L’opposition sénégalaise, malgré les initiatives du Front de résistance nationale et de Pastef, semble ‘’réduit à sa plus simple expression’’, depuis la dernière présidentielle
Avec un Parti démocratique sénégalais cherchant un nouveau comité directeur, un Rewmi paralysé par le silence de son président, un Khalifa Sall orphelin du Parti socialiste… l’opposition sénégalaise, malgré les initiatives du Front de résistance nationale et de Pastef, semble ‘’réduit à sa plus simple expression’’, depuis la dernière présidentielle.
Chose promise, chose due. Macky Sall, au lendemain de son élection en 2012, avait assuré qu’il allait réduire l’opposition à sa plus simple expression. Aujourd’hui, on a comme l’impression que le chef de l’Alliance pour la République (APR) a tenu sa promesse. Hormis le Front de résistance nationale (FRN) dont l’horizon semble se limiter au dialogue national et politique, le Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’équité et la fraternité) qui se bat tant bien que mal, certaines formations sont presque introuvables dans l’espace public. Même pour trouver un interlocuteur, c’est tout un problème. Quant à leurs directions, n’en parlons même pas.
Au Parti démocratique sénégalais, le Comité directeur, qui se réunissait de façon périodique, est quasi inexistant, depuis un bon bout de temps. L’opinion se questionne, le président de la Fédération nationale des cadres libéraux, Lamine Ba, dédramatise : ‘’C’est vrai que le Comité directeur ne s’est pas réuni, depuis quelque temps. Mais c’est simplement parce qu’il y a eu beaucoup de problèmes qu’il fallait régler en interne, compte tenu de la situation traversée par le parti, avec le départ de certaines personnes. Il fallait donc faire l’inventaire ; ce qui nous a permis de comprendre que le CD était truffé de personnes qui n’avaient ni les compétences politiques ni la légitimité pour siéger dans cette instance. Nous sommes en train de remettre de l’ordre à ce niveau.’’
En attendant, le parti se retrouve ainsi avec un CD qui n’existe que de nom. Pour Lamine Ba, le travail continue. Il explique : ‘’Nous n’avons pas encore présenté un nouveau comité directeur ; nous allons le faire comme nous l’avons fait avec le Secrétariat national et les autres structures. Tout ne peut pas être fait en un jour. Il n’empêche, les gens font leur travail. Ce n’est peut-être pas avec du tintamarre, mais on est en train de mener un travail efficace. Le parti continue d’attiser un espoir réel auprès des Sénégalais. La nouvelle équipe promue incarne le changement.’’
Diattara (Rewmi) : ‘’Nous ne communiquons pas assez, mais le parti fonctionne’’
Mais si ceci était une maladie, elle a fini de contaminer pas mal de formations politiques de premier plan. Au Grand parti, les communiqués des instances régulières sont publiés au compte-gouttes. Il en est de même de Rewmi, selon les termes même d’un de ses responsables, en l’occurrence Yankhoba Seydi. Tout en regrettant l’absence de réunion du Secrétariat national du parti, le secrétaire national en charge de la vie politique et des structures, Yankhoba Diattara, précise : ‘’Je pense qu’il est un peu exagéré de parler de léthargie au sein de Rewmi. Certes, la direction ne s’est pas réunie depuis quelque temps, mais la base fonctionne. C’est le Secrétariat national qui ne se réunit pas régulièrement. C’est ce que dénonce peut-être Yankhoba Seydi et nous le partageons. Nous avons tous suggéré que le Secrétariat national se réunisse plus régulièrement, même en l’absence du président. Mais il faut savoir que ce n’est pas ce qui fait fonctionner réellement un parti. Rewmi fonctionne bien, parce que presque toutes les autres structures déroulent leurs programmes.’’
Monsieur Diattara, comme pour étayer son propos, donne en exemples les sections de base, les structures de jeunes, les femmes, les cadres… ‘’Moi qui vous parle, je milite à Thiès et je sais que le parti se réunit régulièrement. Je sais que c’est le cas à Tivaouane, à Mbour et dans d’autres départements. Il y a aussi les jeunes qui se réunissent ; chez les femmes aussi, des initiatives sont prises. Même chose au niveau des cadres. Si on parle de la Direction également, elle a organisé, récemment, un grand séminaire au sortir duquel des recommandations fortes ont été faites. Peut-être nous ne communiquons pas assez, mais le parti fonctionne’’.
