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7 octobre 2025
LE GOUVERNEMENT POUR UN AMÉNAGEMENT HARMONIEUX DU TERRITOIRE
Le Ministre des Finances va proposer dans les meilleurs délais, un projet de décret portant réorganisation de la Commission de Contrôle des Opérations domaniales (CCOD) -COMMUNIQUE DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 29 janvier 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des ministres, le mercredi 29 janvier 2020, au Palais de la République.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, évoqué la tenue, le 24 janvier 2020, sous sa présidence, du Conseil présidentiel de validation du nouveau Plan national d’Aménagement et de Développement territorial (PNDAT).
Le Président de la République a, à cet égard, félicité le Ministre des Collectivités territoriales, l’Agence nationale de l’Aménagement du Territoire (ANAT) et l’ensemble des personnes, structures et partenaires qui ont contribué au processus d’élaboration de ce plan (PNADT).
Le Chef de l’Etat a rappelé l’impératif de veiller à l’aménagement harmonieux et durable du territoire national, ainsi qu’au respect scrupuleux des orientations qu’il a validées sur la base de quatre (4) principes directeurs : (i) la mise en cohérence des plans sectoriels en déploiement, (ii) l’optimisation du potentiel des territoires et de leur développement, (iii) la promotion de l’attractivité du Sénégal et (iv) la consolidation de la compétitivité des territoires.
Il a, en outre, particulièrement insisté sur la nécessité d’accorder une importance primordiale à l’aménagement numérique du territoire ; à la préservation des ressources naturelles et des écosystèmes ; de même qu’à la décentralisation conséquente de la politique industrielle, en adéquation avec les schémas sectoriels de développement des infrastructures nationales et communautaires.
Le Président de la République a, dans cet élan, indiqué l’urgence de vulgariser le PNADT auprès des institutions, des collectivités territoriales et du secteur privé, avant l’adoption, en avril 2020, du projet de loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable des territoires.
Au demeurant, le Chef de l’Etat a invité le Gouvernement, à adjoindre au PNDAT, un cadastre universel sous le pilotage du Ministre des Finances et du Budget, qui proposera, dans les meilleurs délais, un projet de décret portant réorganisation de la Commission de Contrôle des Opérations domaniales (CCOD).
Le Chef de l’Etat a aussi demandé au Ministre chargé du Plan de finaliser le nouveau système national de Planification.
Le Président de la République, évoquant la stratégie « Sénégal numérique », SN2025, a insisté sur la nécessité d’’intensifier sa mise en œuvre et invité la Ministre chargée de l’Economie numérique d’accélérer le processus, en précisant à chaque acteur de l’écosystème du numérique impliqué, sa feuille de route actualisée, intégrant les actions consensuelles à déployer sur la période (2020-2025), ainsi que les ressources indicatives à mobiliser.
Le Président de la République a, à ce sujet, rappelé l’importance qu’il accorde au basculement intégral au Numérique pour la Télévision Numérique Terrestre (TNT), durant le premier semestre 2020, et à l’intensification de l’intégration du digital dans le système éducatif afin d’accélérer le développement l’intelligence artificielle et de l’économie de la connaissance.
Le Chef de l’Etat a, au titre de la consolidation de la transparence et de la bonne gouvernance au Sénégal, rappelé la création de structures dédiées (OFNAC, CENTIF) et la mise en place de procédures rigoureuses et inédites. Il a informé le Conseil qu’il présidera, le 30 janvier 2020, la cérémonie de restitution du rapport du Sénégal dans le cadre du Mécanisme africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP).
Le Président de la République, évoquant l’épidémie du coronavirus qui sévit en chine à Wuhan, a informé le Conseil des mesures prises pour assister nos compatriotes, avant d’exprimer la solidarité et le soutien du Gouvernement sénégalais à l’endroit de son Homologue XI JINPING et du peuple chinois tout entier.
Revenant sur la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Président de la République a demandé au Ministre de l’Enseignement supérieur de mettre en œuvre, sans délai, en rapport avec le Ministre des Finances, les mesures pédagogiques, financières et sociales d’accompagnement validées pour assurer le meilleur accueil des nouveaux bacheliers orientés au niveau des universités publiques.
S’agissant de la mobilisation citoyenne lors des prochaines journées nationales du nettoiement, prévues le 1er février 2020, le Président de la République a invité les populations, les élus et toutes les bonnes volontés, à poursuivre cet engagement citoyen remarquable. Il a invité le Ministre chargé du cadre de vie à prendre les dispositions nécessaires pour mettre en place la logistique d’appui nécessaire.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur le suivi de la Coopération et des Partenariats. A ce sujet, il est revenu sur le dynamisme international du secteur privé national et le développement des partenariats gagnants-gagnants. A ce titre, il a informé des résultats du Forum sénégalo - turc qu’il a co-présidé le 28 janvier avec le Président ERDOGAN, en visite au Sénégal, notamment les sept (7) accords signés, venant compléter le cadre juridique des relations sénégalo-turques dans divers domaines de la culture, de l’éducation, du sport, de la diaspora, de la gestion des catastrophes et des archives nationales.
Le Chef de l’Etat a, enfin, évoqué le développement des partenariats avec le secteur privé allemand, suite à sa visite, à Berlin, en compagnie d’hommes d’affaires sénégalais et à l’invitation de l’Association Allemande des PME.
Au titre des communications, le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur la première réunion du Conseil de Surveillance de MCA-Sénégal II, le suivi des directives présidentielles et l’inauguration d’un Centre international de cancérologie a? Ouakam.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait le point sur l’exécution du budget 2020, la situation d’approbation du budget des structures autonomes.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur la situation internationale.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait le point sur le déroulement de la campagne de commercialisation arachidière et de la campagne horticole.
Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur le cadre des partenariats publics-privés.
Le Ministre, en charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent (PSE) a fait le point sur l’état d’avancement des projets prioritaires et a rendu compte de la réunion tenue le 25 janvier 2020, avec le G7 et les ministres sectoriels, aux fins d’une année scolaire apaisée.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier l’amendement de Doha au protocole de Kyoto à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Au titre des mesures individuelles :
le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Thierno Seydou Ly, Ingénieur Polytechnicien, est nommée Directeur des Hydrocarbures, au Ministère du Pétrole et des Energies , en remplacement de Madame Aminata Ndoye TOURE, appelée à d’autres fonctions"
LE BASSIN SÉDIMENTAIRE MSGBC ’’N’A PAS LIVRÉ TOUT SON POTENTIEL’
Depuis les années 1950, le bassin MSGC commun à la Gambie, à la Guinée, à la Guinée-Bissau, à la Mauritanie et au Sénégal, a fait l’objet d’activités intenses d’explorations pétrolières et gazières, selon Macky Sall
Le bassin sédimentaire MSGBC, commun à la Gambie, à la Guinée, à la Guinée-Bissau, à la Mauritanie et au Sénégal est loin d’avoir livré tout son potentiel, a révélé, mercredi, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall
’’Le sommet international sur le MSGC depuis la première édition tenue en 2016 offre l’occasion de montrer aux acteurs mondiaux l’exemplarité de notre coopération, mais aussi l’attractivité de notre bassin, qui est loin d’avoir livré tout son potentiel’’, a-t-il dit, à l’ouverture du quatrième sommet du bassin sédimentaire MSGBC.
Le président Sall a rappelé que depuis les années 1950, le bassin MSGC a fait l’objet d’activités intenses d’explorations pétrolières et gazières.
’’Cela nous a permis, après des années d’efforts, en 2014 de faire d’importantes découvertes de pétrole au Sénégal (le projet Sangomar), mais aussi de gaz naturel en Mauritanie et au Sénégal redonnant ainsi un intérêt accru à notre bassin sédimentaire’’, a-t-il dit.
Macky Sall a fait savoir que ’’beaucoup d’évolutions positives’’ ont été notées depuis ces découvertes dont certaines sont en cours d’évaluation et de développement.
