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9 octobre 2025
LAMINE DIACK, CACIQUE DU SPORT MONDIAL RATTRAPÉ PAR LES AFFAIRES
Le premier président non-européen de l'IAAF de 1999 à 2015, homme politique d'envergure (maire de Dakar de 1978 à 1980, parlementaire de 1978 à 1993), a vu son bilan et sa réputation ternis par l'accumulation des accusations ces dernières années
Le Sénégalais Lamine Diack, qui comparaît à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, a régné durant 16 ans à la tête de l'athlétisme mondial avant d'être rattrapé par les scandales et devenir le symbole de l'affairisme qui a gangréné la fédération internationale (IAAF).
Le premier président non-européen de l'instance de 1999 à 2015, homme politique d'envergure dans son pays (maire de Dakar de 1978 à 1980, parlementaire de 1978 à 1993), a vu son bilan et sa réputation ternis par l'accumulation des accusations ces dernières années. Considéré comme l'un des acteurs clés d'un système de corruption visant à couvrir des cas de dopage en Russie, il est poursuivi pour corruption active et passive, abus de confiance et blanchiment en bande organisée.
Il a aussi été mis en examen pour corruption passive dans l'enquête sur l'attribution des Jeux olympiques de Rio (2016), de Tokyo (2020) et des Mondiaux d'athlétisme 2017.
Une terrible chute pour l'ex-dirigeant, aujourd'hui âgé de 86 ans et qui aimait à rappeler du temps de sa splendeur qu'il avait eu «plusieurs vies».
Sauteur en longueur sous le maillot de l'équipe de France, puis joueur de football -sa passion- et Directeur Technique National de l'équipe du Sénégal après l'indépendance de 1960 (entre 1964 et 1968), Lamine Diack a ensuite mené de pair des carrières prolifiques en politique et de dirigeant sportif national puis international.
Il a ainsi été président du Comité national olympique sénégalais, maire de Dakar, parlementaire et vice-président de la fédération internationale d'athlétisme avant de prendre les rênes de l'instance par acclamations en décembre 1999 à la mort de l'Italien Primo Nebiolo.
- Culture de la corruption -
Mais il aura fallu la fin de ses quatre mandats pour qu'apparaissent au grand jour les soupçons d'une culture de la corruption bien ancrée, avec des ramifications familiales, son fis Papa Massata, réfugié à Dakar, étant lui aussi jugé à Paris pour corruption et blanchiment en bande organisée.
De quoi écorner et décrédibiliser son action au sommet de l'IAAF. Interrogé sur ces affaires lors de sa conférence de presse d'adieu au congrès de Pékin en août 2015, Lamine Diack s'était d'ailleurs emporté, bredouillant explications et justifications qui n'en étaient pas. Aucun de ses voisins, dont son successeur Sebastian Coe, visiblement gênés, n'était intervenu pour sa défense.
«Il laisse une image pas très reluisante pour l'athlétisme, a jugé auprès de l'AFP Bernard Amsalem, ancien président de la Fédération française (2001-2016) et ex-membre du Conseil de la Fédération internationale (2011-2019). Le fonctionnement était très opaque et je pense qu'il a été dépassé par les évènements. Il n'aurait jamais dû confier tant de responsabilités à son fils. D'autres ne l'auraient pas fait. C'est clair qu'il n'a rien contrôlé et que tout cela lui a complètement échappé.»
Une ex-salariée, entendue par la police dans l'enquête, avait eu de son côté cette phrase cruelle pour le vieux lion: «Je pense que Lamine Diack s'est pris pour Robin des Bois, prendre l'argent des dopés pour sauver les Sénégalais, mais cela n'engage que moi».
Malgré le terrible boulet de la corruption, Diack pouvait pourtant se flatter d'avoir mondialisé le premier sport olympique. Sur le plan comptable, les recettes de télévision et de sponsoring se sont ainsi élevées en 15 ans à plus d'un milliard d'euros. Un legs largement écorné par le boulet des affaires, qui ont causé la perte d'importants sponsors à l'IAAF.
AU BRÉSIL, LA MONTÉE EN PUISSANCE DES "AFRO-BOLSONARISTES"
Plusieurs personnalités noires soutiennent ouvertement le président Jair Bolsonaro malgré ses propos racistes. Ils incarnent la division d’une communauté face à la personnalité du chef de l’État
Le Monde Mag |
Bruno Meyerfeld |
Publication 12/01/2020
Au Brésil, on le surnomme « l’ombre de Bolsonaro ». Il est toujours juste derrière lui, durant ses allocutions publiques les plus importantes. Il l’accompagne dans les stades ou dans l’avion présidentiel, sérieux en costume cravate, pour rencontrer les grands de ce monde : Xi Jinping, Mohammed Ben Salman ou même Donald Trump, croisé au G20 d’Osaka. « Il valait mieux que j’amène Hélio ou Obama ? », avait alors plaisanté Bolsonaro auprès de son homologue américain. Car oui, comme l’ancien président démocrate, Hélio Lopes est noir.
Très actifs sur les réseaux
Et le moins qu’on puisse dire c’est que la présence de ce colosse souriant détonne, au côté d’un Bolsonaro réputé pour ses saillies racistes. En 2017, ce dernier déclarait par exemple à propos de descendants d’esclaves : « Ils n’en foutent pas une ! Je pense qu’ils ne sont même plus bons à procréer. » Et pourtant, Hélio est fou de « son » Jair.
En septembre 2018, il fut l’un des rares autorisés au chevet du futur président, poignardé en pleine rue lors d’un meeting électoral. « On est amis depuis vingt-deux ans, avait déclaré Lopes. Il vient chez moi et je fréquente sa maison. Il m’appelle “Hélio Negão”[“gros nègre”], je l’appelle “mon ami”. C’est très spontané ! »
Dans un Brésil aux plaies mal refermées, dernier pays des Amériques à avoir aboli l’esclavage, en 1888, ce compagnonnage intrigue ou écœure. Hélio Lopes, 50 ans, député de Rio de Janeiro, est d’ailleurs affublé d’un tas de surnoms peu flatteurs : « Perroquet du pirate », « Proctologue de Bolsonaro », et même « Capitão do mato », en référence aux hommes autrefois chargés de pourchasser les Noirs fugitifs. Et pourtant, il est loin d’être une exception. Minoritaires mais très actifs sur les réseaux sociaux, les « afro-bolsonaristes » donnent aujourd’hui de la voix.
« C’est un groupe significatif, pas juste quelques individus isolés », souligne Ynaê Lopes dos Santos, chercheuse et auteure de História da África e do Brasil Afrodescendente (Pallas, non traduit). À en croire un sondage publié en décembre par l’institut Datafolha, la communauté noire serait d’ailleurs plus divisée qu’on ne le croit : près de la moitié (46 %) juge le gouvernement Bolsonaro « mauvais ou terrible », mais une majorité de 53 % le trouve soit « normal » (33 %), soit « bon ou excellent » (20 %).
Parmi ces derniers, on trouve d’abord les militaires (tel Hélio Lopes, ancien sous-lieutenant), raffolant d’un Bolsonaro viriliste, ex-capitaine de réserve, porté sur les armes à feu.
Il y a, ensuite, les évangéliques, d’extraction plus populaire, notamment dans les favelas de Rio : « On peut être noir mais aussi conservateur, homophobe, machiste, intolérant... et donc soutenir l’extrême droite », rappelle Mme Lopes do Santos. Et enfin, les « afro-privilégiés », à la fois diplômés et bien intégrés. « Ceux-là croient que les discriminations n’existent pas au Brésil et qu’on vit dans ce mythe de l’harmonie raciale », poursuit la chercheuse. Parmi eux : Paulo Cruz, blogueur et polémiste radio très suivi. « Je ne crois pas que Bolsonaro soit raciste. C’est un Brésilien moyen, avec une vision un peu limitée... mais qui veut déracialiser les politiques publiques », approuve cet homme, également professeur de philo à Guarulhos (São Paulo). Dans son viseur, notamment, les quotas raciaux, instaurés par la gauche, ayant permis à une génération de Noirs d’entrer à l’Université. « Ces politiques d’assistanat rendent les Noirs dépendant de l’État et divisent les Brésiliens, créant des tensions entre Noirs et Blancs qui n’existaient pas », insiste M. Cruz, assurant qu’« une majorité de Noirs s’oppose aux quotas ».
