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21 juillet 2025
COMMENT LES MÉDIAS PRÉPARENT LA MORT DES PERSONNALITÉS
Souvent, le journaliste qui connaît la personne rédige une base, l’actualise de temps en temps et accélère quand l’intéressé vieillit, tombe malade ou que la rumeur enfle
Franceinter |
Cyril Petit |
Publication 04/11/2019
La semaine dernière, "Le Monde" a publié par erreur une nécrologie, celle de Bernard Tapie, qui souffre d’un cancer, mais qui n’est pas mort du tout ! Cyril Petit nous explique combien les médias et la mort des personnalités, c'est toute une histoire !
“ L’homme aux 1000 vies.” C’est le titre du très long papier préparé à l’avance par le duo d’investigateurs Davet et Lhomme qui est restée en ligne 15 minutes avec des blancs à compléter lorsque la date du décès et l’âge du défunt seront connus. Grosse boulette due à une défaillance technique – qui a nécessité des excuses officielles.
Il faut le savoir : des centaines de textes, pas seulement des nécros, sont “en attente” dans les back-office des médias (c’est-à-dire l’endroit où on écrit et stocke les contenus pour le web). Parfois, ces brouillons sont publiés par erreur comme en 2013 quand Metronews avait annoncé la mort de Michael Schumacher (du coup, de plus en plus de sites stockent les nécros sur des serveurs à part pour éviter toute publication automatique).
Les médias ont tous et toujours préparé en avance ainsi la mort des personnalités…
C’est même indispensable au cas où le décès arrive juste avant le bouclage d’un journal papier, au milieu d’un JT ou dans une matinale radio.
On a vu les résultats de cette ultra-préparation pour la mort de Jacques Chirac : des centaines d’articles publiés en rafale dès l’annonce à midi, et des magazines en vente moins de 24 heures plus tard. En deux jours, 26 000 contenus sur l’ancien président ont été publiés, selon la plateforme Press’edd. Cinq fois plus que pour Johnny !
Combien de nécrologies attendent donc dans “les frigos” des journaux ?
Les noms restent évidemment secrets mais voici des chiffres.
Libération, spécialiste des unes de décès collector, dispose d’une trentaine de textes.
Le Parisien a 16 nécros de 4 à 16 pages, et 3 hors-séries terminés. Les autres, plus courtes, comme pour Marie Laforêt décédée samedi, sont réalisées à chaud.
Le Figaro en a une centaine.
Au Monde, on m’a confirmé disposer d’un peu plus de 300 textes.
Mais ce n’est rien à côté du New York Times. Le quotidien américain m’a indiqué hier en avoir… 1800.
Une nécro prête des mois à l’avance n’empêche pas des loupés historiques !
On attendait la mort de Nelson Mandela depuis le printemps. Elle est arrivée un jeudi soir de décembre 2013. La presse française n’a eu qu’à appuyer sur le bouton pour imprimer son dossier spécial. Mais Libération a raté le coche. Rien dans l'édition du lendemain à la différence des autres titres. Un vrai traumatisme en interne !
Les coulisses de ces nécrologies sont parfois surprenantes...
Surtout quand elles sont prêtes depuis des années. Souvent, le journaliste qui connaît la personne rédige une base, l’actualise de temps en temps et accélère quand l’intéressé vieillit, tombe malade ou que la rumeur enfle.
Par exemple, la nécro de Chirac publiée dans le New York Times avait été rédigée par un journaliste mort lui-même en 2007 !
A Libé, tous ceux qui ont travaillé sur la mythique Une “Sans chichi” avaient quitté le journal depuis longtemps lorsqu’elle a été publiée.
Dernière anecdote, racontée à Vice.com par la grand reporter du Monde, Raphaëlle Bacqué. Elle était allée voir Charles Pasqua pour préparer sa nécrologie, sans le prévenir. Malin, il lui dit à la fin : “Bon, j’imagine que c’est le seul de vos papiers que je ne pourrai pas lire.“ L’ancien ministre est mort le 29 juin 2015. Peu avant la publication de cet article.
"LA CONNAISSANCE NE DOIT PAS ÊTRE RÉSERVÉE À QUELQUES ÉLITES"
Alain Mabanckou signe avec le romancier franco-djiboutien Abdourahman Waberi le Dictionnaire enjoué des cultures africaines. Au fil des mots, mais aussi hommes célèbres et des lieux, c'est une invitation au voyage dans ces cultures africaines
Notre invité ce matin est l'écrivain Alain Mabanckou. Prix Renaudot 2006 pour « Mémoires de porc-épic », Alain Mabanckou signe avec le romancier franco-djiboutien Abdourahman Waberi le Dictionnaire enjoué des cultures africaines. Un abécédaire à la fois informatif et ludique, qui vient de sortir chez Fayard. Au fil des mots, mais aussi hommes célèbres et des lieux, c'est une invitation au voyage dans ces cultures africaines.
RFI : D’ordinaire, un dictionnaire, c’est exhaustif, plutôt rébarbatif. Mais le vôtre, vous le dites enjoué. Pourquoi ?
Alain Mabanckou : Parce que nous avions l’expérience de ces dictionnaires un peu lourds, fastidieux, difficiles à avaler. On voulait quelque chose de rapide, de neuf. La connaissance ne doit pas être réservée à quelques élites et là c’est un dictionnaire populaire.
C’est un peu comme un dictionnaire historique qui parle du sens des mots, des hommes, des lieux… Mais aussi de leur histoire.
Voilà. Cela doit être considéré comme une promenade à travers les cultures africaines. Que ce soit en Amérique, que ce soit en France, puisque de la France noire on en parle, que ce soit dans les Antilles, que ce soit du côté d’Haïti, etc., il s’agit d’aller à l’essentiel pour, un peu, voyager avec les cultures africaines.
À la lettre A, premier mot : « Abacost ». Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire « À bas le costume ». C’était le genre de vêtement qui était exigé à l’époque où ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo s’appelait encore le Zaïre. Mobutu avait interdit le costume européen et alors on avait créé ce veston qui avait des manches plutôt courtes. On portait ça sans chemise à l’intérieur et pas de cravate. Cela voulait dire à bas le costume, à bas l’habillement à l’occidental. En résumé, cela faisait « Abacost ».
