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21 juillet 2025
L'ÉTAT VERSE-T-IL PLUS D'UN MILLIARD AUX HÉRITIERS DE SENGHOR ?
Un journal en ligne affirme que les héritiers de l'ancien président percevraient par an, plus d'un milliard FCFA au titre des droits d'auteur de l’hymne national du Sénégal. Qu'en est-il exactement ?
Africa Check |
Assane Diagne |
Publication 14/09/2019
« Plus d’un milliard c’est le montant perçu chaque année par les héritiers de feu Léopold Senghor, auteur de l’hymne national du Sénégal (…). Et ce jusqu’à soixante-dix ans après la disparition du Président », rapporte senedirect.net dans un article publié le 5 avril dernier.
« Pour rappel, cette somme concerne seulement les textes dont Senghor est l’auteur puisque la musique est d’Herber Pepper », précise l’article.
Nous avons enquêté pour savoir si les héritiers du premier président du Sénégal, décédé en 2001, perçoivent effectivement les revenus indiqués au titre du droit d’auteurs pour le texte de l’hymne national sénégalais.
Quelle est la source de cette information ?
L’article de senedirect.net est en réalité une reprise d’un article publié en 2011 par le site d’informations xibar.net. Il y est indiqué que c’est le Bureau sénégalais du droit d’auteur (BSDA) qui verse cette somme de plus d’un milliard de francs CFA aux héritiers de Senghor.
« Interpellée, la directrice (du BSDA) Abibatou Siby confirme : ‘‘ce sont les héritiers du président Senghor qui perçoivent le montant et cela avec les droits post-mortem jusqu’à 70 ans’’ », est-il écrit.
L’article ajoute : « Un exemple assez illustratif, la télévision nationale ouvre et ferme ses émissions avec l’hymne national et verse à chaque fois des redevances. Faites un calcul sur le nombre de fois que ces vers sont utilisés pendant les cérémonies officielles et autres, voilà ce qui explique la fortune empochée par les Senghor pour seulement cette œuvre ».
Le service de communication du ministère de la Culture et de la Communication nous a systématiquement renvoyés vers la SODAV «qui est l’organe exclusif en charge de réguler la question des droits d’auteur».
Le directeur de la Fondation Senghor, Raphaël Ndiaye, a dit ne pas disposer « d’informations suffisantes pour répondre » à notre question. « Rapprochez-vous de la famille (de Senghor) ou de la SODAV », nous a-t-il suggéré, tout comme Malick Ba, le conseiller juridique de la RTS, contrôlée par l’Etat.
« Aberrant et impossible »
« Je peux vous dire que c’est aberrant parce qu’en calculant les droits d’auteur (que nous versons) par an, nous ne faisons même pas un milliard. On ne peut donc pas verser un milliard par an aux héritiers de Léopold Sédar Senghor, ce n’est pas possible », a réagi le directeur juridique et des droits voisins de la SODAV, Youssou Soumaré.
« Je peux vous assurer qu’aujourd’hui, en versant tous les droits confondus, on ne fait même pas un milliard par an », a-t-il insisté.
Africa Check a demandé à M. Soumaré quelle somme exacte est donc versée aux héritiers de l’auteur des paroles de l’hymne national sénégalais.
Il nous a répondu : « Les droits d’auteur ont un caractère salarial, c’est donc un peu compliqué de devoir donner des informations concernant cela. Nous sommes désolés (…), nous avons une certaine limite, un droit de réserve, par rapport à certains éléments ».
Youssou Soumaré a toutefois précisé que le paiement ne fait pas annuellement mais plutôt par semestre. A titre d’exemple, il a dit que le dernier paiement concerne le premier semestre 2015 (six mois) pour montant total de 114,9 millions de francs.
La RTS verse une redevance globale
L’article de xibar.net repris textuellement par senedirect.net, explique en substance que cette somme de plus d’un milliard est atteinte grâce, notamment, au fait que la RTS paye une redevance à chaque fois qu’elle diffuse l’hymne national ; et également à chaque fois qu’il est joué lors d’une cérémonie « officielle et autres », les organisateurs versent une redevance.
« La RTS paye des droits d’auteur, au même titre que les autres radiodiffuseurs », a relevé Youssou Soumaré à Africa Check.
Soulignant un « contrat un peu à part » entre la SODAV et la RTS du fait de la « mission de service public et d’intérêt général » de cette dernière, M. Soumaré a précisé que « la RTS paye les droits sur la base d’un forfait annuel de 25 millions de francs CFA pour l’exploitation de toutes les œuvres du répertoire de la SODAV ».
« C’est un répertoire pluridisciplinaire, il y a de la musique, il y a des œuvres littéraires, il y a des œuvres lyriques, etc. Donc dire qu’un montant est versé aux héritiers de Senghor uniquement pour l’hymne national, ça ne se passe pas comme ça. La redevance de la RTS est une redevance globale », a-t-il expliqué.
S’agissant de la diffusion de l’hymne national lors des cérémonies, le directeur juridique et des droits voisins de la SODAV a confirmé que cela est soumis à un paiement des droits d’auteur. Il a indiqué, à cet égard, que « le caractère officiel ou non (d’une cérémonie) n’est pas un critère déterminant » pour le payement d’une redevance.
« En principe le paiement des droits est une exigence, dès qu’il y a communication au public, sauf en cas de communication dans le cercle familial ou au cours d’un service religieux », a relevé M. Soumaré.
Il a expliqué ensuite que « la Société de gestion collective peut tenir compte de certains critères pour revoir à la baisse les taux applicables au cas où l’Etat est impliqué (dans une cérémonie) en tenant en compte de la mission d’intérêt général ou du caractère social de la manifestation ».
Conclusion : le montant est exagéré
La somme exacte versée aux ayants-droit de Léopold Sédar Senghor, auteur de l’hymne national sénégalais, n’a pas été dévoilée, parce que revêtant « un caractère salarial » donc confidentiel.
Mais le directeur juridique et des droits voisins de la Sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV), Youssou Soumaré, a assuré à Africa Check que les redevances versées pour tous les droits confondus n’atteignent même pas un milliard par an.
Le Sénégal ne verse pas plus d’un milliard chaque année aux héritiers de Senghor pour les droits d’auteur des paroles de l’hymne national. La somme est donc exagérée.
PAR Mamoudou Ibra Kane
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N'OPPOSONS PAS !
Bachir et Boris sont les enfants de ce qui est appelé ailleurs et à une époque glorieuse : le siècle des lumières - Leurs vifs échanges sur le monument Cheikh Anta Diop à cela de bénéfique qu'il replonge tout un pays dans une époque qu'il croyait révolu
Dans sa chronique de ce vendredi, Mamoudou Ibra Kane avoue s’être délecté des joutes entre Souleymane Bachir Diagne et Boubacar Boris Diop, qui représentent deux très belles preuves que l’école sénégalaise a produit des joyaux. Et, de l’avis du journaliste, il ne faudrait pas y voir une quelconque raison d’opposer deux faces d’une même pièce qui ont permis le temps d’une semaine sombre, de faire jaillir la lumière. Pas plus qu’il ne faudrait opposer ceux qui composent notre commun vouloir de vie commune. Une façon pour MIK de se réjouir qu’une solution soit trouvée dans l’affaire de l’ISJA, laquelle ne doit jamais servir de prétexte pour nourrir un quelconque débat de bas-fonds.
