Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott et le directeur général adjoint de la Banque africaine de développement (BAD) pour l’Afrique de l’ouest, Serge Nguessan, ont procédé, lundi à Abidjan (Côte d’Ivoire), à la signature d’u
Dakar, 26 nov (APS) - Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott et le directeur général adjoint de la Banque africaine de développement (BAD) pour l’Afrique de l’ouest, Serge Nguessan, ont procédé, lundi à Abidjan (Côte d’Ivoire), à la signature d’un accord d’appui budgétaire de 40,9 milliards FCFA, a appris l’APS.
Cette enveloppe financière est affectée au programme d’appui à la mobilisation des ressources et à l’efficacité des réformes stratégiques du Plan Sénégal émergent (PSE) phase 1 (PAMER-I), rapporte un communiqué des services du ministère sénégalais en charge de l’Economie et de la Coopération.
Ce programme est la première phase d’une série de trois opérations, constituant un appui budgétaire programmatique qui couvre les exercices budgétaires de 2019, 2020 et 2021, note la source.
Elle ajoute que le PAMRER-I présente le cadre pluriannuel du programme et prévoit une liste de réformes considérées comme des déclencheurs indicatifs pour la seconde phase (PAMRER-II) et la troisième phase (PAMRER-III).
Cet important programme est aligné sur le Plan Sénégal émergent (2014-2035) et à son plan d’action prioritaire II (2019-2023), apprend-on.
Selon les agents du ministère, "le PAMRER-I permettra une amélioration de l’administration de l’impôt mesuré par le score Doing Business passant de 48,08 points en 2018 à 50 points en 2022, un élargissement de l’assiette fiscale mesuré par une pression fiscale passant de 15,3% du PIB en 2018 à 20% en 2023".
Il s’agira aussi d’aider au "renforcement de l’attractivité du pays comme destination d’investissement mesuré par une hausse des Investissements Directs Etrangers (IDE) de 3% du PIB en 2018 à 6% en 2022".
Après près de 3 heures d’audition par le doyen des juges, Samba Fall, ce mardi, l’ancien Directeur général de la Caisse de dépôt et de consignations (CDC), Aliou Sall n'a pas répondu aux questions des journalistes.
Aliou Sall n'a pas fait de déclaration à la sortie de son face à face avec le doyen des juges.
Après près de 3 heures d’audition par le doyen des juges, Samba Fall, ce mardi, l’ancien Directeur général de la Caisse de dépôt et de consignations (CDC), Aliou Sall n'a pas répondu aux questions des journalistes. Le maire de Guédiawaye, très taquin envers la presse, a préféré interroger les journalistes en guise de réponses aux questions qui lui sont posé. '' Que voulez-vous que je dise ? Souhaiteriez-vous que je retourne au bureau du juge? '' a t-il répondu.
Pour rappel, cette audition entre dans le cadre du traitement judiciaire du scandale dit « à 10 milliards de dollars ». La délégation du « collaborateur » de Aliou Sall, Franck Timis est attendu, ce mardi, pour répondre à la convocation du doyen des juges apprend-on sur place.
L’INHUMATION DE COLETTE, VEUVE DE LÉOPOD SÉDAR SENGHOR, REPORTÉE À JEUDI
Colette Senghor, la veuve du premier président du Sénégal, décédée le lundi 18 novembre dernier à l’âge de 94 ans, sera finalement inhumée jeudi au cimetière catholique de Bel Air, à Dakar, et non mercredi, comme initialement prévu, a précisé, lundi, le d
Dakar, 25 nov (APS) - Colette Senghor, la veuve du premier président du Sénégal, décédée le lundi 18 novembre dernier à l’âge de 94 ans, sera finalement inhumée jeudi au cimetière catholique de Bel Air, à Dakar, et non mercredi, comme initialement prévu, a précisé, lundi, le directeur général de la Fondation Léopold-Sédar-Senghor, Professeur Raphaël Ndiaye.