Et puis il y a le mot « Dictature ». La dictature, cela fait partie, maintenant, de sculptures africaines ?
C’est tout à fait normal. Vous ne pouvez pas parler de l’Afrique sans parler de dictature. C’est évident. C’est évident, la dictature a été et elle demeure aujourd’hui un des grands problèmes du continent africain.
Cela veut dire qu’il est épicé ? Il n’est pas que « enjoué », votre dictionnaire ?
En fait, ce que nous entendons par dictionnaire enjoué, c’est un dictionnaire dans lequel l’esprit est libre de pouvoir définir les choses, selon la subjectivité des auteurs. L’esprit est libre d’emprunter le ton ironique, d’emprunter le ton un peu caustique, etc., etc.
Le « CFA » apparaît également. Vous pensez qu’il fera bientôt partie de l’histoire, ce mot-là ?
Je ne peux pas le dire, cela dépend des politiciens et autres. Nous, ce qu’on voulait dans le dictionnaire, c’est de montrer que le CFA pose un débat aujourd’hui très enflammé. Le CFA, c’est un des systèmes économiques qui se trouve là et les populations africaines se rendent de plus en plus compte que c’est l’un des éléments qui les rattache encore à la domination coloniale. Maintenant, c’est au peuple africain de décider de sortir ou pas de ce système monétaire, avec les avantages et les conséquences qui vont avec.
Apparaît aussi le terme de « Jihadisme ». Il y a quelques années, l’auriez-vous fait figurer, ce mot-là ?
Non, mais les dictionnaires, aussi, empruntent les problèmes actuels du continent africain. Le jihadisme est un moment très délicat pour le monde entier et l’Afrique, aujourd’hui, est en train de subir les conséquences de l’islamisme, les conséquences des conflits religieux. Donc nous avons estimé qu’il y avait une place à donner à ce mot dans le dictionnaire qui est le nôtre.
Vous rendez hommage aussi à beaucoup de personnalités : Barack Obama, Aimé Césaire, Mongo Beti, Kylian Mbappé… C’est aussi une galerie de portraits ?
Oui, oui… C’est une galerie de portraits, mais il y a aussi - rassurez-vous - des femmes. Les femmes, comme les Paulette Nardal, Christiane Diop, AminataSow Fall, etc., il y a une galerie de femmes, et Dieu sait que j’ai toujours pris comme priorité le sens de l’équilibre des choses.
Et le mot que vous préférez, vous, dans votre dictionnaire, quel est-il ?
Vu que la plupart des mots qui sont là, nous les avons accouchés avec Abdourahman Waberi et qu’en plus on a laissé beaucoup d’éléments, puisque c’est un projet qui va se poursuivre, donc je ne peux pas trouver, comme ça, sur les 108 entrées qui sont là, celui que je préfère. Mais en tout cas, évidemment, je ne vais pas tomber en pâmoison devant la « Dictature ». Je vais rêver avec le mot « Afro-futurisme », je vais rêver, aussi, avec des mots comme « Foufou »… Je ne sais pas… Les mots comme « Bissap », je vais rêver avec des footballeurs comme Kylian Mbappé … On a tout dans ce dictionnaire ! C’est vraiment un bon bouillon, presque, des cultures. Et je m’excuse vraiment d’aimer ce que nous avons fait.
SADIO MANÉ, OBJECTIF BALLON D'OR
La star sénégalaise de Liverpool, prétendant au titre de meilleur joueur du monde, affirme son ambition de remporter la récompense France Football malgré la concurrence des mastodontes comme Cristiano Ronaldo et Lionel Messi - ENTRETIEN
La star sénégalaise de Liverpool, Sadio Mané, prétendant au titre de meilleur joueur du monde, affirme son ambition de remporter le Ballon d’Or France Football malgré la concurrence des mastodontes comme Cristiano Ronaldo et Lionel Messi.
RFI: Sadio Mané, quel but samedi face à Aston Villa ! (Ndlr : le Sénégalais avait marqué à la 94e minute pour donner la victoire à Liverpool, 2-1, lors de la 11ee journée de Premier League).
Sadio Mané: Merci ! Ce n'était vraiment pas évident. On a été menés 1-0. Je crois qu'en première mi-temps, on n'a pas joué comme il fallait et on a été punis. On est revenu en deuxième mi-temps. On a poussé ensemble, on s'est créé pas mal d'occasions et on a marqué deux buts. Même si ce n'était pas notre meilleure performance, je crois qu'on méritait les trois points.
Et quel début de saison pour vous aussi, avec déjà sept buts Premier League...
C'est pas mal oui ! (Rires) J'essaye de donner le meilleur tous les jours, que ce soit à l'entraînement ou en match, pour pouvoir aider mon équipe. Je suis là et je vais essayer de continuer à marquer plus de buts et donner plus de passes décisives à mes coéquipiers.
«Si des choses ne vont pas bien avec Salah, on se les dit»
Vous faites un tel début de saison alors que vous avez eu très peu de vacances. Avec la CAN, vous vous êtes très peu reposé...
Oui, je n'ai pas eu beaucoup de repos. Mais vous savez, des fois, la fatigue, c'est dans la tête. Psychologiquement, je ne me fais pas de souci. Tant que je peux aider mon club ou ma sélection à progresser.
Il y a un peu plus de trois ans, certains supporters de Liverpool n'étaient pas pour votre arrivée. Aujourd'hui, tous vous ont adopté ?
Au début, ce n'était pas évident, c’est vrai, mais depuis mon arrivée dans cette ville, je me sens comme chez moi. Les supporters me manifestent leur sympathie et j'essaie de le leur rendre sur le terrain.
Qu'en est-il de votre complicité avec vos coéquipiers, avec votre entraîneur Jürgen Klopp ?
Il est évident que l'on doit être complices. Nous venons de passer trois, quatre ans ensemble. On se connaît bien, on s'entraide en se rectifiant tous les jours. Le coach est comme « mon papa ». Il intervient même dans ma vie privée. Ça me plaît, il a sa façon de tirer le meilleur de chacun. C'est un vrai coach.
Votre relation avec Mohamed Salah est bonne ou vous faites semblant tous les deux ?