L’ISRA TIRE SON BILAN
Revenant sur l’atelier de programmation scientifique et budgétaire des activités de recherches 2020 de l’Isra, Dr El Hadji Traoré relève que son institut est en train de dérouler, travaille à mettre «des activités de recherches de façon décloisonnée»
Une cinquantaine de chercheurs de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), sont en conclave depuis hier au Centre régional d’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (Cerass), de l’Ecole nationale supérieure agricole (Ensa).
Une session de formation d’une semaine initiée par l’Isra et qui s’inscrit dans le cadre de la programmation scientifique et budgétaire des activités de recherches 2020 dudit institut de recherches sénégalais.
Il s’agit, en effet, selon Dr El Hadji Traoré Directeur scientifique de l’Isra, de faire «un bilan des activités de recherches de l’année qui a écoulé et de nous projeter pour l’année qui vient». Il estime : «Nous mettons en place chaque année près de 200 activités de recherches. Mais ce qu’il faut retenir c’est que entre les deux dernières années nous avons pu mettre en place dans le domaine de productions végétales une quinzaine de nouvelles variétés en riz». Lesquelles variétés, selon Dr Traoré, «tiennent compte des différentes zones». Il cite : «Il y a le riz de mangrove, riz pluvial, riz d’irrigation», etc.
Aussi, l’Isra a-t-il mis en place «plus d’une dizaine de variétés d’arachide». Egalement il travaille «à ce que le fonio soit une culture bien connue». En plus des avancées significatives notées dans les productions végétales, l’Isra vient de mettre en place, dans le cadre de la santé animale, un vaccin pour la volaille. «Il y a beaucoup de maladies qui sont résistantes. Elles peuvent à la fois atteindre l’homme et l’animal, nous sommes en train de les surveiller. Et on vient de mettre en place un vaccin bivalent très important pour la volaille. Il permettra en une seule injection de lutter contre deux maladies phare de la volaille à savoir la Newcastle et la variole». Idem dans le domaine de la pêche entres autres.
Revenant sur l’atelier de programmation scientifique et budgétaire des activités de recherches 2020 de l’Isra, Dr El Hadji Traoré relève que son institut, dans le cadre de son plan stratégique 2018-2022, qu’il est en train de dérouler, travaille à mettre «des activités de recherches de façon décloisonnée». Il explique : «Il n’est pas pertinent que ceux qui font la recherche sur les productions et sur la santé animale soient d’un côté par rapport à ceux qui font la recherche sur les productions agricoles ou végétales ainsi que ceux qui font la recherche sur les productions halieutiques et aquacoles et sur l’environnement, etc.». Il faudrait, selon lui, «puisque nous nous adressons à une même personne, c’est-à-dire le producteur qu’il soit paysan, éleveur ou pêcheur, il est important que nous aussi qui sommes dans différentes domaines de recherches d’aller ensemble décloisonner pour nous adresser à la demande qui nous vient de ces producteurs».
Toutes raisons, selon lui, de la décision de l’Isra de regrouper «tous ses centres, toutes les 5 domaines de recherches, ensemble pour réfléchir pendant une semaine sur la programmation scientifique en vue de la préparation des comités scientifiques et techniques qui doivent se tenir dans la première semaine du mois de novembre».
Pour dire, selon le directeur scientifique de l’Isra, «la nouveauté principalement c’est d’avoir regroupé tous les centres, tous les laboratoires, toutes les activités de recherches, tous les domaines de recherches ensemble pour discuter».
LES VICTIMES PRESSENTENT UN COUP FOIREUX
Vendredi en fait les membres ont initié une marche de protestation car les 20 hectares que leur avait promis le Président Macky Sall sont en train de leur «filer entre les doigts» et ils comptent s’y opposer de manière catégorique
«Nous adressons nos sincères remerciements au Président Macky Sall ainsi qu’à toutes les autorités administratives pour ce début d’aboutissement (...) Le Président Macky Sall a encore pris une décision pour nous octroyer 20 hectares des 60 qui restaient à la Sipres», se réjouissait au mois d’août Omar Diop, membre du collectif des victimes de démolition à Tivaouane Peulh. Ils s’étaient réunis ce jour-là en espérant être arrivés à la fin de leurs peines. Le collectif avait crié victoire trop tôt malheureusement.
Vendredi en fait les membres ont initié une marche de protestation car les 20 hectares que leur avait promis le Président Macky Sall sont en train de leur «filer entre les doigts» et ils comptent s’y opposer de manière catégorique. «Nous ne nous laisserons pas faire quitte même à transformer le site en cimetière. Nous sommes prêts à y laisser nos vies», a martelé Omar Diop selon qui le ministre Abdoulaye Daouda Diallo et les services de l’urbanisme tentent de faire main basse sur cette surface. «Les services techniques (Cadastre, Urbanisme et Domaine) sont venus pour nous dire que le ministre Abdoulaye Daouda Diallo leur a dit que le président de la République a repris les 20 hectares pour les remettre à la Sipres (...) Si dans une semaine, cette décision n’est pas reconsidérée, nous allons assiéger le service des impôts et domaines de Rufisque puis celui de Dakar. Si les autorités campent sur leur position, elles n’ont qu’à venir nous prendre tous», a-t-il ainsi mis en garde.
Le porte-parole Ousmane Ndiaye a lui directement interpellé le chef de l’Etat. «Nous vous prions d’être ferme sur votre décision d’affectation de 20 ha au collectif des victimes de démolition de Tivaouane Peulh sur l’assiette de la Sipres que vous aviez prise à l’approche des élections», a-t-il exhorté.
Durant la procession qui a duré plus d’une heure entre les artères de la commune, les protestataires ont entonné des slogans hostiles comme ‘’ Gor sa wakhdia‘’, ‘’wakh wakhet‘’ et ‘’Abdoulaye Diallo respect’’ entre autres. Slogans visibles d’ailleurs sur les pancartes fièrement exhibées par les marcheurs qui exigent aussi le paiement des impenses. «Beaucoup parmi les 1796 victimes souffrent énormément. Les calculs d’impenses déjà faits par le service de l’urbanisme de Rufisque et les dossiers ont été transmis au préfet. Nous demandons à ce que ces impenses puissent revenir aux ayants droit», a noté Omar Diop.
