avec l’un des adversaires dans ma surface, mais l’arbitre ne siffle pas, car il estime que tout est licite. À partir de là, les supporters locaux ont commencé à haranguer l’arbitre. Ils lui disaient qu’il y avait penalty. L’arbitre a stoppé le jeu, a demandé à l’attaquant d’arrêter ses simulations et m’a averti parce que j’avais été lui parler pour lui dire d’arrêter son cinéma. Le jeu a repris normalement, mais cinq minutes plus tard, un homme a commencé à crier dans ma direction : « Nègre de merde ! » Je me suis tourné vers lui et je lui ai dit : « Oui, c’est moi. Viens me le redire dehors ! » C’est là qu’il m’a répété ensuite à quatre reprises : « Nègre de merde ! » Je n’ai appris que quelques jours plus tard que c’était le père du joueur en question, avec qui j'avais eu un accrochage sur l'action précédente. Les autres supporters n'ont rien fait, certains l’applaudissaient même, tandis que la plupart des autres étaient encore énervés après l’arbitre. Du coup, j’ai dit que je ne me sentais plus en état de jouer et j’ai quitté le terrain. Alors que lui, personne ne lui a demandé de quitter l’enceinte.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que tu es victime de racisme. L’an dernier, déjà, tu avais vécu un épisode similaire...
Oui, c’était face à une autre équipe. Mais tu sais, je suis arrivé en Europe à l’âge de 16-17 ans, et cela arrive plusieurs fois par an dans ce championnat. Les auteurs m’insultent, puis se cachent dans la foule et font comme si de rien n’était. L’an dernier, j’avais raconté la scène à un journal. Et un jour après les faits, on m’avait reproché d’avoir inventé l'histoire...
Revenons à ce match de Bagnolese. Dans ta tête, tu as immédiatement l’idée de quitter le terrain ? Qu’est-ce qui te pousse à le faire ?
Non, pas du tout. Sur le moment, je pensais que l’arbitre ou quelqu’un d’autre allait faire quelque chose. J’ai préféré sortir, car je ne voulais pas répondre par la violence, il y a des règles et il faut les suivre. L'unique chose que j'aurais pu faire, ça aurait été de sortir et d'appeler la police pour me défendre. Mais il faut savoir qu’entre ces quatre insultes, il s’est quand même passé une ou deux minutes. C’était impossible de ne pas les entendre, mais je ne voulais pas non plus ne rien faire. La première fois, je n'ai pas réagi. C'est à la quatrième reprise que ça m'a énervé. Je n’ai pas peur de me défendre physiquement, attention. Mais je suis père de famille, j’ai deux enfants et il y a une question que je me pose : qu’est-ce que je peux leur dire si, en tribunes, ils voient un homme insulter leur père de « nègre de merde » ?
Quelle a été la réaction des autres joueurs ?
À vrai dire, sur le coup, ils étaient paralysés. Après cinq ou six minutes à l’intérieur du stade, mes coéquipiers m’ont rejoint. Ils m’ont dit qu’ils ne rejoueraient pas après ce qu’il s’était passé. Et puis, quand le match a été définitivement arrêté, les joueurs de Bagnolese et leur coach sont venus me voir pour me demander pardon. Pour m’apporter leur soutien.
Qu’est-il advenu de la fin du match ?
L’arbitre m’a mis un rouge car – dans les règles – je n’ai évidemment pas le droit de quitter le terrain. Il a ensuite sifflé la fin du match car le reste de mon équipe ne voulait plus jouer. On devrait savoir ce qu’il advient aujourd’hui. (Le « Giudice Sportivo » , juge sportif, du comité régional n’a pas tenu compte des incidents, et a donné match perdu 3-0 à l’équipe d’Omar et infligé un point de pénalité, N.D.L.R.)
Dans la vie, tu es aussi entraîneur d’une équipe d’U6 et entraîneur des gardiens pour le compte de la Fédération italienne. As-tu eu l’occasion de reparler de l’incident avec les enfants ?
Je n’en ai pas encore parlé avec eux, car je ne pouvais pas me présenter sur les terrains vu que j’étais suspendu. Mais eux, ils m’ont envoyé une vidéo de soutien où ils disaient « Non au racisme » . J’ai aussi reçu des messages de soutien partout d’Italie, du Sénégal ou même de France. Ça fait du bien, forcément.
PAR Achille Mbembe
PROFONDE GRATITUDE À LA RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL
Je suis fier que le Sénégal - et donc l’Afrique - m’offre un abri et un lieu de repos pour l’esprit, un lieu où je ne suis pas mis constamment en demeure de justifier qui je suis, voire persécuté
C’est toujours délicat de traiter en public d’affaires privées. Mais la nouvelle est à présent publique.
À la République du Sénégal, je voudrais donc publiquement exprimer ma tres profonde gratitude.
Le Sénégal représente un très grand pays dans notre histoire intellectuelle, artistique et culturelle. Il nous a légué certains de nos plus grands penseurs et écrivains, des femmes et des hommes sans lesquels il nous aurait été difficile d’aller fièrement au-devant du monde, et de dialoguer avec celui-ci les yeux ouverts.
J’ai, pour ma part, puisé à pleines mains dans ce riche héritage et j’ai, plus que de raison, été l’objet des soins de ce pays.
J’ai, à titre d’exemple, passé des années cruciales de ma propre vie à Dakar, l’une des rares ‘villes ouvertes’ de notre continent. J’habitais à Yoff, tout près de l’aeroport Léopold Sedar Senghor. Mes deux voisins étaient le romancier et cinéaste Sembene Ousmane et
le grand sculpteur Ousmane Sow. Je travaillais non loin de l’Universite Cheikh Anta Diop.
Le premier Président camerounais, Ahmadou Ahidjo, repose dans un cimetière non loin de Yoff. Et l’un de mes premiers gestes en arrivant à Dakar en 1996 consista à aller me recueillir sur sa tombe, alors même qu’en rapport avec ceux dont je suis le descendant en esprit, il fit preuve d’une grande cruauté.
Dans un autre des cimetières dakarois repose l’un de mes amis intellectuels les plus proches, Tshikala Kayembe Biaya, Congolais ne dans le Kasai, et sans doute l’un des esprits les plus curieux de son époque.
Je retourne à Dakar chaque fois que j’en ai l’occasion et je suis fier de contribuer au rayonnement intellectuel du Sénégal et de l’Afrique par le biais, entre autres, des Ateliers de la pensée de Dakar qu’avec Felwine, nous avons mis en place.
Pas une seule fois au cours de ces longues années aurai-je été traité comme un étranger.
Nous ne choisissons ni le lieu de notre naissance, ni nos parents. Je suis né en Afrique. L’Afrique est notre promesse à tous et à toutes. Mon sort est lié au sien tout comme à celui de notre monde dans son ensemble. Avec beaucoup d’autres, mon grand rêve est qu’elle se mette debout sur ses propres jambes et qu’elle devienne sa puissance propre, un vaste espace de libre séjour et de libre circulation pour tous ses enfants.