Non, ce n'est pas une question de faire semblant. Nous ne sommes pas des gens qui faisons semblant. J'essaye d'être très honnête et de faire les choses naturellement. Je crois que ça se voit. Tout vient naturellement, rien ne se force chez moi. Certaines choses peuvent arriver sur le terrain ou en dehors. Quand on vit tous les jours ensemble, ça arrive. Mais Mohamed (Salah) est quelqu'un que je respecte et nous avons de très bonnes relations sur et en dehors du terrain. Si des choses ne vont pas bien, on se les dit et après, ça passe. C'est ça la vie.
Tous les footballeurs rêvent du Ballon d'Or, je ne suis pas une exception. Beaucoup de noms reviennent. Je laisse le soin au jury qui prendront la décision finale.
Plusieurs titres Fifa The Best ont été attribués à d'autres joueurs en septembre et pas à vous. Vous n'en parlez pas, vous ne le montrez pas, mais on imagine votre profonde déception, non ?
Déception ? (Rires) Pas du tout, pas du tout ! Je l'ai dit, je vais le répéter : les joueurs qui ont été nommés ont fait une saison très belle aussi, exceptionnelle. C’est un signal fort pour moi pour que je me donne à fond, que ce soit à l'entraînement ou sur le terrain, pour que je puisse être choisi un jour.
«Le racisme n’a pas sa place dans le foot»
Et le joueur africain de l'année décerné par la CAF, pensez-vous que ce sera la bonne pour vous cette fois ?
C'est la même chose que pour le Ballon d'Or France Football. J'ai eu la chance d'être sur le podium à trois reprises. Je vais continuer à me battre pour terminer tout en haut, sur la plus haute marche. Je ne peux pas vous dire que cette année est la bonne. Mais je me battrai jusqu'au bout.
Vous avez été appelé par le sélectionneur du Sénégal, Aliou Cissé pour disputer les deux premiers matches comptant pour les éliminatoires de la CAN 2021. Après la finale 2019 perdu (0-1) face à l’Algérie, l’ambition est de remporter enfin le trophée en 2021 ?
Je pense qu’il est un peu tôt de parler de gagner la CAN 2021, même si on sait que c’est le rêve absolu de tous les Sénégalais. On y travaille et une fois à la CAN, on y sera pour gagner. Mais avant, il y a d’abord les qualifications et ce premier match contre le Congo à domicile (le 13 novembre à Thiès) qu’il faut remporter.
Ce match se jouera à Thiès (70 km de Dakar). Pour vous qui avez l’habitude de bonnes pelouses en Europe, qu’est-ce que cela vous fait d’évoluer sur celle du stade Lat Dior qui ne ressemble pas à celle d’Anfield de Liverpool ?
Je trouve d’abord que c’est une bonne chose de décentraliser les matches de l’équipe nationale. La sélection appartient à tout le monde. Thiès nous a réussi d’ailleurs la dernière fois quand on a joué contre Madagascar (2-0), on va essayer de faire la même chose contre le Congo. Vous savez même si la pelouse n’est pas aussi bonne qu’à Anfield, on n’a pas le choix, on va faire avec. J’en profite d'ailleurs pour lancer un appel à nos autorités pour qu’il mettent en place une pelouse plus praticable.
Une dernière question, votre compatriote Kalidou Koulibaly a été une nouvelle fois victime de cris racistes ce week-end en Italie lors du match AS-Naples. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
C’est déplorable ! Le racisme n’a pas sa place dans le foot, je pense qu’il est temps que cela s’arrête. Nous sommes tous égaux.
AUDIO
LES VOIES DU FUTUR TER SONT-ELLES ENDOMMAGÉES ?
Les images d'une vidéo largement partagée sur le net, montrent que les rails de l'infrastructure seraient endommagés avant même sa mise en service dans quelques mois. Qu'en est-il en réalité ?
RFI |
Alexis Guilleux, William de Lesseux |
Publication 04/11/2019
Au Sénégal, que se passe-t-il autour du futur train de banlieue de Dakar ? Une vidéo sur les réseaux sociaux entend montrer l’insécurité supposée du nouveau train express régional, le TER. Les images montrent que les rails seraient endommagés avant même la mise en service de l’infrastructure, prévue dans les prochains mois. La vidéo a été partagée massivement, et relayée par la presse locale. Problème, c’est une infox, une fausse information.
► Alexis Guilleux : William que montre exactement cette vidéo ?
► William de Lesseux, correspondant de RFI au Sénégal : les images ont été prises à l’aide d’un smartphone, on voit des traverses de chemin de fer en béton… Vous savez, c’est ce qui relie les deux rails entre eux. Ces rails ils sont bien rouillés, mal attachés. Plus étonnant, plus inquiétant encore, le ciment est fissuré, parfois des bouts de traverse manquent… ou la jonction se trouve brisée en deux. Les images ont été publiées en début de semaine par une page Facebook, Sénégal Bou Bess. Ce qui veut dire « nouvelle vision du Sénégal », une page militante. D’ailleurs l’utilisateur interpelle le président Macky Sall dans sa vidéo. Il n’a pas souhaité nous communiquer son nom ni répondre à nos questions.
►A.G : en tout cas, ce que dénonce ce militant ne correspond pas à la réalité sur le terrain.
► W. de L. : Oui, on est bien à Dakar sur cette vidéo, on peut reconnaître les abords des voies du TER. C’est vrai, c’est ce qui est troublant et qui a induit tout le monde en erreur.
Mais il ne s’agit pas du chemin de fer sur lequel circulera le futur train express régional. Ce sont des voies annexes, plus anciennes qu’a filmé l’internaute, des voies qui ne seront pas utilisées par les rames produites par Alstom. Comme souvent dans ce genre de vidéo il faut prêter attention au contexte, au hors champ : on voit alors que le nouveau chemin de fer destiné au TER se situe juste à côté, c’est le seul à comporter des caténaires, c’est à dire à être électrifié. Ce ne sont pas ces rails-là qui ont été filmés. Information que nous confirme l’agence de l’État en charge du projet.
►A.G : reste que les rails filmés par l’internaute sont dangereux…
►W. de L : Oui, même si les nouveaux trains ne rouleront pas par-là, cette voie qu’on penserait totalement inutilisable vu son état est en fait très empruntée. Par du fret, du transport de marchandises d’après les autorités.