«IL NOUS FAUT CONSTITUER UNE FORCE REELLE POUR APPELER L’ÉTAT ET LE MFDC AUX NEGOCIATIONS»
Ndèye Marie Thiam Diédhiou, reste persuadée que l’Etat doit négocier avec le Mfdc pour qu’on arrive à une paix définitive
La paix n’est pas devenue un mot banal chez les membres de la Plateforme pour la paix en Casamance (Pfpc). Et la présidente de la structure, Ndèye Marie Thiam Diédhiou, reste persuadée que l’Etat doit négocier avec le Mfdc pour qu’on arrive à une paix définitive. La Plateforme pour la paix en Casamance mobilise aujourd’hui à Dakar les femmes du pays pour un retour définitif de la paix dans la région méridionale. Mme Thiam évoque les nombreuses activités que son association -qui avait entendu les candidats à la Présidentielle pour qu’ils se prononcent sur leur projet pour la Casamance et s’engagent à impliquer les femmes dans le processus de résolution du conflit- a menées pour contribuer au retour de la paix en Casamance, persuader les protagonistes à travailler à se retrouver à la table des négociations, entre autres. Ndèye Marie Thiam Diédhiou plaide aussi, dans cet entretien, pour que l’Anrac soit placée au-dessus de toutes les organisations qui interviennent en Casamance.
Mme la présidente, vous allez marcher ce samedi à Dakar dans le cadre de la recherche de la paix. Quelles sont les motivations d’une telle activité ?
Ce 14 septembre, le consortium Unaam Kayraay, constitué de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance, Partner Global, Partner West Africa et Tostan, organise à Dakar la convergence nationale pour la paix en Casamance. Il s’agit pour nous, d’abord d’inviter toutes les femmes du Sénégal, de la Gambie et de la Guinée-Bissau à se joindre à leurs sœurs de la Casamance pour une implication de toutes les femmes du Sénégal dans la résolution de la crise qui sévit en Casamance depuis 37 ans. Cette crise connait aujourd’hui une évolution salutaire. Toutefois, l’implication des femmes dans sa résolution reste insuffisante. La deuxième motivation est la remise d’un livre blanc que les membres du consortium ont rédigé sur la résolution du conflit en Casamance, destiné au président de la République, au Mouvement de forces démocratiques de Casamance et aux organisations de la Société civile.
Quels sont les gens qui sont attendus à la manifestation de samedi ?
Nous avons convié toutes les femmes du Sénégal. Des délégations nous viendront de toutes les régions, de la Gambie et de la Guinée-Bissau, également sont invitées toutes les personnes éprises de paix. La rencontre va se tenir au Club olympique d’où partira une procession vers la Place du Souvenir africain où la convergence va se réunir avec des artistes qui vont aussi se produire et exprimer leur souhait de consolider la paix en Casamance. Pour terminer, il y aura la remise du livre blanc qui est le fruit du travail de la Plateforme des femmes à la suite des consultations publiques au niveau des 9 départements, de l’Ong Tostan, qui s’est investie au niveau des zones frontières pour des activités allant dans le sens de rétablir la cohésion sociale et aussi Partner West Africa, qui a travaillé à réunir des femmes des régions nord du Sénégal et leurs sœurs de la Casamance. Dans ce livre aussi, nous avons recueilli les besoins, les préoccupations et les propositions de sortie de crise des populations particulièrement des femmes.
Votre structure œuvre pour le retour de la paix définitive en Casamance. En l’état actuel des choses, que peut-on dire de ce que vous avez pu réaliser ?
Nous avons mené plusieurs actions de plaidoyer, aussi bien à l’endroit du président de la République que du Mouvement des forces démocratiques de Casamance. Nous avons parlé également aux populations du Sénégal surtout celles des régions de Casamance. Une de nos organisations membres, «Usoforal», a effectué une tournée nationale en 2014, pour sensibiliser les femmes sur leur implication dans la résolution de la crise. Ce qui explique d’ailleurs leur mobilisation à Dakar. Des rencontres communautaires nous ont conduits, en 2013, dans plusieurs villages de la Casamance. En 2018, nous avons organisé des consultations publiques dans les 9 départements de la Casamance, dans le but de recueillir l’avis des populations, leurs points de vue et leurs propositions de sortie de crise. Nous avons échangé avec les ailes politiques du Mfdc, chaque fois que nous avons eu l’occasion de les rencontrer, elles ont affiché aussi une volonté d’aller à la table des négociations. Ce fut un moment d’échanges sur les actions des femmes contribuant à l’instauration d’une paix définitive en Casamance. En 2019, nous avons recueilli les projets des différents candidats à l’élection présidentielle pour le retour de la paix en Casamance. Nous avons eu des travaux avec les femmes parlementaires pour les sensibiliser afin que le problème soit porté en plénière au niveau de l’Hémicycle.
Est-ce qu’on peut dire que la recherche de la paix va dans le bon sens ?
Nous avons de l’espoir. Beaucoup d’espoir d’ailleurs, parce que nous vivons depuis quelques années une accalmie. Et si cette accalmie existe, c’est bien grâce à l’Etat, au Mfdc, aux organisations de la Société civile et surtout aux populations qui l’accompagnent. Donc, on peut dire que nous sommes sur le bon chemin. Mais vivement que cette accalmie soit traduite en une paix définitive par des accords de cessez-le-feu.
L’engagement de l’Etat dans le cadre de la relance en Casamance des activités dans le domaine économico-social a-t-il joué un rôle pour l’avènement de cette accalmie ?
Bien sûr ! Nous saluons tous les efforts qui ont été consentis par l’Etat pour désenclaver notre région afin de relier la Casamance aux autres régions du Sénégal. Nous nous réjouissons de tout ce qui a été fait du point de vue développement de notre région. Nous saluons toutes les actions entreprises par l’Etat du Sénégal pour instaurer la paix en Casamance. Mais il faudrait, très rapidement, que l’Etat négocie avec le Mfdc pour qu’on arrive à une paix définitive.
Mais pour aller vers une paix définitive, il faut un Mfdc uni. Est-ce que vous avez remarqué des efforts dans ce sens, chez les combattants ?
Les combattants du Mfdc, en général, ont fait des déclarations en faveur de la paix. Nous avons vu que, de leur côté, beaucoup d’efforts ont été faits dans le sens de l’unité. Nous saluons tout cela. Mais, enfin, on peut toujours commencer les négociations avec toutes les personnes qui sont prêtes. Il faut aujourd’hui négocier avec toutes les personnes disponibles pour arriver à la paix dans la clarté et la transparence.
Il y a le Groupe de réflexion pour la recherche de la paix en Casamance (Grpc), dirigé par l’ancien ministre Robert Sagna, qui est actif sur le terrain aux côtés du président de la République. Quels rapports votre organisation entretient-elle avec cette structure ?
Nous avons d’excellents rapports (elle se répète). Certains membres de la Plateforme comme moi-même sont membres du Grpc. Donc, nous adhérons à toutes les actions de sensibilisation que le Grpc mène sur le terrain dans les zones les plus reculées. Nous sommes comptables de toutes les actions du Grpc.
Quels sont les obstacles à votre mission ?
