Perfectionniste, déterminée, rigoureuse, courtoise, mais surtout entêtée. Autant de qualificatifs qui définissent la directrice du Cesti, actuellement face à beaucoup adversité au sein de l’institution. Portrait !
Perfectionniste, déterminée, rigoureuse, courtoise, mais surtout entêtée. Ce sont autant de qualificatifs qui définissent la directrice du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), Cousson Traoré Sall. Qui fait face à beaucoup d’attaques et d’adversité au sein de l’institution. ‘’EnQuête’’ dresse le portrait de la deuxième femme à occuper ce poste, après Eugénie Rokhaya Aw Ndiaye.
Décrite par certains de ses collaborateurs comme une personne ‘’très courtoise’’, une dame ‘’trop dure’’ et ‘’trop rigoureuse’’ par ses anciens étudiants, Cousson Traoré Sall est à la tête de la Direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) depuis juin 2017. Son prénom sonne, certes, étranger, mais la deuxième femme directrice du Cesti est bien sûr une ‘’pure Sénégalaise’’.
‘’Je ne suis pas malienne. Je suis née à Thiès, mes parents sont de nationalité sénégalaise. Je suis bambara. Je parle très bien le wolof. Mais je réfléchis dans ma langue maternelle. C’est mon prénom qui est original’’, précise-t-elle.
Une ‘’originalité’’ qui induisait en erreur le personnel administratif, pendant son cursus scolaire et son passage à l’université. ‘’Quand on m’octroyait mes diplômes, parfois, on y mettait M. Cousson Traoré. Mais je leur disais : s’il vous plait, c’est Melle Cousson’’, se rappelle-t-elle en souriant. Et quand elle a fait une petite enquête, Mme Sall a vu que son prénom ‘’Cousson’’ est un nom de famille en France, qui s’écrit parfois avec un K.
Passionnée de journalisme dès le lycée, elle a fait son entrée au Cesti, en 2000, pour donner des cours d’anglais aux futurs journalistes. Onze ans plus tard, elle occupera le poste de directrice des Etudes du Cesti, sur la demande de son prédécesseur.
Dès lors, Mme Sall est obligée d’arrêter les enseignements qu’elle dispensait aux étudiants. ‘’Quand j’ai commencé à occuper le poste de directrice des études, je savais que je devais m’engager entièrement. Il a fallu que j’abandonne mes enseignements, avec tout ce que je percevais comme honoraires, pour venir à la Direction des études où l’indemnité d’alors n’était que de 35 000 F Cfa. J’ai reçu ce montant pendant 4 ans et demi. C’est après que l’indemnité a été revue à la hausse. Mais c’était quelques mois avant la fin de mon mandat’’, dit-elle.
Toutefois, elle a pu faire deux mandats de 3 ans à la Direction des études où elle était responsable des affaires pédagogiques. Un poste qu’elle a occupé avec toute la rigueur qui la caractérise. Ce dont témoignent ses anciens étudiants. ‘’Elle a été mon professeur d’anglais au Cesti. Quand j’étais à l’école, elle était la directrice des Etudes. C’est une femme très stricte, très difficile, surtout dans les enseignements. Elle en fait un tout petit peu trop, de mon point de vue. C’est une femme qui croit en elle, très rigoureuse. Quand elle tient à quelque chose, elle y va jusqu’au bout’’, témoigne son ancien élève Ababacar Sadikh Top. Mais, d’après lui, les rapports entre Mme Sall et ses étudiants ‘’ne sont pas du tout heurtés’’. ‘’Par rapport au règlement intérieur du Cesti, elle n’était pas perméable du tout. Elle ne jouait pas avec. Au-delà de cela, le rapport était cordial, sans problème. C’est une dame qui croit en elle. Mais les étudiants ne l’aimaient pas du tout. Parce qu’elle était rigoureuse’’, ajoute-t-il.
Une femme hardie, élevée dans la fermeté
En effet, le comportement de Mme Cousson, comme l’appelle certains étudiants, découle de son éducation. Même si elle a d’excellents souvenirs de son enfance, avec des parents qui étaient à ses petits soins, ces derniers veillaient bien sur son comportement, dans la maison et dans la société. Homonyme de la maman de son père, avec qui elle avait une ‘’proximité extraordinaire’’, Cousson a été élevée dans la rigueur, dans une famille où il y avait une grande harmonie. Où on leur apprenait à respecter leurs ainés. ‘’Je n’osais même pas rester dehors au-delà d’une certaine heure. Je me rappelle, un jour, je suis allée au salon de coiffure me tresser. Je suis rentrée un peu après le crépuscule et mon papa m’a dit : ‘Une fille doit être à la maison, au crépuscule.’ Et même quand il m’arrivait de ricaner, mon papa me disait : ‘Ah non Maman, une fille doit savoir montrer sa joie’, narre-t-elle.