Des marchandises sensibles celle des industries chimiques du Sénégal. Des cargaisons donc potentiellement dangereuses. Le directeur de l’entreprise n’a pas souhaité revenir sur l’état de ces voies. Même s’il ne s’agit pas du futur TER, les images de cette vidéo montrent en tout cas la situation exsangue des chemins de fer au Sénégal. Entre manque d’entretien et manque de moyens.
POUR MIEUX COMPRENDRE L'AFFAIRE PETROTIM
Qui sont les protagonistes de ce scandale de corruption présumé ? Quelle ligne de défense pour chacun d'eux ? Quid des contrats querellés ? Récapitualif de l'affaire à l'aune du début des auditions devant le Doyen des juges, Samba Sall, ce lundi
Les auditions devant le Doyen des juges, Samba Sall, sur l’affaire dite Petro-Tim, démarrent ce lundi 04 novembre. Au total, plus de 20 personnes répondront à la convocation du magistrat au titre de témoins, dans le cadre l’ouverture d’une information judiciaire.
Le Doyen des juges, Samba Sall ouvre ce lundi les auditions dans l’affaire dite « Petro-Tim ». Au cœur de cette question relancée début juin par une enquête de la BBC, il est question d’accusation de l’octroi de pot-de-vin dans l’attribution de deux blocs gaziers. Le député Mamadou Lamine Diallo va ainsi déférer, en premier, à la convocation du juge. Après lui, d’autres témoins devraient, selon toute vraisemblance, se présenter face au magistrat.
Pourquoi ces auditions
Ces auditions interviennent suite à une ouverture d’enquête. En effet, dans un reportage publié par la BBC, une chaîne de télévision britannique, des responsables politiques sénégalais se sont vus accusés d’enrichissement illicite, dans l’attribution de concessions, en matière d’hydrocarbures, au détriment de l’intérêt du pays. Une affaire polémique qui suscite encore débat dans les chaumières. Cette affaire aux ramifications multiples est formellement décrite par des responsables de l’opposition comme un «scandale sans précédent». Parmi ceux-là figurent Ousmanne Sonko, leader du parti politique Pastef, Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo, Thierno Alassane Sall entre autres.
Des contrats jugés opaques
Au cœur des accusations brandies par les opposants au pouvoir, il y a des contrats jugés opaques qui auraient été signés. Dans leur ligne de mire se trouve Aliou Sall, maire de Guediawaye, ancien directeur General de la Caisse de dépôts et de Consignation, non moins frère du président de la République, Macky Sall. Ils accusent l’édile de Guédiawaye d’avoir joué un rôle auprès du trust appartenant à l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis qui se serait enrichi massivement au détriment des Sénégalais. Dans l’enquête de la BBC qui a relancé cette affaire, Aliou Sall est accusé d’avoir reçu 250 000 dollars de la part de Frank Timis, à travers une SARL dont il serait actionnaire, Agritrans. Des accusations que le principal concerné a toujours niées : «Je n’ai jamais reçu, directement ou indirectement, un quelconque paiement de la part de Timis Corporation, à travers Agritrans », martelait-il en conférence de presse, le 3 juin dernier. Quelques jours plus tard et en pleine polémique, M. Sall démissionna de son poste de Directeur général (Dg) de la Caisse des dépôts et de consignation (CDC). «Il est de mon devoir de laver mon honneur sali, de protéger les miens, qui sont aujourd’hui encore plus touchés que moi dans leur chair et dans leur esprit. C’est à la fois un problème de justice, de dignité mais aussi de responsabilité», disait-il juste après démission de la CDC.
Le Sénégal prône la transparence
Ces accusations de manquements sont d’autant plus surprenants que le Sénégal s’est inscrit dans une perspective de transparence, dans la gestion de ses richesses gazières et pétrolières. Ainsi, dès 2013, le Sénégal rejoint l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), une organisation qui évalue la bonne gouvernance des pays dans le secteur des hydrocarbures. Le gouvernement sénégalais procède à la publication régulière des contrats. Le Sénégal a procédé à la création d’un Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COS-Petrogaz, qui est l’organe de pilotage stratégique), la révision en cours du Code pétrolier et la ferme volonté politique de faire en sorte que le Sénégal ne soit pas victime de la malédiction des ressources naturelles. Dans sa publication du 02 novembre 2018, le journal Sud Quotidien évoquait dans un article le «satisfecit d’Oxfam adressé au gouvernement du Sénégal», en rapport au respect des nouvelles normes internationales relatives à la divulgation des contrats. Isabel Munilla, responsable politique transparence dans les Industries extractives Oxfam America précisait qu’«une quarantaine de grandes entreprises évoluant dans ces trois secteurs ont été consultées dans ce rapport». Concernant les efforts de transparence que déploie le Sénégal, elle déclarait : «C’est très bien que le gouvernement du Sénégal ait publié des contrats. Ceci est un bon signe de la part des pouvoirs publics à l’endroit des populations dans la gestion des ressources naturelles».
LA FORCE VIVE DES MINUSCULES
À Dakar, les échanges d'avant la « Nuit de la pensée » ont mis en avant les microéconomies, mais aussi les thèmes de la folie et des génocides
Le Point Afrique |
VALÉRIE MARIN LA MESLÉE |
Publication 04/11/2019
Le chauffeur de taxi se demande ce qui nous amène à Dakar, alors, on lui raconte qu'à Raw Material Compagny, ce lieu de culture des arts contemporains fondé par Koyo Kouoh dans la capitale sénégalaise, ce samedi matin, se tenait la dernière session des Ateliers de la pensée, dont la nuit du 2 au 3 novembre viendra clore la troisième édition. Intéressant, dit-il, mais est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir deux ou trois ministres pour assister à ces réflexions afin que cela remonte aux politiques et que la population puisse en voir les effets ? Sensibiliser ces chefs d'État africains, qui, selon la caricature hilarante qu'on entendit lors de ces journées, « se promènent toute l'année à l'étranger de sommets russes, chinois, français », mais rarement dans « leur propre pays où les populations meurent de faim ? » Éternelle question du travail de l'intellectuel dont parlera El Hadji Malick Ndiaye, dans sa communication intitulée « Corps (“à corps”) intellectuels et altercultures. Nouveaux territoires de l'intelligence discursive ». Ce professeur d'université à Seattle voit dans ces Ateliers de la pensée « les prémices d'un dialogue qui dépasserait le confort de l'entre-soi, notamment avec la large part accordée au public dans les discussions ».
