La majorité a encore une fois raté l’occasion de rendre au parlement sa dignité de siège de représentation du peuple après les coups de boutoirs de l’exécutif qui ont fini par en faire une chambre d’enregistrement
La proposition de loi N12/2019 modifiant et complétant la loi organique 2002-20 du 15 mai 2002, modifiée, portant règlement intérieur de l’assemblée nationale a encore déçu tous ceux qui s’attendent à des réformes substantielles pour une meilleure prise en charge des préoccupations des populations.
Les termes de l’article 80 Bis sont révélateurs de la plume qui se cacherait derrière cette retouche mineure. Cet article corse les dispositions déjà existantes pour réduire à néant les marges d’intervention du député dans le cadre d’un projet de loi de finance accroché aux exigences de l’entrée en vigueur du budget-programme en 2020.
Tout laisse croire que les députés de la majorité se sont encore conformés à un texte de l’exécutif pour en faire une proposition de loi.
La majorité avait l’occasion de se doter les moyens de se pencher sur le contrôle effectif du budget-programme prévu par les directives de l’Uemoa de 2009 et que le Sénégal va finalement intégrer en 2020.
Ce budget-programme va obliger l’Etat sénégalais à ne pas s’en tenir à des principes de politique générale, mais à se doter d’objectifs précis, arrêtés en fonction des finalités d’intérêt général et des résultats attendus mesurés par des indicateurs de performance.
Le budget-programme devrait alors permettre de renforcer l’information de l’assemblée et de son contrôle de l’exécution des lois de finance. Il faudra alors mieux se préparer au débat d’orientation budgétaire, organisé au plus tard le 30 juin de chaque année avec la présentation du DPBEP (Document de Programmation budgétaire et économique pluriannuelle) et des DPPD (Document de Programmation Pluriannuelle des Dépenses)…
Avec la toute prochaine application du budget-programme, la dite proposition de loi aurait pu, au moins, s’inspirer de l’évolution dans l’encadrement de l’initiative parlementaire avec notamment, par exemple, en France, le fait d’autoriser les parlementaires à opérer des mouvements entre les programmes d’une même mission sans augmenter le montant total des crédits de celle-ci. (la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF)).
À la place d’une extension des prérogatives des députés compte tenu des nouvelles opportunités de contrôle, l’article 80 bis de la dite proposition se limite à restreindre l’initiative parlementaire.
La majorité a encore une fois raté l’occasion de rendre à l’assemblée nationale sa dignité de siège de représentation du peuple sénégalais après les coups de boutoirs successifs de l’exécutif qui ont fini par en faire une chambre d’enregistrement.
Il est vraiment regrettable que la majorité n’ait pensé qu’à augmenter ses privilèges à la place de ses responsabilités et de ses prérogatives. En augmentant le nombre de commissions de 11 à 14, la majorité ne fait qu’augmenter les postes de dépenses à la charge du contribuable sénégalais tout en ignorant ses attentes, notamment en terme de prise en charge des mécanismes de transparence et de suivi de l’exécution des lois votées. La commission comptabilité et contrôle qui est chargée de la transparence des ressources allouées à l’assemblée nationale n’a jamais produit de rapports destinés à l’assemblée, portant sur l’exécution du mandat de contrôle qui lui est confié conformément à la loi. Idem pour la commission de délégation dont la mission est de faire l’évaluation et le suivi de l’exécution des lois votées qui ne fonctionne pas, et ne fait que consommer des crédits gracieusement alloués.
En dehors d’un toilettage des articles du règlement intérieur de l’assemblée nationale exigé par l’obligation de se conformer aux nouvelles dispositions de la constitution qui supprime le poste de premier ministre et touche aux jeux des pouvoirs, la proposition de modification du règlement intérieur n’a été finalement qu’un prétexte pour annihiler les prérogatives de contrôle des députés, et octroyer des privilèges à une clientèle politique.