En plus, au lycée Kennedy où elle a fait son cursus secondaire, elle a reçu aussi une éducation destinée à une fille de son époque. Et Mme Sall se battait et était toujours la première de sa classe. Au fait, elle voulait montrer que, malgré son handicap physique, elle était ‘’la meilleure’’. Elle était la meilleure élève des classes de terminale de cette époque. Ainsi, elle a fait le Concours général en histoire-géographie et en philosophie. ‘’Je croyais aussi en ma capacité de faire d’excellents résultats. Dès que je suis sortie du lycée, j’ai eu une chambre à la cité Claudel (actuelle cité Aline Sitoé Diatta), sur la base des résultats que j’avais faits. Quand je faisais mon Certificat de spécialisation britannique à l’Ucad, j’en suis sortie avec une mention. J’ai été une fille qui aimait travailler. J’ai passé ma vie à travailler. Je suis une perfectionniste. Je ne sais pas si c’est un défaut, mais je me bats à la tâche pour donner le meilleur de moi-même’’, confie-t-elle.
Parfois, elle est épuisée, mais elle ne lâche rien. Et comme le disait l’écrivaine américaine Maya Angelou, de son vrai nom Marguerite Johnson : ‘’Le succès, c’est vous aimer vous-même, c’est aimer ce que vous faites, et c’est aimer comment vous le faites.” Ce que voulait Cousson Traoré dans ce qu’elle faisait, ce sont des ‘’résultats et l’autosatisfaction’’. Car elle considère que l’autosatisfaction, c’est le meilleur résultat. ‘’Je tiens à une chose, c’est toujours avoir la conscience tranquille dans tout ce que je fais dans la vie. Par la grâce de Dieu, quel que soit le problème, je reste sereine. Et c’est une force intérieure que j’ai en moi-même. Et après le pèlerinage que j’ai effectué l’année dernière, il y a eu une force surnaturelle que j’ai reçue. Je l’ai sentie. Ce qui a fait de moi maintenant une autre femme. Je suis très calme. Je me dis que c’est Dieu qui a déjà tracé mon destin’’, se contente-t-elle de dire.
Une gestion controversée
Donc, pour l’actuelle directrice du Cesti, le choix porté sur sa personne par le Conseil d’administration pour l’élire à la tête de cet établissement est quelque chose qui lui ai prédestinée. En prenant fonction, elle était bien consciente qu’il y aurait toujours des obstacles, et il fallait savoir les surmonter. Parmi ceux-ci, on peut citer l’interdiction de distribuer des gilets aux journalistes, pendant la campagne de la dernière Présidentielle, l’autorisation de la tenue de la cérémonie du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) au Cesti, le changement du programme d’enseignement, etc.
Cependant, la dame tient à sa philosophie. ‘’On doit la vivre avec des principes, savoir où on va, avoir des objectifs. En tant que femmes, directrice d’une institution comme le Cesti, d’un institut à l’université, nous avons un grand défi’’, dit-elle. Mme Sall reconnait aussi qu’un poste de responsabilité, ça passe.
Et elle pense finir son premier mandat, ceci, malgré les critiques qui pullulent de partout au sein de son établissement. ‘’Si Dieu décide que je vais revenir, je reviendrai. Même si certains n’apprécieront pas. Et si c’est le cas, je ferai la même chose, je ne changerai pour rien au monde. Je suis comme je suis, je ne peux pas changer. Mon style de gestion est comme il est. Je ne peux pas être un autre individu. Donc, il faut qu’on m’accepte comme je suis’’, insiste-t-elle.
‘’J’ai horreur de l’hypocrisie, du mensonge, de la tricherie’’
‘’Vous ne devez jamais avoir peur de ce que vous faites, quand vous faites ce qui est juste’’, disait Rosa Parks. Donc, persuadée qu’elle est sur le bon chemin, Mme Sall reste ‘’imperturbable’’. Parce qu’elle confie qu’elle ne s’aventure jamais dans quelque chose sans avoir ‘’mûrement réfléchi’’.
Bien qu’elle soit de nature calme et très souriante pour les personnes qui sont lui familières, Cousson Traoré sort parfois de ses gonds. Ce qu’elle juge comme un fait naturel. ‘’Je ne sais pas tricher. Je dis toujours ce que je pense. Je ne sais pas garder de rancunes. J’ai horreur de l’hypocrisie, du mensonge, de la tricherie. J’ai beaucoup appris de la vie. Surtout ces expériences, ces moments difficiles, pas pour moi seule, mais pour tout le monde. Ce sont des moments qui m’ont aidée à mieux comprendre les personnes avec qui je partage le travail. Mon passage à l’Ecole normale m’a beaucoup aidée. Nous avions des cours de psychologie. J’ai même fait une étude psychologique de mes collaborateurs, sans exception. Et c’est une richesse pour moi. J’apprends et je me trompe rarement’’, renchérit Mme Sall.
Aujourd’hui, si Mme Cousson résiste à la tempête qui frappe sur l’établissement qu’elle dirige au-delà de son déterminisme, c’est aussi grâce au soutien de son mari. Epouse très ‘’soumise’’, Mme Sall témoigne qu’elle a un mari ‘’adorable’’. C’est grâce à lui qu’elle ‘’garde la tête sur les épaules’’. ‘’Tous ces hommes qui m’attaquent de partout, si je n’avais pas un mari disponible à la maison, qui ne cesse de me soutenir, ce ne serait pas facile. Mon meilleur ami, c’est mon mari’’, se réjouit-elle. Sans enfant, elle s’en remet à Dieu.