Un tournant a visiblement été opéré cette année aux Ateliers. On notera d'ailleurs le mot « pratiques » associé à celui de « dévulnérabilisation ». Et l'on sent que cet ancrage dans le réel demande à être renforcé, présent dès la veille (vendredi matin au musée des Civilisations noires) avec un panel d'économistes, de sociologues et d'humanitaires, et que la communication de Seydou Ra Sablga Ouédraogo « penser le basculement du monde à l'aune de la question sahélienne » préconisant de « donner une infrastructure économique à nos cultures » allait encore confirmer.
Incohérence des politiques publiques africaines
On y a notamment entendu Kako Nubukpo démontrer lumineusement les « incohérences des politiques publiques africaines » et donner des pistes aussi bien sur la fiscalité que sur la transformation notamment du coton sur place en Afrique de l'Ouest, où l'on pourrait décider que tous les écoliers soient habillés en coton africain. En se promenant dans les rues, l'ancien ministre de la Prospective du Togo se désolait encore de voir toutes ces friperies venues de l'Occident : « Sommes-nous bons à porter des choses qu'ils ne veulent plus porter parce que nous ne transformons que 3 % du coton produit ici ? »
Coumba Dieng Sow, agroéconomiste, lui a succédé en partageant avec le public son expérience humanitaire auprès des populations du Sahel, cette région étant, elle aussi, au cœur de plusieurs communications cette année, et pour bien des causes. Elle insista sur l'importance d'intégrer les savoirs locaux aux réponses apportées par les ONG face à la pauvreté, montrant à travers l'exemple éthiopien notamment comment l'homme et la nature sont inséparables et que le premier, fort de son expérience, comprend intiment la seconde, ne serait-ce qu'en observant les insectes. Le sociologue Emmanuel Ndoye, tout en donnant beaucoup de bagout à son discours, a été très loin dans sa pratique pour faire tomber les masques et montrer, encore un des fils rouges de ces ateliers 2019, comment l'expérience de l'autre – celui que le chercheur va interroger dans des quartiers populaires – doit être l'élément primordial avec lequel faire et avancer : entendre la pluriactivité de chacun permettant à de grandes familles de survivre, voire plus. Non, comprenait-on, la vision macroéconomique, avec ses infrastructures imposées de haut, n'entend rien à ce fourmillement de la réalité des rues et des marchés. Et les populations, elles, n'entendent rien à ce qui leur est imposé. Le dialogue peine jusque dans la langue du politique, le français la plupart du temps, ou un wolof mâtiné de français, que ne parle pas une grande partie des auditeurs. Cette succession de barrières restant à franchir fut une belle leçon d'humilité pour les chercheurs et un chemin vers des pratiques à venir. Elle suscita la réaction de Felwine Sarr sur le prix Nobel remis à Esther Duflo qui va dans cette direction, dit-il, de « réensenchasser l'économique dans le social », d'aller vers des « économicités diverses et non forcément le modèle globalisant, de répondre par des modèles à basse fréquence ». Une manière de sortir du « regard méprisant sur l'économie informelle, notamment dans l'enseignement de l'économie dans les amphithéâtres », et Sarr de lancer un appel au directeur des études de l'université Gaston-Berger de Saint-Louis présent dans le public à le faire coïncider avec ces enjeux.
L'économiste militant Alioune Sall Paloma se demanda ensuite vers quel pôle allait se tourner l'Afrique, le style américain du marché ou le style chinois de l'État, ou si des solutions alternatives n'étaient pas plutôt ce qui viendrait du continent ? Reste que la demande de renforcer l'économie politique dans de prochaines éditions a été clairement formulée.
La vulnérabilité des fous
Les Ateliers, ce sont aussi ces moments où « les vies minuscules », expression qu'on entend et réentend ici aussi, les « vies sensibles », selon le romancier Mbougar Sarr, ont eu leur plein droit de cité au milieu des chiffres, rapports, et communications plus axées sur le savoir universitaire. Ainsi d'Angèle Bieng, productrice et réalisatrice, dont Congo, un médecin pour sauver les femmes, premier film sur le docteur Denis Mukwege, qui a rappelé l'histoire narrée par une jeune réalisatrice togolaise sur sa grand-mère : pour se sauver, elle se fait passer pour une folle, et cela pendant 30 ans.
Joseph Tonda, anthropologue gabonais, n'est pas devenu fou, mais il s'est avoué plus que troublé quand il découvrit que l'élève qu'il avait formé était devenu un pasteur qui prêchait la lutte contre les enfants sorciers à Libreville en oubliant tout ce qu'il avait appris en termes d'études pour proclamer que ces enfants étaient sorciers depuis le ventre de leur mère. Fut dénoncé le silence de l'état face aux pratiques sacrificielles rituelles, notamment à l'encontre des albinos. Et cette démission ressortait encore, cas poignants à l'appui, de la communication du Camerounais Parfait D.Akana qui travaille sur ces domaines de la psychiatrie.
Abdourahmnme Seck, quant à lui, reprit l'expression « tomber en morceaux », en référence à Chinua Achebe (Le monde s'effondre) en suggérant, « pour nous retrouver », de soigner le rapport avec la France qui a coupé les liens entre la société d'avant la colonisation, jusqu'à rompre avec elle. À quoi Felwine Sarr a fortement réagi sur le thème de l'intime : oui pour rompre des liens d'asymétrie et de colonialité, a-t-il répliqué, mais si la France par l'histoire et jusqu'au présent « fait partie de toi ? Comment ne pas risquer alors l'automutilation » ? Pour Sarr, « nous sommes plutôt, à l'instar des frères caribéens, multiples ».