Ainsi, chacun d’eux comptera véritablement et, bravant des risques mortels, aucun ne sera obligé de se transporter au loin, dans des pays où nul ne l’attend, ou nul ne veut de lui, et où de toutes les façons, il finira par être brutalisé et à jamais blesse.
Beaucoup d’entre nous, le long du chemin, sont contraints ou choisissent de vivre loin de leur pays de naissance. Certains optent pour d’autres nationalités. Je suis fier que le Sénégal - et donc l’Afrique - m’offre un abri et un lieu de repos pour l’esprit, un lieu où je ne suis pas mis constamment en demeure de justifier qui je suis, voire persécuté.
Je ne reviendrai pas sur la façon dont le Cameroun aura traité certains de ceux qui sont passés avant nous - Ruben Um Nyobe, Félix Moumie, Abel Kingue, Osende Afana, Mongo Beti, Engelbert Mveng, Jean-Marc Ela, Fabien Eboussi Boulaga et plusieurs autres. Je n’evoquerai pas l’extraordinaire calvaire ni le stress et l’angoisse qu'éprouvent les siens qui vivent à l’exterieur des qu’il s’agit d’obtenir des papiers ou de les renouveler.
Qu’un État normalement constitué choisisse consciemment d’exposer les siens de cette manière en ces temps de suspicion de l’étranger, de nationalisme régressif et de cloture identitaire, voilà quelque chose qu’il m’est très difficile de comprendre.
Je voudrais, avec d’autres, nourrir l’espoir qu’un jour prochain, il en ira autrement.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
ROMPRE LES CHAÎNES DE LA HONTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Sénégal est devenu une géhenne pour la plupart de ces souffre-douleur appelés talibés. Les marabouts-négriers parlent d’une mortification de l’âme et du pétrissage du corps de l’enfant
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 28/11/2019
Des chérubins enchainés en guenilles, la tête crasseuse, pieds nus, le corps sale et eczémateux qui témoigne de plusieurs semaines sans bain, deux lourdes entraves de fer qui enserrent les chevilles et comparables aux « compes » que l’on mettait aux pieds des prisonniers et des esclaves dans l’Antiquité romaine, soit pour les punir, soit pour les empêcher de s’enfuir, voilà les images odieuses que les Sénégalais ont découvertes, il y a quelques jours, à travers les réseaux sociaux avec stupéfaction. Cette basse œuvre porte l’empreinte d’un certain Khadim Guèye, un vil tortionnaire maquignonné en dispensateur de savoir coranique vivant à Ndiagne, un village proche de Coki dans la région de Louga. Et cela avec la complicité des parents des victimes et du maréchal-ferrant ayant conçu ces objets qui nous plongent dans la rémanence des siècles obscurantistes de la traite des noirs. Nonobstant l’horreur de la scène, certains écervelés, comme des esclavagistes des temps modernes, justifient cet acte inhumain comme un modèle d’éducation dont les Serigne daara ont toujours usé pour assagir les talibés rétifs.
Aujourd’hui que le verdict est tombé et que le procureur requiert deux ans dont deux mois ferme, il est à craindre que la sortie du khalife général des mourides, Serigne Mountakha, qui, me semble-t-il, n’a pas été bien informé de ce qui s’est passé réellement à Ndiagne, influe sur la sentence prochaine du juge. Jamais le guide de Touba n’aurait donné son onction pour la maltraitance infantile. Le défunt khalife Serigne Saliou Mbacké, qui inspire beaucoup l’actuel guide des mourides, a créé des centaines de daara et a toujours considéré les enfants comme des trésors au point qu’il était toujours leur premier défenseur, leur premier protecteur. Il avait strictement interdit dans ses daara tout châtiment corporel.
Khadim Guèye a violé l’intégrité physique des enfants, par conséquent il doit être châtié à la hauteur de la faute commise, même si des énergumènes ont osé caillassé le tribunal de Louga comme pour mettre en garde le juge qui a annoncé que l’affaire est mise en délibérée au 4 décembre prochain. Mais que les sachants, les associations de maitres ou autres organisations religieuses, cessent de crier attaque contre l’islam chaque fois qu’un maitre coranique est arrêté pour des actes délictuels (viol, acte de pédophilie, violence faite aux enfants). S’il y a des ennemis patentés de l’islam, ce sont ces adultes qui se font entretenir honteusement pendant des années par la sébile de jeunes enfants sans en contrepartie leur enseigner le « alif bâ tâ » du coran. On reste sceptique sur l’application stricte de la loi à l’encontre de ce marabout tortionnaire puisque le cas du maitre coranique Oumar Sylla à Diourbel libéré quelques heures après son arrestation risque de servir de jurisprudence. On se rappelle du traitement dégradant et cruel que ce marabout au cœur sec et racorni avait fait subir à une vingtaine de talibés en les enchainant avec des entraves métalliques qui n’ont rien à envier à celles avec lesquelles on neutralisait nos ancêtres pour les transbahuter de force vers le nouveau continent.
Le Sénégal : le Golgotha des enfants talibés
Le Sénégal est devenu une véritable géhenne pour la plupart de tous ces souffre-douleur qu’on appelle talibés. Et pour donner une justification spirituelle à cette exploitation lucrative et à cette souffrance suprême exercée sur des enfants, les marabouts-négriers parlent d’une mortification de l’âme et du pétrissage du corps de l’enfant. Si le coran est le texte de référence des marabouts-négriers, ils doivent savoir qu’aucune sourate, qu’aucun hadith ne recommande ni légitime la maltraitance des enfants. Le prophète Mahomet (alayhi salat wa salam) était doux et clément envers les enfants. Dans un hadith rapporté par Ibn Hibban, le meilleur des hommes dit : « Il suffit pour l’homme comme péché de négliger ceux dont il a la charge ». Dans le même sillage, Al Boukhari aussi rapporte : « Le Messager d’Allah ayant embrassé Al-Hassan ibn Ali au moment où Al-Aqra’ ibn Habiss At-Tamimy se trouvait assis auprès de lui, ce dernier dit : « J’ai dix enfants et jamais je n’ai embrassé un seul d’entre eux ! » Le Prophète le regardant alors, dit : « On ne fera pas miséricorde à celui qui ne fait pas miséricorde » ».
Il faut s’affranchir de ces poncifs misérabilistes qui laissent croire que la réussite d’un enfant passe irrémédiablement par la souffrance, la violence physique et psychique. Ces méthodes d’enseignement inhumaines sont éculées et doivent faire place à une pédagogie nouvelle qui puisse placer l’enfant au cœur du projet éducatif du maitre coranique. Refuser ce progrès pédagogique au nom d’une aversion du modernisme, c’est s’ancrer davantage dans cette mentalité barbare millénaire qui considère l’enfant rétif comme un animal à corriger avec des méthodes qui insultent la dignité humaine.
