Macky Sall à Yokohama
Après le Sommet du G7 de Biarritz, le Président Macky Sall est arrivé hier au Japon.Il va prendre part à la 7e Conférence Internationale sur le Développement de l’Afrique de Tokyo (Ticad) organisée à l’initiative du Gouvernement japonais conjointement avec les Nations Unies, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), la Commission de l’Union africaine et la Banque mondiale. Ainsi, plus de 4.500 participants, notamment des chefs d’États et de gouvernements, des représentants d’organisations internationales et régionales, du secteur privé, d’Ong et de la société civile sont attendus à Yokohama.
Un jeune décède d’un malaise en plein match
Les décès sur les terrains de football commencent à devenir fréquents. Agé de 21 ans, Youssou Keita est décédé hier sur un terrain de foot à la Patte d’Oie. Alors qu’il était en train de jouer avec ses amis, le jeune homme a fait un malaise. «You Verrati Keita» comme il se faisait appeler était un férus du ballon rond et aspirait à intégrer le football professionnel. Hélas, son rêve ne se réalisera jamais. La grande faucheuse l’a emporté. Youssou Keita sera inhumé aujourd’hui au cimetière musulman de Yoff.
Sonko ouvre le dossier du Fer de Falémé
Alors que le dossier des 94 milliards Fcfa qui a fait l’objet d’une Commission d’enquête parlementaire n’est pas encore bouclé, le leader du Pastef va lever un autre lièvre. Cette fois, Ousmane Sonko s’attaque au dossier du fer de la Falémé. Comme annoncé alors par le responsable du Pastef de Dakar, Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko va faire des révélations sur le fer de Falémé à l’occasion du point de presse qu’il anime aujourd’hui. Il s’agit d’un autre scandale, disent ils, comme les 94 milliards Fcf.
La médiation des anciens du Pds sollicitée
Depuis le remaniement survenu au sein du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), les libéraux se déchirent et se déchainent les uns contre les autres en se donnant en spectacle. Selon Abdou Gilbert Niassy, le président de «l’Alliance des Compagnons de Karim», ceux qui sont promus manquent de modestie dans leur triomphe et ceux qui sont déchus semblent s’aigrir. Il appelle ainsi ses frères de parti à se ressaisir et à cesser surtout à s’attaquer par médias interposés. Pour éviter une cassure au parti, Abdou Gilbert Niassy invite les anciens et les sages du Pds, comme de bonne tradition sous nos tropiques, à s’autosaisir et se constituer en un cadre de réflexion et de règlement de cette affaire. Il s’agira pour eux de rencontrer les uns et les autres, de les écouter, de recueillir leurs opinions et de les ramener dans le giron libéral. En faisant cela, indique le président de l’Alliance des Compagnons de Karim, les anciens du parti rendront un énorme service à la formation libérale.
Il baptise son bébé Sadio Mané
On ne peut pas être fanatique de Sadio Mané que de Mbaye Mbengue. Très admiratif de l’enfant de Bambali, son plus grand rêve était d’avoir un fils qu’il baptiserait Sadio Mané. Bien que n’ayant jamais vu l’international sénégalais, cet habitant de Keur Ngaye dans la commune de Ida Mouride (Koungheul) vient de concrétiser le souhait qu’il a nourri et longtemps mûri. En effet, Mbaye Mbengue a baptisé son bébé Sadio Mané Mbengue. Le nouveau-né attire déjà bien des curieux.
Khalifa Sall
Les Khalifistes, qui sont choqués par la dernière sortie du Président Macky Sall par rapport à l’éventualité d’une grâce, vont déverser leur colère sur le chef de l’Etat jeudi prochain. D’autant qu’ils ont appelé à une grande mobilisation jeudi prochain qui coïncide avec les 900 jours de détention de Khalifa Sall à la prison de Rebeuss. Ils vont ainsi apporter une réplique foudroyante au Président Sall et réaffirmer leur soutien indéfectible au leader de Taxawu Senegaal. Le rassemblement des Khalifistes se tiendra à la permanence Pape Babacar Mbaye à Grand Yoff.