Quelquefois de l’incompréhension : nous sommes une structure qui veut rester à équidistance des deux parties en conflit. Il arrive que les autorités administratives nous croient proches du Mfdc, il en va de même pour le Mfdc qui nous accuse à tort d’être du côté de l’Etat. Cette posture nous met à l’aise, quand les deux parties pensent que nous sommes penchés d’un côté ou de l’autre, car nous dénonçons en toute liberté toutes les entraves aux droits humains. Un autre obstacle qui se dresse sur notre chemin, l’absence des femmes dans le processus de négociation. Certains croient que les femmes n’ayant pas pris les armes, elles n’ont pas leur place à la table des négociations. Or, on oublie que les femmes étaient là au début du conflit, qu’elles ont accompagné la demande d’indépendance et qu’elles ont travaillé pour le retour de la paix. Les femmes et leurs enfants ont subi des violences pendant tout ce conflit armé. Elles ont remplacé leurs époux qui sont allés en guerre, qu’ils soient militaires ou combattants du Mfdc. Elles ont entretenu les familles le mieux possible. A partir de ce moment, les femmes ont leur mot à dire dans la gestion de cette crise en Casamance. En plus n’oublions pas que nous sommes dans une société où la femme traditionnelle a le devoir de s’impliquer dans la résolution des conflits.
Considérez-vous que le Président Macky Sall est un chef d’Etat qui a réussi là où ses prédécesseurs ont échoué en Casamance. Ou bien, c’est au nom de la continuité de l’Etat qu’il est en passe d’achever un chantier entamé par ces derniers ?
Je vois plutôt un président de la République qui a réussi à instaurer la plus longue accalmie. Mais cette accalmie-là, comme je le disais, elle n’est que momentanée. Et nous souhaitons qu’elle puisse réunir les acteurs autour de la table des négociations. Nous saluons également les initiatives qui se font en silence. Mais nous pensons que nous avons le droit de savoir ce qui est en train de se faire. Parce que les négociations se font au nom des populations de la Casamance.
L’Anrac (Agence nationale pour la relance des activités socio-économiques en Casamance) et le Ppdc (Projet pôle de développement de la Casamance) interviennent sur le terrain. A partir de votre posture d’observatrice, quelle évaluation faites-vous de leurs actions ?
L’Anrac est une structure qui a été mise en place suite aux accords de 2004 entre l’Etat et le Mfdc, à mon humble avis, il faut donner à cette structure toute son envergure et la doter de moyens suffisants afin qu’elle puisse remplir effectivement la mission qui lui est dévolue. En somme, l’Anrac devrait être une structure au-dessus de toutes les organisations qui interviennent en Casamance.
La tuerie de Boffa Bayotte revient souvent au-devant de l’actualité nationale. Quel regard portez-vous sur ce dossier ?
Il faut déplorer ce qui s’est passé à Boffa Bayotte et tous les autres actes de violence qui s’en sont suivis. Après Boffa Bayotte, il y a eu le ratissage de la forêt, des arrestations. Ensuite la tentative de sabotage du pont de Niambalang. Ces conséquences sont d’une extrême gravité. Et les populations en ont énormément souffert.
Les acteurs socio-culturels sont aussi impliqués dans la recherche de la paix. La Plateforme des femmes les a-t-elle approchés ?
Oui ! Aujourd’hui, nous travaillons avec toutes les organisations de femmes et de jeunes qui interviennent dans la recherche de la paix. Notre conviction est que toutes les organisations de Société civile devraient s’unir, harmoniser leurs actions pour pousser les deux parties en conflit à négocier. Il nous faut constituer une force réelle pour appeler l’Etat et le Mfdc à la table des négociations.
ACTIONS DE LA PLATEFORME DES FEMMES POUR LA PAIX EN CASAMANCE : Entre plaidoyer, sensibilisation et dialogue avec les acteurs
Le retour définitif de la paix en Casamance est le véritable sujet de préoccupation de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance. Depuis sa naissance en septembre 2010, cette structure, dirigée par Mme Ndeye Marie Thiam Diédhiou, s’est déployée dans les régions sud et les autres zones du pays. Objectif : porter le message de paix, faire du plaidoyer et sensibiliser les femmes et les autres composantes de la Nation sur la nécessité et l’urgence qu’il y a à faire revenir la paix dans la partie méridionale du pays. La Pfpc veut mobiliser autour d’elle les femmes «pour la construction de la paix en Casamance». Elle veut se «positionner comme partie prenante aux négociations conformément à la résolution 1325 des Nations unies». Mais aussi «amener l’Etat et le Mfdc à prendre en compte les propositions des femmes».
La Plateforme «développe des stratégies de plaidoyer pour la promotion de la paix et pour la réconciliation des populations, œuvre contre toutes formes de violence, de discrimination ou d’injustice faite aux femmes et aux enfants, développe des programmes de soutien aux couches vulnérables (et) contribue à la relance des activités économiques de la Casamance naturelle», renseigne le document de présentation de la Pfpc qui nous est parvenu. Plusieurs actions ont été réalisées par la Pfpc depuis sa naissance, il y a 9 ans. L’on note «une nuit de prière suivie d’une grande marche pour la paix le 11 janvier 2011, à Ziguinchor». Près de 5 000 personnes, toutes religions confondues (musulmane, chrétienne et traditionnelle), avaient pris part à cette mobilisation en faveur de la paix, renseigne-t-on. La stratégie d’intervention de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance tourne autour de trois axes : «Relancer le dialogue entre l’Etat et le Mfdc afin de promouvoir la reprise de négociations larges et inclusives pour un retour définitif de la paix en Casamance ; lutter contre les violences exercées sur les populations civiles par les porteurs d’armes et enfin de renforcer les capacités organisationnelles et institutionnelles de la Pfpc afin d’en faire un acteur dynamique de la Société civile en faveur de l’égalité des genres dans les processus de recherche de la paix.»