Mais l’« afro-bolsonariste » le plus célèbre du pays est sans conteste Sérgio de Camargo. Ce journaliste, fils du grand poète et militant de la cause noire Oswaldo de Camargo, s’est vu offrir fin novembre par Jair Bolsonaro la direction de la Fondation Palmares, organisme public chargé de la promotion de la culture afro et de la mémoire de l’esclavage. Dans ses écrits en ligne, ce « Noir de droite » assure qu’il n’existe aucun « racisme réel » au Brésil et prétend que l’escla- vage certes « terrible » fut néanmoins « bénéfique » sur le long terme pour les afro-descendants. L’homme vomit le mouvement noir (qu’il souhaite voir « éteint ») et ses héros, tel l’esclave insurgé Zumbi (un « faux héros »), les chanteurs Martinho da Vila (une « ordure ») et Gilberto Gil (un « parasite »). Autant de personnalités qu’il faudrait, selon lui, « ramener de force en Afrique » ou plus précisément « au Congo ».
Sa nomination a provoqué un fort émoi dans la communauté afro-brésilienne, et entraîné plusieurs manifestations. Bloquée suite à un recours par la justice fédérale, celle-ci a finalement été suspendue mi-décembre par le pouvoir, qui a fait appel de la décision. « Si notre appel est couronné de succès, je le reconduirai à la présidence de la Fondation ! », a assuré Bolsonaro. De son côté, Hélio Lopes se verrait bien candidat des municipales à Rio de Janeiro en octobre. En cas de victoire, ce serait une double révolution paradoxale : la ville, plus grand port esclavagiste de l’humanité, élirait
alors le premier maire noir de son histoire. Mais également son premier édile d’extrême droite.
AUDIO
DIANO BI AVEC MOUSTAPHA SYLLA
Le maire de Niakhène fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
Moustapha Sylla est au micro de Maodo Faye dans l'émission dominicale "Diano-bi" (Wolof) sur Sud FM.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
BULLETIN DU CLANDO (ÉPISODE 1)
EXCLUSIF SENEPLUS - Le clando est devenu un projet de coopération - On y rencontre la joie, souvent la colère ou l’esprit belliciste - Nous formons une communauté embarquée dans un court voyage - NOTES DE TERRAIN
J’attends depuis près de quinze minutes déjà. D’habitude, les rotations se font en moins de cinq minutes. Je trépigne d’impatience, car je dois rentrer vite pour prendre un médicament contre des maux de ventre qui m’ont fait souffrir toute la journée. Les brûlures d'estomac et les reflux acides, qui étaient sporadiques, deviennent, depuis le début de l’après-midi, insoutenables. J’ai essayé, toute la journée, de ne pas y penser. J'ai tenu jusqu'à 17 heures. À l'arrêt, le temps d’attente me semble très long. Je commence à flancher. Je prends une résolution : dans cinq minutes, je saute dans le premier taxi qui se pointe.
Une minute ou deux sont peut-être passées lorsqu’arrive un clando. Je le vois débouler de loin, avec sa carcasse blanche. L’apprenti, debout sur le marchepied, laisse échapper sa main droite en suspension, en direction du trottoir, pour faire signe aux éventuels clients. Je jette aussi le mien au vent, dès que la voiture se fut approchée. Je distingue clairement le conducteur et les deux passagers qui occupent les places de devant. Le chauffeur tient la barre avec ses deux mains, tel un cocher consciencieux, chevauchant un vieux cheval aveugle.
C’est la crise de l’activité d’intérêt général qui fonde l’informel. Le clando répond à la faillite du transport public urbain. Il est tellement difficile de circuler dans Dakar, lorsqu’on n'a pas de voiture individuelle. La mobilité urbaine est un casse-tête pour les citoyens-usagers. Ceux qui dirigent le pays ont été incapables, par manque de vision prospective, de penser nos villes et leurs défis démographiques. Ils n’ont pas su mettre en place des processus de qualité dans les services publics, ainsi que des politiques cohérentes pour soulager les populations, abandonnées à elles-mêmes. Tout cela fabrique une société de combinards. Le groupe social s’organise, comme il peut, et se débrouille dans la résilience.
Le clando est nécessaire et avantageux pour les petites gens. Des milliers de Dakarois l’empruntent parce qu’ils n’ont pas de vrais choix. Les transports régulés ne donnent pas des gages de ponctualité et desservent mal la capitale. Le clando est devenu un projet de coopération. Tout le monde y trouve son compte. Le chauffeur, les passagers, l’apprenti, les coxeurs, le policier et le gendarme, l'État désengagé. Toutes les énergies modestes et singulières y circulent. On y rencontre la joie, souvent la colère ou l’esprit belliciste. Je le prends pour rallier mon lieu de travail. Trois-cents F CFA par jour. Imbattable.
“Ku ne langal ak sa waay”
- Ouakam ! Ouakam ! Il y a de la place à l’intérieur. Montez. Ouakam ! Ouakam !
À bord, je me rends immédiatement compte que le minibus, Renault Trafic, complètement remodelé à l’intérieur, pour accueillir le maximum de passagers, est bondé. Je décide de redescendre, puis me rétracte en entendant une chanson de Youssou Ndour. Je me sens bien et en confiance sur l’instant. Youssou Ndour est un vieil ami, compagnon fidèle de mes longs jours d'exil. Alors que ses belles notes me redonnent de la vigueur, le chauffeur démarre en trombe. Par réflexe, je lève ma main pour m'agripper à une barre. Le pavillon intérieur de la voiture n’en a pas. Je suis alors contraint de m’accrocher à un siège. Cinq-cents mètres plus loin, la voiture s’arrête, des places se libèrent. Je m'assois dans un siège placé derrière le chauffeur.
Les passagers des clandos ne prennent pas la liberté de discuter. Nous nous parlons rarement. Nous faisons même mine de ne pas nous voir, de ne pas sentir les odeurs et les énergies qui se dégagent de nos corps. Mais au fond, notre conscience ne se détourne pas complètement des personnes autour de nous, ni de l’ambiance. Nous communiquons, d’une autre manière. Le dialogue est muet, parfois sympathique, d'autres fois hostile. Il y a une interaction, des équilibres, un dispositif communicationnel, non codifié, avec ses différents protagonistes.
Les corps diaphanes. Un pneu usé est posé en bas, dans l’intervalle au sol qui me sépare des deux personnes en face de moi. À ma droite, se trouve une femme. Je devine ses origines étrangères à son accent, pendant qu’elle réclame en français les 50 F CFA que lui doit l’apprenti. À ma gauche un jeune militaire est assis. L’étrangère porte une veste zippée, entrouverte, qui laisse apparaître la robe courte jaune à fleurs, col montant. Ses jambes, couleur chocolat, se dévoilent. Elle tire dans sa jolie bouche, en pressant avec ses mains, le jus d’une orange épluchée. Son ventre est rond. Elle attend un enfant. Son front allongé est traversé par une aura discrète. Elle porte des cheveux crépus, ramassés vers l'arrière. Rien n'infirme sa bonté. Elle reste placide comme une nonne qui porte un sacerdoce et qui ne témoigne rien d’autre qu’une dévotion modeste et respectueuse. J'ai pensé : "J'espère que cette étrangère, notre hôte, est heureuse dans notre pays."
Le militaire, lui aussi, est silencieux. D’un silence plus profond. Il se tient droit, le regard ferme, fixé devant, comme s’il vise une lucarne. Il arbore l’uniforme complet : béret, pull, pantalon kaki, et des bottes de combat noires, luisantes. Un type sahélien. Mince et sec. Un visage équilibré, sans signes particuliers. Des gouttes de sueurs sont suspendues à son petit nez. Il garde un sac à dos militaire entre ses genoux, sur lequel est accroché le drapeau du Sénégal, ainsi que ses initiales, A. Samb. Ma conscience se pose sur lui, et sur cette étrangère. Quel devoir a-t-il à mener, qui le rend si imperturbable et solennel ? L’étrangère me semble pure et pacifique. La musique de Youssou Ndour qui continue, plus belle et chaleureuse, à tinter dans cette atmosphère tranquille, donne une grande présence poétique à ce tableau.
Félicité éphémère. Cette communion agréable me redonne un peu d’entrain. Il s’est produit comme un furieux soulagement, qui détend tout mon corps. J’oublie ma petite souffrance au ventre. Un destin me lie au militaire et à l’étrangère. Nous formons une communauté embarquée dans un court voyage. Un comité, secret dans nos pensées et nos aspirations, sans sentiments, sans mépris, sans hiérarchie. Sans répulsions. Chacun de nous échafaude à part, dans sa nature autonome, des projections différentes. Mais une formidable énergie est là, à cultiver et à cueillir. Elle diffuse une transcendance, un champ d’expérience subtil.
Retrouvez désormais sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
Les peuples africains ne comprennent, par exemple, pas que l’on s’emploie, à Paris, à toujours leur répéter, en tout, que l’on ne veut que les aider, sans jamais leur expliquer les motivations de tant de générosité
C’est ce lundi 13 janvier, finalement, que le président Macron retrouve ses homologues du G5 Sahel, à Pau, dans le sud-ouest de la France. Trois jours avant ce sommet de la clarification souhaitée par rapport à la présence des troupes françaises dans le Sahel, les Maliens manifestaient encore dans les rues de Bamako, contre la présence militaire française. D’où vient une telle incompréhension ?