C’est ce qui explique sans doute cette indignation de l’universitaire géographe Lat Soucabé Mbow piquée dans une discussion de facebook le 27 novembre : « Les chaînes font surgir de notre mémoire des images traumatisantes de la période sans doute la plus sombre de notre passé : la traite négrière. La forme suprême de la négation de la dignité humaine. Ni dans le Coran, ni dans la Bible ou dans aucun autre texte sacré, il n'est dit qu'après sa chute, Adam le premier homme a été envoyé sur terre enchaîné. Malgré sa faute capitale - désobéissance à son Créateur - rien n'a été entrepris pour entraver sa liberté, celle d'aller et de venir. Le premier des droits naturels. Ces taalibés n'ont ni volé, ni commis de meurtre pour être punis de la façon vue sur les images montrées par les internautes. S'en indigner ne veut nullement dire que l'on est instrumentalisé par des lobbies ou des intérêts tapis dans l'ombre et décidés à aligner le Sénégal sur des valeurs qui ne sont pas les siennes. Ce siècle doit sa beauté - en dépit d'indéniables outrages à la morale publique - à la prise de conscience universelle des droits considérés comme irréfragables de l'être humain. D'où qu'il soit et quelles que soient ses origines. »
L’Etat du Sénégal laxiste, au lieu de prendre en charge la sécurité, la santé et l’éducation de cette couche vulnérable tel que le lui enjoint la Constitution, préfère la livrer à des marabouts négriers qui font de la traite des enfants un honteux business florissant. Et cette permissivité ne donne très souvent que des résultats tragiques. En témoignent tous ces enfants morts, traumatisés ou mutilés à cause d’actes de violence exercés abjectement sur eux par leurs maitres qui pensent avoir un droit de vie et de mort sur eux. Dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 mars 2013, vers 23 heures à la Médina, 9 jeunes talibés périssent calcinés dans un incendie. Le samedi 8 aout 2015 à Thiès, le forcené Moustapha Ngom dit «Dubaï», armé d’une machette, s’est introduit aux environs de 23 heures dans l’école coranique de Serigne Bassirou Kane de Thiès pour égorger le jeune mendiant Pape Ndiaye âgé de 7 ans. Le samedi 6 février 2016, dans le quartier Althiéry de la commune de Louga, un maitre coranique a battu à mort un talibé de 9 ans. Le 15 mars 2016 à Koungheul, un talibé a été amputé d’une jambe après avoir été fauché par un camion.
Dans son rapport paru en juin 2019, Human Rights Watch (HRW) a documenté les décès de 16 enfants talibés en 2017 et 2018 du fait d’abus, d’actes de négligence ou de mise en danger de la part de maîtres coraniques ou de leurs assistants. Ces incidents se sont produits dans les régions de Saint-Louis, Diourbel et Thiès. Parmi ces enfants, âgés de 5 à 15 ans, trois sont morts des suites de coups violents, quatre dans deux incendies de daara, cinq dans des accidents de la route alors qu’ils mendiaient ou évitaient de rentrer au daara, et quatre de maladies non traitées. Neuf de ces décès ont eu lieu en 2018, dont deux suite à des passages à tabac, respectivement à Touba en avril 2018, et à Mpal en mai 2018.
HRW a également souligné 61 cas de passages à tabac ou d’abus physiques perpétrés à l’encontre de talibés en 2017 et 2018, 15 cas de viols, tentatives de viols ou abus sexuels, et 14 cas d’enfants emprisonnés, attachés ou enchaînés dans un daara. Ces abus auraient tous été commis par des maîtres coraniques ou leurs assistants.
Quoique le Sénégal soit doté de lois solides réprimant la maltraitance des enfants, la mise en danger d’autrui, la traite des personnes, l’application de ces lois à l’encontre des maîtres coraniques responsables de pratiques inhumaines reste ineffective.
Ainsi l’article 298 du code pénal prévoit : « Quiconque aura volontairement fait des blessures ou porté des coups à un enfant au-dessous de l’âge de quinze ans accomplis, ou qui l’aura volontairement privé d’aliments ou de soins au point de compromettre sa santé ou qui aura commis à son encontre toute autre violence ou voie de fait, à l’exclusion des violences légères, sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 25.000 à 200.000 francs. » Ce qui veut dire que nous disposons de tous les instruments législatifs et juridiques pour lutter contre cette plaie qui gangrène notre société. Mais la volonté politique est inexistante. Aujourd’hui, l’on se rend compte de plus en plus que la mendicité, la première violence exercée sur les enfants talibés, reste très active au sein de l’enfer des daara.
Le programme de « retrait des enfants de la rue » initié en 2018 par le gouvernement sénégalais a fait long feu. Le président sénégalais Macky Sall avait affirmé son souhait de mettre fin à la mendicité des enfants et de retirer les enfants des rues. Mais, tel que l’a souligné HRW, « ce discours n’avait pas donné lieu à la prise de mesures cohérentes, résolues et ambitieuses pour protéger les enfants talibés victimes d’abus et d’une exploitation à travers le pays. La portée, la cohérence et l’impact des initiatives gouvernementales, notamment les projets d’aide sociale à l’attention des talibés et des daara et le programme de retrait des enfants de la rue à Dakar, ont été limités ».
Faillite de l’Etat et désengagement des parents
Mais pour des raisons politico-électoralistes, nos gouvernements laissent cette pratique qui n’a rien à envier à l’esclavagisme perdurer. Et la pression des lobbies maraboutiques qui se nourrissent éhontément de la main tendue de ces morpions sans feu ni lieu fait toujours reculer l’Etat sur ce sujet qu’on juge faussement sensible. Dans un tel environnement, serait-il possible de parler d’émergence et de développement ? Laissons le professeur Penda Mbow répondre : « le phénomène des enfants mendiants est un indicateur au développement, qu’on le veuille ou non. Et tant qu’on n’arrivera pas à l’éradiquer, le Sénégal ne sera pas un pays émergent à plus forte raison un pays développé ».
Sur un autre registre, l’Etat a failli à sa mission de protéger la vie de nos enfants et de leur assurer une réussite dans l’éducation et la formation. Aujourd’hui, nos enfants talibés sont tenaillés fatalement entre le marteau des maitres coranique avec leurs méthodes répressives inhumaines et l’enclume de l’Etat laxiste, voire pusillanime. L’Etat, dont la mission première est d’assurer à sa jeunesse les conditions d’un avenir radieux, est le garant de la sécurité, de la protection et l’éducation de nos enfants. Et il serait bon de l’interpeler toujours sur le sort inquiétant de nos enfants laissés-pour-compte exposés sans défense à l’esclavagisme mendiant, à la maltraitance, au viol et à la violence souvent mortifère.
Il ne faut pas, dans cette chaine de responsabilités, exonérer les parents de talibés démissionnaires qui ne préoccupent plus de l’éducation et de la sécurité de leur progéniture. Les difficultés de la vie, la hantise de la dépense quotidienne, le manque de communication, l’absence de contact social et la fuite de responsabilité des parents déteignent sur l’éducation des enfants. Quand un parent pense que des entraves métalliques peuvent servir de succédané à la place d’un programme éducatif bien pensé, c’est parce qu’il a lamentablement échoué dans le processus formateur de son enfant.
Pour un Sénégal civilisé et assaini, le Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese) a mené la réflexion et proposé des pistes de solutions. C’était hier lors d’un panel sur le « Civisme et l’Assainissement au Sénégal ». Face à la problématique de l’assainissement, de l’indiscipline et la déviance des Sénégalais, les conseillers du CESE ont demandé à l’Etat de sévir.