En 2012, la Plateforme des Femmes pour la paix en Casamance a lancé une pétition. Celle-ci «avait pour objectif de faire entendre la voix des populations casamançaises par rapport au conflit». «Elle exigeait de l’Etat et du Mfdc l’arrêt immédiat des hostilités et la tenue de négociations directes, franches et sincères pour la restauration de la paix définitive. Cette campagne enregistrera plus de 50 000 signatures à travers toute la Casamance.» Les femmes de la Plateforme pour la paix en Casamance saisiront l’opportunité que leur a offerte l’élection présidentielle de 2012 pour interpeller les candidats à la magistrature suprême «sur la situation que traverse la région naturelle de Casamance». «La Pfpc gagnera ses lettres de noblesse et réussira a marqué de son empreinte, le processus de paix en Casamance, suscitant par la même occasion l’attention de l’opinion publique nationale et internationale. Entre les deux tours, elle invitera les derniers candidats en lice, Messieurs Macky Sall et Abdoulaye Wade, à se prononcer sur leur projet pour la Casamance et à s’engager à impliquer les femmes dans le processus de résolution du conflit conformément à la R1325 des Nations unies», fait remarquer le document
Marche silencieuse pour la libération des 12 démineurs de Mechem
La lutte contre les mines antipersonnel mobilise aussi les femmes de la Pfpc. La prise d’otage des 12 démineurs de Mechem a poussé la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (Pfpc) à monter au créneau «pour exiger leur libération sans condition ainsi que la poursuite du déminage humanitaire». Une marche silencieuse fut organisée, à ce sujet, «à travers les artères de la ville de Ziguinchor le 22 mai 2013». «A la suite de cette manifestation qui a enregistré une forte participation de la jeunesse, 3 femmes parmi les 12 démineurs seront relâchées par le Mfdc. Leur libération sera suivie quelques jours plus tard de celle des hommes», rappelle la Pfpc. Auparavant, en avril 2012, elles mèneront «une campagne d’information et d’appel aux dons en faveur des populations en détresse du Sindian». Une attitude motivée «par la pose des mines et la persistance des affrontements entre l’Armée et le Mfdc dans l’arrondissement de Sindian, (qui) obligea les populations même les plus téméraires à fuir les zones d’insécurité». Cette initiative a permis «de récolter de nombreux dons en faveur des habitants de cette localité qui ne manqueront pas de manifester leur profonde gratitude à la Pfpc». Dans sa volonté de prendre contact avec l’ensemble des acteurs engagés dans le conflit, la Pfpc a tenu «des rencontres et dialogues avec certains responsables les plus accessibles du Mfdc». «Ces rencontres sont l’occasion de présenter la démarche de la Plateforme et d’écouter les positions de chacun, en vue d’élaborer des propositions pour les futures négociations de paix», explique-t-on encore.
Le Président Macky Sall n’a pas été indifférent aux activités de la Plateforme, puis qu’il l’a reçue «par deux fois». «D’abord le 27 juin 2012 en marge du troisième conseil des ministres décentralisé qui s’est tenu à Ziguinchor, ensuite le 17 mars 2014 lors du lancement du Pôle de développement pour la Casamance», renseigne la Plateforme pour la paix en Casamance. Qui indique que «lors de ces rencontres il s’est agi pour la Pfpc de rappeler au Président ses engagements pris devant les femmes notamment le respect de la R1325, son engagement à privilégier le dialogue, etc.». «La Pfpc obtiendra l’assurance du chef de l’Etat que les femmes auront leur place dans le futur cadre qui sera mis en place», annonce la structure dirigée par Ndèye Marie Thiam Diédhiou. Les rencontres communautaires, la Journée nationale et les journées régionales de mobilisation et de plaidoyer pour la paix, les rencontres et dialogues avec leaders religieux locaux comme Monseigneur Paul Abel Mamba, l’Imam Fansoun Bodian, le Roi d’Oussouye et le Roi de Calobone et les campagnes de sensibilisation et lutte contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles, entre autres réalisations, sont à mettre à l’actif de la Plateforme pour la paix en Casamance.
À MBOUR, AU COEUR DU MARCHÉ AUX POISSONS
Sur la Petite Côte, se tient l'une des plus grosses criées d'Afrique de l'Ouest. Un endroit où économie et culture maritime cohabitent allégrement
Il est 17 heures, la plage de Mbour au Sénégal, voit débarquer des centaines de pirogues multicolores. C'est l'heure du retour de pêche. Dans le fourmillement qui se joue là se niche une organisation réglée au millimètre. Mais d'où vient tout ce poisson ? Où va-t-il ? Ibou « sans H, car je dors la nuit » comme il aime se présenter, a vécu ici toute sa vie et connaît les réponses par cœur.
Le soir, après une journée de pêche
L'Atlantique est d'ordinaire plutôt calme à cet endroit de la Petite Côte. L'eau est cristalline, les baigneurs peu nombreux. Quelques chiens vagabonds piquent une tête ou dorment dans le sable. Mais 10 mètres plus loin, en fin d'après-midi, Mbour change de visage. Le bleu de l'eau disparaît sous les assauts des pirogues qui accostent.
Sur une boue difficile à identifier : mélange d'hémoglobine, de sang, de sel, de détritus divers, nos pieds pataugent et glissent. Mais ceux des dockers avancent à vitesse grand V depuis la mer jusqu'aux hangars. Équipés en 100 % caoutchouc, ils fendent la foule en direction des stands à approvisionner et des camions à remplir. Véritable festival de raies manta, bébés requins, poissons volants, barracudas, dorades, soles... Mais d'où vient tout le poisson ?
Un litre de jus de poisson frais s'échappe d'une caisse. Pas décontenancé du tout, Ibou commence à décrypter : « les caisses pèsent au moins 30 kilos chacune, les porteurs sont payés au nombre qu'ils rapportent. » Pas de temps à perdre. Les quantités et la diversité de poissons pêchés font tourner la tête. Ou peut-être est-ce l'odeur ? Sous 30 degrés, malgré la nuit qui commence à tomber, les pirogues ne cessent de déverser. Ibou explique, la mer au Sénégal est réputée pour être l'une des plus poissonneuses du monde. En témoigne le plat national, thiéboudienne, à base de dorade ! L'économie du pays tourne en grande partie autour de cette ressource.
La pêche, une économie qui a évolué
Au départ, la pêche servait à satisfaire les besoins nutritionnels de la population sénégalaise, déjà bien élevés : 23 kilos annuels par personne, contre 19 kilos en moyenne dans le reste du monde. Puis la pêche industrielle s'en est mêlée et le besoin a laissé place à l'outrance. Au point d'appauvrir les eaux du deuxième pays producteur de poisson d'Afrique de l'Ouest. Entre 400 000 et 500 000 tonnes chaque année seraient extraites de cette partie de l'océan Atlantique, selon un rapport de la Direction des Pêches Maritimes publié en 2018. Des chalutiers de Chine et d'Europe viennent se servir allègrement.
Bref, l'eau n'est plus si nourricière, mais l'économie du pays en dépend, insiste Ibou. Solution ? « Allez se servir chez le voisin mauritanien, qui pratique le “repos de la mer” et préserve mieux ses fonds marins. » Seul problème : depuis 2015, le traité de pêche entre la Mauritanie et le Sénégal est rompu. En janvier 2018, un pêcheur saint-louisien a été tué par des gardes-côtes dans le secteur mauritanien. Ibou maintient : « cette pratique illégale continue d'exister malgré les risques ».
Un marché bien organisé
Combien coûte le poisson au marché de Mbour ? Aujourd'hui, pas besoin de prendre de risques, la pêche était bonne. Pour preuve : le ara ne coûte qu'un centime d'euro. Côté business, c'est simple : « Plus on s'éloigne de l'eau, et plus les prix montent ». Donc il y a la mer, ensuite le bord de l'eau, puis la plage, les marches du hangar, le hangar, et les camions frigorifiques (pas frigorifiés du tout). À chacun de ces endroits, le poisson coûte un prix différent. Au bord des vagues, il est posé à même le sol, un peu plus loin il s'expose sur des étales et enfin, sous la halle, les meilleures espèces sont bien disposées comme à la poissonnerie. « Ce deux derniers points de vente sont le territoire des mareyeurs, véritables businessmen de la mer », précise Ibou. Enfin, il est entassé dans de gros camions pour être vendu ailleurs au Sénégal et en Afrique en général. « Beaucoup plus cher ! », s'exclame-t-il.
