3e RP pour les complices de Boughazelli
Le juge d’instruction attend surement le déferrement du désormais ex-député Seydina Fall Boughazelli pour décider du sort de ses 6 présumés complices qui sont en garde-à-vue depuis la semaine passée. En effet, ces derniers ont bénéficié d’un troisième retour de parquet hier. Ils attendent Boughazelli derrière les grilles du Commissariat central de Dakar. Ils sont poursuivis pour détention de faux billets et association de malfaiteurs.
Abdoulaye Thimbo entendu par le DJI
Le maire de Pikine et oncle du Président Macky Sall, Abdoulaye Thimbo a été entendu hier en qualité de témoin par le Doyen des Juges d’Instruction (DJI) sur l’affaire Petro-Tim. L’édile de Pikine n’a pas varié dans ses déclarations. Il a été interpellé par le juge sur l’attribution de contrats d’hydrocarbures et l’implication de la société Agritrans dont il était le gérant. En effet, la «Bbc» avait révélé que Petrotim a effectué des virements bancaires dans les comptes de la société Agritrans qu’il a créée avec Aliou Sall en 2011. Abdoulaye Thimbo dit avoir répété exactement ce qu’il avait dit aux enquêteurs de la Division des Investigations Criminelles (DIC). Il estime qu’il ne pouvait rien dire dans cette affaire parce qu’il n’en savait rien. Il a confié au doyen des juges que toute la période pendant laquelle il a été le gérant de Agritrans, il n’a jamais été au courant d’une quelconque transaction financière. Bref, il a réitéré les mêmes propos qu’il avait tenus à l’enquête préliminaire. Il a tenu à préciser qu’il n’a fait que 45 minutes dans le bureau du juge Samba Sall.
Me Ousmane Sèye dénonce des fakes news
Me Ousmane Sèye est très amer. Il se plaint du fait qu’on lui a prêté des propos dont il n’est pas l’auteur. L’avocat se dit victime de fake news qui auraient déformé à dessein son intervention lors de l’installation de la Convergence Sénégal Sunugal. On lui a fait dire la phrase suivante : «si vous regardez les milliards volés chaque année par les politiciens en qui le Président Macky Sall a confiance, vous verrez que les faux billets de mon client Boughazelli ne représentent que des miettes». Me Ousmane Sèye jure qu’il n’a jamais tenu des propos pareils et parle de fake news. Le célèbre avocat précise avoir soutenu : « (…) au Sénégal, la lutte contre la corruption est primordiale dans la mesure où plusieurs centaines de millions sont détournés et souvent par des personnes occupants de hautes responsabilités et en qui le président de la République a confiance». En conséquence, l’avocat a demandé au législateur de mettre en œuvre les dispositions constitutionnelles relatives à la lutte contre la corruption et la concession pour permettre aux citoyens de prendre en charge cette lutte primordiale. Me Ousmane Sèye rappelle n’avoir cité le nom de personne et qu’il n’est l’avocat de personne. En plus de cela, il précise qu’il n’a jamais dit que des proches du chef de l’Etat détournent de l’argent.
Macky Sall tweet
Le Président Macky Sall qui prend part à la rencontre du «Compact With Africa» en Allemagne a réitéré l’ouverture du Sénégal aux partenariats pour son envol économique. Sur tweeter, le chef de l’Etat a réaffirmé le choix stratégique du Sénégal de s’ouvrir à toutes les grandes puissances pour établir des partenariats économiques bénéfiques pour notre pays. Pour le président de la République, le sommet «Compact With Africa» rappelle chaque année les défis auxquels nous faisons face dans notre développement. A l’en croire, les investissements de nos partenaires aident nos pays à réaliser leurs objectifs ambitieux pour favoriser une croissance durable.
Le chef de l’Etat et les enfants du Sénégal
Même loin du Sénégal, le chef de l’Etat a eu une pensée à l’endroit des enfants du Sénégal. Hier lors de la célébration du 30e anniversaire de la Convention relative aux Droits de l’Enfance, il a dit sur tweeter, avoir une pensée particulière pour tous les enfants sénégalais. Pour Macky Sall, il est nécessaire d’investir dans l’enfance pour asseoir un développement durable de nos États. Il estime que l’éducation et la santé des enfants sont au cœur de ses priorités. Le Président Macky Sall promet d’offrir aux enfants un environnement plus protecteur qui tienne compte de nos valeurs sociétales positives.