Thierno Bocoum est ancien parlementaire, président du mouvement AGIR
"NOUS AVONS SAIGNÉ L'AFRIQUE PENDANT QUATRE SIÈCLES ET DEMI"
Malgré les critiques sur le clientélisme de la Françafrique et son soutien aux régimes corrompus, Jacques Chirac garde une image plutôt positive auprès des Africains
francetvinfo |
Martin Mateso |
Publication 07/10/2019
"J’aime l’Afrique, ses territoires, ses peuples et ses cultures. Je mesure ses besoins, je comprends ses aspirations." Ainsi s’exprimait Jacques Chirac devant les représentants de 48 Etats africains réunis au sommet franco-africain de Cannes en février 2007. Le président français s’était interrogé sur la place de l’Afrique dans la mondialisation. L'Afrique, disait-t-il, "ce sont des crises, des blessures au flanc du monde dont la communauté internationale ne peut détourner les yeux". Il mettait alors en garde contre l’abandon de ce continent qui pourrait "une nouvelle fois, être mis au pillage, laissé pour compte de la prospérité et isolé dans ses difficultés".
Un discours-testament salué par les nombreux chefs d’Etats africains, venus le remercier pour avoir été leur infatigable avocat sur la scène internationale.
"Qu’on rende aux Africains ce qu’on leur a pris"
Tout le temps de sa présidence, Jacques Chirac s’est fait l’avocat de l’Afrique dont les immenses ressources naturelles attisent bien des convoitises. Même parti à la retraite, l’ancien chef de l’Etat n’a pas rompu le contact avec le continent. Bien au contraire.
Dans une interview accordée à la presse après son départ de l’Elysée, Jacques Chirac a reconnu que les richesses de l’Afrique ont été pillées y compris par son pays. Et il a demandé qu’on rende aux Africains ce qu’on leur a pris : "On oublie seulement une chose. C’est qu’une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation, depuis des siècles, de l’Afrique. Pas uniquement. Mais beaucoup vient de l’exploitation de l'Afrique. Alors, il faut avoir un petit peu de bon sens. Je ne dis pas de générosité. De bon sens, de justice, pour rendre aux Africains, je dirais, ce qu’on leur a pris. D’autant que c’est nécessaire, si on veut éviter les pires convulsions ou difficultés, avec les conséquences politiques que ça comporte dans un proche avenir."
Parmi les initiatives prises par l’ancien président en faveur de l’Afrique, on peut citer la "taxe Chirac", une taxe sur le billet d’avion pour alimenter le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Jacques Chirac fut le porte-parole acharné de l’Afrique à l’ONU, où les pays africains le lui rendaient bien. En 2003, ils ont largement soutenu sa position sur la guerre irakienne.
Des critiques sur son soutien "aux dictateurs africains"
Jacques Chirac entretenait des relations personnelles et chaleureuses avec la plupart des dirigeants du pré carré francophone. On peut citer parmi eux, le Congolais Denis Sassou Nguesso, le Gabonais Omar Bongo, le Sénégalais Abdou Diouf, ou le Camerounais Paul Biya. Ce qui lui a valu des critiques en France, mais aussi en Afrique.
Lors du sommet franco-africain de Yaoundé au Cameroun en janvier 2001, l’épiscopat français avait publié une lettre qui invitait Jacques Chirac à prendre ses distances avec des régimes africains "qui pratiquent la fraude électorale, la confiscation des ressources, l’emprisonnement et parfois même l’élimination physique".
Le journal Le Monde avait rapporté la réponse véhémente de Jacques Chirac, lors d’un entretien improvisé avec quelques journalistes à Yaoundé. Le chef de l’Etat, écrit le journal, se métamorphosa subitement en un avocat de l’Afrique contre l’Eglise donneuse de leçons.