À qui profiterait un désengagement pur et simple d'une France, excédée par les critiques contre sa présence militaire, des pays du G5 Sahel? Le principal mérite du sommet de Pau sera de préciser à nouveau les enjeux et de s'assurer de la meilleure façon de ne pas se laisser distraire par des considérations secondaires.
Peut-être nous faut-il définitivement intégrer le fait que les manifestations et les critiques font partie de la vie démocratique. Qu’elles visent les dirigeants en place ou certains aspects des relations entre ces nations indépendantes et l’ancienne puissance coloniale. Et plus aucun dirigeant, dans notre Afrique, ne peut empêcher ses concitoyens de critiquer et de les critiquer.
Cette histoire de manifestants hostiles à un ami qui vous veut du bien rappelle un événement dont certains se souviennent. Le président chinois Jiang Zemin, en visite en France, se fait chahuter au Trocadéro et regagne, furieux, son hôtel. Nous sommes en pleine cohabitation, et Lionel Jospin, Premier ministre de la France, va le calmer. Mais, dans une de ces spontanéités de franchise qui ont fini par le perdre, il explique au dirigeant chinois que les Français sont libres de manifester où ils veulent, contre qui il leur plaît, et que c’était cela la démocratie.
Et le président chinois, avec un aplomb que l’on comprend mieux aujourd’hui, rétorque alors à Jospin : « De toute façon, vous êtes une civilisation décadente ! »
Comme quoi, les Chinois, de très longue date, avaient prévu de s’emparer du gouvernail, pour imposer leur leadership à la planète.
Sur quoi donc devrait, dans ces conditions, porter le débat ?
Sur le poids de ces critiques. Mahamadou Issoufou, le chef de l’État nigérien, affirmait, le 19 décembre dernier, que ceux qui s’expriment sur les réseaux sociaux ou dans la rue ne constituent pas la base populaire. « Ils sont très, très minoritaires. Je ne vois pas de foules en train de contester les alliances que l’on veut mettre en place pour lutter contre la menace terroriste, qui est une menace planétaire », avait-il précisé.
À Bamako, cette semaine, l’on a parlé de quelques centaines de personnes. Mais, à l’évidence, ces manifestants voulaient mettre dans l’embarras leurs dirigeants, en partance pour Pau. Si c’est un piège, n’est-il pas bien trop visible, pour attirer qui que ce soit ? Car, des critiques contre la France, il y en aura toujours. La véritable question est de savoir si les enjeux valent ou non que l’on souffre d’être un tant soit peu critiqué pour atteindre les objectifs.
Et d’ailleurs, il est aussi, dans le Sahel, des voix pour vouloir « plus de Barkhane », comme disait le président Issoufou. Comme celle de cette Malienne, originaire de Gao, que l’on a pu voir (et entendre) sur l’ORTM, la télévision nationale, déplorer que des personnes vivant dans la quiétude de Bamako puissent demander que Barkhane se retire, sans se préoccuper des conséquences d’un tel retrait pour les populations de Gao, dont elle est.
La clarification saura-t-elle aussi prendre en compte ces voix, peut-être peu audibles, mais qui ne comptent pas moins ?
Si la clarification est réellement un moment de sincérité et de vérité, alors, elle ne peut raisonnablement miser sur une forme ou une autre de musellement des voix critiques. Ce n’est, d’ailleurs, plus possible dans ces pays-là, et avec ces dirigeants-là. Qui, eux ne critiquent ni ne se plaignent de la présence militaire française. Qu’il y ait, y compris dans leurs formations politiques, telle ou telle personne qui pense différemment ne semble pas plus grave que des dissidences similaires aux États-Unis ou en France.
Pour le reste, les malentendus entre la plupart des peuples africains et la France tiennent au fait que, depuis pratiquement toujours, ils ont rarement, sur certains sujets d’intérêt commun, la même compréhension des situations et des enjeux.
Les peuples africains ne comprennent, par exemple, pas que l’on s’emploie, à Paris, à toujours leur répéter, en tout, que l’on ne veut que les aider, sans jamais leur expliquer les motivations de tant de générosité.
Il est parfois plus simple d’expliquer aux peuples en quoi l’on a intérêt à les aider. La clarté de la clarification, à Pau, passera peut-être aussi par le fait de pouvoir dire ce dont la France, à plusieurs reprises, a déjà convenu : à savoir que c’est aussi l’intérêt de la France de vaincre les jihadistes dans le Sahel. Les Américains poussent cette logique encore plus loin, lorsqu’ils disent, tout simplement, que combattre la famine en Éthiopie est une préoccupation de sécurité nationale pour les États-Unis.
Jean-Michel Jacques, vice-président de la commission Défense à l’Assemblée nationale française, a anticipé, cette semaine sur RFI, en précisant qu’à Pau, l’on devrait clarifier les demandes de chacun ?
Tout à fait. Mais ses déclarations ont été reçues, dans une partie de l’opinion africaine, comme une nouvelle façon d’accabler les Africains, à qui l’on fait des cadeaux, et qui seraient incapables d’assumer leur part de l’effort, sans compter leurs insuffisances de gouvernance. Le député a un discours clair, lorsqu’il laisse entendre que cette guerre peut durer encore longtemps. Mais les raisons pour lesquelles elle risque de durer sont complexes et ne tiennent pas qu’aux insuffisances de gouvernance des Africains. Il ne dit rien du chaos libyen et du peu de visibilité qu’il offre.
La clarté est d’autant plus indispensable que, lorsque Emmanuel Macron, ce 13 janvier 2020, s’enfermera avec cinq de leurs chefs d’État, les Africains se souviendront qu’il y a exactement 26 ans, le 13 janvier 1994, un ministre français de la Coopération, Michel Roussin, s’enfermait avec les présidents d’une quinzaine de leurs pays pour, au bout de la nuit, les contraindre à dévaluer le franc CFA.
par mody niang
PROTOCOLE DE REUBEUSS, NOUS SOMMES TOUS COUPABLES !
Ce qui s’est passé ces 13 dernières années dans notre pays est insoutenable - Si nous sommes toujours prêts à avaler toutes les couleuvres du monde, notre pauvre Sénégal restera pour longtemps encore parmi les plus arriérés de la planète
Ces derniers jours, la nébuleuse affaire du « Protocole de Reubeusse » a été remontée en surface. J’ai consacré plusieurs contributions à cette affaire, contributions qui m’ont valu les pires injures. Les inconditionnels des différents protagonistes n’ont même pas hésité à m’accuser de nourrir une haine sourde contre leurs mentors mis en cause dans cette affaire. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette haine, si haine il y a ? J’ai rencontré et serré la main une seule fois, et le même jour, aux deux principaux protagonistes. Le sentiment qui m’habite, les concernant, est tout autre. Ils nous ont gouvernés et, pendant plusieurs années, des accusations particulièrement graves ont été portées contre eux, accusations relatives en particulier à des montants importants de nos maigres deniers publics, qui seraient planqués quelque part, certainement dans des paradis fiscaux[[1]]url:#_ftn1 . Les montants annoncés çà et là sont si importants qu’il est incompréhensible et répréhensible que nous (classe politique, société civile, justice, chefs religieux, etc.) soyons restés indifférents, comme si rien ne s’était pas passé vraiment. Or, tout indique, aujourd’hui, que le « Protocole de Reubeusse » est avéré.
L’ancien Président Senghor aimait à rappeler que « quand on fait l’historique d’un problème, on l’a à moitié résolu ». Je vais essayer donc de faire au lecteur l’historique que je sais de ce fameux ‘’Protocole’’. Tout serait apparemment parti de l’autre affaire, celle dite des ‘’Chantiers de Thiès’’, pour laquelle l’un des protagonistes serait mis en prison. En réalité, les « Chantiers de Thiès » n’étaient qu’un prétexte commode pour l’obliger à rendre gorge. C’est de la « Citadelle du silence » que serait parti le fameux ‘’Protocole’’ qui se passait de bouche à oreille, avec un immense ‘’butin’’ qu’on a voulu nous faire passer pour une vue de l’esprit. Je gagnerai du temps sur tout ce qui a été dit et écrit sur ce fameux « butin » et ses multiples ramifications. Je m’appesantirai, par contre, sur « Le Protocole de Reubeusse », dont l’un des protagonistes nie jusqu’à l’existence. Il oublie peut-être que nous avons quand même un peu de mémoire et sommes dotés de tant soit peu de bon sens ! Nous nous souvenons encore que, lors de son ndëpp du 1er mars 2007, le Président de la République nouvellement réélu (provisoirement au moins) a brandi un document présenté comme le « Le Protocole de Reubeusse ». Nous gardons encore surtout en mémoire que celle qui était présentée comme‘’la Notaire qui défendait les intérêts du principal accusé », s’était empressée de balancer que « c’était un faux ». Pas que « c’était faux », mais que « c’était un faux ». Ce qui laissait supposer qu’il y avait un protocole authentique. C’est un journaliste professionnel de talent, doublé d’un homme de grande sagesse, qui a mis le premier l’affaire sur la Place publique, en tout cas à ma connaissance. Il était alors le Directeur du quotidien ‘’Walf Grand-Place’’.
