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27 juillet 2025
MABANCKOU ET WABERI REDÉFINISSENT L'AFRIQUE
Dans leur « Dictionnaire enjoué des cultures africaines », les deux écrivains rompent avec la perception du continent vu comme « un réservoir de malheurs »
Le Monde Afrique |
Maryline Baumard |
Publication 27/11/2019
« Abacost ». C’est la première définition du Dictionnaire enjoué des cultures africaines et un mot qu’Alain Mabanckou, co-auteur de l’ouvrage avec Abdourahman Waberi, confie adorer. Pas vraiment un hasard… Ce veston d’homme au col sans revers, lancé par Mobutu du temps du Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) pour rompre avec les signes extérieurs de colonisation, voulait valoriser l’« authenticité africaine ». Le choix de ce terme en ouverture ressemble un peu à une mise en abyme de ce qu’est ce faux dico, vrai manifeste d’une Afrique en mouvement.
Le Dictionnaire enjoué est né de conversations de café entre ces deux plumes d’or, titulaires de chaires de littérature francophone dans de prestigieuses universités américaines, qui avaient envie de poser sur une page blanche un peu de l’énergie de l’Afrique et de montrer comment la France noire ou l’Afro-Amérique irradient de cette même énergie vitale et créatrice. Mabanckou le Congolais et Waberi le Djiboutien, qui contribuent depuis des années à faire circuler une parole libre sur leur continent de naissance et dans ses diasporas, offrent là un traité moderne et ludique qui remet quelques idées en place. Réponse carabinée à tous ceux qui, formatés par l’idée qu’une œuvre littéraire doit s’inscrire dans un genre, pensaient qu’un dictionnaire ne pouvait pas offrir de vision du monde…
Balles perdues
Les deux écrivains (Abdourahman Waberi est aussi chroniqueur au Monde Afrique) réhabilitent le genre. Avec cette « promenade dans les cultures africaines », ils glissent une flamme passionnée « qui donne à voir et à sentir le pouls d’un très grand continent » et entendent rompre avec cette manière « de percevoir l’Afrique comme un réservoir de malheurs ou un continent frappé d’une malédiction atavique et caractérisé par des affrontements ethniques ».
Loin de diminuer l’effet, la fragmentation de l’œuvre en définitions contribue à façonner une philosophie pétillante de l’Afrique où la France se prend quelques balles perdues. La définition de « développement », particulièrement achevée, rappelle que « l’aide au développement est une somptueuse arnaque. Bien loin de contribuer à atténuer les inégalités, l’argent versé par les pays riches aux pays du Sud sert d’abord à exercer une influence politique et commerciale tout en entretenant le cercle infernal de la dette ».
Faut-il y lire une pointe de critique à l’heure où Emmanuel Macron veut faire passer l’aide de la France de 0,5 % à 0,7 % du PIB ? Chacun interprétera à sa manière… Comme le fait que l’ouvrage referme sur les « Zem », ces taxis béninois « qui illustrent combien les populations africaines prennent leur destin en main et savent trouver des ripostes aux défaillances des régimes politiques en place ». Ça c’est dit !
L'AMBASSADEUR DE L'UE À COTONOU RENVOYÉ
Les autorités béninoises, qui accusent le diplomate « d'ingérence » dans la vie politique, lui ont donné jusqu'au 1er décembre pour plier bagage
Jeune Afrique |
Fiacre Vidjingninou |
Publication 27/11/2019
Cotonou a officiellement saisi Bruxelles, le 20 novembre, pour demander le départ d'Oliver Nette, le chef de la délégation de l’Union européenne au Bénin. Les autorités béninoises, qui accusent le diplomate « d'ingérence » dans la vie politique, lui ont donné jusqu'au 1er décembre pour plier bagage.
Un an et demi après avoir présenté ses lettres de créance, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) Olivier Nette est déclaré persona non grata à Cotonou. Le 20 novembre dernier, le ministère béninois des Affaires étrangères a officiellement demandé à Bruxelles de rappeler son ambassadeur en poste à Cotonou depuis mai 2018.
« Il a pris trop de libertés, et ne se cache plus pour émettre des jugements de valeur sur les institutions du pays », a commenté, sous couvert de l’anonymat, un cadre du ministère des Affaires étrangères.
Une source de Jeune Afrique à la présidence assure que le diplomate aurait « critiqué, à mots à peine voilés, l’état de la liberté de la presse » au Bénin, et qu’il aurait en outre récemment « formulé des critiques envers la personne du chef de l’État et sa gouvernance du pays ». Pour l’exécutif, qui l’accuse « d’ingérence », sa récente rencontre avec des membres de l’opposition a été le goutte-d’eau qui a fait déborder le vase.
Contacté par Jeune Afrique, le ministère des Affaires étrangères n’a pas souhaité commenter l’affaire. Tout comme la délégation de l’Union européenne, qui n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Un ambassadeur trop « politique » ?
Dès le début de sa mission au Bénin, les relations ont été compliquées avec les autorités béninoises. L’ambassadeur avait dû attendre six mois avant de pouvoir officiellement présenter ses lettres de créance. Argument avancé : l’indisponibilité de la salle où devait avoir lieu l’événement.
À l’issue de la cérémonie, le 3 mai 2018, il n’avait pas caché son intention de donner un tournant « politique » à sa mission. Il avait notamment fait savoir l’ambition de l’Union européenne d’« accompagner le gouvernement dans les réformes » sur les finances publiques et la lutte contre l’impunité, et avancé l’idée d’une sorte de « contrat de bonne gouvernance et de développement ». « Nous voulons travailler avec le Bénin sur des sujets un peu plus politiques », avait-il déclaré ce jour-là.
