Macky Sall convoque son SEN
Macky Sall réunit aujourd’hui les responsables de son parti à travers le Secrétariat exécutif national. Le président de l’Apr va sans doute aborder avec ses responsables la situation du pays, notamment les rassemblements du collectif Noo Lank contre la hausse du prix de l’électricité. Il devra également mettre son parti en ordre de bataille pour qu’il porte le débat politique en perspectives des locales.
Un tailleur tue son ami
Un jeune homme âgé de 22 ans, répondant aunom de CheikhC. et tailleur de profession, a tué à coups de ciseaux son ami Lamine G. âgé de 42 ans et cordonnier de son état. Selon les sources de «L’As», le crime s’est produit au marché Ndiarème de la Commune de Ndiarème Limamou Laye (Guédiawaye) à la suite d’une banale dispute. En effet, Lamine G., vexé par les propos de son ami, aurait pris un bâton pour le poursuivre. Mais Cheikh C. qui croyait à une rigolade s’est rendu vite compte que Lamine G. était sérieux. C’est ainsi qu’il a riposté en assénant à Lamine G. des coups de ciseaux qui lui ont été fatals. La victime a perdu beaucoup de sang avant de rendre l’âme au cours de son évacuation à l’hôpital du Roi Baudoin de Guédiawaye. Dans un premier temps, Cheikh C. a tenté de fuir avant de se rendre au Commissariat central de Guédiawaye en charge de l’enquête. Une triste nouvelle qui a plongé le marché Ndiarème dans la consternation puisque les deux amis étaient inséparables.
Un médecin épinglé pour vol
Une rocambolesque histoire de vol d’un téléviseur écran plat par un médecin cardiologue du nom d’O.D secoue Yeumbeul-Nord. D’après des sources de «L’As», les faits se sont produits dans la nuit du jeudi au vendredi dernier. Le Dr Dièye, constatant le vol d’un téléviseur écran plat dans sa structure hospitalière, a saisi les limiers du Commissariat de Yeumbeul d’une plainte. Sans tarder, les hommes du Commissaire Diouf se sont déplacés sur les lieux pour procéder au constat et prendre des empreintes avant d’entamer les auditions. Tout le personnel qui a travaillé cette nuit etles vigiles ont été entendus dont le médecin cardiologue en question. Cependant, ce dernier a été trahi par les traces de ses chaussures en cuir. Lors de leurs investigations, les policiers se sont rendu compte que les chaussures sont celles du cardiologue. Ce dernier, cueilli et interrogé, passe aux aveux en déclarant l’avoir dérobé dans le souci d’équiper sa nouvelle clinique sise à Keur Massar. Une perquisition à son domicile a permis de retrouver le téléviseur volé. Suffisant pour qu’il soit placé en garde à vue. Voyant que les carottes sont cuites pour le cardiologue, Dr Dièye tente une médiation avec les limiers pour retirer sa plainte. Mais les limiers lui font comprendre que l’action publique continue. Mais par la suite, il y a eu l’intervention des hautes autorités sanitaires et judiciaires pour faire libérer le cardiologue.
Un Sénégalais saute d’une fenêtre
Notre compatriote Mohammed Awa Cissé a frôlé la mort. Voyant que sa demande d’asile à Deggendorf, dans la région Bavaroise en Allemagne, a été rejetée, Cissé s’est enfui en sautant du toit de l’immeuble de la police. D’après le président de l’Ong «Horizon Sans Frontière», Boubacar Sèye qui cite la police allemande, Mohammed Awa Cissé, âgé de 36 ans, a été informé par le service central de l’immigration qu’il devait être expulsé vers Dakar. Ainsi, lorsque les policiers ont essayé de le placer en garde-à-vue, notre compatriote s’est précipité vers la fenêtre pour sauter sur le toit adjacent. Il est grièvement blessé. Mohammed Awa Cissé se trouve présentement hospitalisé à l’hôpital de Deggendorf avec 3 fractures à la jambe et des douleurs atroces au niveau du bassin.
