Après plus de 48 heures sans donner de nouvelles, le député Seydina Fall alias Bougazelli a refait surface ce mardi 19 novembre pour une journée mouvementée. Entre l’annonce puis le démenti de sa démission, (une démission qui sera finalement confirmée par la direction de la communication de l’Assemblée nationale) puis son audition express à la section de recherche de la gendarmerie, celui qui est impliqué dans une affaire de trafic de faux billets de banque est finalement attendu mercredi par les enquêteurs.
Le calme avant la tempête. C’est la parabole qui sied à l’histoire du député Seydina Fall Bougazelli. Alors qu’il est directement impliqué dans un trafic de faux billets de banque, Bougazelli a disparu depuis vendredi. Il n’avait pas pu honorer sa convocation du 15 puis celle du 18 novembre derniers. Le député de Guédiawaye a refait surface ce mardi en donnant une interview à la Rfm où il évoquait une probable démission de l’hémicycle.
Un peu plus tôt dans la journée, et selon plusieurs sites d’informations, il aurait déposé sa lettre de démission à l’Assemblée nationale, pour se mettre à la disposition de la justice. Il aura fallu de peu de temps pour que le concerné apporte un démenti. A la radio, il dira n’avoir jamais eu l’intention de démissionner. Seulement, le député malgré un déni systématique a bel et bien déposé une lettre de démission, datant du 19 novembre. Dans cette correspondance, l’élu notifie clairement au président de l’Assemblée nationale « sa décision de se démettre de ses fonctions de député ». Le Président de l’institution a accusé réception de la correspondance en indiquant au concerné « qu’elle sera traitée conforment aux dispositions de l’article 7 du Règlement intérieur ».
Dans l’article 7, il est dit : « Tout député peut se démettre de ses fonctions. Tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat (article 60 de la Constitution). En dehors de la déchéance prévue par la Constitution et des démissions d’office prévues par le Code électoral, les démissions sont adressées au Président de l’Assemblée nationale, qui en donne connaissance à la réunion plénière suivante. Hors session, le Bureau reçoit et/ou constate la démission d’un député, et installe son suppléant. Les démissions acceptées par l’Assemblée sont immédiatement notifiées au Président de la République. »
Seydina Fall a répondu Mardi à la convocation de la gendarmerie aux environs 17 heures, accompagné par l’un de ses avocats, Me El Hadj Diouf. Reçu par les enquêteurs, il sort quelques minutes plus tard libre. Son audition est finalement prévue ce mercredi 20 novembre, à 16 heures.
par Sidy Diop
TRAQUEURS D'INNOCENCE
Comment devenir ingénieur, médecin, directrice d’école et tutti quanti quand on doit s’occuper de ces grands garçons libidineux qui choisissent leurs femmes au berceau ?
C’est une émission de la 2Stv qui nous l’apprend : Kolda, capitale du Fouladou, 40 % des jeunes filles qui fréquentent l’école sont mariées. Jeunes pousses innocentes qui sautent les barricades et forcent les portes de l’âge adulte. Pauvres immatures qui apprennent les ficelles du monde à l’école sans négliger leurs obligations conjugales. Comment devenir ingénieur, médecin, directrice d’école et tutti quanti quand on doit s’occuper de ces grands garçons libidineux qui choisissent leurs femmes au berceau ?
Si elles parviennent à échapper au diktat de parents pressés de se débarrasser de la marmaille, elles doivent se faufiler entre les griffes d’enseignants très attirés par le premier âge. Difficile d’être une petite fille dans un monde où règne le Démon de midi. Freud appelait «instinct de régression involontaire» cet attachement excessif des grandes personnes aux enfants. Il faudrait, sans doute, commettre des psychanalystes et installer des divans pour expurger, chez ces traqueurs d’innocence, cette pulsion qui encourage l’échec scolaire.
FRANCE, PROFANATION D'UNE STÈLE DÉDIÉE AUX TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS
Des fleurs piétinées, une stèle renversée: une enquête a été ouverte après la profanation d’un monument aux soldats africains jeudi soir à Sarcelles, au nord de Paris
Des fleurs piétinées, une stèle renversée: une enquête a été ouverte après la profanation d’un monument aux soldats africains jeudi soir à Sarcelles, au nord de Paris, a-t-on appris lundi de source proche de l’enquête.