Distribution de vivre chez la mère de la First Lady
L’ancien responsable de Rewmi à Saint-Louis crie à l’indécence. Le Colonel à la retraite, Abdourahim Kébé, est choqué par la file d’attente kilométrique d’une population paupérisée devant la maison de la mère de la Première Dame du Sénégal Marième Faye Sall et de l’édile de la ville Mansour Faye. A l’en croire, on y distribue de la nourriture et de l’argent appartenant au contribuable. Par delà l’absence de politiques sociales cohérentes, effectives et inclusives, dénonce le colonel Kébé, ce phénomène est la résultante d’une mal gouvernance, de la dilapidation de nos maigres ressources accaparées par une famille qui joue au Père Noël avec de l’argent illicite. L’officier supérieur de l’armée à la retraite est d’avis que donner du poisson au peuple au lieu de lui apprendre à pêcher est le meilleur moyen de lui assurer l’appauvrissement continu. A ses yeux, tout porte à croire que le pouvoir encourage ce phénomène social afin de disposer de «bétail» électoral à sa merci. Le Colonel Abdourahim Kébé s’insurge contre cette pratique «exhibitionniste dépourvue d’éthique et de compassion». Il invite les leaders d’opinions à donner de la voix pour dénoncer cette situation tout en appelant les populations à préférer leur dignité à l’argent du déshonneur. Ce qui est sûr c’est que les bénéficiaires ne pensent pas comme le Colonel Kébé.
La bande à la fille de Mbaye Nder en prison
Dans notre édition d’hier, nous écrivions que la fille du chanteur Alioune Mbaye Nder et sa bande ont bénéficié d’un retour de parquet après la fin de leur garde-à-vue. Eh bien, ils été déférés à nouveau au parquet. Adja Mbaye et sa bande ont fait face au juge d’instruction du 4e cabinet qui les a placées sous mandat de dépôt. Adja Mbaye et consorts sont poursuivis pour association de malfaiteurs et vol en réunion avec usage d’arme. Pour rappel, la bande a été arrêtée par la Section de Recherches de la Gendarmerie à la suite de la plainte d’un certain Mohammed Moustapha Diagne victime d’une agression vers la mosquée de la Divinité.
Pétition pour une marche contre l’insécurité à Malika
Sauvagement assassiné par une bande d’agresseurs, Abdou Razak Kane a été inhumé hier au cimetière musulman de Malika. En charge de l’enquête cependant, la Police de Malika est toujours aux trousses des meurtriers. En attendant leur arrestation, les populations désemparées par la recrudescence de l’insécurité ont lancé une pétition en ligne pour collecter le maximum de signatures dans l’espoir d’organiser une marche pacifique au cours de laquelle la sonnette d’alarme sera tirée. Pour rappel, c’est alors qu’il se promenait à la plage de Malika en compagnie de sa copine que Abdou Razak Kane a été pris en partie par un groupe d’agresseurs. Face à son refus de céder, les malfaiteurs lui ont asséné plusieurs coups de couteau. Grièvement blessé, Abdou Razak Kane a rendu l’âme avant même son arrivée au Centre de santé de Ker Massar. Cette mort tragique a ameuté tout Malika qui prévoit d’organiser une marche pacifique pour le renforcement de la sécurité dans la zone.
Un dispositif sécuritaire important contre la délinquance
Malgré les efforts des forces de l’ordre, on assiste à la montée de l’insécurité avec son lot de meurtres. Le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a annoncé hier en marge de la rencontre sous régionale sur la sécurité de proximité, des mesures sécuritaires pour juguler le fléau. Selon Aly Ngouille Ndiaye, l’Etat n’a pas croisé les bras face à l’insécurité. Ainsi, il annonce qu’un dispositif sécuritaire important est en train d’être mis en place partout pour renforcer la sécurité sur l’ensemble du Sénégal. La sécurité sera renforcée par une présence policière et de la gendarmerie dans tous les quartiers. Aly Ngouille Ndiaye se plaint toutefois de l’attitude des Sénégalais qui n’ont pas la culture de dénonciation. Pourtant, dit-il, les crimes se passent souvent dans les maisons alors que la police ne peut pas y accéder. C’est pourquoi, il invite les populations à collaborer avec les forces de défense et de sécurité.
Les ambitions de la Grande alliance
Depuis quelques temps, les leaders de la Grande Alliance constitués de Idrissa Seck, Papa Diop, Cheikh Hadjibou Soumaré, Me Madické Niang, El hadji Issa Sall et Malick Gakou se réunissent régulièrement. Ces leaders politiques ont échangé hier sur la situation nationale et internationale avant de faire le point sur l’état d’avancement du dialogue politique. Ils ont réaffirmé leur ferme détermination à faire de la Grande Alliance une force politique au service exclusif de la défense des intérêts du peuple sénégalais. Ainsi, ils engagent toutes les composantes de leurs formations politiques à consolider les bases de la mobilisation pour le Sénégal. Par ailleurs, la Grande Alliance présente ses condoléances à la famille de Mme Colette Hubert Senghor et au Parti Socialiste.