Cependant, elle reste largement comblée par des enfants adorables qui l’entourent, ses neveux et nièces. Déconnectée du monde numérique ou des réseaux sociaux, cette fille d’enseignants, d’un père professeur de mathématiques et d’une mère institutrice, laisse ses détracteurs se prononcer dans les médias. Et elle se concentre sur sa mission à la tête du Cesti qu’elle doit mener jusqu’au mois de juin 2020 ; date d’organisation des prochaines élections.
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PARTIR DE NOS VALEURS POUR FORMER LE NOUVEAU TYPE DE SÉNÉGALAIS
Les langues nationales, l'école, la religion... L'éditorialiste de SenePlus, Abdou Fall revient, dans un contexte de friction communautaire, sur les différents mécanismes à travers lesquels la société sénégalaise a toujours vécu en harmonie
Comment préserver le vivre-ensemble dans une société dont les piliers sont malades ? C'est la question à laquelle tente de réponde Abdou Fall, dans l'extrait vidéo ci-dessus. Invité de l'émision LR du temps du 13 octobre dernier sur la chaîne Iradio, en compagnie de Falilou Ba, spécialiste des changements de comportements, l'éditorialiste de SenePlus a notamment fait un rappel historique des différents mécanismes caractéristiques du vivre en communauté dans la société sénégalaise.
"Il faut qu'on se parle", estime l'ancien ministre qui appelle à un dialogue entre les différents élites du pays.
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NATHALIE YAMB DRESSE UN SÉVÈRE RÉQUISITOIRE CONTRE LA FRANCE À SOTCHI
« Après l’esclavage, la colonisation, les pseudo-indépendances, on ne nous a reconnu que le droit d’être libres. Mais seulement au sein de l’enclos français. L’Afrique francophone est encore aujourd’hui, sous le contrôle de la France »
La « Françafrique » fortement décriée et dénoncée au dernier sommet Russie-Afrique (tenu les 23 et 24 octobre 2019). Le forum de Sotchi a été l’occasion pour la Camerounaise Nathalie Yamb de secouer le cocotier des relations France-Afrique. La conseillère de Mamadou Koulibaly, le président du président du parti d’opposition ivoirien LIDER n’a pas mis de gants pour critiquer cet attelage. « Après l’esclavage, après la colonisation, après les pseudo-indépendances, on ne nous a reconnu que le droit d’être libres. Mais seulement au sein de l’enclos français. L’Afrique francophone est encore aujourd’hui, en octobre 2019 sous le contrôle de la France », a déclaré la militante politique.
Elle a rappelé que si l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre ont compris depuis lors qu’il fallait sortir du schéma de la conférence de Berlin et redéfinir les contours d’une nouvelle coopération avec les pays Africains ce n’était pas le cas de la France « qui avance sans bouger. En portant des masques. Et qui considère toujours le continent africain comme sa propriété », a-t-elle accusé.
Nathalie Yamb a émis des revendications en rapport avec le Franc CFA et la présence de bases militaires françaises en Afrique. « Nous voulons sortir du Franc CFA que Paris avec la complicité de ses laquais africains veut pérenniser sous l’appellation ECO et qui ne permet aucune industrialisation de l’Afrique francophone. Nous voulons le démantèlement de bases militaires qui sous le couvert d’accord de défense bidons ne servent qu’à permettre le pillage de nos ressources, l’entretien de rébellions, l’entraînement de terroristes et le maintien de dictateurs à la tête de nos Etats ».
Nathalie Yamb refuse de voir la France continue d’usurper la voix de l’Afrique à l’ONU. Elle souhaite que les choses changent et que la Russie joue un rôle dans cette évolution sans devenir un nouveau maître pour les Africains. C’est pourquoi elle appelle la Russie à intervenir pour équilibrer les rapports entre l’Afrique et la France. Elle résume sa pensée dans les lignes suivantes : « sur le plan politique et diplomatique, le monde et la Russie doivent cesser de nous voir à travers les lunettes déformantes du story telling méprisant, mensonger et négationniste de la France qui nous assujettit. L’Afrique n’a pas besoin de tuteur à l’ONU. L’Afrique n’a pas non plus besoin de nouveaux propriétaires, mais la Russie y a sa place comme un partenaire, dans une logique de Commonwealth, d’enrichissement partagé, d e collaboration vivifiante et innovante entre les secteurs privés respectifs »
POURQUOI L'AFRIQUE EST BÉNIE POUR CANAL+
Pour le groupe audiovisuel en difficulté dans l'Hexagone, le continent est devenu une importante source de revenus et un espace d'investissement privilégié
Le Point Afrique avec AFP |
Publication 27/10/2019
Ce sont plus de 1 000 personnes dans une dizaine de filiales que le groupe Canal+ emploie en Afrique. Alors que sa situation se dégrade en France, le groupe de la chaîne cryptée a fait de l'Afrique « une terre d'investissement » et de revenus importants. « On est là depuis plus de 20 ans mais on a transformé nos offres », explique Jacques Du Puy, le président de Canal+ Overseas. « Aujourd'hui, on investit énormément dans les contenus, dans les chaînes africaines, dans nos filiales, dans les nouveaux produits comme le SVOD (vidéo à la demande avec abonnement). L'Afrique est devenue une partie importante du business », ajoute-t-il.
