SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
28 juillet 2025
"BORIS A MÉJUGÉ BACHIR"
Felwine Sarr est revenu ce week-end sur les empoignades qui ont oppoé,, il y a quelques mois, Boubacar Boris Diop et Souleymane Bachir Diagne sur SenePlus à propos de Cheukh Anta Diop
Felwine Sarr, écrivain, philosophe et économiste, est revenu sur les empoignades intellectuelles opposant, il y a quelques mois, le littéraire Boubacar Boris Diop au philosophe Souleymane Bachir Diagne à propos de la paternité du Carbone 14 de l'historien Cheikh Anta Diop. Et c'est pour affirmer que "Boris a méjugé Bachir".
Invité de l'émission Jury du dimanche d'iradio, Sarr raconte: "Le jour où l'article de Boubacar Boris est sorti, j'étais en train de travailler sur un ouvrage collectif pour un atelier de la pensée, et ça portait sur un article que Bachir avait publié 6 mois avant où il réfléchissait sur la pensée de l'identité et du devenir. Et dans ledit article, il a écrit des pages admirables sur Cheikh Anta".
Le professeur en économie à l'Université Gaston Berger pense également que "pour critiquer quelqu'un, il faut le lire dans la durée, on regarde tout ce qu'il a dit sur l'individu. Ce n'est pas un article, une interview qui vont résumer sa pensée".
Felwine Sarr, qui compte par ailleurs rencontrer son "ami" Boris, au mois de janvier prochain en terre égyptienne, pour discuter de la question, révèle dans la foulée que Diagne et Diop sont de "grands intellectuels" qui gardent de bons rapports.
« CETTE RESTITUTION NOUS OBLIGE À REDISCUTER D’EL HADJI OMAR »
Les circonstances de la disparition d’El Hadji Omar restent à être élucidées, selon Femwine Sarr, invité du Jury du dimanche (JDD), de Mamoudou Ibra Kane, sur iRadio et Itv, ce 24 novembre
« Le vrai sabre d’El Hadji Oumar Tall se trouve à Bandiagara, et il n’avait pas qu’un seul sabre. » « Il n’avait même pas de sabre » ! La polémique enfle suite à la restitution du sabre d’El Hadji Oumar Tall, dimanche dernier, au palais de la République, par le Premier ministre Français Edouard Philippe, au président Macky Sall, en présence de Felwine Sarr, auteur du rapport, avec Benedicte Savoy, sur la restitution du patrimoine culturel africain.
« Je trouve que le débat que cela pose est un débat d’historiographie, tranche ce dernier, invité du Jury du dimanche (JDD), de Mamoudou Ibra Kane, sur iRadio et Itv, ce 24 novembre. Pour moi, c’est important de le dire à la lumière de l’histoire générale du Sénégal. Et pourquoi, c’est important d’avoir une historiographie sénégalaise. C’est une question historique qui a été traitée par plusieurs sources. Il y a des historiens américains qui ont travaillé dessus, des historiens sénégalais, ouest-africains, français. Et, on a une documentation extraordinaire sur le 19e siècle ouest-africain. Et ce moment-là où il y a la conquête d’El Hadji Oumar Tall, et la pénétration coloniale. L’historiographie que nous on retient, parce qu’on a lu beaucoup de sources, on en a fait des synthèses, on a recoupé, à un moment donné, il y a des versions que tu lis mais que tu n’arrives pas à attester par d’autres, et on travaille pour être en mesure de recouper des sources et de voir ce qui est le plus plausible. Parce que, la science dit que la vérité que nous avançons est une vérité qui dit sur quoi elle se fonde. ’’Nous savons, et comment nous savons’’. J’ai été voir la famille omarienne à la Médina parce que la famille avait entrepris depuis 1993, (pour que le sabre revienne). Est-ce que El Hadji Omar avait un ou plusieurs sabres, je n’en sais rien. Probablement ! On aurait pu dire un sabre d’El Hadji Omar plutôt que le sabre. La famille considère qu’El Hadji Omar avant d’aller à cette bataille de Bandiagara en 1864, avait confié à son fils Ahmadou ce sabre ».
Les circonstances de la disparition d’El Hadji Omar restent à être élucidées, indique le chercheur. Qui retient que « cette restitution nous oblige à rediscuter d’El Hadji Oumar Tall ».
Pour rappel, le sabre en question a été emporté comme butin de guerre par le Colonel Louis Archinard, après avoir vaincu Ahmadou à Ségou.
LE MARIAGE À LA DÉRIVE
La société sénégalaise évolue, en intégrant de nouvelles réalités qui étaient, jusque-là, inconnues de beaucoup de citoyens. C’est l’exemple des pratiques comme le Takkou Souf, le ‘’Taara’’ ou encore le Bara Yeggo
Il est connu que la religion musulmane, tout comme le code de la famille du Sénégal autorisent la polygamie limitée à 4 épouses. Cependant, certains hommes font comme bon leur semble. Les uns optent pour la monogamie et finissent parfois dans la polygamie avec des unions en cachette ou Takkou Souf. Tandis que les autres, polygames, épousent des femmes au point de dépasser les 4 épouses légitimes. Celles qui viennent après ces 4 légales sont ainsi appelées Taaras. Il existe encore ceux qui répudient leur femme à volonté et qui se voient, après trois divorces, obliger de manœuvrer pour se réconcilier avec des Bara Yeggo. Autant de pratiques qui dévoient le mariage sénégalais.