Du côté du PDS, on embouche la même trompette. A en croire Lamine Ba, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. ‘’Les jeunes, les étudiants et les cadres mènent normalement leurs activités. Le Secrétariat également est présent. Ils représentent le secrétaire général dans différentes cérémonies. Le PDS se porte à merveille. Les gens veulent peut être que ça bouge d’une manière que nous, nous ne voulons pas. Nous voulons que notre parti bouge dans le bon sens ; nous voulons que ça bouge de manière sécurisée et sous le contrôle de son secrétaire général Me Abdoulaye Wade’’, plaide le patron des cadres libéraux.
Aphones sur les questions d’actualité
Qu’à cela ne tienne ! Le PDS est quasi absent sur certains sujets d’actualité, constatent nombre d’observateurs. En dehors de certains de ses responsables, pris isolément, les structures sont quasi inaudibles. En tout cas, la plupart du temps ! Monsieur Ba nie en bloc : ‘’Si vous suivez bien l’actualité, vous avez remarqué que le PDS est encore très présent. C’était le cas à l’occasion du débat de fin d’année. Nous étions sur tous les plateaux où nous avons été invités. Aussi, sur toutes les questions qui agitent l’actualité politique nationale, le PDS s’est déjà prononcé. Peut-être il n’a pas été entendu. Mais nous avons été les premiers à parler de toutes ces questions. Quand nous évoquions la gestion du pétrole, les mines… nous étions seuls.’’
Cela dit, contrairement à une opinion répandue, au Parti démocratique sénégalais comme au Rewmi, les dirigeants, dans le discours, semblent résolument engagés vers un futur plus dynamique, plus radieux. Pour ce faire, il faudrait peut-être des structures fortes. Si au PDS, on promet de rebâtir un comité directeur new-look, à Rewmi, on promet plutôt plus d’animation dans les semaines et mois à venir. Le parti, selon M. Diattara, travaille sur la structuration qui est un chantier sur lequel le président accorde beaucoup d’importance. D’abord, il s’agira des communes et départements qui doivent se réunir chaque mois, avec un rapport d’activité à présenter au président, tous les trois mois, avec ampliation au secrétaire général et au secrétaire national en charge de la vie du parti. ‘’Pour ce qui est des structures nationales, les jeunes, les femmes, les cadres et les enseignants doivent également se réunir tous les trois mois, avec dépôt de rapport. Aussi, chaque année, chaque structure doit tenir un congrès…’’, détaille-t-il.
En ce qui concerne le mutisme de leur leader Idrissa Seck, sujet de tous les commentaires, lui parle ‘’d’approche communicationnelle’’. Idrissa Seck, renseigne-t-il, a toujours dit : ‘’Pour communiquer en politique, il faut choisir le bon moment. C’est très important. Sur les questions d’actualité, elles ont toutes été évoquées par le président idrissa Seck. Rappelez-vous ce qu’il avait dit sur le pétrole, le renchérissement du coût de la vie... Il ne peut donc que se répéter. C’est peut-être à nous de partager davantage ce qui a été dit avec les Sénégalais. Notre leader a peut-être la malchance d’être un peu en avance sur son époque.’’
Que mijotent Khalifa et Karim ?
Pendant que le leader du Rewmi, lui, se tait par convenance personnelle et stratégie politique, le patron des ‘’khalifistes’’, lui, qui n’est à la tête d’aucune structure formelle, opte pour les visites de courtoisie auprès de certains leaders d’opinion. Ses partisans, eux, se font de plus en plus rares. Pour sa part, l’ancien candidat du PDS, Karim Wade, reste cantonné loin du territoire national. Le parti d’Abdoulaye Wade en fait d’ailleurs toujours son combat. Pour Lamine Ba, c’est là un prérequis pour donner corps au dialogue national. Le PDS exige, en effet, le respect des décisions de certaines instances internationales dans le dossier de leur mentor.