Un lieu, deux mondes
Dans le hangar qui grouille de monde, on patauge dans le jus de poisson frais. Pas de glace, on se bouscule sur un sol en terre battue, devenu gadoue. Les caisses de 30 kg se suivent à une vitesse folle, des poissons volent d'un stand à l'autre. Le nettoyage ? On verra plus tard. « Vous voyez ces caisses ? » Ibou montre des vieux congélos, passés du blanc au marron, avec le temps. C'est là qu'on stocke le poisson pour qu'il reste frais. « C'est rouillé, mais c'est pas grave ! » plaisante-t-il.
Qu'en est-il du côté où les poissons sont destinés à l'Europe ? Il est difficile d'accès. Le sol est carrelé, impeccable. Des bacs remplis de glace sont renouvelés régulièrement pour garder le poisson frais, personne n'est assis par terre pour revendre quoi que ce soit. À droite, un homme nettoie chaque caisse avant qu'elle reparte vers les pirogues pour être remplie à nouveau. Deux salles, deux ambiances. Même l'odeur n'est pas la même.
Des poissons qui « tombent », un autre marché pour les enfants
Retour sur la plage : « Vous voyez le poisson qui tombe là, on le ramasse même pas, ça ne vaut rien. » Ibou désigne le bord de l'eau où flottent quelques poissons. « Mais ça, partout au Sénégal où il n'y a pas la mer, ça vaut de l'or. » Un poisson s'échappe d'une caisse, mais celui-ci aura droit à un meilleur sort que les autres : un enfant l'attrape au passage. Mais que font tous ces enfants qui suivent les porteurs de poissons ?
Derrière la plupart des hommes se faufilent un ou deux enfants, ils ramassent les poissons tombés au sol et les glissent dans un sac plastique ou, à défaut, une poche. Qui sont-ils ? À peine le temps de se poser la question que l'un d'entre eux glisse son stock à vendre, sous le nez. Ibou le remercie avant de continuer : « C'est tout un système économique. Les pères sont payés à porter les caisses, les fils les suivent pour récupérer la marchandise qui s'échappe et revendre dans un coin plus discrètement. Ça multiplie les gains pour la famille. C'est pour ça qu'il y a autant de poissons qui nous tombent dessus, d'ailleurs » sourit-il.
Chacun a son rôle dans cette économie de la mer
Tout le monde a son rôle à jouer sur la scène du marché. « Vous voyez les femmes sous les pirogues ? On pourrait penser qu'elles ne font rien, elles attendent que leurs maris reviennent avec du poisson pour aller le vendre. » D'autres sont assises sur les marches du hangar et vendent des légumes pour accompagner la chair animale au dîner. C'est le poste de la sœur d'Ibou, installée entre deux consœurs, élégamment vêtue de wax bleue. Les dernières sont équipées d'appareils à broyer la viande, avis aux amateurs de boulettes !
Pendant ce temps, dans les coulisses...
Alors qu'on se faufile dans l'embouteillage humain et marin, Ibou s'arrête. Pause café ! Un peu partout, des pancartes « Nescafé » surplombent la foule. « C'est le McDo du pêcheur », plaisante le guide. On y boit sa dosette lyophilisée avec de l'eau bouillie comme on dégusterait le meilleur marc du monde. Et on retourne au charbon. Construit sur les ruines d'une base militaire, la criée de Mbour regorge de surprises. C'est un véritable lieu de vie, un endroit où la famille entière travaille, un endroit avec des échoppes où se restaurer… et de bars cachés, lieux privilégiés des hommes. On peut même y faire sa lessive : une laverie s'est installée là, « le matin les familles déposent le linge, partent en mer et le récupèrent en quittant le soir », explique Ibou. Après un court passage du côté des magasins de fruits de mer, on quitte le marché à la mode locale, en prenant le « TGV ». Entendez, « transport à grande vibration ». Traduction : une charrette et des chevaux. Il fait maintenant nuit noire sur la plage de Mbour, les pêcheurs sont rentrés. Il est l'heure de dîner. Et bien sûr, les sardinelles au feu de bois sont au menu. De quoi ponctuer une journée pas comme les autres.
Par Dr Oumar DIOUME
ALIOU CISSE : RUPTURE OU MISE A JOUR ?
La rupture comporte le risque de tout reprendre à zéro en vue de la Can 2021. Est-ce souhaitable ? De notre point de vue, il serait préférable d’opérer une mise à jour, des changements dans la continuité.
La rupture comporte le risque de tout reprendre à zéro en vue de la Can 2021. Est-ce souhaitable ? De notre point de vue, il serait préférable d’opérer une mise à jour, des changements dans la continuité.
Toujours avec Aliou Cissé comme coach. Un noyau existe dans l’équipe. Il est formé d’anciens de l’Equipe olympique de 2012. Ce sont Sadio Mané, Idrissa Gana Guèye, Cheikhou Kouyaté, Moussa Konaté et Saliou Ciss. Aliou Cissé était coach adjoint des Olympiques en 2012. Il connaît très bien les joueurs précités. Pourquoi ne pas adjoindre Abdoulaye Sarr à l’équipe de coaching de Aliou Cissé ? Cela ne diminue en rien le mérite de Aliou Cissé.
Aliou Cissé que nous avons soutenu dès le 31 mars 2015, alors qu’il venait d’être nommé le 5 mars 2015. Aliou Cissé que nous soutenons encore. Abdoulaye Sarr a une expertise avérée en matière de conception de fond de jeu collectif.
Expertise prouvée par Abdoulaye Sarr qui, avec Amara Traoré, a conduit les Lions en demi-finale de la Can 2006. Alors que Guy Stephan a été éliminé avec les Lions en quart de finale de la Can 2004 ! Et pourtant Guy Stephan a gagné la Coupe du monde 2018 avec la France, comme coach-adjoint de Didier Deschamps !
Selon nous, Abdoulaye Sarr est bien placé pour comprendre le paradoxe du cas de Sadio Mané. Sadio Mané, moteur de Liverpool pour Jürgen Klopp. Klopp l’a montré lors de la Remontada en match retour contre le Barça en Ligue des Champions en 2019. Une incroyable partie où Sadio Mané a évolué en électron libre, Salah et Firmino étant assis en tribunes. Sadio Mané qui, dans ce match, par un jeu sans ballon que Laye Diaw lui conseillait avec pertinence avant la Can, a embrouillé les joueurs du Barça au point que deux remplaçants des Reds en ont profité pour, marquant chacun un doublé, écraser le Barça. Si le Sénégal de la Can 2019 avait utilisé Sadio Mané en électron libre comme Klopp le fait, la face de la Can eût été autre. Des remplaçants comme Moussa Konaté et Pape Abdou Cissé auraient pu, en finale, être nos Wijnaldum et Origi !
