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9 octobre 2025
UNE ARNAQUE PURE ET DURE
Destinée à assurer la diminution du taux de fluorure de sodium et de chlorure dans l’eau consommée depuis toujours par les populations de la commune de Fatick, l’usine de défluoration est en panne depuis quelque temps
L’écoulement de l’eau douce des robinets à Fatick, après la mise en service en février dernier de la station de défluoration, n’aura duré que le temps d’une rose. Les populations qui avaient poussé un gros ouf de soulagement sont aujourd’hui animées d’un sentiment de désespoir et de culpabilité. Ce qui en effet était à une promesse électorale n’est en fait qu’une arnaque dont «L‘As» a fini de cerner le mystère.
Destinée à assurer la diminution du taux de fluorure de sodium et de chlorure dans l’eau consommée depuis toujours par les populations de la commune de Fatick, l’usine de défluoration est en panne depuis quelque temps. Une situation qui a fini de heurter l’orgueil des populations qui culpabilisent et se sentent abusées.
En effet, si pour certains, il faut se rendre à l’évidence et accepter que la mise en service de l‘usine n’était en réalité qu’un leurre pour amener les populations à voter en faveur du candidat Macky Sall à la dernière élection présidentielle, pour d’autres, ceci est une arnaque qui mérite d’être résolue auprès des juridictions compétentes. Une thèse partagée par un ingénieur ayant travaillé sur le projet et avec qui nous nous sommes entretenus. Sous le sceau de l’anonymat, notre source estime que le véritable problème, c’est que l’évolution de la population entre la période de la conception du projet et sa réalisation n’a pas été prise en compte par les autorités.
A l’en croire, les responsables du projet ont construit l’usine, selon la base des informations démographiques de la population de Fatick au moment de la conception. «Or, le projet a été conçu sous Wade», précise-t-il avant d’ajouter qu’il était prévu deux réacteurs pour alimenter le réseau au moment de la conception du projet, compte tenu du poids démographique de la commune. «Il est évident que le nombre de réacteurs prévu à l’époque était devenu insuffisant au moment de la réalisation. Il fallait penser à renforcer le matériel. Ce qui malheureusement n’a pas été fait. C’est d’ailleurs ce qui explique le fait qu’au début de la mise en service de l’usine, certains quartiers ne disposaient pas en permanence d’eau», explique notre interlocuteur qui considère qu’il faut un troisième réacteur pour assurer la bonne marche de l’usine.
D’après nos informations, l’un des réacteurs serait en panne. «Normalement, les réacteurs doivent fonctionner 16 heures par jour. Mais ici, on est obligé de les mettre en marche au moins 22h par jour. C’est d’ailleurs pour cela que l’un des réacteurs n’est plus en bon état. Ce qui explique la mauvaise qualité de l’eau», déclare l’ingénieur qui révèle que le reste de l’eau fluoré est mélangé à l’eau traitée pour masquer la teneur du sel.
Rappelons que ce projet d’un coût de trois 3,6 milliards Fcfa fait partie d’un programme de renforcement de l’alimentation en eau dans les régions de l’intérieur. Si l’on se fie aux propos de Charles Fall à l’époque, le projet est composé de plusieurs volets dont le renforcement de la production et du stockage dispose d’une capacité de 3600 m3/ jour pour au moins cinquante mille habitants. Mise en service à la veille de l’élection présidentielle de 2019, l’usine de défluorisation de sel n’arrive toujours pas à soulager les populations de Fatick qui ont longtemps souffert de la consommation d’une eau de mauvaise qualité.
LA JONCTION N’A PAS EU LIEU
Alors que l’on s’attendait à une grande mobilisation des forces politiques, sociales et citoyennes du pays, c’est pratiquement les mêmes qui ont répondu à la marche du collectif «Noo Lank»
Seydina bilal DIALLO et Abou SY |
Publication 11/01/2020
Alors que l’on s’attendait à une grande mobilisation des forces politiques, sociales et citoyennes du pays, c’est pratiquement les mêmes qui ont répondu à la marche du collectif «Noo Lank», hier. Si les caciques du mouvement sont toujours engagés à faire reculer le régime ; force est de constater qu’ils peinent à faire converger toutes les forces vives de la nation autour du combat pour la baisse du coût de l’électricité.
Le collectif «Noo Lank» avait changé de fusil d’épaule en décidant d’impliquer davantage les forces politiques et sociales dans le combat contre la hausse du prix de l’électricité. En plus de faire reculer le régime de Macky Sall par rapport à cette mesure impopulaire, le mouvement veut faire libérer Guy Marius Sagna, Ousmane Sarr et Fallou Galass Seck. Une délégation de «Noo Lank » avait d’ailleurs fait le tour des différents états-majors politiques mais aussi des syndicats et de certains acteurs économiques. L’objectif était de les faire adhérer à la lutte et les pousser à venir massifier les mobilisations. Même l’ancien Président Abdoulaye Wade avait été approché par le collectif. Le pape du Sopi, en plus de manifester son soutien, avait promis d’engager ses partisans dans le combat. Mais hier, les libéraux pour la plupart n’ont pas fait le déplacement.
Tout au moins, les leaders n’ont pas répondu à l’appel de «Noo Lank». Il en est de même des autres formations de l’opposition et des syndicats dont les leaders ont brillé par leur absence. A leur place, on a vu des seconds couteaux, chacun essayant de faire croire à l’opinion que son leader était aussi engagé que ceux qui se sont déplacés. Les forces politiques et sociales ont ainsi snobé les membres de «Noo Lank» en daignant se déplacer pour soutenir la cause de la plateforme. Il demeure clair que «Noo Lank » ne pourra pas compter sur ces derniers et qu’il urge d’ajuster la stratégie et de prendre une option autre que de courir derrière ces forces. Mais loin de se décourager, «Noo Lank » compte poursuivre la même dynamique qui consiste à faire converger toutes les forces sociales et politiques dans la lutte.