Selon les premières images de vidéosurveillance, il s’agit « visiblement d’un homme, seul et pas encore identifié », qui a « massacré le parterre de fleurs » et frappé la stèle jusqu’à ce qu’elle se renverse peu après 19H00 GMT jeudi soir, soit deux jours après les cérémonies du 11 novembre marquant la fin de la Première guerre mondiale, indique cette source.
« Aucune inscription, aucun tag, rien n’a été laissé sur la stèle », a-t-elle ajouté.
La stèle, installée sur le parvis de la gare depuis mai 2018, a été érigée en mémoire des soldats africains combattants sous l’uniforme français et tombés pendant les deux guerres mondiales. Elle ne faisait l’objet d' »aucune polémique » et l’acte n’a pas été revendiqué, toujours selon cette source.
« Cette stèle est l’aboutissement d’un gros travail sur la mémoire, porté notamment par des associations locales dans une ville qui accueille une grosse communauté franco-africaine (Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée, Centrafrique, Mauritanie) », a expliqué à l’AFP Patrick Haddad, le maire de Sarcelles.
« C’est très choquant de voir cette profanation sur une mémoire relativement fragile car encore récente », a-t-il poursuivi, même s’il ajoute qu’il n’y a pour l’instant « pas d’élément probant sur un geste politique ou antiafricain ».
La stèle, « fracturée en deux », n’est pas réparable selon le maire qui prévoit de la refaire entièrement.
Quelques 200.000 Africains venus des anciennes colonies françaises ont notamment combattu dans l’armée française durant la Grande Guerre.
Et pendant la Seconde guerre mondiale, les Forces françaises libres (FFL) qui combattaient les Allemands comptaient dans leurs rangs plus de 400.000 Maghrébins et tirailleurs d’Afrique noire.
PAR Yakham Codou Ndendé MBAYE
PRINTEMPS D'UNE CONFIANCE RESTAURÉE !
Il est bien clair et grandement heureux de constater que l’actuel Président de la Mauritanie est en train d’ouvrir avec son homologue du Sénégal le nouveau chapitre d’une coopération visiblement placée sous les meilleurs auspices
Invité d’honneur du «Forum international sur la Paix et la Sécurité de Dakar», le Chef de l’Etat mauritanien démocratiquement élu, le 22 juin 2019, prolonge, après le bref sommet du G5 Sahel à Ouagadougou, ses premiers pas sur l’échiquier continental, à Dakar.
Quoi de plus normal, quand on jauge la texture, l’épaisseur, la densité et la profondeur des relations mauritano-sénégalaises. Elles sont profondément enfouies et proprement sédimentées dans la glaise de l’osmose spirituelle (Islam partagé), du brassage humain (métissage biologique). Et, in fine, de la géographie économique fortement incubatrice du fécond partenariat autour du pétrole et du gaz. Toutes choses qui induisent une logique de co-développement qui est le sûr levier et le meilleur gage d’une amitié renouvelée.
En résumé, le séjour dakarois de l’invité d’honneur de Macky Sall symbolise le printemps d’une confiance restaurée qui biffe les stigmates des regrettables tensions des années 1989-1990.
Il est bien clair et grandement heureux de constater que l’actuel Président de la Mauritanie est en train d’ouvrir avec son homologue du Sénégal le nouveau chapitre d’une coopération visiblement placée sous les meilleurs auspices.
En effet, celui qui préside présentement aux destinées de la Mauritanie est une personnalité distinguée, singulière et valeureuse à beaucoup d’égards. Et qui a en partage avec Macky Sall une vertu saillante : le verbe austère.
L’intitulé entier de son nom est évocateur et, surtout, révélateur d’une origine, à la fois, imposante et rassurante : Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed El-Ghazouani. Fils d’un chef spirituel de la région agropastorale de l’Assaba, le premier et le plus illustre des Mauritaniens est issu de la tribu maraboutique des Ideboussat ; des religieux auxquels on rattache des pouvoirs fabuleusement mystiques. Un milieu familial et spirituel qui n’est pas étranger à ses qualités saillantes que sont sa capacité d’écoute, son impressionnante discrétion et sa courtoisie exquise. Des traits de caractère bien ancrés que le rude métier des armes n’a jamais altérés, et qui marquent son visiteur. Ce qui fait dire à certains observateurs bien imprégnés des réalités mauritaniennes que le Président Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed El-Ghazouani est un officier général, un homme d’Etat, un sage.