Caravane du Service public
Le ministre de la Fonction publique et du Renouveau du Service public, Mariama Sarr, préside demain à Saly la rencontre de validation du plan d’action annuel et de planification des activités de lancement de «la Caravane du Service public». La rencontre organisée par le programme d’appui à la modernisation de l’administration (PAMA) va favoriser le partage d’un cadre commun de planification entre les différentes parties prenantes dudit programme. La caravane va sillonner dans un premier temps les régions de Fatick, Kaolack et Kaffrine pour installer les bureaux-relais de la Fonction publique (BRFP) et faire connaître aux populations les nouvelles postures d'écoute de l'administration et du gouvernement incarnées par le PAMA. Ces bureaux constituent une réponse aux lenteurs administratives tant décriées par les usagers et seront installés dans les 14 régions du pays. Cette caravane sera organisée par des agents du Ministère de la Fonction Publique et du Renouveau du Service public, de l’Adie, du Ministère de la Justice, de l’Education et du Ministère des Finances et du Budget. L’objectif est de créer la mobilisation autour de la dématérialisation enclenchée pour une administration qui délivre en mode Fast-Track.
Le corps sans vie d’un Sdf découvert à l’Ucad
Le corps sans vie d’un homme a été découvert samedi dernier près du mur de clôture de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il s’agit d’un Sans Domicile Fixe (Sdf) dont la dépouille a été trouvée, dans l’après-midi, gisant tout près des grillages situés non loin de la Librairie Clairafrique Cheikh Anta Diop. La dépouille a été évacuée par les éléments de la brigade nationale des Sapeurs-pompiers après constatation des éléments du commissariat de Police du Point-E.
Moussa Sow tire sur «Noo Lank»
Venu prêter main forte à ses camarades républicains du département de Pikine à l’occasion de leur grande nuit de retrouvailles, le coordonnateur national de la Convergence des Jeunes Républicains (Cojer), Moussa Sow, a tiré à boulets rouges sur les membres du Collectif «Noo lank». Il les taxe de bande d’imposteurs manipulés par des politiciens en perte de vitesse. A en croire Moussa Sow, le collectif «Noo lank» n’est mû que par ses propres intérêts et non ceux du peuple. Le boss de la Cojer promet une riposte musclée contre le Collectif qui, dit-il, est en train de divertir la population. La riposte consiste à organiser sur l’ensemble du territoire national des marches de soutien au Président Macky Sall. Des tournées de sensibilisation sur les réalisations du régime notamment dans le secteur énergétique et les investissements attendus font également partie de la stratégie de riposte. A propos des querelles de leadership entre jeunes apéristes à Pikine, Moussa Sow rassure que tout est rentré à l’ordre.
Alioune Ndoye en tournée
Le ministre de la Pêche et de l’Economie Maritime, Alioune Ndoye, était l’hôte des populations de Thiaroye samedi. A la tête d’une forte délégation composée du Gouverneur, du maire Ndiaga Niang, de l'adjoint du Préfet, du commandant de brigade, et des différents directeurs du département ministériel, Alioune Ndoye a rendu d’abord visite aux familles des six pêcheurs disparus en mer pour leur réaffirmer la solidarité du Gouvernement et du président de la République. Ensuite la délégation de Alioune Ndoye a visité plusieurs installations et chantiers du Ministère de la Pêche et de l’Economie Maritime. Il s’est entretenu avec les acteurs du secteur au quai de pêche. Le cortège a ensuite fait cap sur Hann où il a été accueilli par le maire Babacar Mbengue. Alioune Ndoye en a profité pour visiter la plage et le quai de pêche avant d’échanger avec les différents acteurs du secteur de Hann. La tournée a été clôturée par l’étape de Yoff où l’attendait le maire Abdoulaye Diouf Sarr.
