Le first gaz et le first oil sont prévus respectivement en 2022 et 2023. Pour cela, Macky Sall a demandé aux responsables de Petrosen, du Cos-Petrogaz et du Ministère du Pétrole et des Energies d’accélérer les procédures administratives pour une facilitation des autorisations pour les compagnies concernées. Hier, lors de la quatrième édition de la conférence du bassin MSGBC, il a déclaré que ce dernier n’a pas encore livré tout son potentiel.
Le président de la République ne veut pas que du temps soit perdu dans l’exploitation du gaz et du pétrole au Sénégal. Pour cela, il a demandé hier, lors de la quatrième édition de la conférence du bassin MSGBC qui a réuni des représentants des cinq pays ayant en partage le bassin sédimentaire à Petrosen, au COS-Petrogaz et au Ministère du Pétrole et des Energies d’adapter les nouvelles procédures administratives en vue de délivrer des autorisations administratives aux compagnies concernées, afin que les navires puissent opérer. «En relation avec l’Etat-Major particulier de la Présidence de la République, il faut que des procédures expresses soient définies. Nous voulons que le first gaz programmé en 2022 et le first oil pour 2023 soient une réalité, car nous voulons travailler en Fast-track. Il faut que les procédures administratives suivent l’évolution de ces différents chantiers», a dit le chef de l’Etat.
Pour le président de la République Macky Sall qui a présidé la rencontre, ce sommet offre l’occasion de montrer aux acteurs mondiaux du secteur pétrolier l’exemplarité de la coopération entre ces pays qui ont en partage le bassin sédimentaire, mais aussi l’attractivité de ce dernier qui est loin d’avoir livré tout son potentiel. «Cette quatrième édition de la conférence de MSGBC se tient à une période toute particulière, à un moment où beaucoup d’évolutions positives ont été notées depuis les découvertes du pétrole et du gaz au Sénégal», a dit le chef de l’Etat Macky Sall. Pour lui, les avancées dans ce domaine doivent être accompagnées de réformes bien structurées qui sont portées par des orientations stratégiques, des mesures ciblées et des dispositions participant à asseoir un cadre de gestion sain et durable de ces ressources au bénéfice du peuple sénégalais. Pour le chef de l’Etat, c’est tout le sens des améliorations qu’il a apportées dans le dispositif institutionnel et le cadre juridique depuis la découverte de ces deux ressources naturelles au Sénégal.
INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES
Macky Sall, dans son discours, a salué la coopération interrégionale qui s’est traduite par un accord signé entre la Mauritanie et le Sénégal. Pour lui, c’est la preuve que les compagnies peuvent faire confiance aux pays qui partagent le bassin. «Cette coopération mérite d’être saluée, car les Etats ont une claire vision. Ils savent que c’est dans la coopération et l’amitié que nous pouvons valoriser ces ressources. Cela rassure les partenaires. L’autre aspect reste l’utilisation de la technologie et de la science dans la stratégie et la prise de décisions des activités d’exploration et de production», a-t-il soutenu. Il a demandé aux acteurs du pétrole et du gaz de se mettre à jour pour avoir les dernières innovations technologiques qui devront, d’après lui, permettre de mieux découvrir les ressources naturelles. Il cite l’exemple de l’ultra deep. Il rappelle qu’il y a une vingtaine d’années, personne ne pensait qu’à 1 200 mètres sous l’eau, on pouvait opérer et y trouver des ressources naturelles. Pour Macky Sall, c’est devenu un exercice banal. «Vous aurez à étudier l’environnement commercial et réglementaire, mais aussi des projets de développement déjà réalisés ou en cours comme celui du GTA et Sangomar. Vos conclusions permettront de tirer les meilleures leçons pour une mise en évidence rapide et une exploitation des ressources du MSGBC, favorisant notamment le développement économique et social des pays concernés», a soutenu le chef de l’Etat. Le Sénégal partage ce bassin avec la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau et la Mauritanie.
CES FACTEURS QUI PORTENT ATTEINTE A L’EFFICACITE DU MOUVEMENT SYNDICAL ENSEIGNANT
La fragmentation du mouvement syndical dans le secteur de l’éducation a porté un sérieux coup à l’efficacité de l’action syndicale, avec des rivalités internes, la surenchère dans les luttes revendicatives, etc.
La fragmentation du mouvement syndical dans le secteur de l’éducation a porté un sérieux coup à l’efficacité de l’action syndicale, avec des rivalités internes, la surenchère dans les luttes revendicatives, etc. Et ce, contrairement aux années 80, avec le bloc homogène autour de la fameuse grève du Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal (SUDES) du 13 mai 1980 et qui avait secoué la République. C’est pour réunifier l’action syndicale dans le système que des syndicats se sont retrouvés autour de l’Union syndicale pour une éducation de qualité (USEQ).
Au Sénégal, la fragmentation du mouvement syndical, notamment dans le secteur de l’éducation, porte un sacré coup à l’efficacité de l’action syndicale. C’est dire que «le mouvement syndical enseignant d’aujourd’hui est confronté à d’énormes problèmes comme la division profonde, les rivalités, la surenchère dans les luttes revendicatives, et tout cela au détriment de l’école publique ». Ce cliché est loin de celui des années 80, avec un mouvement fort autour du Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal (SUDES), qui regroupait alors la majorité des enseignants, du préscolaire au supérieur. Et tout le monde se rappelle la grève d’avertissement de 24 heures du 13 mai 1980, qui avait surpris non seulement le gouvernement de l’époque, mais aussi l’opinion nationale par son niveau d’organisation. Pris de panique, le gouvernement d’alors s’était empêtré d’abord dans une logique de sanctions contre les grévistes (suspension, révocation, affectations d’office, etc.), ce qui n’avait en aucun cas faibli la détermination du syndicat. C’est d’ailleurs cette posture syndicale qui avait poussé le Président Abdou Diouf, le 12 mars 1981, à prendre la décision de lever toutes les sanctions frappant les militants du SUDES.
C’est fort de ce constant que le Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (SAES), le Syndicat National des Enseignants de l’Elémentaire (SNEEL) affilié à la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS), le Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal (SUDES), le Syndicat des Professeurs du Sénégal (SYPROS) et l’Union Démocratique des Enseignants (UDEN) se sont inscrits dans une dynamique d’unification organique du mouvement syndical enseignant. C’est ainsi qu’est née l’Union Syndicale pour une Education de Qualité (USEQ) en avril 2014.
Deux ateliers d’orientation stratégique, d’approbation et de partage du processus ont été tenus en août et novembre de la même année. Ils ont ouvert le chantier de la réflexion et de l’action pour l’engagement sur le chemin de l’unité. Ce qui a permis d’identifier, entre autres, les enjeux et les défis de l’époque, les atouts, les contraintes ainsi que les stratégies et les différentes étapes d’un tel processus.
Et chemin faisant, l’USEQ s’est dotée d’une charte des principes, d’un projet de statuts et s’en enrichi d’un nouveau membre avec l’adhésion du Syndicat des Enseignants Libres du Sénégal (SELS). C’est dans cette continuité que se tient à Thiès une rencontre de deux jours, pour revisiter le chemin parcouru, identifier les avancées, les contraintes, mais aussi les nouvelles stratégies aptes à porter le processus et de renouveler l’engagement des différentes parties prenantes.
La rencontre sera marquée par l’élaboration d’un document d’orientation et de stratégies largement partagé par les acteurs, pour servir de bréviaire à l’action, dans le processus d’unification. Il s’y ajoute l’identification de pistes d’action et l’établissement d’une feuille de route pour la réalisation de l’unité à la base. Selon Amadou Diaouné Coordonnateur de l’USEQ, l’objectif est d’œuvrer à la réalisation de l’unité syndicale dans le secteur de l’éducation au Sénégal. Il s’agit donc à travers cette rencontre de réfléchir davantage sur les stratégies pouvant mener à un mouvement syndical uni, fort, pour aider à la réalisation d’une école publique de qualité.