Né en décembre 1956 dans la petite circonscription administrative de Boumedeid, El-Ghazouani est un produit de l’académie militaire de Meknès. Là-bas, au Maroc, son chemin et son destin ont croisé la trajectoire politiquement fortunée de son camarade puis ami et prédécesseur à la tête de la Mauritanie : Mohamed Ould Abdel Aziz. Une complicité semblable à la synthèse des contraires, car, le Général Aziz est vif et sanguin, tandis que le Général El-Ghazouani est sage et serein.
Spécialisé en renseignement, l’officier El-Ghazouani a très naturellement évolué dans l’ombre. C’est en 2008 qu’il sort des strates camouflées des services secrets, pour occuper le poste plus visible de Directeur général de la Sûreté nationale. Le couronnement de sa rectiligne carrière a été, bien entendu, les responsabilités prestigieuses et capitales de Chef d’Etat-major général des Armées. La suite est connue et digne d’éloge…
Pour l’anecdote valorisante, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed El-Ghazouani n’a jamais été mêlé à un scandale financier, dans un pays où la hiérarchie militaire, installée au cœur du pouvoir depuis le 10 juillet 1978, n’a pas toujours été au-dessus de tout soupçon. Ce qui confère, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières mauritaniennes, un supplément de respectabilité à l’homme fort de la République amie et voisine du Sénégal.
En définitive, on peut le croire : Macky Sall et Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed El-Ghazouani peuvent largement gagner le pari de l’âge d’or des relations entre leurs pays.
BOUGAZHELLI N'EST PLUS DÉPUTÉ
‘’J’annonce officiellement que la lettre de démission du député Seydina Fall a été reçue et acte lui a été donné. Son remplacement sera réalisé lors de la prochaine session ’’, a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, ce mardi
Le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, a annoncé mardi la démission du député Seydina Fall dit ‘’Bougazhelli’’, cité dans une enquête pour trafic présumé de faux billets de banque.
‘’J’annonce officiellement que la lettre de démission du député Seydina Fall a été reçue et acte lui a été donné. Son remplacement sera réalisé lors de la prochaine session conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale’’, a-t-il déclaré au moment de clôturer une plénière consacrée à l’adoption d’un projet de loi portant report des élections locales.
La démission du député du parti au pouvoir avait été annoncée dans la journée par plusieurs médias. L’information avait par la suite été démentie par le concerné sur les ondes de la RFM (privée).
‘’Je voudrais vous informer que j’ai reçu ce jour à 15 heures de notre collègue, Seydina Fall, une lettre de démission de son mandat de député et acte lui est donné comme le stipule le règlement intérieur par la plénière qui se réunit’’, a répété Moustapha Niasse.
par Daouda Mine
NE FRAGILISONS PAS NOTRE GENDARMERIE !
J'estime que même si la gendarmerie avait reçu l’ordre de faire libérer Boughazelli après son audition jeudi dernier, en tant que garante de l’État de droit qui fonde la République, elle devait refuser de l’exécuter
Dans l’affaire du député de la mouvance présidentielle, Boughazelli, j’ai une conviction : la gendarmerie a commis une erreur. En aucun cas, Boughazelli ne devait être libéré au moment où ses présumés complices sont placés en garde à vue. En agissant de la sorte, la gendarmerie est coupable de rupture d’égalité devant la loi. Or, le principe d'égalité devant la loi est un principe central dans une démocratie.
En effet, la gendarmerie est dans le cadre d’une enquête de flagrant délit et des «indices graves et concordants» sont réunis pour justifier le placement en garde à vue du député. Comme ce fut le cas dans l’affaire Thione Seck (qui n’a pas eu la même baraka que Bougazelli).
Aucune immunité parlementaire ne saurait être invoquée ici car on est dans le cadre d’une enquête de flagrance.
J'estime que même si la gendarmerie avait reçu l’ordre de faire libérer Boughazelli après son audition jeudi dernier, en tant que garante de l’État de droit qui fonde la République, elle devait refuser de l’exécuter. Elle a, en effet, l’obligation de refuser d’exécuter un ordre manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public.
Si elle l’avait fait, la gendarmerie nous aurait épargné le spectacle que nous sommes en train de vivre : un citoyen Sénégalais, cité dans une affaire de faux billets, refusant de déférer à la convocation des forces de défense et de sécurité, parce que tout simplement il est membre de la mouvance présidentielle.