Actuellement, l’UE appuie le Bénin à travers le 11e Fond européen au développement (FED 2014-2020), pour environ 244 milliards de FCFA (372 millions d’euros) dans trois domaines : l’appui à la bonne gouvernance pour le développement, le développement durable de l’agriculture et l’accès à une énergie moderne et durable.
« LA HONTE VA S’ABATTRE SUR L’ASSEMBLÉE NATIONALE »
Le député Ousmane Sonko n'a pas mâché ses mots ce mercredi à propos de l'affaire Bougazelli devant ses pairs du parlement
L’affaire des faux billets impliquant l’ex député Seydina Fall dit Bougazelli s’est invitée dans les débats à l’Assemblée nationale, en session ordinaire unique pour l’examen du Projet de loi de finances (PLF) 2020. Inculpé récemment pour trafic de faux billets et corruption, entre autres chefs d’accusation, Bougazelli a été obligé de présenter sa démission.
Le député-opposant, Ousmane Sonko, qui est le premier à prendre la parole sur la liste d’une soixantaine d’inscrits, n’a pas mâché ses mots, égratignant la représentation nationale. « La honte va tomber sur l’Assemblée nationale », tranche le malheureux candidat à la dernière présidentielle du 24 février.
« L’Assemblée nationale, c’est une zone de non droit budgétaire, martèle-t-il. J’ai dit ici qu’il existe une fraude fiscale à l’Assemblée nationale. (...) J’ai aussi révélé que le blanchiment d’argent y est aussi une réalité. J’espère que le blanchiment de drogue ne s’y déroule pas parce qu’un député (Moustapha Cissé Lô, ndlr) a dit qu’il s’y connait. J’ai aussi dit que le blanchiment d’escrocs publics existe à l’Assemblée nationale. Parce que la commission d’enquête parlementaire, sur l’affaire des 94 milliards (Ndlr : affaire l’opposant à l’ex Directeur des Domaines, Mamour Diallo), a essayé de blanchir des personnes mouillées. »
Poursuivant, le député a tenu à féliciter l’OFNAC. Ce, pour dire que l’organe « a déposé son rapport sur la table du procureur en confirmant tout ce (qu’il) a avancé. Et qui a demandé des poursuites contre les personnes concernées. »
Par contre, dans ses conclusions, la commission d’enquête parlementaire avait "innocenté" Mamour Diallo, l’ex-Dg des Domaines, et "mouillé gravement Ousmane Sonko", l’ex-inspecteur des Impôts. Selon la commission, le député en question « a violé la loi, en jouant un rôle d’intermédiaire pour le compte de certains des héritiers, en utilisant des prête-noms ». Une action de la Commission d’enquête que le député, leader de Pastef, a rejeté en bloc.
UN BUDGET DE L'ÉTAT EN HAUSSE DE 143,38 MILLIARDS POUR 2020
Les ressources internes devraient connaître une augmentation de 3,5% par rapport à la LFI 2019, pour s’établir à 2.862 milliards de FCFA, soit un bond de 241 milliards de FCFA en valeur absolue
Le budget 2020 de l’Etat sénégalais, d’un montant de 4.215,15 milliards contre 4.071,77 milliards de FCFA pour la Loi de finances initiale (LFI) 2019, enregistre une hausse de 143,38 milliards en valeur absolue et 3,5% en valeur relative, apprend-on de source parlementaire.
Il n’a pas connu une baisse contrairement à ce que laisse croire la nouvelle présentation du PLF 2020 arrêté à 3708,95 milliards de FCFA, lit-on dans le rapport présenté mercredi par la commission des finances de l’Assemblée générale à l’ouverture du marathon budgétaire.
Il explique que cette impression est liée au reclassement des amortissements de la dette d’un montant de 506,02 milliards FCFA en 2020, dans la partie financement du déficit. Jusqu’ici, cette catégorie de dépense était considérée comme une dépense budgétaire et non de trésorerie, comme c’est le cas actuellement avec la nouvelle LOLF (loi organique relative à la loi de finances)
Le projet de loi a été bâti sur une prévision de croissance d’environ 7% et un déficit budgétaire maintenu à 3%, conformément aux objectifs de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
D’après le rapport, les ressources internes devraient connaître une augmentation de 3,5% par rapport à la LFI 2019, pour s’établir à 2.862 milliards de FCFA, soit un bond de 241 milliards de FCFA en valeur absolue et 9,9% en valeur relative par rapport à la LFR 1 de 2019.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
NOUHA CISSÉ, L’ÉCOLE DE LA VILLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour celui qui a, avec la mort des rapports difficiles, ayant perdu toute sa famille avant ses 16 ans - père, mère, grand-père, grand-mère - son sens de la vie, de l’accomplissement, sont extraordinaires - INVENTAIRE DES IDOLES
Il est resté pratiquement inchangé, au fil des années, le lycée Djignabo de Ziguinchor. Dans le prolongement de l’hôtel Néma Kadior, sur la route de l’aéroport de la ville, adossé au quartier du Château d’eau. Un bâtiment collé à une autre adresse connue de la ville : le stade omnisport de Néma. Etalé sur quelques hectares, avec ses blocs de ciment beige, arbitrairement disséminés et délavés par les pluies. Des générations de casamançais y ont fait leurs humanités. Le lycée défie les âges, et on ne le parcourt pas sans une petite émotion, très souvent une grande fierté que booste chaque parcelle de ce mobilier qui a été si familier. Récemment, le ministère de l’éducation nationale a consenti à quelques investissements pour refaire la plaque de l’entrée. Exit la rouille qui avait entamé l’ancienne plaque, les inscriptions désormais trônent en lettres capitales, bien visibles à l’entrée, où le responsable de la sécurité filtre le trafic des élèves et veille au respect du port de l’uniforme, institué depuis 2004. A l’intérieur, une vaste esplanade sablonneuse, des arbres plus rares ; deux terrains de foot, un à l’entrée, un autre à l’arrière ; un plateau de Handball, de Basket et un dojo, un peu plus loin. Seul le fromager géant, immortel, offre son ombre à la démographie galopante de ce lycée qui a atteint un pic de 5000 élèves, avant de se stabiliser, selon les chiffres du site de l’école, à 3800 élèves. Depuis plus d’un siècle, le lycée est devenu un des fiefs de la ville : la fabrique par excellence de ses esprits, le lieu-témoin des tourments de la cité du sud et le chaudron de ses émotions populaires.