Quoi qu’il en soit, hier, comme à l’accoutumée, ce sont les mêmes têtes qui ont fait le déplacement, qu’ils soient activistes, syndicalistes ou politiques, des gens qui depuis le début répondent à l’appel. Parmi eux, le maire de Mermoz Sacré-Cœur qui pense tout simplement que ce qui se passe avec la hausse du prix de l’électricité est une association de malfaiteurs, un vol en réunion que la Senelec est en train d’effectuer avec la complicité de Macky Sall. «Nous ne serons jamais d’accord sur cette mesure. Je refuserai de payer l’électricité tant que cette mesure sera en vigueur», déclare-t-il.
Poursuivant, Barthélémy Dias déplore par ailleurs le fait que Guy Marius Sagna, un citoyen exemplaire, un digne fils de ce pays, un patriote, soit emprisonné injustement par l’actuel régime. «Nous allons continuer à combattre pour sa libération. Ceux qui ont détourné l’argent de la Poste, du Coud et du Prodac sont là et ils ne sont pas inquiétés. Pendant ce temps, ils s’attaquent à Guy Marius Sagna et Cie qui exerçaient un droit constitutionnel», explique «Dias-fils ». Non sans rappeler que ces derniers étaient emprisonnés en même temps que des étudiants et un professeur en la personne de Babacar Diop. «Mais quand les étudiants sont descendus sur le terrain pour montrer leur mécontentement et leur désapprobation, ils ont été libérés. Macky Sall est un peureux. Il faut qu’on se lève et qu’on fasse comme les étudiants pour que le gouvernement recule et libère Guy Marius Sagna et Cie», a tonné Monsieur Dias.
DR BABACAR DIOP : «QUE MACKY SALL LIBERE GUY ET CIE ; SINON NOUS IRONS A LA PRISON POUR LES LIBERER»
A sa suite, Dr Babacar Diop a pris la parole pour exhorter les gens à continuer dans cette dynamique. A l’en croire, si le régime refuse de reculer dans l’abus, la population doit avoir le courage de dire que cela suffit. «Nous disons ‘’Non !’’ Nous n’accepterons pas cette hausse», ajoute-t-il. Le leader des FDS demande aussi à Macky Sall de libérer Guy Marius Sagna, Ousmane Sarr et Fallou Galass Seck qui sont, selon lui, d’honnêtes citoyens, de vrais patriotes. «Que Macky Sall les libère sinon à la prochaine étape, nous irons à la prison pour libérer ces otages politiques. 40 jours, c'est trop ! ça suffit !», a martelé Dr Babacar Diop. Il soutient ainsi que ces derniers ont fait honneur à la jeunesse africaine et au pays. «Nous ne pouvons plus rester dans l’indifférence sur le sort qui frappe ces pauvres garçons. Nous ne pouvons pas continuer de vaquer à nos occupations et d’aller au travail dans l’indifférence totale. Chaque jour, chaque nuit que Guy passera en prison constitue une souillure pour notre justice. C’est pourquoi nous disons que Macky Sall gouverne dans l’injustice, il vit d’injustice, il se nourrit d’injustice, il pratique l’injustice, il marche sur l’injustice, il vomit sur l’injustice », a crié Dr Babacar Diop.
Ousmane Sonko absent, le Secrétaire national à la formation de Pastef, Moustapha Saaré a pris la parole, hier à son nom, pour dire que ce pays est gouverné dans le mensonge. La preuve, dit-il, il était annoncé qu’à partir de 2020, le prix de l’électricité au Sénégal allait être réduit. Contre toute attente, la Senelec dit qu’elle va augmenter le prix de l’électricité, déplore Monsieur Saaré. Qui estime que s’il y a un problème d’argent, que les autorités aillent le chercher ailleurs que dans les poches des ménages sénégalais. «Il faut aller chercher l’argent dans d’autres niches telles que le HCCT et le CESE, des Institutions sans aucun intérêt », laisse-t-il entendre.
«LE PLAN YEESAL DE LA SENELEC AVAIT PREVU DE DIVISER LE PRIX DE L’ELECTRICITE PAR DEUX EN 2020»
Quant au représentant de Sidya Ndiaye de la Fédération générale du travailleur du Sénégal (FGTS), il dit que toutes les familles sénégalaises dépendent énormément des travailleurs. De ce fait, ajoute-t-il, toute personne qui lutte pour les travailleurs doit être présente ici pour épauler le collectif dans cette bataille avant que cela ne soit trop tard car les conséquences risquent d’être lourdes. «Au nom de Sidya Ndiaye, nous sommes derrière ce collectif pour nous battre effectivement contre cette injustice », a-t-il conclu.
En définitive, Amadou Guèye du collectif «Noo Lank» estime que cette hausse du prix de l’électricité est inacceptable et injustifiée. La preuve, dit-il, «dans le plan Yeesal de 2016, il était clairement indiqué que la Senelec n’avait aucun souci et avait tout ce dont elle a besoin. La Senelec avait fait même la promesse de diviser le prix de l’électricité par deux en 2020. Donc, en augmentant le prix, cela prouve qu’ils ont menti. » Toujours, d’après Monsieur Guèye, il est inacceptable que la Senelec vienne ponctionner les Sénégalais pour les erreurs de gestion commises par la société.
Par Docteur Pape Momar Niang
ET SI LE PROBLÈME ÉTAIT LE MARCHÉ DE L’AUMONE ?
La société sénégalaise est essentiellement productrice d’un marché de l’aumône qui fait que comme le montre Aminata Sow Fall dans La grève des Bàttus : les plus nantis ont besoin des mendiants dans une société où le don religieux est rarement désintéressé
La société sénégalaise est essentiellement productrice d’un marché de l’aumône qui fait que comme le montre Aminata Sow Fall dans La grève des Bàttus : les plus nantis ont besoin des mendiants dans une société où le don religieux est rarement désintéressé.