La société sénégalaise évolue, en intégrant de nouvelles réalités qui étaient, jusque-là, inconnues de beaucoup de citoyens. C’est l’exemple des pratiques comme le Takkou Souf, le ‘’Taara’’ ou encore le Bara Yeggo. Des phénomènes qui semblent prendre de l’ampleur, au point que le Khalife général des Tidiane, ait jugé nécessaire de dénoncer la dépravation des mœurs, à travers ses diverses manifestations, notamment le mariage en cachette et le taara (5éme femme). S’exprimant à la cérémonie officielle du Gamou, Serigne Babacar Sy Mansour a dénoncé les multiples phénomènes de mœurs qui se développent dans le pays et qui, selon lui, sont néfastes pour la société. Il s’agit, entre autres, de la pratique du Taara concernant les hommes qui épousent plus de quatre femmes, soit au-delà de la limite légale édictée par la religion musulmane, du mariage en cachette, ou encore du non-respect des règles du divorce en islam (Bara Yeggo) considérées comme des pratiques déviantes à dénoncer.
En effet, au Sénégal, la législation et l’islam autorisent la polygamie mais certains n’osent pas, pour diverses raisons, exercer ce droit librement. Ainsi, pour convoler en secondes noces, ils le font dans la plus grande discrétion à l’insu de toute leur famille, surtout de la première épouse. C’est ce qu’on appelle en wolof le ‘’Takkou Souf’’ qui peut se traduire par le mariage en cachette. Ce phénomène est souvent pratiqué par les hommes qui avaient opté pour la monogamie, mais qui, au cours de leur vie de ménage, désirent prendre une deuxième épouse. Ce qui cause souvent des problèmes quant à la reconnaissance de la seconde épouse ainsi que les enfants nés de cette union. La législation sénégalaise est catégorique en ce sens. La deuxième femme d’un monogame n’est pas reconnue par la loi.
‘’Le fait de cacher le mariage ne doit pas avoir des conséquences sur les enfants’’
Cependant, pour l’islam, les avis semblent parfois partagés. En effet, l’islam distingue le mariage normal, temporel et celui contracté purement en cachette. Le mariage en cachette est considéré comme une union pendant laquelle on demande aux témoins de garder l’évènement secret. Ainsi, la religion considérant qu’un mariage doit être rendu populaire, toute action consistant à le rendre secret, le rend simultanément illégal. C’est pourquoi le Takkou Souf, pris comme un mariage purement en cachette, est interdit par la religion musulmane et certains imams considèrent même cette pratique comme une fornication.
C’est le cas du cadi du tribunal de Dakar (voir ailleurs). C’est également l’avis du religieux Ameth Khalifa Niass. Selon ce dernier, le mariage en cachette n’existe pas. Il n’existe que ‘’le mariage’’ en islam. Cependant, on peut opter pour un mariage discret qui est aussi légal. Et si le Takkou Souf renvoie à un mariage discret, il est admis par la religion musulmane et les enfants issus d’une telle union ont droit à la succession et à l’héritage. ‘’L’homme peut craindre la réaction de son épouse qui peut avoir un AVC, rien qu’en apprenant qu’elle a eu une coépouse. Il y a aussi certains hommes, comme les instituteurs et certains fonctionnaires, qui peuvent être affectés dans un lieu de travail éloigné de celui de résidence de leur femme. Par exemple, quelqu’un de Dakar, qui est affecté à Kédougou et qui ne peut venir que pendant des vacances et qui a ses pulsions naturelles d’homme. Il a le choix de, soit forniquer à volonté, soit d’épouser une femme qu’il va cacher à l’autre, parce que celle-ci n’acceptera pas d’avoir une coépouse. Dans ce cas, l’islam lui autorise d’épouser une femme pour éviter de forniquer’’, renseigne le marabout qui indique qu’à l’époque du prophète, ‘’les gens voyageaient pour le commerce ou pour la guerre sainte et, dans les deux cas, ils avaient besoin du repos du guerrier. C’est pourquoi l’islam a autorisé le mariage temporel’’.
Sur le takkou souf, les positions sont nuancées, car dans certains cas, comme lorsque l’union n’est cachée qu’à la première épouse, le mariage reste admis et les enfants issus d’une telle union ont droit à l’héritage et à la succession. Ameth Khalifa Niass préfère parler, dans ce cas, de mariage discret au lieu de mariage en cachette. Et cette forme d’union est comme le mariage temporel. ‘’Les enfants issus d’un mariage discret sont bien légitimes. C’est pourquoi, souvent quand une personne décède, on voit des femmes inconnues dans la maison familiale venir avec leurs enfants et leurs documents pour dire que le défunt était leur époux et avait reconnu ses enfants. Ces enfants sont légitimes et ont droit à l’héritage. Le fait de cacher le mariage ne doit pas avoir des conséquences sur les enfants, parce qu’ils ne sont pas fautifs. L’enfant qui est né d’un mariage caché est un enfant légitime’’, explique-t-il.