Face à l’incivisme et aux comportements déviants sur la problématique de l’assainissement, le Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese) a organisé hier mercredi 27 novembre 2019 un panel sur le « Civisme et l’Assainissement ». Au cours de cette rencontre de haut niveau qui a regroupé la direction générale l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), la Direction de l’urbanisme et l’Association des Acteurs de l’Assainissement du Sénégal, les conseillers du Cese ont passé au peigne fin tous les aspects de la question avant d’appeler à la mise en place d’une large coalition. Laquelle regrouperait les populations, la société civile et les acteurs institutionnels pour combattre ce fléau des temps modernes. « Nous appelons à ce qu’il y ait une meilleure synergie entre les acteurs, les cadres institutionnels de l’Urbanisme, de l’Onas... Nous recommandons que les lois et textes qui régissent le civisme et l’assainissement soient appliqués», a indiqué Momar Samb qui a présidé le panel. Il a, à ce titre, appelé l’Etat à sévir contre les contrevenants par des sanctions pour dissuader les comportements déviants qui produisent l’incivisme et détériorent l’environnement. Et de se répéter : « Nous appelons à la mise en place d’une coalition entre les populations, la société civile et les institutions. Chacun de nous est interpellé ».
Des problèmes soulevés et des pistes de solutions déclinées…
L’autre préoccupation soulevée par le secrétaire général de l’Onas est lié au manque de moyens auquel est confronté le Service d’hygiène. « Les agents du Service d’hygiène étaient dotés jadis de moyens suffisants pour assurer la police de l’hygiène. Aujourd’hui, il faut le reconnaitre, il n’a plus les moyens de sa politique. Il faut redonner à ce service des moyens pour qu’il puisse faire correctement son travail », a plaidé Momar Samb en réponse à une interpellation d’un conseiller du Cese. Malgré les griefs exposés par le collège des délégués de l’Onas et les difficultés rencontrées par les populations avec les eaux nauséabondes des caniveaux de l’Onas qui suintent un peu partout, le secrétaire général de cette société a tiré un bilan reluisant de l’action de sa structure. « Nous sommes les premiers en Afrique noire. Des pays d’Afrique, d’Asie et de l’Amérique du Sud viennent s’inspirer de notre expertise en matière d’assainissement. Le Sénégal est aujourd’hui une école de technologie en matière d’assainissement », a soutenu sans rire M. Camara. Qui a conclu en disant qu’ « en matière d’assainissement, nous pouvons être fiers de cette place du Sénégal Pour la première fois, nous nous engageons dans un délai de 4 à 5 ans avec plus de 200 milliards d’investissement. Il y a un pas de géant qui a été fait dans l’assainissement ». On aimerait bien savoir ce que pensent les populations de cette déclaration !
«FAIRE COMPRENDRE AUX POPULATIONS LEURS DEVOIRS ET DROITS DANS LE PROCESSUS D’INTEGRATION»
Aller vers les populations pour leur faire comprendre leurs devoirs et droits dans le processus d’intégration, les nouveaux défis de l’UEMOA selon Aïcha Sidoukou représentante résidente de l’Uemoa au Sénégal.
Aller vers les populations pour leur faire comprendre leurs devoirs et droits dans le processus d’intégration, les nouveaux défis de l’UEMOA selon Aïcha Sidoukou représentante résidente de l’Uemoa au Sénégal.
Aller vers les populations pour leur expliquer le processus d’intégration pour que chacun sache ses droits et devoirs dans l’espace communautaire, sont les nouveaux défis que se fixe l’Union économique et monétaire ouest africain l’UEMOA.
L’information a été donnée, ce week-end à Ziguinchor, par Aïcha Sidoukou, représentante résident de la (UEMOA) au Sénégal. C’était à l’occasion d’une cérémonie marquant le 25e anniversaire de la création de cette institution, organisée par son institution en partenariat avec la chambre de commerce de Ziguinchor. A son avis, le choix fait d’organiser cette manifestation à Ziguinchor, au sud du Sénégal, n’est pas fortuit car cette ville est une zone de brassage économique, culturel et humain. Et leur porte d’entrée a été la chambre de commerce de Ziguinchor pour communiquer avec les acteurs économiques sur les acquis de l’intégration, renseigne-t-elle avant de noter que l’UEMOA, malgré, certaines avancées enregistrées, connait encore beaucoup d’obstacles qui empêchent l’intégration de s’accélérer. Il s’agit, entre autres, des temps d’attente au niveau des frontières, les tracasseries sur les corridors, les coups de facteurs de production élevés et le manque d’informations des populations. Et aujourd’hui, l’institution s’est fixée comme objectif de corriger cela en allant vers les populations pour leur permettre de comprendre les acquis de l’Union et donc savoir leurs droits et leurs devoirs, en un mot de leur donner la bonne information pour essayer de lever ces contraintes, a-t-elle assuré. Elle note également que des actions concrètes sont régulièrement, menées au niveau des chefs d’Etat des différents pays membres, des transporteurs, des opérateurs économiques parce que ces obstacles sont essentiellement dus au manque d’information surtout au niveau des corridors.
A ce sujet, elle révèle qu’il y a un projet décidé au niveau des plus hautes autorités de l’UEMOA, pour sensibiliser les forces de l’ordre, considérées comme l’obstacle majeur pour une véritable intégration économique au sein des pays de l’Union, sur leur devoir dans le cadre de l’intégration, c’est-à-dire qu’est-ce qu’elles doivent faire pour faciliter le processus d’intégration et surtout comment accompagner les opérateurs économiques.
Interpellé sur l’Eco, la future monnaie que la CEDEAO envisage de lancer en Afrique de l’ouest, elle affirme que les discussions sont en cours, mais elles se mènent au niveau de la BCEAO qui est une institution spécialisée qui est autonome de l’Union et au niveau des autorités des Etat membres. A signaler que l’UEMOA regroupe 8 pays de l’Afrique de l’ouest ayant en partage le franc Cfa qui est arrimé à l’euro. Ces pays sont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, la Guinée-Bissau, le Togo et le Niger. Ces 8 pays constituent un vaste marché de 120 millions de consommateurs.
Jean DiATTA
Correspondant permanent à Ziguinchor
«LE PRESIDENT EL GHAZOUANI INAUGURE UNE NOUVELLE ERE DANS LES RELATIONS ENTRE LE SENEGAL ET LA MAURITANIE»
Très au fait des relations entre la Mauritanie et le Sénégal, l’imprimeur Baba Tandian estime que l’avènement du président Mohamed Cheikh El Ghazouani inaugure une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays.
Très au fait des relations entre la Mauritanie et le Sénégal, l’imprimeur Baba Tandian estime que l’avènement du président Mohamed Cheikh El Ghazouani inaugure une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays. Le vice-président des Editeurs de presse, ancien patron des défunts journaux Le Matin et Direct info se réjouit de la posture de leadership du président El Ghazouani lors du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité. invité d’honneur du président Macky Sall, le chef d’Etat mauritanien a impressionné lors de son passage au Forum. Pour l’ancien imprimeur préféré du Témoin Hebdomadaire, avec Ghazouani, le Sénégal et la Mauritanie inaugurent une nouvelle ère de coopération à l’aune de la gestion commune du gaz et du pétrole. Entretien
Le Témoin - Monsieur Baba Tandian, vous êtes le vice-président des Éditeurs de presse du Sénégal et un observateur averti des relations mauritano-sénégalaises. Vous étiez présent au forum de Dakar sur la paix et la sécurité qui a vu la présence du président mauritanien Mohamed Cheikh El Ghazouani comme invité d’honneur. Quelle appréciation faites-vous de cette première sortie sénégalaise du nouveau président mauritanien ?