Paroles de la rue
Tous les intervenants se retrouvèrent dans l'histoire du Mandé magiquement contée par Rokia Traoré et ses musiciens sur la scène de l'Institut français, le soir même. De quoi aborder la session du lendemain, samedi matin, qui s'avéra aussi diverse que chargée en émotions. Et pas seulement parce que l'Afrique du Sud avait remporté le match de rugby… Les échanges montrèrent notamment la force, via El Hadj Malick Ndiaye et Ibrahima Wane, maître de conférences de littérature africaine orale à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, des paroles extra-livresques, de celles qui inondent les rues et parlent à la jeunesse. D'autant que la Guinée occupait tous les esprits avec les manifestations dans la ville contre le troisième mandat d'Alpha Condé, nous rappelait celui qui fut longtemps le leader de « Y'en a marre » Fadel Barro. S'exprimer dans la langue qui touche le plus grand monde ? Mais laquelle ? La question se reposait dans le monde arabe, pour l'historienne spécialiste de l'histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain Leyla Dakhli, aux origines notamment tunisiennes. Alors que tout autour l'actualité bruisse en arabe des soulèvements populaires, en Algérie, au Liban, en Irak, ces discussions arrivaient fortement en écho avec le réel.
De la violence extrême
Ces deux derniers panels, plus hétérogènes sans doute que les précédents, laissèrent aussi une belle place aux artistes : à Sammy Baloji, qui, avec photos à l'appui et extrait d'un texte (kasala) de son compatriote de RDC Fiston Mwanza Mujila sur les creuseurs assassinés par Mobutu en 1974, montra comment se complètent les mémoires africaines, « les anciennes et la coloniale », selon l'expression de Valentin Mudimbe souvent cité. Le photographe oriente son travail sur les espaces architecturaux et industriels partagés (ou pas). Ce fut ensuite au tour du dramaturge rwandais Dorcy Rugamba d'exprimer avec une force communicative, dans la succession de ses pièces de théâtre, son questionnement de « la violence extrême. L'extermination d'un groupe humain, oui, c'est possible », expliquait celui qui était encore étudiant lorsque se mit en place le génocide dans son propre pays. Et qui lista des Tasmani aux Herero la liste des peuples exterminés, tout en établissant un lien entre colonialisme et fascisme, association qui a couru aussi tout au long des ateliers. Dorcy Rugamba insista sur la méconnaissance de leur propre histoire par les Africains, dont le passé colonial, y compris chez le voisin congolais, propriété privée de Léopold II, ce qui explique en partie comment les signes du massacre en route n'ont pas été anticipés, même par une jeunesse éduquée. Ce genre de récits seraient précieux pour faire réfléchir ceux qui se lassent de ce qu'on a appelé la « concurrence mémorielle », ou d'autres las d'entendre les Africains et leur diaspora se pencher « encore ! » sur le passé colonial.
Et du sourire
« Penser et panser, courage de témoigner », résumait Achille Mbembé au sujet de cette matinée, qui vit aussi entrer sur scène de petits peuples, petites humanités invisibles charriées par le poème de conclusion de l'Haïtien Rodney Saint-Éloi qui publie à Montréal, dans sa maison d'édition Mémoire d'encrier, de nombreux récits autochtones. Grande émotion que cette lecture à l'écoute des phrases de la première autrice innue An Antane Kapesh, qui, depuis une réserve, décrit le ravage de la colonisation. Le sourire et les larmes marquèrent précédemment l'intervention de Divine Fuh en anglais (il justifia de ne pas céder au plus fort, en l'occurrence le français dominant des ateliers), chercheur au Codesria de Dakar, enseignant en Afrique du Sud, qui raconta comment une étudiante vint lui confier à lui, parce qu'elle ne pouvait le faire à personne d'autre, le viol qu'elle avait subi de son oncle. Ces « vies sensibles » qui ont ponctué fortement ces ateliers disent et la vulnérabilité et les pistes pour y remédier. Non par la force. Mais par la « dé-vulnérabilisation ». Aussi difficile à prononcer en anglais qu'en français, aussi difficile que sa mise en pratique, mais qui, au bout de ces journées, s'est avéré un thème absolument fondamental, depuis l'Afrique, vers et pour notre monde.
Quant à la remarque initiale du chauffeur de taxi, elle allait trouver une forme de réponse ce samedi où, à peine quitté Raw Material, une délégation des Ateliers apportait au président Macky Sall les deux volumes des actes des Ateliers (éditions 2016 et 2017) parus chez Philippe-Rey et Jimsaan pour qu'il y puise à volonté !
LA PLAIE DES TROIS MANDATS
Dans la plupart des Etats africains, surtout en Afrique de l’Ouest, la question du « troisième mandat présidentiel » génère toujours des contentieux. Quelles alternatives face à cette tentation ?
Dans la plupart des Etats africains, surtout en Afrique de l’Ouest, la question du « troisième mandat présidentiel » génère toujours des contentieux. Elle est source de tension politique et sociale, souvent sur fond de modification des textes constitutionnels.
«Si vous êtes président de la République, vous avez pratiquement tous les pouvoirs ; et à votre disposition, toutes les institutions» : l’analyse est d’Alioune Tine, président du Think Tank Africa Jom Center, qui s’exprimait dans un entretien accordé à Ouestaf News.
Selon M. Tine, le président (dans beaucoup de pays de la sous-région), n’a en face de lui, «aucun autre pouvoir qui puisse arrêter (sa) volonté de nommer, de changer ».
Ces pouvoirs exorbitants accordés au président de la république, en plus des privilèges liés au poste, expliquent en grande partie l’attachement au poste, et font qu’une fois au pouvoir, ceux qui exercent la fonction n’ont plus aucune envie de quitter.
En ce moment en Guinée, le débat fait rage et des manifestants qui s’opposent à un troisième mandat pour Alpha Condé ont été tués. Alpha Condé, élu en 2010 et réélu en 2015 est en train, avec ses partisans, de manœuvrer pour arriver à une modification de la constitution.
Au Sénégal, des affidés de la coalition au pouvoir commencent à agiter l’idée d’un troisième mandat au profit du président Macky Sall qui vient d’entamer un deuxième mandat, qui pour ses adversaires est le dernier, conformément à la constitution.
En Afrique, 35 pays ont limité le nombre de mandats présidentiels à deux, douze autres pays n’ont fixé aucune limitation. Six pays ont supprimé la limitation du mandat après l’avoir introduit.
Deux présidents ont dans le passé réinterprété le point de commencement du mandat (Abdoulaye Wade au Sénégal en 2012 et Pierre Nkurunziza au Burundi en 2015).