"Nous avons saigné l'Afrique pendant quatre siècles et demi, commença-t-il. Ensuite, nous avons pillé ses matières premières ; après, on a dit : 'Ils (les Africains) ne sont bons à rien.' Au nom de la religion, on a détruit leur culture et maintenant, comme il faut faire les choses avec plus d'élégance, on leur pique leurs cerveaux grâce aux bourses. Puis, on constate que la malheureuse Afrique n'est pas dans un état brillant, qu'elle ne génère pas d'élites. Après s'être enrichi à ses dépens, on lui donne des leçons."
Aujourd'hui, les pays du pré carré français s'émancipent progressivement de la tutelle parisienne. Lors du sommet franco-africain de Cannes en 2007, l’ancien président de la commission de l'Union africaine, le Malien Alpha Oumar Konaré, avait donné le ton. Il avait souhaité que "les 53 pays africains ne se retrouvent plus autour du président français". Un tel schéma, disait-il, ne devrait plus se reproduire qu’au niveau de l’Europe.
Avant de quitter le devant de la scène, Jacques Chirac avait compris que le tête-à-tête entre Paris et ses anciennes colonies africaines était bel et bien terminé. Que le continent attirait de nouveaux partenaires venus du monde entier. "Les regards changent. L’Afrique commence à être entourée, voire courtisée", avait déclaré Jacques Chirac devant ses pairs africains. Promettant aux Africains le soutien sans faille de son pays pour que "l’insertion de l’Afrique dans les échanges internationaux se fasse dans le respect de l’équité".
par Mody Niang
NOTRE TER DEVIENT UN SCANDALE INSOUTENABLE
Notre président-politicien a la part belle, régnant sur l'un des peuples les plus indolents du monde. Un peuple qui, pendant plusieurs décennies, se complait dans la pire des gouvernances et avale les plus grosses couleuvres
Après avoir lu et relu ce texte (Voir ici), je me suis dit que peut-être je n'ai pas compris ou que le rédacteur s'est trompé. Toute cette immense infrastructure pour 1, 83 milliard de dollars ! Ce coût dépasse légèrement 1000 milliards de francs CFA ! Je crois vraiment que c'est moi qui n'ai pas compris. Notre TER de 34 km va nous coûter à peu près le même montant ! Peut-être même plus !
Pour avoir une idée claire sur le coût du chemin de fer angolais, j'ai interrogé un neveux très versé sur les problèmes de financement du développement. Après ses recherches, il m'a affirmé que le coût de ce chemin de fer long de 1344 km ne dépasse pas deux milliards de dollars, soit environ 1200 milliards de francs CFA. Notre TER de 34 km devient donc un scandale insoutenable, aussi insoutenable que celui de l'autoroute à péage "Ila Touba" : 112 km sur un terrain plat, sablonneux avec comme obstacles quelques rares arbres, pour 416 milliards de francs CFA. Soit 3,7 milliards le kilomètre.
Le Sénégal est certainement, de toute la planète, le pays le plus facile à gouverner. Ce TER Diamniadio-Dakar et cette autoroute "Ila Touba" devraient être la tombe du président-politicien. Un seul de ces scandales y suffirait d'ailleurs.
Les 8 milliards de fonds politiques votés annuellement pour le président-politicien, ne devraient pas suffire pour expliquer sa large générosité chantée ça et là pendant les deux ou trois années qui ont précédé l'élection du 24 février 2019. Les probables retombées des gros marchés de gré à gré n'y ont-elles pas joué leur partition ?
En tous les cas, notre président-politicien a la part belle, régnant sur l'un des peuples les plus indolents du monde. Un peuple qui, pendant plusieurs décennies, se complait dans la pire des gouvernances et avale passivement les plus grosses couleuvres.
L'appel d'Orange à l'autorité de régulation qui sonne comme un sos n'est pas digne d'un opérateur historique à qui il appartenait de donner le flux du Mégabit mais qui manifestement à trop dormi sur son confort
Comme un vent de liberté qui souffle sur le réseau Télécom
Viva la concurrence !