Une entière carrière au lycée
Quand Nouha Cissé, son proviseur de 1992 à 2010, y arrive pour la première fois, nous sommes en 1963, c’est en tant qu’interne, titulaire d’une bourse. Orphelin, ayant perdu ses parents, très jeune, à force de mérite et de courage, il se hisse à hauteur de cet établissement prestigieux, qui cumule alors deux registres : celui d’école de formation des instituteurs et celui de l’enseignement général, premier et second cycle. C’est à Amadou Mactar Mbow, secrétaire d’Etat à l’éducation nationale, que l’on doit la création de cette école de formation pour décongestionner celle de Mbour qui accusait un trop-plein de demandes. En 1957 l’école voit donc le jour, dirigée tour à tour par le haïtien au fort tropisme sénégalais, surveillant plus tard du célèbre lycée Van Vollenhoven : Joseph Zobel. Nouha Cissé y gravit les échelons très vite. Il se souvient de l’ambiance studieuse, de la grande qualité de l’enseignement et surtout de l’investissement des professeurs. Le lycée ne tarde pas à se hisser à un niveau de prestige, jusqu’à la séparation des régimes qui voit le collège de Ziguinchor devenir un établissement d’enseignement secondaire à part entière en 1966 et lycée en 1974.
Lui poursuit son chemin à l’université de Dakar où il s’inscrit en histoire. Diplôme en poche, il est reçu à l’école normale supérieure, d’où il sort professeur d’enseignement secondaire en histoire et géographie. Il revient au bercail. De 1978 à 1992, il y enseigne la discipline avec passion et application, témoin d’un lycée devenu le cœur du réacteur dans la fabrique des élites du sud. Les très bons résultats qui font de l’établissement un des 7 meilleurs lycées du pays, on les doit « aux grands enseignants, au cours de renforcements généralisés, aux heures supplémentaires, qui étaient dans l’habitude et la tradition », évoque-t-il avec une nostalgie dans la voix. Ce témoignage est devenu presque un marronnier, il faut dire. Il suffit d’écouter les confidences de cette génération des années 50, pour s’émouvoir de cette qualité, que tout le monde semble regretter. Si chaque génération, dans son arrogance coutumière, semble condamner les suivantes, on peut ici noter une certaine unanimité, l’enseignement national est un grand cadavre qui souffre, les chiffres et les témoignages de membre du personnel en attestent. Effet contextuel sans doute, le cadre porteur de ces années déifie le savoir. Au savoir-faire éprouvé des professeurs, issus d’un moule rigoureux de formation, s’ajoutent un goût et une passion pour la transmission, qui tiennent du respect de la vocation. A chaque échelle, l’exigence était le maître-mot.
Le lycée Djignabo, une aubaine et une « prison »
Plus qu’un symbole, le lycée deviendra vite un théâtre majeur de la vie de toute une région, éclaboussé par les péripéties politiques. D’abord, le boom démographique qu’il connaît dans les années 60, aide à comprendre les développements ultérieurs. Nombres d’étudiants du Sud devaient pour poursuivre leur cursus gagner le nord, trouver des familles de tutelle. Souvent le manque de relai, de connaissances, a ainsi condamné nombre d’élèves brillants à des renonciations, à trouver des accueils à Dakar et à Saint-Louis. Dès cette période commence à naître le sentiment d’une relégation géographique, qui gagne l’opinion dans la cité. L’ouverture du lycée, à la fois aubaine et urgence, concentre d’autres types de problèmes, en particulier l’importance des effectifs, avant l’ouverture d’autres collèges et lycées, à partir des années 70. Cette « massification » porte un avantage et un inconvénient : il satisfait le besoin d’absorption de la demande, mais il est vite rattrapé par la congestion.
Tout autour du lycée, dans les villages, comme dans le cœur de la conversation politique, un sentiment germe et s’épanouit. Les injustices subies, la spoliation des terres orchestrée par le maire d’alors, Abdoulaye Sy, l’indicible sensation d’être détaché de l’ensemble national, ne tardent pas à gagner le lycée où les échos rencontrent l’appétit politique des élèves. Un fait dramatique accélère alors le processus. Nous sommes en 80, la grève des élèves pour de meilleures conditions d’étude, est réprimée dans la violence. Idrissa Sagna perd la vie le 11 janvier 1980. A l’émotion, s’ajoute une radicalisation de l’opinion de ses collègues. Toutes les frustrations tues explosent alors, et le proviseur, Mouhamadou Sow London, est exfiltré d’urgence. Deux ans après, en 1982, c’est le début officiel du conflit casamançais : une déflagration consécutive à plusieurs épisodes, le lycée ayant abrité ou couvé certains d’entre eux.
