En plus des sommes trouvées dans le coffre de sa voiture, des dépositions accablantes, du film de son arrestation en flagrant délit, les gendarmes ont intercepté des messages audios que Bougazelli a envoyé à ses complices et clients
Le Doyen des juges a écroué, vendredi dernier, l’ancien député Seydina Fall dit Bougazelli pour association de malfaiteurs, contrefaçon, fabrication de signes monétaires ayant cours légal sur le territoire national et à l’étranger, blanchiment de capitaux et tentative de corruption. Ce, en même temps qu’un de ses complices, Mallé Diagne, qui se dit cuisinier et agent immobilier.
Selon Libération qui revient sur cette affaire avec des révélations explosives, c’est d’ailleurs ce lundi que Moussa Ouédraogo (Burkinabé), Oumar Samb, Mamadou Diop dit « Dave », Khalifa Ababacar Dia dit « Kalz » et Ousmane Diouf dit « Nguess » qui n’avaient pas d’avocats alors qu’on est dans une procédure criminelle, feront face au juge.
Mais, à en croire Libération, dans cette affaire, tout accable Bougazelli qui était le parrain de cette mafia comme nous le révélions dans notre dernière livraison. En plus des sommes trouvées dans le coffre de sa voiture, des dépositions accablantes, du film de son arrestation en flagrant délit, les gendarmes ont intercepté des messages audios que Bougazelli a envoyé à ses complices et clients, histoire de leur faire croire qu’ils ne risquaient rien en travaillant avec lui.
''Damadone kaff rek, bilahi walahi je chahutais''
Dans un premier enregistrement, présenté à l’ancien député lors de son audition sous le régime de la garde à vue qui lui a été notifiée vendredi à 17 heures, Bougazelli, qui échangeait avec un potentiel client, affirmait collaborer dans son business avec des commandants de brigade dont… ''le commandant Mbengue de la Brigade de Recherches et un procureur qui l’a aidé à dénouer l’affaire Thione Seck'' qui a fait la case prison pour trafic présumé de faux billets.
Le commandant Abdou Mbengue est en fait le patron de la Section de Recherches et non de la Brigade de Recherches sous la coupe d’Insa Seck-qui a neutralisé ce réseau grâce à un travail de renseignement acharné comme nous l’avons relaté dans notre dernière livraison.
Invité à donner des explications sur cet enregistrement, Bougazelli a perdu tous ses moyens de défense face au … commandant Mbengue : « Damadone kaff rek, bilahi walahi je chahutais », a-t-il lâché, surpris et confus.
Dans le deuxième audio, Bougazelli, qui parlait avec ses complices, évoquait des paquets en euros et en dollars à livrer. Mais, il a assuré, face aux gendarmes, n’avoir jamais tenu ces propos et que ce ne serait pas sa voix dans l’audio.
Dans le troisième enregistrement, il affirmait, parlant à un client, qu’il n’avait que des coupures de 100 dollars en billets noirs. Il a aussi remis en cause, sans convaincre, l’authenticité de cet enregistrement.
ALIOU SALL ET LE REPRÉSENTANT DE PÉTRO TIM AUDITIONNÉS CE LUNDI
Le doyen des juges d’instruction, Samba Sall, aura ce lundi 25 novembre 2019, en face lui, Aliou Sall. Le frère cadet du chef de l’Etat et non moins maire de la Ville de Guédiawaye
Dernier virage dans les auditions sur l’affaire Petro Tim. Le doyen des juges d’instruction, Samba Sall, aura ce lundi 25 novembre 2019, en face lui, Aliou Sall. Le frère cadet du chef de l’Etat et non moins maire de la Ville de Guédiawaye est l’un des principaux acteurs cités de cette affaire qui fait polémique depuis quelques mois.
L’on apprend aussi que le représentant de Petro Tim au Sénégal sera également entendu dans cette même matinée du lundi.
Mis en cause dans l’Affaire Petro-Tim, relancée début juin par une enquête de la BBC, Aliou Sall est soupçonné d’avoir touché un pot-de-vin dans l’attribution de deux blocs gaziers.