Tous ces projets sont des défis en terme de complexité géologique mais surtout des enjeux financiers, a souligné le chef de l’Etat.
Macky Sall a affirmé que ces évolutions majeures nécessitent ’’des réformes bien structurées et portées par des orientations stratégiques, des mesures ciblées, des dispositions participant à asseoir un cadre de gestion sain et durable de ces ressources naturelles au bénéfice du peuple sénégalais’’.
Selon le chef d’Etat, c’est tout le sens des améliorations apportées dans le dispositif institutionnel et le cadre juridique du Sénégal dans le domaine des hydrocarbures.
par Léo Pajon
ANGÉLIQUE KIDJO ET LE DÉSERT MUSICAL AFRICAIN
Les Grammy Awards ont un problème avec l’Afrique. Avec l’Afrique d’aujourd’hui. Celle qui s’enjaille dans les maquis sur les sons de Fally Ipupa, Tiwa Sawage, Sidiki Diabaté ou Burna Boy...
Jeune Afrique |
Léo Pajon |
Publication 29/01/2020
En accordant à l’artiste béninoise une 4e récompense face à Burna Boy, les Grammy Awards ont démontré leur incapacité à saisir la révolution artistique en cours sur le continent.
Dimanche dernier, lors de la fastueuse cérémonie des Grammies au Staples Center de Los Angeles, regroupant quelques-uns des plus influents professionnels de l’industrie, c’est Angélique Kidjo qui s’est vue décerner le Grammy Award du meilleur album de musique du monde.
La récompense est à la fois entièrement méritée et totalement décourageante. Méritée car son disque « Celia », hommage solaire à la diva cubaine Celia Cruz, est une réussite, comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire. Décourageante parce que, encore une fois, la cérémonie passe à côté du formidable bouillonnement artistique qui se joue en ce moment sur le continent.
Nouvelles générations écartées
Les Grammy Awards ont un problème avec l’Afrique. Avec l’Afrique d’aujourd’hui. Celle qui s’enjaille dans les maquis sur les sons de Fally Ipupa, Tiwa Sawage, Sidiki Diabaté ou Burna Boy. Ce dernier faisait partie des quatre artistes en lice, avec Angélique Kidjo, pour cette catégorie « musique du monde », décidément très fourre-tout.
Plutôt que de décerner un premier Grammy à Burna Boy, le jury a donc préféré en offrir un quatrième à Angélique Kidjo. Ironiquement, les deux géants africains se connaissent bien, le Nigérian ayant d’ailleurs invité la Béninoise à participer à un des titres de son dernier disque (« Different », avec également Damian Marley).
Et, chose à peine croyable, lors de la cérémonie, aussitôt son trophée en mains, la chanteuse se fendait d’un discours offensif et généreux pour le dédier à Burna Boy : « Il y a quatre ans sur cette scène, je vous disais qu’une nouvelle génération d’artistes venus d’Afrique allait vous prendre d’assaut. Ce temps est venu. Ceci est pour Burna Boy (en montrant sa récompense). Burna Boy fait partie de ces jeunes artistes africains qui changent la façon dont notre continent est perçu, et qui montre que la musique africaine est l’un des principaux composants de toutes les musiques ».
Plusieurs influenceurs noirs se sont aussi émus du choix discutable des Grammies. Naomi Campbell (8,4 millions d’abonnés Instagram) présentait même des excuses au chanteur nigérian sur son compte : « C’est seulement à cause du manque d’éducation que vous n’avez pas été honoré des distinctions que vous méritez vraiment. »
Manque d’éducation ou logiciel vieillissant ? Les professionnels qui votent pour les récompenses semblent être attachés à un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Lors des éditions précédentes des Grammies, ce sont globalement des vieux routiers de la scène internationale qui ont reçu le précieux gramophone. Le groupe de musique touareg Tinariwen, créé en 1982 ; le soweto gospel choir, formé en 2002 (encore récompensé en 2019), le groupe vocal masculin sud-africain Ladysmith Black Mambazo, fondé en 1960…
La chose serait moins grave si les Grammies étaient les seuls à préférer les baobabs aux jeunes pousses. Or nous avons pu le constater autour de nous en France : journalistes, organisateurs de festivals, programmateurs de radio… à l’extérieur du continent, une vieille garde veille aussi à préserver les anciens face aux modernes, par amitié pour les premiers et mépris ou méconnaissance des seconds. De là la rareté d’articles, de concerts, de diffusion radio de titres afrobeats, notamment, qui font pourtant vibrer toute l’Afrique, et dont la qualité n’est plus à prouver.
Une voie de salut existe pour tous, pourtant, celle qu’ont dessinée Burna Boy et Angélique Kidjo en collaborant : ne plus envisager les générations comme adversaires. L’« African Giant » porte d’ailleurs à son cou en permanence un médaillon incrusté de diamants représentant Fela, qu’il cite à longueurs de tubes. Tout un symbole.
QUAND LES ENSEIGNANTS SONT «BASTONNES» PAR LEURS PROPRES ELEVES
Plaidoyer pour des textes forts en faveur de l’enseignant, pour qu’il soit protégé.
Depuis que l’Etat a interdit, par décret, les châtiments corporels, la violence à l’école a pris une nouvelle tournure. Celle-ci est plus ou moins insolite, mais tout de même inquiétante. Elle est aujourd’hui exercée par des élèves ou parents d’élèves sur des enseignants. De ce fait, enseignants, syndicats, psychologues comme sociologues demandent à revoir les textes actuels dans le sens de permettre de punir tout fauteur de violences à l’école.
L’enseignant était autrefois aimé, adoré, choyé, adulé, respecté… Tout le monde rêvait même d’être enseignant. Et certains le considéraient comme un demi-dieu ! On lui collait parfois des sobriquets aimables et on n’osait jamais s’aventurer à lui adresser des paroles désobligeantes. A fortiori, lever la main sur lui. Mais aujourd’hui, un verrou a sauté. Les enseignants, interrogés sur la question, sont unanimes. Leur statut s’est dégradé. Ils sont vilipendés, houspillés, conspués… Au bout du compte, l’enseignant est mis à nu et livré à des élèves mal éduqués qui prennent aujourd’hui référence sur des lutteurs, des chanteurs, des danseurs et autres célébrités et acteurs de téléfilms et films. L’enseignant se trouve ainsi sans défense morale ou intellectuelle. Ainsi on passe du simple mépris envers cet éducateur à la violence physique à son encontre. Des violences qui se manifestent par des agressions souvent handicapantes voire mortelles. De Dakar, à Louga en passant par Kaolack, Fatick, Tambacounda et Ziguinchor, le phénomène des enseignants — hommes comme femmes —, agressés par des élèves ou parents d’élèves a fini de s’installer et par gangréner l’école sénégalaise. Le nombre de cas enregistrés ces derniers mois avoisine la dizaine. On se souvient encore du cas Henry Ndiaye tué à coup de couteaux à Diourbel par Henriette Diatta, élève en classe de terminale à l’école privée Nelson Mandéla sise dans la capitale du baol. Si le cas du directeur de l’école de Ngapitol à Koupentoum, Julien Diatta, assassiné par un berger au mois de janvier 2019, reste isolé et un peu particulier, celui de Fatick, survenu en novembre 2018 intrigue encore. Il s’agit du sieur Djibril Dièye, maître d’arabe à l’école Samba Guèye de Nianing dans le département de Mbour, qui a subi une agression physique de la part du président de l’Association des parents d’élèves de ladite école. Alors qu’on pensait à des cas isolés, le phénomène est en train d’étaler ses tentacules jusqu’à Dakar où le professeur d’éducation physique au lycée blaise Diagne de Dakar, Coumba Ngom, a été défigurée vendredi dernier par un élève en classe de 5ème secondaire. Sans compter l’agression qui s’est produite à Goudomp, dans la région de Sédhiou, celle de Tambacounda et cet élève de Collège d’enseignement moyen (Cem) « Artillerie » de Louga qui non seulement aurait désobéi à son professeur à qui il a posé un lapin dans la rue avant de le rouer de coup, pour ensuite aller porter plainte. Une agression qui ressemble presque à celle du Cem de boucotte Djembéring au cours de laquelle M. Henry Bernard Coly s’en est sorti avec un œil sanguinolent suite à une bagarre avec un de ses élèves et un ancien élève de l’école.