Un long mandat, un bilan convenable
C’est en plein milieu du conflit, alors dans sa phase moins intense, que Nouha Cissé arrive à la tête du navire. Le lycée est alors un grand sanctuaire, qui rivalise avec les meilleurs lycées du pays. Il se comporte bien dans les concours généraux, baromètre national de la compétition entre écoles. Nouha Cissé se souvient des noms devenus légendaires, Koho Manga, élève si brillant qu’un bruit de couloir l’avait envoyé comme expert à la Nasa. Le crack devient ingénieur en France. Même trajectoire ou presque, il y a aussi Abdou Salam Diédhiou, cadre chez Areva. Ou encore plus récemment, Amadou Diallo, qui en 2000 avait décroché le premier prix de mathématiques au concours général, et conseille actuellement le président de la république Macky Sall. Tous ces noms sont devenus des mythes, des noms que les élèves se transmettent, comme des idoles immortelles, qui ont écrit les belles pages du lycée et à qui ils doivent une forme de révérence. Nouha Cissé qui administre et coordonne tout ceci, est un homme dynamique et énergique. De petite taille, le crâne rasé et blanchi, avec un petit bouc bien taillé, et une barbe cendrée en petit sillon qui relie la bouche et le menton. Avec sa démarche fière et son pas rapide, il se fait vite une réputation de charisme à toute épreuve que les élèves admirent et craignent. Les professeurs le respectent. Et pour cause, l’homme aime la discipline et la rigueur. Quand il pénètre dans les classes pour donner son speech de motivation aux classes de terminale pour le baccalauréat, ou quand il donne des conférences, les salles sont captées par son éloquence, forgée par une érudition à toute épreuve. Les murmures admiratifs des élèves, dès qu’il sortait, venaient prouver encore la séduction qu’il exerçait.
La gestion du proviseur Nouha était bâtie sur la confiance, la discipline et un goût pour l’excellence qu’il a longtemps pourchassé en idéal, avant de devoir constater vers la fin de son mandat, le délitement qui avait cours. Il était accompagné dans sa mission par un organigramme épuré : un intendant pour les questions logistiques, un censeur dans le rôle du « méchant », et lui-même, coordinateur de cet ensemble. En 2002, quand je suis arrivé au lycée, son aura nous habitait encore. On sentait qu’on arrivait dans la cour des grands et qu’il y avait un héritage à entretenir. Elève taquin, je me souviens m’être fait gronder par le proviseur, pour avoir mis de travers mon uniforme. Il m’avait alors sermonné, lui qui était un ami proche et cher de mon père. A cette époque, le lycée avait bien commencé sa chute. Le nombre de lauréats au concours général s’amenuisait, et seuls deux trophées pour l’émission culturelle Beur Gui en 2004, et quelques autres distinctions, venaient réveiller un lycée qui était entré dans la torpeur, les épaules trop frêles pour supporter le poids de l’histoire. Pourtant, les équipes pédagogiques, les professeurs, gardaient à l’époque une grande qualité et le lycée oscillait entre l’ombre de son ancien prestige et la réalité de son impuissance.
Le lieu du premier engagement citoyen et politique
Plusieurs clubs (anglais, EVF – éducation à la vie familiale,…), le foyer scolaire, le conseil consultatif, sont alors, comme dans beaucoup de lycées du pays, les derniers sanctuaires de l’apprentissage du syndicalisme et de l’engagement politique. Le lycée vit au rythme des grèves contre les conditions qui se dégradent. Son « écran », une scène surélevée, au centre du parvis, devient le théâtre des discours enfiévrés des élèves grévistes, en même temps que le lieu où l’on proclame les résultats du bac, dans une scénographie propre au lycée. Le MDFC y a tenu plusieurs de ses assises dans la quête perpétuelle d’une paix. A force de péripéties, le lycée incarne un symbole : la métaphore d’un lieu à la vie monotone comme le conflit casamançais, une extinction, à coup de fatigue, de lassitude. Seuls viennent perturber cette sinistre tranquillité, les taux de réussite du Bac qui rappellent l’urgence de la situation, en passant sous la barre des 50 %.
« Une vie d’épreuve et d’engagement multiples »
Nouha Cissé, lui, est parti de Djignabo - ce résistant du Sud qui a donné son nom au lycée - pour d’autres horizons. Il a fait sa part. Dans son quatre-quatre, il sillonne la ville, dont il admire les ruines poétiques. Porté sur l’exercice sportif, il marche, s’entretient. La soixantaine énergique. Affable, généreux, partageur. Il est un agent de liaison dans les lieux forts de la culture, comme l’alliance franco-sénégalaise de Ziguinchor. Devenu facilitateur et accompagnateur des misions pour la paix, sa formation d’historien l’aide à proposer une « intelligibilité du conflit ». Jusqu’au récent drame des coupeurs de bois tués, c’est un observateur averti qui permet de comprendre un demi-siècle de vie politique et intellectuelle, un conflit, une école. Jusqu’à l’autre école sportive du Casasport, le club phare de la ville, qui vit son engagement précoce. D’abord en 1981 comme membre du comité directeur, il est chargé - avec Halassane Gassama, autre figure de la ville - de la commission culturelle du club. A deux, ils créent le « Journal du Casasport », un journal improvisé, dont il est l’éditorialiste, et son ami le rédacteur en chef. Les derniers exemplaires de ce canard, rongés par l’humidité, peignent l’épaisseur intellectuelle de tout une période, où tout était pensé, articulé, écrit. On note alors les plumes, avec la langue des professeurs de lettres et d’histoire, une langue châtiée et surtout, des idées qui donnaient à la culture sa pleine mesure. Un engagement qui se traduira dans le mouvement des Navétanes, où les ASC (association sportive et culturelle), garderont longtemps la dimension de premier cercle de socialisation culturelle, politique et intellectuelle.