Donner à un pauvre permet de conjurer le mauvais sort et d’attirer des bienfaits. Cette fonction sociale de l’aumône ajoutée à la monétarisation des rapports sociaux en ville a accéléré la migration des écoles coraniques vers les centres urbains et perverti l’enseignement coranique : de mendier de la nourriture et éventuellement de quoi se vêtir pour apprendre le coran, les enfants Talibés finissent par apprendre à mendier de l’argent.
Ce processus se décline en 4 logiques du don qui vont du confiage d’un enfant par son parent à un maître coranique (don 1 immatériel) à un citadin qui donne de l’argent à un Talibé (Don 4 monétaire) en passant par le prêt au maître coranique d’un habitat en ville souvent en chantier (Don 2 Prêt foncier) et la prise en charge des besoins alimentaires et vestimentaires du Talibé par les habitants ( Don 3 Alimentaire et vestimentaire ).
De même, en voulant éradiquer la mendicité des Talibés, les ONG et associations mobilisent une aide internationale ( Don 5 ) afin de financer des actions visant à démanteler les écoles coraniques ( Don 6 ) en les reruralisant par exemple. Ces deux dons institutionnels viennent se superposer aux quatre précédents religieux. Si les intentions sont louables et bon nombre d’actions concrètes et efficaces, la non-résolution du problème depuis des décennies sur ces mêmes modèles d’action nous oblige à penser que les ONG et associations doivent revoir leurs modes opératoires parce que se pose le souci de l’éradication d’un système de don religieux en mobilisant un système de don institutionnel.
Au-delà du fait que beaucoup de travailleurs mobilisés par ces ONG et associations sont vulnérables du fait de l’incertitude à long terme de leurs contrats de travail qui dépendent des renouvellements des financements , on a observé sur le terrain dans le cadre de nos travaux scientifiques entre 2007 et 2013 qu’il ne suffisait pas d’éradiquer la mendicité en ville , car financer des maîtres coraniques pour un retour à l’agriculture fait de ces organismes des complices implicites / involontaires de l’exploitation des enfants contre laquelle ils luttent : les maîtres coraniques réutilisent la force de travail des Talibés comme ouvriers agricoles ; et la domination masculine sur des femmes rurales à qui on interdit d’espacer leurs grossesses se renforce , ce qui d’ailleurs est source de très forts taux de natalité , d’explosion démographique et en l’insuffisance de structures éducatives laïques en milieu rural , d’explosion du nombre de Talibés qui sont accueillis dans des daras au village.
Si ces dernières migraient en ville il y a 5 décennies, c’était à cause des sécheresses donc pour des raisons d’ordre subversives ; la découverte du marché de l’aumône urbain a décliné ces raisons subversives en attractivité chez les maîtres coraniques. La controverse autour de l’enchaînement des Talibés de Ndiagne constitue le dernier stade des débats autour de ce problème dont l’entortillement ne fait plus aucun doute. Elle vient aussi consacrer l’élargissement des discussions sur la condition des Talibés jusque-là dominées par la mendicité des écoles coraniques urbaines, aux daras ruraux. Il faut relever que l’indignation autour de la situation de ces enfants s’est souvent manifestée de façon sélective lorsqu’ils passent leurs temps à mendier dans les villes au détriment de l’apprentissage du coran. Les écoles coraniques rurales parce que traditionnellement épargnées par la mendicité monétaire ont souvent été valorisées comme gages d’une formation solide qui aurait des vertus éducatives alliant rigueur, discipline, humilité, courage etc.
D’ailleurs, des hommes d’état et/ou intellectuels remarquables à l’instar d’Abdoulaye Wade et Cheikh Anta Diop ou Cheikh Hamidou Kane ont été formés dans ces daras comme celui très connu de Coki où a étudié Cheikh Anta Diop. À l’instar de Ndiagne, les Talibés ont toujours été enchaînés à Coki. Les deux localités sont très proches d’ailleurs. De même, il est très fréquent à Touba de voir des enfants enchaînés de la même manière.
Dans la capitale des Mourides, les enfants des Marabouts confrériques n’échappent pas à cette sanction punitive réservée aux fugueurs : cette pratique est multiséculaire comme en atteste Ibn Batuta qui lors de sa visite de l’empire du Mali sous Mansa Souleymane entre 1352 et 1353 décrit des soudanais y compris les Cadis qui enchaînaient leurs propres enfants jusqu’à mémorisation du coran. L’enchaînement des enfants Talibés dans des daras ruraux n’a jamais été un secret de polichinelle ni pour l’État, la société civile et les journalistes. Pourquoi donc ne s’est-on jamais indigné de cela et d’attendre la publication des photos des enfants de Ndiagne pour crier au scandale ? Pourquoi la médiatisation internationale de cette affaire parle d’esclavage d’enfants enchaînés ?
Cette affaire démontre encore une fois que c’est souvent la société civile mondiale qui dicte les rythmes, cadences et formes des polémiques sur les Talibés. Elle démontre encore une fois l’asymétrie chronique entre une pédagogie de l’éducation par la violence acceptée et reconnue dans nos sociétés et une pédagogie toujours poussée de la non-violence dans les sociétés occidentales.
Elle démontre l’incapacité de notre société à se moderniser de façon endogène assumée et non mimétique en se pliant officiellement aux injonctions occidentales par le biais des bailleurs ONG et organismes internationaux tout en laissant ramper des formes et pratiques séculaires éducatives considérées fortement ici et ailleurs comme « dépassées » « barbares » et « esclavagistes », mais qui trouvent aussi une vraie légitimité auprès d’une frange conservatrice non négligeable de la population sénégalaise.