« Certains attitudes des élèves sont l’œuvre de leurs parents »
Sur le plan sociologique, le clinicien Djiby Diakhaté pense que « si l’enseignant ne constitue plus une référence, c’est d’abord à cause des agissements de certains d’entre eux qui engrossent les écolières. Il y a également un problème dans leur formation avec le volontariat et les vacataires. Il s’y ajoute que certains parents ne sont pas toujours de vrais partenaires de l’école et que, aujourd’hui, les associations de parents d’élèves ont déserté le champ scolaire. Ce qui crée des liens éloignés et fragiles entre les parents d’élèves et les enseignants. Last but not least, lorsque les notes des élèves ne sont pas bonnes, on considère l’enseignant comme responsable de cette baisse de niveau », a expliqué Dr Diakhaté. Selon lui, « certaines attitudes des élèves demeurent et restent l’œuvre de leurs parents ».
« …faire revenir le sacré du savoir dans notre société »
Mais pour le psychologue Serigne Mor Mbaye, le responsable de ce qui se passe aujourd’hui comme violence chez les jeunes en général, « c’est la vacance de l’autorité ». « On n’éduque plus à la maison ni à l’école. Je pense qu’il faut préparer l’enfant à aller à l’école. Nous corrigeons nos enfants à l’école pour qu’ils deviennent savants. Mais pour devenir savant, il faut devenir pensant, et pour devenir pensant, il faut être éduqué. Et cette éducation commence à la maison. Maintenant, est-ce que la maison valorise l’école ? L’école devient comme un lieu de gardiennage où il n’y a plus de solidarité entre les acteurs. On est là parce qu’on est là. Mais on n’y croit pas. Ce n’est pas sacré. Il faut faire revenir le sacré du savoir dans nos sociétés. C’est le savoir qui doit donner une identité et qui fonde l’avenir. Hélas, ce n’est plus le cas dans notre pays. Nous sommes dans l’idéologie de « Sa Neex ». C’est du bla bla, du bling bling, du ludique », se désole le psychologue.
« L’Etat a donné beaucoup de force à l’élève, et beaucoup de faiblesse à l’enseignant »
Pour le syndicaliste enseignant Tamsir Bakhoum, les lois sont tirées vers la légèreté. Jadis, dit-il, l’école sénégalaise et les enseignants, particulièrement, étaient protégés par des barrières, des garde-fous pour ne pas dire des textes qui régissaient les conseils de discipline. Lesquelles dispositions permettaient à chaque fois que des questions de discipline se posaient, le conseil de discipline prenait des actes à l’encontre des élèves fautifs. Mais, depuis quelques années, le constat est tout autre. Selon ce membre du Syndicat autonome de l’enseignement moyen et secondaire du Sénégal (Saemss), le conseil de discipline ne joue plus son rôle aujourd’hui dans nos établissements. Par conséquent, en déduit-il, les enseignants ne sont plus protégés. « L’état est le premier responsable de ce retournement de situation. Parce que si, aujourd’hui, l’Etat est le premier agresseur, mais tout le monde va suivre ! La communication agressive des autorités étatiques, qui consiste à reléguer l’enseignant au dernier plan de la société, est regrettable. Ce qui fait que chacun tire sur nous. Si nous étions dans une société où, à chaque fois, l’Etat tenait un langage de vérité avec des éléments allant dans le sens de protéger les enseignants et d’encourager les élèves et la société à les respecter, je pense que personne n’oserait aller dans le sens de critiquer jusqu’à violenter un enseignant», estime M. Tamsir bakhoum. Et de rappeler que l’école étant une société en miniature, les gens qui s’y retrouvent viennent d’horizons différentes, et de différentes sphères familiales. Seulement, pour ce responsable du syndicat dirigé par M. Saourou Sène, « l’Etat a donné beaucoup de forces à l’élève, et beaucoup de faiblesses à l’enseignant. C’est pourquoi les élèves se disent que, quelle que soit la faute commise, ils ne seront pas être sanctionnés, encore moins renvoyés de l’école. D’où ces nombreux cas d’égressions physiques sur les enseignants, et qui constituent de petits éléments par rapport à ce qui peut arriver à l’enseignant », a-t-il chargé à l’endroit des autorités étatiques.
« Il faut légiférer… »
« On ne peut plus accepter que des élèves agressent des professeurs. L’Etat doit prendre toutes ses responsabilités et légiférer. Il faut que l’Etat donne des textes qui permettent de réprimer tout fautif et surtout tout élève qui a un mauvais comportement à l’école, particulièrement vis-à-vis de son professeur. Il faut que cet élève puisse être renvoyé » soutient M. Tamsir Bakhoum. C’est aussi le point de vue du sociologue Djiby Diakhaté, également enseignant à l’université qui pense qu’on devrait punir toute personne qui agresserait un enseignant. Et que l’Etat, en ce qui le concerne, « doit revoir la rémunération des enseignants et qu’il n’attende pas que ces derniers soient en grève pour les appeler à la table des négociations ». Tout cela c’est bien mais insuffisant, estime le chargé de la communication et des relations avec la presse du Saemss. Ce qu’il faut surtout, à l’en croire, c’est une meilleure protection de l’enseignant par des textes forts. « Quel que soit son caractère, l’enseignant n’est pas protégé. Nous ne sommes pas des gendarmes, ni des policiers. Ce que l’on veut, c’est que l’Etat protège les enseignants avec des textes forts à la dimension de ce qu’ils méritent pour qu’à chaque fois qu’on est face à un fauteur de troubles, ou de quelqu’un qui serait tenté de manquer de respect à un enseignant, il soit puni de la façon la plus vigoureuse. Il appartient à l’Etat, qui a le monopole de la répression légale, de prendre toutes les dispositions idoines pour protéger l’école et les enseignants », a-t-il prôné tout en précisant qu’avec ce phénomène, qui prend de l’ampleur, nul n’est épargné.
« Un Etat ne peut se développer qu’avec des enfants qui ont des connaissances accrues »
Tamsir Bakhoum ne mâche pas ses mots. « Aujourd’hui, lorsque le savoir est relégué au second plan et que l’avoir prend l’ascenseur, on ne doit pas s’étonner d’être toujours dans une société d’agressions. Il faut que nous puissions rééduquer nos enfants et leur montrer que ce n’est pas une question d’argent mais de « jom », de « ngor », de « fitt » et de « fayda ». Si nous voulons aller vers l’émergence, il faut qu’on puisse se mettre d’abord dans la tête qu’un Etat ne peut se développer qu’avec des enfants qui ont des connaissances accrues dans tous les domaines, scientifique comme littéraire. Il faut des esprits éclairés pour pouvoir espérer être sur la bonne voie de l’émergence », philosophe notre interlocuteur.
FATIM BA DIALLO DU MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE «Le ministère dispose des mécanismes de gestion de la discipline»
Sur ces cas d’agressions perpétrés par des élèves et parents d’élèves sur l’autorité scolaire notamment les enseignants, la directrice de l’enseignement moyen général au ministère de l’Education nationale (Men), Mme Fatim Bâ Diallo, condamne et les juge regrettables tout en déclarant que la tutelle dispose des mécanismes de gestion de la discipline. « L’espace scolaire est parmi les priorités du ministère de l’Education nationale. La première priorité, c’est l’apaisement de l’espace scolaire. Quand on parle d’apaisement, on parle de la construction de la paix sur l’espace scolaire dans toutes ses formes. Le ministre dispose des mécanismes de gestion de la discipline. Le ministère trouve ce phénomène inadmissible, le regrette et le condamne. Et des mesures sont en train d’être mises en œuvre pour que des décisions qui s’imposent soient prises », a déclaré Mme Fatim bâ Diallo, directrice de l’enseignement moyen général au ministère de l’Education nationale (Men) sur les ondes de la RFM.