Si le Sénégal avait été conscient qu’il n’était pas un favori dans cette Can 2019 comme Laye Diaw l’avait dit avec pertinence, l’Algérie ne nous aurait pas piégés en finale ! L’Egypte de Salah aussi se croyait favorite. Elle l’a payé ! L’Egypte comme le Sénégal, n’étaient pas conscients que le classement Fifa n’est pas un critère pertinent absolu de classement des pays. S’il l’était, plusieurs contre-exemples ne l’invalideraient pas de façon éclatante ! Contrexemple éclatant que l’Argentine qui, depuis 1994 avec les Battistuta, Crespo, Veron, Simeone, Claudio Lopez, Ortega, Di Maria, Messi et autres, n’a pas gagné une seule Coupe du monde ! L’Argentine avec Messi n’a même pas pu gagner une Copa America !
L’Allemagne a gagné la Coupe du monde 2014 sur la base du changement dans la continuité. Joachim Löw était en effet le coach-adjoint du coach Jürgen Klinsmann lors de la Coupe du Monde 2006. De l’équipe de 2006 Löw a conservé le noyau Lahm, Schweinsteiger, Podolski et Klose jusqu’à la victoire en Coupe du monde 2014. Le Sénégal doit aussi être conscient que la Can n’est pas une compétition facile à gagner !
La Tunisie a attendu presque 40 ans après une finale perdue à domicile en 1965, pour enfin la gagner en 2004 ! Le Cameroun a gagné sa première Can en 1984, douze ans après avoir été éliminé en demi-finale, en 1972 tout pays organisateur qu’il était ! Le Ghana court après une cinquième victoire en Can depuis 1982 ! Et pourtant, le Ghana a organisé la Can 2008 et a été éliminé à domicile en demi-finale et a perdu deux finales en 1992 et 2015 ! On pourrait écrire un article sur la difficulté à gagner la Can. Can qui est une compétition du niveau de la Coupe du monde, de l’Euro et de la Copa America.
Le Nigeria, vainqueur de la Can 1994, en a donné la preuve en gagnant le tournoi des Jeux Olympiques d’Atlanta en éliminant en demi-finale le Brésil des Ronaldo, Bebeto et l’Argentine des Ortega et Claudio Lopez. Brésil et Argentine des Jeux d’Atlanta, composés de la presque totalité des joueurs de ces deux équipes lors de la Coupe du monde 1998 où le Brésil était finaliste !
Ces rappels sont un appel à la réflexion, à la rigueur et à l’humilité. Ils sont fondés sur des faits. Le dernier en date est que le championnat local du Sénégal ne figurait pas parmi les 12 premiers championnats locaux d’Afrique avant la Can 2019. Une simple observation permet de constater que tous les pays vainqueurs de la Can, à l’exception de l’Ethiopie en 1962, ont au moins gagné une Coupe africaine de clubs, avant ou après leur victoire en Can.
Le Sénégal n’a jamais gagné une Coupe africaine de Clubs. Le Sénégal n’a atteint qu’une finale de la Coupe de la Caf en 1998 avec la Jeanne d’Arc de Dakar ! Il est vrai que la Guinée n’a jamais gagné la Can malgré les légendaires épopées du Hafia Club de Conakry (vainqueur de la Coupe d’Afrique des Clubs Champions en 1972, 1975 et 1977) et du Horoya Club de Conakry (vainqueur de la Coupe d’Afrique des Vainqueurs de Coupe en 1978). Il faut tout de même noter que la Guinée n’a perdu la Can devant le Maroc que lors de la dernière journée de cette Can organisée en mode championnat !
La Zambie de 2012 que les Sénégalais croyaient une proie facile en phase de poule à Bata, et que les Ivoiriens croyaient battre facilement en finale, ne nous avait pas surpris. Nous avions lors d’une table ronde le 7 janvier 2012 au stade Léopold Sédar Senghor, mis en garde en rappelant que Power Dynamos de Kitwe (2ème ville de Zambie) avait gagné la Coupe d’Afrique des Vainqueurs de Coupe en 1991 ! Un football local fort est une condition nécessaire pour gagner la Can. Claude Leroy, vainqueur de la Can 1988 avec le Cameroun, a échoué au Sénégal en Can !
Notons que le Cameroun, avec le Canon de Yaoundé et l’Union de Douala, a gagné plusieurs Coupes africaines de Clubs avant sa qualification en Coupe du monde en 1982 et sa victoire en Can en 1984 ! Hervé Renard n’a jamais parlé après sa victoire en Can 2012, du noyau des cinq joueurs Zambiens évoluant ensemble au Tout-Puissant Mazembe de Lubumbashi au Congo-Kinshasa. Tout-Puissant-Mazembe, Champion d’Afrique des Clubs en 2010 et Finaliste de la Coupe du monde des Clubs en 2010.
Les faits montrent donc que même en formant des génies comme Sadio Mané pour les exporter, il nous manque ce championnat local fort. Même avec Sadio Mané et Ismaïla Sarr, nous avons perdu la Can 2019. Nous avions souligné les qualités d’Ismaïla Sarr en 2015 après la Can U20 dans une interview à un quotidien de la place. Son talent et celui des Mané, Koulibaly et autres, n’ont pas suffi pour gagner la Can 2019. Réveillons-nous, pansons nos blessures et créons un championnat local fort.
Dr Oumar DIOUME
Ingénieur Télétrafic, Expert Uit
Analyste en Football
Par Elimane BARRY
LETTRE OUVERTE A LA PRESIDENTE DIRECTRICE-GENERALE DE FRANCE MEDIA MONDE
Madame la présidente, depuis que la Bbc a braqué ses radars autour de la question d’Afrique économie, je ne reconnais plus ma radio préférée parce qu’elle passe tout son temps à demander alors on dit quoi ou ko mbidon en peul.
Madame la présidente, depuis que la Bbc a braqué ses radars autour de la question d’Afrique économie, je ne reconnais plus ma radio préférée parce qu’elle passe tout son temps à demander alors on dit quoi ou ko mbidon en peul.
Pourtant c’est elle qui me réveille chaque jour tôt le matin dès que le coq chante par des appels sur l’actualité qui font des échos ici des échos ailleurs mais comme je n’en ai aucune idée, je vais vous le dire de vive voix.
En fait chaque soir, je fais tout pour écouter le monde afin de comprendre la marche du monde mais je n’entends que chronique des médias et chronique des droits de l’Homme, pourtant vos rivaux font de pertinentes chroniques des matières premières. Vous croyez que c’est (ça) la vie ? Je suis vraiment désolé, et c’est pas du vent. Autant dire de Charlotte et sa lancinante parlotte. Madame la présidente, nous voulons un vrai décryptage dans le débat du jour. Donc pour cela, il faut que les guignols de l’info sortent de l’atelier des médias. Nous sommes 7 milliards de voisins qui vous écoutent, pas seulement ici l’Europe mais dans le monde entier, bien que nous vous attendons au carrefour de l’Europe.