Des regrets, Nouha Cissé en a certainement. Des détracteurs aussi. Ils lui reprochent ses multiples casquettes. Mais l’homme balaye et garde le cap. Ses regrets ? L’interminable conflit casamançais d’abord, un cancer qui a rongé la ville. Mais l’homme est combattif. A l’écouter réciter l’histoire avec une telle maîtrise des dates, des noms, des anecdotes, on est admiratif. Les mots glissent, on découvre, ébahi, fier, complice. Il vient de loin, il le sait. Pour celui qui a « avec la mort des rapports difficiles », ayant perdu toute sa famille avant ses 16 ans - père, mère, grand-père, grand-mère - son sens de la vie, de l’accomplissement, sont extraordinaires. Très souvent, il convoie son fils dans son village, à Karcia, pour prendre le pouls de cette trajectoire. Son fils s’émerveille alors, en voyant le rudiment de ce berceau, et l’envol qu’il y a au bout. Un mélange de gratitude pour le patriarche, qui ne tient qu’à une valeur, essentielle et cardinale à ses yeux : le travail. Nouha Cissé a un triple privilège, celui d’être un historien, qui connaît l’importance de sa discipline. Il a été un acteur, au cœur, de tous les sujets chers de la région. Et c’est un homme qui a connu des drames atroces. Comme la perte de sa mère par hémorragie interne, elle qui a cru à l’obscurantisme des traditions, ainsi que son frère, handicapé, que la sorcellerie a enfoncé. Il en parle avec détachement et détermination. Pour sa retraite, voilà son nouveau combat : lutter contre le « traditionalisme obscurantiste ». Il prépare une autobiographie : une vie d’épreuve. Pour nous ce sera à coup sûr, une leçon magistrale, acquise à ses côtés : une école de la ville, du village, de la vie.
Le compagnonnage entre Doudou Ka et sa camarade «apériste» de Ziguinchor, Ndèye Ndiaye Atlanta tourne au vinaigre. Furieuse du motif de son licenciement qu’elle qualifie d’ailleurs d’abusif, elle a traduit son exboss au Fonds de Garantie des investissements Prioritaires (Fongip) devant le Tribunal du Travail.
La médiation entreprise par les services du ministère de l’Economie ainsi que l’appel de Doudou Ka pour une dernière tentative de négociation n’y feront rien. L’ancienne chargée d’Affaires Sénior du Fongip compte mener jusqu’au bout la bataille juridique contre son ex patron qui, selon elle, l’a licenciée abusivement. Munie de toutes les preuves de ses allégations, Ndèye Ndiaye «Atlanta» vient se plaindre à «L’As» en brandissant la note qui lui a été adressée le 9 aout 2019 par le Directeur du Fongip Doudou Ka. «Vous avez intégré notre entreprise dans le cadre d’un Contrat à Durée Indéterminée en date du 01 juillet 2013. Toutefois en raison d’une perte de confiance rendant impossible toute collaboration, nous sommes dans l’obligation de résilier le contrat qui nous lie à la date du 31 aout 2019.
A la date échue, il vous sera versé votre solde de tout compte accompagné d’un certificat de travail. Il sera procédé également à la restitution des moyens de travail appartenant à l’entreprise qui vous étaient confiés», lit-on dans la lettre de licenciement. Mme Diouf dit Ndèye Ndiaye «Atlanta» se dit écœurée par le motif de licenciement qu’elle estime trop léger et découlant tout simplement de leur rivalité politique à Ziguinchor. D’ailleurs, elle a saisi d’une requête la Présidente du Tribunal du Travail hors classe de Dakar pour dénoncer la méthode de son ex-patron. Elle ne pas comprend qu’on puisse se séparer d’elle de cette manière alors qu’elle bénéficie d’un CDI.
Dans sa plainte, celle qui a été réduite avant son licenciement au poste de Responsable animations économiques au Fongip dit avoir gravi pourtant les échelons depuis son embauche en passant de chargée d’Affaires à chef de Cellule Genre et Gestion des groupements femmes et enfin Chargée d’affaires Senior. Elle soutient avoir toujours avoir toujours fait preuve de beaucoup de «professionnalisme», d’ «abnégation» et de «rigueur» dans son travail. Avant d’intégrer le Fongip, soutient-elle, elle a été auditrice interne à Dakar Marine devenue Dakar Nave et Gestionnaire au Centre Africain de formation professionnelle. Pour dire qu’en dehors de la politique, elle a une qualification qui lui permet d’occuper certaines responsabilités.