Les gouvernements successifs ont échoué sur la question des Talibés parce que prisonniers confinés entre des injonctions internationales, une impuissance économique et des considérations électoralistes à l’égard de la puissante sphère maraboutique. Ils ont mené tour à tour une politique équilibriste frileuse pour essayer de résoudre ce phénomène. Ils ont fait plus qu’échouer, car « celui qui n’avance pas recule ». Il est d’une urgence absolue que l’État du Sénégal prenne en charge totalement ce problème avec un postulat de départ absolu : dépoussiérer les discours autour des Talibés en formalisant une perception de l’éducation des enfants. Cette formulation officielle devrait prendre en compte notre préoccupation nationale à éduquer nos enfants aussi bien de façon traditionnelle et religieuse qu’occidentale. C’est cela le progrès, la vraie modernité : c’est la capacité d’une société à se contemporanéiser tout en gardant ses valeurs, son authenticité.
Toute autre voie conjoncturelle et/ou équilibriste conduirait à renforcer le fossé entre une sphère traditionnaliste et religieuse en quête de légitimité et de revanche sociale (parce qu’exclue par la domination arbitraire des diplômes de l’école laïque sur les modes de connaissance religieux et coutumiers, de l’exercice du pouvoir étatique), et une entité laïciste qui par la colonisation française s’est retrouvée seule dépositaire du pouvoir étatique officiel. Cette mobilité ascendante a toujours créé une frustration chez les dépositaires des pouvoirs précoloniaux.
Cette mobilité nous a quelque part rendus immobiles, divisés et en quête d’identité entre tradition, modernité occidentale et religion. En ce sens le phénomène Talibé est un baromètre infaillible des différents enjeux et mécanismes de la société sénégalaise. Si l’État arrive à résoudre ce problème, ce serait un pas de géant mais que le début d’un long chemin nécessaire à la résolution de la multitude de contradictions et tensions qui enferment notre société dans l’immobilisme et l’absence d’identité.
L’État doit reprendre la main sur la question et arrêter d’envoyer au charbon les acteurs de la société civile. Il doit agir sur chaque logique du don explicité plus haut afin de contrôler l’approvisionnement de la chaîne. Plutôt que la mendicité, il doit commencer par agir sur l’offre d’aumône. Cela passe par une vraie révolution de l’avènement d’une sécurité sociale sénégalaise officielle qui réconcilierait les valeurs religieuses de la Zakat et celles traditionnelles du « Sarax » (offrande, sacrifice) ; l’enjeu est de taille tant ces pratiques sont opaques, mais c’est une piste très sérieuse à explorer.
De même, il faut agir impérativement sur la condition de la femme en milieu rural, avoir une vraie politique environnementale et agricole et renforcer l’arsenal juridique à l’encontre des trafiquants d’enfants Maliens, Bissau-Guinéens, Guinéens et parfois Gambiens. Enfin, en tant que donataires les populations alimentent un phénomène qu’ils fustigent quotidiennement. Il serait temps que tout un chacun prenne ses responsabilités en arrêtant de contribuer au développement du phénomène Talibé. L’enjeu est de taille et constitue un test majeur pour notre société en quête de progrès et de modernité, la vraie qui réconcilie les peuples avec leurs identités.
Docteur Pape Momar Niang
Sociologue des violences vulnérabilités et radicalités
Chargé d’enseignement-Chercheur / Université de Toulouse 2 Jean-Jaurès
LE FORUM DU JUSTICIABLE ET LA RADDHO S’OPPOSENT
Le Forum du justiciable se démarque de la décision du président de la République, Macky Sall, par ailleurs, président du Conseil supérieur de la Magistrature de doter un nouveau siège à la Cour suprême à Dakar ou à Diamniadio.
Le Forum du justiciable se démarque de la décision du président de la République, Macky Sall, par ailleurs, président du Conseil supérieur de la Magistrature de doter un nouveau siège à la Cour suprême à Dakar ou à Diamniadio. Interpellé hier, vendredi 10 janvier, son président, Aboubacar Ba a estimé qu’en termes de priorité, la construction d’une prison est plus opportune que celle d’un siège de la Cour suprême. Pour sa part, Sadikh Niass, Secrétaire général de la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho) soulignant qu’il ne veut pas faire d’opposition entre les deux les deux ouvrages qui sont tous des «urgences» invite plutôt le chef de l’Etat à prendre à bras-le-corps leur réalisation.
La décision du président de la République, Macky Sall par ailleurs, président du Conseil supérieur de la Magistrature de doter un nouveau siège à la Cour suprême à Dakar ou à Diamniadio ne fait pas l’unanimité chez certaines organisations de la société civile dont le Forum du justiciable. En effet, joint au téléphone par Sud quotidien hier, vendredi 10 janvier, son président Babacar Bâ est formel. «Le Forum du justiciable estime qu’en termes de priorité, la construction d’une prison est plus opportune que celle d’un siège de la Cour suprême».
Poursuivant son propos, le président du Forum du justiciable déplorant les conductions de vie de la population carcérale au Sénégal rappelle que de 1960 à nos jours, l’Etat du Sénégal n’a jamais construit de prison et n’a procédé qu’à des réfections des maisons d’arrêts existants. «Je pense qu’il est temps d’aller dans le sens de doter notre pays d’un nouveau centre de détention répondant aux normes standards. Rebeuss est devenu une bombe à retardement, le surpeuplement de cette prison ne fait l’objet d’aucun doute. Monsieur le président de la République devait procéder à la construction d’une nouvelle prison pour mettre les détenus dans des conditions acceptables que de s’aventurer à doter un nouveau bâtiment à la Cour suprême», a martelé Babacar Ba.