Sydo Diallo : ‘’Certaines femmes victimes découvrent la vérité au moment du divorce’’
En outre, le Takkou Souf ou le Taara est une réalité que certaines femmes vivent parfois à leur grand insu. Certaines femmes acceptent d’être des épouses cachées, à la limite des concubines, sans s’en rendre compte. C’est dire que certains hommes pratiquent le Takkou Souf au vrai sens du terme. En vrais stratèges, ils arrivent à manœuvrer pour cacher à tout le monde y compris l’épouse concernée la vraie nature du mariage. Ce qui fait que certaines femmes, dès qu’elles découvrent la réalité au cours du ménage, demandent aussitôt le divorce. D’autres, par contre, vivent leur mal en solitaires, à cause de la crainte du jugement de la société. ‘’Les femmes victimes de Takkou Souf qui viennent à la boutique de Droit ne veulent pas s’afficher. Parfois, c’est parce qu’elles ne savaient pas et c’est après coup, qu’elles découvrent qu’elles ont été mariées par Takkou Souf. Dans ce cas, certaines veulent coute que coute demander le divorce. Parfois aussi, c’est l’homme qui a contracté le Takkou Souf, qui n’arrive plus à gérer la situation, qui demande le divorce’’, explique Sydo Diallo, coordinatrice de la boutique de droit de la médina.
Elle indique que dans ces cas, la boutique de droit assiste les femmes dans les procédures de demande de divorce pour protéger les enfants nés de cette union. ‘’Les divorces de Takkou Souf sont un peu compliqués, parce que, même l’entourage n’est pas souvent au courant. Ce qui pose aussi problème à ce niveau est que, pour divorcer, il faut d’abord avoir un certificat de mariage. Néanmoins, dans tous les cas, les enfants sont protégés. Même s’il s’agit de Takkou Souf ou que l’homme avait opté pour la monogamie et qu’une action d’annulation a été intentée et que le mariage est annulé, les enfants sont protégés et ils auront le droit à l’héritage’’.
En islam, on ne parle pas de taara mais d’esclave
Il est connu que la religion musulmane, comme le code de la famille du Sénégal, autorise la polygamie limitée à 4 épouses. Cependant, dans la société sénégalaise, on voit parfois des hommes qui dépassent ce nombre. Et celles qui viennent après les 4 légales sont ainsi appelée Taara. Peut-elle revendiquer les mêmes droits que les autres ? D’ailleurs d’où vient ce concept de taara ? En effet, selon le cadi Mamadou Séne, Taara désignait jadis, les captives de guerre sainte qui devenaient des esclaves. ‘’La religion autorise en cas de guerre sainte que les captives soient considérées comme des esclaves et peuvent être utilisées comme des épouses par leurs maitres. Ces captives ne font pas parties du décompte des 4 épouses légales. Elles n’auront pas également les mêmes droits que ces dernières’’, indique l’imam. Qui souligne que, c’est pourquoi, une fois qu’une femme musulmane accepte de devenir 5 ou 6éme femme, elle perd ses droits d’épouse légale, de même que ses enfants ne seront pas considérés comme ceux des autres femmes. Cependant, selon le religieux dans le contexte sénégalais d’aujourd’hui, l’on ne peut plus parler de Taara. ‘’C’est impossible d’avoir des taaras actuellement au Sénégal. Si on le fait aussi, on le cache, parce que c’est illégal. On ne peut pas dire qu’on est des musulmans et après vouloir avoir des taaras, parce que l’islam ne le reconnait pas’’, ajoute M. Séne.
Sur ce point aussi, Ameth Khalifa Niass est du même avis. Selon le chef religieux de Leona Niass, on ne peut avoir des taras au vrai sens du terme. Il donne pour cela les mêmes raisons que celles évoquées par le cadi. Mieux, M. Niass souligne que même à l’époque du prophète et des guerres saintes, l’islam encourageait l’union des taras pour réduire et abolir l’esclavage. ‘’ Le Taara était encouragé par l’islam, car c’était un moyen d’abolir l’esclavage, avec la libération ou l’affranchissement par le bien du mariage’’, indique-t-il. Avant de préciser : ‘’Cela existe encore en Mauritanie, même si c’est très rare. Mais au Sénégal, on peut plus trouver une femme qui réponde à ces critères de captive’’.
Qu’en est-il donc de ceux qui prétendent avoir plus de 4 femmes. Tout comme le cadi, Ameth Khalifa pense pareil. C’est catégoriquement défendu par la religion musulmane. Pour preuve, explique-t-il, à l’époque du prophète, quand quelqu’un voulait se convertir, on lui demandait s’il avait plus de 4 femmes. Et si c’était le cas, on lui exigeait de choisir les 4 qu’il veut garder et de libérer les autres. Toutefois, indique-t-il, parfois un homme peut avoir apparence d’avoir plus de 4, mais en réalité tel n’est pas le cas. ‘’Un homme peut avoir une apparence d’avoir plus de quatre femmes alors qu’en réalité, il n’en a que 4.