Et jusque-là, ni la rencontre du palais entre Wade et son successeur, encore moins celle de Masalikul Jinaane n’ont permis de lever les équivoques. Et à en croire le lieutenant de Wade, les lenteurs incomberaient exclusivement au président de la République. ‘’A la faveur de l’inauguration de Masalikul Jinaane, facilitée par le khalife général (des mourides), les deux hommes se sont rencontrés. Notre secrétaire général a non seulement accepté la main tendue, mais a été le voir au palais. Macky Sall avait promis d’aller le rencontrer et il ne l’a pas fait. C’est à lui de répondre à la question’’.
Toujours à propos du dialogue, il soutient que le PDS n’a jamais été contre. Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, ‘’il y a un certain nombre de procédés sur lesquels nous avons exprimé notre désaccord. Par exemple, quand on doit choisir des représentants de notre parti, il faut se référer aux autorités de notre parti pour qu’elles désignent ses représentants. Vous pensez que c’est normal que Macky Sall désigne ceux qui doivent représenter le PDS au comité de pilotage ? Il prend des responsables du PDS sans que son secrétaire général en soit informé. Je pense que s’il y a problème, c’est à son niveau qu’il faut le situer’’.
Sur un autre registre, le lieutenant de Karim Wade s’est voulu on ne peut plus clair, quant à l’absence du Parti démocratique sénégalais, lors des manifestations du collectif Noo lànk. Selon lui, en tant que structure organisée, le PDS n’a jamais été invité. De ce fait, leurs militants prennent part aux manifestations à titre personnel. ‘’Ils ont appelé les Sénégalais, des militants du PDS ont répondu en tant que Sénégalais. Mais le PDS est une structure bien organisée. Pour l’inviter dans quelque chose, il y a des procédures’’.
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"L'ÉCO EST UN PROJET DE LA CEDEAO"
L'économiste camerounais Martial Ze Belinga, décrypte le rejet ce jeudi par six pays de l'Afrique de l'Ouest, de la réforme du Fcfa annoncée par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron le 21 décembre dernier
L'ECO remplace le Franc CFA. Le projet annoncé par Le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue français Emmanuel Macron a peut-être du souci à se faire. Plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, notamment anglophones, ont dénoncé lors d'une réunion extraordinaire à Abuja, cette décision jugée "unilatérale".
On en parle avec notre invité Martial Ze Belinga, économiste.
par Mamadou Kane
POUR UN SURSAUT NATIONAL, DU DIALOGUE ADRESSONS NOS MAUX !
L'abécédaire du code d'honneur du militantisme républicain est visiblement ignoré ou pas du tout assimilé par les responsables de l'APR qui nuisent à l'image du parti, plus que les détracteurs de l'opposition réunis peuvent le faire
Les organisations syndicales, patronales, politiques, religieuses et coutumières représentatives de notre société ont répondu favorablement au dialogue auquel le président de la République les a invités après sa confortable réélection au premier tour.
La personnalité proposée par le président Macky Sall comme modérateur a été unanimement acceptée, les commissions initiées sont toutes saluées par les acteurs.
Le président de la République appelle à un échange lucide sur les sujets brûlants qui concernent notre pays afin de construire et consolider des consensus qui permettront d'aller plus vite à l'émergence ; surtout prémunir le Sénégal des aléas de la prospérité à risques, envers les forces hostiles qui procèdent par actions souterraines dès l'apparition de ressources nouvelles, pétrolières et gazières.
Nous ne serons pas surpris, compte tenu de la pratique politique de l'opposition depuis ces sept dernières années, qu'elle se livre à une surenchère politicienne sur certaines questions déjà réglées par la Constitution.
L'attente d'une entente entre tous les patriotes donnant force et atouts à la Nation pour faire face aux résistances rétrogrades qui peuvent plomber son développement, est grande chez les populations.