L’AUTOMATISATION PRÉCONISÉE POUR UNE MEILLEURE GESTION DE LA MSAE
Le président du conseil d’administration de la Mutuelle de santé des agents de l’Etat (MSAE), Babacar Ngom, a insisté sur l’importance de mettre en place un système informatique permettant une meilleure gestion des dossiers des 45 000 adhérents et de leur
Saint-Louis, 25 nov (APS) - Le président du conseil d’administration de la Mutuelle de santé des agents de l’Etat (MSAE), Babacar Ngom, a insisté sur l’importance de mettre en place un système informatique permettant une meilleure gestion des dossiers des 45 000 adhérents et de leurs familles.
‘’Il y a urgence et nécessité de moderniser cette structure, avec la mise en place d’un système informatique très performant, qui permettra de mieux gérer les dossiers des 45.000 adhérents et 150.000 bénéficiaires’’, a-t-il souligné à lors d’une assemblée générale tenue le week-end à Saint-Louis.
‘’Les membres de la mutuelle de santé des agents de l’Etat doivent travailler dans la rigueur et la transparence, afin d’accélérer le rythme de travail et de déconcentrer ses activités dans les régions, a indiqué Ngom.
L’assemblée générale de la MSAE organisée dans la capitale du Nord a permis à ses membres de procéder à l’examen du statut des membres de la structure, d’avancer sur l’automatisation et le lancement prochain d’un site web dédié à cette mutuelle.
La Mutuelle de Santé des Agents de l’Etat (MSAE) a été créée par les travailleurs du secteur public en 2003, comme une mutuelle complémentaire à adhésion volontaire.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le système politique de ce pays a très peu à voir avec ce régime qui établit « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple » - Le président du Sénégal est au-dessus des lois
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 24/11/2019
Le président des Etats-Unis d’Amérique, M. Donald Trump fait l’objet en ce moment même d’une procédure de destitution par le Congrès, l’Assemblée Nationale. Il est accusé à la suite des révélations d’un « lanceur d’alerte » anonyme, d’avoir exercé des pressions sur le président de l’Ukraine pour que celui-ci ouvre une enquête sur ‘les affaires’ du fils de M. Biden son probable rival démocrate à l’élection présidentielle de 2020.
C’est seulement en Aout 2019 que le « lanceur d’alerte » a donné l’information : le président Trump, à travers ses propres émissaires privés et certains membres de son administration exigeait du président ukrainien une déclaration publique indiquant l’ouverture d’une enquête à l’encontre du fils Biden.
A défaut, indique le « lanceur d’alerte », les hommes du président Trump ont clairement indiqué au président ukrainien que la rencontre des deux présidents, sollicitée par la partie ukrainienne, n’aurait pas lieu. La subvention de $400 million des USA déjà approuvée par le Congrès au titre de l’aide militaire, serait également suspendue. La presse s’est immédiatement fait l’écho de ces révélations et l’affaire a fait scandale.
L’opposition démocrate faisant valoir que le président utilise là, l’institution présidentielle à des fins personnelles et que le président des Etats-Unis sollicite l’intervention d’un pays étranger dans l’élection présidentielle de 2020. Les démocrates sont ulcérés.
Dès le 19 Septembre 2019, l’Assemblée Nationale lance formellement une enquête aux fins de destituer le président Trump. Les procédures sont établies et approuvées. Dès Octobre l’Assemblée Nationale organise des auditions de témoins : hauts fonctionnaires, ambassadeurs et conseillers de l’administration Tromp. D’abord à huis clos, à partir du 13 novembre ces auditions deviennent publiques et sont retransmises en direct à la télévision.
Si le Président Trump a manifesté son rejet de la procédure et utilisé les pouvoirs de sa fonction pour interdire l’audition de certains témoins, la plupart de ceux-là coopèrent à l’enquête en toute objectivité. Les témoins sous serment risquent la prison en cas de parjure. Ils sont tour à tour soumis aux questions des membres Démocrates et Républicains de la Commission d’enquête.
Le Président Trump sera-t-il en fin de compte destitué ? Les Démocrates échoueront-ils comme les Républicains contre le président Bill Clinton en 1998 ? L’avenir nous le dira.
En tous cas, la procédure aura démontré encore une fois l’admirable vitalité de la démocratie américaine.