Le véhicule du député Sadaga brûlé
Qui a mis le feu au véhicule du député Abdou Lahad Seck dit Sadaga? C'est la question que les populations de Sourah se posent, d’après nos confrères de Dakaractu. En effet, alors que la maison du leader politique s'était vidée de ses occupants dans la journée du samedi, un individu se serait introduit dans la concession avant de mettre le feu au véhicule garé depuis plusieurs mois. Les policiers du commissariat de Ndamatou qui ont fait le constat écartent la piste de l’accident ou d’un court-circuit. A son tour, le député dégage la thèse d’une défaillance électrique, étant entendu que le véhicule n'avait pas de batterie. Il a décidé de porter plainte contre X, non sans rappeler qu'en 2011, il avait subi le même sort..
Collectif des femmes parlementaires
Les femmes parlementaires se réjouissent des nouvelles dispositions de la loi criminalisant intégralement les actes de viol et de pédophilie qui, avant tout, participent à dissuader les maniaques sexuels. Le collectif se félicite ainsi de l’entrée en vigueur de la loi suite à la signature du décret de promulgation vendredi dernier. Dans un communiqué parvenu à «L’As», le collectif rend hommage au Président Macky Sall qui, à travers cette réforme, montre tout l’intérêt qu’il attache à l’amélioration de la situation des femmes et des enfants, particulièrement en matière de protection contre les violences à caractère sexuel. Elles associent aux remerciements les députés, le ministre de la Justice pour sa démarche inclusive ainsi que la ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants. Ainsi, dans le souci de contribuer à la bonne mise en œuvre de la réforme, le Collectif compte poursuivre ses actions en initiant une vaste campagne de sensibilisation, en collaboration avec ses différents partenaires, pour une appropriation et une application effective des nouvelles dispositions pénales aux fins de dissuader les individus mal intentionnés.
Habib Niang renforce son mouvement
Les jeunes du mouvement And Suxali Sénégal akk Habib Niang ont organisé une rencontre dans le but de présenter le bureau de la nouvelle équipe dirigeante après le changement de président à la tête de la jeunesse. A l'instar des groupements de femmes du mouvement, les jeunes aussi ont sillonné tous les quartiers de la zone Nord pour massifier le mouvement en vulgarisant les nombreuses actions que le président Habib Niang fait pour les populations de la zone Nord et environ. « Achaque fois que je dois rencontre ma jeunesse, j'éprouve une fierté car vous m'êtes chers. Je fais la politique pour contribuer aux développements socio-économiques de mon terroir. Mais pas pour me servir de la population pour atteindre quelque privilège que ce soit. Depuis quelques temps vous constater que je m'active beaucoup avec les étudiants Thiessois de Dakar et ceux de Bambey, la vie estudiantine est très difficile quand ils sont venus me voir j'ai répondu favorablement à leur requête et en retour, ils se sont engagés à adhérer dans le mouvement et de travailler avec nous »n a déclaré Habib Niang . « Ce que le président Habib Niang vient de faire il l'a fait pour nos parents car aujourd'hui nos parents vont dormir tranquille, leurs enfants sont dans de bonne conditions et ont une chance de réussir », a répondu le président des étudiants. L'association des tailleurs de Diakhao a rejoint le mouvement And Suxali Sénégal akk Habib Niang.
Moussa Fall
Le responsable politique de l’Alliance pour la République (Apr), Moussa Fall, a lancé hier le programme «un week-end, un quartier», dans le but de permettre à la ville de Kaolack de se départir de sa réputation de ville sale. Pour le conseiller spécial au Conseil économique social et environnemental (Cese), la problématique des déchets est une question centrale dont la prise en charge incombe à tous. Selon lui, ce programme qui s’inscrit dans le sillage du programme présidentiel « Sénégal zéro déchet » constitue une série de rencontres dont la finalité sera d’instituer une éducation citoyenne. Lors de cette première journée de « Set-setal », un lot de matériel composé de brouettes, de pelles, de râteaux et de balais a été mis à la disposition des habitants de Tabangoye. Il indexe l’équipe municipale dirigée par la ministre Mariama Sarr, en soutenant que le problème de la gestion des ordures est de la responsabilité des autorités municipales.