Quatre suggestions émanent de notre espoir de voir le Sénégal faire des enjambées gigantesques dans sa rénovation sociale et politique :
- Si l'objectif est de faire progresser notre démocratie, il faut la réguler pour prévenir l'anarchie d'une cacophonie de trois cent partis politiques, reflétant un excès au droit à la liberté d'association.
Il convient désormais d'établir de nouveaux standards. Pour des raisons évidentes de sécurité nationale, toute association doit avoir un siège réel, non fictif (comme c'est le cas pour la plupart des regroupements actuels), un compte bancaire mis à jour, légalement accessible à l'autorité de régulation.
- Le parrainage citoyen demeure le seul mécanisme de rationalisation de l'espace politique et de la bonne gestion des élections à tous les niveaux.
Outre la réduction de la pléthore de candidatures, les messages en seront plus audibles auprès des populations et le choix de l'électeur mieux éclairé.
- La finalité d'une concertation nationale est de corriger les tares de notre société pour donner plus de chances aux générations futures, en offrant aux citoyens, investisseurs et observateurs une image reluisante de notre pays.
Sous ce rapport, l'impératif est de corriger les excès dans la société.
Des passes droits en défiance aux lois sont en train de s'inscrire dans nos mœurs au quotidien, faisant le lit de l'anarchie.
C'est seulement au Sénégal, qu'on voit des cortèges organisés pour demander l'aumône ; des leaders créant des cortèges quand ils sont convoqués par un magistrat; des notables religieux locaux exiger la contribution de l'Etat à leurs fêtes familiales, ternir le code d'honneur du voisinage en tenant durant les jours de semaines les citoyens éveillés jusqu' à trois heures du matin par la nuisance sonore, l'agression des nerfs.
Il faut assurément distinguer les chants religieux légitimés par leur dimension, de ceux motivés par le désir de visibilités des personnages physiques.
Le Dialogue National devrait être une occasion pour trouver des solutions aux questions préoccupantes que sont: les marches de protestation, les cortèges, les occupations anarchiques d'espace, les improvisations/animations de fêtes privées sur la voie publique, les calendriers religieux officiels, le travail des enfants, la protection de l'environnement et les obligations de décence pour les fonctions électives.
- En fin, une exigence sur nous-mêmes qui n'est pas banale à souligner pour nous militants de l'Alliance pour la République (APR) qui veulent être en phase avec la vision du Président Macky Sall.
C'est une responsabilité historique lors qu'on est membre d'une organisation qui exerce le pouvoir, en alliance avec les forces politiques les plus significatives.
Le très érudit Confucius disait : "La conscience est la lumière de l'intelligence pour distinguer le bien du mal"!
Avoir un leader clairvoyant avec un compagnonnage ignorant ou négligeant est la pire des choses qui puisse arriver à une cause.
La conscience que nous devons avoir de cette mission qui impose plus de servitudes que de privilèges, n'est pas présente dans les actions de la plupart de nos hauts responsables.
Le tempérament et le désir de liberté seuls ne justifient pas qu'une autorité interroge la prérogative du chef de l'Etat à limoger tel ou tel à un poste de Directeur national.
Certains, de manière pathologique, puisent plus dans leur ego plutôt que dans nos valeurs partagées dans un combat collectif.
En principe, les partis politiques qui sont des associations dans la forme la plus achevée pour la formation citoyenne devraient revenir à leur mission d'éducation et la formation de leurs militants avant d'en faire des porteurs de nos messages.
L'abécédaire du code d'honneur du militantisme républicain est visiblement ignoré ou pas du tout assimilé par les responsables de l'APR qui nuisent à l'image du parti, plus que les détracteurs de l'opposition réunis peuvent le faire.
Il est en effet devenu nécessaire de crever l'abcès.
A travers les instances habilitées comme la Commission de discipline, il est devenu normal de sanctionner les sabotages et provocations à l'interne.
Un parti au pouvoir a plus que tous les autres, besoin de cohésion, car lorsqu'il tousse, le pays éternue.