Baba TANDiAN - La brillante participation du président de la République de Mauritanie, Mohamed Cheikh El Ghazouani, a été saluée par tous les participants du Forum de Dakar. Ce fut une surprise puisque c’est la première fois que presque tous les participants au Forum de Dakar voyaient le nouveau chef d’Etat mauritanien. Le peuple sénégalais était plus habitué à des présidents mauritaniens plus célèbres comme Ould Taya, Mohamed Ould Abdel Aziz… mais ce qui a été étonnant, c’est que, dès ses premiers mots au Forum, on a senti un courant de sympathie qui a traversé la salle. L’homme avait un visage jovial, mais surtout il dégageait une sympathie contagieuse comme me le disait un étudiant. L’opinion de ce dernier est partagée par nombre d’étudiants qui m’entouraient car ils savaient l’état de mes relations profondes avec la Mauritanie. Cette bonne opinion a été confirmée par l’homme dès qu’il a pris la parole. Un discours fort et bien structuré qui envahit une salle plongée dans une profonde écoute. Le président Ghazouani impressionne par la maitrise de son sujet et notamment de la question djihadiste dans le Sahel. La sérénité se dégageant de son discours d’une critique de l’approche onusienne de résolution de la crise terroriste a charmé la salle qui ne cessait d’applaudir fréquemment les séquences du discours. Il a même ravi la vedette au président Macky Sall. Son discours a vraiment fait tilt. Il a frappé l’esprit de l’opinion publique sénégalaise. D’ailleurs, au lendemain de ce discours, il a partagé la Une des quotidiens sénégalais. Un bon baromètre du niveau d’appréciation de la posture de l’homme. Un véritable chef d’Etat, l’incarnation d’un leadership naissant pour la Mauritanie, mais aussi pour la sous-région. Les Sénégalais venaient de découvrir l’homme. Ghazouani a trouvé des supporters et des sympathisants au sein du peuple sénégalais.
Le nouveau président a développé dans son discours des points clé de la lutte contre le terrorisme notamment la responsabilité qui incombe aux Etats et à l’ONU surtout sur la question de la faiblesse des financements. Pensez-vous que le président mauritanien a bien posé la problématique de la lutte contre le terrorisme ?
Effectivement, le président mauritanien a montré une véritable maitrise de la problématique de la lutte contre le terrorisme. Quel est le dirigeant africain et du monde qui ose critiquer ouvertement le jeu de yoyo des Nations-Unies ? Le président Ghazouani a montré le drame du terrorisme pour nos pays à travers le désastre des activités terroristes qui ont engendré des milliers de morts, des centaines de déplacés, la fermeture de centaines d’écoles et des millions de déplacés. Certes, s’il a salué les initiatives de gestion de crises émanant de nos Etats et de nos partenaires, il a déploré que telles initiatives aient connu des limites. C’est pourquoi, il pense que c’est important que l’ONU se réforme. Il a proposé un vaste changement dans la procédure onusienne de lutte contre le terrorisme au niveau de la composition des membres permanents du Conseil de sécurité mais également dans la politique onusienne de maintien de la paix qui n’est pas en adéquation avec le temps des autres. Selon lui, il faut des forces plus mobiles et connaissant mieux le terrain qu’une force lourde et coûteuse avec un mandat souvent limité.. Pour ma part, je ne suis pas étonné de cette posture de l’homme parce qu’il ne faut pas oublier qu’il est un militaire de haut rang puisqu’il a été un général chef d’Etat-major des armées mauritaniennes. Il a été au cœur de toutes les stratégies de lutte contre le terrorisme en Mauritanie. Des stratégies efficaces puisque la Mauritanie est parvenue jusqu’ici à faire face aux groupes terroristes qui s’illustrent pourtant dans des pays frontaliers avec la Mauritanie. Ce qui est magnifique chez cet homme, c’est qu’il ne fait pas de l’exhibitionnisme. Son efficacité réside dans sa discrétion. Un militaire pur et dur, doté d’un coefficient intellectuel remarquable. A preuve, son discours de très haute facture au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamnadio. Ce qui est intéressant, c’est qu’en tenant un tel discours au Sénégal aux côtés du président Macky Sall, c’est un signal fort d’un nouveau départ dans les relations entre les deux pays, mais surtout pour combattre ce fléau du terrorisme qui entrave le développement économique de nos pays. Les deux présidents vont se donner la main pour combattre ensemble aux côtés des autres chefs d’Etat de la sous-région le fléau du terrorisme. Comme disent certains, pour combattre Satan, il faut être deux ou plusieurs Etats.
Le discours du président Ghazouani a été très ovationné par la salle comme vous l’avez relevé. Qu’est-ce qui explique cela?
C’est parce que les Sénégalais se sont retrouvés dans le discours du président mauritanien qui colle à l’actualité terroriste en cours. Surtout que la Mauritanie est plus exposée que le Sénégal. Cependant, il est clair qu’aucun pays de la sous-région n’est épargné. C’est pourquoi, le peuple sénégalais se sent réconforté par le discours du président Ghazouani qui n’est pas un homme versatile. Ghazouani symbolise un gage de stabilité dans la sous-région. Parce que même si le Sénégal ne fait pas partie du G5 (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina et Tchad), le président Ghazouani a montré que notre pays méritait d’y figurer surtout que le Sénégal est l’un des plus grands contributeurs en termes de troupes au Mali. D’ailleurs, d’aucuns ont vu à travers son discours un plaidoyer du président Ghazouani en faveur du Sénégal. Mais ce qui est important de retenir, c’est le leadership affiché du président mauritanien sur la question djihadiste. Si les autres chefs d’Etat impliqués dans ce dossier suivent la voie tracée par Ghazouani, c’est sûr qu’on peut espérer une bonne avancée dans la lutte contre ce fléau. Sa posture s’affiche comme intégratrice d’un vaste mouvement d’ensemble, mais aussi d’une touche particulière puisque l’homme parle en connaissance de cause.
Quel impact pourrait bien avoir cette visite du président mauritanien sur les relations entre la Mauritanie et le Sénégal ?