LA SOMME DE 500.000.000 FCFA RECLAMEE AU FONGIP
Revenant sur son contentieux avec l’administrateur du Fongip elle écrit dans la requête adressée au juge que c’est en 2017 que les rapports ont commencé à se détériorer entre elle et le Directeur Doudou Ka qui sont tous les deux des responsables de l’Alliance pour la République (Apr) à Ziguinchor. Elle soutient que depuis leur débâcle à Ziguinchor lors de l’élection présidentielle à l’issue de laquelle elle a été la seule pratiquement et quelques rares autres responsables à gagner son lieu de vote, une rivalité avait commencé à germer entre elle et son Directeur. «De de succès en succès, à cause des activités sociales que je menais, je commençais à faire de l’ombre au «tout puissant» Directeur Doudou Ka», souligne Ndèye Ndiaye «Atlanta». «C’est ainsi que Doudou Ka commença par m’envoyer une demande d’explication le 11 aout 2017, pour faire état d’un certain nombre de reproches. A Cette demande, j’ai répondu le 15 août 2017, en m’expliquant clairement sur tout, en démontrant surtout que depuis 4 ans, je suis restée irréprochable», a-t-elle expliqué.
Poursuivant, elle estime que Doudou Ka se sentant toujours menacé a préféré franchir le Rubicon en procédant à son licenciement par lettre en date 09 août 2019 en prétextant une perte de confiance alors qu’elle est à quatre années de la retraite. «Il reste évident qu’il s’agit d’un licenciement abusif motivé par des raisons politiciennes». Raison pour laquelle, elle réclame au Fongip la somme de 500.000.000 Fcfa à titre de dommages et intérêts pour licenciement abusif compte tenu de son rang et du préjudice qu’elle a subi avec perte des indemnités liées à la retraite. A cela, s’ajoute surtout «l’humiliation qu’elle subit du fait d’un rival politique», déclare-t-elle dans la requête qu’elle a transmise à la justice le 5 septembre 2019.
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«S’IL EST CONDAMNE, JE VAIS LANCER UN APPEL A TOUS LES CHEFS RELIGIEUX…»
Le Khalife général des mourides, recevant hier une délégation de maitres coraniques venus se plaindre de l’arrestation d’un des leurs, a proféré des menaces à peine voilées.
Le procès du maitre coranique Cheikhouna Guèye (dit Serigne Khadim Guèye) qui s’ouvre ce matin au tribunal régional de Louga polarise toutes les attentions et au plus haut niveau. Le Khalife général des mourides, recevant hier une délégation de maitres coraniques venus se plaindre de l’arrestation d’un des leurs, a proféré des menaces à peine voilées. Serigne Mountakha Mbacké a demandé à ses hôtes d’attendre le verdict du procès. il a promis de lancer un appel à tous les chefs religieux du Sénégal si le maitre coranique de Ndiagne est condamné.
Le Khalife général de mourides suit de très près le procès du maitre coranique, Cheikhouna Guèye arrêté au village de Ndiagne pour pratiques esclavagistes sur ses talibés qu’il ligotait avec des chaines en fer. Serigne Mountakha Mbacké attend le verdict du procès qui se tient aujourd’hui au tribunal de Louga pour se prononcer sur la question des daaras. Mais le guide religieux a déjà annoncé la couleur hier lors de l’audience qu’il a accordée à une délégation de maitres coraniques venus se plaindre de l’arrestation de leur collègue.
Par moment, le guide religieux a été ferme dans son discours. «S’il (Ndlr, Cheikhouna Guèye) est libéré, je continue ma réflexion sur les daaras. Par contre, s’il est condamné, je fixe une date pour lancer un appel à tous les chefs religieux. Il faut parfois «gnou masslaha» (Ndlr : faire preuve de souplesse), mais il y a des limites à ne pas franchir», menace le Khalife général des mourides sans se départir, toutefois, de son sourire habituel. Il a rassuré les maitres coraniques qu’il suit l’affaire de très près et avec intérêt. «Attendons le procès pour voir. Je m’attendais à ces genres de situation.
Soyez patients et attendons le verdict», a-t-il dit à ses hôtes. Le guide religieux a informé les maitres coraniques qu’il réfléchit depuis très longtemps sur la situation des daaras. «Je vais voir comment partager ma réflexion sur les daaras avec l’ensemble des chefs religieux. On échangera ensemble sur notre vision des daaras et ce que nous ne cautionnerons pas. C’est une affaire d’Etat parce que le Sénégal compte plus de 90% de musulmans. Et nous n’avons que l’islam», clame-t-il.
Et Serigne Mountakha Mbacké d’ajouter : «si on arrive à un certain niveau, je vais appeler tous les chefs religieux pour discuter et faire un mémorandum. Le document sera déposé soit à l’Assemblée nationale soit à la Présidence de la République. C’est la solution structurelle. On accepte nos recommandations, ou bien on change la Constitution». Auparavant, les maitres coraniques se sont plaints sur leur sort devant le Khalife général des mourides. Mais ils sont sortis rassurés par les propos du khalife général des mourides. «Les maitres coraniques sont déboussolés et inquiets. Un des leurs est en état d’arrestation ainsi que les parents des talibés. Ils seront diabolisés. Ce n’est pas la première fois. Nous sommes inquiets. Je me rappelle lorsqu’on avait rédigé des textes défavorables aux daaras, nous étions venus rencontrer le Khalife général des mourides, Serigne Sidi Moktar Mbacké, qui nous avait donné des gages. Il nous avait promis qu’il pèsera de tout son poids pour que le texte ne passe pas», déclare le porte-parole de la délégation des maitres coraniques.