A Dakar, où vivent près de 4 millions d’habitants sur une superficie totale de 550 km2, l’acquisition d’un toit est un véritable chemin de croix à cause principalement de la cherté des terrains et des obstacles pour l’obtention d’un prêt bancaire
Cheikh Tidiane Diaby, la trentaine, longe le hall du Centre de Conférences Abdou Diouf de Diamniadio (périphérie de Dakar) où se tient le Salon international de l’habitat de Dakar. L’espoir de ce visiteur, comme de tant d’autres, est d’avoir accès à un logement.
« Quand on n’a pas de maison, on n’a rien. Pour le moment, je n’en ai pas. A Dakar, c’est quasiment impossible de trouver un terrain. Les prix sont trop chers. Le principal problème, c’est la surenchère », fustige cet agent d’une banque.
En compagnie d’un collègue, il pénètre dans un stand et écoute attentivement les explications de la gérante.
« Dans notre coopérative, chaque personne cotise 11.000 F CFA pour l’adhésion : 5000 F CFA de part sociale et 6000 F CFA de cotisation annuelle. Ainsi, on fournit à l’adhérant nos numéros de compte bancaire où il peut déposer de l’argent en fonction de ses revenus. Quand on a un site, on informe les membres du prix des terrains. S’ils ont déjà épargné le montant nécessaire, ils vont en bénéficier. Au cas contraire, ils complètent leurs versements », détaille Amy Guèye, trésorière de la Coopérative d’habitat et de construction Siggil Jigeen (Honorer la femme, en langue wolof).
En tout cas, dans la capitale sénégalaise, le prix du loyer reste très élevé malgré l’avènement récent d’une loi pour le juguler.
« Il y a clairement de l’abus. Parfois, il ne te reste plus rien si on défalque le loyer de ton salaire. C’est extrêmement difficile pour les pères de famille. Les bailleurs avaient revu les prix à la baisse. Maintenant, c’est un retour à la case départ. S’il y avait une commission de contrôle, ce serait mieux », préconise Cheikh Tidiane Diaby.
De l’avis de Mamadou Faye, « au Sénégal, les jeunes ont un problème d’informations et d’orientation pour l’accès au logement ». Pour y remédier, ce travailleur des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) recommande aux banques, comme la BHS (Banque de l’Habitat du Sénégal), des visites régulières dans les entreprises pour discuter avec les salariés.
Le programme 100.000 logements n’est pas la première initiative de l’Etat du Sénégal afin de permettre au plus grand nombre de citoyens d’accéder à la propriété.
« La SN HLM et la Sicap (Société immobilière du Cap-Vert) étaient là pour aider les salariés à avoir des maisons. Actuellement, ces deux sociétés ne sont pas si performantes que ça », tranche Faye.
En effet, entre 2014 et 2018, le Sénégal n’a construit en moyenne que près de 5000 unités d’habitations. « A ce rythme, le déficit de logement, estimé aujourd’hui à 325.000, ne pourrait jamais être comblé surtout lorsqu’il se creuse à concurrence de 12.000 unités chaque année. Si rien n’est fait, l’accès à un logement décent restera impossible pour la majorité des Sénégalais, surtout ceux à revenus faibles », conclut l’ancien Premier ministre Mouhammad Boun Abdallah Dionne.
Au Sénégal, des promoteurs immobiliers participent à l’effort de résorption du déficit en logement. Sur toute l’étendue du territoire national, ils font sortir de terre des villas. « On a signé un protocole d’accord avec la mairie de Mont Rolland (84 km à l’est de Dakar). Aujourd’hui, on est à 2000 ventes sur les 3000 maisons à construire. Sur le site, il y a déjà des villas témoins F3, F4 et F5 (social et standing) », informe Claude Thouvenin, le Président Directeur Général du groupe Enekio, issu du Centre européen des entreprises innovantes de Montpellier (France).