Un spectacle indigne d’un pays qui se dit Etat de droit.
Personne ne doit cautionner qu’on nargue notre chère gendarmerie qui, sous la direction, la surveillance et le contrôle de l’autorité judiciaire, accomplit les actes d’enquête, selon les conditions et modalités prévues par la loi dans le respect de la dignité des personnes.
A la gendarmerie de redorer son blason et de faire cesser cet acte de défiance : force doit impérativement rester à la loi.
Boughazelli est cité dans cette affaire. Même s’il est présumé innocent jusqu’à ce qu’un tribunal en décide autrement, il doit être mis à la disposition de la justice, comme l’ont été ses présumés complices. C’est ça qui est Juste.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LE SABRE, LA FRANCE ET NOUS
EXCLUSIF SENEPLUS - Le discours de patriotisme béat de Macky est beau, celui d’Edouard Philippe anesthésiant - Paris infantilise le Sénégal avec cette relique dont l’authenticité est devenue problématique
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 19/11/2019
En convoquant toute la nation au Palais de la République pour la remise du sabre du marabout-résistant El Hadj Oumar Tall par les descendants des colons spoliateurs, pilleurs, voleurs et tueurs, nous avons eu le sentiment de vivre le schéma du « Vieux nègre et la médaille » où l’administration coloniale remercie pour services rendus à la métropole, le vieux nègre Meka en ces termes : « Tu as beaucoup fait pour faciliter l'œuvre de la France dans ce pays. Tu as donné tes terres aux missionnaires, tu avais donné tes deux fils à la guerre où ils ont trouvé une mort glorieuse... Tu es un ami. » Le président Macky Sall ayant beaucoup fait pour notre « amie », il est normal que ses fils lui rendent la monnaie de la pièce en le gratifiant du sabre historique du fondateur de l’empire toucouleur. Mais il faut comprendre que la France n’agit pas par philanthropie mais par intérêt. Et elle ne manquera pas de percevoir le retour sur investissement à l’heure où les premiers barils de pétrole tomberont.
Comme dans un jeu de yoyo, la France ne cesse de miroiter depuis plus de vingt ans le supposé sabre du résistant El Hadji Oumar à l’Etat sénégalais. Finalement, cette relique du saint homme, symbole historique de la résistance omarienne, est expurgée de son essence originelle et est utilisée par nos gouvernants à des fins politiciennes.
En effet, en 1996, Me Abdoulaye Wade, farouche opposant du président d’alors Abdou Diouf promettait aux Sénégalais, une surprise de taille une fois élu président de la République. Parlant de façon sibylline et délurée, il faisait allusion à un objet d’une importance historique et appartenant à un grand chef religieux et qui illuminait les vitrines d’un musée français. Les Sénégalais finirent par être séduits par cette promesse qui cachait des calculs politiciens. Et chaque confrérie pensait que cet objet appartenait à son guide religieux : Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Malick Sy, soit Seydina Limamou Lahi, El Hadj Omar Tall ou Abdoulaye Niass. Et Wade pensait qu’une telle promesse allait lui procurer des dividendes politiques à la présidentielle de 2000.
Mais par on ne sait quel tropisme, le président Abdou Diouf découvrit que la promesse de Wade avait un rapport avec le sabre d’El Hadji Oumar qui trônait au musée des Invalides à Paris. Et c’est ainsi qu’en septembre 1998, dans le cadre de la célébration du bicentenaire de la naissance d’El Hadj Omar Tall, par l’entregent de l’alors directeur de l’Ifan le professeur Djibril Samb, le sabre du marabout guerrier retourna au bercail sous forme de prêt grâce à l’aval du président Jacques Chirac.
Lors du 11e sommet de l’Anoci en 2008, sous les magistères Wade-Sarkozy, le sabre fit son retour au Sénégal après l’avoir quitté depuis une décennie. Mais cette fois-ci, la facture était salée puisque le sabre était loué à l’Anoci pour 100 millions de Francs CFA même si les autorités de ladite structure dirigée par Karim avaient précisé que c’était un prêt et non une location et que seule l’assurance avait été payée. Il faut signaler qu’un tel mercantilisme avait indigné et formalisé la famille omarienne mis à l’écart de ce négoce honteux entre les Etats sénégalais et français. Et voilà après le sommet de l’Anoci, le sabre du résistant avait repris les airs pour retourner aux pays de ses voleurs.