A l’en croire, «nos lois n’ont aucune référence islamique. Elles sont inspirées des organisations internationales. Les musulmanes ne s’y retrouvent pas ; ils s’y accommodent malgré eux. Vous êtes (Ndlr, Khalife) notre ultime espoir. On voudrait que Cheikhouna Guèye soit libéré, sinon c’est toute la corporation qui sera dénigrée.Il est arrêté dans son lieu de travail ainsi les parents des talibés», a indiqué le porte-parole des maitres coranique.
LE PDS ENTRE LE MARTEAU DE LA DIVISION ET L’ENCLUME DES RETROUVAILLES
Même si les 12 ans sont déjà assurés, la famille libérale va-t-il atteindre l’objectif d’un règne de 50 ans qu’avait prédit l’ancien Président Me Abdoulaye Wade ?
Faire en sorte que la famille reste au pouvoir au Sénégal pendant au moins 50 ans, tel était le pari de me Abdoulaye Wade. Aujourd’hui qu’il a perdu le pouvoir depuis 7 ans en tant que tête de pont de cette famille, les chances de la réalisation de ce vœu s’amenuise, d’autant plus que la famille libérale est entre le marteau de la division et l’enclume des retrouvailles.
Même si les 12 ans sont déjà assurés, la famille libérale va-t-il atteindre l’objectif d’un règne de 50 ans qu’avait prédit l’ancien Président Me Abdoulaye Wade ? En tout cas force est de constater qu’entre le moment où il exprimait cette ambition etle contexte actuel, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les premières véritables secousses de la division ont été ressenties, avec l’avènement des chantiers de Thiès, qui ont été un prétexte pour mettre à l’écart, puis exclure Idrissa Seck, alors dauphin naturel de Me Abdoulaye Wade. Les crises internes se sont ensuite succédées jusqu’à la perte du pouvoir après la défaite infligée par le candidat Macky Sall, qui avait d’ailleurs subi le même sort qu’Idrissa Seck. Aujourd’hui, avec le vent de réconciliation qui souffle sur le Parti Démocratique Sénégalais (Pds), peut-on envisager sérieusement ces retrouvailles libérales ?
Difficile pour le moment de donner une réponse précise. Et tout cas, il est clair qu’au vu des actes posés par les uns etles autres, les chances de réaliser ce vœu s’amenuisent de jour en jour, d’autant plus que la famille est entre le marteau de la division et l’enclume des retrouvailles. Ce qui dénote une confusion, qui est loin d’être un facteur favorisant.
Pour Pape Moussé Diop responsable du Pds à Thiès, par ailleurs secrétaire élu au Conseil Départemental, les 50 ans de pouvoir, qui constituent une ligne politique que Me Wade a toujours clamée, ne peuvent se réaliser sans les retrouvailles de la famille libérale. Pour lui, il faut cependant avouer qu’elle est aujourd’hui fragmentée et tous ceux qui gravitent autour du pouvoir actuel, sont des produits du Pds.
En tout cas dit-il, la fédération libérale de Thiès va œuvrer énergiquement pour aller dans le sens de ces retrouvailles, étant entendu qu’il est démontré que la division n’arrange pas le parti. Il souligne que la retrouvaille sans la base n’a aucun sens et aucun avenir viable. La retrouvaille des états majors n’est pas la solution, c’est au contraire celle de la base qui propulse les états majors. En politique rien n’est difficile à ses yeux, mais il faudra juste qu’il y ait de la sincérité dans la retrouvaille. Il ajoute qu’il faut aussi prendre en compte dans ce processus, le fait que Karim Wade fait partie du jeu car il est fondamentalement devenu un leader au sein du Pds traditionnel, porte-étendard de la famille libérale. Il s’y ajoute que tout le monde doit aussi se mettre dans la tête que les actions politiques isolées ne peuvent plus être significatives au Sénégal et pour renverser la tendance il faut absolument une grande coalition. C’est vrai dit-il, « on est aujourd’hui sur le coup de l’euphorie, concernant notamment le cas Oumar Sarr, mais laissons le temps faire et autre chose pourrait se produire.
La vérité est qu’Oumar Sarr a le Pds dans le sang et il ne pourra jamais se démarquer. Cela est aussi valable pour les membres de son groupe comme Babacar Gaye, Me Sall, etc.Ils ne peuvent en aucun cas se défaire systématiquement du Pds». Maguèye Sarr responsable du Pds, adjoint au maire de ThièsEst semble adopter la même position.
Pour lui, la position figée n’existe pas en politique et c’est pourquoi, quand il y a des conflits ou des divergences entre les leaders politiques, la base doit avoir raison gardée. Abdoulaye Wade est un grand cadre politique africain dit-il, et même s’il fait des erreurs sur ce terrain, elles sont insignifiantes par rapport à ce qu’il apporte et il l’a toujours montré. A l’en croire, cette retrouvaille de la grande famille libérale doit concerner tous ses fils y compris Idrissa Seck. Ndiaga Diaw Secrétaire général du Pds à Thiès-Ouest, responsable départemental de l’Union des Jeunesses Travaillistes Libres (Ujtl), membre du bureau politique et du Secrétariat national, affirme pour sa part que le Pds, qui est la locomotive de la famille libérale, n’est jamais dispersé, même s’il est vrai qu’il y a parfois des malentendus suite à des divergences internes. Et chaque fois que cela se produit dit-il, ce n’est jamais du goût des responsables et militants à la base.