Par exemple, on peut avoir une femme qui a atteint la ménopause et qui ne veut plus avoir des relations maritales. Mais, qui, par contre, est la mère des grands enfants et qui, même si vous divorcez, ne peut pas quitter la demeure familiale. Ainsi, d’un commun accord, l’époux peut la libérer, mais ne l’abandonne pas. Par erreur, les gens peuvent la compter comme épouse, alors qu’elle n’est plus parmi les légitimes, pour ces raisons. Souvent, il n’est pas conseillé aux femmes de plus de 45 ans de tomber enceinte et, après la ménopause, plusieurs femmes ne veulent plus de relations sexuelles. À plus forte raison celles qui ont 60 ans. Ce qui induit les gens souvent en erreur, c’est qu’il y a le décompte apparent et celui réel. C’est comme quelqu’un qui a cinq voitures, mais dont l’une est en panne, depuis 5 ans. Quand, les gens comptent, ils diront 5, mais en réalité c’est 4, car celle qui ne fonctionne pas n’en fait plus partie’’, estime le marabout.
PAR Leonora Miano
SI LA FRANCE CHANGE DE VISAGE, C'EST LE FAIT DE L'AVENTURE COLONIALE
Le pays a le visage de ces conquêtes dont il révère les agents. Ces Français « issus de l’immigration » auxquels on reproche de ne pas s’assimiler à la culture du pays sont le résultat de notre passé de conquêtes
Alain Finkielkraut fait de moi l’annonciatrice réjouie du « grand remplacement » et ne rate pas une occasion de me mentionner pour justifier l’effroi de ceux qui évoquent une « colonisation migratoire ». Je tiens à ne pas m’excuser d’avoir enfoncé une porte ouverte en déclarant que la société française était en mutation et que son passé colonial lui présentait la facture. De même, indiquer que les baby-boomeurs, qui ont puissamment contribué à bâtir le monde actuel, ne seront pas là pour contempler l’achèvement de leur œuvre est une lapalissade. L’énoncé de ces truismes a traumatisé l’auteur de L’Identité malheureuse (Stock, 2013), lui fournissant un prétexte pour faire peser, sur une partie du corps social, la responsabilité d’un projet dont je ne sais rien et auquel je ne crois pas.
Ennemis de l’intérieur
Le « grand remplacement », tel que présenté par ceux qui l’évoquent, ne résulterait pas de la relation dans laquelle la France s’est engagée avec diverses régions du monde. Il s’agirait d’un complot ourdi par des ennemis de l’intérieur. Ces Français qui n’en finissent pas d’être « issus de l’immigration » se seraient mis en cheville avec une « élite mondialisée », afin d’élaborer un plan de destruction de la nation. Sur les décombres de celle-ci, leur intention serait d’ériger une version inédite du Nouveau Monde et, sans doute,de repousser les Français dits « de souche » dans des réserves au fond desquelles, privés de tout pouvoir, ils chériraient le souvenir d’une grandeur révolue. Je ne me suis jamais fait la promotrice de ce délire. M. Finkielkraut comme d’autres, outre qu’ils se livrent à une présentation fallacieuse de mes propos, se rendent coupables d’un grand effacement, passant sous silence les causes des effets par eux déplorés.
Si la population de la France hexagonale change de physionomie, ce n’est en raison d’aucune intention destructrice émanant des minorités d’ascendance subsaharienne ou maghrébine. Cette évolution est le fait d’une aventure coloniale dont le point final est encore attendu en Afrique subsaharienne. S’agissant des mœurs de ces minorités françaises auxquelles il est reproché de ne pas s’assimiler à la culture du pays – dont on ne sait comment la définir en Guyane ou à Mayotte –, on feint d’ignorer que la société les a incarcérées dans une extranéité dont le terme « issues de l’immigration » est un rappel constant.
En 1983, alors que ses organisateurs l’avaient baptisée Marche pour l’éga lité et contre le racisme, les commen tateurs trouvèrent plus pertinente l’appellation « Marche des beurs ». Une partie de la jeunesse de France s’élançait vers son pays. Elle fut ethni cisée, contrainte de réinventer sur place l’ailleurs auquel elle était assi gnée. D’autres exemples permet traient de montrer que les minorités furent invitées à façonner une cons cience dédoublée, source d’inconfort identitaire. Le pays ne se forgeant pas d’outils valables pour venir à bout d’un problème suscité et minoré, les premiers concernés les trouvèrent une fois de plus dans un ailleurs dont on leur avait indiqué le chemin.
Passion pour l’Amérique noire
On se plaint de l’influence des théo ries étatsuniennes sur le militan tisme contemporain, sans interroger la passion de la France pour l’Améri que noire et sa dévaluation de ses propres expériences afrodescendan tes. La société s’étant mise en quatre pour confirmer qu’être noir et occi dental était l’apanage des Africains Américains, les Français noirs reçu rent le message. Nino Ferrer clamant jadis dans une chanson son désir d’« être noir » voulait ressembler à Ja mes Brown, pas à Manu Dibango qui dirigeait son orchestre. Les cinéastes ou les écrivains qui s’intéressèrent aux Black Panthers dans les années 1960 n’accordèrent pas la même at tention au Bumidom [Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outremer, orga nisme public chargé d’administrer le déplacement des ultramarins vers l’Hexagone], encore moins à la ré pression sanglante de manifesta tions en Guadeloupe en mai 1967. Il serait possible d’écrire des pages sur les manquements qui produisirent ce que l’on déplore sans jamais en pren dre sa part de responsabilité.