Les enfants de Grand-Yoff interpellent les autorités
A l’instar de la communauté internationale, la coalition des Acteurs pour la Protection et le Développement des Ainoumady (CAPEDA) a célébré le 30e anniversaire de la Convention Internationale des droits des enfants à travers un atelier à Grand Yoff. Les enfants ont saisi l’occasion pour interpeller les dirigeants étatiques sur le respect de leurs droits. Ils ont tour à tour déploré les conditions dans lesquelles ils vivent. Devant les autorités de cette populeuse commune, les mômes ont dénoncé la gestion des eaux usées et de pluie dans la localité. Ils exhortent les autorités à faire des efforts dans l’assainissement de leur commune qui connaît des inondations à chaque hivernage. Ils n’ont pas oublié de faire le plaidoyer pour la paix et la solidarité.
Errata
L’article intitulé : «PLAINTE CONTRE LE BOSS DE CCBM : Serigne Mboup poursuivi pour escroquerie» qui a barré la UNE de notre édition d’hier ne comporte pas de signature comme ont du le remarquer les lecteurs de «L’As». Comme on peut le deviner, la signature a sauté. Raison pour laquelle «L’As» présente ses excuses à ses fidèles lecteurs et souligne par la même occasion que cet article a été signé par Hawa BOUSSO. Dans le même ordre d’idées, « L’As» précise que Homère Seck et plutôt le Pca de Petrosen et non celui de la Lonase dont le Pca est Siré Dia. Toutes nos excuses
L’Afrique doit élaguer les frontières héritées de la colonisation, refonder entièrement la politique des visas d’un pays à l’autre du continent. Pour ne plus dépendre des diktats de l’Europe et fonder enfin un droit à l’hospitalité
De nos jours, l’une des manières de vulnérabiliser des millions de gens est de les empêcher de bouger.
De fait, la structuration contemporaine de notre monde est de plus en plus fondée sur une répartition inégale des capacités de mobilité et de circulation, ainsi que de cette ressource qu’est désormais la vitesse.
De ce point de vue, l’Afrique est doublement pénalisée, du dehors comme du dedans.
Elle est pénalisée du dehors parce que les Africains ne sont les bienvenus nulle part dans le monde. Il n’y a pas un seul pays au monde où des Africains ou des gens d’origine africaine arrivent, peu importe par quels moyens, et sont accueillis au son des tambours et des trompettes. Partout où ils font leur apparition, ils sont les plus exposés à toutes sortes d’entraves, à l’incarcération et à la déportation (1). En vérité, très peu de pays au monde veulent des Africains ou des personnes d’origine africaine parmi eux.
Elle est pénalisée du dehors parce qu’un nouveau régime global de mobilité est en train de se mettre en place. Il participe d’une nouvelle partition de la Terre. Il est une dimension fondamentale de la nouvelle course pour la domination du cosmos (des régions polaires, des océans, des déserts, des continents extraterrestres).
Un pacte continental
Ce nouveau régime de gouvernement des mobilités humaines repose sur des dispositifs de sécurité qui sont de plus en plus électroniques, biométriques, de plus en plus militarisés. Ces dispositifs sont aussi et de plus en plus somatiques, dans le sens où leurs cibles principales, ce sont des corps rendus abjects, jugés de trop, qui ne comptent pas, et que l’on est en droit de neutraliser. De gré ou de force, ces corps sont donc appelés à déguerpir des espaces qu’ils occupent.
Ce nouveau régime repose enfin sur l’externalisation des frontières. Ainsi de l’Europe dont les frontières s’étendent désormais bien loin de la Méditerranée. En étendant ses frontières au-delà de la Méditerranée et en les rendant mobiles, l’Europe cherche en réalité à abroger la souveraineté des Etats africains sur la gestion de leurs populations, qu’il s’agisse de la gestion du nombre (d’où la relance des débats sur la démographie africaine) et de la gestion des mouvements (qui peut bouger, qui ne doit pas bouger, qui ne peut bouger qu’à certaines conditions).
Mais l’Afrique est aussi pénalisée du dedans par le fait que nous sommes le continent au monde qui compte le plus grand nombre de frontières internes. C’est ici que la taxe sur la mobilité est la plus chère au monde. Il faut donc élaguer les frontières.
Libérer les circulations est devenu un impératif. Il y va non seulement de la survie de millions de nos gens, mais aussi de la réaffirmation de notre souveraineté. Comment le faire de façon pragmatique ?