« Nous sommes les défenseurs de la Démocratie et Donald Trump doit rendre des comptes », déclare ainsi Madame Nancy Pelosi, chef du groupe parlementaire des Démocrates. « Non, un président des Etats-Unis n’a pas le droit de faire ce qu’il veut. Non il n’est pas au-dessus des lois ».
Que nous enseigne cette procédure de destitution du président des Etats-Unis et ses motifs sur notre pays ? Quelles leçons pour le Sénégal ?
Constatons d’abord que ni les interventions de puissances étrangères et de chefs d’Etat étrangers dans la politique au Sénégal, ni les accusations directes et souvent circonstanciées de corruption et de concussion à l’endroit du président de la République et de son entourage ne font l’objet de traitement judiciaire.
Et évidemment, un procès pour destitution du président relève de politique fiction ici !.
On se souvient qu’en pleine campagne électorale pour la dernière élection présidentielle, le président Alpha Condé de la Guinée est intervenu ouvertement pour rabibocher l’ancien président Abdoulaye Wade avec le président Macky Sall, certainement à la demande expresse de ce dernier. Cette démarche qui a pourtant certainement eu des conséquences décisives sur les résultats de l’élection du président de la République est passée comme …lettre à la poste.
Qui a initié effectivement cette rencontre Wade/Macky Sall sous les auspices du président guinéen ? Des analystes ont avancé que l’initiative est de Paris et a été murmurée à l’oreille de Condé qui est passé à Conakry juste quelques jours avant que Wade n’y vienne. Quel est le deal ? Rien n’a transpiré, ni avant, ni après.
Autre cas symptomatique de l’état de la démocratie au Sénégal : l’affaire dite du « scandale pétrolier BP/Petrotim / Aliou Sall. L’alerte a été lancée par un documentaire de la vénérable BBC, référence s’il en est en matière de rigueur dans le traitement journalistique et d’objectivité dans l’enquête.
Grâce à l’intermédiation du frère du président Macky Sall, des droits d’exploitation de blocs pétroliers auraient fait l’objet de ventes en cascades qui au bout du compte auront causé à terme une perte d’une dizaine de milliards de dollars …aux citoyens sénégalais. On sait ce qui a suivi cette révélation scandaleuse.
Des manifestations de rue massives, des dénonciations dans la presse, quelques auditions de soi-disant témoins dans le bureau du procureur, une procédure opaque qui se traine encore, plus de six mois après le scandale… Sans aucune condamnation, sans même un rapport officiel.
On pourrait rappeler aussi l’affaire dite des 94 milliards pour illustrer le fait que « le système démocratique » de ce pays est foncièrement vicié : ni la Justice ni l’Assemblée Nationale, ne sont au service du peuple.
C’est un député, chef du parti d’opposition PASTEF, en l’occurrence M. Ousmane Sonko, qui, dès mai 2018 saisi d’abord l’Office National de lutte contre la Corruption (OFNAC) et l’Inspection Générale d’Etat (IGE) puis le Procureur de la République : une transaction immobilière couverte par le Directeur Général des Impôts et Domaines aurait abouti au détournement de deniers publics d’un montant 94 milliards FCFA. Aucune réaction de la Justice.
Une Commission parlementaire s’est réunie enfin en Février 2019. Constituée uniquement de députés membres du parti au pouvoir, elle conclut : «les allégations de Ousmane Sonko sont fausses…Les responsables de l’Administration, que ce soit ceux des Domaines, des Impôts, des Régies financières n’ont relevé quelque détournement que ce soit dans ce dossier». Mieux : on introduit des plaintes en justice contre le député Ousmane Sonko pour « diffamation et injures publiques » et des tractations sont mises en branle pour lever son immunité parlementaire.
Il n’est pas besoin d’illustrer outre mesure ce fait : le système politique de ce pays a très peu à voir avec ce régime qui établit « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple » inauguré par Abraham Lincoln, le premier président des Etats-Unis.
C’est que ce pays-là, a instauré très tôt une stricte séparation des pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire car comme Montesquieu l’indiquait déjà « pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir »,
Ici par contre, un seul pouvoir en vérité : celui de l’Exécutif, tout entier entre les mains d’une seule personne : le président de la République.