Makkane, Porte parole DSE/APR/Etats-Unis
par Sidy Diop
ÉTATS D'ÂME
Si prendre langue avec le président Sall et participer au Dialogue national sont des délits, Abdoulaye Wade devrait être le premier à être mis sur la touche
Y’a-t-il de l’eau dans le carburant des retrouvailles entre les présidents Wade et Sall ? Le Parti démocratique sénégalais (Pds) vient de claquer la porte du Front de Résistance national (Frn) au motif que des leaders au plus haut niveau de ce cadre de l’opposition sont «compromis». En français plus accessible, le Pds reproche à ces leaders de discuter avec le Président de la République et de prendre part au Dialogue national «initié unilatéralement par le Président Macky Sall».
Le communiqué signé par le Secrétaire général national Abdoulaye Wade en dit long sur l’état d’esprit du «sopiste» en chef. Si prendre langue avec le président Sall et participer au Dialogue national sont des délits, il devrait être le premier à être mis sur la touche. Les retrouvailles de Massalikoul Djinane et la visite au Palais de la République le 12 octobre dernier sont encore fraîches dans nos mémoires. Comme quoi, «une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer».
PAR Alassane Aliou Fèré MBAYE
SADIO ET EUX
L’ancienne étoile de Southampton donne une leçon de vie à tous ces athlètes africains s’égarant sur le chemin de la gloire, à tous ces internationaux plus prompts à réclamer des primes qu’à gambader dans les prés
Les supporters de l’équipe nationale de football du Sénégal, en pleine euphorie et enivrés par l’auréole de la gloire promise par une constellation d’étoiles, ont souvent été victimes de désillusions et obligés d’endurer les frasques de leurs «héros» insensibles à leur désappointement. Le vedettariat, l’ostentation et l’arrogance des «demi-dieux» du ballon rond ont accentué la désaffection du public.
Sadio Mané, meilleur joueur africain de l’année 2020, apparaît ainsi comme une éclaircie dans la grisaille, une fraîcheur dans la relation qu’entretiennent les masses et les footballeurs choyés et pleins aux as, pour ne pas dire la figure de la réconciliation entre le «surhomme» et l’encenseur. C’est pourquoi, cette récompense individuelle dans un sport collectif est accueillie comme la «chose» de tout le monde, l’œuvre méritoire d’un génie de toute une Nation fière de célébrer son prodige. Il a su développer une personnalité attachante, antistar, pondérée et très peu portée sur le clinquant qui répugne dans un espace dont il connaît la misère. Le bonhomme a presque connu le dénuement et vu ceux qui s’y enlisaient. Sa grandeur est d’avoir consigné cette période «ante-gloire» dans sa mémoire et conquis l’Afrique et le monde en chérissant les vertus de son terroir, à en faisant son accotoir. Il a su faire de l’«autrefois», où on l’appelait certainement «come on town», un aiguilleur de sa trajectoire.
L’ancienne étoile de Southampton donne ainsi une leçon de vie à tous ces footballeurs brésiliens issus des favelas qui insultent leur passé et rebutent les «petites gens» de leur temps de galère, à tous ces athlètes africains s’égarant sur le chemin de la gloire, à tous ces internationaux plus prompts à réclamer des primes qu’à gambader dans les prés…Mais Sadio Mané, c’est surtout l’archétype de la morale à se fixer en public. Il est l’antithèse des nouveaux envahisseurs de l’espace partagé, perdant leur temps à des bagatelles, montrant leur munificence devant les caméras du monde et répugnant par l’insolence de leur étalage sur les scènes bouffonnes et louangeuses de la «gentry». Par pure gloriole. L’enfant de Bambaly est une bouffée d’oxygène dans une société en proie au délire narcissique. On s’époumone quand «marmonner» aurait suffi. On offre quelques quignons de pain aux âmes miséreuses qui s’en gavent avec une avilissante mise en scène que l’on a bien voulue nommer «machin du cœur». Sommes-nous ainsi passés de ce que Jean François Bayart a appelé «un commerce étroit avec Dieu» dans «La cité cultuelle en Afrique noire», parlant des religieux musulmans (ce qui n’est pas l’objet de notre réflexion, ici) à un commerce étroit et infâme avec la misère du peuple. L’espace public est devenu l’exutoire «du moi» indisposant au mépris des codes de convenance les plus élémentaires.