Il faut rouvrir le débat sur le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Ce principe fut ratifié par les Etats africains en 1963 au moment de la fondation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Ce faisant, les Africains endossèrent la partition du continent opérée lors de la conférence de Berlin en 1884 par les puissances européennes.
Il faut rouvrir ce débat dans la mesure où ce principe d’intangibilité, qui était supposé consacrer la souveraineté des Etats nationaux, est désormais un facteur d’émasculation de cette souveraineté dans le contexte des politiques antimigratoires poursuivies par l’Europe.
Il faut le rouvrir non pas pour abolir dans l’immédiat les frontières héritées de la colonisation, mais pour définir des étapes concrètes visant à atteindre cet objectif d’ici à 2050.
Nous avons besoin de définir, pour nous, notre propre politique migratoire. Celle-ci ne doit pas dépendre des diktats de l’Europe. Ceci exige la mise en place d’un pacte continental sur les migrations intra-africaines. L’objectif de ce pacte serait de transformer le continent en un vaste espace de circulation pour tous ses enfants.
Des expériences ont déjà cours et vont dans ce sens, notamment dans plusieurs parties de l’Afrique de l’Ouest.
Dans l’immédiat, il nous faut déclarer un moratoire sur les déportations. Il nous faut mettre un terme à la longue histoire des déportations et des déplacements forcés sur ce continent. Il faut arrêter les déportations. Nous devons, en ce siècle, mettre un terme à cette horrible pratique qui aura confiné les Africains à ne jamais se déplacer que dans des chaînes. Il faut désenchaîner les corps noirs, arrêter de les souiller, et ouvrir, pour nous-mêmes, une nouvelle page de notre longue lutte pour l’affranchissement et la dignité.
Plus concrètement encore, nous devons procéder à une refonte générale de la politique des visas à l’intérieur de l’Afrique. Les nouvelles technologies nous permettent, par exemple, de passer à un nouveau stade où chaque détenteur d’un passeport africain qui voyage à l’intérieur du continent se verrait octroyer un visa à l’arrivée.
Il nous faut encourager les Etats à passer des accords réciproques qui permettent d’abroger les visas entre eux.
Cette phase de détente devrait ouvrir la voie à des changements plus structurels et à long terme. Elaguer puis moderniser les frontières, dans le sens de les rendre plus fluides, afin qu’elles puissent favoriser le passage et la flexibilité.
Un énorme travail est à faire de ce point de vue en matière de modernisation des régimes d’identité. Que d’ici à 2050 chaque Africain puisse disposer d’un acte de naissance, d’une carte d’identité, bref de documents biométriques virtuellement infalsifiables. Si au passage un tel effort aboutit à élargir le champ des surveillances, ce sera le modique prix à payer pour intensifier les circulations internes.
Aller au-delà des lumières
Le recours aux nouvelles technologies nous permettra également de mettre en place des bases de données que les Etats pourront partager entre eux dans le but de diminuer les risques, car ceux-ci existent. En matière d’échanges commerciaux, l’une des priorités est l’instauration de postes douaniers uniques qui permettraient d’alléger la contrebande aux frontières.
L’Afrique doit sortir du paradigme de la clôture et de l’enfermement qui anime la politique antimigratoire de l’Union européenne. Nous devons aller au-delà des notions héritées des Lumières, à l’instar du «droit d’hospitalité». En matière de traitement des étrangers et des hôtes, nos traditions philosophiques ont toujours reposé sur un socle anthropologique élargi. Le sociologue marocain Mehdi Alioua a ainsi montré comment, dans les oasis du désert saharien, une tradition multiséculaire d’hospitalité a longtemps prévalu.
Elle reposait sur une agriculture qui soutenait cette hospitalité. Faute de palmiers, arbres fruitiers et légumineuses étaient mis à contribution. Une partie des récoltes était toujours épargnée. Des protéines et calories étaient réservées pour les voyageurs, mais aussi les oiseaux et les insectes qui arrivaient à l’improviste, surtout en cas de disette.
Que dire du droit à une demeure (right of abode) inscrit dans la Constitution ghanéenne ? Il s’agit du droit à un abri, le droit sinon à un chez-soi, du moins à un lieu que l’on peut habiter en tout repos.
Dans le cas ghanéen, les bénéficiaires d’un tel droit sont essentiellement des personnes de descendance africaine dont les ancêtres furent autrefois déportés à l’époque de la traite des esclaves. Il s’agit donc de personnes qui, à un titre ou à un autre, sont nos parents, des êtres humains avec lesquels nous lient des liens de parenté lointains et, au besoin, fictifs. Ces parents ne sont pas des allogènes. Mais ils ne sont pas non plus des autochtones ou des natifs d’un lieu.