Les soit disant représentants du peuple ne sont en réalité que les « députés » de son « Excellence de Monsieur le président de la République » comme l’a benoitement reconnu récemment un Honorable membre de notre auguste Assemblée.
Les ministres sont choisis en fonction principalement de leur allégeance au parti au pouvoir, de leur proximité voire parenté avec le président de la République et/ou de leur inclinaison à tenir le rôle d’exécutant fidèle de la « vision du président de la République » attendu d’eux.
Quant à la Justice, si l’article 88 de la Constitution qui stipule que « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif » en garantit l’indépendance, sa subordination au pouvoir judiciaire est dans les faits totale.
Car c’est le président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature qui décide tout seul de la nomination des magistrats, de leurs promotions, même de leurs rémunérations. On l’a vu récemment, notamment avec les « affaires » Karim Wade et « Khalifa Sall » comment la justice au Sénégal peut être mise au service exclusif des intérêts du président de la République. Si bien qu’il faut bien convenir que contrairement aux Etats-Unis d’Amérique « Oui, un président du Sénégal fait ce qu’il veut. Assurément il est au-dessus des lois ».
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
LA PREMIÈRE OEUVRE RESTITUÉE À L'AFRIQUE EST UN OBJET EUROPÉEN
Aucune source historique ne fait allusion à un sabre européen qu’aurait possédé El Hadj Oumar Tall. L’objet que l’on peut voir aujourd’hui au Musée des civilisations noires n’a jamais appartenu à son prétendu propriétaire
Le Monde Afrique |
Francis Simonis |
Publication 24/11/2019
« D’ici à cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain à l’Afrique »,déclarait le président de la République Emmanuel Macron à Ouagadougou, le 28 novembre 2017. Nous y sommes ! Le 17 novembre 2019, à Dakar, le premier ministre Edouard Philippe a symboliquement remis au président sénégalais Macky Sall le sabre dit d’El Hadj Oumar Tall.
S’il ne s’agit pas à proprement parler d’une restitution, impossible en vertu du principe d’inaliénabilité des collections publiques françaises, ce geste en est « la première étape », a affirmé le premier ministre qui compte faire réviser bientôt le code du patrimoine. Une convention de dépôt pour une durée de cinq ans a été signée par la ministre des armées, Florence Parly.
Ce sabre est « celui d’un grand conquérant, d’un guide spirituel (…). Sa place est bien ici, au cœur de l’ancien empire toucouleur », a-t-il poursuivi. Vraiment ? Les historiens savent pourtant que Dakar n’a jamais fait partie de l’empire toucouleur qui se trouvait plus à l’est, sur des territoires situés aujourd’hui en partie au Sénégal, mais surtout en Guinée et au Mali.
Dans le rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain remis au président de la République en novembre 2018, Felwine Sarr et Bénédicte Savoy proposaient que, dans une première étape, ait lieu la restitution solennelle de quelques pièces hautement symboliques. Le sabre dit d’El Hadj Oumar Tall conservé au Musée de l’armée sous le numéro d’inventaire 6995 était cité au titre du Sénégal.
Un sabre d’infanterie modèle 1821
Le chef religieux et conquérant toucouleur, né vers 1797, avait fondé un vaste empire au milieu du XIXe siècle avant de trouver la mort, les armes à la main, dans la falaise de Bandiagara (actuel Mali) en 1864, alors qu’il cherchait à conquérir l’empire peul du Massina.
Depuis 1994, ses descendants réclamaient la restitution de l’objet qui avait été présenté à Dakar à deux reprises en 1998 et en 2008. En décembre 2018, il fut envoyé à Dakar pour l’inauguration du Musée des civilisations noires assorti d’une convention de prêt pour un an.
Mais de quelle arme parle-t-on ? Celle qui est conservée au Musée de l’armée sous le nom de « sabre ayant appartenu à El Hadj Oumar Tall » est un sabre d’infanterie modèle 1821 forgé par Coulaux et Compagnie à Klingenthal (Alsace). Selon le musée, qui n’indique pas à quel moment ni dans quelles conditions elle est entrée dans ses collections, elle a été prise à Bandiagara en avril 1893, probablement à Ahmadou Tall, le fils d’El Hadj Oumar Tall. Le site Internet du ministère des armées précise depuis le 18 novembre que ce sabre a été rapporté en France par le « général » (il était en fait colonel) Louis Archinard et qu’il est conservé depuis 1909 par le Musée de l’armée.