Le triomphe du joueur de Liverpool, en espérant qu’il y en aura d’autres, est pour ainsi dire la célébration de l’humilité, de la simplicité dans un cosmos de vains plaisirs, d’éclat et d’apparat. Ce plébiscite de tout un peuple et des sensibilités d’un ailleurs conquis n’est pas seulement un témoignage d’amour et d’affection. Il est aussi un message fort envoyé aux âmes inconsidérées dont les cœurs sont peu accessibles à la compassion, et qui, heurtant la pudeur, narguent ceux qui s’enlisent dans la misère, plastronnent et font des largesses par pur égocentrisme. Sadio Mané a tant fait pour les siens. Il leur a construit une école pour que, demain, contrairement à lui, que des jeunes puissent s’y fabriquer un destin, un hôpital pour soulager les malades. Et il n’a pas eu besoin d’ameuter les hommes rapaces, louangeurs de ceux qui «puent» l’opulence. Plus que l’artiste du ballon rond, c’est cette personnalité si attachante, si simple que les Sénégalais aiment. En espérant que les dithyrambes des laudateurs ne l’inciteront pas, un jour, à l’esbroufe. Nos éphémères «héros» nous ont si souvent déçus.
COMPRENDRE LE PSSAGE D'UN RISQUE DE SURENDETEMENT FAIBLE À MODÉRÉ
Le gouvernement a annoncé, le 10 janvier 2020, que le pays est passé d’un risque de surendettement faible à modéré. Concrètement, qu’est-ce que cela implique ?
Africa Check |
Valdez Onanina |
Publication 16/01/2020
Le 30 juin 2019, le ministre sénégalais des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, se réjouissait de la « bonne maîtrise de l’économie », affirmant que « sur les 55 pays de l’Union Africaine, le Sénégal fait partie des cinq pays à risque de surendettement faible ».
Début janvier 2020, la Direction générale de la comptabilité publique et du trésor a annoncé qu’en « perspectives du nouveau programme ICPE (instrument de coordination des politiques économiques), les services du Fonds monétaire international (FMI) ont procédé à l’analyse de viabilité de la dette » et « il ressort de cet exercice que le risque de surendettement est passé d’un risque faible à un risque modéré de surendettement statut actuel de l’ensemble des pays de l’UEMOA ».
Le Trésor sénégalais a expliqué que « le ratio de service de la dette/ exports a atteint 22,7 % en 2020 contre un seuil de 21 % », assurant qu’« un retour à un profil de risque faible est projeté pour 2022 ».
Et d’appuyer que « ce caractère temporaire de la dégradation a un impact très limité sur les conditions de financement sur les marchés de capitaux (et que) cette mesure n’entraîne pas de limitation d’endettement, autre que le respect du plafond de financement défini dans la loi de finances ».
Le risque de surendettement c’est quoi ?
Le professeur Babacar Sène, Maître de conférences agrégé en Économie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, explique que « le risque de surendettement matérialise une situation où l’Etat est dans l’incapacité d’honorer ses engagements vis-à-vis des créanciers bilatéraux, multilatéraux, du marché international et régional ». Il indique que le risque de surendettement est apprécié à partir de l’analyse de viabilité ou de soutenabilité de la dette publique.
En d’autres termes, « il s’agit d’analyser la cohérence entre les besoins de financement et la capacité de remboursement actuelle et future. On parle de risque si cette cohérence tend à ne pas être respectée », précise Malick Diop, ingénieur statisticien et économiste à la Division de la comptabilité nationale, des synthèses et études analytiques, une entité de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie.
Diop souligne que « la dette constitue un moyen pour les pays de financer leurs investissements. À cet effet, ils doivent veiller à une bonne gestion de l’endettement pour favoriser une croissance soutenue et inclusive » car « l’accumulation excessive de la dette peut avoir une conséquence pour le développement économique du pays et la viabilité ».