Le discours des inventeurs du « grand remplacement » efface aussi les circulations des Français, la piètre qualité de leur assimilation aux sociétés étrangères dans lesquelles ils s’établissent. Ils y vivent en commu nauté, s’assurent que les denrées du pays natal ne manquent pas, en voient leurs enfants dans des écoles françaises, se gardent bien de leur donner des prénoms autres que fran çais, de maîtriser les langues du cru. L’environnement local n’est qu’un décor dont on apprécie les couleurs, tout en faisant en sorte de n’être pas affecté par lui. Les Français peuvent ils exiger des autres ce à quoi euxmê mes se refusent avec tant d’applica tion ? L’effacement méthodique de cet aspect du sujet frappe du sceau de la mauvaise foi les quérimonies des pourfendeurs de la transformation démographique du pays.
Ce silence dissimule l’idée que les Français, lorsqu’ils se déplacent, apportent un plus aux sociétés qui les accueillent, surtout si ces derniè res se trouvent dans l’hémisphère Sud. C’est oublier, parmi eux, les pédophiles et autres délinquants qui ont toute latitude pour pénétrer sans visa dans certains pays. C’est afficher son mépris pour des cultures que l’on répugne à adopter. Mais on s’y rend, dans ces territoires, et on y gagne beaucoup mieux sa vie qu’on ne le ferait en France. Pour dire en core un mot de l’Afrique subsaha rienne, dont la démographie in quiète en raison de la submersion de l’Europe qu’elle provoquera selon certains, la France entend se mainte nir dans cette région du monde. Pré tendon continuer à tirer profit des biens tout en excluant la présence des corps ? Ce désir témoigne d’une assuétude à la prédation et à l’injus tice qui ne sera pas encouragée, il suffit pour s’en convaincre d’écouter la jeunesse subsaharienne.
La parole réactionnaire omet de rappeler que d’autres firent l’expé rience de la disparition du monde connu et ne se lamentent pas tout le jour à cet égard. Ceux qui virent l’Eu rope de l’Ouest leur tomber dessus dès la fin du XVIe siècle ne survécu rent pas tous à l’invasion. Lorsque leur puissance de vie leur permit de ne pas disparaître en même temps que leurs archétypes dérobés pour remplir les musées occidentaux, de ne pas être effacés comme le fut une grande partie de leur univers de réfé rence, ils surent se réinventer. Les Subsahariens auraient bien des le çons à donner en la matière, eux qui apprivoisent le monde conçu pour eux par d’autres. Ceux d’entre eux qui viennent en France de nos jours tiennent à leur identité. Comme les Français en Afrique.
La France a désormais un autre vi sage parce qu’elle a bâfré aux tables du monde, qu’elle s’est forcée dans le lit des peuples du monde, et que, de ces corpsàcorps, sont nés des ci toyens français. Le pays a le visage de ces conquêtes dont il révère les agents, la silhouette que lui dessinent ses manquements à l’intérieur, ses appétits à l’extérieur.
Leonora Miano est une écrivaine franco-camerounaise. Elle est l’auteure d’une quinzaine d’ouvrages dont « La Saison de l’ombre » (Grasset, 2013, prix Femina) et « Rouge impératrice » (Grasset), paru en août.
VIDEO
ABDOU DIOUF AUX FUNÉRAILLES DE COLETTE SENGHOR
L'ancien président est venu rendre hommage à la veuve de celui qu'il a succédé à la tête du Sénégal, décédée il y a quelques jours à l’âge de 93 ans
Elle s'est éteinte il y a quelques jours à l’âge de 93 ans… Colette Senghor continuait de vivre en Normandie, où elle avait vécu avec son mari, Louis Léopold Senghor, l'ancien président sénégalais. Son successeur, Abdou Diouf est venu lui rendre hommage.
Reportage.
VIDEO
"DIRE LUXE ET AFRIQUE DANS LA MÊME PHRASE NE DEVRAIT PAS CHOQUER"
La styliste et femme d’affaires, Adama Paris projette d’ouvrir une usine à Dakar pour mettre en commun les métiers traditionnels du vêtement
Le Monde Afrique |
Laureline Savoye et Mariama Darame |
Publication 23/11/2019
Adama Ndiaye, plus connue sous le nom d’Adama Paris, fourmille d’idées quand il s’agit de mettre en valeur les modes africaines. Fondatrice de la Dakar Fashion Week (2002), de la Black Fashion Week à Paris (2012) et de Fashion Africa TV (2014), la créatrice sénégalaise doit ouvrir, après celui de Paris, six concept storesde sa marque, Saargale, dans plusieurs villes africaines.
L’objectif est de valoriser les créateurs, artistes et artisans qui travaillent sur le continent. Adama Paris a reçu Le Monde Afrique dans son nouveau concept store Saargale à Paris pour raconter son parcours et ses projets.
VIDEO
MBEUBEUS DEVIENT INCONTRÔLABLE
La ville poubelle à l'expansion galopante arrive à saturation et se transforme en une bombe écologique et sanitaire. Tout autour de la décharge, des habitants n’en peuvent plus et des voix s’élèvent pour dénoncer le désastre en cours
TV5 Monde Afrique |
Antoine Delpierre William de Lesseux, Cheick Berthé |
Publication 23/11/2019
Au Sénégal, non loin de Dakar, les ordures des quelques 3 millions d’habitants de la région de la capitale sont déversées directement dans une décharge à ciel ouvert. Son nom : Mbeubeuss. Aujourd’hui, cette ville poubelle à l'expansion galopante et incontrôlable arrive à saturation et se transforme en une bombe écologique et sanitaire. Des voix, comme celle de l'artiste électro française Suzane, s’élèvent pour dénoncer le désastre en cours.