Par ailleurs se prononçant sur l’aide juridictionnelle de 500 millions promis par le chef de l’Etat, Macky Sall au Barreau du Sénégal lors de la cérémonie de rentrée des cours et tribunaux de cette année 2020 tenue le jeudi 9 janvier dernier, il a indiqué que cela ne va pas contribuer à l’atteinte du résultat d’une bonne distribution de la justice souhaitée par le président de la République. Selon lui, «si le Président veut vraiment promouvoir l’accès à la justice pour tous les Sénégalais, un bon service de la justice, il devrait demander au barreau d’ouvrir cette profession au millier de jeunes sénégalais qui sont diplômés en droit». «Le Sénégal est aujourd’hui l’un des rares pays au monde où les magistrats sont plus nombreux que les avocats. Ce nombre insuffisant des avocats exerce une me nace sur notre état de droit. Aujourd’hui, si vous allez dans certaines régions du pays, vous n’y trouverez pas un cabinet d’avocat.
A Matam, à Fatick ou à Kédougou, le plus souvent une personne interpellée ne bénéficie pas de la présence d’un avocat dès les premières heures de sa garde à vue comme le prône le règlement numéro 5 de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Nous pensons donc, pour une bonne distribution de la justice, il faudrait plutôt aller dans le sens d’un recrutement de nouveaux avocats». Interpellé lui-aussi sur cette question, Sadikh Niass, Secrétaire général de la Rencontre africaine des droits de l’homme (RADDHO) dit ne pas vouloir faire une opposition entre la construction du siège de la Cour suprême et celle d’une prison pour la simple raison que les deux ouvrages sont tous des urgences que l’Etat est appelé à gérer. «Je pense qu’on ne devrait pas opposer ces deux doléances puisqu’il n’est pas impossible à l’Etat de procéder à la réalisation des deux ouvrages qui sont également deux urgences qu’il faut prendre à bras le corps. C’est vrai qu’il y’a une urgence en ce qui concerne les prisons pour lutter contre la situation actuelle de surpopulation carcérale mais aussi si la nécessité de construire un nouveau siège pour la Cour suprême se pose comme disent les magistrats qui ont fait état de la vétusté des locaux, je ne vois pas pourquoi opposer ces deux ouvrages», a assuré le Secrétaire général de la Raddho. Avant de conclure : «l’Etat peut réaliser ces deux ouvrages. Nous demandons que leur réalisation soit prise à bras-le-corps».
LES JEUNES DOPENT «ÑOO LANK»
La Jeunesse s’est nettement identifiée à la marche de protestation du mouvement «Ñoo Lank, Ñoo Bangne», organisée hier vendredi 10 janvier, à Dakar.
Le collectif «Ñoo Lank, Ñoo Bagn» a réussi un méga-rassemblement d’hier vendredi 10 janvier, à Dakar. Pourtant, peu avant le top départ, la mobilisation était loin des attentes, mais très vite après, en direction du rond-point de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS), des jeunes se sont massés sur le boulevard du Général De Gaulle pour “doper” le collectif. D’aucuns scandant «Libérez les otages, arrêtez les voleurs», d’autres: «Macky saï saï leu».
La Jeunesse s’est nettement identifiée à la marche de protestation du mouvement «Ñoo Lank, Ñoo Bangne», organisée hier vendredi 10 janvier, à Dakar. En effet, ils ont massivement répondu à l’appel dudit mouvement citoyen qui proteste contre la hausse des prix de l’électricité en vigueur depuis le 1er décembre 2019. Cette mobilisation qui a démarré vers 15 heures a trainé son monde peu à peu jusqu’aux environs de 17 heures, heure à laquelle, le mouvement s’est ébranlé en direction du rond-point de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (Rts). Sur le trajet, beaucoup de jeunes ont rejoint les manifestants, donnant ainsi corps et dynamisme au mouvement. Ceux qui étaient tout prêt du camion sonorisation scandés: «Libérez les otages, arrêtez les voleurs». D’autres criaient: «Macky Saï saï, Macky saï saï».
Peu avant le départ pour le rondpoint de la Rts, Ousseynou Ndiaye de Yoonu Askan Wi, très remonté contre le pouvoir en place a ainsi tonné: «Ñoo Lank, Ñoo Bagn, Dou Niou koo Nangou». Pour lui: «Le pays fait l’objet de convoitises et le pouvoir d’achat des masses populaires de ce pays est en train d’être gravement crevé. Et l’augmentation du coût des prix de l’électricité en est la preuve tangible. Et ceci n’est que le coup de trop d’une situation que notre peuple s’apprête à vivre…». Malal Talla du haut du camion sonorisation sur le Boulevard du Général De Gaulle agitait les protestataires par un message patriote: «Le combat est le nôtre et non celui de Guy Marius Sagna et Cie. Donc, refusons qu’ils souffrent pour nous. Le peuple doit les rendre hommage en continuant à se mobiliser pour faire reculer le pouvoir en place…». Mètre après mètre en direction du point de chute, les jeunes se massaient de plus en plus sur le boulevard. Mamadou Faye, jeune habitant de Colobane dit ceci: «J’appelle tous les jeunes à manifester. Car, c’est nous, les jeunes, qui payons les factures de l’électricité dans nos familles.
Cette hausse rend la situation plus compliquée». Et de s’interroger: «Comment comprendre que le gouvernement veuille réajuster ces finances et au même moment continuer à nommer des politiciens à ne rien faire, aux frais des pauvres que nous sommes. C’est aberrant, et malsain que l’on dirige ainsi le pays. J’estime que c’est manquer de pitié à l’égard de son peuple, assoiffé et affamé au profit des puissances étrangères». Madame Ndiaye, une manifestante de renchérir: «Ceux qui nous dirigent sont contre nous. Ils ne nous aiment pas vraiment. Comment peut-on comprendre cette hausse, déjà que la situation est dure, et l’on vient encore prendre le peu que nous avons».
«IL EST IMPOSSIBLE, DE FAIRE UNE DIALYSE A 8000 FRANCS CFA… AU SENEGAL!»