"L’Archevêque de Dakar n’a pu finalement retenir cette date du 27 novembre du fait d’engagements pris antérieurement qu’il ne pouvait ni reporter ni annuler. L’enterrement de Mme Colette Senghor est prévu le jeudi 28 novembre à 15h30 à la Cathédrale et non le mercredi 27", lit-on dans un communiqué reçu à l’APS.
La veuve de Léopold Sédar Senghor, décédée à Verson, dans le sud de la France, va reposer aux côtés de son mari et de leur fils Phillipe Maguilène.
La religieuse Marie-Madeleine, une sœur de la défunte, et le maire de la ville de Verson, Michel Marie, prendront le même vol pour venir à Dakar, selon Raphaël Ndiaye.
A son arrivée à Dakar, le corps de Colette Senghor sera acheminé à la morgue de l’hôpital Principal.
Une messe de requiem sera dite jeudi à 15h 30, à la cathédrale du Souvenir africain de Dakar, en présence de Moustapha Niass, président de l’Assemblée nationale du Sénégal et du conseil d’administration de la Fondation Léopold-Sédar-Senghor.
Colette Hubert, née le 20 novembre 1925 à Mouzay, dans le nord de la France, avait épousé Léopold Sédar Senghor, le 18 octobre 1957. Elle fut ensuite Première Dame du Sénégal pendant vingt ans (1960-1980).
Le président sénégalais, Macky Sall, a rendu hommage, sur Twitter, à "une femme discrète". Son devancier Abdou Diouf a lui honoré la mémoire de l’ancienne première dame à Verson, où elle vivait.
Selon des médias français, la maison des Senghor à Verson sera ouverte au public.
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UNE ÉCOLE DE LA HONTE !
L'éditorialiste de SenePlus, Mamadou Mao Wane, appelle les autorités à opposer une réponse judiciaire ferme aux responsables du daara de Louga, qui enchaînaient les talibés
Les forces de l'ordre ont arrêté dans la région de Louga, au nord de Dakar, un maître coranique qui enchaînait ses élèves. Une pratique malheureusement courante, dont sont victimes ces jeunes talibés, souvent réduits à la mendicité et victime de maltraitance.
Le fait divers de trop dans ce dossier, que veut résoudre l'Etat sans vraiment y parvenir.
DÉCOLONISER L'AVENIR
Alioune Sall rappelle l’importance des idées, des imaginaires, et la nécessité de s’insurger devant la proposition obscène d’un avenir qui n’est pas autre chose que le passé indigne des autres
Dans cet épisode on rencontre Alioune Sall, dit « Paloma ».
Anarchiste révolutionnaire, Alioune Sall est passé de la critique par les armes qui le conduira en en prison, au front des imaginaires et de la prospective, épicentre du combat dans lequel se joue l’emprisonnement du futur des multitudes.
Il est le fondateur de l'Institut des Futurs Africains, un Think tank de prospective basée en Afrique du Sud.
Tout commence dans le contexte post-indépendance où l’apparente décolonisation administrative se traduit en réalité par un renforcement de la colonisation des futurs envisageables pour les jeunes nations, à travers l’instrument de la Loi Cadre.
Alioune Sall nous rappelle l’importance des idées, des imaginaires, et la nécessité de s’insurger devant la proposition obscène d’un avenir qui n’est pas autre chose que le passé indigne des autres.
Insurrection qui doit également inventer ses propres grammaires et architectures et s’émanciper des imaginaires révolutionnaires qui ont été forgées à partir de réalités et rationalités organisationnelles différentes. Car si l’avenir des Afriques n’est pas le socialisme théorisé hier à l’Est, alors le futur du continent demeure un territoire à explorer et un domaine à construire.
On découvre le rôle qu’ont joué les idées et les intellectuels radicaux du Sud, comme Samir Amin avec la théorie de la dépendance, qui ont influencé la marche du monde, creusé des failles dans la théorie économique dominante et dans le système des Nations Unies, qui a pu être infiltré par des militants, qui ont occupé des espaces et créé des sortes d’Agences A Défendre, comme celle de l’IDEP à Dakar. l’IDEP a entamé la construction d’un avenir post-capitaliste dès les années 70’ et a donné naissance à ENDA, la première ONG de chercheurs hétérodoxes basée au Sud, qui a pensé l’alternative au développement à partir de la critique environnementale de la modernité.