Depuis le passage de Ghazouani au cours de forum, Macky Sall sait désormais qu’il peut compter sur cet homme pour ensemble construire l’émergence des deux pays surtout à l’aune des découvertes du gaz et du pétrole. L’on ne peut construire nos pays dans l’anarchie, dans le manque de respect de l’un et de l’autre. Il faut un respect réciproque pour éviter de développer des sentiments de frustration de part et d’autre. Nos deux pays ont connu une histoire similaire. Ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise. Alors lorsque les deux chefs d’Etat parviennent à une convergence de vues, il faut saluer et encourager cette synergie. Jusqu’ici, on a parlé le même langage dans le processus de l’exploitation future de nos ressources naturelles dont le Bon Dieu nous a dotées, il faut compter dans cette même dynamique avec la construction du futur pont de Rosso qui va encore participer à densifier nos échanges économiques. Je crois qu’aujourd’hui, les deux pays ont la chance de compter sur deux hommes d’Etat engagés, patriotes et dotés de vision mutuelle pour la prospérité de notre pays. El Ghazouani inaugure une nouvelle ère dans les relations entre la Mauritanie et le Sénégal.
La première interview du président a été faîte avec le quotidien «Le Soleil» est-ce la preuve de l’intérêt accordé à la presse sénégalaise ?
Oui, c’est un signe de respect notoire que le président de la République de Mauritanie a eu pour la presse sénégalaise. Cette interview accordée à notre quotidien national démontre que Ghazouani accorde non seulement un intérêt pour la presse sénégalaise, mais au-delà c’est pour tout le peuple sénégalais parce qu’il a cherché à marquer les esprits, mais aussi à prendre date. Cette interview traduit le ressenti que le chef de l’Etat mauritanien a pour le Sénégal. Il faut y voir la ligne de conduite que l’homme entend imprimer à la relation qu’il veut mettre en place avec le Sénégal.
Les réfugiés mauritaniens au Sénégal ont exprimé leur déception devant le mutisme du président mauritanien sur leur situation notamment leur retour en Mauritanie. N’est-ce pas un cheveu dans la soupe du président ?
C’est un cheveu dans la soupe. Certains présidents mauritaniens de ces dernières années ont posé des jalons pour un règlement définitif de cette question. Sidi Abdallah, Aziz et Ghazouani aujourd’hui, chacun a cherché à faire bouger les choses dans cette histoire créée par Ould Taya. Aujourd’hui, l’espoir est permis avec Ghazouani parce qu’il n’est pas un va-t-en-guerre. J’ai eu la chance de côtoyer les quatre derniers présidents. Ghazouani, je l’ai connu quand il était directeur général de la Sûreté nationale, il était au cœur du changement avec Taya. Donc, c’est quelqu’un qui est très imprégné de cette question. A mon humble avis, avec lui, on pourrait arriver à un règlement définitif de la question des réfugiés mauritaniens. Il ne faut pas reprocher au président un certain mutisme parce que ce dossier est très important et sérieux. Les décisions doivent être prises dans un grand sens des responsabilités. Laissons-lui le temps de s’installer, vous verrez rapidement qu’on ne va plus parler de ce dossier.
Vous semblez placer de grands espoirs dans l’arrivée au pouvoir du président Ghazouani. Pourquoi ?
Vous savez, ma connaissance profonde de la Mauritanie et surtout de ses dirigeants me donne e sentiment qu’avec Ghazouani, c’est une nouvelle ère de prospérité, de développement, mais surtout de stabilité qui sera inaugurée entre ce pays et le Sénégal. Le diable est dans le détail, mais lorsqu’on sort du forum avec en bandoulière le discours de très haute facture du président mauritanien, la place n’est pas au pessimisme. Mon intuition ne me trompe guère. Je nourris en effet un grand espoir pour nos deux peuples avec l’arrivée du président Ghazouani.
Par Mamadou FAYE
IL FAUT PRIVATISER LA GESTION DE LA SÉNÉLEC
la privatisation de la Senelec, si elle est bien menée, devrait profiter aux populations par une baisse du prix de l’électricité. Cependant, celle-ci nécessitant une étude minutieuse avant sa mise en œuvre
Voilà que déjà pressurés par un coût de la vie assez élevé, les Sénégalais viennent de subir avec l’augmentation annoncée du prix de l’électricité à hauteur de 10% en moyenne, une énième agression de la part de ses dirigeants censés leur garantir un mieux-être.
L’annonce de cette mesure n’a pas manqué de soulever quelques réactions hostiles de certains Sénégalais y compris ceux du camp présidentiel. Malgré tout, le Pouvoir reste inaudible à ce cri du cœur des populations, en misant sur l’option immédiate d’augmenter le prix de l’électricité au détriment d’autres alternatives qui auraient soulagé les populations. Entre autres alternatives, il y a lieu de retenir la privatisation à terme et un réajustement à l’interne dans l’immédiat par la mise en place d’une stratégie de réduction des coûts qui, à travers des niches d’économies, permettrait de rétablir l’équilibre financier de la Senelec tout en lui assurant une rentabilité pérenne.
D’ailleurs, sous ce rapport, c’est faux de faire croire aux populations que privatisation est synonyme d’augmentation des tarifs. Contrairement aux établissements publics, l’entreprise privée est tournée vers la quête permanente de performance, gage d’une bonne compétitivité. La compétitivité s’entend par la capacité d’une entreprise à produire à moindre coût des produits ou des services destinés à la consommations des populations durablement et à des prix compétitifs (prix abordables pour les clients).
La compétitivité d’une entreprise ne saurait s’obtenir sans cette stratégie qui fait de la «création de valeur client» le soubassement de la recherche de profit. Le défi de toute entreprise privée est d’offrir à ses clients des produits de très bonne qualité sans lui en faire supporter un coût excessif. D’ailleurs, la performance managériale d’un dirigeant se mesure par sa capacité à gérer cette problématique induite par ce conflit entre le prix et la qualité des produits à mettre sur le marché.
Sous ce rapport, la privatisation de la Senelec, si elle est bien menée, devrait profiter aux populations par une baisse du prix de l’électricité. Cependant, celle-ci nécessitant une étude minutieuse avant sa mise en œuvre, une solution intermédiaire consistant à privatiser sa gestion pourrait être envisagée. Ce qui serait d’autant plus justifié que, depuis l’annonce de la mesure, beaucoup de pères de familles ne savent plus à quel saint se vouer. L’augmentation prochaine du prix de l’électricité qu’ils le disent ou pas, hante les ménages et à coup sûr, sera durement ressentie par ces derniers.
Fidèles à leur réputation de porte-paroles des sans voix, des opprimés, des délaissés et laissés pour compte, mesdames Hélène TINE et Fatou SARR SOW et l’honorable Moustapha Diakhatesur le plateau de la 2stv, n’ont pas manqué de demander solennellement au Président de la République de surseoir à la mesure, démontrant qu’ils étaient ses «vrais alliés» dans cette affaire. Ils ont eu la bonne lecture de la situation difficile que vit la grande majorité des sénégalais qui, fatalistes jusque dans le bout des ongles, ont tendance à supporter tout ce que les dirigeants censés les soulager, mettent sur leurs dos.
Attention à ne pas pousser le bouchon trop loin et aux conséquences qui peuvent en découler ! Au lieu d’une solution de facilité tendant à répercuter tous les surcoûts sur les consommateurs, la Senelec devrait penser à s’ajuster en interne par la mise en place d’une politique de stratégie de réduction des coûts. Ce qui serait synonyme de création de valeur aussi bien pour elle que pour ses clients et éviterait du coup de les charger d’autant qu’ils sont déjà durement éprouvés par la cherté du coût de la vie.