Vu du ciel, c’est une ville tentaculaire, à l’urbanisation galopante, qui s’étend sur 114 hectares, l’équivalent de près de 200 terrains de football. À deux mille pieds d’altitude, on distingue des bâtiments, des rues, des véhicules qui circulent. Mais une fois au sol, Mbeubeuss se dévoile.
Bienvenue dans la décharge à ciel ouvert de Dakar, une des plus grandes du monde. En fait de bâtiments, des montagnes de déchets plutôt. Dans ses allées, les camions venus de la capitale sénégalaise et de sa banlieue déversent de quoi bâtir des quartiers entiers de détritus, par blocs d’ordures sédimentées sur les lieux.
Pour certains, une aubaine
Dans cette ville monstre d’insalubrité, où l’odeur irrespirable et les fumées dues à la décomposition imprègnent tout corps étranger, des gens vivent. On les appelle les "récupérateurs”. Pour ces quelques 2000 travailleurs informels, ce qui ne sert plus ou doit être jeté devient une ressource. Moda Ndiaye est l’un d’entre eux. Sur le site, le sexagénaire fait partie des anciens. L’homme, très attaché à son métier, nous décrit son activité comme une industrie. Lui, s’est spécialisé dans la récupération des toiles imperméables. À la revente, il en tire 25 000 francs CFA par semaine, près de 40 euros. "La majeure partie ce sont des soutiens de famille" explique-t-il. Pour lui, l’endroitest "une montagne d’or. Rien n’est perdu, même le sable on le récupère, on le vend. Tout est à gagner". Ou tout à perdre.
À quelques centaines de mètres de là, la petite unité agricole de Serigne Sène subit les fumées et les émanations de gaz toxique de la décharge. Installé ici depuis les années 1990, il aimerait pouvoir partir : "Macky Sall doit nous aider face à la situation de la décharge. Moi, il faut qu’on me trouve un autre endroit pour poursuivre mon activité. C’est intenable. Et si possible, enlever la décharge, car on a de plus en plus de mal à respirer", explique-t-il.
Tout autour de la décharge, des habitants qui n’en peuvent plus. Mécanicien, Ibou Faye, doit souvent passer à proximité de la décharge. L’homme se dit victime des boues jugées toxiques qui sont relâchées par les ordures : "À chaque fois que je [vais] travailler je passe par Mbeubeuss. À chaque fois que je passe dans la boue, ça me fait des blessures au pied et ça fait mal. Ça ne brûle pas mais après le soir ça gratte, ça fait mal, en grattant ça fait des boutons", se plaint-il.
Mbeubeuss, bombe écologique et sanitaire ?
L’État veut bien le reconnaître. La situation actuelle n’est pas tenable. Ouverte en 1968, la décharge devait être provisoire, mais les autorités ne s’y sont intéressées qu’en 2015, lors de la création de l’Unité de coordination pour la gestion des déchets du pays (UCG). Sa fermeture et son transfert avaient été décidée en 2012. Mais aujourd’hui, le discours a changé. Il s’agit maintenant de “résorber” Mbeubeuss. Selon El Hadj Mamadou Dieng, adjoint au coordonnateur de la décharge (UCG), il faut changer l’image de la décharge : "On ne verra plus de feux. On va installer des structures aux normes, et même un centre de tri et de compostage".
Mais en attendant, aucun calendrier en vue de l’installation de ces structures. Face au manque d’investissement de l’État, les habitants et les riverains vont organiser une manifestation pour demander que des mesures soient prises. Rassemblement prévu dans quelques semaines, le 14 décembre prochain.
Un clip pour dénoncer cette situation
Le déclic, pour la chanteuse Suzane, s’est pourtant produit loin de Dakar. C’est lors d’une tournée en Chine que l’artiste électro française de 28 ans prend conscience : "La couleur du ciel, à Shanghai, les Chinois ne la voient pas tous les jours. Je me suis rendue compte que je ne voyais pas le visage des gens avec cet épais nuage noir constant", raconte-t-elle. "C'est un futur apocalyptique, c'est très triste d'en arriver à ça, et en Chine ils en sont déjà là".
Germe alors l’idée de tourner un clip pour "montrer la réalité des déchets". C’est à ce moment que la tristement célèbre décharge à ciel ouvert de Mbeubeuss dans la banlieue de la capitale sénégalaise s’impose comme le décor pour son morceau "On a cassé la planète, il est où le SAV ?".
SERIGNE MOUNTAKHA RÉCONCILIE WADE ET MADICKE
Après avoir réconcilié Abdoulaye Wade et Macky Sall lors de l’inauguration de la grande mosquée Massa likoul Jinane, le khalife général des Mourides vient de recoller les morceaux cassés entre le secrétaire général national du Pds et Me Madické Niang
Et de deux ! Après avoir réconcilié Abdoulaye Wade et Macky Sall lors de l’inauguration de la grande mosquée Massa likoul Jinane, le khalife général des Mourides vient de recoller les morceaux cassés entre le secrétaire général national du Pds et Me Madické Niang.
«Le khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a envoyé le vendredi 15 novembre 2019 son frère Serigne Issakha Mbacké, ancien ambassadeur auprès du Président Abdoulaye Wade, pour lui transmettre un message en deux points dont l’un porte sur ses relations avec Madické Niang.