Et l'appel de l'opérateur Orange à l'autorité de régulation qui sonne comme un appel au secours n'est pas digne d'un opérateur historique à qui il appartenait de donner le flux du Mégabit mais qui manifestement à trop dormi sur son confort.
On a presque envie de s'écrier "We Free"!
Chronique RFM, signée Abdoulaye Cissé ?
Il était une fois, un petit vent frais de saison intermédiaire qui souffla sur un champ d’agrumes. Les orangers n’ont pas pu garder tous leurs fruits. Au sol, c’était mieux qu’une cueillette de saison mais il y’avait le tri à faire entre les fruits mûrs, les fruits à moitié mûrs et les pas mûrs du tout.
Voilà imagé ce qui s’offre à nous dans l’écosystème des télécoms qui enregistre l’arrivée d’un nouvel opérateur.
Plus sérieusement, si c’est le même opérateur Free qui investissait le marché du mobile en France en 2012 qui arrive chez nous, alors on comprend mieux la panique à bord de la maison de l’agrume Orange principal concurrent et opérateur historique.
Pour la bonne et simple raison que le dernier né des opérateurs en France a définitivement révolutionné le marché du mobile, des systèmes data de trafic de données et de l’internet couplé à la télévision.
Sur les bords des deux rives de la Seine, la sérénité est revenu depuis.
En 2015 à l’occasion de la célébration des 10 ans de l’autorité de régulation en France, le gotha des télécoms étaient réunis, le petit milieux a livré ses états d’Ames et ce conclave a permis à certains acteurs d’exorciser leur mal-être de voir Free s’implanter et surtout de s’imposer comme opérateur majeur du secteur.
Et Free buvait son petit lait quand le patron de SFR mobile lâche un gout amer mais fair-play, que l’arrivée de free a été un séisme.
A la suite du Boss de SFR, Stephan richard le Grand manitou et patron de Orange du bout des lèvres concède à free de s’être imposé à une vitesse 4G dans un secteur compliqué. C’est dire !
Alors, à qui faire crédit entre le précédent patron de Orange Sénégal, M. Alioune Ndiaye qui dans une revue spécialisée essayait certainement de se rassurer lui même en disant je cite : « Xaviel Niel, le patron de Free n’aura pas au Sénégal autant d’espace économique pour arriver à diviser les prix par 4 », fin de citation. Il vient de la prendre, pleine poire M. Ndiaye.
On a envie de lui dire, c’est fait Monsieur !
L’autre c’est le boss actuel de Orange Sénégal dont la réaction frise la psyzochophrénie.
A peine 24H après le lancement de « l‘opération de charme » de free à grand renfort de publicité, Sékou Dramé nous dit, tenez vous bien que Orange peut faire mieux que les offres Free a dévoilées.
Bon sang, qu’est-ce que vous attendez à t-on envie de lui dire.
On entendait par ici les genres de slogan du genre « le client est roi », mais nous ne savions pas ce que c’était réellement . . . Ca fait tellement du bien de pouvoir le vivre, enfin.
Le marché du mobile est oligopolistique, il y a peu d’acteurs comparé au potentiel du secteur. Et dans ces conditions, la concurrence n’étant pas très forte, les acteurs du marché ont tendance à « augmenter » les prix. Ce qui entraine des marges fortes.
En France, les prix ont baissé, divisés au moins par 3 et parfois par 4 et il n’est même plus envisageable que les prix remontent comme du temps où Orange faisait la loi avec son forfait millénium, vite dépassé avec les offres sans engagement de Free.
On n’en attend pas moins au Sénégal.
Et il n’y a rien de plus faux que de faire croire que la concurrence dans le secteur va avoir un impact négatif sur les emplois.
Le secteur est dynamique et en perpétuelles mutations. Aucun risque !
On n’attend pas de l’autorité de régulation de priver les usagers des offres alléchantes des uns et des autres. On comprendrait mal que l’autorité de régulation puisse dire stop, c’est trop beau pour être vrai.