LE CRI DU CŒUR DES MAIRES DE DAKAR
Dakar n’est pas une ville attrayante, malgré les efforts de modernisation. Entre anarchie et indiscipline, faiblesse de l’Etat et problèmes de moyens, les municipalités ont du mal à imposer les lois aux citoyens.
Dakar n’est pas une ville attrayante, malgré les efforts de modernisation. Entre anarchie et indiscipline, faiblesse de l’Etat et problèmes de moyens, les municipalités ont du mal à imposer les lois aux citoyens.
Lors de la «Restitution des consultations publiques sur le climat et l’environnement à Dakar», le maire de Grand Dakar, par ailleurs 5ème adjoint au maire de la ville de Dakar, met le curseur sur les urgences : «Le gouvernement du Sénégal doit prendre ses responsabilités face à cette situation qui continue de gagner du terrain. Il est important aussi de souligner que nous avons un problème d’occupation et de mentalité des populations.»
Avec la forte natalité dakaroise, les maires espèrent une planification beaucoup plus pointue des investissements dans l’éducation et le civisme. «Le constat que l’ensemble des maires des 19 communes ont fait en est que l’Etat doit mettre les moyens, car la population s’agrandit de jour en jour. Mais aussi, il doit insister sur l’éducation au civisme parce que la plupart occupent anarchiquement les espaces. Et cetteoccupation ne facilite pas l’évacuation des eaux usées», déclare le maire de Grand-Dakar.
Le constat des maires est certes accablant, mais leur impuissance l’est beaucoup plus. «Le Sénégal est confronté à d’énormes problèmes, car nous avons la baie de Hann qui en est un exemple patent. A cela s’ajoute
l’érosion que nous constatons tout au long du littoral central de Dakar. Je vous invite à parcourir les rues et les communes de Dakar, vous comprendrez que nous avons de sérieux problèmes dans la ville. Le Sénégal doit cependant songer à utiliser d’autres stratégies pour régler ce problème», détaille Jean Baptiste Diouf.
Aujourd’hui, la ville de Dakar est polluée même si ça n’indigne personne. «Nos familles ne parviennent même pas à respirer un bon air, tellement l’atmosphère subit une pollution énorme. Il est tant que le gouvernement soit strict par rapport à cette question. Nous saluons au passage l’initiative du chef de l’Etat à faire du Sénégal un pays sans ordures. Néanmoins, le Président devrait impliquer les acteurs de base qui ont une influence directe sur leurs populations», souligne le 5ème adjoint au maire de la ville Dakar.
En tout cas, il a fallu que le chef de l’Etat lance les premiers coups de balai pour que tout le monde se rende compte que Dakar est sale. Alors que la deuxième édition de la Journée de nettoiement est prévue ce samedi, les 19 maires des communes de Dakar et les acteurs du développement durable semblent s’inquiéter de la situation actuelle.
«Nous saluons les efforts consentis par l’autorité étatique, mais le chantier est vaste, car la plupart des communes sont confrontées à des difficultés pour ramasser les ordures, mais aussi la gestion des déchets pose problème. Malgré le travail que l’Ucg (Unité de gestion et de coordination) abat dans les rues de la capitale, vous conviendrez avec moi qu’il y a un véritable problème, car certaines personnes attendent que la voiture de ramassage passe pour après déposer anarchiquement les ordures», avoue M. Diouf.
Que faire pour corriger ça ? «Les Sénégalais doivent changer de mentalité parce que l’un des plus grands problèmes de nos concitoyens est le mauvais usage des déchets. Les Sénégalais ne contribuent pas à l’amélioration des conditions de vie.
Au fil des années, Dakar s’est agrandie, mais les politiques d’accompagnement font défaut et il va falloir changer les paradigmes. Nous sommes dans l’obligation de léguer à nos enfants un cadre de vie sain, car nos aînés nous ont préparés et il est opportun pour nous maires des communes de mettre l’accent sur cette question.
Tout Dakar est malade du fait des ordures et des eaux usées. L’érosion et la pollution atmosphérique continuent de gagner du terrain et au niveau des communes, nous ne disposons pas de moyens pour mener le combat. Seul l’Etat peut régler cette situation. Au Sénégal, il y a trop du laisser-aller. Il faudra des décisions politiques et une approche participative des populations», explique le député-maire.
Ce rapport, initié par la mairie de Dakar sur l’environnement, sera remis aux autorités pour essayer de corriger les tares de la capitale.
ELEVES ET ENSEIGNANTS POUR DES RELATIONS APAISEES MALGRE TOUT !
Les scènes de violence dans les écoles sont récurrentes dans notre pays.
Les scènes de violence dans les écoles sont récurrentes dans notre pays. La récente altercation entre un professeur d’EPS (§éducation physique et sportive) et une élève de 5e survenue au lycée Blaise Diagne allonge la liste des établissements où les enseignants sont victimes d‘élèves. Ce genre d’incident ne date pas d’aujourd’hui. Ces scènes de violence opposent très souvent enseignants et élèves ou les premiers aux parents des seconds. Pour en savoir un peu plus sur la cohabitation entre élèves-enseignants, à l’école, « Le Témoin » est allé faire un tour dans certains établissements d’enseignement !
Les scènes de violence au sein de l’espace scolaire sont devenues monnaie courante ces dernières années. L’année dernière à Kolda, les enseignants avaient boudé les salles de classe pour protester contre l’agression violente commise sur le directeur de l’école primaire de Saré Kémo. « Cette fois-ci, les enseignants sont très remontés contre ces actes barbares dont ils sont victimes. C’est un directeur d’école qui a été battu par un parent d’élève et sa famille devant ses élèves. C’est la dixième agression dont les enseignants sont victimes à Kolda et c’est pourquoi nous paralysons tout le système pour alerter et dénoncer », avait déclaré Saloum Sonko, SG du Sels/ authentique qui portait la parole au nom de ses camarades. Dans la même foulée, Mor Gaye, professeur de sciences physiques au lycée de Démette, dans l’île à Morphil, département de Podor, déplore et condamne l’agression de leur collègue du Cem blaise Diagne de Dakar. « Ce qui s’est passé à Dakar et comme partout ailleurs, atteste la désacralisation de la fonction d’enseignant. C’est regrettable de le dire, mais l’enseignant n’est plus respecté aujourd’hui, ni par les élèves, par les parents encore moins par les autorités gouvernementales. Si l’Etat ne prend pas des sanctions disciplinaires voire des mesures punitives contre ces délinquants primaires en milieu scolaire, un élève commettra, un jour, un homicide sur un enseignant. Parce qu’à ce rythme, la violence peut, à tout moment, virer au drame ! » a fait savoir M. Gaye joint au téléphone depuis Podor.
La goutte d’eau qui a fait déborder la vase a été constituée par l’agression qui s’est produite au Cem blaise Diagne entre une professeure d’éducation physique, Mme Dieng, et une élève en classe de 5e . Cette dernière a trouvé la prof en train de procéder à l’appel et s’est mise derrière Mme Dieng pour parler aux élèves se trouvant dans la classe de celle-ci. Face à cette perturbation, la prof a réagi pour prendre la situation en main. La dame lui a demandé de partir et la fille a refusé. Et comme l’élève n’avait pas porté d’uniforme, Mme Dieng est partie voir ses autres collègues afin de savoir la provenance de l’élève. Alors, la professeure est revenue à la charge pour conscientiser la perturbatrice avant de se décider à la faire sortir étant donné qu’elle persistait dans son attitude. Puis, brusquement, l’élève a tiré la dame et elles sont tombées toutes les deux. Ce qui occasionna à chacune d’elles des blessures au visage. Qu’est ce qui explique ces violences en milieu scolaire, c’est-à-dire en des lieux de transmission de savoir ? Les relations entre enseignants et élèves sont-elles devenues conflictuelles ? Des questions qui méritent bien d’être traitées au risque de transformer nos Ecoles en des « ghettos » de violence.