Sous l’ère Macky-Macron, le sabre, pour la troisième fois, quitte les Invalides de Paris pour venir prendre place au Musée des civilisations noires de Dakar. Mais pour combien de temps ? Si Felwine Sarr, co-auteur du rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain avec Bénédicte Savoy, précise que « le sabre est bel est bien restitué au Sénégal et vu que pour l'heure la loi française ne permet pas de restitutions, l'instrument juridique qui permet de restituer de facto (dans les faits) est le dépôt à long terme, renouvelable », pour le Premier ministre français Edouard Philippe « s’il ne s’agit pas encore à proprement parler d’une restitution, ce geste en est la première étape ». Et RFI dans le même sillage que le Premier ministre français de dire « autour de cette restitution historique demeure un flou juridique. Selon la Radio mondiale, il s’agit pour l’instant d’un prêt de cinq ans consenti au Sénégal et que pour rendre définitivement le sabre, le dernier mot revient aux députés français qui devront voter une loi ». Ce qui veut dire que la vérité n’est pas encore dite sur le retour ou la restitution du glaive du chef du royaume toucouleur.
Mais que le sabre reste au Musée des civilisations noires ou retourne tranquillement dans sa salle d’exposition des Invalides, tel n’est pas le problème. Indépendamment de ces allers et retours enquiquinants, la France infantilise le Sénégal avec cette relique dont même l’authenticité est devenue problématique. Un internaute du nom de Marie Ngouda, choquée par ce ping-pong de la France, a vociféré dans Facebook sa rage en ces termes : « Il faut que nos autorités cessent de se faire infantiliser par la France. A chaque fois qu'elle a besoin de leur faire signer des contrats juteux, elle les distrait par des présents qui n'en sont pas. C'est comme si tu veux faire taire ton enfant qui pleure, le premier objet à portée de mains peut faire l'affaire. On se rappelle bien de l'histoire du dessert, un traitement de faveur envers les tirailleurs sénégalais. Sic ! Ce sabre appartenant ou pas à Cheikhou Oumar Tall ne doit pas nous aveugler au point de signer à la France six contrats très juteux. Basta ! »
La France utilise aujourd’hui cet objet historique pour essayer de rattraper le terrain économique que certains de ses concurrents comme la Chine lui ont chipé. Et voilà qu’après la restitution d’un objet qui appartient au patrimoine culturel sénégalais, l’Etat sénégalais lui signe six contrats juteux dans les secteurs de l’eau, la défense, la coopération économique, les domaines de la formation et le sport – dans la perspective des Jeux olympiques de la jeunesse de Dakar de 2022 –, la culture et les transports. Et cela comprend déjà « la vente, pour plusieurs millions d’euros, de trois patrouilleurs OPV58 du groupe français Kership ainsi que de missiles du groupe européen basé en France MBDA. Ils permettront de protéger les infrastructures gazières et pétrolières offshore qui feront du Sénégal un pays producteur aux alentours de 2021 », si l’on en croit le correspondant du journal Le Monde à Dakar.
Si la France infantilise le Sénégal avec cet objet d’art, nos gouvernants font la même chose à l’endroit des populations sénégalaises. Quand, en 1998, le professeur Djibril Samb a ramené dans le cadre des accords et échanges culturel entre Marianne et le Sénégal, rien qu’à la vue de la caisse qui contenu le fameux sabre, certains adeptes du saint homme sont tombés en transe avant que d’autres ne se prosternent devant le contenant. En 2008, la famille omarienne avait failli porter plainte contre l’Etat français, après avoir flétri le régime sénégalais pour avoir loué un sabre appartenant à leur patrimoine culturel. En 2019, on organise une cérémonie en grande pompe en présence de l’aréopage politique, religieux et culturel dans le seul but de réceptionner pour la troisième fois un objet dont l’appartenance à Oumar Foutiyou Tall est douteuse. Le discours de patriotisme béat de Macky est beau, celui d’Edouard Philippe anesthésiant. Mais quid de l’authenticité de cette relique qui a été, depuis 1998, l’objet d’une controverse entre intellectuels ? Le professeur Abdoulaye Sokhna Diop avait soulevé le débat en 1998 en soutenant que ce sabre dont il est question n’appartient pas à Oumar Foutiyou mais à son fils Ahmadou Cheikhou. Il remettait en cause la crédibilité du sabre avec assurance dans le quotidien Populaire en 2016 comme il l’avait fait en 1998 dans le journal Info 7 du Groupe Com7 en déclarant ceci : « Au niveau des archives de Dakar, il y a un fond qu'on appelle le trésor de Ségou. C'est une partie du grand trésor de Ségou qui est resté en France dans des musées où on n'accède pas. Le fond qu'il y avait ici comporte de la documentation qui fait référence à des sabres. Mais ces sabres en question sont des cadeaux offerts à Ahmadou Cheikhou et non pas à Cheikhou Omar. Par conséquent, ces sabres qui n'ont rien à voir directement avec El Hadji Omar, sont des objets qui ont été probablement trouvés après que la ville de Ségou a été prise par le colonel Archinard en 1890 et ses troupes et suite au départ du Cheikh vers l'Est. Et en 1890, El Hadji Omar était décédé depuis 26 ans. Donc, dans tous les cas, ce sabre ne pouvait avoir aucune relation avec le résistant religieux. » Et le professeur de finir en regrettant que la communauté universitaire qui soutenait la thèse inverse à la sienne n’a jamais voulu l’éclairage de cette question nébuleuse à travers un débat télévisé contradictoire.