«UNE ACCUMULATION DE DEFICITS PLACE L’ECOLE PUBLIQUE AU BORD DU GOUFFRE»
Pour Amadou Diaouné, l’unité syndicale permettra de régler les problèmes de l’école publique car elle sera dans ce cas une force puissante, capable de proposer et de lutter, pour que l’Etat oriente les politiques publiques vers la réalisation des objectifs attendus par la nation. Le constat est qu’aujourd’hui, dit-il, l’école publique est au bord du gouffre à cause d’une accumulation de beaucoup de déficits, notamment celui d’enseignants. Et ce déficit est noté dans tous les ordres d’enseignement et cela n’est pas de nature à créer les conditions d’une éducation de qualité, encore moins de l’atteinte de l’objectif 4 des objectifs de développement durable (ODD). Il s’agit d’une scolarisation universelle de 10 ans et les politiques en cours dans ce domaine sont dans l’incapacité de pouvoir réaliser un tel objectif. D’où la nécessité, à ses yeux, de réorienter la politique éducative en investissant plus et en recrutant beaucoup d’enseignants.
Evoquant la problématique de la crise cyclique qui secoue le système, il affirme qu’il y a régulièrement des rencontres entre l’Etat et les syndicats d’enseignants. Et à la suite des accords, un monotoring est établi et dont le suivi est assuré par l’Etat et les syndicats. Pourquoi donc il y a blocage quelque part ? Se demande-t-il, avant de répondre lui-même en ces termes : « c’est parce qu’on se rend compte que les engagements qui sont pris par le gouvernement, avec des échéances prévues, ne sont jamais respectées. La conséquence est que les points d’accord à réaliser demeurent, ce qui engendre toujours des perturbations dans le système.»
Par Cheikh DIOP
CRI DU CŒUR D’UN SYNDICALISTE ANGOISSE
Le combat pour un système alternatif basé sur des valeurs humaines fortes, est devenu une exigence, incontournable pour faire face à tous ces défis mondiaux qui conditionnent l’avenir du travail et la stabilité sociale de l’humanité
La relation historique qui caractérise le couple Capital-Travail nous enseigne que le combat que mène la force de Travail depuis l’aube des temps contre le Capital n’est pas une lutte à mort. Il s’agit plutôt d’un combat perpétuel pour créer et maintenir un rapport de forces équilibré qui tempère les velléités du Capital à domestiquer le Travail et socialise les rapports de travail. Ce n’est que sous un tel rapport que nous arriverons à une redistribution correcte de la production au sens large et à une protection environnementale qui passe nécessairement par le changement du système de production suicidaire actuel.
Mesurant ce rapport à l’aune de la globalisation, je suis inquiet de notre réveil qui pourrait être brutal, nous autres, acteurs du mouvement syndical, surpris que nous serons, par les changements fondamentaux à grande vitesse, impulsés par l’ère de la4ème révolution industrielle dite révolution 4.0. Cette révolution de l’économie virtuelle, marquée par le progrès technologique qui génère l’industrie virtuelle, la finance virtuelle, la robotisation du travail et sa mondialisation à outrance, milite manifestement en faveur du Capital et des excès de la finance globale, au détriment du Travail, de l’économie réelle et solidaire pour un développement intégré durable.
A ces nouveaux paradigmes de l’ultra libéralisme, s’associe la dérèglementation climatique, environnementale et écologique qui, à elle seule, est une réelle menace qui pèse sur la vie de la planète terre et par conséquent sur le Travail, car il n’y a pas d’emplois dans une planète morte. L’avenir du travail se pose aussi en ces termes. Nous rendons-nous compte que pour construire des buildings en un temps N fois réduit qu’il ne l’a été jusqu’à maintenant, il suffit simplement d’un ou de quelques individus et d’une machine ; de même, pour toute sorte d’opération bancaire, nous n’avons plus besoin ni de nous déplacer ni des services d’un quelconque employé. Nous rendons-nous compte que, même la grève sous sa forme actuelle va être très vite dépassée, plus vite qu’on ne puisse l’imaginer. Alors, acceptons qu’à présent, plus que jamais, ni la rivalité ou l’adversité, ni aucun autre détail crypto personnel qui nous divertit ou nous détourne de la reconstruction de notre unité sacrée, n’ont plus de place dans la gouvernance syndicale pour l’accomplissement de notre mission de syndicaliste à l’ère de l’économie virtuelle. L’heure est à la remobilisation, au renforcement de l’unité d’action et de l’unité organique, à la réorganisation pour l’unification des luttes, et à la réadaptation de nos stratégies.
Mieux, aujourd’hui, nous devons procéder à la remise en cause même des formes actuelles d’organisations, quand on sait que le mouvement des gilets jaunes et d’autres mouvements similaires qui émergent à travers le monde, semblent ne plus se reconnaitre dans le mouvement revendicatif de représentation, tel que les syndicats. Tous ces signaux prouvent qu’au fond, les travailleurs, qui s’accordent toujours sur l’essentiel ne sont pas divisés mais ce sont les organisations syndicales et leurs leaders qui le sont.
Remettons-nous en cause dans le but de mieux resserrer nos rangs, de recentrer nos missions, de réadapter nos stratégies. A mon avis, nous gagnerions à envisager, pourquoi pas, une vaste alliance au-delà de nos organisations, à créer une sorte d’entente avec les peuples, qui sont nos premiers alliés, concernés qu’ils sont par le progrès social et économique, l’équité et la justice. A coup sûr, cela nous renforcerait, face aux dérives et agressions du Capital, pour maintenir ce rapport de force indispensable, sans lequel, l’humanité n’est pas à l’abri de «l’apocalypse». Dans l’économie globale, la définition qui confine la mission syndicale à la seule défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, est devenue trop étriquée.
La conception actuelle des règles de la mondialisation basée sur les excès de la finance globale, élargit de facto les missions du mouvement syndical qui inscrit désormais son action dans celle du peuple et intègre ses préoccupations dans celles des populations. Cette redéfinition de l’action syndicale me conforte dans l’idée d’une vaste alliance des syndicats et des peuples, de ses segments les plus organisés, pour faire face efficacement aux fléaux de la quatrième révolution industrielle. De nos jours, un nombre croissant d’individus n’a pas accès à l’emploi, le service public recule, le Capital privé multinational gagne du terrain. Les tendances à restreindre l’espace démocratique apparaissent comme une préoccupation majeure à l’échelle mondiale. L’indice des droits dans le monde en 2018 évalué par la CSI (Confédération Syndicale Internationale), révèle une réduction systématique de l’espace démocratique ainsi qu’une recrudescence des violations des droits tels que les libertés syndicales et la négociation collective. Malgré une croissance économique sans précédent au cours de ces dernières décennies, les salaires stagnent à l’échelle mondiale à l’inverse de la hausse de la productivité et de l’inflation galopante. Des millions de travailleurs exerçant un travail atypique, ne gagnent pas suffisamment pour vivre dignement, des centaines de millions d’individus vivent dans l’extrême pauvreté.
Cette extrême pauvreté génère de la violence, elle-même devient de plus en plus, une sorte de violence exercée par l’accumulation opulente de richesses mal redistribuées, accaparées par une infime minorité, ne représentant qu’ 1% des 7, 63 Milliards d’individus sur terre. Ce modèle économique virtuel généré par la 4ème révolution industrielle 4.0 est bien décrit par le Pr Abdoulaye TAYE, enseignant chercheur, qui disait dans une contribution, je cite : « le modèle capitaliste libéral s’est révélé toutefois comme une technique économique de production efficace. Il s’est avéré en revanche comme une piètre technique économique de distribution. Il ne permet pas à l’écrasante majorité d’accéder à ses produits et service.
Les supermarchés sont pleins de produits alimentaires, mais les ventres sont creux et grondent de faim. Les mendiants dépourvus de revenus envahissent les rues. Les magasins sont remplis d’eau et de boissons, mais les masses ont soif et ne trouvent pas d’eau potable pour se désaltérer. Les sans domiciles dorment à côté d’appartements vides faute de locataires solvables. On peut trouver tous les produits et les services en abondance, mais on ne peut pas se les offrir. Pour les acquérir il faut un emploi et un salaire. …». Le combat pour un système alternatif basé sur des valeurs humaines fortes, est devenu une exigence, incontournable pour faire face à tous ces défis mondiaux qui conditionnent l’avenir du travail et la stabilité sociale de l’humanité. Manifestement, le système actuel de l’économique virtuelle est piégé.