L’enjeu de la régulation, c’est de veiller à la qualité du réseau et à la fluidité du trafic de données et surtout de veiller à ce qu’il n’y ait pas de peaux de bananes glissées entre opérateurs car les infrastructures sont les mêmes et la concession est à l’opérateur historique.
A titre d’exemple, on nous a tellement fait croire que la communication coutait chère entre clients d’opérateurs différents : rien que d’imaginer que tout ca, c’est fini, on paierait cher pour la libre concurrence.
Ca ne fera de mal à personne, juste un peu de marge bénéficiaire en moins, mais on parle encore de bénéficies, pas de pertes.
par Alassane Kitane
UNE DÉMOCRATIE ÉPILEPTIQUE ?
L’argument selon lequel le roi borgne est un virtuose politique parce qu’il réussit ses intrigues est suspect, car à moins de réduire la politique à une vile entreprise de perversion, il n’y a aucune qualité requise pour faire ce qu’il fait
Le spectacle paradoxal d’un troupeau de plusieurs dizaines, voire des centaines de buffles harcelés, et déboussolés par un ou quelques lions au point de devoir sacrifier un des leurs est une belle métaphore pour illustrer la faiblesse de l’opposition politique à Ndoumbélane. Si seulement les buffles avaient, en plus du courage et de la force, le sens de l’alliance et de la mutualisation de leurs forces ! Les lions se métamorphoseraient sûrement en herbivores ou chercheraient, en tout cas, des proies plus modestes sous peine de mourir de faim. Comment un lion paresseux et borgne parvient-il à avoir raison de ces mastodontes ? Il faut chercher la réponse dans l’égoïsme et dans la lâcheté de ses victimes !
On entend souvent dire que le roi de Ndoumbélane est un virtuose politique, et comme argument on avance le fait qu’il réussit tout ce qu’il tente depuis son accession au trône. Cette façon de penser que ses journalistes de cour (les vraies dames de compagnie) ont réussi à imposer à l’analyse politique (très souvent superficielle et auxiliaire ou parasite de l’opinion) est à la fois fausse et suspecte.
C’est faux de prétendre que ce roi borgne est un virtuose politique parce qu’il ne s’est jamais frotté à ses adversaires naturels. Il ne doit son accession au pouvoir à aucun génie particulier, il a tout juste ramassé un pouvoir qui était dans la rue. Cet homme a fait sienne la célèbre leçon de Goebbels « Celui qui peut régner sur la rue règnera un jour sur l'Etat, car toute forme de pouvoir politique et de dictature à ses racines dans la rue ». Il a formé une milice qui s’est faufilée dans les foules mécontentes de la fin de règne de son prédécesseur et, en bon comploteur, il a tissé un réseau d’amplificateurs dans les médias que l’on connait. Il a réussi à s’imposer dans la rue parce que les autres trouvaient la rue trop indigne pour leur servir d’ascenseur. Oui ! la rue est sale comme chemin vers le pouvoir, mais l’indignité est parfois un moyen de parvenir à ses fins. Savez-vous pourquoi le porc est plus facile à engraisser… ?
L’argument selon lequel le roi borgne est un virtuose politique parce qu’il réussit ses intrigues est également suspect, car à moins de réduire la politique à une vile entreprise de perversion de la société, il n’y a aucune qualité requise pour faire ce qu’il fait. L’absence totale d’éthique (parce que la fin justifierait les moyens !) ce n’est ni du machiavélisme ni du génie politique : c’est du cynisme politique qui traduit justement une absence de génie, une médiocrité qui s’impose par une conversion des valeurs. La corruption de toutes les élites, l’achat direct des citoyens par des mécanismes de financement proches de la pitance, le musellement indirect de toutes les voix discordantes, l’embastillement de ses adversaires, etc. : si c’est cela le génie politique, pourquoi ne pas, une bonne fois pour toutes, confier le destin de Ndoumbélane au diable ?