Une situation inverse de celle en France
En France, le groupe a subi plus de 650 millions d'euros de pertes et une hémorragie d'abonnés ces deux dernières années, depuis la reprise en main par Vincent Bolloré, propriétaire de la maison mère Vivendi et qui détient de multiples affaires en Afrique. Tendance inverse en Afrique francophone, avec une « croissance sur le long terme » et 2,8 millions d'abonnés. « Le nombre de clients actifs en 2016 est même de 4 millions », souligne M. Du Puy, car Canal y fonctionne avec un système de bouquets de chaînes et des cartes prépayées permettant de « s'abonner » sur des périodes courtes (événement sportif, série).
Selon le bilan de Vivendi, l'activité de Canal+, qui revendique environ 11,5 millions d'abonnés individuels dans le monde, progresse d'ailleurs de 5,7 % à l'international, tirée par l'Afrique. Comme de nombreuses multinationales, Canal+ veut bénéficier de l'émergence des classes moyennes africaines. « Avant, grosso modo, on offrait la même chose » qu'en France, souligne M. Du Puy, « on avait comme abonnés les expatriés français et les Africains riches intéressés par la France. Quelques centaines de milliers ». « Avec 2,8 millions, on a complètement changé de type. Maintenant ce sont des familles vraiment africaines et plutôt de classe moyenne. Elles sont francophones, mais n'ont pas forcément un intérêt pour la France proprement dite », poursuit-il. La chaîne bénéficie aussi d'un certain manque de concurrence, en raison de la qualité moyenne des chaînes nationales, la faiblesse du débit internet qui interdit les box pour le moment et de l'attente de l'arrivée de la TNT (dans laquelle Canal s'est d'ailleurs positionné, notamment en Côte d'Ivoire).
« Plus de contenus africains pour des Africains »
L'idée est donc de produire en Afrique des contenus africains pour des Africains. Via des investissements, comme dans le groupe nigérian Iroko, un des principaux acteurs de Nollywood, l'industrie nigériane du cinéma. Mais, surtout, Canal essaie d'investir dans des productions francophones, télévision comme cinéma. « On a commencé à investir dans les coproductions, les préfinancements, les achats de séries » et on soutient « des séries qu'on souhaitait voir se développer en Afrique », détaille Jacques Du Puy.
« L'équipe éditoriale » composée « de gens d'Afrique centrale et de l'Ouest est basée à Abidjan », souligne-t-il. Des émissions de télé-réalité avec des concepts locaux comme Koiffure Kitoko, un concours de coiffeuses, succès sur un continent où les salons sont innombrables, ont vu le jour.
Autres coproductions, « Le Parlement du rire », émission de comiques chapeautée par le Nigérien Mamane, ou le magazine économique « Réussir ». Comme par le passé en France, Canal mise beaucoup sur le sport. Avec des formats comme « Talents d'Afrique » ou un partenariat de cinq ans avec la Ligue de football ivoirienne, pour un montant tenu secret. Objectif : remédiatiser un championnat moribond pour en faire un pôle africain qui attirera spectateurs et... téléspectateurs.
Côté cinéma, Vivendi va ouvrir une cinquantaine de salles en Afrique francophone, pour distribuer ses productions internationales mais aussi tenter d'amortir sur place les productions locales. « Il faut que la filière soit complète de la sortie en salle jusqu'à l'exploitation sur chaîne payante, puis gratuite et en SVOD », explique M. Du Puy. Le groupe finance ainsi le développement d'applications pour les téléphones portables avec un Internet à faible débit. « Il faut qu'il y ait un écosystème qui se développe. Il est important de faire émerger une création africaine francophone mais ça ne peut pas reposer que sur nous », estime-t-il. « Les acteurs de la filière l'ont compris. Il y a des maisons de production qui apparaissent. Ce n'est pas facile. Ça mettra peut-être du temps, mais on est optimistes. Il y a des Afro-pessimistes, nous nous sommes des Afro-optimistes. »
Article préalablement publié en mars 2017.
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TRUMP CONFIRME LA MORT DU CHEF DE L'ÉTAT ISLAMIQUE
Abou Bakr al-Baghdadi, ayant un temps présidé aux destinées de 7 millions de personnes en Irak et en Syrie, "n'est pas mort comme un héros, il est mort comme un lâche" a affirmé le président américain
Il n'avait plus donné signe de vie depuis un enregistrement audio diffusé en novembre 2016. Le chef du groupe État islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi, aurait été visé par une opération militaire en Syrie et aurait été tué, ont affirmé samedi plusieurs médias américains. Une information confirmée par le président des États-Unis ce dimanche. « Abou Bakr al-Baghdadi est mort », a-t-il déclaré lors d'une allocution depuis la Maison-Blanche. Abou Bakr al-Baghdadi est mort « comme un chien », a précisé le chef de l'État américain. Le leader de l'État islamique s'est fait exploser avec sa « veste » chargée d'explosifs. Trump a remercié la Russie, la Turquie, la Syrie, l'Irak et les Kurdes.
Le chef de l'EI, « calife » autoproclamé en 2014 ayant un temps présidé aux destinées de 7 millions de personnes en Irak et en Syrie, « n'est pas mort comme un héros, il est mort comme un lâche », a-t-il martelé ; précisant qu'il s'était fait exploser avec sa « veste » chargée d'explosifs alors qu'il s'était réfugié dans un tunnel creusé pour sa protection. « Il est mort après avoir couru dans un tunnel sans issue, gémissant, pleurant et criant », a-t-il encore relaté. « Le voyou qui a tellement voulu intimider les autres a passé ses derniers moments dans une véritable peur, en totale panique et dans l'effroi, terrifié par les forces américaines qui fondaient sur lui », a-t-il ajouté.