Pour éviter que le combat permanent du Travail contre le Capital ne soit un combat à mort, il nous faut un nouveau contrat social. Qui plus que l’Afrique et les syndicats africains ont intérêt à l’avènement d’un système économique juste, socialement équitable, garantissant le développement durable dans un environnement stable et sécurisé ? Les syndicats et les peuples doivent tirer tous les enseignements de deux phénomènes historiques : la traite des nègres et l’immigration qualifiée de clandestine. Ces deux catastrophes illustrent parfaitement l’égoïsme débordant du Capital. La traite des nègres, cette immigration forcée organisée par le Capital pour satisfaire la forte demande de main d’œuvre générée par les premières révolutions industrielles des années 1800. A contrario, le système de l’économie virtuelle de la quatrième révolution industrielle 4.0 restreint drastiquement l’utilité de la main d’œuvre, dont il rejette honteusement l’offre qualifiée d’immigration clandestine.
Dans les deux cas de figures, les peuples, les travailleurs et leurs syndicats en ont beaucoup souffert et souffrent encore de ce pillage de nos habitants, de nos ressources et de nos richesses qui n’a que trop duré. En cette quatrième révolution industrielle, toutes les prévisions s’accordent sur le fait que le continent Africain sera la future plaque tournante de l’économie mondiale, par conséquent il sera la destination favorite des grands investissements mondiaux.
Le Capital s’y est déjà préparé, nous laissant en rade, car selon les statistiques de l’OIT, l’Afrique détiendrait dans un avenir proche, le tiers des travailleurs du monde, favorisée qu’elle est par une population rajeunissante et une démographie croissante. Pour toutes ces raisons, le mouvement syndical en général, africain en particulier, dans son unité et dans ses alliances les plus larges possibles, doit se mettre au premier rang du combat pour un nouveau contrat social. Ce contexte mondial d’impréparation des syndicats rejaillit fortement sur le plan national où la situation est révélatrice. Depuis plus de deux décennies, en effet, le mouvement syndical national sénégalais, ne prend en charge que des revendications de restitution qu’il peine à faire aboutir.
En effet le passif des accords dans les secteurs sociaux de l’éducation, de la santé et de la justice, le passif social des ex travailleurs d’entreprises fermées ou en difficulté, les violations persistantes des droits et libertés des travailleurs, les incohérences avérées du système de rémunération des agents de la fonction publique, la mise en œuvre tardive de la fonction publique locale, la relance pénible, quasi-inexistante des entreprises en difficulté, et j’en passe….ont fini de révéler les limites des luttes désorganisées, sectaires et corporatistes, conséquences graves de l’émiettement des forces syndicales et de la désunion des syndicats de l’élite engagée et du mouvement ouvrier regroupé dans les confédérations dites centrales.
Cette situation nous interpelle tous, c’est la raison pour laquelle nous avons l’obligation d’appeler à faire cause commune, à revisiter notre histoire, celle du syndicalisme qui repose sur des fondements idéologiques et sur des valeurs d’engagement, d’unité, de solidarité, d’équité et de justice. C’est illusoire de vouloir préserver sa seule case dans une forêt dense tout en flammes. L’organisation des luttes syndicales pour de nouvelles conquêtes sociales et pour la défense des droits et libertés, c’est notre seule voie de salut. Le dialogue social de restitution que mène le mouvement syndical sénégalais depuis plus de deux décennies, illustre parfaitement notre échec collectif. «S’unir pour faire la différence», ce thème du quatrième congrès ordinaire de la CSI/Afrique qui vient de se tenir à Abuja au Nigéria les 19, 20 et 21 novembre 2019 est venu à son heure. Les syndicats n’appellent pas à l’unité, au renforcement des forces sociales pour faire de la dictature syndicale ou pour faire barrage au progrès technique et technologique, nous n’en sommes nullement contre.
Dans le domaine médical par exemple, l’IA (l’Intelligence Artificielle) a permis beaucoup d’avancées dans la recherche et dans le traitement des maladies redoutables comme le cancer. Aujourd’hui, on parle de guérison possible des cancers avec cette masse d’informations jadis inimaginables que l’IA met à la disposition des spécialistes du domaine médical. Mais il manque et manquera toujours à l’IA, l’intelligence sociale, indispensable à l’humanité. Pour une quatrième révolution industrielle à visage humain, UNISSONS-NOUS.
Cheikh Diop est secrétaire Général de la CNTS/FC
A PARIS, LE CAMP DE LA HONTE
Porte d’Aubervilliers, au ras du périphérique, 2 000 migrants survivent dans un flot d’indifférence
Le terrain boueux, casse-gueule, se traverse en équilibriste. Couvertures, bâches, tapis, sacs de couchage retiennent tant bien que mal de la glissade. La gadoue qui les recouvre ne gêne plus les adolescents qui circulent en sandalettes, sans chaussettes. Au pied du muret qui longe la bretelle d’accès au périphérique, un amoncellement de détritus, sur 350 mètres ; des montagnes de vêtements usagés, trop humides pour être portés plusieurs jours : l’hiver les empêche de sécher. Environ 2 000 migrants survivent dans cette poubelle géante, bidonville indigne à 3 kilomètres du Sacré-Cœur. Afghans, Soudanais, Erythréens, Somaliens et, depuis peu, Iraniens et Koweïtiens. A la nuit tombée, une armée de rats vient quasiment doubler cette population. Ils pénètrent sans gêne dans les cabanes et les tentes endormies, y déposent leur urine nauséabonde.
Les cabanes, minuscules, bricolées avec des morceaux de tôle et de contreplaqué offerts par les Roms, s’alignent sur la partie haute du camp. On en compte une soixantaine, la plupart aménagées avec un soin émouvant : au sol, lino carrelé, tabourets rouillés ou fauteuils éventrés ; un seau ou une bassine d’eau ; un réchaud. Des étagères branlantes portent le strict nécessaire pour la toilette et les maigres provisions. Des bougies éclairent un morceau de verre souvent brisé, miroir de fortune. Le lit : une planche en bois et un matelas en mousse détrempé où se serrent deux, trois personnes. Ishaq, 30 ans, a quitté l’Erythrée depuis que l’Etat a entrepris de fermer une à une les églises et les écoles. Il a transformé sa cabane en chapelle. Sur sa porte en bois blanc, Ishaq a inscrit au feutre le psaume 23 de l’Ancien Testament : « L’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien. » A l’intérieur, une exposition des portraits froissés des évangélistes, rapportés de son pays, où il devait les cacher. « Dieu nous fait avancer dans les bons jours comme dans les mauvais », murmure-t-il dans un sourire.
On ne compte plus les tentes, collées les unes aux autres, de toutes tailles et couleurs, où s’entassent entre trois et huit personnes. Amir et Asmata, deux Afghans de 23 ans, ont négocié la leur (30 euros) à d’autres Afghans rencontrés ici le 28 décembre 2019, jour de leur arrivée. Réparateurs d’ordinateurs à Kaboul, les deux amis ont décidé de fuir leur pays en juin 2018, après avoir professé leur athéisme sur les réseaux sociaux. Ils sont hazaras, cette minorité chiite cible favorite des talibans qui les torturent ou les décapitent. Ils ont traversé l’Iran, la Turquie, franchi la Méditerranée sur un bateau « très d’occasion », où dix personnes ont trouvé la mort.