L’anecdote d’un lycéen sur sa mésaventure avec son professeur d’anglais
Une élève de terminale d’un lycée de la place, qui a décidé de taire son nom, nous relate la mésaventure qu’il a eue lorsqu’il était en classe de seconde avec son professeur d’anglais. Un prof qui, depuis cet incident jusqu’à la fermeture des classes, a réglé des comptes avec lui à travers les notes qu’il lui donnait dans cette discipline. Une chose que ce jeune lycéen n’oubliera pas sitôt, car ces mauvaises notes auraient pu l’empêcher de passer en classe supérieure. « C’était en classe de seconde. Je ne suivais pas les explications du professeur d’anglais, M. K. Il m’a surpris en train de bavarder avec mes camarades en plein cours, et m’a interrogé au tableau sur un exercice dont je n’avais pas trouvé la bonne réponse. Par la suite, le professeur m’a traité d’espèce de nullard. J’étais choqué et gêné devant mes amis. Je lui ai demandé de ne pas me traiter de nullard et il a insisté. J’ai jeté la craie et ai voulu regagner ma place. Il m’a pris par la chemise, j’ai un peu résisté sans faire de violence. Nous sommes allés au bureau du censeur. A ma grande surprise, le prof a nié m’avoir traité de nullard. Quand le censeur m’a demandé si j’ai jeté la craie, je lui ai répondu oui en expliquant que c’est parce que j’étais offusquée par les propos de mon professeur qui m’a traité de nullard devant tous les élèves.
Le professeur est allé reprendre son cours. Moi, on m’a donné une convocation pour mes parents. Et j’ai été suspendu pour une semaine » raconte ce jeune homme qui prépare aujourd’hui son baccalauréat. Et d’ajouter : « Une semaine après, la situation était réglée. Depuis lors je ne participais plus au cours, même si je connaissais les réponses aux questions posées par le prof. Je venais suivre les cours avant de repartir. Un jour, il m’a interpellé pour me demander pourquoi je ne participais pas en classe J’ai répondu « rien » pour éviter d’avoir de nouveau un problème avec lui. Mais il n’empêche, le professeur m’en voulait toujours. Parfois, je méritais d’avoir la moyenne en anglais mais il me notait mal allant jusqu’à me donner 1 /6 en « Topic ». C’est ce qui fait que j’obtenais le plus souvent les notes: 07,5 /20; 8/20 ; 9/20. » Ulcéré par le comportement de son professeur, le lycéen avait avisé de sa situation son professeur principal afin que ce dernier intercède en sa faveur. Ce dernier lui a fait des promesses qui sont restées vaines.
« Nous devons beaucoup à nos enseignants »
Il est environ 8 heures au Cem Diamaguène. Comme dans les autres établissements d’enseignement moyen, les élèves en classe de 3e ont démarré les compositions du premier semestre depuis avant-hier. Dans les salles de classe, c’est un calme plat qui règne et la concentration est de mise. Difficile donc d’interroger un enseignant. Ils surveillent tous les épreuves du premier semestre. Dans la cour, cependant, comme devant le portail de l’école, c’était le vacarme entretenu par les élèves qui n’ont pas encore débuté leurs compositions. « J’entretiens de bonnes relations avec tous mes professeurs. Jamais je ne leur ai manqué de respect. On leur doit beaucoup, à ces enseignants. Ils nous inculquent le savoir. Notre professeur de français, M. Mbow, est ma référence. Il m’assiste dans la matière même en dehors de la classe. Il me prête des livres souvent. Il m’a donné le goût de la lecture. Franchement, tous les professeurs de l’école sont très gentils envers les élèves » confie Abdourahmane Diop, élève en classe de 4e , trouvé en train de jouer au foot avec ses amis dans la cour de cet établissement ?
La loi de l’omerta
C’est l’heure de la récréation au groupe scolaire élémentaire et d’enseignement moyen, El Hadj Amadou Ndiaye, situé au quartier Diack-Sao vers le lieudit Gouye gui, dans la banlieue de Pikine. Elèves et professeurs observent la pause. Selon l’enseignant Ibrahima badji l’école est d’abord une famille. Il déplore la scène de violence du lycée de blaise Diagne. Ainsi, M. badji appelle les parents d’élèves à faire preuve de compréhension et d’éviter de considérer les enseignants comme des ennemis. Il invite les élèves à respecter leurs maitres « Ils sont d’abord nos enfants, nos sœurs et frères. Donc, c’est une famille. Je pense que le souhait de tout enseignant, c’est de voir son élève réussir. Ça serait une fierté pour lui de croiser un jour son élève devenir un Dg d’une société etc… Ce qui vient de se passer au lycée Blaise Diagne est tout à fait déplorable. Je l’ai toujours dit à mes élèves et ne cesse de le répéter même pour ceux qui sont dans des écoles privées : jamais l’élève ne pourra payer son maitre pour le savoir que ce dernier lui inculque. Moi, par exemple la majeure partie des parents de mes élèves sont mes partenaires. J’entretiens de bonnes relations avec eux. Je suis constamment en contact avec eux. Parfois ils m’appellent pour s’enquérir du niveau de leurs enfants » confie M. badji.
L’altercation violente entre le professeur d’Esp et l’élève de 5e qui s’est produite la semaine dernière, laisse évidemment un goût amer et l’administration du Cem blaise Diagne ne veut plus en parler. Dans ce Cem, les enseignants fuient les questions comme la peste. Il est hors de question pour eux de parler des relations élèves-professeurs encore moins de revenir sur l’affaire. No comment et omerta. Voilà, ce qui caractérise l’attitude des uns et des autres. « Tout va bien. Nous sommes dans les compositions » nous répond d’un ton sec le principal de cet établissement, une manière de nous demander de circuler. Du coté des élèves, on est plus coopératifs. « Nous avons la chance d’avoir des professeurs disponibles et courtois. Ici, c’est un lieu d’apprentissage, la violence n’a pas de place. Nous regrettons vraiment ce qui s’est passé. Quoi que l’on puisse dire, un élève n’aura jamais raison devant son professeur » dixit Oumou Khairy Guèye, une élève en classe de 4e dans ce collège d’enseignement moyen.
«LE FONCTIONNEMENT DE NOTRE ECOLE N’EST QU’UN COUP DE BLUFF !»
Entretien avec… le psychologue Pr Serigne Mor Mbaye
L’école publique sénégalaise n’est pas séduisante et personne n’y croit (…) Chaque société éduque ses enfants en fonction de ce qu’elle attend d’eux ». C’est le point de vue du psychologue Serigne Mor Mbaye pour qui le fonctionnement de l’école sénégalaise n’est qu’un grand coup de bluff orchestré par des escrocs. D’où sa proposition de mise en place d’un projet d’école avec un programme d’éducation des parents, détaillée dans cet entretien.
Le Témoin : Depuis quelque temps, on assiste à des agressions de la part des élèves ou parents d’élèves sur des enseignants. Quelle explication pouvez vous donner à ce nouveau phénomène inquiétant ?