Après avoir constaté que la construction d’une maison au Sénégal dure en moyenne 2 ou 3 ans, cette entreprise a élaboré des techniques de pointe lui permettant de livrer ses villas F3 ou F4 au bout de six mois seulement.
« A Mont-Rolland, on va créer entre 500 et 1000 emplois locaux. On va les former à nos techniques de construction. On veut démontrer au Sénégal que cela fonctionne pour ensuite exporter ce modèle en Afrique », promet M. Thouvenin.
Les villas bioclimatiques d’Enekio sont commercialisées entre 11 et 48 millions F CFA. Après Mont-Rolland, ce groupe compte étendre ses tentacules notamment à Touba Toul (près de 100 km à l’est de Dakar).
SAHEL : "ON A CONFIÉ À L'ARMÉE FRANÇAISE UNE MISSION IMPOSSIBLE"
Le chercheur Marc-Antoine Pérouse de Montclos, auteur du livre « Une guerre perdue », estime que « l’opération “Barkhane” prolonge la vie de régimes corrompus »
Le Monde |
Christophe Châtelot et Marie de Vergès |
Publication 12/01/2020
Le 12 janvier 2013 débutait l’intervention militaire française au Mali, destinée à lutter contre l’expansion de groupes djihadistes. Sept ans plus tard, le spécialiste des questions africaines Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), estime que l’armée française se retrouve prise « dans une sorte de piège, qui pourrait devenir notre Afghanistan ». Auteur du livre Une guerre perdue* (à paraître le 15 janvier), il estime que la France devrait « annoncer un désengagement », alors qu’Emmanuel Macron fait venir pour un sommet à Pau, lundi 13 janvier, les présidents des pays du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie).
Votre ouvrage à paraître s’intitule Une guerre perdue. Il serait donc déjà temps d’acter l’échec de l’intervention militaire française au Sahel ?
Clairement, le bilan n’est pas bon. En janvier 2013, le déploiement des troupes françaises a débuté avec deux grands objectifs : empêcher l’enracinement des groupes djihadistes dans le nord du Mali et restaurer la souveraineté de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire. Aucun n’a été atteint. Le pays reste coupé en deux. Dans le nord, des groupes rebelles taxent les populations et les services publics ne fonctionnent pas, ou peu. Et pour gagner Bamako par la route depuis Gao, il faut passer par le Niger puis le Burkina Faso.
La France a donné un coup de pied dans la fourmilière des groupes djihadistes. Le résultat est qu’ils se sont dispersés puis ont émergé dans des zones où ils ne se trouvaient pas avant, comme le nord du Burkina Faso ou le Macina, dans le centre du Mali. On observe donc plutôt une extension du phénomène. Et ces groupes, qui étaient fragmentés et ne s’entendaient pas forcément, se sont regroupés, avec désormais un ennemi commun : la France. La présence militaire étrangère leur donne une légitimité.
Cet échec était-il selon vous programmé ?
Oui, on a confié à l’armée française une mission impossible. Au Mali, le djihadisme n’a jamais été que le symptôme d’un Etat défaillant. L’armée française est intervenue à Tombouctou alors que le fond du problème se trouvait à Bamako. Que peut faire la France dans un tel contexte ? A l’époque, elle aurait pu se contenter de donner un coup de semonce aux djihadistes en bombardant certaines de leurs positions, puis se retirer. Au lieu de cela, on se retrouve avec 4 500 hommes pris dans une sorte de piège, qui pourrait devenir notre Afghanistan. Pour l’instant, côté français, il n’y a pas eu énormément de pertes humaines, malgré l’accident d’hélicoptères de fin novembre : 41 hommes en sept ans, ce n’est pas l’Algérie. Mais le problème de fond, c’est l’inanité de cette intervention. Je ne vois pas comment la France peut réussir à sauver cette partie de l’Afrique en s’appuyant sur des armées défaillantes.
L’opération « Barkhane », en se plaçant dans un temps long, ne peut-elle atteindre certains objectifs ? Les armées locales sont-elles donc irréformables ?