Il existe donc dans nos traditions des bases pour élargir le débat contemporain sur les migrations et le sortir des impasses philosophiques d’une Europe qui tourne en rond. Le droit à l’hospitalité suppose un visiteur qui vient d’ailleurs, qui n’est pas un parent, qui est un allogène, et un hôte, un autochtone, qui le reçoit, l’héberge et au besoin prend soin de lui. Ce droit est supposé bénéficier non seulement aux visiteurs, mais aussi aux réfugiés, à ceux et celles qui fuient une menace. Dans ses considérations sur la paix perpétuelle, Kant affirme que ce droit à l’hospitalité est un droit universel.
Il est inconditionnel dans le sens où, à supposer qu’un étranger frappe à notre porte et demande à rentrer, nous sommes dans l’obligation de lui ouvrir la porte et de lui accorder un abri si, en le renvoyant chez lui, il risque de perdre sa vie. Kant précise cependant que nous ne sommes pas obligés de faire de cet étranger un membre à part entière de notre communauté. Son séjour parmi nous ne peut pas être permanent par définition. Ce séjour est appelé, à un moment donné, à prendre fin car il est de la nature de l’étranger de devoir repartir à un moment donné.
Le droit ghanéen à une demeure peut être élargi au-delà des parents réels ou fictifs. Le rêve est que chacun puisse affirmer : «Le chez-moi, c’est le cosmos.» C’est l’ensemble de l’univers dont je suis l’un des habitants parmi d’autres habitants. Alors que notre monde devient chaque jour plus petit et que le temps nous est désormais compté, il nous faut réhabiliter cette appartenance première à l’univers. Elle doit primer sur l’appartenance seconde à un Etat territorial donné.
(1) Achille Mbembe reprend le mot anglais deportations, traduction du terme «expulsions», pour attirer l’attention sur un phénomène d’ampleur. En Afrique du Sud, explique-t-il, on expulse chaque année plus de 150 000 migrants dans des «conditions abominables».
par Abdou Diaw
L'ENDETTEMENT EN DÉBAT
L’Etat doit plutôt se montrer prudent dans sa politique d’endettement eu égard à la capacité de nuisance de la dette sur les finances publiques et sur notre économie, si elle n’est pas gérée avec beaucoup de précaution
Le débat sur l’endettement du Sénégal refait surface sous nos cieux avec la sortie du Chef de l’Etat Macky Sall qui, lors du panel sur l’émergence 2035, samedi passé, soutenait que l’Etat s’endettait utilement. La question de l’endettement est devenue, depuis ces dernières années, l’objet de débats controversés et cristallise toutes les attentions dans les rarissimes débats économiques. Hommes politiques, économistes, activistes, membres de la société civile, presque toutes les couches de la société livrent leur grain de sel. Des membres de l’opposition profitent des occasions pour tirer la sonnette d’alarme sur le niveau d’endettement du Sénégal ; des économistes qui se mêlent à la danse en alertant sur son évolution. Bref, tout le monde a voix au chapitre sur ce sujet. Ces tirs groupés semblent traduire toute l’attention qu’accordent les populations à la question de l’endettement. Dans certains Etats, l’endettement est même inscrit au cœur des politiques publiques et sa gestion est suivie de près par les agences de notation financières telles que Standard & Poor’s, Fitch group, West africa rating agence (Wara), Bloomfield Investment Corporation…
Mais, il convient de rappeler que l’endettement est un mécanisme de financement aussi vieux que le monde. En effet, outre les recettes douanières et fiscales et les dons, qui ne permettent pas souvent de combler tout le besoin de financement, nos Etats activent d’autres leviers comme les émissions d’eurobonds, les Sukuk (titre financier islamique) pour mobiliser des ressources avec des maturités plus longues. C’est dans cette optique qu’il faut inscrire la politique d’endettement du Sénégal. L’autre argument qui pourrait être mis sur la table pour justifier le recours à la dette est que les ressources domestiques (épargnes des banques locales) sont octroyées sur une durée courte ou moyenne. Des prêts de consommation ! Alors que l’Etat a besoin, pour la plupart, des capitaux à long terme pour financer des investissements structurants. Afin de mobiliser des ressources externes capables de financer leurs économies, les Etats misent sur les marchés financiers à travers l’émission de titres publics en vue de lever des fonds auprès des investisseurs. Ce qui est tout à fait naturel pour tout Etat optant pour la diversification de ses sources de financement. Existe-il un Etat, du moins dans la zone communautaire de l’Uemoa ou de la Cedeao, qui peut se passer de l’endettement ? Même les plus grandes puissances économiques du monde, Usa, Chine, font recours à l’endettement. Tant que l’activité économique tournera, les Etats auront toujours besoin des capitaux des investisseurs.