Il nous rappelle également que la préoccupation du développement est venue du Sud, à une époque où tout ce qui intéressait les grandes puissances étaient l’équilibre des forces du désordre.
Alioune Sall nous invite à réinventer l’avenir, à partir d’une analyse renouvelée du présent. A observer les effets de 60 ans de développement qui se traduisent par un creusement inouï des inégalités économiques, territoriales, culturelles et une vulnérabilisation accentuée d’une partie toujours grandissante de la population.
Les défis qui se posent aujourd’hui, c’est de construire une économie qui retrouve sa vocation originelle, qui est d’être le véhicule de la chaleur que produit la confiance en l’autre et la coopération. De renouveler la réflexion sur les nouveaux mécanismes de la dépendance, de retrouver l’audace de penser en dehors des paradigmes dominants, et de produire un langage commun pour construire un futur durable et désirable. Si possible, sans acronymes.
LAXISME DE HAUT VOL
La tendance du parquet à se taire quand il doit parler ou à ne communiquer que sur les grands dossiers impliquant des proches ou des adversaires du Palais suscite des questionnements
Les révélations des derniers faits d’actualité et leur traitement différencié pousse l’opinion à croire à un traitement préférentiel dans l’administration de la justice. Ces derniers jours, sociologues, politiques, politologues, experts de la sécurité, membres de la société civile ont tenu à dénoncer cette chienlit qui délite dangereusement les fondements institutionnels de ce pays.
Il y a à peu près plus d’un mois, en octobre, le politologue Yoro Dia dénonçait ‘‘un privilège de juridiction’’ dans une chronique dénommée ‘‘Une justice pour les politiques’’. Observateur averti de la scène politique sénégalaise, le principe de sa chronique était que la judiciarisation des conflits politiques sapait sérieusement la confiance des Sénégalais en la Justice et ouvrirait une ‘‘zone de non-droit’’ pour les politiciens. Si on exclut l’affaire Khalifa Sall qui a motivé ce haro de M. Dia sur la justice sénégalaise, il est intéressant de remarquer que la célérité de traitement, les conditions d’interpellation ou de détention, les verdicts, souvent en décalage d’avec des éléments à charge et ou à décharge, varient selon la tête du client.
Pour parler du cas le plus récent, le député Seydina Fall Bougazelli appartenant à la majorité parlementaire Benno Bokk Yaakaar (Bby) et militant politique actif à Guédiawaye a nargué les enquêteurs de la Section de recherches de la Gendarmerie de Colobane ? avec une ‘‘cavale’’ de cinq jours. Interpellé le jeudi 14 novembre 2019 pour une histoire de trafic de faux billets il a étonnamment été relâché ? malgré la flagrance du délit, qui a pourtant rendu inopérante son immunité parlementaire, et devait revenir le lendemain. Il ne se présenta que cinq jours plus tard, mardi 19 novembre. Une garde à vue lui a été notifiée le jour suivant.
Les critiques pleuvent sur la section ‘‘Recherches’’ de la gendarmerie pour sa clémence, alors que toutes les autres personnes citées dans cette affaire sont à garde à vue, mais surtout sur un parquet dakarois dont la passivité n’est pas étrangère à ces largesses envers M. Fall. ‘‘Je pense que les hauts gradés de cette institution doivent réagir pour sauver la gendarmerie. Il n’est pas acceptable qu’une personne soit indexée dans une affaire aussi grave et qu’on le laisse se pavaner comme il veut, parler aux médias comme si de rien n’était... Il faudrait qu’on soit sérieux dans ce pays. La gendarmerie, le procureur et le ministre de la Justice doivent des informations aux Sénégalais’’, déclare le coordonnateur du Forum civil Birahime Seck mercredi 21 novembre, au sortir d’une conférence sur les flux financiers illicites.