Des combattants de l'EI morts
Trois de ses enfants sont morts avec lui, a ajouté le président américain. « Il a déclenché sa veste (d'explosifs), se tuant ainsi que les trois enfants », a dit Donald Trump qui a précisé également : « Son corps a été mutilé par l'explosion ». Au cours du raid de l'armée américaine, un « grand nombre » de combattants de l'EI sont morts. « Aucun personnel (américain) n'a été perdu dans l'opération. Tandis qu'un grand nombre de combattants et de compagnons de Baghdadi ont été tués avec lui », a détaillé le président américain.
« C'était comme regarder un film »
« Capturer ou tuer Baghdadi était la priorité absolue de mon administration », a-t-il ajouté, lors d'une allocution suivie d'une longue séquence de questions-réponses avec les journalistes. Le « califat » territorial de l'EI a été déclaré défait par les Américains en mars dans son dernier réduit en Syrie. « C'était comme regarder un film », a raconté Donald Trump, relatant comment il avait visionné en temps réel le raid américain grâce à des caméras embarquées par les forces spéciales.
En tout début de matinée, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain, avait fait état également d'une opération de commandos américains héliportés et débarqués dans la nuit dans la région d'Idleb (Nord-Ouest). Les tirs de huit hélicoptères ont visé après minuit une maison et une voiture aux abords du village de Baricha, à quelques kilomètres de la frontière turque, a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, qui fait état d'au moins neuf morts, dont deux femmes et un enfant, sans pouvoir dire si le chef de l'EI se trouvait dans le secteur.
Une opération qui a duré
Abdelhamid, un habitant de Baricha, s'est rendu dans le secteur touché très tôt dimanche matin. « Il y a une maison écroulée, des tentes et une voiture civile endommagées avec deux morts à l'intérieur », a-t-il raconté à l'Agence France-Presse. Aux abords de Baricha, un correspondant de l'Agence France-Presse a pu voir la carcasse d'un minibus carbonisé, touché par des bombardements. « L'opération a duré au moins jusqu'à 3 h 30 du matin », a précisé un autre habitant.
Un groupe djihadiste contrôlant la région a bloqué dimanche l'accès au site visé par l'opération américaine, a constaté un journaliste de l'Agence France-Presse. Il a précisé que des combattants du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), djihadistes rivaux de l'EI qui dominent cette région de la Syrie, avaient pris position autour d'une maison en ruines au milieu des oliviers de Baricha. Quelques journalistes ont pu brièvement s'approcher des ruines de cette maison totalement détruite. Des pelleteuses étaient à l'œuvre pour déblayer les gravats.
L'aide de l'Irak
Le commandement militaire irakien a annoncé dimanche avoir fourni la localisation du chef du groupe djihadiste État islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi en Syrie pour le raid américain qui l'a tué. « Une section spécialisée a travaillé pendant un an » et « le renseignement national a pu (…) localiser le repaire » de Baghdadi, et « grâce à cela, l'opération américaine a été menée », indique un communiqué. Peu avant, en annonçant cette mort, le président américain Donald Trump avait remercié l'Irak, parmi d'autres pays.
Ce développement intervient dans une période d'intense activité militaire dans le nord de la Syrie, où les forces turques ont lancé le 9 octobre une vaste offensive contre les forces kurdes. De leur côté, Damas et son allié russe ont accéléré le déploiement de leurs troupes à la frontière turque, tandis que les Américains ont annoncé l'envoi de renforts militaires dans l'est pétrolier de la Syrie.
Dernière apparition publique en 2014
La dernière apparition de Baghdadi, la première en cinq ans, remontait à une vidéo de propagande du 29 avril où il appelait ses partisans à poursuivre le combat. En septembre, il avait appelé dans un enregistrement audio ses partisans à « sauver » les djihadistes détenus dans les prisons et leurs familles vivant dans des camps de déplacés notamment en Syrie et en Irak. C'est à Mossoul, en Irak, que le chef de l'EI a fait sa seule apparition publique connue, en juillet 2014, à la mosquée Al-Nouri.
De son vrai nom Ibrahim Awad al-Badri, le chef de l'EI serait né en 1971 dans une famille pauvre de la région de Bagdad. Passionné de football, il a échoué à devenir avocat puis militaire avant d'étudier la théologie. C'est lors de l'invasion américaine de l'Irak en 2003 qu'il crée un groupuscule djihadiste sans grand rayonnement avant d'être arrêté et emprisonné dans la gigantesque prison de Bucca.