Pr Serigne Mor Mbaye : Il y a une pauvreté inimaginable dans cette société. Rien n’intéresse plus les jeunes. Ils marchent en regardant leurs chaussures, leurs vêtements et les danses. En restant dans ce registre, ils pensent participer à la vie. On ne valorise pas aujourd’hui les jeunes gens qui sont en compétition avec les jeunes Japonais et autres. Il n’y a aucune dimension dans cette jeunesse en termes d’identité remarquable tournée vers la recherche du savoir avec un sentiment patriotique fort. Une étude de l’Ifan (Institut fondamental d’Afrique noire de l’Université Cheikh Anta Diop) a montré que plus de 60 % des jeunes de 18 à 25 ans ne pensent qu’à partir du Sénégal. Ils sont dans un état de zombification. Ils ont peu de motivation dans la recherche du savoir. Parce que le pays n’est pas séduisant. Il n’y pas un projet de société clair. Rien n’est clair. Nous sommes dans la confusion. Les modèles de réussite sociale sont en termes de rapine. Les jeunes ne savent pas que l’avenir se trouve dans leur continent. Ils n’ont aucun enthousiasme et aucun sentiment d’appartenir à une société de progrès. Les enseignants aussi, on peut les loger à la même enseigne. On fait semblant de les payer, ils font semblant de travailler. Ils ont peu de motivation. Et ce ne sont pas les jeunes en face d’eux qui vont les motiver. Ils ont aussi une identité trouble. Ils ne savent pas garder leur place. C’est vrai qu’ils sont dévalorisés en étant mal payés, et à la recherche du gain perpétuel. Parce qu’ils sont pauvres. Et ils ne savent plus vendre leurs connaissances. Dans ma génération, nos instituteurs étaient sacrés. Moi, je voulais être instituteur. C’était un modèle d’abnégation et de réussite sociale. Ils étaient valorisés. Mais tel n’est plus le cas. Ceux qui gouvernent sont de jolis parasitaires. Ils envoient leurs enfants dans les bonnes écoles. Tout le reste ne les intéresse pas.
Avant, on n’osait jamais s’afficher dans un lieu où se trouvait son instituteur. Aussi, il y avait plus de réussites scolaires. Mais aujourd’hui, on remarque une « cohabitation » presque partout entre maitres et élèves et une baisse inquiétante de niveau. Est-ce parce que le bâton à l’école a été cassé ?
Le bâton à l’école, cela a toujours été de la connerie. Il y a des sociétés où on ne frappe pas, mais qui sont développées. Frapper est de l’ordre de la violence absurde. Cela n’a jamais réglé quoi que ce soit. Lorsqu’on frappait, peut-être 10 % réussissaient parce qu’ils avaient peur, mais les autres abandonnaient. Frapper ne fonde pas une autorité. C’est la séduction du savoir qui peut entrainer un jeune à adhérer. Mais cela part de la maison jusqu’à l’école. C’est pourquoi je dis, depuis 30 ans, qu’on doit avoir un programme d’éducation des parents. Il faut que les parents comprennent qu’on éduque les enfants pour qu’ils deviennent savants. Tout commence à la maison où on a une éducation, un désir d’apprendre. Mais tout ceci doit s’inscrire dans un projet de société clair et net. Tu sais où tu vas et ce que l’on attend de toi. Chaque société humaine éduque ses enfants en fonction de ce qu’elle attend d’eux.
Quelles sont les stratégies à mettre en place pour que ce phénomène désolant n’impacte pas sur la qualité des enseignements-apprentissages ?
Vous savez que les apprentissages sont à genoux. L’école ne fonctionne pas au Sénégal. C’est un grand coup de bluff. Ils disent qu’ils mettent 30 % ou 40 % du budget national dans l’éducation. Mais ce n’est pas une question d’argent. C’est une histoire de bien payer les enseignants, de bien les former. Et que les familles soient solidaires de l’école. Tout ceci n’existe pas dans nos écoles. En plus, les enseignants sont de plus en plus jeunes. La plupart du temps, quand tu ne réussis pas, tu vas être enseignant. Il n’y a plus de vocation à être enseignant. Il y a plutôt, « le aller » chercher les moyens pour pouvoir survivre. Nous sommes dans un contexte de sauve-qui-peut. Les enseignants du public sont dans les écoles mais ils vont créer des centres multiservices, des activités économiques, on fait des opérations Tabaski. Ils n’ont aucune motivation, on ne les valorise pas et les enfants ne les respectent même pas. Il faudrait aussi que les contenus pédagogiques s’adaptent aux enfants. On ne peut pas rester dans la pédagogie classique de l’école classique. Les gamins passent plus de temps aujourd’hui sur Internet. Il faut introduire ces nouvelles technologies dans l’apprentissage. Cela le rend plus séduisant. Tout cela demande un projet d’école.
Peut-être comme avec l’expérience de Campusen à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar adapter les besoins des jeunes aux nouvelles technologies…
Mais non ! Pas comme avec l’expérience de Campusen. C’est de l’arnaque, de l’escroquerie. C’est juste pour tromper les gens. Nous sommes dans un pays d’escrocs. L’escroquerie, c’est de faire semblant de régler les problèmes alors qu’on ne règle rien. On n’est même pas intéressé. On n’a même pas envie. Parce qu’on ne sait même pas où on va. A partir de ce moment, tout ce qu’on fait relève de l’ordre de l’évènementiel pour boucher des trous ou panser des blessures. Alors qu’on ne soigne pas. Parce que soigner suppose un diagnostic, et on donne un antibiotique approprié. A partir de ce moment-là, tu tues tout. Mais aujourd’hui, trop d’étudiants arrivent à l’université, on met des milliards que les gens détournent, des ordinateurs, une histoire de faire l’école à la maison, il n’y a pas de connexion… Aujourd’hui tout ce qu’on pose comme actes à l’école c’est de l’escroquerie. C’est comme cela que fonctionne notre pays.
GRANDE NIGERIA RESTE EN EAU TROUBLE
La douane a découvert 120 kg de cocaïne d’une valeur de 9,6 milliards dans le système de ventilation de Grande Nigeria, plus de six mois après la saisie de plus de 700 kg dans le même navire.
La douane a découvert 120 kg de cocaïne d’une valeur de 9,6 milliards dans le système de ventilation de Grande Nigeria, plus de six mois après la saisie de plus de 700 kg dans le même navire. Immobilisé au Port de Dakar depuis juin, il reste au cœur d’un scandale qui éclabousse son propriétaire Grimaldi.
Grande Nigeria vient de révéler d’autres secrets : 120 kg de cocaïne ont été saisis hier à son bord. Cette quantité de drogue d’une valeur de 9 milliards 600 millions était dissimulée dans les compartiments de son système de ventilation au sein duquel se trouvaient 4 sacs contenant 30 plaquettes de 1 kg chacun. Selon le Bureau des relations publiques et de la communication de la Douane sénégalaise, les soldats de l’économie ont reçu un tuyau d’un informateur secret.
Suite à cette information, une équipe de l’Unité mixte de contrôle des conteneurs et des navires (Umcc) de la Subdivision des douanes du Port autonome de Dakar, secondée par des éléments de la Police scientifique et de l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), a investi et fouillé le Grande Nigeria. «Fait nouveau dans le conditionnement, les marques et identifiants sur les plaquettes nouvellement saisies sont différents de ceux sur les plaquettes ayant fait l’objet de différentes saisies en 2019», détaille la douane.
En attendant de connaître d’autres secrets de Grande Nigeria, il y a des questions auxquelles l’enquête devrait apporter des réponses : La fouille n’avait-elle pas été minutieuse et systématique malgré la mise à contribution de l’équipe Cynophile de la douane ?
Quelle est la vraie valeur que le navire a acheminée sur nos côtes, six mois après la première saisie que la douane avait effectuée sur Grande Nigeria et Grande Africa, qui s’élevait à plus d’une tonne de cocaïne d’un montant de 250 milliards F Cfa ?
A l’époque, la drogue avait été découverte sur 4 véhicules dans un lot de 24 Renault neufs, entreposés sur ce bateau venant du Port de Paranagua (Brésil) et à destination de Luanda. Devant les interrogations que la découverte avait provoquées, le ministre des Finances et du budget précisait que le Port de Dakar ne pouvait constituer à la limite qu’un port d’éclatement. A propos du sort des deux navires, Abdoulaye Daouda Diallo avait précisé qu’ils seront mis aux enchères s’il n’y a pas de possibilités d’avoir un terrain d’entente avec l’armateur.
Aujourd’hui, cette nouvelle saisie enfonce Grande Nigeria, immobilisé au Port de Dakar depuis le 29 juin dernier, dans les profondeurs océaniques et met davantage en mauvaise posture la compagnie italienne Grimaldi. Premier armateur mondial de rouliers, les «Ro-Ro», spécialisés dans le transport de véhicules et propriétaire du bateau indélicat, c’est un autre mauvais coup porté à son image. Les gabelous lui réclament plus de 243 milliards de francs Cfa s’il décidait de transiger.