En somme, « dans le cadre de l’analyse de la viabilité de la dette d’un Etat, on parle de risque de surendettement lorsque les indicateurs d’endettement dépassent les seuils indicatifs ou autorisés. Autrement dit, si ce seuil est dépassé, le pays court à un risque de surendettement », résume le journaliste économique Abdou Diaw.
Évaluation du risque de surendettement
Pour apprécier le degré d’endettement, le FMI et la Banque mondiale s’appuient sur des ratios d’endettement que sont : « dette publique sur PIB; valeur actuelle de la dette rapportée aux exportations, au PIB et aux recettes; service de la dette rapporté aux exportations et aux recettes », renseigne Pr Babacar Sène.
Il argue que « l’analyse de ces différents ratios sur l’horizon temporel de 20 ans permet de dégager quatre situations de risque de surendettement selon le FMI et la Banque mondiale ».
Premièrement, le risque faible qui suppose que « tous les indicateurs d’endettement sont en deçà des seuils de référence et des seuils des tests de résistance ».
Ensuite, le risque modéré qui illustre une situation dans laquelle, « les indicateurs d’endettement sont inférieurs aux seuils dans le scénario de référence, mais les tests de résistance montrent que les seuils pourraient être dépassés en cas de choc exogène ou de changement brusque de politique macroéconomique ».
Viennent ensuite le risque élevé qui traduit le fait qu’« au moins un des seuils du scénario de référence a été dépassé, mais le pays n’a pas encore de difficultés à rembourser sa dette », et le surendettement qui est évoqué lorsque « le pays éprouve déjà des difficultés à rembourser sa dette, comme en témoigne la présence d’arriérés ; soit la restructuration de sa dette est en cours ou imminente, soit par exemple, les indicateurs de la dette et du service de la dette dépassent de manière considérable les seuils de référence à court terme, et ces dépassements sont élevés ou prolongés ».
« La capacité qu’ont les pays à gérer leur dette dépend de la solidité de leurs politiques et de leurs institutions, de leur performance macroéconomique et de leur capacité à absorber les chocs », signalele FMI.
De risque de surendettement faible à modéré
Pour un pays, plusieurs raisons peuvent être à l’origine du passage d’un risque de surendettement faible à modéré, selon Abdou Diaw. Il énonce notamment l’explosion de l’endettement et une erreur dans l’évaluation du ratio dette sur PIB.
À cela, on peut ajouter « une détérioration du déficit budgétaire de l’Etat par rapport au PIB, la fréquence et l’ampleur des chocs exogènes qui affectent l’économie, l’élargissement du périmètre d’endettement ou un durcissement des conditions d’emprunt sur le marché international », indique le professeur Babacar Sène.
Pour le Sénégal, « les principales raisons de ce changement de risque de surendettement faible à modéré sont liées essentiellement à l’extension du périmètre du champ de la dette du secteur public aux organismes publics (agences, établissements publics, sociétés nationales) », signale à Africa Check Ballé Preira, le coordonnateur de la cellule de communication du ministère sénégalais des Finances et du Budget.
« Adopter une gestion prudente de l’endettement non concessionnel »
Pour Abdou Diaw, la dégradation du profil d’endettement du Sénégal traduit, « en termes clairs, (que) le pays devient exposé et vulnérable s’il n’y a pas un contrôle rigoureux et suivi de son rythme d’endettement ».
« Le pays devrait davantage adopter une gestion prudente de son endettement non concessionnel, c’est-à-dire des prêts extérieurs souscrits aux conditions du marché », préconise, dans la même veine, le professeur Babacar Sène. Il ajoute que le Sénégal devrait aussi recourir davantage au marché financier régional à travers les émissions de titres publics en monnaie locale par adjudication et/ou par syndication. L’Etat devrait également surveiller l’endettement de ses démembrements (agences, sociétés publiques, etc.) car le périmètre de la dette a été élargi, selon Pr Sène.
En outre, le statisticien Malick Diop tempère. Il soutient que « le Sénégal ne présente pas de risque de surendettement mais s’approche d’une zone où les politiques économiques, l’endettement, doivent être contrôlées ».