Amir et Asmata font partie des rares nouveaux venus en Occident. A Aubervilliers, comme ailleurs en France et en Europe, ces « primo-arrivants » représentent 25 % seulement des migrants. « Depuis la grande vague de 2015, le nombre de demandeurs d’asile est retombé au niveau normal et gérable de 2014 : 600 000 pour l’UE, constate Pierre Henry, directeur de France terre d’asile. Mais ces camps alimentent le fantasme de l’envahissement » : 75 % des occupants de la porte d’Aubervilliers sont arrivés en Europe en 2015, qu’ils sillonnent depuis quatre ans. Résultat « fâcheux et déplorable » du règlement de Dublin III, sur lequel toutes les associations tirent à boulets rouges : le pays dans lequel une demande d’asile a été formulée est celui chargé de son instruction. S’il est débouté, le demandeur peut rouvrir un dossier dans un autre pays de l’Union, mais de douze à dix-huit mois plus tard, selon les règles en vigueur. Conséquence : des mois d’errance utilisés comme arme de dissuasion pour stopper d’éventuels candidats. « On se trompe : l’espoir qui guide ces populations est plus fort que nos traités, poursuit Pierre Henry ; 250 000 êtres humains sont ainsi satellisés au sein de l’Europe. Les pays se les refilent comme une patate chaude », déplore-t-il. Ainsi, sur cette bordure de périphérique, ils sont quelques-uns à avoir été déboutés de toutes les procédures, même par la Cour nationale du droit d’asile.
Devant leur grande tente recouverte d’une épaisse bâche imperméable bleue – un luxe, ici –, huit copains afghans partagent un poulet aux oignons, cuit sur un brasero. Ils ont fui leur pays en 2016, se sont rencontrés au hasard de leur long périple. Déboutés en Serbie, en Hongrie, en Autriche ou en Allemagne, nations qu’ils ont traversées à pied, ils font partie des « réfugiés statutaires » qui possèdent des autorisations de séjour variant de un à cinq ans. « Dublin rime avec inhumain, s’indigne Yann Manzi, cofondateur d’Utopia 56. Le labyrinthe administratif crée un mur invisible. On remet à la rue des milliers de personnes obligées de s’installer dans une clandestinité provisoire. Leurs droits fondamentaux – boire, manger, se laver – sont bafoués. L’Europe est incapable de se mettre autour d’une table pour intégrer ces 0,03 % de sa population. Ça n’est pas une crise migratoire, c’est une crise d’accueil ! »
Selon Pierre Henry, « 80 % du flux migratoire concerne sept pays de l’UE. Il suffirait qu’ils s’accordent à sept sur des critères convergents. » L’Italie et l’Espagne n’enregistrent quasiment plus d’empreintes. Ils considèrent avoir pris leur part, comme l’Allemagne, qui a reçu en 2015 890 000 réfugiés, en majorité syriens. La France supprime des aides aux migrants enregistrés dans un autre pays membre. On n’accueille pas vraiment, on n’expulse pas non plus. « Pour éloigner ces populations, nous signons des accords financiers odieux avec la Turquie, l’Algérie, le Maroc et même la Libye, affirme Yann Manzi. Résultat : on fabrique des sans-papiers, des déçus qui deviennent délinquants de droit commun. Et peut-être même de futures bombes. On alimente aussi les réseaux de passeurs. » Entre 2015 et 2019, 1 362 filières ont été démantelées.
A l’époque de la grande vague migratoire, les permanences de psy traitaient le stress post-traumatique lié aux situations de guerre, aux dangers du voyage – dont les viols en Libye –, aux pertes de proches lors de traversées en mer. Hanaë El Bakkali, psychothérapeute pour Le Chêne et l’Hibiscus, voit désormais apparaître des états dépressifs. « Cette errance engendre la perte d’espoir et surtout d’identité, témoigne-t-elle. Mes interlocuteurs se sentent déshumanisés, rejetés. Leur désillusion se traduit par de la honte, mais aussi par beaucoup de colère. »
Afghans, Soudanais, Erythréens se débrouillent tous en allemand, en italien, en espagnol, langues des pays où ils ont transité. Ahoabta, 26 ans, a quitté en février 2016 Asmara, capitale de l’Erythrée, le pays le plus fermé de la Corne de l’Afrique. Ce ne sont ni la sécheresse ni la pénurie d’eau et de nourriture qui ont motivé son départ, mais l’armée. « Le service militaire est obligatoire, sauf que sa durée, c’est à la tête du client. Il peut durer toute une vie ! Moi, je rêve d’être avocat en France. » Il a accosté en Italie en septembre 2016, donné ses empreintes, qui figurent au fichier Eurodac consultable par toutes les administrations et polices de l’UE.
A 300 mètres du camp d’Aubervilliers, une dizaine de bénévoles de l’Armée du Salut servent chaque matin, en plein air, 700 petits déjeuners financés par la Ville de Paris. Pour les repas du midi et du soir, les Restos du Cœur et la Fondation de l’Armée du Salut disposent aussi d’un vaste local où passent quotidiennement 200 migrants. Ils bénéficient également de consultations médicales et juridiques. Et rechargent leur portable, jouent aux cartes ou aux dominos, roupillent sur les quatre grands canapés. Deux lave-linge et deux sécheuses tournent à plein régime. Certains vêtements sont bouillis : la gale sévit dans le camp. Durant leurs maraudes, France terre d’asile, Utopia 56 et Médecins du monde proposent également les services de personnel médical, d’interprètes, de psys et de juristes. Les migrants demandent sans cesse la signification des SMS de l’Ofpra ou du tribunal administratif qui font état de l’avancement de leurs dossiers. Pas facile de leur annoncer un refus, qui déclenche une longue procédure d’appel. Les intéressés sont censés contacter les administrations, mais les plateformes pour le faire sont payantes et saturées. Alors ils doivent se déplacer, ce qui prend la journée entière. Enfin, les diverses associations gèrent un « réseau citoyen » de 600 hébergeurs. Priorité aux femmes et aux enfants, à qui on évite de demeurer dans le camp. Les prises de territoire provoquent, çà et là, entre communautés, de violentes disputes, voire des rixes plus viriles à couteaux tirés.
Des rivalités qui cessent sitôt qu’on annonce un ravitaillement à l’entrée du camp. Ainsi, jeudi 16 janvier, des fonctionnaires du ministère de la Justice, portant des gants de protection, sont venus distribuer des kits d’hygiène et des provisions. Suivait une rutilante berline de l’ambassade des Emirats arabes unis, porteuse de 70 plateaux-repas. Midi et soir, les Restos du Cœur et La Chorba servent entre 300 et 400 repas porte de la Villette. Vendredi 17 janvier, 15 h 30. Une poignée de riverains manifestent devant l’école maternelle Charles-Hermite pour protester contre « les migrants consommateurs de crack ». Le squat de la « colline du crack », démantelé fin 2019, s’est réinstallé en face du camp. Mais ce no man’s land est peuplé en majorité de ressortissants… français.
Samedi 18 janvier, 17 heures. Ils sont onze. Une poignée de jeunes filles et de garçons de l’Ile-Saint-Denis (93) qui pénètrent gaiement dans le camp, chargés de sacs remplis de vêtements, collectés grâce aux réseaux sociaux. Ils ont créé une petite association, Espoir et Avenir. Ils se penchent vers les tentes, demandent en anglais s’il y a des femmes et des enfants, à qui ils destinent les habits. Des têtes d’enfants apparaissent, qui sourient. Les mères restent au fond de la tente. Elles ont souvent honte. Sur le muret de la bretelle du périphérique, Hussein et Oussman, deux gamins, regardent passer les voitures. Leurs rêves d’avenir ? A des années-lumière de nos soucis de retraite.
Par Landing SAVANE
TERRORISME DANS LE SAHEL, NOTRE DEVOIR DE VIGILANCE !
L’Afrique ne peut plus être le «mendiant assis sur une mine d’or» que dénonçait Jean Ziegler. Elle doit se lever et assurer dignement son destin qui est si prometteur
Les mauvaises nouvelles tombent en cascade, ces derniers temps, et l’hydre du terrorisme semble avoir jeté son dévolu sur le Sahel, région particulièrement fragile avec des Etats aux superficies énormes (Mali, Niger) et de faibles densités de population. La région sahélo-saharienne est devenue un sujet légitime de préoccupation pour tous les pays d’Afrique subsaharienne et l’ensemble de la communauté internationale.