Cependant, c’est tout à fait légitime que des concitoyens s’interrogent sur la constitution de la dette de leur pays. Le recours effréné du Sénégal aux marchés financiers (Brvm et marchés financier international) et la signature d’accords de prêts avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux laisse apparaître, aux yeux de bon nombre de Sénégalais, des inquiétudes sur la capacité de remboursement de notre pays à toutes ces dettes contractées. Vu la maturité, souvent très longue, le règlement de certaines créances peut durer plusieurs années. D’où l’importance de prendre en compte l’avenir des générations futures qui risquent de porter un fardeau sur leurs épaules. C’est presque devenu un leitmotiv pour ne pas dire un refrain. Nos autorités soutiennent, souvent, que le Sénégal n’a pas encore atteint le seuil critique des 70%, norme communautaire fixée dans les critères de convergence de l’Uemoa. Ce qui laisse penser que nous pouvons toujours contracter des prêts par l’émission de titres publics. Mais jusqu’à quand ? Détrompons –nous ! Ce n’est pas parce que le taux d’endettement de notre pays (54,7% du Pib, dernier chiffre donné par le ministère des Finances et du Budget) est en dessous de ce plafond que le Sénégal se permet toujours de solliciter les capitaux des investisseurs internationaux. Nous devons plutôt nous interroger sur le rythme d’endettement de notre pays. L’Etat doit plutôt se montrer prudent dans sa politique d’endettement eu égard à la capacité de nuisance de la dette sur les finances publiques et sur notre économie, si elle n’est pas gérée avec beaucoup de précaution. Ces risques ont également trait aux fluctuations des taux de change, aux échéances de remboursement des euro-bonds. Le scandale de la « dette cachée » au Mozambique découvert récemment et la crise de la dette en Argentine restent encore frais dans les mémoires. Et la vague de taux négatifs qui touche les pays occidentaux installe déjà la panique sur une probable seconde crise financière après celle vécue en 2008. La sauvegarde de la viabilité de notre dette et la soutenabilité des finances publiques demeurent les principales préoccupations auxquelles nous devons faire face.
par Seydou Ka
L'HOMME D'ÉTAT
Plutôt que d’être le serviteur zélé d’un « monstre froid », prêt à broyer quiconque tenterait de contrarier ses ambitions, l’homme d’Etat doit être celui qui prêche la sagesse et la vertu au cœur du « système »
Il est fréquent d’entendre, après la disparition d’une personnalité publique, que c’était « un vrai homme d’Etat ». Par leur longévité aux affaires, ces « gorges profondes » ont dû avaler plusieurs secrets. C’est d’ailleurs ce culte du secret qui constitue le socle de la République. Que serait l’Etat si tout ce qui se tramait au plus haut sommet était exposé sur la place publique ? Jusqu’à une période assez récente donc, rien ne filtrait du Conseil des ministres, si ce n’est, bien entendu, le communiqué officiel, revêtant du coup ce qui s’est dit dans cette enceinte d’un manteau de solennité. C’est seulement après la première alternance de 2000 que les épais murs du palais ont cessé d’être une tour de verrou pour les « administrés » pour devenir une maison de verre, tellement les décisions qui y étaient prises « fuitaient » avant même d’être couchées sur du papier. L’on se souvient du coup de gueule de l’ancien président Abdoulaye Wade, allant jusqu’à faire jurer ses ministres « loyauté et silence ». Il était ainsi fréquent, à l’issue de chaque conseil des ministres, de retrouver dans la presse certains détails livrés par des ministres en « off ». Souvent, c’était pour rapporter les bévues d’un rival politique pour le déstabiliser. Il est vrai que ces fuites étaient à l’image de la gouvernance Wade, où la magie et le dérapage se le disputaient régulièrement à « l’éclectisme brouillon » (Mamadou Diouf), contrairement sous Diouf où le fonctionnement de l’Etat était régi par « l’organisation et la méthode accoudée à la règle administrative ». Sous Macky ces fuites sont devenues très rares ou plus discrètes. Certains puristes diront qu’on est revenu à l’ordre républicain.