La tendance du parquet à se taire quand il doit parler ou à ne communiquer que sur les grands dossiers impliquant des proches ou des adversaires du Palais (Khalifa Sall, Fatoumata Makhtar Ndiaye, Mariama Sagna, Aida Diongue, affaire Pétro-Tim) suscite quelques questionnements. Les plus téméraires, comme le Msu France, n’hésitent pas à se demander si M. Guèye est ‘‘procureur de la République ou procureur de l’Apr’’, suite à sa contestation mémorable d’une décision de relaxe rendue par la 3e chambre correctionnelle favorable à Aïda Ndiongue et Cie, poursuivis pour faux, usage de faux et escroquerie. Le magistrat n’y était pas du dos de la cuillère et avait incendié le jugement. ‘‘Une décision de relaxe nous semble manifestement illégale et même troublante’’, s’était-il alors offusqué dans un communiqué rendu public en mai 2015.
Le maître des poursuites venait alors de subir un cinglant revers après son point de presse inaugural du vendredi 19 janvier 2014, où il avait littéralement livré Aïda Diongue à l’opinion, dans le cadre de la Traque des biens mal acquis. D’après lui, l’ancienne sénatrice libérale a amassé 47 milliards 675 millions de francs Cfa qui ont été découverts dans des comptes bancaires à la Cbao. Quant au ministre de la Justice, de qui dépend le parquet, il s’était empressé de sanctifier, aux premières heures de la révélation du scandale à 10 milliards de la Bbc, le mis en cause. ‘‘Je ne pense pas qu’un musulman comme Aliou Sall, revenant d’un Oumra à la Mecque, puisse être impliqué dans ces histoires de corruption’’, avait-il déclaré le jour de la Korité.
Pour couronner le tout, la solution de règlement politique qui a annihilé des décisions de justice (Protocole de Doha, élargissement de Khalifa Sall) font douter, a posteriori, d’une main politicienne qui aurait pu téléguider ces affaires. Une méfiance telle que les quatre opposants à la Présidentielle 2019 ont rejeté les résultats provisoires du Conseil constitutionnel (et de la Cour suprême), après le scrutin du 24 février qui proclamât Macky Sall vainqueur.
Cheikhna Keita et Moustapha Cissé Lô démolissent le tabou qui enveloppe le trafic de la drogue
Le Sénégal est-il un pays de passe-droit pour les nantis et de brimades pour les modestes ? Le psychosociologue Ousmane Ndiaye met le pied dans le plat des autorités et affirme que ces soupçons sont parfaitement légitimes. ‘‘Les faits sont têtus. En l’espace de quelques semaines ou mois, on a assisté à beaucoup d’évènements qui ne peuvent pas ne pas provoquer de réflexions. Il est probable qu’elles visent le pouvoir, parce que tous les faits ne concernent pas le petit peuple, mais des gens tapis au sein du pouvoir’’, observe-t-il. Avant cette affaire de trafic de faux billets, l’actualité a été dominée par deux grosses annonces, parmi plusieurs, de saisies de drogue. Une pluie de poudre qu’il n’est pas incohérent de mettre en perspective avec les tonnes de cocaïne qui échouent sur la côte Atlantique dont une tonne a déjà été récupéré sur les plages de l’Ouest de la France.
Le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, est sorti s’expliquer devant l’ampleur des saisies. L’hypothèse qu’il avance est celle du délestage. Les trafiquants pourraient s’être débarrassés de leur cargaison, ‘‘à la suite d’une tempête ou d’une avarie’’, explique le procureur français. Sauf qu’au Sénégal, le parquet n’a pas jugé utile de se prononcer, malgré l’envergure de ces affaires où la ‘‘came’’ n’est ni tombée du ciel, ni n’a échoué sur la côte dakaroise. C’est en juillet que la Douane a déclaré avoir saisi 1036 kg en 72 heures, en deux prises de 238 puis de 798 kg. Mais la presse fait état de 80 kilos qui ont disparu de la première prise de 238 Kg, après l’incinération. Sans plus d’explications. En novembre, ce fut au tour de la Marine nationale d’annoncer 1260 Kg de drogue saisie, avant que le chiffre ne soit considérablement revu à la baisse (700 Kg), escamotant une quantité de 500 Kg, selon le journal ‘‘La Tribune’’.