Malgré tout, le combat de restitution ou retour engagé par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy est à soutenir parce que plusieurs œuvres d’art africains qui peuplent les structures muséales européennes et américaines ont été obtenues dans des circonstances peu glorieuses de guerres, colonisation, pillages, par des vols et non par des dons. Mais il ne connaitra des succès que s’il s’inscrit dans un cadre unitaire polarisant tous les pays du Sud qui ont été victimes de spoliation de leurs œuvres d’art.
‘’NOUS SAVONS TOUS D’OÙ VIENNENT LES FINANCEMENTS DES GROUPES TERRORISTES’’
Le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katambé, a déclaré, mardi, à Diamniadio, connaître l’identité des Etats qui soutiennent financièrement les groupes terroristes au Sahel
Le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katambé, a déclaré, mardi, à Diamniadio, connaître l’identité des Etats qui soutiennent financièrement les groupes terroristes au Sahel et a réclamé l’arrêt de ces financements.
‘’Il y a un (…) problème : le financement du terrorisme. Je ne vais pas entrer dans les détails. Nous savons tous d’où viennent ces financements. Il faut que les Etats qui sont derrière ces financements arrêtent’’, a-t-il martelé lors d’un panel du sixième Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.
‘’Cette guerre (la lutte contre le terrorisme) nous coûte excessivement cher au Niger. Nous utilisons 19% du budget [de l’Etat] pour assurer la sécurité de notre pays’’, a souligné M. Katambé au second jour du forum qui se tient à Diamniadio, une commune située à une trentaine de kilomètres à l’est de Dakar.
En raison de leur nécessité et de leur importance, les dépenses faites par les pays du Sahel pour la sécurité doivent être considérées par les institutions financières internationales comme des ‘’dépenses de développement’’, dit-il, déplorant que ‘’ce n’est pas le cas actuellement’’.
La question sécuritaire au Sahel est ‘’très compliquée’’, a constaté Issoufou Katambé, ajoutant : ‘’Nous devons nous fixer des objectifs politiques. Le premier doit être la sauvegarde de l’intégrité territoriale de nos Etats.’’
Le Niger est l’un des pays du Sahel les plus touchés par les groupes terroristes.
VERS UNE SUPPRESSION DE LA CREI ?
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), qui avait condamné Karim Wade en 2015, pourrait bientôt être fusionnée dans une instance plus large
Un projet est en cours de réflexion pour supprimer la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), qui avait condamné Karim Wade en 2015.
Créée par Abdou Diouf en 1981 et controversée depuis sa remise en service par Macky Sall, en 2012, cette juridiction spéciale, où la charge de la preuve incombe à l’accusé – lequel ne peut faire appel de son jugement –, pourrait fusionner au sein d’une chambre de droit commun spécialisée dans la délinquance financière.
LE SENEGAL N’EST PAS QU’UN PARTENAIRE, C’EST UN PAYS AMI
Les Armées sénégalaises sont professionnelles et engagées à la poursuite d’ambitieux objectifs voulus par le Président Macky Sall.