Dans son ouvrage intitulé : «La limitation du nombre de mandats présidentiels en Afrique francophone», le Dr Augustin Loada, agrégé en droit public et science politique, souligne que la tentation du 3ème mandat peut s’expliquer par le «présidentialisme monocentré» qui caractérise le pouvoir exécutif dans certains pays africains. Ce système présidentialiste fort fait aussi que «l’essentiel des ressources politico-administratives» sont entre les mains du président de la République.
Guinée, front contre Condé
Cette centralisation du pouvoir entre les mains du président de la République qu’évoque Dr. Loada serait le mal profond de la Guinée, estime l’analyste politique Dr. Gilles Yabi.
Un troisième mandat pour Condé «tuerait, peut-être pour quelques décennies encore, l’espoir d’une Guinée qui pourrait échapper à la malédiction de la personnalisation du pouvoir et de la criminalisation de l’État », estime Dr. Yabi dans un article parue sur le site de son organisation, West Africa Think Tank (Wathi, basée à Dakar).
La Guinée est un pays plombé depuis son indépendance par la succession de leaders aux méthodes controversées. Alpha Condé, qualifié d’opposant «historique», était venu au pouvoir en 2010 suscitant un grand espoir. Aujourd’hui alors qu’il est à la fin de son second mandat, selon l’actuelle constitution, ses partisans sont en train de manœuvrer pour le remettre en selle et lui permettre de briguer un troisième mandat.
Les manifestations contre cet éventuel troisième mandat ont causé neuf cas de décès et de «nombreux blessés», selon Bouréma Condé, le ministre de l’Administration du territoire, cité par l’AFP.
Pour répondre à ses critiques, le président leur a lancé qu’il dirigera la Guinée jusqu’au jour «où Dieu le voudra».
Macky et Ouattara, dans le clair-obscur
Au Sénégal, la situation chez le voisin guinéen a éveillé la curiosité des Sénégalais qui veulent désormais savoir sur les intentions réelles du président de la République Macky Sall, une fois arrivé à la fin de son mandat.
Macky Sall est élu en 2012 pour un mandat de sept ans. Il a été réélu pour un second mandat de cinq ans lors de l’élection présidentielle de 2019. En mars 2016, le Sénégal a adopté une nouvelle Constitution lors d’un référendum ramenant le mandat du président à cinq ans.
M. Sall, au lendemain du référendum de 2016, avait martelé qu’il a «proposé au peuple sénégalais une révision constitutionnelle qui doit régler définitivement la question des mandats. Aucun président ne peut rester au pouvoir pour plus de deux mandats».
Le président Sall devrait «faire une déclaration solennelle» sur le troisième mandat et après «gérer les ambitions qui sont dans son propre camps parce que c’est dans son propre camp que les chosent se passent», a conseillé Alioune Tine.
Une situation similaire règne aussi sur un éventuel troisième mandat du président ivoirien Alassane Ouattara.
Au pouvoir depuis 2010, le président Ouattara a affirmé que l’adoption d’une nouvelle constitution en 2016 lui permettrait de briguer un troisième mandat lors de l’élection présidentielle de 2020.
«Tous les avis juridiques que j’ai consultés me confirment. Je donnerai ma réponse en 2020 (…)», avait-il déclaré lors d’une interview avec RFI le 11 février 2019.
Et pourtant en août 2018, Alassane Ouattara avait «appelé à une transition du leadership vers une nouvelle génération» en 2020. Ce double discours du président ivoirien fait craindre un retour à l’instabilité au cas où il se déclarerait candidat en 2020 pour un troisième mandat.
Dans cette bataille acharnée pour le maintien au pouvoir des chefs d’Etats en exercice, le président Mahamadou Issoufou du Niger semble faire figure de bon élève. Son attitude jusque là sans équivoque tranche avec celle de ses homologues guinées, sénégalais et ivoirien.
«Je respecterai scrupuleusement les dispositions de la République du Niger. Mon désir le plus ardent est de passer le pouvoir en 2021 à un successeur démocratiquement élu (…)», affirmait-il lors d’une Conférence internationale sur la constitutionnalisme et la consolidation de la démocratie en Afrique, tenue du 2 au 6 octobre à Niamey.
GUARDIOLA REPROCHE À MANÉ DE SIMULER
Avant le choc Liverpool-City, dimanche prochain, l'entraîneur des Citizens a reproché à l'attaquant sénégalais, décisif avec les Reds samedi contre Aston Villa, de « plonger parfois »
Pep Guardiola a lancé le duel au sommet de la Premier League de dimanche prochain (12e journée) en reprochant à l'attaquant de Liverpool Sadio Mané de « plonger parfois ». Le manager de Manchester City, deuxième de la Premier League à six points du leader habillé de rouge, s'exprimait après la victoire (2-1) de son équipe sur Southampton, samedi.
Lorsqu'on lui a demandé s'il était au courant du succès de Liverpool au même moment contre Aston Villa (2-1), grâce à un but de Sadio Mané dans le temps additionnel, le technicien catalan a eu cette réponse : « Ce que Liverpool a réussi (gagner sur le fil) lui est arrivé plusieurs fois ces dernières années. C'est parce que (Mané) a un talent particulier. Parfois il plonge, parfois il a ce talent incroyable pour marquer à la dernière minute ».
L'attaquant sénégalais a fait parler de lui ces derniers temps en obtenant des penalties décisifs contre Leicester (2-1 le 5 octobre) et Tottenham (2-1 le 27 octobre). Samedi, avant de donner la victoire aux Reds, il avait été averti en première période pour avoir simulé une faute sur lui du défenseur français d'Aston Villa Frédéric Guilbert.
MAME WOURY THIOUBOU BRILLE AVEC LE TANIT DE BRONZE
La trentième édition des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc), session Néjib Ayed, a livré samedi son palmarès avec le sacre de deux films sénégalais
Deux films sénégalais ont été sacrés aux 30èmeJournées cinématographiques de Carthage (Jcc).Il s’agit d’«Atlantique» de Mati Diop qui reçoit le Tanit d’argent et le Prix de la meilleure musique, et «5 étoiles» de Mame Woury Thioubou qui décroche le Tanit de bronze.