Cela fait soixante ans que la France fait de la coopération militaire en Afrique, mais pour quel bilan ? Toutes les armées de la région continuent de tuer des civils en toute impunité. Or pour gagner une guerre asymétrique, contre un ennemi invisible, il faut le soutien des populations. Celui-ci est impossible à obtenir si, au nom de la lutte contre le terrorisme, on laisse passer les exactions commises par les militaires africains. A terme, on va peut-être voir se développer un syndrome « Turquoise » [nom de l’opération française au Rwanda en 1994]. Je ne parle pas de génocide mais de massacres de civils perpétrés par des armées africaines qu’on forme et qu’on équipe. Cela va finir par nous éclabousser. Et « Barkhane » prolonge la vie de régimes corrompus et pour certains très autoritaires.
Vous estimez donc que l’intervention militaire non seulement échoue, mais induit aussi des effets pervers ?
Disons que la présence militaire française ne sert pas seulement à essayer de lutter contre le terrorisme. Elle garantit aussi aux gouvernements en place qu’il n’y aura pas de coups d’Etat contre eux. N’a-t-on pas carrément dévié le mandat de « Barkhane », qui ne concerne que les groupes djihadistes, pour aller bombarder une colonne de rebelles tchadiens venant de Libye [en février 2019] ? Tout ça pour sauver la peau du soldat Idriss Déby, bizarrement présenté comme l’élément de stabilité de la région… Or le Tchad, contrairement à ce qu’on entend dire par les officiels français, est un pays très fragile et sur lequel il est difficile de s’appuyer. Avec cette police d’assurance que leur offre l’armée française, tous ces régimes n’ont aucune incitation à se réformer. On ne peut pas continuer comme ça. Il faut taper du poing sur la table.
C’est-à-dire, concrètement ?
Il faudrait annoncer un désengagement.
La France ne passerait-elle pas alors pour un allié peu fiable ?
C’est fort possible. Il y aurait du ressentiment contre la France parce qu’elle s’en va. Mais le ressentiment contre l’ancienne puissance coloniale est déjà aujourd’hui très vif, justement parce que son armée est présente et qu’elle est soupçonnée d’ingérence. Je suis très favorable à ce qui est présenté comme une convocation de Macron auprès des présidents des Etats du G5 Sahel. Si on est bien dans une logique de partenariat, il faut que chacun y mette du sien. Aujourd’hui, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta ne paraît pas être dans une logique de réforme de son pays et de son armée, ni de lutte contre la corruption et l’impunité. C’est pourquoi il faudrait envoyer un signal fort, dire ce qu’on attend comme changements, et que si ça ne marche pas, on se désengage.
Mais comment répondre face au risque d’une extension de la menace ?
Dans ces guerres asymétriques, il faut bien sûr une réponse militaire. Ça ne peut pas être que de la négociation. Mais est-ce le rôle de la France ? Non, c’est aux Africains de se prendre en main. On ne peut pas maintenir le Mali indéfiniment sous perfusion humanitaire, financière et militaire. A un moment, il faut que les Maliens se ressaisissent, qu’ils disent quel type d’Etat ils veulent.
Evidemment, il risque d’y avoir des situations de chaos très difficiles pour les Sahéliens. Mais l’intervention militaire française ne peut résoudre cela. L’est de la RDC ou le sud du Soudan connaissent aussi de violents affrontements, pourtant on n’y a pas envoyé 4 500 hommes.
Il y a aussi la question de l’objectif de cette guerre au Sahel. Si les autres pays européens n’interviennent pas, c’est sans doute parce qu’ils se disent que la France fait le job. Mais également parce que l’interprétation de l’ampleur de la menace par les Britanniques ou les Allemands n’est pas la même. La France est intervenue au Mali en faisant valoir le risque d’une menace terroriste globale. Mais il s’agissait d’une action préventive, car aucun des groupes qu’on combat au Sahel n’a jamais mené d’attaque chez nous.
Est-on vraiment dans une lutte contre le djihadisme ?