Pour la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) du Sénégal, c’est en moyenne 5 184 923 160 Francs CFA qui sont dépensés par l’Etat pour chaque patient dans le cadre de la gratuité de la dialyse, compte non tenu du coût de l’acte médical proprement dit. Selon le docteur Annette Seck Ndiaye, Directrice de la PNA, «il est impossible, actuellement au Sénégal, de faire une dialyse à 8000 Francs CFA en achetant un kit à 2000 Francs CFA!» Cette réplique de la Pharmacie nationale d’approvisionnement intervient au lendemain de la déclaration faite sur iGFM par Hamidou Diallo, président de l’Association des insuffisants rénaux du Sénégal.
«Il est impossible, actuellement au Sénégal, de faire une dialyse à 8000 Francs CFA en achetant un kit à 2000 Francs CFA !» Cette réplique de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) intervient au lendemain de la déclaration faite sur iGFM par Hamidou Diallo, président de l’Association des insuffisants rénaux du Sénégal. Pour docteur Annette Seck Ndiaye, qui réagit ainsi à travers un communiqué daté du 09 janvier dernier, un kit de dialyse est composé de 11 éléments dont le rein artificiel, des médicaments et produits essentiels. La composition des kits d’hémodialyse varie également selon le générateur utilisé dont il existe 4 types dans les centres de dialyse au Sénégal. Ainsi, à titre d’exemple, la patronne de la PNA a souligné : «rien que le rein artificiel (encore appelé dialyseur) au prix unitaire le moins cher coûte hors taxe et hors douane 9.070 Francs CFA; la cartouche de Bicarbonate coûte 3.026 Francs CFA hors taxe et hors douane».
Selon le communiqué de la Pharmacie nationale d’approvisionnement, l’acquisition des intrants qui composent le kit se fait par Appel d’Offres International, sur la base d’un cahier de charges dont les clauses techniques sont des plus rigoureuses et correspondent aux besoins nécessaires à la prise en charge correcte des patients. «Le prix d’acquisition des kits, après évaluation technique des offres et attribution des marchés, varie entre 26.315 Francs CFA minimum et 38.800 Francs CFA maximum, hors taxes.
A cela s’ajoute les frais annexes qu’il faut intégrer au coût d’acquisition du kit. Il s’agit notamment de la taxe à l’importation ou Tarif Extérieur Commun de l’UEMOA (TEC) qui s’élève à 2,7% du prix d’acquisition du kit, des frais d’assurance et de stockage 3,5% des frais de distribution sur l’ensemble du territoire national 4,5%», a renseigné docteur Annette Seck Ndiaye. Et d’attester : «le prix du kit est fixé après avoir pris en compte l’ensemble des coûts de gestion qui sont calculés grâce à un outil standard de modélisation des coûts de gestion logistique des intrants élaboré par l’Association des centrales d’achat d’Afrique (ACAME)».
En outre, la PNA a rappelé que tous les acteurs du système de santé concernés (néphrologues, techniciens…) par l’utilisation de ces intrants, y compris les associations des malades, sont associés au processus d’acquisition qui est mis en œuvre par la structure et que l’approvisionnement en kits de dialyse des structures de prise en charge se fait sur la base de procédures préalablement établies, sous la coordination d’un «Point focal» désigné par la tutelle technique dont l’approbation préalable des commandes est requise avant toute livraison aux structures sanitaires bénéficiaires par les Pharmacies régionales d’approvisionnement (PRA) auxquelles elles sont rattachées. Tout ceci se fait dans un processus clair et transparent. GRATUITE DE LA DIALYSE La gratuité de la dialyse est entrée en vigueur en 2012. A en croire la PNA, c’est grâce à une subvention de l’Etat de 910 000 000 de Francs CFA, qui a presque triplé en 2013 pour passer à 2 745 600 000 Francs CFA. Et cette gratuité concerne notamment les intrants qui sont mis à disposition dans tous les centres de dialyse, sous forme de kits par la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA), y compris les centres privés conventionnés. La composition des kits est différente selon qu’il s’agit de l’hémodialyse ou de la dialyse péritonéale. «La gratuité de la dialyse est certes une initiative salutaire, mais très coûteuse.
Sa mise en œuvre est complexe et nécessite une grande expertise. Les associations de malades ne diront pas le contraire. Il suffit de faire un calcul simple pour se rendre compte du coût économique de la maladie ! C’est en moyenne 5 184 923 160 Francs CFA qui sont dépensés par l’Etat pour chaque patient, compte non tenu du coût de l’acte médical proprement dit ».
Outre la gratuité de la dialyse dans les structures sanitaires publiques, docteur Ndiaye a avancé d’autres mesures prises par le gouvernement du Sénégal dont l’amélioration de l’accessibilité géographique de la dialyse, avec un nombre de centres qui est passé de 4 à 23, entre 2012 et 2019 ; la signature de conventions entre l’Etat et certains centres de dialyse privés pour renforcer l’offre de soins ; l’adoption de la Loi n°2015-22 du 08 décembre 2015 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d’organes et aux greffes de tissus humains et le décret n°2018-1583 fixant la composition, l’organisation et le fonctionnement du Conseil national du Don et de la Transplantation (CNDT).
Toutefois, malgré les efforts consentis par l’Etat pour améliorer l’offre de soins en matière de prise en charge de la pathologie rénale, la PNA reste consciente que la demande reste forte. Et les besoins non encore satisfaits demeurent, au regard du nombre de patients qui seraient en attente d’une dialyse, sans avoir les moyens d’aller dans le secteur privé. Rappelons que la prévalence de l’insuffisance rénale est estimée à 4,9%. Ils sont environ 753 patients qui sont dialysés par an, à raison de 2 ou 3 séances hebdomadaires, dans les structures publiques de santé et plus de 200 patients dans les structures de santé privées. En 2019, la PNA dit avoir fourni aux structures sanitaires 105 438 kits de dialyse pour un montant estimé à 4 365 705 300 Francs CFA.