Face à des difficultés financières, une entreprise a trois alternatives qui s’offrent à elle : l’augmentation des prix, l’augmentation de la production ou la réduction de ses coûts. Aujourd’hui, les deux premières hypothèses semblent exclues pour la Senelec pour la simple raison que pour la première, les populations n’en peuvent plus et que pour la deuxième, les difficultés de trésorerie qui sont à l’origine de la mesure ne permettent pas une augmentation de la production pour l’instant. Donc une des voies de salut de la Senelec et de soulagement des populations réside dans la mise en place d’une stratégie de réduction de ses coûts en attendant sa privatisation plutôt que de s’inscrire dans une logique de primauté d’augmentation des recettes budgétaires qui, a servi dans le passé au régime libérale d’après la première alternance d’entretenir une base clientèle au moins d’une immixtion dans la gestion des entreprises.
Le cas des Industries Chimiques du Sénégal en est une illustration typique. Bien gérées sous le régime des socialistes sous la forme d’une gestion privatisée avec près de 49% des actions appartenant à l’Etat, les ICS se sont vu investies par ce régime libéral sous lequel, elles se sont affalées.
La privatisation de la gestion de la Senelec s’impose véritablement à l’Etat du Sénégal d’autant plus que la compétitivité d’une nation repose sur sa capacité à accroître durablement le bien-être de ses populations. La compétitivité d’une nation est adossée à celle de ses entreprises nationales situées dans ou en dehors de son territoire. Cette forme de privatisation (gestion privatisée) contrairement à celle qui consacre le transfert de propriété d’entreprise du secteur public au secteur privé, affecte simplement le statut de l’entreprise et non son appartenance.
La particularité de cette forme de privatisation est caractérisée par la substitution de la forme de droit public qui conditionne la gestion de l’entreprise publique par celle de droit privé qui n’induit pas un changement de propriété. En tout cas, cette forme de privatisation a fait les beaux jours des ICS qui, avec celle-ci ont connu des résultats excédentaires, des créations d’emplois, des octrois de bourses de stages, le partage des fruits de sa croissance avec les populations environnementales dans les localités de Tivaouane et de Mbao par une bonne politique de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). Puisse le Président Macky Sall se remémorer de cette forme de gestion qu’il connaît bien pour en faire bénéficier la Senelec au profit des populations en terme de restauration de leur pouvoir d’achat et de réhabilitation de l’emploi pour cette jeunesse sénégalaise qui peine à trouver un stage ne serait-ce que pour parfaire leur formation professionnelle qui, pour beaucoup d’entre eux n’est que théorique. Il est hors de question pour nous d’indiquer ici, les voies et moyens menant à la mise en place d’une stratégie basée sur la réduction des coûts mais plutôt d’une invite à l’Etat pour privatiser la gestion de la Senelec.
La Senelec regorge de cadres compétents qui, laissés à eux-mêmes pourraient mettre en valeur cette stratégie qu’ils connaissent certainement mieux que nous. Pour cela, il faut cette volonté politique qui l’affranchirait de l’immixtion de l’Etat dans sa gestion. Ceci devrait se traduire d’une part, par une réduction de la sphère d’intervention de l’Etat qui la préserverait de toute forme de recrutement clientéliste et d’autre part, par une autonomie de gestion qui lui octroierait la plénitude totale de ses choix stratégiques et des arbitrages en matière budgétaire. D’ailleurs, il y a lieu de s’interroger sur la réticence de l’Etat à ne pas privilégier cette option qui éliminerait à terme la subvention de l’Etat tout en évitant de pressurer davantage les populations ? La politique at-elle pris le dessus sur la technocratie ? Si oui, quelles en seraient les raisons ?
L’argument consistant à faire croire que l’augmentation du prix devrait servir à financer l’électrification rurale n’est pas solide d’autant plus que les pistes Banque Mondiale relevant de la promotion de l’utilisation des énergies renouvelables et de l’amélioration à l’accès à des services d’électricité de qualité dans les zones rurales, existent bel et bien et continuent de bénéficier à certains pays africains dont le Mali tout récemment. Egalement, la référence à l’augmentation des prix de l’électricité dans 27 pays d’Afrique, relayée par une certaine presse (mardi 26/11/2019), ne saurait prospérer dans la mesure que l’Afrique ne constitue pas un modèle dans la gestion des derniers publics et est le chantre de de la gabegie.
Au nom de ce qui précède et dont nous avons la forte conviction qu’il peut constituer une piste intéressante, nous nous joignons à la demande de nos sœurs et frère précités, pour demander à l’Etat de surseoir à la mesure qui sera dure à avaler pour les populations que nous sommes. L’illustration de cette assertion est donnée par l’information selon laquelle, des sénégalais ont été arrêtés par la gendarmerie à Toglou, Dougar et Gandoum, parce que surpris en train de déterrer des produits impropres à la consommation destinés à la vente et à leur propre consommation.
LA DOUANE A SAISI DE LA COCAÏNE A L’AIBD
La Brigade de tourisme de la Subdivision des Douanes de l’AiBD a saisi, ce mercredi 27 novembre 2019, à 13 h, à l’aérogare, de la cocaïne et de la méthamphétamine encastrées dans deux objets d’art
Près de 600 kg de chanvre indien à l’intérieur du pays en 5 jours.
La Brigade de tourisme de la Subdivision des Douanes de l’AiBD a saisi, ce mercredi 27 novembre 2019, à 13 h, à l’aérogare, de la cocaïne et de la méthamphétamine encastrées dans deux objets d’art
Lesdits objets d’art sont convoyés depuis la Guinée Bissau sous le couvert d’un envoi express par une Société de fret par un vol de la Compagnie Asky qui a atterri à 7H30mn à l’AIBD. Intrigués par le fait que la marchandise avait une destination douteuse et qu’elle n’était ni accompagnée, ni manifestée, les agents des Douanes ont pris en repérage les colis attendant que quelqu’un se manifeste pour les récupérer selon un communiqué de presse du Bureau des relations publiques de la Douane. « Et c’est à 13h, lorsqu’un représentant de la Société de fret express s’est présenté pour entrer en possession des colis, prétextant les faire transiter à destination des Etats Unis, que les éléments de la Brigade des Douanes du tourisme ont procédé au contrôle des colis en les passant au scanner. Les images confirment leur soupçon » ajoute le document.
Requise par les agents des Douanes, la Police scientifique s’est déportée sur les lieux et confirmait les résultats suivants. 5,05 kg de cocaïne seront trouvés et aussi 500 g de Méthamphétamine (une drogue de synthèse) sous forme de boulettes. La valeur estimée de la marchandise est de 520 millions de Francs CFA. L’individu qui s’était présenté pour récupérer la marchandise et le directeur de la société en question sont en garde à vue. L’enquête suit son cours en rapport avec les services nationaux compétents en la matière notamment l’Ocritis.
Près de 600 kg de chanvre indien à l’intérieur du pays en 5 jours.