Libéré faute de preuves, il rejoint un groupe de guérilla sunnite sous tutelle d'Al-Qaïda et en prend la tête quelques années plus tard. Profitant du chaos de la guerre civile, ses combattants s'installent en Syrie en 2013 avant une offensive fulgurante en Irak. Le groupe, rebaptisé État islamique, supplante Al-Qaïda, tandis que ses succès militaires initiaux et sa propagande soigneusement réalisée attirent des milliers de partisans du monde entier.
par Jean Meïssa Diop
UNE AUTRE COUVERTURE PRESSE DU MAGAL
Les ‘’berndé’’, un méchoui de tout un chameau, les festins presque gargantuesques, Adja Aida Diallo... Mille journalistes accrédités pour qu’on n’ait du Grand Magal de Touba que des aspects fêtards et des faits-divers
Les ‘’berndé’’, un méchoui de tout un chameau, les festins presque gargantuesques, Adja Aida Diallo... Mille journalistes accrédités pour qu’on n’ait du Grand Magal de Touba que des aspects fêtards et des faits-divers. Oui, mille journalistes pour ça, rien que ça ! ‘’Et, bizarrement, on ne parle que d’Aida Diallo. On dirait qu’il y a un truc qui n'a pas marché’’, commente, sur sa page Facebook, Cheikh Abdou Khadr Seck, un jeune journaliste taquin, qui sait soulever de bonnes questions.
La rédaction a-t-elle préparé la mission de couverture du Magal confiée au reporter ? Quels aspects importants traiter et sous quel angle ? Tout cela peut être le fruit d’une réflexion collective et à haute voix, plutôt que le résultat du flair et de l’improvisation d’un reporter laissé à lui-même, sans briefing, ni viatique, sans autres idées que les siennes propres.
Certes, il y a de ces thèmes intéressants à traiter et que le reporter ne découvre que sur le terrain. Mais il y a l’apport collectif de la rédaction à l’identification et à la définition des différents angles de couverture d’un événement d’envergure et même d’un banal fait-divers. La couverture média d’un événement, ça se prépare à la rédaction et par les journalistes, même ceux qui ne vont pas sur le terrain y prennent part. Et le plan de couverture ne sera riche que des idées des uns et des autres. Et il appartiendra au reporter de les traduire en acte et en écriture après une collecte rigoureuse et sagace d’informations.
Il est très instructif le message Facebook du journaliste Bamba Kassé à ses ‘’confrères et consœurs’’ préposés à la couverture du Magal : ‘’(…) Je voudrais faire part de mes attentes en tant que désormais ‘consommateur’ d'informations venant de Touba. J'ai remarqué qu'il n’y a presque pas de sujets portant sur le spirituel. J'aimerais (des curieux certainement avec moi) avoir des contenus portant sur le pourquoi des millions de Sénégalais et autres font le trajet, dans des conditions difficiles le plus souvent, pour se rendre à Touba.
Je voudrais ensuite savoir, au-delà du spirituel, où en est le legs en termes de philosophie nationaliste de Serigne Touba. Au-delà du nombre de bœufs immolés ici et là, la philosophie du travail et les bonnes pratiques mourides du temps du Cheikh ne doivent-elles pas être remises au goût du jour ? Une actualisation de la pensée de Cheikh Ahmadou Bamba, à la loupe des réalités culturelles et cultuelles du moment, me semble être humblement la trame du travail journalistique en période de couverture du Magal. Le tout emmitouflé dans les flux des faits et actes constitutifs de l'actualité de Touba.’’
Ce sont là des points, parmi tant d’autres, qu’un reporter envoyé ne devrait point négliger, ni escamoter au profit de faits sans portée spirituelle – entre angles aussi. Pourquoi ne pas expliquer au public la ‘’division du travail’’ mouride entre les familles Mbacké, Bousso, Diakhaté et Lô ?
En effet, il paraît qu’à chacune de ces familles échoit une mission au service de la confrérie mouride. Il ne serait pas ‘’inintéressant’’ d’en parler. Parler aussi de cette sorte de congrégation au sein de la communauté mouride et dénommée Hizbut Tarqiyya. Par-delà la présentation de ses infrastructures luxueuses à Touba, qu’est-ce que ce mouvement incarne en matière de spiritualité et d’engagement mourides ? On aimerait bien découvrir…
‘’Les Sénégalais sont friands de buzz et non de spiritualité, alors que l'événement est avant tout spirituel, réagit Elhadj Madabo Wade au post de Cheikh Abdou Khadr Seck. Les journaux en ligne se sont engouffrés dans la brèche et ne parlent que d’Adja Aida Diallo. Beaucoup de talibés et autres quidams les ont suivis, oubliant de parler du miracle Bamba et de son désir de remercier son Seigneur’’.
‘’Nous accordons trop d’importance aux faits-divers, se navre Floriant Ndiaye , un facebooker commentant le même post. Les journalistes ne font que nous suivre’’. Hélas !
PAR Moussa Mara
DANS NOS PAYS, EST-IL POSSIBLE D'ÊTRE POLITICIEN ET HONNÊTE ?
Comment l'argent est devenu la justification principale du choix de nos dirigeants, en lieu et place des idées, du projet, du parcours ou de la personnalité ?
Il est désormais établi et accepté, à tous les niveaux dans nos pays que, pour être président de la République, il faut disposer de plusieurs milliards de Fcfa, soit autant qu'en Europe dont le niveau de richesse est pourtant sans commune mesure avec le nôtre. Il semblerait qu'au Nigeria, la dernière élection présidentielle ait vu les candidats importants dépenser chacun des sommes avoisinant le chiffre faramineux d'un milliard de dollars soit plus de six cents milliards de Fcfa !