Le messager a indiqué au Président Wade que le khalife souhaitait sa réconciliation avec Madické Niang», rapporte un communiqué du secrétaire national chargé de la communication du Pds. Selon Mayoro Faye, Me Wade a répondu que le vœu du khalife a pour lui valeur de ndiguël (consigne) et que le marabout peut, dès lors, «considérer la réconciliation comme déjà faite».
Serigne Issakha Mbacké a rappelé que sa démarche fait suite au «souhait» exprimé au khalife par l’ancien ministre des Affaires étrangère de Wade de se réconcilier avec son ancien mentor. Me Niang avait déclaré d’ailleurs qu’il n’avait voulu «ni occuper ni louer la maison de Fann qu’il avait prêtée au Président Wade, ajoutant que les clefs étaient toujours sa disposition».
Le coup de fil entre Wade et Madické
De la même manière, l’émissaire de Serigne Mountakha Mbacké a aussitôt appelé Me Madické Niang pour l’informer de la mission qu’il était en train d’effectuer auprès de Me Wade et que, «sur instruction du khalife général des Mourides, aussitôt son entretien terminé, il s’acheminait vers lui».
Ce que Serigne Issakha Mbacké a fait. Et mieux, souligne le communiqué, il a établi le contact téléphonique entre les deux personnalités qui ont «échangé quelques mots d’amabilité». A la suite de quoi, le candidat malheureux à la Présidentielle du 24 février dernier a annoncé qu’il était «prêt à se rendre au domicile du Président Wade selon sa convenance».
Retour sur le divorce
Le divorce entre Abdoulaye Wade et Madické Niang a été consommé à quelques mois de l’élection présidentielle. Le second estimait que le Pds devait avoir un plan B puisque la candidature de Karim Wade n’était pas évidente. Ce qui avait mis Wade-père dans tous ses états, décidant même de retirer la présidence du groupe parlementaire de l’opposition à Me Niang. Mais Wade n’en avait pas fini. Il publie une lettre salée en septembre 2019 dans laquelle il martèle qu’il n’y aura pas de plan B, accusant d’ailleurs Me Niang d’être «téléguidé» par Macky Sall.
Et dans sa réponse, Me Madické Niang avait fait part de sa «grande déception» que «le Président Wade ait pu se tromper sur (son) compte». C’est de là qu’est partie sa candidature. Une fissure abyssale entre les deux au point que le chef des Libéraux avait demandé à ses militants de voter qui ils veulent sauf Macky et Madické Niang.
Aujourd’hui que la réconciliation est actée, se posent aussi d’autres questions. Madické Niang retournera-t-il chez Wade alors qu’il vient, avec Idrissa Seck, Issa Sall, Pape Diop, Malick Gakou, Hadjibou Soumaré de mettre en place une grande alliance qui sera une «force politique au service exclusif de la défense des intérêts du Peuple sénégalais» ?
LES FAMILLES DEMANDENT A L’ETAT DE LES DEDOMMAGER
Venues de Gadaye, Tivaouane Peulh, Guéréo, Darou Salam et des HLM Maristes et réunies en Collectifs, les victimes de Démolition de maisons à Dakar ont marché hier dans les rues de Dakar.
Venues de Gadaye, Tivaouane Peulh, Guéréo, Darou Salam et des HLM Maristes et réunies en Collectifs, les victimes de Démolition de maisons à Dakar ont marché hier dans les rues de Dakar. Ces nombreuses victimes soutiennent qu’elles en ont marre du silence des autorités alors que la justice a tranché et demandé à l’Etat de les dédommager..
Plusieurs organisations et d’associations de victimes ont participé hier à une grande marche initiée par le Collectif des Victimes de Démolition de Maisons à Dakar. A la Place de l’Obélisque d’où est parti le cortège composé de plusieurs collectifs de victimes de démolition dont ceux de Gadaye, HLM maristes, Guéréo, Tivaouane Peulh, Darou Salam Beigne Bi, les manifestants ont interpellé le Président Macky Sall à qui elles demandent d’appliquer la décision rendue par la Justice dans certains cas, comme celui de Gadaye. Ces personnes dont les maisons ont été démolies disent en avoir marre des lenteurs administratives. Elles menacent de passer à une vitesse supérieure si les autorités ne réagissent pas face à cette situation qui, selon elles, a assez duré.
Selon les manifestants, les familles victimes de ces démolitions sont au nombre de 1976 et attendent depuis 38 mois la matérialisation des promesses faites par les autorités. Lesquelles avaient annoncé que les familles impactées seront rétablies dans leur droit. Mais jusque-là, rien n’a été fait, selon les membres des collectifs. «Nous réclamons nos terres et sommes prêts à y laisser nos vies. On ne permettra à personne de venir construire sur des terres qui nous ont été volées», a martelé Fatou Ngom, une victime habitant Gadaye.
Pour El Hadji Maguèye Diop, l’Etat doit indemniser ceux qui sont encore en vie, car beaucoup de victimes ne sont plus de ce monde. «L’Etat doit prendre ses responsabilités et payer les familles qui souffrent de location», affirme M. Diop, membre du Collectif des Victimes. A propos du dossier de Gadaye où 254 familles ont vu leurs maisons détruites, renseigne-t-on, la justice a ordonné que les familles soient dédommagées.