C’est dire que dans la perception de ceux qui incarnent l’Etat – mais aussi des administrés – l’homme d’Etat, c’est avant tout un homme de silence. Quelqu’un qui, comme dans les sociétés secrètes, préfère mourir que de « parler » (révéler certains secrets). C’est pour cette raison que la publication des mémoires d’un président constitue toujours un événement en soi. Même si, là aussi, tout ne peut pas être dit. Au Sénégal, le modèle parfait de l’homme d’Etat, c’était Bruno Diatta, parti il y a un peu plus d’un an, emportant avec lui tant de secrets. Si le silence est une vertu, parfois, il faut le dire, des « hommes d’Etat » ont trempé dans de sordides complots d’Etat. Agissant au nom d’obscures forces idéologiques ou politiques, ces « gardiens de la nation » ont planifié et exécuté sans remords des complots retentissants. De l’affaire Dreyfus (en France) à la guerre en Irak (Etats-Unis) ou certaines affaires internes à nos jeunes Etats, l’histoire récente est riche de complots d’Etat orchestrés par des « hommes d’Etat ». On entend souvent Donald Trump, le président américain, se plaindre du « deep state » (l’état profond) qui comploterait pour le faire tomber. La réalité est sans doute plus complexe – notre propos n’est pas de traiter du cas spécifique des Etats-Unis ici – mais, dans une convergence d’intérêts, cet « Etat dans l’Etat » peut parfaitement neutraliser un président ou commettre un crime d’Etat à l’insu d’un président.
C’est pourquoi, dans notre entendement, plutôt que d’être le serviteur zélé d’un « monstre froid », prêt à broyer quiconque tenterait de contrarier ses ambitions, l’homme d’Etat doit être celui qui prêche la sagesse et la vertu au cœur du « système » pour reprendre le jargon de certains. Car, comme nous le disions dans une précédente chronique, les institutions ne sont pas vertueuses en soi. Elles sont à l’image de ceux qui les incarnent. Ce sont des hommes d’Etat vertueux qui font un Etat vertueux et juste et non l’inverse. Cependant, gardons-nous d’un discours trop simpliste et moralisateur. Dans le feu de l’action et devant la complexité de certaines situations, les décideurs n’ont pas toujours le temps de prendre du recul et d’agir avec discernement.
Que serait la République sans ces serviteurs ? Le pouvoir est avant tout une affaire de symbole. Un mythe, diront d’autres. Et pour perpétuer ce « mythe », d’une force autonome, dans la conscience collective, la République prévoit tout un cérémonial pour honorer les hommes d’Etat. Le plus souvent après leur disparition. Au-delà de rendre hommage à un « grand commis de l’Etat », l’idée est de le montrer en exemple pour les générations actuelles et futures. Par la même occasion, la République entretient sa propre gloire. En France, Le Panthéon a vocation à honorer de grands personnages ayant marqué l’histoire du pays, y compris des hommes d’Etat. Sous nos tropiques, ils reçoivent généralement la plus haute distinction à titre posthume. Certains se demandent à quoi ça sert si le principal concerné ne peut même pas éprouver la satisfaction morale de cette reconnaissance. C’est oublier que le message est avant tout destiné aux vivants. Le défunt n’ayant été, comme de son vivant d’ailleurs, qu’un instrument au service de l’Etat. Après tout, les hommes passent et l’Etat reste !
ALERTE SUR LA SIGNATURE DU CONTRAT D'AFFERMAGE AVEC SUEZ !
Est-ce que SUEZ vient au Sénégal pour se refaire une santé financière sur le dos du contribuable sénégalais, après avoir vendu des actions ? COMMUNIQUÉ CONJOINT DE PLUSIEURS ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué conjoint des organisations de la société civile dont : le Forum social sénégalais, le Conseil Citoyen Droit à l’Eau et à l’Assainissement, FRAPP, Gilets Rouges, dat& du 20 novembre 2019, à propos de l'attribution de la gestion de l'eau par l'État sénégalais.
"Depuis bientôt trois ans, le Sénégal a lancé un Appel d’Offres international pour la sélection d’un opérateur privé chargé de la gestion par affermage du service public de production et de distribution d’eau potable en milieu urbain au Sénégal.
Le dépouillement des offres reçues pour l’appel a connu beaucoup de rebondissements avec une attribution encore contestée à la société française SUEZ.
Après plusieurs rejets aussi bien au niveau de la Direction du Contrôle des Marchés Publics (DCMP) que de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics, (ARMP), Monsieur Mansour Faye, Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement et son successeur Sérigne Mbaye Thiam, Ministre de l’Eau et de l’Assainissement, ont déclaré une attribution définitive du contrat à Suez, en avril 2019, malgré les flagrants conflits d’intérêt et les soupçons de corruption. Depuis lors, la signature du contrat entre l’Etat du Sénégal et l’attributaire SUEZ n’a pas encore eu lieu
Quelle en est la raison ?