La seule prouesse de ce roi borgne est d’avoir transformé Ndoumbélane en démocratie épileptique : il a trouvé un pays avec une tradition démocratique ancrée, il en a fait son jouet personnel. Une démocratie normale a des règles de jeu universelles, permanentes et consensuelles. Une démocratie épileptique par contre est comme une personne épileptique : c’est l’instabilité qui rythme sa vie. Qui pouvait imaginer qu’en 2019 Ndoumbélane retournerait à l’ère des Conférences nationales, des commissions vérité et réconciliation, bref à toutes les pitreries politiques qui attestent un déficit de démocratie ? C’est à se demander si la lucidité des gens de Ndoumbélane n’est pas la contrepartie que le roi a donnée au diable en échange de la couronne. « Je vous prends vos libertés » ; « je me gave à satiété de vos libertés confisquées et comme je suis rassasié au point d’en éructer, je vous redonne vos libertés tout en exigeant de vous un MERCI » ! « Je tripatouille les lois de Ndoumbélane pour rester au pouvoir et après avoir assouvi mes sombres desseins, je vous appelle au dialogue pour retourner au consensus que j’avais rompu unilatéralement et sans raison » ! C’est donc ça le génie politique ?
Ce pays est dangereux parce que quel que soit le crime commis, le criminel trouvera toujours des laudateurs et des spécialistes de circonvolutions juridiques pour légitimer ses barbaries politiques. La politique est un art, ce n’est pas une affaire de manœuvre vile et sans classe : les peuples ont besoin d’être élevés vers plus de grandeur et de vertu. On ne peut pas bâtir une nation civilisée en ayant comme matériau de la raclure. Ce dont les peuples modernes, comme d’ailleurs ceux d’hier, ont besoin, c’est de l’exemplarité et non de la morale du boulanger avec la farine. Le boulanger ne malaxe pas la farine par amour ; quand il la modèle et la tapote, il donne l’impression de la caresser avec tendresse, mais c’est pour la mettre au four… !
Périclès, dont le nom signifie « entouré de gloire », dirigea Athènes de 443 à 429, avec grandeur, esprit, habileté et clairvoyance. Il est décrit par Thucydide comme n’ayant jamais utilisé de ressources illégitimes ni de biens publics pour asseoir son pouvoir : Périclès avait du génie, il n’était pas un ouvrier politique qui n’a que la force comme outil. Périclès a été vaincu par la peste (ah que la grandeur d’établissement est vaine !) mais son nom est resté dans la postérité en tant que « entouré de gloire ». Guédel Mbodji a, dans le Saloum, refusé de se venger de ses ennemis. Le roi de Ndoumbélane quant à lui, en plus de sa couronne de serpents, inspire cette terrible locution interjective de la langue française : « enfer et damnation, il a réussi à s’imposer sur le trône » !
Ndoumbélane est en train de devenir l’État le plus procédurier au monde et, par conséquent, un État policier. N’avez-vous pas remarqué que tous les chômeurs du barreau de Ndoumbélane militent dans le parti du roi ? Ce phénomène en apparence anodin est révélateur d’un état d’esprit ! N’avez-vous pas remarqué que tous les radoteurs de la presse qui ont fait fortune en écumant les cours des rois les plus corrompus du monde sous les tropiques sont au service du roi de Ndoumbélane ? N’avez-vous remarqué qu’ils sont chargés de lancer des ballons de sonde pour faire de la météo politique et pour transformer leurs pseudos analyses en prophéties autoréalisatrices ?
Pour conclure nous vous proposons cette terrible description que Thucydide faisait de la démocratie grecque agonisante : un portrait craché de la situation de Ndoumbélane sous ce roi borgne.