Le Sénégal est un grand pays. C’est un pays fort de sa jeunesse, à l’économie dynamique, et qui très tôt a investi et s’est investi dans sa défense.
Les Armées sénégalaises sont professionnelles et engagées à la poursuite d’ambitieux objectifs voulus par le Président Macky Sall. D’ici2025, ce sera une Armée forte de 30 mille hommes, dotée d’équipements modernisés qui pourra poursuivre son engagement au profit de la stabilisation de la région. Le Sénégal confirme son rôle d’acteur majeur de la sécurité en Afrique de l’Ouest : premier contributeur francophone aux opérations de maintien de la paix de l’Onu et l’un des Etats de la région les plus investis en matière de sécurité maritime.
La France et le Sénégal sont alliés, amis et partenaires. Nous sommes unis par la volonté, toujours intacte, de maintenir des liens forts.
Un geste vient d’illustrer cette relation unique : le Premier ministre Edouard Philippe a remis au Président Macky Sall le sabre de El Hadj Omar, fondateur de l’empire toucouleur, saisi par les troupes françaises en avril 1893, lors d’un combat les opposants au fils de El Hadj Omar. Ce processus de restitution n’est pas qu’un symbole : c’est la traduction concrète d’un nouvel élan dans notre coopération patrimoniale.
Parmi toutes les facettes de cette amitié, la défense brille particulièrement. Et quelques jours après les commémorations du 11 novembre, je souhaite rendre hommage à nos «Frères d’âmes», comme l’écrit si justement David Diop.
au sujet des jeunes tirailleurs sénégalais qui ont combattu à nos côtés durant la première Guerre mondiale. Je veux aussi rendre hommage à leurs enfants, à ceux qui, lors de la deuxième Guerre mondiale étaient à nouveau à nos côtés sur les plages du débarquement de Provence aux abords de Toulon. Les destins de ces héros sont trop méconnus en France. C’est pourquoi le président de la République Emmanuel Macrona souhaité - en lançant un appel aux maires de France - que nos rues, nos places, nos monuments portent les noms de ces héros d’Afrique qui se sont battus pour la liberté de la France. Nous leur devons tant, leur place est dans notre histoire, mais aussi dans notre vie quotidienne.
Aujourd’hui encore, nous sommes ensemble. Les «éléments français au Sénégal» en sont l’une des concrétisations les plus abouties.
Grâce au Sénégal et à la volonté de ses autorités politiques, des militaires français sont en mesure de former, d’entraîner, de préparer des soldats sénégalais, mais aussi issus de toute la région. Ensemble sur le terrain, nos militaires se connaissent, se côtoient, se respectent.
outre relation de défense est exceptionnelle ; elle est aussi moderne et s’étend au cyber.
Comme en Europe, le développement du numérique sur le continent africain est à la fois source d’opportunités et de menaces. Pour s’armer et se préparer à faire face à ces nouvelles menaces, la France a soutenu le Sénégal pour l’ouverture d’une école nationale de cyber sécurité à vocation régionale en 2018. Cette école doit former les Forces de l’ordre, les Pme et les personnels judiciaires pour mieux lutter contre les cyber-attaques, la cyber-délinquance et les messages de propagande extrémiste et les groupes terroristes.
Dans le cyberespace comme sur le terrain, les groupes terroristes ne faiblissent pas. Ils frappent le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Et nous savons qu’ils pourront frapper au-delà, si la communauté internationale ne se mobilise pas davantage.
Au Nigeria, au Tchad, au Niger et au Cameroun, la lutte contre Boko-haram continue. Les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest sont directement concernés par cette menace, comme ils l’ont très justement dit lors du sommet de Ouagadougou en septembre dernier. Le Sénégal l’a compris très tôt et s’est engagé au Mali dans le cadre de l’Onu (la Minusma), en déployant 1 250 soldats et 340 policiers. C’est aussi au Mali que la France concentre ses efforts et déploie la majorité des 4 500 militaires de l’opération Barkhane, la plus grande opération extérieure française.
Nous sommes aujourd’hui à un carrefour de volontés en Afrique de l’Ouest face à la menace terroriste.
Nous devons travailler ensemble, collectivement, et l’exemple de la coopération entre Dakar et Paris est une source d’inspiration pour la France. Nous comptons sur le Sénégal. Le Sénégal peut compter sur la France. Nous serons à la hauteur de cette confiance mutuelle que nous avons bâtie pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et aux défis de demain.