Mais comment donc ce sabre s’est-il retrouvé au sud du Sahara ? On sait de façon certaine que le gouverneur du Sénégal Louis Faidherbe, qui cherchait à signer un traité d’amitié avec El Hadj Oumar Tall, fit parvenir à son fils un sabre d’une valeur de 400 francs en 1864. Mais le lieutenant de vaisseau Eugène Mage, missionné par Faidherbe pour sceller ce rapprochement, a vu l’objet et parle d’un « magnifique sabre avec un fourreau de velours vert et une garniture en argent », ce qui ne correspond pas à l’arme que nous connaissons. Il pourrait s’agir en revanche du sabre d’officier racheté par Mage à un Africain pour l’offrir à Ahmadou Tall lorsqu’il quitte Ségou, capitale de l’empire toucouleur, en 1866.
Toujours à Bandiagara
Aucune source historique, locale ou européenne, ne fait la moindre allusion à un sabre européen qu’aurait possédé El Hadj Oumar Tall. Il est difficile de croire, en effet, que le conquérant toucouleur se soit servi d’un sabre fabriqué par des chrétiens pour mener le djihad ! El Hadj Oumar Tall est mort les armes à la main dans une explosion, et nul ne sait ce qu’est devenu son corps. Comment donc son arme aurait-elle pu tomber entre les mains des Français qui n’arriveront dans la région que trente ans plus tard ?
Présent lors de la cérémonie du 17 novembre, Thierno Seydou Nourou Tall, le respecté imam de la mosquée omarienne de Dakar, a quelque peu refroidi l’assistance en déclarant que le sabre présenté était celui d’un des fils d’El Hadj Oumar Tall et que le sabre authentique se trouvait toujours à Bandiagara. En 1998, le professeur Abdoulaye Sokhna Diop allait encore plus loin en affirmant qu’à la différence de son fils Ahmadou, El Hadj Oumar Tall n’avait jamais possédé de sabre.
Qu’importe ! Le processus de restitution est en marche et plus rien ne pourra l’arrêter, au prix, s’il le faut, de petits arrangements avec l’histoire. D’autres demandes ne vont pas tarder. « On est prêt à tout prendre », a déjà déclaré Hamady Bocoum, le directeur du Musée des civilisations noires. Déjà, la famille Tall réclame la restitution des 518 manuscrits saisis à Ségou en avril 1890 qui sont actuellement conservés à la Bibliothèque nationale de France. Mais quand bien même ces manuscrits devraient-ils être restitués, pourquoi donc le seraient-ils au Sénégal et non pas au Mali où ils ont été enlevés ?
Une chose est sûre : l’objet que l’on peut voir aujourd’hui au Musée des civilisations noires n’a jamais appartenu à son prétendu propriétaire. Et c’est là un étrange signal qui est envoyé à l’Afrique : la première œuvre qui lui est « restituée » est un objet européen qui n’a passé que quelques années sur le continent et n’est en rien ce que l’on dit qu’elle est ! A vouloir marcher trop vite, il arrive que l’on se prenne les pieds dans son sabre…
Francis Simonis est maître de conférences HDR « Histoire de l’Afrique » à l’université d’Aix-Marseille et membre de l’Institut des mondes africains (IMAF).
LISTE DES NOMMÉS POUR LES TROPHÉES DU FOOT AFRICAIN
Mané, Mahrez ou Salah ? Algérie, Sénégal ou Madagascar ? Le 7 janvier prochain, les meilleurs joueurs, équipes ou entraineurs du foot africain seront connus lors d’une soirée à Hurghada (Égypte)
La Confédération africaine de Football a sorti ce dimanche 24 novembre la liste des nommés pour la 28e édition des CAF Awards, qui récompense les acteurs du football africain. Les heureux élus seront connus le 7 janvier 2020 en Égypte.