Que va-t-on dire demain à nos enfants sur le Groupe Suez futur gestionnaire du contrat d’affermage pour 15 ans qui se trouve bien en situation de conflit d’intérêt avec sa filiale Suez Internationale, qui a remporté avec son partenaire local le Consortium Des Entreprises (CDE), la construction de l’usine d’eau potable de Ker Momar Sarr3 (KMS3) ?
Qu’est ce que les services juridiques et de lutte contre la corruption feront demain des soupçons de corruption avérés avec les dons reconnus et avoués entre SUEZ et des responsables du Ministère en charge du dossier ?
En dépit de tous les manquements notés dans la conduite de ce dossier d’Appel d’Offres et l’attribution faite à SUEZ avec une certaine complicité, sa Directrice désignée est présente au Sénégal depuis plusieurs mois avec une dizaine d’expatriés pour conduire les négociations avec l’Etat du Sénégal.
Ces derniers logent dans un hôtel de la place pas loin du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement dans ses nouveaux locaux de Diamniadio ; et séjournent souvent dans un autre hôtel à St Louis, fief d’une autre personnalité qui a été à un moment donné, maître d’œuvre dans la conduite du dossier, sans doute, pour mieux parler loin de tout regard.
Les négociations pour la signature du fameux contrat d’affermage entre l’Etat du Sénégal et le Groupe Suez sont toujours en cours.
La procédure de passation de service a été validée par la signature d’un protocole d’accord. Cependant nous nous interrogeons sur les capacités de SUEZ à mener à bien sa prochaine mission au Sénégal avec les difficultés qui l’auraient amené à vendre une partie des Actions de son Capital pour éponger une dette de 5895 milliards de francs CFA, selon la presse française.
Est-ce que donc SUEZ vient au Sénégal pour se refaire une santé financière sur le dos du contribuable sénégalais, après avoir vendu des actions ? Tout cela nous amène aussi à nous demander si SUEZ aura les moyens de réaliser les investissements colossaux dont a besoin la distribution de l’eau à Dakar et dans les grands centres urbains de notre pays ?
Nos sources européennes, et africaines au sein des réseaux auxquels nous appartenons tous, (FAME) Forum Alternatif Mondial de l’Eau et (COCIDEAF) Conseil Citoyen Droit à l’Eau en Afrique, nous alertent et nous disent de faire attention car SUEZ cherche à faire signer au Sénégal, un « contrat en béton » qui lui permettra d’être à l’abri de toute surprise en cours d’exécution pendant les quinze années de la durée de ce contrat au Sénégal, si demain des problèmes surgissaient.
Est-ce qu’il est envisageable que SUEZ accèdent au patrimoine déjà existant au franc symbolique comme le considèrent certaines informations qui nous parviennent de nos collègues des Réseaux citoyens Droit à l’eau et à l’assainissement ?
Est-ce que la SDE va accepter de céder son patrimoine dans les conditions que le souhaitent SUEZ et ses « courtiers sénégalais » qui ont longtemps travaillé à lui offrir ce contrat ?
Les lenteurs de la signature cacheraient–elles aussi la bataille des actionnaires, où « de nouveaux riches et proches du pouvoir » chercheraient à s’accaparer des parts importantes, et veulent refuser au personnel travailleur les 15% qu’il réclame ?
Le Premier Ministre français Edouard Philippe actuellement en visite dans notre pays, serait –il également venu pour mettre la pression sur l’Etat du Sénégal pour la finalisation du contrat d’affermage ?
En attendant de trouver des réponses à toutes ces questions, nous voudrions rappeler aux sénégalais ce qui risque d’arriver sous peu dans les services d’accès à l’eau en milieu urbain et péri-urbains.
Les branchements au réseau de notre EAU se feront désormais à 239.000f TTC. Ainsi, la baisse du prix de l’eau, tant vantée par les autorités de notre pays avec la venue de SUEZ pourra–t-elle être aussi effective comme le souhaitent les sénégalais ?
Les travaux de branchements et autres services connexes se feront aussi avec des entreprises qui pourraient être montée par des prêtes–noms et autres proches du régime, car c’est dans ce volet qu’il est facile de gagner beaucoup d’argent dans le secteur de l’eau.
Et pour conclure, nous, Organisations signataires de ce Communiqué, restons déterminées à mener cette bataille de clarification de ce contrat qui a l’allure du plus gros scandale dans le secteur de l’eau au Sénégal, depuis les indépendances.
Pour la Patrie, contre le néocolonialisme et les fossoyeurs de nos Biens Communs et de nos -Ressources, nous vaincrons !"