C’est la fin du délai de grâce. L’école publique sénégalaise va renouer avec les perturbations. Le G7 regroupant les syndicats du Saemss, Cusems, Sels, Sels/A, Uden et Snelas/Fc, en a décidé ainsi, en annonçant son premier plan d’actions. Il s’agit d’un débrayage le mercredi 22 janvier, à partir de 10 heures suivi d’une assemblée générale et d’une grève totale le jour suivant, jeudi 23 janvier.
Pour dénoncer le non-respect des accords signés le 30 avril 2018, le G7 va organiser une marche nationale à Dakar sur l’itinéraire Place de la Nation au rond-point du triangle Sud. Les syndicats les plus représentatifs ont pris cette décision à l’occasion d’une plénière organisée hier, vendredi 10 janvier. Ce mouvement du G7 risque d’annihiler les objectifs de la priorité n°1 du ministre de l’Education, Mamadou Talla, de promouvoir un climat social apaisé dans l’espace scolaire. Le G7 regrette jusqu’ici l’expiration des préavis de grèves déposés par les syndicats sans aucune réaction de la part du gouvernement.
Très déterminés, les syndicats veulent découdre avec les autorités sur le manque de considération notoire de l’Etat pour le secteur de l’Education et de la Formation. En même temps, ils exigent du gouvernement l’apurement du passif des accords et l’arrêt systématique des surimpositions. Les secrétaires généraux des syndicats du G7 organisent un point de presse lundi 13 janvier, à partir de 10 heures, non sans indiquer le lieu.
Par Seybani SOUGOU
«AUCUNE LOI NE PEUT RESTREINDRE LA LIBERTE DE MANIFESTATION LE VENDREDI ET LE DIMANCHE»
Toute proposition de loi dont le soubassement est religieux, et visant à restreindre la liberté de manifestation constitue une atteinte grave intolérable au principe de laïcité et une violation flagrante d’une disposition fondamentale de la Charte suprême
1. TOUTE LOI VISANT À RESTREINDRE LA LIBERTÉ DE MANIFESTATION LES VENDREDI ET DIMANCHE EST INCONSTITUTIONNELLE
Les propos loufoques et ahurissants du Président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar, Aymérou Gningue relatifs à une proposition de loi pour interdire les marches les jours de vendredi après-midi et les dimanches matin « pour un motif religieux » sont d’une extrême gravité. Toute proposition de loi dont le soubassement est religieux, et visant à restreindre la liberté de manifestation le vendredi après midi ou le dimanche matin constitue une atteinte grave intolérable au principe au laïcité et une violation flagrante d’une disposition fondamentale de la Charte suprême (article 1er). Les dispositions de l’article 1er de la Constitution sénégalaise sont claires « La République du Sénégal est laïque. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, et respecte toutes les croyances. Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas interdire des manifestations pacifiques le lundi pour ne pas gêner les païens, et les animistes ?
Pourquoi ne pas interdire les marches le mardi pour ne pas gêner les commerçants de Sandaga et le mercredi pour ne pas gêner les habitants à proximité de la place de l’Obélisque ? Pourquoi ne pas modifier la Constitution et préciser que les marches ne seront autorisées que le Jeudi ? On voit bien jusqu’où un tel raisonnement par l’absurde peut mener.Opposer la liberté de manifestation (une liberté fondamentale) garantie par la Constitution (articles 8 et 10) à l’exercice du droit de culte (article 24) est un acte de pure folie. Que ce soit clair, les citoyens sénégalais continueront à exercer, du lundi au dimanche, sur toute l’étendue du territoire national, la liberté de manifestation garantie par la Constitution (articles 8 et 10) et par l’article 14 de la loi n° 7802 du 29 janvier 1978. C’est aux citoyens, et à eux seuls, de déterminer, en toute liberté, du lundi au dimanche, de l’opportunité de la tenue d’une manifestation, du jour, de la date, de l’horaire et du lieu de ladite manifestation. Tant que le Sénégal sera une République, une telle loi abjecte, scélérate, inconstitutionnelle et attentatoire à la liberté ne sera jamais votée et promulguée. C’est une ligne rouge à ne pas franchir par ce régime liberticide.
2. DE 2011 À 2019, UNE JURISPRUDENCE CONSTANTE DE LA COUR SUPRÊME A NEUTRALISÉ L’ARRÊTÉ « OUSMANE NGOM »
Dans une contribution en date du 08 décembre 2019, intitulée « Arrestation de Guy Marius : l’arrêté d’interdiction du Préfet de Dakar est illégal et encourt l’annulation », je précisais que contrairement à une opinion répandue, et martelée par les partisans du régime, l’arrêté n°7580 du 20 juillet 2011 dit arrêté « Ousmane NGOM », ne constitue aucun obstacle pour la tenue d’une manifestation dans certains périmètres du centreville. Un document officiel de la Cour suprême, de 48 pages, intitulé « la jurisprudence sénégalaise en matière de protection des droits et des libertés » écrit par le Juge Adama N’Diaye de la chambre administrative clôt le débat sur la question. A la page 27 du document, il est écrit noir sur blanc que la « Cour suprême n’accepte l’argument de l’interdiction pour menaces réelles de troubles à l’ordre public, que s’il y a indisponibilité de forces de sécurité nécessaires à garantir l’exercice de cette liberté ».
Dans l’arrêt n°19 du 23 mai 2019, Assane Ba, Birane Barry et Djiby Ndiaye c/ Etat du Sénégal, la Cour suprême a annulé l’arrêté n°0305 du 31 août 2018 du Préfet du département de Dakar interdisant un sitin devant les locaux du ministère de l’Intérieur, invoquant l’arrêté dit « Ousmane Ngom » qui interdit toute manifestation dans le périmètre du centre-ville. Avec cet arrêt, la Cour suprême a neutralisé l’arrêté n°7580 du 20 juillet 2011, sans même avoir besoin de se prononcer sur son abrogation, considérant que les dispositions de l’article 10 la Constitution et de l’article 14 de la loi n°7802 du 29 janvier 1978 suffisaient largement pour annuler l’arrêté du Préfet. Que l’arrêté dit Ousmane NGOM soit abrogé ou pas n’empêche pas que les arrêtés du Préfet soient annulés lorsque l’autorité administrative ne justifie pas l’indisponibilité ou de forces de sécurité nécessaires à garantir l’exercice de cette liberté ».