Mané, Mahrez ou Salah ? Algérie, Sénégal ou Madagascar ? Le 7 janvier prochain, les meilleurs joueurs, équipes ou entraineurs du foot africain seront connus lors d’une soirée à Hurghada (Égypte). La liste des candidats fait la part belle aux équipes et joueurs qui se sont illustrés lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Avec quatre éléments, l’Algérie, championne d’Afrique en titre est bien représentée dans la liste des nommés pour le trophée du Joueur africain de l'année. Le Sénégal suit derrière avec trois joueurs nommés. Sadio Mané (Sénégal) Riyad Mahrez (Algérie) et Mohamed Salah (Égypte) partent favoris pour se disputer la prestigieuse distinction.
La Camerounaise Ajara Nchout, future reine ?
Du côté des entraineurs, le sélectionneur algérien Djamel Belmadi part favori pour le trophée d’Entraîneur africain de l'année face à Aliou Cissé (Sénégal) ou Nicolas Dupuis (Madagascar). L’Algérie, le Sénégal et Madagascar sont également en course pour remporter le titre d’Équipe nationale africaine de l'année.
Chez les femmes, la Camerounaise Ajara Nchout, qui a réussi une très belle Coupe du monde 2019, ne devrait pas être inquiétée par ses rivales pour le sacre de la Joueuse africaine de l’année.
À noter que le prix du Joueur africain interclubs de l’année a été réintroduit et sera réservé aux acteurs majeurs des compétitions interclubs de la CAF.
EXCLUSIF SENEPLUS - Arrêtons tous les violeurs. Arrêtons de porter un doigt accusateur sur les victimes. Ecoutons-les en les couvrant d’un voile qu’aucun prédateur sexuel ne peut déchirer
C’était une conférence de presse, pas comme celles qu’on à l’habitude de couvrir tous les jours dans l’exercice de notre métier. Sur le lieu, je rencontre un grand frère journaliste très ‘’Boy Dakar’’. A la fois choqué et peut-être surpris. Il me souffla ‘’ celle qui a été violée est ici. Mais si tu la voyais… ‘’ Il pose sa main sur la bouche comme le font souvent les violeurs pour étouffer les cris de douleur, de détresse de leurs victimes. A la vue de Fatou Jallow, j’ai compris les mots que mon ainé a lâchés. J’ai imaginé ceux qu’il a retenus… par pudeur. J’ai ressenti la même douleur en imaginant les maux perpétrés par un violeur en série, drapé d’un manteau religieux souillé par le sang des multiples fillettes triées par un escadron de sanguinaires pour satisfaire la libido d’un président dictateur.
Fatou Jallow se tenait majestueusement devant nous. Elle portait un pantalon noir et un haut blanc très serrés. Collés à sa peau, ses vêtements dessinaient les courbes généreuses d’une « Jongoma » sénégambienne modelée à la perfection par la pratique du sport. Son corps respirait la forme. Et personne ne pouvait imaginer l’atrocité de la douleur enfouie dans sa chair avant sa prise de parole. Face aux lumières des projecteurs, son sourire s’éteignit progressivement sur son visage. De ses yeux, jaillissait une détermination à remporter le dernier round d’un combat dont elle a été invitée à prendre part de force. ‘’ J’avais 18 ans... je venais de remporter le concours Miss Gambie initié par le président Yayah Jammeh. Ce n’était pas un concours de beauté comme les autres. Ici, l’esthétique était au second rang. L’excellence était le critère déterminant. Le président Jammeh que je regardais comme un père m’invita à son palais pour discuter de mon projet. J’étais enthousiaste et naïve. Un jour, il me demanda de l’épouser’’, témoigne-t-elle. Toufa, comme l’appellent ses proches, avaient ses propres rêves à cette époque. Le mariage ne faisait pas partie de son projet. Croyant aveuglement aux cadeaux et conseils désintéressés de son bienfaiteur très intéressé par son corps, elle en est même arrivée à penser que celui-ci essayait de la tester pour avoir une idée de son envie de réussir.