D'où vient cet argent ? Comment l'avoir ? Est-il possible de rassembler une telle somme tout en gardant les mains propres ? Ce sont des questions utiles à se poser et dont les réponses sont déterminantes pour le sort de nos systèmes démocratiques et, au-delà celui de centaines de millions d'Africains. La manière d'arriver au pouvoir conditionne pour une large part la façon de gouverner et de rendre service aux populations. Comment en est-on arrivé là ? Comment l'argent est devenu la justification principale du choix de nos dirigeants, en lieu et place des idées, du projet, du parcours ou de la personnalité ? Quelques explications majeures peuvent être avancées.
Le niveau de compréhension politique des populations est un des facteurs explicatifs. Sous nos tropiques, les électeurs sont, en moyenne, peu instruits, peu formés politiquement et pas suffisamment au fait des règles démocratiques et de nos systèmes politiques multipartistes et électoraux. De ce fait, ils se réfugient facilement dans le concret, le matériel, le palpable, le court terme et les enjeux proches qui sont plus faciles à comprendre. Ces critères de choix sont également financièrement plus exigeants à satisfaire.
En de maints endroits, l'électeur vote ainsi pour celui qui paie son ordonnance, creuse un forage dans son village, réfectionne son centre de santé ou celui que le chef de village ou le patriarche lui dit de choisir, souvent pour les mêmes raisons. Il est vrai que l'attitude des responsables publics encourage les électeurs à adopter ces attitudes et cela constitue la seconde explication plausible à la « marchandisation » de la vie politique et publique dans nos pays. Les élus sont souvent adeptes de promesses sans lendemain. Une gouvernance locale ou nationale insouciante du bien-être des populations et un enrichissement révoltant des élus finissent de rompre les liens avec les populations, créant chez ces dernières le sentiment que les dirigeants se battent pour eux-mêmes d'abord ! Ceci explique pourquoi les électeurs finissent par ne compter que sur eux-mêmes, en profitant de toutes les occasions pour se servir, l'une de celles-ci étant les consultations électorales.
Il y a ensuite les stratégies insidieuses des gouvernants pour appauvrir le débat politique et le ramener sur le terrain des questions matérielles, là où ils auront toujours une longueur d'avance sur leurs compétiteurs. Ainsi, il n'est pas rare de voir la mise en scène de réalisations concrètes et son association à l'image personnelle du dirigeant désormais qualifié de « bâtisseur ». Cela participe de la même stratégie, l'utilisation des moyens publics pour « acheter » les populations et renforcer son camp tout en paupérisant celui d'en face ou harceler les opposants et leurs soutiens par les contrôles fiscaux, chantages, etc. Ce plan a pour but ultime de faire comprendre qu'être avec le pouvoir est synonyme de bien-être et être en face c'est le régime amincissant assuré !
Engagée sur la durée d'un ou de deux mandats, cette stratégie peut réduire au silence et à la précarité les opposants les plus pugnaces. A l'inverse, elle draine les ressources humaines, matérielles et financières vers les tenants du pouvoir et véhicule un réflexe malsain de « qui veut être à l'aise doit être avec le pouvoir ». Un cercle vicieux est ainsi instauré. Les ressources deviennent non seulement le point central des élections, mais aussi l'objectif ultime des gouvernants, préoccupés à en amasser au maximum tout en en privant leurs adversaires présents et futurs. Dans cette quête, le citoyen et son bonheur passent au second plan, les décideurs étant persuadés qu'avec l'argent, ils le convaincront de toute façon de les suivre le moment opportun !
Cette quête de ressources comporte évidemment d'énormes risques. Ceux auprès de qui on sollicite des soutiens ne sont pas des philanthropes et exigent des contreparties d'autant plus significatives que le soutien est important. Quand on sait que tous les contributeurs potentiels ne sont pas recommandables (hommes d'affaires véreux, trafiquants de tous acabits y compris de drogue, puissances extérieures intéressées pouvant confisquer la souveraineté de l'Etat...), il y a lieu de s'interroger sur les marges de manœuvre de nos élus au cours de leurs mandats. Il faut sortir des pièges de l'argent si nous voulons assainir le paysage politique et améliorer la gouvernance des collectivités publiques et des États.
Pour y parvenir, des mesures techniques et politiques devraient être envisagées dont certaines ont été ébauchées dans quelques textes électoraux africains. Il est souhaitable d'interdire les distributions d'avantages matériels ou de réalisations physiques à l'approche des élections et le faire savoir aux électeurs pour qu'ils veillent au respect de cette clause. Il faut empêcher aux sortants, l'utilisation de leurs pouvoirs pendant un certain temps à leur propre profit, ceci afin de disposer d'un avantage indu faussant la règle de la concurrence loyale. Il convient d'encadrer la collecte de ressources, rendre transparente l'exécution des dépenses qui ne doivent pas dépasser un plafond à fixer, exiger la publication des comptes de campagne qui seront vérifiés de manière rigoureuse, le tout étant assorti de sanctions dont l'inéligibilité en cas d'infraction. Les publications de patrimoine et de revenus avec des contrôles doivent être systématisés. Les règles de transparence absolue seront instituées en ce qui concerne la question des conflits d'intérêts et des parties liées. Nous devons bannir les relations de chaque leader avec ses parties liées (parents et proches,...) pendant son mandat. Une autre mesure technique est d'imposer les idées et projets et, partant, les débats au moment des consultations électorales afin de les vulgariser et contribuer à éclairer les électeurs tout en leur donnant des moyens de suivi et de contrôle de l'action des candidats.