Des certaines de victimes militaires et civiles au Burkina Faso et au Niger après les Mali. C’est dire que ces trois pays sont déjà installés en pleine crise sécuritaire qui menace, de toute évidence, la Mauritanie voisine à l’Ouest et le Tchad à l’Est. Le retrait des forces françaises s’est traduit par une dégradation rapide de la situation sécuritaire qui a obligé le Président Macron à dépêcher un premier contingent de troupes dans la région et l’a incité à lancer un appel aux autres puissances occidentales et aux Nations Unies pour donner un caractère multilatéral à l’aide extérieure et éviter toute suspicion de vouloir rétablir ou consolider la Françafrique.
Le soutien des troupes des Nations Unies ne pourra avoir de véritable impact que si celles-ci ont un mandat offensif contre les terroristes. C’est dire que la situation reste très incertaine. En dépit de la relative faiblesse des moyens logistiques des armées des pays concernés, il est certain qu’une coordination efficace de leurs services de renseignements et de leurs interventions armées permettrait d’améliorer la situation de façon significative mais il faut comprendre que les enjeux sécuritaires dépassent les seuls pays actuellement impliqués. Comment ignorer que le Sénégal et la Mauritanie sont directement visés en tant que cibles potentielles des terroristes si leurs actions prospèrent dans le Sahel.
Comment ignorer que c’est tout l’espace CEDEAO qui est menacé à terme quand on sait que Boko Haram est déjà incrusté dans certaines régions du Nigéria et y multiplie enlèvements et attentats meurtriers. Que deviendront les ambitions d’intégration des pays de la CEDEAO dans un tel contexte sécuritaire ? Telles sont les questions incontournables auxquelles il faut trouver des réponses si on ne veut pas élaborer des projets irréalistes.
La fin du CFA et le passage à une monnaie CEDEAO unique constituent des ambitions légitimes que tous nos pays accueillent favorablement pour garantir une véritable souveraineté sur leur destin mais nous devons avoir pleinement conscience que tout projet ambitieux, aussi légitime qu’il puisse être, a un coût et celui-ci est généralement élevé même si les effets positifs attendus sont une motivation suffisante.
Le marché unique de la CEDEAO avec la libre circulation des hommes et des marchandises ouvrira sans aucun doute des perspectives nouvelles et bénéfiques pour les pays de la région mais il ne faut pas oublier que ce sont toujours les choix politiques qui déterminent, en fin de compte, les résultats obtenus au plan économique et social. La balkanisation du continent africain et de l’ex AOF en particulier a été le résultat d’une politique coloniale qui s’est appuyée sur les micros nationalismes des élites africaines pour le malheur des populations. Il est temps de surmonter les maladies infantiles de l’indépendance pour se hisser à la hauteur des attentes de nos populations éprouvées par des décennies de pauvreté et de misère que l’abondance de nos ressources ne justifie nullement.
L’Afrique ne peut plus être le «mendiant assis sur une mine d’or» que dénonçait Jean Ziegler. Elle doit se lever et assurer dignement son destin qui est si prometteur. Ensemble, marchons contre le terrorisme criminel et contre le micro-nationalisme diviseur pour promouvoir le développement rapide et durable de notre continent qui se doit se baser sur la constitution de grands ensembles dynamiques viables et durables.
Landing Savane est Secrétaire Général AndJëf/PADS-Authentique
«LE PREMIER DANGER AUQUEL SONT CONFRONTES NOS PAYS, C'EST LE TERRORISME»
Selon Amadou Soumahoro, président de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire, il est urgent de coordonner nos efforts pour accompagner nos gouvernements dans leurs combats contre le terrorisme
Au terme des travaux qui ont permis d'étudier les points inscrits sur l'ordre du jour, le Bureau de l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie a demandé à la Commission politique de lui proposer une révision des mécanismes de vigilance démocratique pour mieux accompagner les pays en difficulté. Car pour le Président de l'Apf, le premier danger auquel sont confrontés nos pays, c'est le terrorisme.
Après deux jours d'échange, l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie (Apf) a bouclé la session hier. En revisitant leur statut, ses membres ont ainsi décidé d'insuffler à leur organisation une dynamique nouvelle. En marge de cette rencontre, le Président de l'Apf et de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire, Amadou Soumahoro, a fait part des nouveaux partenariats qu'ils ont conclus. Selon lui, ces accords leur ouvrent de nouvelles opportunités plus larges dans leur quête d'avantages en vue de contribuer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable et à la lutte contre le changement climatique.
De l'avis de M. Soumahoro, les défis que pose la place des femmes et des jeunes n'ont pas été en reste dans leurs discussions. La violence faite aux femmes, la scolarisation des jeunes filles, l'analphabétisme et la radicalisation des jeunes, dans un contexte de recrudescence des actes de terrorisme, ont été au cœur des préoccupations partagées lors du dialogue que ces parlementaires ont eu avec l'Administratrice de l'Organisation Internationale de la Francophonie, Mme Catherine Cano.
La question de l'enregistrement des enfants à l'état civil constitue un défi partagé auquel l'Oif et l'Apf font face. De ce point de vue, M. Soumahoro pense que les deux institutions devront coordonner leurs stratégies, en vue de trouver des solutions innovantes et durables. En outre, selon lui, « la préservation de la paix et de la stabilité dans l'espace francophone passe délicatement par le respect de valeurs communes que nous prônons et qui garantissent à chaque citoyen des libertés fondamentales. Pour cela, notre combat pour le renforcement de la démocratie et de l'état de droit doit demeurer au cœur de nos objectifs de développement économique, social, culturel et dans notre espace francophone. Aucun programme de développement durable ne saurait prospérer sans un environnement de paix et de sécurité ». C'est pourquoi, selon le Président de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire, il est urgent de coordonner nos efforts pour accompagner nos gouvernements dans leurs combats contre le terrorisme. « Parce que le premier danger auquel sont confrontés nos pays, c'est le terrorisme. Tant que nous ne mutualiserons pas nos moyens et nos forces, il sera difficile d'arriver à bout de ce fléau », dit-il.
Selon lui, ce phénomène est mondial et n'a rien à voir avec nos gouvernances, dans la mesure où tous les Etats sont menacés ; même si la pauvreté de nos pays radicalise les jeunes et entraîne l'immigration clandestine. S'agissant des questions relatives aux enfants sans identité, l'Apf va prendre des mesures fortes et novatrices, en direction des parlements membres de l'Apf pour limiter ce fléau. « Parce qu’il n'est pas normal qu'au 21ème siècle, des enfants n'aient pas d'extraits de naissance et soient confrontés à des problèmes d'identité. Mais également que des enfants soient jugés de fantômes ».
Interpellé sur les questions de 3èmes mandats dans nos Etats, il indique que ces questions n'ont pas été au menu de leurs discussions. Par contre, selon M. Soumahoro, l'Apf envoie toujours une délégation partout où la démocratie est menacée pour renforcer la paix.
LA SOCIETE CIVILE S’ERIGE EN BOUCLIER
Des organisations de la société civile s’insurgent contre le maintien de l’activiste Guy Marius Sagna en prison.
Des organisations de la société civile s’insurgent contre le maintien de l’activiste Guy Marius Sagna en prison. En conférence de presse hier, mercredi 29 janvier, elles ont dénoncé ce qu’elles qualifient «d’acharnement» contre l’activiste.
Amnesty International/section Sénégal, la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) et Article 19, ont décidé de porter la détention de Guy Marius Sagna à la Haute Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ces organisations dénoncent, dans cette affaire, un «acharnement» de l’exécutif contre l’activiste. Selon le président de la Lsdh, Me Assane Dioma, l’arrestation de Guy Marius Sagna n’aurait jamais dû avoir lieu.
«Dans un Etat de droit qui se respecte, on n’arrête pas des citoyens qui usent de droits reconnus et garantis par la Constitution. Ce qui est interdit, c’est l’attroupement armé. Si des personnes qui n’ont pas déposé (une demande d’autorisation) pour marcher se retrouvent dans la rue en groupe, il y’a des charges que les autorités mettent en place, ou on les disperse. Le palais n’est pas une institution royale où vit un demi-dieu et que personne ne devrait s’en approcher, même s’il est sans armes». Il ajoute, en outre, qu’il y a une rupture de la légalité dans cette affaire car, estime-t-il, Guy Marius Sagna et ses co-inculpés ont été arrêtés pour les mêmes faits.