La désunion n’est du goût de personne, mais parfois on est obligé d’appliquer les textes et statuts du parti si quelqu’un adopte une position contraire pouvant même mettre en péril l’instrument politique. C’est pourquoi, dit-il, la base est fière de cette dynamique de retrouvaille qui se profile à l’horizon, même si elle ne touche pas encore le parti en tant que tel.
LES MAÎTRES CORANIQUES DÉFONCENT LES PORTES DU TRIBUNAL DE LOUGA
C’est une scène inédite qui vient de se dérouler au palais de justice de Louga où le maître coranique, Cheikhouna Gueye dit Khadim et ses cinq autres complices sont en train d'être jugés
C’est une scène inédite qui vient de se dérouler au palais de justice de Louga où le maître coranique, Cheikhouna Gueye dit Khadim et ses cinq autres complices sont en train d'être jugés par le tribunal de grande instance dans l’affaire dite des talibés enchainés de Ndiagne, dans l’arrondissement de Koki.
Vers 12h 40, alors que le parquet a requis 2 ans dont 2 mois ferme contre le Serigne daara et que le juge a mis en délibéré pour le 4 décembre, ses souteneurs, venus d’un peu partout à travers le pays, ont forcé les portes qui étaient jusqu’à ce matin barricadées par les forces de l’ordre.
Mais, ces dernières n’ont pas pu contenir la foule. L’on nous signale que des éléments de la gendarmerie sont venus en renfort.
par Sophie Thiombane
DEVOIRS ET RÉACTION DE LA POPULATION FACE AU DRAME DES TALIBÉS
Apprendre le coran ou faire connaitre aux enfants leur religion nécessite-t-elle la violence envers eux ? Combattre cette pratique signifie-t-elle agir contre sa religion ?
Si après 30 ans de la convention relative aux droits de l’enfant, au Sénégal on continue à voir des atrocités et des traitements inhumains sur des enfants, il y a lieu de remettre en cause l’application effective de cette convention.
On est tous d’accord que les Daaras sont des écoles coraniques. Et qui dit école fait référence à une institution. Et en tant qu’institution disciplinaire, ils doivent être soumis à des normes tant juridiques que religieuses. Aucune religion n’autorise une telle pratique que ce soit à l’endroit des adultes encore moins à l’encontre des enfants.
Posons-nous ces questions suivantes :
Apprendre le coran ou faire connaitre aux enfants leur religion nécessite-t-elle la violence envers eux ?
Combattre cette pratique signifie-t-elle agir contre sa religion ?
Est-ce que moi en tant que croyant, peu importe la religion, j’oserai personnellement faire subir de tels traitements à des enfants ?
Si vous parvenez à une réponse positive considérez-vous comme un défenseur du mal et allez apprendre à mieux connaitre votre religion.
Si vous répondez par la négation, alors sonnez l’alarme et refusez d’être complice.
Quand on n’agit pas consciemment face une violation des droits humains, on prend position passivement. Le fait de ne pas agir, de détourner le regard, nous rend complice de cette violation.
Et ce qui est souvent malheureux dans notre pays, c’est que quand une situation redoutable ne nous touche pas directement touche, on n’est pas concerné par conséquent on se déresponsabilise. Mais il suffit qu’une seule information virulente comme le cas de l’arrestation de ce Marabout Khadim Gueye perce l’actualité médiatique, pour que tout le monde commence à s’intéresser au cas de ses talibés.
Et pourtant, pas mal de manifestations ont été menées ces derniers temps concernant le réchauffement climatique, les violences conjugales à l’égard des femmes... Mais est-ce qu’on cherche à se faire entendre quotidiennement sur la situation des talibés ?
Pourtant, vous les côtoyez tous les jours, leur donnez à manger ou de l’argent, les sollicitez pour des services en échange de petite somme ou d’autres récompenses en nature.
Les violences que subissent ces enfants sont endémiques et sont aussi graves que celles que subissent les adultes du fait de leur vulnérabilité.
Nous sommes tous conscients que l’épée tombe sur ces enfants. Et si on ne réagit pas quand l’épée tombe, ça veut dire qu’on valide et on légitime la violence faite sur ces derniers. Toute violence est problématique, et intervenir, c’est dénoncer et apporter son soutien. Ne ce reste que par une simple dénonciation des violences dont vous avez eu connaissance ou dont vous êtes témoin. En le faisant, vous sauvez la vie de plusieurs enfants. Ainsi, les écoles coraniques qui mettent en danger la santé et la sécurité des enfants seront signalées aux autorités compétentes.
Certes, il convient à l’Etat de garantir et de promouvoir le respect des droits de l’enfant. Mais en tant que citoyen, doit-on toujours rester les bras croisés à attendre l’Etat ?
Est-ce qu’on se pose la question de savoir qu’est-ce que nous pouvons faire pour éradiquer ces pratiques cruelles ? Ne sous-estimez jamais ce que vous pouvez faire, aussi minime qu’il soit, il peut aider, sauver, protéger un enfant. Pour cela, il faut écouter ces enfants et prendre en compte leur parole (article 12 de la CDE)
A l’Etat et aux défenseurs des droits de l’enfant, nous rappelons une urgence de mesures exhaustives à la problématique des enfants talibés.
Aux auteurs de ces maltraitances, l’application effective de la loi pénale. A ces enfants victimes, nous rassurons que la population est là et est prête pour le combat de votre bien-être dans le respect de la dignité humaine.
Sophie Thiombane est étudiante en master interdisciplinaireen doit de l’enfant au (CIDE), Université de Genève