On est face à des groupes insurrectionnels et l’usage du qualificatif de « terroriste » introduit beaucoup de confusion. Les rebelles tiennent des morceaux de territoire, mais aucun n’a démontré sa capacité à gouverner. Ce qui va évidemment à l’encontre du récit dominant brandissant la menace d’un nouvel Etat islamique. Il y a un vernis religieux mais une logique mafieuse. La motivation religieuse à rejoindre ces groupes n’est d’ailleurs pas déterminante. C’est plus souvent par opportunisme, pour se protéger des exactions des forces armées ou pour se venger. Les agendas sont d’abord locaux. Ces mouvements se greffent sur des conflits de bétail et d’accès à la terre. Que peut faire le soldat français là-dedans ? On ne peut pas lui demander de se transformer en vacher et d’encadrer les troupeaux des Peuls.
AUDIO
À QUAND LA FIN DE LA MENDICITÉ DES TALIBÉS ?
Chaque jour, ils doivent mendier au profit de leur maître coranique. Cette pratique est-elle recommandée par l’islam ? Le mauvais traitement répond-il aux préceptes de la religion ? L'éditorialiste de SenePlus Mamadou Mao Wane sur RFI
À Dakar, nous croisons les talibés à chaque carrefour. Et pourtant, nous les voyons à peine, tant ils se sont fondus avec le temps dans le décor.
Ils sont des dizaines de milliers avec chacun leur gamelle, souvent sans chaussures et portant des vêtements en lambeaux, à déambuler dans les rues de la capitale sénégalaise. Ils ont été confiés par leurs parents à des daaras pour apprendre le Coran. Chaque jour, ils doivent mendier au profit de leur maître coranique. La pratique de la mendicité est-elle recommandée par l’islam ? Le mauvais traitement infligé à ces enfants répond-il aux préceptes de la religion ?
Les invités :
- Mamadou Mao Wane, éditoraliste à SenePlus et porte-parole de la Plateforme pour la protection et la promotion des droits humains (PPDH) ;
- Niokhobaye Diouf, directeur de la protection des droits de l’enfant au ministère sénégalais de la Femme, de la Famille et du Genre ;
- Serigne Modou Bousso Dieng, maître coranique, coordonnateur de la confédération internationale des familles religieuses (CIFAR), ancien président du collectif des jeunes religieux du Sénégal ;
- Sadikh Niass, secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO).
VERS DE NOUVELLES MENACES SUR INTERNET
Donner à la police la prérogative de décider ce qu’est un contenu « terroriste », en dessaisissant le juge, pourrait mener à la censure d’opposants politiques et de mouvements sociaux - DÉCLARATION DE L'ASUTIC
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de l'Association des utilisateurs des TIC (ASUTIC) du Sénégal, datée du 12 janvier 2020 relative à l'initiative du gouvernement de soumettre très prochainement au parlement, un projet de loi portant sur la sécurité intérieure.
"La rentrée solennelle des cours et tribunaux du 09 janvier 2020 a été l’occasion pour le Président du Sénégal de prononcer un discours alarmiste sur le terrorisme en pointant du doigt Internet: «En matière de crime organisé comme le terrorisme, fait-il savoir, il n’est même plus nécessaire de se connaitre ou de se rencontrer physiquement pour préparer et exécuter un acte malveillant. Il nous faut donc prêter une attention particulière à la gouvernance d’Internet, comme espace de propagande et de relais de financement.»
Ainsi donc, Internet et ses espaces de discussions seraient les lieux de propagande terroriste, de recrutement d’endoctrinement et de radicalisation des sénégalais.
Aussi, pour combattre ce phénomène, il soumettra prochainement à l’Assemblée nationale un projet de loi portant sur la sécurité intérieure.
Selon le Président du Sénégal, Il s’agira avec ce projet de loi «de donner à l’autorité publique les moyens légaux de prendre des mesures adaptées et proportionnées au regard des risques encourues et des circonstances contre notamment des attentats terroristes ou menaces avérées d’actions terroristes, le recrutement de personnes en vue de participer à une entreprise terroriste, la provocation au terrorisme ou l’apologie d’actes terroristes par des écrits, des forums, des tribunes publiques ou privées ou par tout autre moyen notamment par l’utilisation d’un réseau de communication bien connu des actions criminelles ressortissant au crime organisé transnational associé ou non à une entreprise terroriste».