Rappelons aussi que le vis-à-vis de Mme la notaire,, Me Ousmane Seye, avocat de l’État, de Me Wade plus exactement, invité à l’émission « Grand Jury » de la radio privée RFM, répondait à une question sur le même ‘’Protocole’’, que c’en était pas un, que c’était plutôt un « accord écrit » ! Un accord écrit sur quoi ? Peut-être pour que l’ex-Ministre d’État Directeur de cabinet (Idrissa Seck) du président Wade ne s’oppose plus à la dévolution monarchique du pouvoir ! Ce serait quand même trop facile, une couleuvre que nous serions vraiment naïfs d’avaler.
Nous ne sommes certainement pas très intelligents. C’est, du moins, ce que nos gouvernants pensent de nous. Cependant, on ne nous fera jamais avaler l’amère pilule que « Le protocole de Reubeusse » n’a jamais existé, que c’est une vue de l’esprit. Nous nous rappelons quand même cette grave révélation du quotidien « Walf Grand-Place », dans son édition du lundi 6 février 2006, qui affirmait sans ambages être en mesure, de sources dignes de foi, de « révéler que l’ex-Ministre d’État Directeur de cabinet (était) en train de verser de l’argent, objet de son différend avec le président Wade ». « De l’argent, précisait le quotidien, qui n’a rien à voir avec l’affaire dite des Chantiers de Thiès ». Le journal estimait le montant de l’argent que « le père » et « le fils » se disputaient âprement à quelque 60 milliards de francs CFA, et allait plus loin encore dans ses révélations. Il affirmait qu’ « un long et serré marchandage » avait permis de convaincre le ‘’fils’’ de verser une partie de l’argent à son ‘’père’’ de président. C’est ainsi que, poursuivait le journal, toujours sûr de son fait, l’’’ex-fils’’ avait déjà versé 7 milliards, devrait encore verser 10 milliards à sa sortie de prison et 10 autres dans les mois qui suivent. Ce qui ferait un total de 27 milliards sur les 60 que l’ex-fils’’ aurait planqués quelque part dans le monde[[2]]url:#_ftn2.
Les inconditionnels de M. Seck seront certainement prompts, comme ils l’ont toujours fait, à me rétorquer que ce ne sont là que des affirmations d’un journal qui ne valent pas paroles d’évangile. Sans doute. Cependant, ces révélations gravissimes portaient publiquement atteinte à l’honneur et à la dignité de leur champion. Curieusement, il restait muet comme une carpe. Les mêmes inconditionnels et d’autres encore qui gravitaient autour des deux protagonistes, du ‘’père’’ et du ‘’fils’’, se sont toujours discrètement employés à essayer de les rapprocher, malgré l’immensité du ‘butin’’ qui constituait leur profond différend. Le ’’père’’ jouait chaque fois le jeu mais n’oubliait rien, vraiment rien qui était en relation avec le ‘butin’’,qu’il tenait coûte que coûte à récupérer. Pour exemple, souvenons-nous qu’il a envoyé le ‘’fils’’ en prison et, profitant d’un voyage à Paris,il confiait au journal français L’Express du 10 novembre 2 005, sa position sur le cas de M. Seck en ces termes sans ambiguïté : « Je me suis trompé et il m’a trahi (….). Il est tout à fait exclu que nous continuions à coexister dans le parti. » Et il ajouta ce terrible commentaire : « Quand vous réchappez à la morsure d’un serpent venimeux, vous ne l’hébergez plus chez vous[[3]]url:#_ftn3 . » Pourtant, quelque temps après, c’est le même Me Wade, le même vraiment, qui reçoit ‘’le serpent venimeux’’ en grande pompe à la Présidence de la République. C’était exactement le 22 janvier 2007, à quelques encablures de l’élection présidentielle de cette année-là. Le candidat sortant craignait alors comme la peste de n’être pas réélu et de rendre compte de ses nombreux forfaits accumulés tout au long de son premier mandat (sept ans). C’est pourquoi, il feint de tout oublier, jusqu’à la dernière des accusations gravissimes dont il a accablé M. Seck pendant plusieurs année, et le reçoit en audience.
Celle-ci était malheureusement parrainée par un chef religieux, Serigne Abdoul Aziz Sy Junior[[4]]url:#_ftn4 . Nous avons entendu, à l’occasion, Me Wade « blanchir » totalement et sans état d’âme celui qu’il a accusé partout de lui avoir dérobé son ‘’butin’’. « Ses contempteurs, avait-il alors lancé, n’ont pas pu apporter les preuves de leurs accusations ». N’était-il pas le premier contempteur ? Lui aussi n’avait-il pu trouver aucune preuve ? Bref, il annonça publiquement et officiellement le retour de son « fils d’emprunt » à ses côtés, non sans préciser que l’intéressé allait faire une déclaration dans ce sens. On connaît la suite : point de déclaration de la part de son ‘’fils d’emprunt’’ qui déposa, le même jour, sa candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2007.
Heureusement pour le vieux président prédateur, à l’arrivée, il est réélu dès le premier tour, et confortablement. Une semaine après, le mercredi 1er mars 2007, la Cour d’Appel le déclare provisoirement réélu, en attendant la déclaration définitive par la Cour constitutionnelle. C’est l’occasion qu’il choisit pour faire sa première apparition à la télévision nationale. Il manque alors manifestement de grandeur et de magnanimité : le premier acte de sa nouvelle gouvernance – il y était déjà – a été de pilonner ses pauvres adversaires défaits, les accusant de tous les péchés d’Israël, tout en sachant qu’ils n’avaient pas la possibilité de lui porter la contradiction par le même canal. Ce jour-là, il porta des accusations particulièrement graves sur M. Seck et fit, le concernant, cette terrifiante révélation, comme s’il avait bu duyassi (genre drogue): « Nous étions dans une sorte de jeu d’échec à distance. Il m’a demandé à sortir de prison. Je lui ai demandé de rapporter l’argent qu’il avait pris. Et il s’est engagé à rembourser l’argent qu’il avait pris. » Et pour se faire plus convaincant et nous étonner encore plus, notre vieux président affairiste brandit, contre toute attente, le fameux « Protocole de Reubeusse », qu’on a toujours voulu nous présenter comme le fruit de notre imagination fertile. Dans ce document en date du 29 décembre 2 005, il est mentionné : « Je soussigné, Monsieur Idrissa Seck, ex-Premier ministre du Sénégal, m’engage, dès ma libération, à remettre à Maître Ousmane Sèye et à Maître Nafissatou Diop, pour le compte de Monsieur Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal, la somme de 7 milliards de Fcfa à titre de d’acompte sur les fonds politiques pour l’organisation des élections législatives et présidentielles de 2 007. Les élections générales de 2 012 seront financées sur le reliquat des fonds. » L’homme qui nous dirigeait alors – malheureusement – continua, en verve son ndëpp : « Nous pensons qu’il y a entre quarante milliards et plus déposés dans un compte trust à New York chez un avocat. La Justice a fait des commissions rogatoires dans le cadre des accords judiciaires. (….). La France a donné un rapport (et, de ce pays), nous avons reçu pratiquement toutes les informations. Il reste le Luxembourg, la Suisse et surtout les États-Unis. » Le vieux président ajoute que les tentatives de l’ancien Premier ministre de planquer des milliards au Luxembourg se sont soldées par un échec, les autorités de ce pays s’y étant opposées. Ce jour-là du 1er mars 2007, nous apprendrons encore de la bouche du vieux prédateur – beaucoup le savaient déjà d’ailleurs – que les fonds spéciaux qui sont une autorisation de l’Assemblée nationale, s’élèvent à 620 millions de francs Cfa et, qu’avec Idrissa Seck, qui « glanait des fonds à droite et à gauche », ils sont montés à 14 milliards. Ce qui était plus cocasse encore, c’est qu’il voulait nous faire croire qu’il n’avait été pour rien dans tous ces milliards et que c’est Idrissa Seck qui les « a glanés à droite et à gauche » et, tenez-vous bien, à son insu. Quand même ! Sommes-nous aussi sots pour croire à cette histoire ? Pour ce qui est de la gestion des fameux fonds spéciaux d’ailleurs, M. Seck s’était déjà longuement expliqué devant la Commission de la Haute Cour de Justice, en révélant notamment que, dans ce cadre, il avait eu à gérer des dizaines de milliards de francs Cfa. Á la question des magistrats de savoir d’où provenaient ces milliards, il répondit sans fard : « Des fonds diplomatiques et autres aides budgétaires que Me Wade ramenait de ses nombreux voyage. » Il ajoutera que, sur instruction du Chef de l’Etat, il en a fait profiter à des chefs religieux, à de hauts magistrats, à des officiers supérieurs et généraux de l’Armée nationale, à des ministres de souveraineté, etc. Il ne dira pas qu’il s’est largement servi lui aussi : il le dira plus tard.