La trentième édition des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc), session Néjib Ayed, a livré samedi son palmarès avec le sacre de deux films sénégalais, notamment Atlanti que de Mati Diop qui reçoit le Tanit d’argent et le Prix de la meilleure musique et 5 étoiles de Mame Woury Thioubou, lauréat du Tanit de bronze, a constaté l’Aps. Pour le producteur du film Atlantique, Oumar Sall, cette double distinction, «sans doute la plus importante», a une signification particulière parce que, souligne-t-il, «c’est la reconnaissance africaine du film». Il se dit «heureux et fier» de cette performance du film. «C’est une joie incommensurable d’autant plus que comme je le dis souvent, le Sénégal a été le premier à croire à ce film», lance-t-il.
Le directeur général de la maison de production Cinékap a salué le jury qui s’est approprié le récit du film Atlantique, rendant hommage à la jeunesse africaine vivante et à celle disparue en mer. «L’Afrique doit davantage produire et voir ses images», lance Oumar Sall. Il s’exprimait en présence des acteurs du film Amadou Mbow, Ibrahima Traoré et Mame Bineta Sané, contents eux aussi.
Selon la cinéaste Mame Woury Thioubou, lauréate avec son film 5 étoiles du Tanit de bronze dans la catégorie court métrage documentaire, «cette récompense est une surprise». «Beaucoup de plaisir, d’honneur et de fierté surtout que le jury a choisi mon film 5 étoiles. J’avoue que je ne m’y attendais pas, mais c’est une grosse surprise et un immense bonheur», apprécie-t-elle.
Le podium final de cette année est 100% féminin avec trois réalisatrices sacrées. Il s’agit de la cinéaste tunisienne Hinde Boujemaa qui a remporté le Tanit d’or avec son film Noura rêve, le Tanit d’argent avec Atlantique de Mati Diop et le Tanit de bronze pour la réalisatrice saoudienne Shahad Ameen avec son film Scales.
«Le Tanit d’or a été choisi presque unanimement avec un jury divers (Japon, Algérie, Tunisie, Zimbabwe, Franco-Sénégalais) touché par ce film qui s’est imposé tout seul», a expliqué à la fin de la cérémonie le président du Grand jury, le Franco-Sénégalais Alain Gomis. Selon lui, le jury a essayé de donner à ce palmarès «une couleur de diversité cinématographique et on s’est rendu compte à la fin, sans le désirer, qu’on a trois femmes. Cela n’a pas été fait exprès. Les films se sont imposés d’eux-mêmes».
Il y a eu, précise-t-il, «d’abord un film tunisien narratif, celui de Mati Diop ‘’plus artistique’’ et un Tanit de bronze sur quelqu’un de prometteur qui fait une proposition forte. C’est le film saoudien qui est un conte. On n’attend pas toujours ce genre de films venant d’Arabie Saoudite». La cérémonie de clôture des Jcc2019, session Néjib Ayed, a été présidée par le ministre tunisien des Affaires culturelles, Mohamed Zinelabidine, à la Cité de la culture.
LA DATE DU DÉMARRAGE DU TER REPORTÉE
"La date du 30 novembre, ce n’est plus possible. Il faut s’en rendre compte aussi. Quelquefois, on annonce des choses, on a la volonté de le faire et à date échue, ça n’arrive pas"
Le ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, qui était l’invité du «Grand jury» de la Radio futurs médias (Rfm), a déclaré que le démarrage du Train express régional, annoncé pour fin novembre 2019, n’est plus possible. Abdou Karim Fofana espère que d’ici le début de l’année 2020, le Ter fonctionnera.
Le Ter ne démarrera pas ses rotations en fin novembre 2019 comme prévu par les autorités. Invité de l’émission «Grand jury» de la Radio futurs médias (Rfm), le ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique a déclaré que la date butoir du 30 novembre n’est plus possible. «Il faut dire la vérité. Je ne pense pas que le Ter va démarrer ses activités en fin novembre. La date du 30 novembre, ce n’est plus possible. Il faut s’en rendre compte aussi. Quelquefois, on annonce des choses, on a la volonté de le faire et à date échue, ça n’arrive pas. Il faut avoir de la tolérance. Nous ne sommes pas superman. Nous avons des politiques publiques et des projets complexes avec beaucoup de prestataires. Donc si à un moment donné nous n’y arrivons pas, il faut qu’on recule», a dit Abdou Karim Fofana à notre confrère. Avant de préciser : «C’est la première fois qu’on a un projet de cette taille-là. Il est normal qu’on ait de la tolérance. Le plus difficile, c’est de prendre les décisions et d’avoir les financements. Aujourd’hui, trois mois, quatre mois supplémentaires sur le délai de livraison ne change rien au projet. Le plus important, c’est que nous allons sortir les Dakarois de l’usage des transports en commun dans des conditions précaires.» Et espère-t-il que «d’ici le début de l’année, le Ter fonctionnera, car les tests sont en cours, et certains travaux sont en finition».
Le président de la République avait réceptionné le matériel roulant en janvier 2019. A cette occasion, Macky Sall avait annoncé la mise en service du Train express régional en juin. Cette échéance n’étant pas respectée, la date du 30 novembre 2019 a été retenue pour commencer l’exploitation commerciale du Ter. D’ici début 2020, sera-t-il fonctionnel ? L’avenir édifiera.
Sur le désencombrement de Dakar, Abdou Karim Fofana annonce un projet de loi déjà entre les mains du secrétaire général du gouvernement et précise que des sites de recasement seront trouvés pour les commerçants de Sandaga. Le ministre explique : «A un moment donné, il faut savoir mettre en œuvre la responsabilité préventive de l’Etat, savoir organiser l’espace urbain et nous resterons fermes sur ces questions d’occupation de l’espace public. Ce projet de loi est transmis au secrétariat du gouvernement pour ‘’circularisation’’.Et dans quelques semaines, il sera à l’Assemblée nationale pour le défendre. Comme nous privilégions le dialogue, la discussion a été teintée de bonne foi.
Nous avons ainsi pris la peine de reculer sur cette question et préparons le recasement. Nous sommes tombés d’accord pour un recasement sur le site qui se trouve derrière la Bhs sur plus de 3 000 m2. Et après tous ces paramètres réglés, nous démolirons le marché.»