Malgré tout, nous vous disons chaque jour ça va ça va le monde, et vous répondez instantanément bonjour l’Europe avec un accent du monde dans aujourd’hui l’économie. En sol majeur, Yasmine Chouaki s’escrime à nous faire miroiter l’Afrique en marche. Toutefois nous exigeons une critique sans complaisance des dirigeants africains dans la géopolitique, le débat. Sinon à quoi serviraient alors les dessous de l’infox ?
Cependant, madame la présidente, notre priorité (c’est la) santé à cause de la fuite de nos cerveaux et de la maladie de nos hôpitaux. Raison pour laquelle on entend à peine les musiques du monde. En plus, la bande passante fait tellement de bruit pendant Afrique matin, Afrique midi, Afrique soir, voire même à l’heure de orient hebdo, et cela durant toute une semaine d’actualité. Mais j’espère que tout ça vous m’en direz des nouvelles. Il va sans dire que le débat africain ne regrette pas la très brave Madeleine Moukama Bano bien que, à chaque fois que nous écoutons archives d’Afrique nous regrettons les grandes voix de l’Afrique sans oublier ma défunte émission préférée médias d’Afrique.
Toutefois Afrique presse sous la houlette de «l’inénarrable, l’impondérable, l’inimitable Salifou Sanogo», que dis-je, Assane Diop vient à la rescousse d’une presse africaine indépendante qui croule sous le poids de la pression fiscale. Madame la présidente, veuillez augmenter et le salaire et le temps des présentateurs de couleurs tropicales, le club Rfi, la chronique de Mamane et surtout de légendes urbaines d’autant plus qu’ils nous divertissent tant, et du coup nous facilitent la vie ici dans l’attente d’un afrofuturisme.
Le Sénégal va jouer en match amical contre le Brésil à Dhaka, au Bangladesh, en octobre prochain. Un match très attendu du côté de l’instance fédérale, mais également par le staff technique qui aura l’occasion de revoir son groupe avant le début d’une nouvelle aventure. Pour ce match contre l’équipe de Neymar, mais aussi pour celui du début des éliminatoires de la Can 2021, en novembre prochain face au Congo, le sélectionneur national, Aliou Cissé, devrait rester dans la continuité de la Can 2019 où les Lions ont été finalistes, nous souffle une source. Même si, «il n’est pas à écarter le retour d’anciens, mais aussi de nouveaux joueurs pour préparer le futur», précise-t-elle.
Et sur ce chapitre, on apprend que les noms de Lansana Faye et Moussa Ndiaye circulent ces derniers jours. Deux jeunes défenseurs évoluant respectivement aux postes d’arrière gauche et de défenseur central. Lansana Faye né aux Pays-Bas et âgé seulement de 19 ans, évolue au Vitesse Arnhem. Il a longtemps exprimé le vœu de rejoindre la Tanière. Alors que Moussa Ndiaye (Excellence Foot), élu meilleur footballeur de la Can U20 au Niger en février dernier, a également été la grande révélation lors du dernier Mondial de la catégorie en Norvège. Deux profils intéressants pour pallier l’absence de Youssouph Sabaly, opéré du genou et qui sera indisponible plusieurs semaines. La Tanière devrait également enregistrer l’arrivée de l’attaquant du Fc Metz, Habib Diallo, auteur d’une bonne saison, mais aussi les retours d’anciens de la Tanière, comme l’attaquant Famara Diédhiou, des milieux de terrain, Sidy Sarr ou encore de Mamadou Loum Ndiaye (Fc Porto).
L’équation des joueurs en manque de temps de jeu
En fait, l’un des gros chantiers de Aliou Cissé pour composer une liste équilibrée, reste le manque de temps de jeu de certains joueurs. En plus des mouvements notés un peu partout, le début de saison semble difficile pour beaucoup d’entre eux. A l’exception de quelques rares titulaires dont Idrissa Gana Guèye avec le Psg, Sadio Mané avec Liverpool, les Rennais Mbaye Niang et Edouard Mendy, Kalidou Koulibaly à Naples ou encore Ismaïla Sarr à Watford. Pour d’autres, l’année se termine difficilement. C’est le cas de Pape Alioune Ndiaye, Alfred Ndiaye ou encore Diao Baldé Keïta. Une équation pour «Coach Cissé» contraint de revoir sa fiche pour les deux prochains matchs. Pour ne pas dire, pour l’horizon 2022.
Cap vers le Mondial 2022 au Qatar
Il faut en effet dire que la nouvelle orientation de l’instance fédérale et du staff technique est de se projeter sur le prochain Mondial 2022 au Qatar. Une condition sine qua non pour rester la meilleure Nation africaine, mais aussi, l’une des meilleures au monde. La dernière qualification au Mondial, 17 ans après, a eu un impact positif au niveau du football sénégalais, tant sur le plan sportif que financier. L’instance fédérale est de plus en plus autonome et le «Sénégal du foot» ne manque de ressentir les retombées d’une telle qualification. Du coup, un retour à la fête du football planétaire dans trois ans devrait permettre aux Lions de se rapprocher davantage des meilleurs et naturellement du titre continental qui reste et demeure un objectif primordial. Ce qui entre en droite ligne avec la nouvelle politique adoptée par l’instance fédérale et le staff technique national. D’où l’ambition de disputer des matchs amicaux contre des nations de grand football comme le Brésil. «L’objectif, c’est de se frotter aux meilleurs. Il y a Belgique, l’Espagne, la Croatie, la France. On doit aspirer désormais à jouer contre ces équipes», conclut notre source.
HABIB BEYE REJOINT LE STAFF DE POISSY
Le consultant de Canal Plus qui n'a jamais caché son envie de se rapprocher des terrains et d'embrasser dans le futur, une carrière d'entraîneur, a l'occasion d'apprendre avec le club de national 2
Le consultant de Canal Plus a rejoint l'équipe de Laurent Fournier, qui évolue en National 2.
Habib Beye (41 ans) a intégré le staff de Laurent Fournier à Poissy. Le club des Yvelines évolue en National 2 (quatrième échelon français). Le consultant de Canal Plus n'a jamais caché son envie de se rapprocher des terrains et d'embrasser, pourquoi pas dans le futur, une carrière d'entraîneur. À Poissy, il va tenter d'apporter son expérience et d'apprendre aux côtés de Laurent Fournier, entraîneur expérimenté qui a notamment officié en Ligue 1, à Bastia (octobre 1998-avril 1999), au PSG (février à décembre 2005) et à Auxerre (2011-mars 2012).
Poissy est actuellement 11e de National 2. Le club a réussi un joli coup sur le marché des transferts avec l'arrivée de Mounir Obbadi.