Le Sénégal plaque tournante de la cocaïne, même avant cette offensive des narco sud-américains sur la façade Atlantique ? La réponse est sans appel venant d’un ancien commissaire, Cheikhna Keita, ayant présidé aux destinées de l’Ocrtis (Ndlr : Docrtis), et radié de la police en 2013, après avoir révélé les mécanismes d’un trafic de drogue à grande échelle. ‘‘Toutes les dénominations de zone de consommation, de plaque tournante, ou encore de zone de transit correspondent au Sénégal. Une plaque tournante est une zone à partir de laquelle le trafic international s’organise. En l’état actuel des choses, ceux qui affirment que le Sénégal est devenu une plaque tournante de la drogue ne peuvent pas être démentis. Parce que les faits sont têtus’’, affirme-t-il dans L’Observateur lundi dernier.
Le plus gros pavé dans la mare demeure toutefois la sortie accablante de Moustapha Cissé Lô qui a allégué, en septembre, avec force insistance, dans un talk-show de la Dtv, que la drogue et les autres produits proscrits, comme le chanvre indien, étaient une vraie économie parallèle dans ce pays et que seuls les lampistes et second couteaux sont punis, alors que les ceux qui inondent le marché sont des hautes personnalités bien placées dans les hautes sphères de décision. ‘‘Elles seules peuvent l’introduire dans ce pays et se sentent protégées. Je le dis et je le répète’’, a-t-il martelé devant le journaliste Modou Mbacké. Le président de la commission de la Cedeao est même allé plus loin, en ‘‘défiant’’ directement le procureur de la République, l’invitant à s’autosaisir et ne pas tenir compte de son immunité parlementaire. Une déclaration incendiaire qui n’a pourtant pas réussi à activer le levier judiciaire.
L’armée pas épargnée
Le satisfecit du Dg du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), Kimelabalou Aba, le weekend dernier, sur ces saisies sonne plus comme un cache-misère. Certains suspects, de nationalité étrangère, impliqués dans le trafic international de drogue saisie par la Douane en juillet, ont discrètement, et inexplicablement, rejoint leur pays. ‘‘Ceux qui ont été libérés, deux Allemands et bientôt deux Italiens, l’ont été provisoirement. Quatre Sénégalais ont aussi été libérés. La libération conditionnelle se décide par le juge, en fonction de l’avancée des dossiers (...) Quand il estime qu’effectivement, dans tel dossier, telle partie a été entendue au fond et que son maintien en détention préventive n’est plus nécessaire, il ordonne sa libération. Donc, je vous confirme que les Sénégalais ont été libérés, provisoirement’’, a précisé samedi dernier le ministre de la Justice Amadou Sall en marge de la rencontre avec le Giaba à Mbour à la 21e réunion du comité ministériel des pays membres.
Seulement en voulant entretenir vaille que vaille de la liberté provisoire des Sénégalais, le garde des Sceaux a omis, délibérément ou non, de mentionner que les deux suspects allemands dont il est question ont profité de leur liberté provisoire pour lever le camp, charriant un lot de questions. La procédure judiciaire est-elle écoulée ? Leurs passeports n’ont-ils pas été confisqués ?
Un laxisme qui est en train d’atteindre la très révérée Grande muette. Dans l’imaginaire sénégalais, la discipline militaire est le dernier rempart contre l’indiscipline ou l’incivisme. Que n’entend-on les gens dire qu’on devrait confier tel ou tel poste aux militaires pour plus de rigueur dans la tenue, après un constat d’échec émanant d’une gestion ‘‘civile’’ un peu lâche. Mais le livre du Colonel Ndao, ‘‘Pour l’honneur de la gendarmerie’’ avait déjà fini d’attenter à la respectabilité sans faille de la maréchaussée d’abord, dépendant de l’armée, et révélait clairement que les excroissances de ce laxisme ambulant n’épargnent personne.