C’est énorme, tout cela ! Quel est le montant réel du « butin » qui oppose ces deux compères ? Soixante-dix (70), quatre-vingts (80), cent(100) milliards ou plus ? Dans quel pays sommes-nous et qui est vraiment cet homme qui nous dirigeait ? Revenons à ses propos de ce 1er mars 2 007 ! Á une question sur le profil de l’homme ou de la femme qui devrait lui succéder, il répondit : « (…) En tout état de cause, ce n’est pas Idy. J’ai rompu définitivement avec lui. Nous nous retrouverons devant Dieu. » Et il martèle, comme pour s’en convaincre lui-même : « Ce ne sera pas lui, il faut qu’il le comprenne. »
Á la guerre comme à la guerre, profitant de son audition devant la Commission d’Instruction de la Haute Cour de Justice, ‘’le fils’’ se laisse aller à un véritable déballage, ce mercredi 21 mai 2008. Je renvoie le lecteur à « L’AS » (page 4) et à deux autres quotidiens du lendemain (22 mai 2008), qui ont largement rendu compte, parfois dans les mêmes termes, de ce terrible déballage. L’ex-Premier ministre révélera aux juges qu’il avait en face, les yeux dans les yeux, qu’à leur insu, le Président de la République lui avait envoyé un émissaire le 15 novembre 2005 et un autre le 6 février 2006. Lesdits émissaires avaient porté à son attention que s’il versait l’argent des fonds politiques – en réalité celui du fameux « butin » –, il aurait un non-lieu total dans les procédures initiées contre lui devant la Commission de la Haute Cour de Justice et devant le Tribunal correctionnel. Le quotidien « L’AS » précise qu’après avoir lu devant les magistrats la fameuse proposition du Président de la République qu’il qualifiera de « double abomination politique et morale », M. Seck ajoutera l’avoir fermement récusée, puisqu’il l’ « assimilait à une prise d’otage et à une demande de rançon ». Il révélera ensuite avoir reçu un troisième émissaire, en la personne du très sulfureux Me Ousmane Seye. Ce dernier lui proposa, au nom de celui qui l’envoyait, et en présence de la Notaire Me Nafissatou Diop, un non-lieu partiel dans l’affaire dite des « Chantiers de Thiès », et un non-lieu total dans l’autre affaire d’« Atteinte à la Sûreté de l’État ».
Les magistrats n’étaient pas au bout de leur surprise, surtout quand l’ex-Premier ministre précise qu’un accord a été signé en décembre 2005 et que la minute a été déposée par Me Ousmane Seye auprès du Notaire Me Sambaré Diop, passant ainsi outre l’opposition du Président de la République. Il ajoutera que les autorités ont par la suite exercé de fortes pressions sur Me Nafissatou Diop qui ne cédera point. Elles se rabattront finalement sur Me Sambaré Diop pour réclamer au moins la minute. M. Seck conclut son déballage en lançant, presque triomphant : « Que tout le monde sache que j’ai gardé en lieu sûr l’original de la proposition que Wade m’a faite quand j’étais en prison. »[[5]]url:#_ftn5
Je rassure mes compatriotes : je n’ai absolument rien inventé. Je n’oserais même pas d’ailleurs, n’étant pas candidat au suicide. Que les inconditionnels des deux principaux protagonistes ne laissent pas passer le dangereux serpent, pour s’acharner ensuite sur ses traces ! C’est bien le quotidien « L’AS » qui met dans la bouche du principal accusé tous les propos qui précèdent. Á l’époque, ce dernier n’a pas jugé utile de lever le plus petit doigt, ni lui, ni aucune des personnes publiquement citées dans cette rocambolesque affaire.
Waaw, avec toutes ces péripéties, nous fera-t-on croire, comme on l’a toujours essayé, qu’il n’a jamais été question d’argent entre le ‘’père’’ et le ‘’fils’’ et que, chaque fois qu’ils se sont rencontrés, ils n’ont parlé que du pays et de ses intérêts ! On ne nous fera pas croire non plus que, si le vieux président prédateur et ses services ont déployé tant de moyens contre son ‘’ex-fils’’ quatre à cinq ans durant, c’est simplement qu’il se serait opposé à la dévolution monarchique du pouvoir à son fil Karim. Nous ne sommes sûrement pas aussi intelligents que les deux principaux protagonistes. Nous en sommes même peut-être très loin. Cependant, nous sommes au moins en mesure de faire la part des choses, de faire la distinction entre des lampes et des vessies.!
Mais les deux compères ne se découragent pas, loin s’en faut. Deux ans après la réélection du vieux président, les interminables ruptures-retrouvailles recommencent. Ainsi, le lundi 22 juin 2009, ils se retrouvent (encore) en audience. Á la sortie de cette audience surprenante et fortement médiatisée, le « fils » donne une conférence de presse pour nous jeter à la figure ceci : « Tout ce qui nous opposait est maintenant derrière nous, sans aucune ambigüité. » Le Coordonnateur de la Cap 21 (Iba Der Thiam), qui était pratiquement témoin de nombre de tentatives de retrouvailles, le confirmera en ces termes : « Lépp lu baayamjàppoon, bayyi na ko. » Autrement, le « père » a tout oublié et a pardonné à son « fils ». Il est allé encore plus loin encore en affirmant que ‘’le père’’ et ‘’le fils’’ n’ont parlé que de politique et a rappelé – il a osé – « l’attachement de Me Wade à la séparation des pouvoirs ».
On comprendra un peu plus tard que tout cela était destiné à nous jeter de la poudre aux yeux. Mais, c’était peine perdue car le fameux ‘’butin’’ continuait d’alimenter les conversations de quelques politiciens anciens proches du vieux président prédateur et retenait l’attention d’une rare presse. C’est surtout la grâce accordée à Karim Wade et le commentaire qu’en a fait Idrissa Seck qui a mis le feu aux poudres. Il a qualifié en particulier la grâce de ‘’deal’’ international. Samuel Sarr suffisamment connu pour ne pas être présenté lui répond sèchement, dans une interview au quotidien ‘’Libération’’, édition du samedi 25 juin 2016,page 5. « Nous étions là quand Idrissa Seck faisait ses conneries », lâcha-t-il comme entrée en matière. Á la première question qui faisait état notamment de la libération de Karim Wade et surtout de la grâce que M. Seck qualifierait de ‘’deal’’, l’ancien ‘’conseiller financier’’ de Wade cogne :
« Il ment, il parle de deal, c’est lui le dealer. C’est lui aussi le voleur. Il a volé 74 milliards de francs CFA dans un compte qu’il a manipulé avant de le clôturer. » Et il poursuit : « Je pèse mes mots : il a volé 74 milliards de francs CFA avant de fermer le compte bancaire. Il sait très bien que je sais et il sait pourquoi il a été viré de son poste de Premier Ministre. » Á titre de coup de grâce, il conclut : « Nous étions là quand il faisait ses conneries. Nous savons tout et nous savons exactement tout ce qu’il a fait. »
Une vingtaine de jours après, les ‘’Enseignants républicains’’ sonnent la chargeà leur tour contre l’ancien Premier Ministre (M. Seck), dans l’édition du 6 juillet 2016 du même quotidien. Ils annoncent ainsi la couleur : « Idrissa Seck tombe en transe et se dévoile » Et ils ouvrent le feu, un feu vraiment nourri, en ces termes : « Idrissa Seck tombe en transe. Ce, après s’être enrichi en détournant l’argent du contribuable sénégalais. C’est pourquoi, il se dévoile. Aujourd’hui, il a mis à nu son être. Les Sénégalais se rendent compte maintenant de la véritable nature de l’homme. Ce dernier a trois équations qu’il ne saura résoudre jusqu’à l’extinction du soleil. » Après avoir fait état des ‘’dizaines de milliards qu’il a volés au peuple’’ et de’’ses ambitions présidentielles tombées à l’eau’’, les ‘’Enseignants républicains’’ poursuivent leur diatribe : « Nous savons tous, comme l’a d’ailleurs dit Samuel Sarr, que le ‘’Protocole de Reubeuss’’ existe bel et bien[[6]]url:#_ftn6 . » « En effet, poursuivent-ils,ce qui est à l’origine du clash entre Wade et Idy, ce ne sont pas les ‘’chantiers de Thiès’’. Le véritable problème, c’est l’argent offert par un souverain arabe au Président Abdoulaye Wade qui avait chargé Idrissa Seck, Premier Ministre, de récupérer ces milliards pour les garder dans son compte. Au lieu d’exécuter convenablement la mission, il a préféré en détourner 74 milliards qu’il a soigneusement gardés quelque part.» Et nos très vigilants ‘’Enseignants républicains’’ de continuer leur version de la désormais affaire qui ne devrait plus laisser personne indifférent, en tout cas si le Sénégal était un pays sérieux : « Lorsque Wade a appelé son généreux donateur arabe pour le remercier, ce dernier lui a dévoilé le montant réel qui se trouve être le double de la somme déclarée par Idy. »