Par ailleurs, le même document indique a saisi en 5 jours près de 500 kg de chanvre indien. La Douane poursuit et intensifie ainsi la lutte contre le trafic de chanvre indien sur l’étendue du territoire douanier. En plus des 248 kg de « yamba » saisi ce week-end par la Brigade commerciale de Moussala, deux autres importantes saisies ont été réalisées par les agents des Douanes. Il s’agit d’une saisie de 281kg de chanvre indien, le lundi 25 novembre 2019 dans la forêt de Missirah (département de Foundiougne) par la Brigade Commerciale des Douanes de Karang. Les porteurs avaient débarqué la marchandise prohibée d’une pirogue avant de la dissimuler dans le bois, attendant la nuit pour venir la récupérer et rallier les grandes localités les plus proches. Ensuite il est question d’une saisie de 60kg de chanvre indien, le mardi 26 novembre 2019, à 20h 30h au large de Joal à bord d’une pirogue motorisée, par les agents de surveillance de la Brigade maritime des Douanes de Joal. Soit un total de 589 kg de chanvre saisis en 5 jours. Trois individus sont appréhendés et mis à la disposition de la justice. Une pirogue et un moteur sont également saisis. La valeur totale du chanvre saisi est estimée à 35 340 000 CFA conclut le document.
par Julie Owono
FACEBOOK, JUGE DE NOS LIBERTÉS
Si l’engagement de l’entreprise et de son fondateur en faveur de la liberté d’expression est sincère, il est urgent que celle-ci réfléchisse à un autre modèle économique, qui ne se nourrisse pas de l’intimité des citoyens
Jeune Afrique |
Julie Owono |
Publication 28/11/2019
Quand j’ai su que Mark Zuckerberg prononcerait un discours en faveur de la liberté d’expression, je n’ai pu m’empêcher de m’exclamer : enfin !
Après tout, ce n’est pas tous les jours que le créateur d’un réseau qui a autant d’impact sur nos sociétés, et notamment sur les conversations qui les animent, prend publiquement position sur ce sujet. Surtout que des doutes subsistent sur la capacité de la firme américaine à respecter les droits les plus fondamentaux des utilisateurs de son réseau social. Puis j’ai écouté et j’ai lu le fondateur de Facebook. J’ai relevé des insuffisances et beaucoup de contradictions dans son discours. Il m’est apparu fier du rôle que son outil a joué, et peut potentiellement continuer à jouer, sans vouloir poser les actes à la mesure de cette responsabilité inédite dans l’Histoire.
Les raisons qui ont motivé cette prise de parole s’inscrivaient dans un contexte américain. L’intervention du patron de Facebook avait notamment pour objectif de répondre aux appels au démantèlement du monopole des Gafa de la sénatrice et candidate à l’investiture démocrate Elizabeth Warren, et intervenait quelques jours avant une nouvelle audition de Mark Zuckerberg devant le Congrès américain. Mais, de mon point de vue, le créateur de Facebook avait surtout une occasion de placer l’entreprise dans son contexte global. Et il l’a manquée.
Publicités politiques
Par exemple, lorsqu’il a dressé le constat, juste, de l’internet global qui se fracture – entre sa version libre, et sa version plus répressive, inspirée notamment du modèle chinois –, mais a tiré comme conclusion qu’il faut de nouveau faire confiance au concept de free speech, c’est-à-dire à la vision américaine de la liberté d’expression définie par le premier amendement de la Constitution, laquelle interdit à l’État d’y fixer toute limite.
Cette vision a accompagné la naissance de l’internet civil, et a longtemps prévalu. Elle fonctionne certainement aux États-Unis, où des institutions stables font office de contre-pouvoir entre elles, où le pouvoir judiciaire est indépendant, où la société civile est forte.
Mais ce schéma est-il applicable au Mali, par exemple, où le gouvernement peine à lutter contre des groupes jihadistes qui organisent des recrutements par le biais de WhatsApp ? Quelle conséquence ce laisser-dire a-t-il eue pour les Rohingyas en Birmanie ? Facebook est certes une compagnie américaine, mais l’impact de ses services est mondial. Sur les 2 milliards d’utilisateurs du réseau social, les trois quarts vivent en dehors des États-Unis.
D’ailleurs, les Américains eux-mêmes semblent ne plus croire en l’application stricte du principe de free speech sur internet : l’appel à un moratoire sur les publicités politiques diffusées sur les réseaux sociaux est une des manifestations de cette perte de confiance. Twitter, par la voix de son fondateur, Jack Dorsey, a accepté le principe de leur interdiction pour prévenir la diffusion de campagnes de manipulation d’opinion et de désinformation. Facebook persiste à n’en rien faire, au nom du premier amendement.
Absence de réglementations
Ce problème met en évidence les risques qu’engendre une analyse américano-centrée des principes qui doivent en général gouverner les réseaux sociaux et internet.
Mus par l’urgence de prévenir de nouvelles interférences russes dans leur élection présidentielle de 2020, de nombreux Américains sont soudainement devenus les défenseurs d’une liberté d’expression limitée selon le bon vouloir d’entreprises privées, ici les plateformes de contenus. Ces changements d’humeur au gré des menaces sur la démocratie sont dangereux, et masquent les véritables problèmes.
Comme l’écrivait le professeur Siva Vaidhyanathan dans une tribune publiée dans le New York Times, le problème n’est pas que Facebook choisisse de continuer à réaliser des bénéfices en autorisant des publicités politiques mensongères, mais plutôt que le législateur américain n’ait pas encore adopté de lois qui encadrent, voire limitent, la collecte et l’exploitation des données personnelles des citoyens, notamment à des fins politiques.
Car le vrai danger est bien là : notre liberté d’expression n’a pas de substance sans protection de notre vie privée. Celle-ci est au cœur des questions de désinformation, de haine et de liberté d’expression. Une évidence que Mark Zuckerberg a soigneusement évité d’évoquer. Or c’est précisément parce que Facebook n’a pas su protéger techniquement les données de ses utilisateurs que des sociétés comme Cambridge Analytica, et bien d’autres, ont pu frauduleusement exploiter leurs informations personnelles et politiques pour manipuler leurs opinions, avec les conséquences, notamment électorales, que l’on sait.
Capitalisme de surveillance
Ce scandale, révélé par la presse en mars 2018, a révélé l’ampleur du « capitalisme de surveillance ». Selon ce concept, défini par la professeure Shoshana Zuboff, nous vivons dans une nouvelle ère industrielle dans laquelle nos informations personnelles sont exploitées, dans laquelle les scandales sur les fuites de données ou sur l’accès frauduleux aux bases de données des entreprises sont des réalités quasi quotidiennes qui mettent en danger la démocratie.
Facebook est une des entreprises qui profite de cette industrie de la violation de la vie privée, aux côtés d’autres comme Google ou Amazon. Si l’engagement de l’entreprise et de son fondateur en faveur de la liberté d’expression est sincère, il est urgent que celle-ci réfléchisse à un autre modèle économique, qui ne se nourrisse pas de l’intimité des citoyens. Dans un monde instable, tous les acteurs de la société, y compris ces entreprises, doivent jouer leur rôle pour protéger nos droits et nos libertés.
Julie Owono est Directrice exécutive d'Internet sans frontières, chercheuse au Berkman Klein Center for Internet and Society de l'Université d'Harvard (États-Unis).