Au chapitre des mesures politiques, il est indispensable que les gouvernants aient la volonté d'assainir nos dispositifs démocratiques. C'est un défi très important à relever, car le système actuel favorise plutôt les tenants du pouvoir. Il n'est pas gagné de les convaincre de s'imposer des contraintes, mais il en va de l'enracinement de la démocratie dans nos pays. Dans la même veine, il convient de rendre le jeu politique plus lisible, mieux organisé et donc plus sérieux. La diminution significative du nombre de partis et des candidats aux élections est incontournable. Il faut regrouper et stabiliser le champ politique faute de quoi il ne sera pas possible de contrôler, d'encadrer et de faciliter l'avènement de grands partis, homogènes et cohérents qui structurent la vie politique. Seules de telles organisations structurées faciliteront les débats d'idées, l'affirmation de marqueurs idéologiques et de projets identifiables permettant aux populations de mieux connaitre les acteurs et de les suivre.
Si nous n'agissons pas dans l'urgence, la politique continuera d'être le champ des chemins troubles, elle rebutera ceux qui ont des idées, du savoir-faire et des profils utiles à nos pays, mais qui restent réticents à marchander leur âme pour conquérir le pouvoir. Le paysage politique deviendra une bourse d'aigrefins où les postes et les mandats s'achètent et se vendent, les démocraties seront confisquées par des détenteurs de finances. Les populations n'auront le choix qu'entre résignation ou réactions brutales et violentes forcément destructrices.
"PRÉSENCE AFRICAINE A BESOIN D'UN NOUVEAU SURSAUT"
Le poète Amadou Lamine Sall estime qu’aujourd’hui, très peu d’auteurs connaissent véritablement la Maison d'édition et le rôle qu’elle a joué dans la défense et l’illustration de la littérature et de la pensée africaines francophones
Le thème de la commémoration ce weekend à Paris de la création de la Maison d’édition Présence Africaine, « 70 ans de transmission » est d’autant plus pertinent que « les générations futures ont le droit de savoir et surtout de perpétuer le combat ». C’est l’avis du poète Amadou Lamine Sall, Lauréat des Grands Prix de l’Académie française, dans une interview accordée à APAnews.
Pour cette grande figure de la littérature sénégalaise et africaine francophone, la réussite de ce défi de la « transmission » exige de « ne jamais oublier l’esprit des anciens, des premiers pionniers. Ne jamais oublier ce qu’a été le combat de Présence Africaine et ce que doit rester Présence Africaine ».
72 ans après la création de la Revue Présence Africaine et 70 ans après celle de la Maison d’édition éponyme, M. Sall estime qu’aujourd’hui, très peu d’auteurs connaissent véritablement cette dernière et le rôle qu’elle a joué dans la défense et l’illustration de la littérature et de la pensée africaines francophones.
« Présence Africaine doit être plus vivante encore, plus opérationnelle, plus tournée vers la nouvelle génération d’auteurs africains. Elle doit s’ouvrir aux jeunes poètes et écrivains parmi les meilleurs », souligne le poète.
Face aux problématiques de l’heure, notamment le terrorisme, le changement climatique, le racisme dans la Diaspora, etc. l’urgence change de cap.
Le rôle « historique et admirable » de Présence Africaine à travers l’éclosion du « génie nègre » a été bien incarné par « des auteurs grandioses et difficiles à renouveler ».
« L’esprit de Présence Africaine est bien, bien loin. Elle-même ne le défend même plus comme il se doit ! », martèle « avec beaucoup de respect » le poète qui invite à un nouveau sursaut pour conduire sa renaissance par de nouveaux auteurs.
PLUS DE 200 MIGRANTS INTERCEPTÉS AU LARGE DU CAMEROUN
Venant du Nigeria voisin, le contingent, qui se compose de Béninois, Nigérians, Sénégalais et Togolais, a été remis au service local de l'émigration qui a annoncé leur expulsion imminente vers leur pays de départ
Apanews |
Félix Cyriaque Ebolé Bola |
Publication 27/10/2019
Une embarcation transportant plus de 200 migrants clandestins, dont 130 mineurs en partance pour le Gabon, a été interceptée vendredi par la marine nationale dans les eaux du camerounaises à proximité de la métropole économique, Douala, a appris APA dimanche de source sécuritaire.
Venant du Nigeria voisin, le contingent, qui se compose de Béninois, Nigérians, Sénégalais et Togolais, a été remis au service local de l'émigration qui a annoncé leur expulsion imminente vers leur pays de départ.
Cette route maritime semble de plus en plus prisée par les migrants clandestins ouest-africains désireux de joindre le Gabon. Dans la nuit du 29 au 30 juillet dernier, un navire en détresse, transportant 99 d’entre eux, avait déjà été secouru au large des côtes camerounaises.
Regroupés ensuite dans une église de la localité d’Ebodjè, située à quelque 300 kilomètres au sud de la capitale, Yaoundé, ces naufragés (65 Togolais, 33 Burkinabè, 1 Nigérian et 7 membres d’équipage ghanéens), parmi lesquels plusieurs femmes et des enfants, avaient reçu une assistance alimentaire et médicale du pays hôte, avant d’être rapatriés un mois plus tard vers leurs pays d’origine.