‘’Je ne voulais pas me marier à cet âge. Je voulais poursuivre mes études et accomplir mes rêves. Au début, je pensais qu’il me testait parce qu’il me disait toujours de poursuivre mes études. Je lui ai répondu que je ne voulais pas me marier ni avec lui, ni avec personne d’autre’’, raconte Fatou. Son refus, le fait de dire ‘’non’’ n’a pas plu à ce prédateur sexuel qui a usé de son pouvoir pour faire venir à nouveau la jeune fille au State House en prétextant qu’elle devait assister à un récital de Coran marquant le début du Ramadan. ‘’Ce jour-là, il m’a enfermé dans une pièce et m’a dit : ‘’ Il n’y a aucune femme que je veuille et que je ne puisse pas avoir. Tu te prends pour qui ? ’’ – Je lui ai encore dit ‘’non’’. Il m’a alors frappée, m’a injectée une substance. Il releva ma robe, frotta son sexe contre le mien et dit ; ‘’On va voir si tu es vierge. ‘’ - avant de me violer. ‘’ Des ses beaux yeux coulent des larmes. Elle prend un mouchoir, et les essuie. La salle de conférence est envahit par les frissons qu’émet la voix tremblotante de Fatou. La douleur rejaillit de sa chair et pénètre atrocement dans les nôtres.
Ce jour là, Fatou Jallow est sortie de la State House en titubant. Les jambes lourdes, dans sa tête elle cherchait comme toutes les filles victimes de cette atrocité, le moyen de récupérer une innocence volée avec une brutalité inouïe. La succession des bains à s’arracher la peau dans l’espoir d’enlever une souillure indélébile s’avère vaine. Pour Fatou, c’est le début d’une maturité à la fois physique et intellectuelle. Pour le prédateur, c’est la première fois qu’une de ses victimes refuse de revenir de son propre gré pour être transformé en objet sexuel. Le deuxième round du combat ne commence pas comme Yayah l’avait imaginé. Malgré les cadeaux, dignes d’une princesse d’un conte de fée et les demandes en mariage répétées de la part du ‘’Roi’’, la petite fille refuse de céder. Elle porte toute seule le fardeau pour protéger sa famille. Sa dignité en bandoulière, elle fait face au dictateur malgré les intimidations et les menaces. Fatou réussi à quitter la Gambie à bord d’une pirogue. Elle vient de renverser la situation en sa faveur. Au Sénégal, elle goutte à la téranga et reprend confiance en elle avant de s’envoler pour le Canada. Même loin de la Gambie, dans sa chair la plaie reste toujours béante. Elle comprit que son bourreau continuera son sale besogne comme d’autres prédateurs tapis dans l’ombre de la société attendant une proie. Ainsi, elle engage le troisième round de son combat avec détermination non pas contre le président Jammeh, mais contre tout un système social. ‘’ Le plus difficile pour moi était d’affronter le regard des gens. D’habitude dans nos sociétés les victimes de viol en plus d’être dévastées, sont stigmatisées et rejetées. C’est pourquoi la majorité des filles et des femmes victimes de viol ont souvent peur de raconter ce qu’elles ont subi ou même de trainer en justice leurs bourreaux’’, déplore-t-elle. Oui Toufah a du cran. Elle a d’abord fixé droit dans les yeux les regards accusateurs et parfois teintés de pitié à chaque coin de rue de son Banjul natal. Ces tableaux, des stéréotypes de la société africaine qui peignent les victimes de viol comme les principales responsables de leurs mésaventures. Fatouh Jallow témoigne à visage découvert pour dire non aux viols que le regard de la société continue de perpétrer sur les personnes qui l’ont été.
Aujourd’hui, je reviens sur cette conférence de presse inédite au moment où sur les lieux du crime perpétré contre Fatou, elle et des femmes violées, certainement influencées par sa bravoure, racontent dans les détails, sans sourciller, l’horreur qu’elles ont aussi subi. Une reconstitution des faits à visages découverts. Comme Fatou, elles viennent de dire la vérité. Mais le plus important dans le combat de ces femmes terrassées par le destin, ne se résume pas uniquement à l’emprisonnement de leurs bourreaux. Il faut que les regards portés sur ces victimes, souvent trop jeunes, changent. Oui, arrêtons tous les violeurs. Arrêtons de fantasmer sur le corps déjà meurtri des victimes de viol en les dévorant du regard. Arrêtons de porter un doigt accusateur sur leur mésaventure. Ecoutons-les en les couvrant d’un voile qu’aucun prédateur sexuel ne peut déchirer. C’est le dernier round engagé par Fatou Jallow dans un combat qui s’annonce déjà très rude.