« Voilà la véritable cause du limogeage d’Idy et de son emprisonnement », concluent-ils partiellement, avant d’inviter l’avocat Ousmane Sèye et la notaire Nafissatou Diop à leur éclairer la lanterne sur le ‘’Protocole de Reubeusse’’.« Ils sont les seuls à comprendre le contenu. Nous savons que Me Wade ne nous dira jamais ce qui s’est passé car, c’est de l’argent destiné au trésor public sénégalais qui a été détourné. »[[7]]url:#_ftn7 Eux, mes collègues ‘’républicains’’, ont peut-être glané çà et là leurs informations. Un certain colonel Malick Cissé, qui a mangé à tous les râteliers mais qu’on présentait comme « un ancien homme de main de Wade », a fait des révélations explosives concernant le fameux ‘’Protocole de Reubeursse’’.Suivons-le : « Je ne sais pas si c’est un protocole, un engagement, un traité ou un deal. Appelez-le comme vous voulez mais, ce document financier existe bel et bien. Je suis témoin et acteur et c’est dans la soirée du 22 décembre 2005 à 22 heures que tout s’est déroulé. Dans les moments de doute, d’interrogation et de débats, le devoir me donne le droit à la parole pour éclairer l’opinion nationale et internationale sous le contrôle de Me Abdoulaye Wade, ancien président de la République au moment des faits est maître de la Real politik. »
Notre colonel enfonce ensuite le clou en donnant des informations précises en ces termes : «Pour revenir à cette fameuse nuit du compromis, je rappelle que Me WADE était tout malheureux de voir Monsieur Idrissa SECK en prison. Et il ne cessait de nous répéter, à chaque fois qu’il parlait de lui : «Je ne comprends pas ce qui lui arrive, disait-il, mais, l’argent et le pouvoir rendent fou». Notre sulfureux colonel passe à ce qu’il appelle l’essentiel :« Après cette fameuse soirée du 22 durant laquelle il y a eu beaucoup de tractations de part et d’autres- j’y reviendrai peut-être un jour- des instructions ont été données le 29 décembre 2005, pour que le problème financier entre WADE et Idrissa SECK soit réglé d’une autre façon que la prison. Il a été décidé sur nos conseils d’utiliser d’autres stratégies.» observe-t-il. Ilajouta, se faisant plus précis encore : «Je me souviens que lorsque les deux parties sont tombées d’accord sur les modalités de remboursement, Me Ousmane SEYE et Me Nafissatou DIOP sont arrivés dans les appartements du Président WADE, précisément dans l’antichambre où il aimait travailler. Ils lui ont présenté deux documents avec des propositions financières. A un moment, le téléphone a sonné et c’était le Président malgache qui était au bout du fil. WADE leur a demandé de sortir de la pièce en attendant qu’il discute avec son homologue. Il en a profité pour faire des copies des documents avant de remettre les originaux à leur place.» Le colonel rappelle que Wade lui a alors dit textuellement : « A malin, malin et demi.» .Dans un des documents, précise le colonel, Idrissa SECK s’est engagé à rembourser, dans un premier temps 21 milliards de Fcfa, payables en trois tranches de 7 milliards de Fcfa. Cet argent était principalement destiné à financer la campagne électorale. Me WADE m’a remis une copie de ce document. C’est pour vous dire que Idrissa SECK, a bel et bien pris des engagements financiers et j’y reviendrai en détails», a-t-il conclu[[8]]url:#_ftn8 .
Je dispose d’autres sources dont un document qui estime le montant du ‘’butin ‘’ à 400 milliards de francs CFA que le défunt MouhammarKhadafi aurait dégagés pour appuyer le vieux président prédateur, et dont la moitié aurait été détournée par Idrissa Seck. Sur les traces du ‘’Protocole de Reubeusse’’, la source affirme qu’ « un document de 200 milliards de francs CF de la Lybie serait celée chez Me Papa Sambara Diop. Un proverbe bien de chez nous dit ceci : « bët bu rusultoj. »
On pourrait expliquer ce proverbe à mes compatriotes qui ne comprennent le wolof, qu’avec le développement de plus en plus grand que connaissait le ‘’Protocole de Reubeusse’’ et dont personne n’ose plus vraiment penser seulement qu’il n’existe pas, le Procureur de la République ne pouvait pas ne pas s’en autosaisir. Ce qui fut fait et quelques compatriotes devaient même être entendus à partir du mardi 16 juillet 2016. Malheureusement, contre toute attente, l’enquête fut renvoyée sine die et messieurs Samuel Sarr et Birahim Seck, Mes Nafissatou Diop et Ousmane Sèye, le Colonel Malick Cissé, etc., qui devaient être entendus ne le furent jamais. La question que se posaient nombre de nos compatriotes était : qui a fait reculer le Procureur de la République ? Cette reculade méritait une manifestation importante de la population, pour obliger l‘État à s’expliquer. Il y a aussi que c’était finalement devenu une palissade : ‘’Le Protocole de Reubeusse’’ existe bel et bien et il était de notre devoir d’en savoir tous les tenants et tous les aboutissants. D’où venait ce ‘butin’’ et quel en était le montant ? Soixante-dix (70), quatre-vingt-dix (90), peut-être même cent (100)milliards de francs CFA ou un plus ? Qui sait, les deux principaux acolytes mis à part ? Dans quels paradis fiscaux les a-t-on planqués ? Les deux principaux protagonistes mis à part, quels autres compatriotes y étaient impliqués, et à quelque titre que ce soit ? Comment la classe politique à commencer par le Président de la République et son gouvernement, la société civile, les autorités religieuses – du moins celles qui sont considérées comme telles, la justice, les populations des villes, de leurs banlieues et même du monde rural sont-ils restés muets comme des carpes pendant d’aussi longues années ? Nous sommes encore de la liste des 15 pays les plus pauvres et les plus endettés, et plus d’un million de nos compatriotes sont menacés de famine. Et nos ‘’honorables’’ députés ? Personne ne les a jamais entendus aborder ce grave problème du ‘’Protocole de Reubeusse’’ ? Ne constitue-t-il pas, pour les deux plus zélés d’entre eux, Aymèrou et Cheikh Seck en l’occurrence, un excellent sujet pour la mise en place d’une commission parlementaire ?
Finalement d’ailleurs, nous sommes tous coupables de savoir, sans la moindre indignation, que 60, 70, 80 ou 100 milliards de nos maigres deniers dorment quelque part tranquillement, au profit peut-êtrede moins de cinq personnes et de leurs familles, alors que notre pays manque presque de tout ? En accédant à la magistrature suprême, l’actuel Président de la République était bien au courant de ce scandaleux ‘’Protocole de Reubeusse’’ mais n’a rien tenté. Peut-il tenter quoi que ce soit d’ailleurs, car ce qui se fait dans sa gouvernance n’est pas loin de celle de son prédécesseur.Ne l’a-t-on pas entendu, au soir du 31 décembre 2019, se faire l’avocat de présumés délinquants gravitant autour de lui ? Qui imagine un seul instant, après cette posture publique, le Procureur de la République traiter un dossier d’un seul des proches du président-politicien ?
Ce qui s’est passé ces treize dernières années dans notre pauvre pays est insoutenable, et le devient de plus. Avec nos gouvernants, ce mal va s’aggraver et nous ne devrions compter que sur notre détermination, notre indignation pour en venir à bout ou, tout au moins, l’améliorer. Pour cela, nous avons besoin d’être un peu plus dynamiques, un peu plus conscients de nos responsabilités citoyennes et prêts à les exercer pleinement, à tout moment. Si, au contraire, nous restons comme nous le sommes depuis quelques années, indolents, indifférents à tout ce qui se passe autour nous (que ce soit bien ou mal pour le pays) ; si nous sommes toujours prêts à avaler passivement toutes les couleuvres du monde, notre pauvre Sénégal restera pour longtemps encore parmi les pays les plus arriérés de la planète.