De 2011 à 2019, la Cour suprême a annulé 3 arrêtés du Préfet, dont le dernier en 2018, invoquait l’arrêté « Ousmane N’Gom » comme motif d’interdiction. Arrêté « Ousmane N’Gom, arrêté Modou Gueye, ou arrêté tartempion », la jurisprudence est invariablement la même : pour interdire une réunion publique, l’autorité administrative quel que soit le motif invoqué (arrêté Ousmane N’Gom ou arrêté tartempion), doit justifier l’insuffisance de forces de sécurité. Il ne s’agit pas d’une faculté, mais d’une obligation légale (loi n°7802 du 29 janvier 1978).
CONCLUSION
Dans le document intitulé « La jurisprudence sénégalaise en matière de protection des droits et libertés », le magistrat de la Cour suprême Adama N’Diaye, concluait en ces termes « A l’analyse de la jurisprudence sénégalaise sur la protection des droits et libertés, l’on ne peut s’empêcher de conclure que la Cour suprême est devenue un vaste cimetière des décisions administratives prises en toute violation de la loi ». Les mots sont crus et sonnent justes : La Cour suprême est un vaste cimetière des décisions prises en toute violation de la loi. Le drame, c’est que la Haute Juridiction elle-même, n’échappe pas aux déviances qu’elle dénonce, violant à plusieurs reprises la loi qu’elle est censée faire respecter (ex, affaire Khalifa SALL)et n’assumant pas son rôle éminent de protection des libertés individuelles et collectives. Cordialement
AS DOUANES -TEUNGUETH FC : DUEL DES LEADERS
La cinquième journée de la Ligue 1, sera marquée par le duel au sommet opposant ce samedi au stade Ibrahima Boye de Ndiaréme, le leader Teungueth FC à son dauphin, l’As Douanes.
La cinquième journée de la Ligue 1, sera marquée par le duel au sommet opposant ce samedi au stade Ibrahima Boye de Ndiaréme, le leader Teungueth FC à son dauphin, l’As Douanes. Le fauteuil de leader sera au bout de cette confrontation entre deux formations au coude à coude avec le même nombre de points (10 points). A moins que l’As Pikine, à l’affût (8 points), en profite pour s’emparer de la première place en cas de succès face à Génération Foot qu’elle reçoit demain dimanche.
Un fauteuil pour trois ! C’est le scénario qui se présente pour la cinquième journée qui se joue ce week-end. Le duel au sommet entre l’As Douanes et Teungueth Fc sera en vedette de cette journée. Deux formations qui ont jusqu’ici entamé en trombe le championnat avec à la clé 3 probantes victoires en quatre journées. Mais, si les Rufisquois sont parvenus à rester sur le fauteuil, ils ne le doivent qu’ à un meilleur goaldifférence du reste très court (10 points+ 6) devant l’AS Douanes (10 points+5).
L’enjeu pour les deux équipes sera donc de gagner face à un prétendant sérieux pour conforter sa place et d’engranger dans la foulée de la confiance pour la suite du marathon. Ces deux formations ne seront pas toutefois pas seules.
Après avoir raté une bonne occasion de prendre la première place lors de la dernière journée, l’As Pikine (3e, 8 points), sera encore à l’affût. Les Pikiniois reçoivent demain, dimanche dans leur antre du stade Alassane Djigo, une équipe de Génération Foot presque au ralenti ( 8e, 6 points) et désireuse de rester en contact avec les équipes de tête. Ce derby de la banlieue n’en promet pas moins.
D’autant qu’il consacre les retrouvailles entre le coach des Académiciens Djibril Fall et son ancien club de Pikine. Une place au podium sera également au bout pour le «duel d’académiciens» entre Diambars (4ème, 7 points) et son suivant immédiat, Dakar Sacré- cœur, leader du championnat et relégué désormais à la 6ème (7 pts).
Pour les autres rencontres, le Casa Sport (7e, 6 points), voudra également se mêler au trio de tête. Et cela passera par un nouveau succès face à Mbour Petite côte (11ème, 3 points) qu’il accueille ce dimanche au stade Aline Sitoé Diatta.
Les enjeux ne seront pas moindre pour l’Union sportive Goréenne, actuelle lanterne rouge (14ème, 1 point) qui reçoit le Jaraaf au stade de Mbao. Après une entame de saison des plus poussives, les Insulaires, profiteront de ce derby dakarois, pour lancer leur saison. Et ils y arriveront avec un succès face à des «Vert et Blanc» confinés dans le ventre mou du classement (10ème, 4 pts).
Au stade Caroline Faye, le Stade de Mbour (13ème, 1 point) tentera de s’extirper de la zone rouge face au Ndiambour (6ème, 6 pts). Tout comme les promus du CNEPS de Thiès (12ème, 2 pts), qui chercheront de s’éloigner de la zone de la place de première équipe non relégable. Les Thiessois recevront au stade Lat Dior, l’équipe de Niary Tally (9ème, 5 pts).
PROGRAMME DE LA 5ÈME JOURNÉE
SAMEDI 10 JANVIER
Au Stade Caroline Faye :
16h30 : Stade de Mbour – Ndiambour
Stade de Mbao :
16h30 : Us Gorée – Jaraaf
Amadou Barry :
16h30DSC – Diambars
Au stade Lat Dior
18h: CNEPS – NGB
Au stade Ibrahima Boye de Ndiarème :
17h : AS Douanes – Teungueth FC
DIMANCHE 12 JANVIER
16H30 Aline Sitoé Diatta : Casa Sports – Mbour PC ;