« Á l’origine de tous ces maux, il y avait l’appétit du pouvoir qu’inspirent la cupidité et l’ambition personnelle. De là l’acharnement que les factions mettaient à se combattre. Les chefs de partis dans les cités adoptaient de séduisants mots d’ordre, égalité politique de tous les citoyens d’un côté, gouvernement sage et modéré par les meilleurs, de l’autre. L’État qu’ils prétendaient servir était pour eux l’enjeu de ces luttes. Tous les moyens leur étaient bons pour triompher de leurs adversaires et ils ne reculaient pas devant les pires forfaits. Quand il s’agissait de se venger, ils allaient plus loin encore, accumulant les crimes sans se laisser arrêter par le souci de justice et du bien public et sans autre règle que leur caprice. Frappant leurs ennemis par des condamnations injustes, ou usurpant le pouvoir par force, ils étaient prêts à tout pour assouvir leurs besoins du moment. Ni les uns, ni les autres ne s’embrassaient de scrupules, mais on prisait davantage les hommes qui savaient mener à bien des entreprises détestables en les couvrant avec de grands mots… ».
UN "BUZZMAN" PLUS RICHE QUE DANGOTÉ ?
Crime de lèse-richesse ? Le Ghanéen Shatta Bandle affirme être plus riche que le premier africain du classement “Forbes”. Aliko Dangote a dû réagir à cette affirmation capricieuse
Au jeu machiste et ancestral de “celui qui urine le plus loin”, la concurrence est désormais déployée sur le terrain sonnant et trébuchant. En culture singulièrement, le secteur international de la musique urbaine et celui, africain, de “l’ambiance facile” ont fini de décomplexer l’outrance bling-bling. Pour exister sur la planète people, il est donc indispensable d’afficher voitures de luxes, destinations fastueuses et griffes commerciales largement inaccessibles. Et comme la concurrence de l’opulence fait rage, il ne suffit plus d’apparaître riche. Il convient d’être “plus riche”, voire “le plus riche”. La cible médiatique du “buzzman” ghanéen Shatta Bandle était donc tout indiquée : l’homme le plus riche d’Afrique…
Star autoproclamée de la jet-set, Bandle –de son vrai nom Firdaus Idrissu– devrait moins ses signes extérieurs de richesse à une créativité artistique qu’il dézingue qu’à la carrière d’homme d’affaires d’un mécène connu sous le nom de Dada Joe Remix. Quant au bouche-à-oreille qui l’a distingué d’autres candidats à la célébrité sans effort, il n’est peut-être pas étranger à sa situation de “diminutive personality” remarquée notamment dans un clip de P-Square. Le Ghanéen est un homme de petite taille, ce qui suscite toujours chuchotement curieux mais n’est plus un frein à la médiatisation, depuis les “Joséphine” et “Tyrion” de certaines séries télévisées à succès. L’accélérateur de carrière de Shatta Bandle étant l’exhibition de l’argent, le Ghanéen aussi surnommé « jeune, jeune nègre riche » a donc affirmé, dans une vidéo postée sur instagram, qu’il gagnait 80.000 millions de dollars par mois et que le Nigérian Aliko Dangote –homme le plus riche d'Afrique selon la vigie des fortunes “Forbes”– était son « enfant quand il s’agit de l'argent ».
Le solde exact des relevés bancaires valant moins, au règne du buzz, que l'écho des déclarations, l’annonce intempestive n’était guère digne d’intérêt, tant que Dangote n’y réagissait pas. Mais voilà que le sujet s’est glissé dans une question posée au président de Dangote Cement. Stoïque, le milliardaire nigérian a estimé qu'il n'était en concurrence avec personne : « si quelqu'un prétend qu'il est plus riche que moi, je ne vois pas de mal en ça. Le plus important est que je m’occupe de mes affaires et je me contente de ce que j’ai ». Comme une réponse plus grinçante à Bandle et sa culture de la célébrité fainéante, Dangote ajoute : « J’ai été reconnu par les travaux que j'ai fournis ».
Qu’à cela ne tienne, la coqueluche actuelle des réseaux sociaux ghanéens tient sa réponse à l’indifférence trop polie d’Al