LE TRISTE PARCOURS D'UN ENFANT IVOIRIEN DE 14 ANS RETROUVÉ MORT DANS LE TRAIN D'ATTERRISSAGE D'UN AVION
Comme des milliers d'Ivoiriens qui tentent l'émigration clandestine chaque année, Laurent Barthélémy a voulu rejoindre l'Europe sans prévenir ses parents
"Je suis affolé.Je me sens perdu.Le choc est brutal.On pensait à une fugue...C'est terrible à supporter!", assure Antoine Mel Gnangne, éducateur, qui encadrait régulièrement le jeune Laurent Barthélémy Ani Guibahi, retrouvé mort mercredi matin dans le train d’atterrissage d'un avion reliant Abidjan à Paris.
Comme des milliers d'Ivoiriens qui tentent l'émigration clandestine chaque année, Laurent Barthélémy a voulu rejoindre l'Europe sans prévenir ses parents.Aveuglé par ce rêve d'El Dorado, il est mort à l'âge de 14 ans, n'imaginant pas que le froid et l'altitude le tueraient à coup sûr.
A l'énorme lycée Simone Gbagbo de Yopougon, grand quartier populaire d'Abidjan, l'équipe pédagogique est sous le choc après la révélation de l'identité de l'enfant trouvé mort à Roissy.Son décès ne devait être annoncé aux étudiants que lundi.
Ici, 7.000 éleves s'entassent dans des salles bondées.115 élèves par classe.Trois ou quatre enfants par banc prévu pour deux...Le lycée pratique en outre la "double vacation": la moitié des élèves viennent le matin, l'autre l'après-midi.Laurent Barthelemy était en 4e2, le matin.En ce vendredi après-midi, la salle 29 qu'il fréquentait est occupé par une autre 4eme.Ses camarades de classe ont quitté l'école sans avoir appris la nouvelle.Les derniers à l'avoir vu étaient avec lui dimanche, selon une surveillante qui a parlé à ses "camarades de quartier".
- Avis de disparition -
Laurent Barthelemy a disparu lundi."Lundi, l'enfant a pris ses affaires.Il était censé venir au cours.Ce n'est que le soir que les parents ont constaté l'absence de l'élève", se souvient Liliane NGoran, la censeure du Lycée.
"Le mardi matin ils sont venus à l'école parce qu'il n'a pas dormi à la maison.Nous avons constaté avec eux qu'il n'était pas en cours et c'est ainsi qu'ils ont fait l'avis de disparition que nous avons affiché partout dans et autour de l'établissement", raconte-t-elle.
L'affiche montre un jeune homme frêle et pensif en tenue traditionnelle.Bon en maths et physique mais très faible en sciences humaines et français, il a écopé d'un "avertissement pour travail insuffisant" sur son bulletin du premier trimestre avec la mention "Travail insuffisant.concentrez vous davantage".Toutefois, M. Mel comme l'équipe pédagogique notent que il se comportait bien: "Ce n'était pas un enfant à problèmes.Il n'est pas mauvais.Il n'y a pas de grief d'un professeur ou d'un autre élève à son égard.Sur le plan disciplinaire, je ne lui reproche rien", souligne M. Mel.
Après avoir traversé toute la ville, (l'aéroport se trouve à une trentaine de km de son quartier), le jeune homme a " accédé au train d’atterrissage de l’aéronef en s’agrippant à celui-ci au moment où celui-ci s’apprêtait à s’élancer pour son décollage vers 22H55" mardi soir, selon le communiqué du ministère des Transports.
Le ministre Amadou Koné a précisé que "sur la video (de surveillance) on aperçoit un individu vêtu d'un tee-shirt (...) Nous pensons qu'il a eu accès à l'espace aéroportuaire en escaladant le mur.Ensuite, il s'est caché dans les espaces verts et s'est agrippé au train d'atterrissage de l'avion au moment du vol".
"Quand on a appris la mort d'un jeune à Paris, on n'imaginait pas que c'était lui", souligne M. Mel.
- Sensibilisation -
Mais, "jeudi, la gendarmerie de l'aéroport est venue avec une sacoche (trouvée près du tarmac) où il y avait des affaires d'un enfant.Ils nous ont demandé si on reconnaissait le T-shirt.C'était le tricot d'EPS (sports) qui portait l'effigie de l'établissement...Il s'agit du T-shirt des éleves de 4e.On a fait le rapprochement", explique Mme N'Goran qui a eu confirmation de l'identité vendredi après-midi.
"Nous allons annoncer ça aux élèves lundi à la montée des couleurs.A cette occasion, habituellement nous donnons des informations et consignes aux éleves", explique la censeure qui veut mettre en place "des séances de sensibilisation pour expliquer que c'est dangereux".
Des milliers des 25 millions d’Ivoiriens tentent d'immigrer clandestinement chaque année.Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), en nombre de migrants clandestins, la Côte d'Ivoire se situe en 3e position des pays d'Afrique de l'Ouest.
En 2017, 8.753 migrants ivoiriens arrivés en Italie étaient âgés de 14 à 24 ans, selon les chiffres du Centre de volontariat international (CEVI), une ONG italienne.
"Je n'ai jamais imaginé prendre l'avion pour fuir.Je suis triste pour lui", affirme Yasmine Gnekebo, élève de 4e, qui a appris la nouvelle par un gardien du lycée."Je ne le connaissais pas mais ça me fait mal parce qu'il est en 4e.Il n'a rien vu de 2020 et il est mort".
"IL ÉTAIT TEMPS D'EN FINIR AVEC LE FCFA"
Consultant notamment en Afrique, Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur général du Fonds monétaire international estime que l’Europe n’est plus le centre du monde
Paris Match |
François de Labarre |
Publication 11/01/2020
Consultant notamment en Afrique, l’ancien directeur général du Fonds monétaire international estime que l’Europe n’est plus le centre du monde. Interview.
Paris Match. Vous êtes familier du continent africain, où vous conseillez des chefs d’Etat. La fin du franc CFA est-elle une bonne nouvelle ?
Dominique Strauss-Kahn. Oui, le système ne pouvait plus durer, en raison des symboles dont il était lesté. Les références au passé colonial [NDLR : avant 1958, l’acronyme CFA signifiait Colonies françaises d’Afrique], les obligations de placer les réserves à la Banque de France, la présence de Français dans les instances monétaires africaines.
Pourquoi la décision n’a-t-elle pas été prise lors du passage à l’euro, quand vous étiez ministre des Finances ?
Lionel Jospin a été nommé en 1997, six mois avant le passage à l’euro. Lorsque je me suis retrouvé à Bruxelles, la question du franc CFA n’avait jamais été abordée. Nos partenaires européens sont tombés de l’armoire et il a fallu batailler pour qu’ils acceptent quelque chose de bizarre, à savoir qu’une monnaie extérieure soit rattachée à l’euro, avec un lien avec le Trésor français. Mettre fin au CFA à ce moment-là aurait créé un deuxième problème. Il aurait fallu prendre cette décision bien plus tôt ou bien plus tard.
Pourquoi attendre plus de vingt ans ?
D’un côté, la France avait une position d’attente, sur le thème “nous sommes ouverts”. De l’autre, les Africains, qui sont bénéficiaires d’une garantie monétaire de la France, pouvaient difficilement agir seuls. Une démarche unilatérale de leur part pouvait être perçue par les marchés comme un facteur d’instabilité sur la valeur de la monnaie. Le risque d’ouvrir une brèche à la spéculation était réel. Il ne l’est plus, car les Français et les Africains ont bougé en même temps, et Paris continue d’assurer la garantie monétaire de la zone.
N’est-ce pas une autre forme de tutelle ?
Cela n’a rien à voir. Le compte d’opération libellé en francs CFA a été fermé. Le dernier cordon ombilical a été coupé. C’est un vestige du passé qui ne se justifiait plus. La souveraineté monétaire des Africains est totale. A eux de déterminer l’ancrage de nouvelles modalités. A eux de développer les échanges autour de cette monnaie unique et de créer un espace d’intégration que le CFA n’a pas été capable de faire. A eux d’intégrer, s’ils le souhaitent, d’autres pays, comme le Ghana, la deuxième puissance économique de l’Afrique de l’Ouest enclavée dans la zone eco [NDLR : nom de la nouvelle monnaie].
En Afrique, la croissance reste relativement significative. Pour de nombreux pays, l’un des problèmes importants est le prix du pétrole et, aujourd’hui, l’impact que les relations entre les Etats-Unis et l’Iran pourraient avoir sur celui-ci. La situation en Asie est assez différente. Autant ils sont préoccupés par les tensions avec la Chine, autant les difficultés économiques des Européens leur paraissent assez secondaires. L’Europe est pour eux un client important, mais ce n’est pas le centre du monde. Ils sont plus préoccupés par la situation au Moyen-Orient ou par l’accès aux matières premières. Je voyage aussi en Asie centrale, dans des pays dont on parle peu aujourd’hui, mais qui sont passionnants et porteurs de beaucoup de potentiel dans les années à venir.