Rien ne justifie donc, pour lui, qu’il soit maintenu en détention avec un chef d’accusation supplémentaire d’incitation à la rébellion alors que ses co-accusés sont en liberté. Guy Marius Sagna est également victime d’une discrimination et de la stigmatisation, trouve-t-il. «Il est déféré dans un endroit de haute sécurité et est considéré comme un homme dangereux. Et sa présomption d’innocence est violée, son droit à la visite est restreint».
Pour Me Assane Dioma Ndiaye, au pire des cas, l’affaire Guy Marius Sagna, aurait dû aller aux flagrants délits, avec comparution immédiate. Mais, juge-t-il, sa tournure n’a d’objectif que d’éliminer Guy Marius Sagna de la vie publique. En définitive, le président de la Lsdh pense que les droits fondamentaux des citoyens ne sont pas respectés au Sénégal. Et de soutenir que tout cela n’aurait pas dû avoir lieu «si on avait des institutions républicaines responsables et qui protègent les citoyens».
Me Assane Dioma Ndiaye pense, de ce fait, qu’il faut une réforme du Conseil supérieur de la magistrature. «Il faut nécessairement un Conseil qui permet aux magistrats de jouer pleinement leur rôle dans une République démocratique. Il n’y a pas un juge de la détention. Il n’y a pas une égalité d’armes entre la défense et le parquet qui est maître du procès jusqu’au jugement.» Pour Me Assane Dioma Ndiaye, «le juge des libertés permettrait de décider du maintien en détention ou pas d’une personne. La justice est archaïque et ne permet pas une indépendance des magistrats».
De son côté, Seydi Gassama, le Directeur exécutif d’Amnesty international/Sénégal, souligne que la justice est instrumentalisée. «Nous assistons à un règlement de compte politique. Il faut s’engager dans un autre combat. Il y a un acharnement judiciaire sur une personne, en l’occurrence Guy Marius Sagna», dénonce-t-il.
LA COALITION «JOTNA» MONTE AU CRENEAU
Le comité exécutif de la coalition «Jotna» de Ousmane Sonko a organisé hier, mercredi 29 janvier 2020 une conférence de presse pour exiger la libération de l’activiste Guy Maruis Sagna, en détention depuis le mois de décembre dernier.
Le comité exécutif de la coalition «Jotna» de Ousmane Sonko a organisé hier, mercredi 29 janvier 2020 une conférence de presse pour exiger la libération de l’activiste Guy Maruis Sagna, en détention depuis le mois de décembre dernier.
La porte-parole du jour, Ndeye Fatou Ndiaye Blodin de déclarer à cet effet, «le camarade Guy n’est ni, un enrichi illicite, ni un détourneur de fonds publics, ni un trafiquant de drogue ou de faux billets. Il n’est pas un surhomme mais tout simplement un militant engagé, toujours en première ligne dans tous les combats pour la défense des causes populaires et patriotiques : respect des droits des travailleurs, lutte contre les violences policières, les longues détentions préventives et les conditions dégradantes de la vie carcérale, luttes contre les exactions et spoliations foncières tous azimuts, combats contre le Franc CFA colonial, les prétendus ‘’Accords de Partenariat Economique’ ’les multinationales et grandes surfaces comme Auchan, implantées dans notre pays au détriment des opérateurs économiques nationaux».
Et de poursuivre : «c’est ce digne fils de son peuple, ce citoyen honnête, père de famille, qui a été arrêté puis incarcéré au Camp pénal de Dakar dans la ‘’zone spéciale de haute sécurité’’ habituellement réservée à de présumés terroristes ! Isolé et pratiquement interdit de visite en toute illégalité, il a dû mener à deux reprises une grève de la faim puis une grève des visites pour poursuivre la lutte, même dans les conditions draconiennes d’une incarcération inique. Son combat n’est pas celui d’une personne, d’une organisation politique ou d’un mouvement citoyen déterminé : il est le combat de l’ensemble des Sénégalais et Sénégalaises victimes des politiques antipopulaires du régime de Macky Sall. Il est donc de notre responsabilité, à tous et toutes, de le sortir de prison et de continuer la lutte jusqu’à la victoire. En tout état de cause, Macky Sall sera entièrement tenu responsable de tout coup fourré portant atteinte à l’intégrité physique ou à la vie de Guy Marius Sagna».
Dans cette perspective, le comité exécutif National de la coalition Jotna épingle davantage la démocratie sénégalaise avec «l’image maquillée d’un Sénégal vitrine démocratique de l’Afrique qui est en train de craqueler de toutes parts, sous les coups de boutoir des apprentis dictateurs au pouvoir».
Selon le comité, «le respect scrupuleux des libertés d’organisation, de réunion, d’expression et de manifestation est garanti par la Constitution de notre pays à l’ensemble des citoyens ainsi qu’à leurs organisations politiques et sociales. Les piétiner renvoie inexorablement les uns et les autres à cette disposition de la Constitution de la République française de 1793, proclamant solennellement : «Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs» a indiqué le comité.
L’élève Saer Kébé s’invite au débat
Le comité a soulevé aussi le cas de l’élève de la terminale, Saer Kébé qui s’est retrouvé acquitté des «faits et actes de terrorisme» et d’ « apologie du terrorisme», avant de se voir condamné à 03 mois de prison pour «menace de terrorisme», après avoir subi quatre longues années de détention préventive, de 2015 à 2019, à cause d’un simple post sur Facebook, de dénonciation de la barbarie israélienne et de solidarité avec le peuple palestinien martyr !
A noter que la coalition attend organiser une manifestation le 14 février prochain à Mbacké.
DR MAURICE SOUDIECK DIONE DIAGNOSTIQUE LE MAL
L’Enseignant-chercheur est même allé plus loin en décortiquant le lien qui existe entre ce recul de la démocratie avec la stagnation du Sénégal dans la zone rouge de la corruption relevé dans le dernier rapport de l’Indice de Perception de la Corruption
Maurice Soudieck DIONE a diagnostiqué pour le compte de Sud Quotidien le rapport 2019 de l’Economist Intelligence Unit (EIU) sur l’état de la démocratie qui classe le Sénégal à la 82ème place contre la 73ème lors du précédent rapport.
Docteur en Science politique, il pose un regard scientifique sur l’état de la démocratie au Sénégal. L’Enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis est même allé plus loin en décortiquant le lien qui existe entre ce recul de la démocratie avec la stagnation du Sénégal dans la zone rouge de la corruption relevé dans le dernier rapport de l’Indice de Perception de la Corruption.
«Dans le rapport 2019 de l’Economist Intelligence Unit (EIU) sur l’état de la démocratie, le Sénégal est classé au 82e rang sur le plan mondial et 9e en Afrique quittant en même temps la catégorie des «démocraties imparfaites» pour celle des «démocraties hybrides».
ENSEIGNEMENT A TIRER DU CLASSEMENT DU SENEGAL
«D’abord il convient de partager quelques informations pour une meilleure compréhension des classifications du rapport de The Economist Intelligence Unit, Democracy Index 2019. C’est un rapport qui caractérise les différents régimes politiques des pays du monde, sur la base des fondamentaux de la démocratie : un gouvernement fondé sur le consentement et le libre choix des gouvernés et sur le principe majoritaire ; l’existence d’élections libres, transparentes et équitables ; le respect des droits et libertés des citoyens et la protection des droits des minorités ; le pluralisme ; l’égalité devant la loi et la primauté du droit (rule of law, due process) (voir p. 52). Le rapport distingue quatre catégories sur la base d’une appréciation à travers une échelle de 1 à 10. D’abord les «Full democracies», les «démocraties complètes» ou «démocraties pleines et entières». Il s’agit des pays ayant obtenu une note supérieure à 8/10. Ensuite les « Flawed democracies », « les démocraties imparfaites» ou plus exactement « les démocraties déficitaires » eu égard aux critères dégagés ; ce sont les pays ayant obtenu une note supérieure à 6/10 et inférieure ou égale à 8/10. Après, on compte la catégorie des « Hybrid regimes », « les régimes hybrides », caractérisés par les pays ayant obtenu une note supérieure à 4/10 et inférieure ou égale à 6/10. Enfin, le groupe des pays estampillés « Authoritarian regimes », c’est-à-dire les « Régimes autoritaires », ces pays là qui totalisent un score inférieur ou égal à 4/10 ».