Selon la douane, «les membres de l’équipage sont en train d’être interrogés et l’enquête suit son cours en rapport avec le Par quet». Dans le dossier précédent, plusieurs personnes ont été arrêtées et interrogées, notamment des transitaires, des travailleurs du port, ainsi que le commandant italien du Grande Nigeria, un membre de l’équipage et un couple de jeunes Allemands qui voyageaient à bord.
A partir de ces auditions et de numéros issus de téléphones qu’ils ont exploités, les agents de l’Ocrtis identifient trois hommes qu’ils considèrent comme les têtes du réseau au Sénégal : Amadou Guèye, Ismaïla Ousmane Ba et Ibrahima Thiam, dit «Toubey». Entre-temps, Mattera Borgia Pasquale, le commandant italien du Grande Nigeria, et Paolo Amalfitano, un membre de l’équipage, ont été remis en liberté provisoire avec interdiction de quitter le territoire sénégalais.
Il faut savoir qu’en octobre dernier, 43 plaquettes de cocaïne d’1 kg et estimées à 3 milliards ont été aussi interceptées par les services de la douane au Port de Dakar. Entre-temps, la Marine nationale avait mis la main en haute mer sur plus de 700 kilogrammes de drogue dure.
La saisie record de cocaïne au Sénégal – 2,4 tonnes – avait eu lieu en juillet 2007, dans la zone de Mbour, près des principales stations balnéaires du Sénégal, sur des Latino-Américains, dont des Colombiens, un Equatorien et un Vénézuélien qui avaient été arrêtés, jugés, puis condamnés.
Par Assane Seck
CONTRIBUTION POUR UN SENEGAL ZERO DECHET, LE SENEGAL
Pour un Sénégal zéro déchet, le Sénégal propre ″, nous proposons une promotion des poubelles réglementaires avec sacs plastiques poubelles...
Pour avoir un Sénégal zéro déchet, le Sénégal propre ″, le Président de la République a pris différentes mesures dont le Grand Prix du Président de la République pour la Propreté, la Journée mensuelle du nettoiement, le renforcement de dispositions coercitives relatives aux déchets solides. Pour un Sénégal zéro déchet, le Sénégal propre ″, nous proposons une promotion des poubelles réglementaires avec sacs plastiques poubelles et, en dessous du Grand Prix du Président de la République pour la Propreté, des prix annuels de propreté pour chacune de nos collectivités locale
I. Promotion des poubelles réglementaires avec sacs plastiques poubelles : une poubelle réglementaire seule c’est bien, une poubelle réglementaire tapissée d’un sac plastique poubelle c’est mieux
Pour une meilleure gestion des déchets solides, l’article 16 de la loi n° 83-71 du 05 juillet 1983 portant Code de l’Hygiène veut que, dans les habitations, les ordures ménagères soient conservées dans des poubelles réglementaires ou des containers. L’article 5 du décret n° 74-338 du 10 avril 1974 réglementant l’évacuation et le dépôt des ordures ménagères précise les caractéristiques d’une poubelle réglementaire. En 2015, sur 557 communes, celle de Sandiara a été nominée comme étant la commune la plus propre du pays et en 2019 pour améliorer davantage sa salubrité publique, cette commune avec l’appui de partenaires a distribué 800 premières poubelles avec un objectif du Maire de doter une poubelle à chacun de ses 2500 ménages. Ceci montre l’importance de la promotion des poubelles réglementaires dans l’hygiène et la salubrité publique. Pour un Sénégal zéro déchet, DIOUF (2020), propose d’avoir le réflexe de la poubelle. Conformément aux textes juridiques cités ci-dessus, cette poubelle doit être une poubelle réglementaire. Comme dans les pays dits développés, pour préserver davantage ces poubelles, pour leur durabilité et leur propreté, ces poubelles doivent être utilisées avec des sacs plastiques poubelles. Dans le marché, le prix d’une poubelle réglementaire coûte environ 6000Fcfa et celui d’un sac plastique poubelle coûte environ 2000Fcfa.
Si l’industrie locale du plastique ne produit pas ces poubelles et sacs plastiques poubelles, cette industrie devra, progressivement, se doter de la technologie nécessaire en vue de satisfaire le marché national. Cette implication de l’industrie du plastique, par exemple, montre encore une fois qu’une bonne gestion des déchets solides est au cœur du développement économique et social d’un pays et interpelle tous les secteurs, toutes les forces vives de la nation sénégalaise comme a bien vu le Président de la République. Si une poubelle réglementaire peut avoir une longue vie, un paquet consommable de 10 sacs plastiques poubelles peut durer environ 1 mois soit 1 sac par 3 jours. En attendant le passage des véhicules de collecte des déchets solides, ceci facilitera le conditionnement des ordures à domicile donc limitera, en attendant de l’anéantir comme dans les pays développés, leur évacuation anarchique sur la voie publique ou les terrains d’autrui. Arriver à ce que chaque ménage ait une poubelle réglementaire avec usage de sacs plastiques poubelles est possible car c’est déjà réalisé dans d’autres pays. Une moustiquaire imprégnée en début de promotion par le Ministère chargé de la Santé coûtait environ 8000Fcfa.Aujourdhui un ménage utilise plusieurs moustiquaires à la foi.
II. En dessous du Grand Prix du Président de la République pour la Propreté : Des prix annuels de propreté pour chacune de nos collectivités local.
L’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides ou UCG est créée par arrêté ministériel n° 12551 /MCGCV/IAAF en date du 17 novembre 2011. L’UCG dans le cadre de ses activités identifiait et donnait, avec ses partenaires, un prix à la commune la plus propre du pays. Pour un Sénégal zéro déchet, le Sénégal propre″, le Chef de l’état a mis en place le Grand Prix du Président de la République pour la Propreté. Pour atteindre au niveau national et dans les meilleurs délais cet objectif du Chef de l’état donc de tout citoyen sénégalais, en dessous du Grand Prix du Président de la République pour la Propreté, nous proposons aussi des Prix annuels de la propreté ou de la salubrité publique pour chacune de nos collectivités locales. En effet, comme pour les hôtels, en faisant 5 classes de propreté ou salubrité publique de nos collectivités locales, il est possible, suivant le tableau ci-dessous, de récompenser ou d’encourager annuellement chaque collectivité locale pour un Sénégal zéro déchet, le Sénégal propre :
Tableau 1 : Valeur des prix de propreté des collectivités locales (communes, villes, départements) suivant cinq 5 classes Classes Valeur des prix en Fcfa ou en Eco
Classe 5 1.000.000
Classe 4 500.000
Classe 3 300.000
Classe 2 200.000
Classe 1 100.000
Avec 557 communes, 45 départements et environ 20 villes, la valeur de ces prix ne dépassera pas, annuellement, 622 millions de Fcfa ou d’ECO. Ces prix à choisir en rapport avec les collectivités locales bénéficiaires, pourraient être : du matériel de nettoiement, des poubelles et sacs plastiques poubelles à offrir aux différentes écoles comme proposé par un auteur (DIOUF,2020), … Investir annuellement une telle somme en prix de propreté donnés sous forme de matériels de propreté se justifie pour plusieurs raisons et on pouvait se limiter seulement sur le facteur de la santé. Ceci parce que : la santé a un coût mais n’a pas de prix ou prévenir vaut mieux que guérir″. En plus du facteur de la santé voire du climat, une mauvaise gestion des déchets solides impacte négativement, entre autres, sur les 3P (la pêche, la paysannerie, le pastoralisme), l’hydraulique, l’assainissement liquide et le tourisme qui font partie des mamelles de notre économie nationale. En période hivernale, les eaux de ruissellement charrient des déchets solides en mer et dans les cours d’eau. Les mers polluées polluent nos ressources halieutiques, éloignent davantage les bancs de poissons au grand dam de la pêche locale pratiquée par une importante partie de la population. La mer, utilisable pour produire de l’eau potable, absorbe des déchets mais en rejette ou peut en rejeter sur nos 700 km de côte, nos plages. Nos plages, en plus d’être des lieux de loisirs, sont, malheureusement même insalubres, des milieux de travail, d’achat-vente pour les pêcheurs, les mareyeurs, les populations.