La politique unilatérale de Donald Trump fragilise les institutions internationales de l’après-guerre. Comment le FMI, que vous avez dirigé entre 2007 et 2011, peut-il survivre dans cette crise ?
Le multilatéralisme est évidemment en crise, notamment parce que les Etats-Unis y sont plus hostiles que jamais. Pourtant le rôle des institutions internationales est d’autant plus nécessaire que le monde va mal. C’est à elles, et notamment au FMI, d’imposer leur présence par la pertinence de leurs analyses et l’efficacité de leur action sur le terrain.
PAR Mamadou Sakho
FAISONS DE L'AÉROPORT LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR UN PARC NATUREL
La possibilité de se promener en famille, entre amis, pour faire du sport ou tout simplement de profiter de la verdure ne doit pas être un privilège réservé à ceux qui sortent du Sénégal à destination des pays développés - PÉTITION
Le moins que l’on puisse dire est que la région du cap vert n’est plus tout à fait verte. Le manque d’arbres a fini d’installer la pollution et on ne compte plus le nombre de maladies respiratoires au Sénégal et à Dakar particulièrement.
Solution contre le changement climatique, la végétation a des conséquences négatives comme le dérèglement des saisons avec un hivernage capricieux quand elle manque.
Dakar mérite mieux et pourquoi n’aurait-elle pas son Central Park avec des arbres, des fleurs, un lac, des animaux, de la pelouse… ? La frénésie immobilière menace les derniers espaces disponibles dans la capitale.
L’aéroport Léopold Sédar Senghor qui a laissé place à un nouvel aéroport devrait être la symbolique d’une nouvelle vision écologique non seulement sénégalaise mais tout simplement africaine, d’autant plus que le Sénégal jouit d’une aura auprès de ses homologues et à travers le monde. Les 600 hectares dont il est prévu de faire un centre d’affaires, serait plus approprié à devenir une zone de réserve naturelle. Ce serait une occasion donnée aux scientifiques de réintroduire les espèces végétales et animales en voie de disparition et de placer le Sénégal au rang de nation soucieuse de son environnement à l’instar du Rwanda qui a aujourd’hui créé un tourisme écologique.
Cette pétition est un cri du cœur pour demander au président de la République de nous permettre de vivre dans un environnement sain et tout simplement de respirer, ce qui est un droit fondamental de tout citoyen. La possibilité de se promener en famille, entre amis, pour faire du sport ou tout simplement de profiter de la verdure ne doit pas être un privilège réservé à ceux qui sortent du Sénégal à destination des pays développés.
Signons massivement cette pétition, faites en la vôtre, partagez la, sponsorisez la et ensemble atteignons des millions pour montrer que nous voulons juste RESPIRER.
The least we may say is the Cap vert region is no longer green. The blatant lack of trees has dramatically brought up pollution and the number of respiratory infections in Senegal, specially in Dakar. Vegetation is the key solution to counterbalance climate change, so shortage of vegetation has drastic consequences like season disturbances with a whimsical rainy season.
Dakar deserves the best and we could well have our central park with lots of trees, flowers, a lake, animals, lawns , couldn’t we… ?
The frenetic consumerism in real estate threatens the last available spaces in town . Leopold Sédar Senghor airport which has been traded off for the new Blaise Diagne airport should be the symbol of a new ecologic vision not only senegalese but also african, all the bette r than Senegal is blessed with an aura with its pair countries and worldwide. The 600 hectares where they will build a business center and malls would rather be a natural reserve of wildlife. We should seize the opportunity to give the scientists the occasion to restore the biodiversity with endangered flora and fauna thus showing a Senegal aware of its environment like Rwanda and its ecological tourism.
This petition is a heartfelt cry towards the head of state to plea for a life in a safe and sound environment and before all to breathe an air free of pollution, a right for all citizens. The possibility to go for a walk with family and friends, practice sports or enjoy greenery should not be a privilege just reserved to rich people who can afford trips to developped countries.
Let’s sign it massively, make it ours, share it, sponsor it and together let’s be millions to demonstrate that we just want to BREATHE !
Après l’annonce du Sénégal « Zéro déchets », vient d’être lancé en grande pompe le « cleaning day » par le chef de l’Etat Macky Sall. Très belle vision, très bonne initiative.
Monsieur le président, votre devoir est d’avoir une vision et de la direction. En tant que citoyens, nous nous devons de lui donner corps et de l’animer dans sa mise en œuvre.
Certains oiseaux de mauvais augure préconisent déjà l’échec du « cleaning day ». Dieu fasse qu’ils aient tort en le disant. Il est vrai que nous avons de très mauvaises habitudes qui font souvent échouer nos grandes résolutions tant et si bien que nos enthousiasmes de départ s’émoussent au fil du temps. Nous avons connu des événements douloureux comme le naufrage du Joola et avions juré plus « jamais ça ». Nous avions fait la chasse aux véhicules en situation de surcharge. Cela n’a duré que le temps d’une rose et nous avons repris nos mauvaises vieilles habitudes. Aujourd’hui, nous nous posons encore la question : qu’avons-nous retenu de l’expérience du Joola ?
Revenant à votre brillante initiative, nous n’avons pas le droit d’échouer car elle s’inscrit dans notre quotidienneté de par les prescriptions de nos religions et de notre culture. Comme consigne individuelle, elle devra nous conduire à nous débarrasser de cette attitude désinvolte par rapport à notre environnement immédiat et lointain. Ce qu’on appelait « mbeda buur » est aujourd’hui nôtre et toute négligence nous vaudra de l’argent à la pharmacie et des soins à l’hôpital si cela ne s’arrêtait qu’à cela. Alors, pour notre bien-être, disons « Cleaning day everyday ».
Cela signifie qu’il nous faudra impérativement instaurer le « réflexe de la poubelle » qui demande la révolution des mentalités que nous emprunterons au peuple coréen.
Pour rappel, Poubelle vient du nom du Préfet de la Seine à Paris, Eugène Poubelle, qui par son arrêté du 24 novembre 1883 prit l’initiative d’instaurer les boites à ordures faire face à la situation catastrophique en matière d’hygiène publique qui sévissait. Ce qui deviendra une pratique (habitude) dans le vécu et évolua positivement.
Sopi jikoo yii taxawu askan wi lu bok ci nune la. Si les coréens ou les rwandais l’ont brillamment réussi pourquoi pas nous. Sont-ils plus intelligents ou plus soucieux de leur cadre de vie que nous ? Non. Ils ont juste eu plus de volonté citoyenne et ont fonctionné la fibre patriotique. Voilà pourquoi ils ont hissé leur pays à un rang honorable. Mais impossible n’est pas sénégalais.
Un certain Covey disait ceci : « qui sème une pensée récolte une action, qui sème une action récolte une habitude, qui sème une habitude récolte un caractère, qui sème un caractère récolte un destin ». C’est cela la Révolution des Mentalités ou la violence sur soi-même. Il s’agit tout simplement que chacun ou chacune assume sa responsabilité individuelle pour qu’ensemble nous allions vers notre destin collectif.
Cette dynamique de rupture positive est la vraie solution qui induit la Loi d’Attraction ou le Devenir.
Monsieur le président, « Yes we can » comme le disait Obama, parlant des Etats Unis d’Amérique. Mais, pour Sunugal, la réussite est à notre portée. Vous n’êtes pas seul. Nous sommes des millions qui attendions votre appel pour un : « Sénégal Zéro déchets ». Le gain est énorme car il y va de notre mieux être comme l’enseigne l’OMS.
Il faut, monsieur le président, installer dans chaque quartier, au service des différentes composantes, des associations de quartiers (jeunes, femmes, notables, dahiras, GPF, imams etc.), une dynamique nouvelle, des synergies planifiées pouvant permettre à chaque entité d’œuvrer selon un calendrier bien précis à raison au moins d’une fois par semaine.
Il faut une unité de suivi très opérationnelle bien encadrée pour éviter l’infiltration par des éléments qui ne tirent pas dans la direction indiquée.
Il faut obligatoirement mettre à la disposition des structures des moyens pour faciliter le travail qui devra s’inscrire dans la durée pour fixer les réflexes de propreté tels que dans certains pays.
Il faut instaurer dans les écoles préscolaires, scolaires et universitaires des sachets poubelles qui vont favoriser l’instillation du réflexe de la poubelle. Car c’est dans le logiciel des tout petits qu’il faudra semer la bonne graine pour qu’ils grandissent avec.
Pour finir nous rappelons que nous nous mettons à disposition pour vous accompagner dans ce projet de très grande portée citoyenne.
Déthie Diouf, président jeunesse actions citoyennes (JAC) depuis 2000.