« En effet, il peut, à la suite, d’un choc présenté un risque de surendettement ce qui se matérialisera par une situation où l’un des seuils fixés par le FMI et la Banque mondiale n’est pas respecté. Cela constitue également un signal pour ceux qui prêtent au pays, sur les risques qu’ils peuvent courir en prêtant au Sénégal », relève-t-il en revanche.
D’après Ballé Preira, de la cellule de communication du ministère des Finances et du Budget, « ce qui pourrait inquiéter, dans le cas du Sénégal, c’est une baisse drastique des exportations, une baisse des recettes fiscales ou un repli prononcé de la croissance. Or, si on évalue le cadre macro-économique actuel et futur sur la période 2019-2023, il s’avère que les projections tablent sur une croissance moyenne de 9 % dont environ 7 % en 2020, croissance sur la base de laquelle le budget 2020 a été bâti ».
Preira fait valoir que cette dégradation du profil d’endettement du Sénégal est temporaire et a un impact très limité sur les conditions de financement sur les marchés de capitaux.
« Il est utile de préciser que cette mesure n’entraîne pas de limitation d’endettement, autre que le respect du plafond de financement défini dans la loi de finances. Également, les accès aux ressources de financement de nos partenaires classiques ne seront pas limités », assure Preira selon qui le Sénégal maintient des ratios d’endettement à des seuils viables et soutenables pour atteindre l’émergence à terme.
LA ZMAO CONDAMNE LA RÉFORME DU FCFA ANNONCÉE PAR OUATTARA
Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine se sont dit préoccupés ce jeudi, de la décision du président ivoirien de renommer unilatéralement le franc CFA en Éco, ajoutant que cela n’est pas conforme au projet de la CEDEAO
Le Nigeria et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment anglophones, ont dénoncé jeudi à Abuja la décision de remplacer le franc CFA par l’eco, affirmant qu’elle n’était “pas conforme” au programme adopté récemment par l’ensemble de la région pour mettre en place une monnaie unique.
Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) ont “noté avec préoccupation la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en eco d’ici à 2020”, selon un communiqué publié à l’issue de cette rencontre extraordinaire entre les différents ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales. La WAMZ est composée du Nigeria, du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Gambie et de la Guinée (Conakry), qui ne fait pas partie de la zone CFA.
Ces pays estiment que “cette action n’est pas conforme aux décisions” de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en vue de “l’adoption de l’eco comme nom de la monnaie unique” de toute la région, dont l’idée est débattue depuis bientôt 30 ans. Ils “réitèrent l’importance pour tous les membres de la Cédéao d’adhérer aux décisions de l’autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao concernant la mise en œuvre de la feuille de route révisée du programme de monnaie unique”.
Un sommet réunissant les chefs d’Etat de la WAMZ est prévu “bientôt” pour décider de la conduite à venir, précise le communiqué final.
Huit pays francophones d’Afrique de l’Ouest, qui utilisent le franc CFA, avaient annoncé fin décembre leur décision de remplacer leur monnaie commune par l'”eco” et de rompre ainsi les liens très controversés avec la France, ancienne puissance coloniale, qui accueillait notamment la moitié de leurs réserves de changes en échange de la convertibilité du CFA avec l’euro. L’annonce surprise avait été faite par le président ivoirien Alassane Ouattara lors d’une visite à Noël de son homologue français Emmanuel Macron, dont il est le principal allié politique dans la région, au lendemain d’un sommet de la Cédéao qui avait encouragé les efforts visant à mettre en place une monnaie unique ouest-africaine d’ici à juillet.
OMAR VICTOR DIOP, PORTRAIT D'UNE AFRIQUE OPTIMISTE
Le photographe sénégalais signe les visuels de la Saison Africa 2020 la saison des cultures africaines en France. Des photos à l’image de toute son œuvre qui montre une Afrique moderne, optimiste et nourrie de son histoire
Le photographe sénégalais Omar Victor Diop signe les visuels de la Saison Africa 2020 la saison des cultures africaines en France.
Des photos à l’image de toute son œuvre qui montre une Afrique moderne, optimiste et nourrie de son histoire.