Au regard de ce qui précède, la question légitime est de savoir les motifs d’un tel projet de loi quand on sait que le Sénégal dispose déjà d’un arsenal juridique anti-terroriste de prévention depuis 2016 avec la Loi n° 2016-33 relative aux Services de renseignement, la Loi n° 2016-29 portant Code pénal révisé, la Loi n°2016-30 portant code de procédure pénale révisée.
Ce dispositif légal antiterroriste, avec de puissants moyens d’investigation, donne la possibilité aux services spéciaux de renseignements lorsqu’ils disposent d’indices de menaces terroristes d’utiliser des procédés techniques intrusifs de surveillance et de localisation.
Pire encore, il n’y a aucun encadrement des mesures intrusives qu’ils peuvent prendre pour neutraliser une menace terroriste.
Ainsi, ce dispositif légal anti-terroriste promulgué depuis 2016, est un véritable danger pour les droits humains et libertés fondamentales des sénégalais.
Cependant, ce cadre légal a des limites pour lutter contre les contenus à caractère terroriste en ligne.
Aussi, il est fort probable que ce projet de loi du Gouvernement du Sénégal sur la sécurité intérieur portera sur la prévention de la diffusion sur internet de contenus qualifiés de terroriste.
On nous parle de lutter contre la propagande terroriste, le mal étant internet, dès lors, il se pourrait que cette lutte repose sur des dispositifs légaux de censure d'internet.
Sous-couvert de lutte contre le terrorisme, instrumentalisant sa peur, un tel texte contiendrait certainement des dispositions extrêmement dangereuses pour nos droits et libertés d’Internet en particulier la liberté d’expression en ligne, le droit d’accès à l’information, la liberté d’association et de réunion sur internet.
On nous parle de lutter contre l’endoctrinement au terrorisme via les espaces publics numériques, mais en cette période de tension politique et sociale au Sénégal, il ne serait pas surprenant que ce qui est aussi visé est la mise hors ligne des expressions politiques de l’opposition et des mouvements sociaux contestataires.
La définition du « terrorisme » est tellement vague et lorsqu’elle existe, elle est volontairement large, qu’elle peut servir à justifier la censure de toute expression politique ou sociale violente.
Ainsi, donner à la police la prérogative de décider ce qu’est un contenu « terroriste », en dessaisissant le juge, pourrait mener à la censure d’opposants politiques et de mouvements sociaux.
Face aux discours terroristes qui se propagent sur Internet et la perception de plus en plus négative des sénégalais de l’espace public numérique, ceux qui prétendent nous gouverner, tentent de légitimer l’adoption d’une stratégie légale de contrôle d’internet.
C’est tout le sens du discours du Président du Sénégal lors de la rentrée solennelle des cours et tribunaux du 09 janvier 2020.
Les protections associées à nos droits et libertés reculent partout dans ce pays: dans la rue, dans la presse et de plus en plus sur internet. Aussi, si l’on se soucie de nos droits et libertés d’internet, de préserver un espace où le pouvoir pourra être critiqué, où nous pourrons nous réunir pour débattre et nous organiser, nous devons nous mobilier pour tenir en échec un projet de loi sur la sécurité intérieur qui pourrait être liberticide.
L’Association des Utilisateurs des TIC (ASUTIC) demande aux citoyens ainsi qu’aux défenseurs des droits humains la vigilance et rappelle au Gouvernement du Sénégal:
Dans un état de droit, la censure de masse de l’Etat ne doit pouvoir être prononcée que par un jugeet non par la police;
La lutte contre le terrorisme, dans un état démocratique, ne doit jamais être un prétexte pour censurer les oppositions politiques et les mouvements sociaux contestataires."