Toutefois, se plaignent les victimes, la personne à l’origine de ces démolitions se pavane dans Dakar sans être inquiété. Le Front populaire Anti-impérialiste-France Dégage (Frapp-France Dégage) et le Forum Social Sénégalais ont pris part à cette marche qui est partie de la Place de l’Obélisque pour finir au rond-point de la RTS.
STUPÉFIANT !
Les données fournies dans le rapport du Réseau ouest africain d’épidémiologie sur la consommation de drogue montrent qu’au Sénégal le cannabis est la drogue la plus saisie
Les données fournies dans le rapport du Réseau ouest africain d’épidémiologie sur la consommation de drogue montrent qu’au Sénégal le cannabis est la drogue la plus saisie. Le document qui s’est intéressé à la période 2014-2017 renseigne que les saisies ayant enregistré une baisse en 2015 ont augmenté les années suivantes. Comme l’attestent les dernières saisies opérées cette année qui sont estimées à presque 2 t de cocaïne.
Le rapport du Réseau ouest africain d’épidémiologie sur la consommation de drogue (Wendu), couvrant la période 2014-2017, qui vient d’être publié, a donné des informations sur la situation au Sénégal. Le document renseigne que la quantité de drogue saisie en 2014 était bien supérieure à celle de 2015. Les données montrent aussi que les saisies ont augmenté en 2016 et 2017.
Concernant le type de substance, il ressort du document que le cannabis reste la drogue la plus saisie pendant les quatre années avec 4 620 kg en 2014, 1 345 kg en 2015, 10 mille 768 kg en 2016 et 12 mille 798 kg en 2017. Le rapport informe que la saisie de cocaïne a eu tendance à baisser de 2014 à 2016, mais a augmenté en 2017.
Les données font état de 31,86 kg de cocaïne saisis en 2014, 4,26 kg en 2015, 0,87 kg en 2016 et 2,25 kg en 2017. S’agissant des arrestations, le document informe que le nombre de personnes arrêtées augmente chaque année. De 159 en 2014, le nombre de personnes interpellées est passé à 176 en 2015, 394 en 2016 et 1 224 en 2017. Les auteurs du rapport soulignent que 90% des personnes arrêtées sont des hommes.
Parlant de la consommation des stupéfiants, le rapport montre qu’en 2014, le cannabis était la drogue la plus utilisée (à l’exclusion de l’alcool) par les toxicomanes au Sénégal avec 95,2% des personnes en traitement. Ce chiffre, selon le document, est tombé à 91% en 2016 et à 89% en 2017. Il est souligné que l’héroïne représentait 4% en 2015, 1,5% en 2016 et 4% en 2017.
En outre, les auteurs du document renseignent qu’en 2017, 630 personnes (4,1 personnes pour 100 mille habitants) ont été traitées pour alcoolisme au Sénégal. Les auteurs du rapport qui se sont intéressés à l’âge des consommateurs de drogue informent qu’en 2016, 45% des consommateurs de drogue au Sénégal étaient des jeunes âgés entre 20 et 29 ans. En 2017, ce groupe d’âge représentait 47% des consommateurs de drogues.
Le deuxième âge, informe le rapport, est composé de personnes âgées de 30 à 39 ans. L’étude montre aussi que la voie d’administration la plus courante est l’inhalation, représentant 77% en 2016 et 78% en 2017. Elle est suivie de l’ingestion orale qui était de 18,5% en 2016 et 16% en 2017. Le nombre de cas de consommation signalés a été aussi mis dans le document.
Ainsi en 2015, 4 825 cas de consommation de substances ont été signalés. Ce chiffre est passé à 4 917 en 2016 avant de baisser à 4 194 en 2017. Le rapport précise qu’en 2016 et 2017, 15% de ces cas étaient nouveaux. 47% des consommateurs âgés entre 20 et 29 ans Il faut noter que le rapport du Réseau ouest africain d’épidémiologie sur la consommation de drogue fournit des informations sur la situation en matière de drogue sur la base des dernières données communiquées par les Etats membres de la Cedeao ainsi que la Mauritanie.
L’objectif de ce rapport, fruit de la collaboration entre la Cedeao, l’Onudc et l’Union européenne, est de «fournir aux décideurs les éléments nécessaires afin de prendre des décisions politiques et pratiques fondées sur des données probantes». Le rapport met l’accent sur le contrôle des drogues, les troubles liés à la consommation et le traitement des toxicomanes. Il présente ainsi la vulnérabilité de l’Afrique de l’Ouest «face à ces phénomènes qui créent un problème de santé publique et de sécurité, et une menace pour la bonne gouvernance, le développement et la paix dans la région».
Concernant les pays de la Cedeao, le rapport montre que «le cannabis, la cocaïne, les opioïdes et les substances de type amphétamine (principalement la méthamphétamine) ont été les principales drogues saisies dans la région entre 2014 et 2017».
Cette période, d’après les auteurs du document, «a enregistré une diminution des saisies de cannabis et, d’autre part, une augmentation alarmante des saisies de Tramadol, indiquant une augmentation de l’usage non médical des opioïdes pharmaceutiques». Selon les données, «les saisies de Tramadol se sont multipliées, passant de 17 tonnes en 2014 à 170 tonnes en 2017».