Suivant des projections démographiques dont celles de l’ONU, l’Afrique, dont le Sénégal, aura sa population croître d’ici 2100 plus que beaucoup de continents. Si une personne humaine produisait en moyenne entre 0,5 à 1 kg de déchet solide par jour, l’augmentation de la population, augmentera les déchets qui, mal gérés, impacteront très négativement sur notre économie d’une manière aigue et chronique. Ainsi avec une mauvaise gestion des déchets solides, nos collectivités locales, nos pays se trouvent dans un cercle vicieux, dans un engrenage. La gestion des déchets solides est une compétence transférée. Mais un Sénégal zéro déchet, le Sénégal propre″ interpelle tout patriote. La réalisation du classement de la propreté des collectivités locales est possible aussi pour plusieurs raisons et quatre d’entre elles peuvent le montrer. Pour faire un classement en propreté de nos collectivités locales, comme pour les hôtels, il faudra d’abord établir des critères de classement. L’UCG a une expérience de désignation de la commune la plus propre. L’administration sénégalaise sait mener un travail synergique au bénéfice des populations. En effet, autour des Gouverneurs pour les régions et autour des préfets pour les départements un tel classement devrait pouvoir se faire.
Au 19 ème siècle c’est grâce au Préfet Poubelle que la ville de Paris puis la France ont gagné des victoires historiques contre l’insalubrité. Au Sénégal, les autorités administratives pourront s’appuyer au moins ou entre autres, et naturellement, sur les structures déconcentrées compétentes des Ministères chargés des Collectivités locales, de l’Urbanisme et de l’Hygiène publique, de l’Environnement et de la Santé. Avec la promotion des poubelles réglementaires et sacs plastiques poubelles et les prix de propreté des collectivités locales, comme le Rwanda, le Sénégal jouera aussi un rôle pionnier pour l’hygiène et la salubrité publique en Afrique voire dans le monde. De tout ce qui précède, comme décidé par le Président de la République, un Sénégal zéro déchet, le Sénégal propre″ doit être une priorité nationale.
Par: Mr Assane Seck,
Ingénieur Technologue en Génie sanitaire et titulaires d’un Master Professionnel option Chimie de l’environnement et d’un Master en BioToxi
par Yoro Dia
LA SUBLIME PORTE DE L’ÉMERGENCE
Un pays ne peut pas vouloir émerger en faisant appel à l’investissement étranger et passer son temps à dénoncer la neo-colonisation française, turque, chinoise, marocaine…
La semaine dernière, je vous entretenais du Dialogue national qui n’est rien d’autre qu’une arme de distraction massive, l’art de perdre du temps à chercher des solutions à des problèmes artificiels, parce que le Sénégal n’a pas fondamentalement un problème politique. C’est cet art de perdre du temps à chercher des solutions à des problèmes artificiels qui fait que la vie politique sénégalaise est mortellement ennuyeuse. Tout est réduit à des problèmes d’ego et d’attaques personnelles. La vie politique sénégalaise est devenue une torture intellectuelle. Pour fuir cette torture, je m’exile sur l’International.
Je vais commencer mon long exil par la Turquie. Un grand pays, un grand peuple, une grande histoire, comme la Russie, ou l’Iran. Derrière l’Iran «perce» toujours la Perse antique. De Gaulle qui avait le sens de l’histoire, a toujours compris que derrière l’Urss qui était une création artificielle, perçait toujours la Grande Russie. De la même manière, derrière la Turquie perce toujours l’empire ottoman. Il faut partir de ce postulat que derrière la Turquie perce l’empire ottoman, pour comprendre la politique extérieure de Erdogan et sa «volonté de puissance» qui, à défaut de recréer l’empire ottoman, veut créer une zone d’influence dans la plupart des anciens territoires de l’empire (le Maghreb, le Moyen Orient, l’Arabie et l’Europe). Les Turcs sont comme les Perses et les Russes. Ils ont l’orgueil national très développé. C’est le propre des pays qui ont eu un passé impérial. Le Mali est dans la catégorie mais n’a pas les moyens de son orgueil, alors que les Turcs s’en donnent les moyens. Ils veulent adhérer à l’Union Européenne. La porte se ferme de devant la Sublime Porte (autre nom de l’empire ottoman), Erdogan ferme la porte de l’Europe et ouvre celle de l’Orient, en rappelant aux Turcs que leur empire s’étendait des Balkans à l’Arabie. Et Jérusalem, la Mecque, Médine, la Bulgarie, la Roumanie … ont été des provinces ottomanes comme a failli aussi l’être Vienne, assiégée deux fois sans succès par les Ottomans. Donc, on se tourne vers l’Orient mais on ne désintéresse pas de l’Europe, où s’est passée la plus grande partie de l’Histoire de la Turquie, qui a dominé la Grèce pendant des siècles, guerroyé des décennies dans les Balkans et mené de multiples guerres contre la Russie en Crimée. Sur le plan purement historique, la Turquie est européenne mais la peur de l’Islam a poussé les Européens à utiliser tous les subterfuges pour lui fermer la porte.
La Turquie est tellement européenne que François 1er dans sa bataille contre Charles Quint, s’est allié au sultan Soliman, que les Européens appellent Soliman le Magnifique, que les Ottomans appellent le Législateur. Après le déclin de l’empire, Mustapha Kemal Atatürk, pour reformer le pays, a tourné le dos à l’Orient pour se tourner vers l’Europe et ses standards. Erdogan regarde vers l’Est mais tient l’Europe par l’épée de Damoclès de l’immigration, en menaçant d’ouvrir les vannes vers l’Europe car la Sublime Porte est devenue la porte de l’Europe pour les migrants. La Turquie a des merveilles qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie, comme Sainte Sophie bâtie par l’empereur Byzantin Justinien, qui avait l’ambition de dépasser le Roi Salomon et son temple de Jerusalem, le Palais de Topkapi qui a donné son nom au Lounge de l’aéroport Blaise Diagne, mais aussi et surtout Byzance-Constantinople-Istanbul, l’unique ville au monde où l’on peut «changer de continent, sans changer de pays en restant dans la même ville».
L’idée de Sublime Porte pour qualifier l’empire ottoman, renvoie aux nombreuses portes qu’il fallait traverser pour accéder au sultan. L’Emergence pour le Sénégal est aussi une sublime porte. La première qu’on doit franchir est celle du complexe d’infériorité qu’on masque par l’orgueil anachronique. Un pays ne peut pas vouloir émerger en faisant appel à l’investissement étranger et passer son temps à dénoncer la neo-colonisation française, turque, chinoise, marocaine… Dubai est ouvert à tous les investisseurs, et sans que les Arabes pensent que leur pays a été vendu aux étrangers, parce qu’ils n’ont pas de complexe d’infériorité. Le Fondateur des Emirats a aidé ses populations à dépasser le cap. Quand les investisseurs ont commencé à affluer, les Arabes avaient commencé à dénoncer l’invasion étrangère. Il convoqua une grande réunion tribale en leur rappelant que leur pays était un désert. Que les Arabes vivent dans les déserts parce qu’ils n’ont pas le choix, d’où toute cette poésie autour de l’idéal du jardin, de la verdure et de l’eau, qui est l’antithèse du désert. Que si des Occidentaux, pour des raisons irrationnelles, venaient y bâtir des tours, on devrait les encourager parce que, en rentrant chez eux, ils ne ramèneraient pas leurs tours dans leurs sacs et ne les amènent pas non plus dans leurs tombes. Une très grande sagesse qui a fait aujourd’hui que Dubaï est la «ville rêvée» des Arabes. Inspirons-nous de cette sagesse, et de cette ouverture pour faire de Diamniadio la ville rêvée des Africains. Réapproprions-nous Senghor. Soyons ouverts au monde tout en restant enracinés.