CINQ RUBRIQUES A RETENIR
«Les 5 rubriques qui sont retenues et notées sur 10 avant d’en livrer la moyenne sont les suivantes :
1) Processus électoral et pluralisme, qui a trait à la liberté des électeurs de voter sur la base d’une pluralité de candidatures de manière transparente et équitable ;
2) Fonctionnement du Gouvernement : ce critère concerne la force et l’indépendance du pouvoir législatif, la réalité de la séparation des pouvoirs, la subordination de l’armée aux autorités civiles, l’indépendance du pouvoir politique par rapport aux divers groupes socio-économiques et religieux, la lutte contre la corruption, la promotion de la reddition des comptes, et le rayonnement diplomatique du pays ;
3) La participation : il s’agit du respect des droits des minorités, de la présence des femmes au Parlement, de l’engagement des citoyens dans la politique, de l’intérêt des gouvernants pour la participation des populations, du vote de la diaspora ;
4) La culture politique démocratique : elle renvoie à la prégnance chez une écrasante majorité de la population, d’idées en faveur du régime démocratique ; celui-ci doit être considéré comme étant le meilleur pour garantir efficacement l’ordre public et pour punir efficacement les criminels. En plus d’un soutien populaire à la démocratie, il faut également l’existence d’une séparation entre le spirituel et le temporel, un certain rejet d’un pouvoir qui serait exclusivement technocratique, ainsi que la répulsion du pouvoir militaire ;
5) Les droits et libertés : il s’agit de la liberté d’expression, d’opinion et de protestation, du respect des droits des minorités, du respect des droits et libertés des citoyens et de l’égalité devant la loi».
DE «DEMOCRATIE IMPARFAITE» A UNE «DEMOCRATIE HYBRIDE»
«À la lumière de ces précisions liminaires, il convient de remarquer comme premier enseignement à tirer du classement du Sénégal, qu’il a changé de groupe d’appartenance ; il quitte la catégorie « démocraties imparfaites » ou pour mieux dire « démocraties déficitaires » au regard des critères d’appréciation, pour intégrer la catégorie des « Régimes hybrides ». En même temps, sur le plan mondial, le Sénégal régresse de 9 places en une année seulement, soit de la 73ème position à la 82ème. Déjà, il faut remarquer qu’en 2018, le Sénégal fermait la queue des «démocraties imparfaites » sur les huit pays logés à cette enseigne (Cap-Vert, Botswana, Afrique du Sud, Lesotho, Ghana, Tunisie, Namibie, Sénégal). Pour apprécier la chute du Sénégal dans la catégorie des « Régimes hybrides » en 2019, il convient de préciser les pays qui viennent juste après, et ceux qui le précèdent immédiatement. Les trois pays qui suivent directement le Sénégal sont : Madagascar (83e), Malawi (84e), Liberia (85e). Le Sénégal est devancé par la Namibie et le Lesotho. En rappelant que c’est en novembre 1989 que l’ONU a organisé les premières élections en Namibie, remportées par la SWAPO (South West Africa People’s Organisation) (organisation du peuple du Sud-ouest africain) ; et que la Namibie est un pays indépendant depuis le 21 mars 1990. En rappelant également que le Lesotho est un pays qui a connu plusieurs coups d’État et 23 ans de régime militaire».
QUE SIGNIFIE CONCRETEMENT CETTE CATEGORIE DE «REGIMES HYBRIDES»
À la page 55, le rapport donne les éléments de qualification des « Régimes hybrides » : « Les élections sont entachées d’irrégularités substantielles qui font qu’elles ne sont ni libres, ni transparentes et loyales ; les pressions du Gouvernement sur les partis et candidats de l’opposition sont courantes. Ces pays connaissent des vulnérabilités encore plus sérieuses que celles des «démocraties imparfaites» par rapport à la culture politique, au fonctionnement du Gouvernement et à la participation politique. La corruption est largement répandue ; la primauté du droit est faible de même que la société civile. En règle générale, il y a des harcèlements et des pressions sur les journalistes, et la justice n’est pas indépendante ». Le Sénégal qui se trouve dans cette catégorie remplit pratiquement toutes les conditions, avec cependant une nécessaire relativisation sur deux points : par rapport aux élections et par rapport à la persécution des journalistes.
En réalité, on ne peut pas avancer qu’il y a au Sénégal des manipulations frauduleuses des élections au sens matériel à une échelle telle que la sincérité du scrutin soit totalement remise en cause, mais il faut admettre cependant qu’il y a eu une rupture de confiance dans la conduite du processus électoral, avec des instrumentalisations du jeu qui sont allées en faveur de la coalition au pouvoir selon ses intérêts, notamment avec le parrainage qui a permis d’exclure beaucoup de candidats à la candidature sur une base injuste, car des milliers de parrainages ont été invalidés, alors même que les concernés détenaient par devers eux, en bonne et due forme, des cartes d’identité CEDEAO qui constituent également les cartes d’électeur. Les parrainages des candidats à la candidature ont été appréciés sur la base d’un fichier électoral que ces derniers n’avaient pas, et le Conseil constitutionnel n’a pas procédé à la vérification des signatures comme la loi l’exige expressément. Le parrainage a été un moyen de fermer le jeu politique de manière anti-démocratique pour permettre au Président Sall d’obtenir facilement un second mandat.
À cela s’ajoutent les affaires politico-judiciaires : emprisonnement de Khalifa Sall dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, avec de graves violations de ses droits, notamment le non-respect de son immunité parlementaire et de son droit à être assisté par un avocat lors de son audition, en plus de l’accélération de son procès de manière inédite dans les annales judicaires du pays, pour les besoins liés à l’invalidation de sa candidature à la Présidentielle du 24 février 2019. En plus de la condamnation de Karim Wade par la CREI, avec toutes les entorses faites au droit, d’où s’en est suivie une invalidation également de sa candidature à la Présidentielle du 24 février 2019.
ABDOULAYE WADE – MACKY SALL
«Concernant l’aspect relatif à la persécution des journalistes, il faut souligner que contrairement au Président Wade, le régime du Président Sall n’a pas eu des rapports heurtés avec les médias, marqués par la violence brute, car il a utilisé d’autres méthodes, bien plus efficaces, notamment en développant des collusions avec beaucoup de médias privés, tout en exerçant une emprise monopolistique sur la RTS (Radiodiffusion Télévision Sénégalaise), financée par l’argent du contribuable, pour en faire un instrument exclusif de propagande pour sa personne et sa coalition, en ramenant le pays des décennies en arrière. En effet, il n’y a plus d’émissions politiques où participent les partis d’opposition à la télévision nationale, ce qui est pourtant une exigence de la loi n° 2006-04 du 4 janvier 2006 portant création du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA).
Selon l’article 7 alinéa 4 de ce texte, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel veille : « Au respect de l’accès équitable des partis politiques, des syndicats et des organisations reconnues de la société civile aux médias audiovisuels dans les conditions fixées par les lois et règlements en vigueur ».
L’article 15 ajoute de manière encore plus explicite : « Le CNRA supervise une émission programmée toutes les deux semaines séparément à la Radio et à la Télévision publiques. Cette émission est réservée aux partis politiques légalement constitués pour leur permettre d’évoquer les questions d’actualité nationale et internationale sous forme de débats contradictoires.
Le CNRA (Conseil national de régulation de l’audiovisuel) veille au respect des principes d’équité et d’équilibre entre tous les partis en tenant compte des contraintes du service public de la radiotélévision ». L’article 16 ajoute : « Le CNRA (Conseil national de régulation de l’audiovisuel) veille au respect des dispositions de la loi n° 92-57 du 3 septembre 1992 relative au pluralisme à la Radio-Télévision, notamment des articles 14 à 18 sur la propagande des partis politiques, la retransmission des débats parlementaires et le pluralisme de l’information ».