Quant à l’armée elle-même, les récentes saisies de 3900 à 4500 cartouches de Kalachnikov, faites dans le plus grand des hasards, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2019 à Pire (Thiès) dans une Mercedes, ternit l’image de l’institution qui présente encore de la crédibilité aux yeux des Sénégalais. D’autant que ces munitions ont été subtilisées dans ce qui est censé être l’endroit le plus sanctuarisé de ce pays : la caserne de la base militaire de Ouakam. La communication, naturellement, se fait très modeste, inexistante en réalité, dans cette affaire qui implique un jeune soldat de l’Armée actuellement en cavale en Mauritanie. ‘‘il ne s’agit que de déclarations tenues par une personne non habilitée’’, a déclaré le chef de la Division des Relations publiques de l’armée (Dirpa), le colonel Abdou Ndiaye, quand le nom du soldat a été lâché dans la presse. Là encore deux lampistes, les convoyeurs de la ‘‘cargaison’’, sont à l’arrêt. Le procureur a ouvert une enquête mardi 5 novembre.
Ousmane Ndiaye, psychosociologue : ‘‘Tous ces facteurs poussent l’opinion sénégalaise à se défier des autorités politico-administratives’’
Les pouvoirs publics ont-ils compris que l’affaire actuelle de faux-monnayage peut être la goutte d’eau qui peut faire déborder le vase ? Que la flagrance du délit est une pilule trop grosse pour que l’opinion l’avale sans moufter ? Le député impliqué, Boughazelli, a été placé en garde à vue mercredi, après avoir été ‘‘déposé’’ sa démission de l’Assemblée nationale la veille. Le psychosociologue Ousmane Ndiaye estime que l’inaction qui suit ces révélations n’est qu’apparente et que l’opinion rumine sa frustration en sourdine. ‘‘Tous ces facteurs poussent l’opinion sénégalaise à se défier des autorités politico-administratives qui gèrent notre pays. Si jusqu’ici, seuls quelques partis et groupes appellent à des rassemblements publics, il ne faudrait pas pour autant croire que l’immense majorité des Sénégalais ne ressent ou n’a aucun avis sur ces questions. La prise de conscience de tous ces phénomènes, déplorables au demeurant, est largement partagée. Même si les appels à manifester ne sont pas massivement suivis, cela ne veut pas dire que le peuple est content ; qu’il ne s’intéresse pas aux mots d’ordre qui l’appellent à bouger’’, a-t-il expliqué au téléphone d’EnQuête.
La succession de toutes ces affaires et d’autres révélations qui leur sont antérieures vont se sédimenter au désavantage des décideurs. ‘‘Une prise de conscience d’un phénomène condamnable n’entraine pas immédiatement une réaction de protestation, voire une réaction organisée ou violente. Il semble qu’il y ait une sorte de mûrissement de la situation plutôt que de pourrissement. L’action des masses populaires peut découler de facteurs déclenchants inattendus. Ce qui a été le cas en Tunisie où Bouazizi s’était immolé. Au Liban c’est l’augmentation du coût de WhatsApp, et au Soudan, ç’a été l’augmentation du prix du pain’’.
Ainsi, le psychosociologue ne se hasarde pas dans une hypothèse et invite les autorités à vite corriger le tir. ‘‘Pour le Sénégal ce facteur n’est pas identifié. Mais ça pourrait survenir d’un évènement banal ou inattendu. Ce serait une erreur de croire que le peuple sénégalais est définitivement amorphe, soumis à n’importe quelle condition socio-économique ou politique. Il serait plus prudent de la part du pouvoir de mener une politique patriotique populaire qui recherche la satisfaction des besoins économiques, sociaux et culturels’’, a expliqué M. Ndiaye.