Pratiquement aucune de ces dispositions relatives au respect du pluralisme politique n’est respectée par la télévision nationale, et le CNRA est complétement aphone à ce sujet, tout en étant prompt à couper le signal d’une télévision privée qui était prévue pour une semaine, à travers sa décision du 31 décembre 2019, en violation des dispositions pertinentes de l’article 26 alinéa 3 de la loi n° 2006-04 du 4 janvier 2006 portant création du CNRA, qui prévoit une suspension d’un à trois mois de tout ou partie des émissions ; une sanction pécuniaire de deux à dix millions de francs ; une pénalité quotidienne de retard de cent mille francs à cinq cent mille francs CFA en cas d’inexécution d’une décision du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA).
Quant à la société civile, toutes ses figures de proue qui avaient joué un rôle essentiel dans la lutte contre les dérives du Président Wade ont presque tous été cooptés et bâillonnés. À cela, il faut ajouter les violations récurrentes des droits et libertés de l’opposition et des opposants notamment pour manifester : un droit pourtant reconnu de manière explicite par la Constitution ; l’emprisonnement des activistes qui dénoncent les difficiles conditions d’existence, particulièrement la cherté de l’électricité et la hausse du prix des denrées ; distribuer des flyers devient un motif d’arrestation, comme au temps du parti unique sous le régime de Senghor ».
LIEN ENTRE CE RECUL DE LA DEMOCRATIE AVEC LA STAGNATION DU SENEGAL DANS LA ZONE ROUGE DE LA CORRUPTION RELEVE PAR LE DERNIER RAPPORT DE L’INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION
« Naturellement, ce lien peut être établi. Car les questions de gouvernance font également partie intégrante des critères démocratiques retenus dans la méthodologie du rapport publié par The Economist Intelligence Unit, Democracy Index 2019, précisément, dans le point relatif au fonctionnement du Gouvernement. La transparence et l’efficacité dans la gestion des ressources publiques au profit des citoyens ne peuvent prospérer sans une lutte efficace et effective contre la corruption, en dehors de toute politisation. Qu’est-devenue la traque des biens mal acquis ? Elle a perdu toute crédibilité, parce qu’elle a été sélective et attentatoire aux droits et libertés des mis en cause ; elle a été une stratégie politicienne de construction hégémonique du Président Sall, pour briser et neutraliser l’opposition, notamment le Parti démocratique sénégalais. Le Sénégal en matière de lutte contre la corruption a encore beaucoup d’efforts à fournir, mais le problème essentiel est lié à la manière dont la politique se fait, c’est-à-dire à travers le clientélisme. Dès lors que le Président Sall a eu l’obsession du second mandat, il n’a pas réformé le système politique ; il a donc perpétué les mêmes pratiques décriées sous les régimes précédents, à savoir la prédation et l’accumulation des ressources par les dirigeants. Aujourd’hui, la plupart des corps de contrôle sont tombés en pamoison ou les rapports produits ne sont pas suivis d’effets, que ce soient ceux de l’OFNAC, de l’IGE ou de la Cour des comptes ».
«IL Y A DES AFFINITES ELECTIVES ENTRE LES PRATIQUES AUTORITAIRES ET LE NEO-PATRIMONIALISME»
En définitive, il y a des affinités électives entre les pratiques autoritaires et le néo-patrimonialisme, c’est-à-dire la gestion des ressources publiques comme s’il s’agissait de ressources privées, par les gouvernants, qui en usent et en abusent selon leur bon désir et leur bon plaisir. Dans ces conditions, lorsque la pression populaire devient forte, c’est la répression qui est utilisée, avec une certaine sophistication sous le régime du Président Sall, à travers la répression préventive et préemptive, qui pousse le régime à des formes de plus en plus flagrante de violation des droits et libertés.
La répression et les pratiques autoritaires sont des logiques de fonctionnement du système politique néo-patrimonial, afin de continuer à exercer la prédation, mais aussi pour se garantir l’impunité ; et la meilleure manière de le faire, c’est de contrôler le jeu politique à son profit et à son avantage pour éviter de perdre l’emprise sur l’appareil d’État. Le peuple devient alors le prisonnier des tenants du pouvoir, et les tenants du pouvoir deviennent les otages de l’appareil d’État.
CES FAUSSES NOTES DE LA PRÉSIDENCE MACKY
S’il y’a des secteurs dans lesquels, le président de la République s’est moins illustré depuis son arrivée au pouvoir le 25 mars 2012, c’est bien la bonne gouvernance démocratique, l’état de droit, la lutte contre la corruption et l’impunité
Le Président de la République a marqué des points dans le secteur énergétique. En effet, l’électrification rurale est passée de 1648 villages en 2012, à 3173 villages en 2016 sans occulter en réduisant de manière drastique les heures de coupure d’électricité de plus de 900 heures en 2011 à 66 heures en 2017. Au niveau de l’éducation nationale également, sa politique est très appréciable avec une carte scolaire marquée par la construction et la réhabilitation de plus de 10.000 salles de classes, 340 écoles élémentaires, 203 Collèges, 36 lycées, 20 blocs scientifiques et technologiques et 185 daaras. Toutefois, Macky Sall apparaît comme un mauvais élève quand il s’agit de la bonne gouvernance, de la lutte contre l’impunité et la corruption. Ce qui apparaît sur le classement du Sénégal dans les rapports 2019 de l’Economist Intelligence Unit (EIU) et celui de l’Indice de Perception de la Corruption du Forum civil.
S’il y’a vraiment des secteurs dans lesquels, le Président de la République, Macky Sall qui a entamé le 2 avril dernier, son second mandat à la tête de l’exécutif sénégalais, s’est moins illustré depuis son arrivée au pouvoir, le 25 mars 2012, c’est bien la bonne gouvernance démocratique, l’état de droit, la lutte contre la corruption et l’impunité. En effet, contrairement dans les secteurs comme celui de l’énergie et de la formation pour ne citer que ceux là, où, son régime a fait beaucoup d’efforts, notamment, en faisant passer l’électrification rurale de 1648 villages en 2012, à 3173 villages en 2016 et en réduisant de manière drastique les heures de coupure d’électricité de plus de 900 heures en 2011 à 66 heures en 2017 ; ou encore pour ce qui est de l’éducation et la formation en élargissant de manière significative la carte scolaire par la construction et la réhabilitation de plus de 10.000 salles de classe, 340 écoles élémentaires, 203 Collèges, 36 lycées, 20 blocs scientifiques et technologiques et 185 daaras, le Président Sall semble ramer à contre-courant dans la rupture qu’il avait promis dans la gestion des affaires publiques lors de la campagne électorale de 2012 à travers son fameux slogan de «gestion sobre et vertueuse».
Acteurs politiques et membres de la société civile jetés en prison
Entre 2012 et 2019, sa politique de bonne gouvernance démocratique s’est traduite plus ou moins par une tentative de bâillonnement de son opposition qu’il s’est d’ailleurs engagé publiquement «à réduire à sa plus simple expression». La preuve, en l’espace de quatre ans notamment entre 2012 et 2015, une bonne partie des responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui menait à l’époque la contestation s’était retrouvée en prison. De Karim Wade à Oumar Sarr, en passant par Me Amadou Sall, Samuel Sarr, Toussaint Manga pour ne citer que ceux-là. La liste des libéraux emprisonnés pendant cette période est loin d’être exhaustive. À côté des hommes politiques dont l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, il y’a également des acteurs de la société civile dans cette liste des victimes de la politique d’éradication de la contestation initiée par l’actuel chef de l’exécutif. Et pendant ce temps, certains de ses partisans pourtant incriminés par des rapports de corps de contrôle public dans le cadre de leur gestion des deniers publics vaquent librement sans être inquiétés. Une politique à double vitesse que semble justifier le classement du Sénégal dans les rapports 2019 de l’Economist Intelligence Unit (EIU) et celui de l’Indice de Perception de la Corruption du Forum civil.