Seynabou Ndiaye Diakhaté
Seynabou Ndiaye Diakhaté est reconduite à la tête de l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac) pour un mandat de trois ans, d’après nos confrères de «Sud Fm». Plus chanceuse que son prédécesseur Nafi Ngom Keita qui a vu son mandat écourté, Seynabou Ndiaye Diakhaté bénéficie ainsi d’un second mandat. Elle va poursuivre avec son équipe les investigations sur des dossiers aux relents de corruption.
Me El hadj Diouf
Le tribunal de Dakar a été le théâtre d’une violente dispute entre Me El Hadj Diouf et un agent contrôleur de la Banque de l’Habitat du Sénégal (Bhs). D’après nos confrères de «seneweb», assurant la défense d’Ousseynou Kane, un agent accusé d’avoir détourné près de 100 millions des caisses de ladite banque, Me ElDiouf s’est défoulé sur le contrôleur M. Diaby, le représentant de l’institution financière. «Votre rôle est-il de contrôler Ousseynou Kane ou tout le monde ? Apparemment, vous ne foutez rien du tout car si vous aviez bien fait votre travail, on n’allait pas en arriver là», a lancé le tonitruant avocat. Des propos suivis d’une bordée de diatribes. Mais la réplique du représentant de la Bhs n’a pas tardé : «Je ne vais pas vous répondre, car vous avez utilisé des mots grossiers à mon endroit». N’ayant pas apprécié la scène, le président du tribunal correctionnel de Dakar a recadré les deux hommes.
Chef d’agence de la Bhs
Ne quittons le procès sur cette affaire d’escroquerie, de faux et usage de faux en écritures de banque et blanchiment de capitaux à l’agence de la Banque de l’Habitat du Sénégal (Bhs) de Matam. Le parquet a requis une peine de trois de prison contre le chef d’agence Ousmane Kane et 6 mois de prison avec sursis contre ses complices, en l’occurrence les deux cassiers Mahib Touré et Fama Thiam. Ils se livraient à des virements irréguliers dans les comptes bancaires de NafiKane, sœur du prévenu et de Pape Ousseynou Diouf, ami du prévenu. Ousmane Kane avait ouvert deux comptes bancaires au nom de ces derniers et il demandait, chaque fin du mois, aux deux caissiers de faire des virements dans ces comptes avant d’aller récupérer tout l’argent. Ainsi, il a réussi à détourner 95 millions Fcfa au préjudice de la Bhs. Les mis en cause ont tous reconnu les faits qui leur sont reprochés avant de s’engager à rembourser la totalité du montant détourné.
Bacheliers de la série STEG déboussolés…
Les nouveaux bacheliers de la série «Sciences et technologies de l’Economie et de la Gestion» (STEG) ex-série G sont dans le désarroi. Non seulement ils n’ont toujours pas reçu leurs attestations de Baccalauréat, mais aussi ils ne peuvent pas s’inscrire sur la plateforme «Campusen» pour être orientés les dans universités publiques. Hier, ils se sont donné rendez-vous devant l’Office du Baccalauréat pour réclamer leurs attestations. Certains parmi eux qui ont des préinscriptions à l’étranger risquent d’être forclos. Ils menacent de durcir la lutte, si une solution n’est pas trouvée le plus rapidement possible.
…Les assurances du Directeur de l’Enseignement Supérieur
Restons avec cette affaire. Et c’est pour dire que plus laxistes que nos autorités, on meurt. Le Directeur de l’Enseignement Supérieur n’a pas tardé à réagir, en reconnaissant tous les griefs des nouveaux bacheliers de la série STEG. Les autorités ont mis la charrue devant les bœufs. Elles ont engagé une réforme sans prendre les mesures nécessaires. En fait, le Pr Amadou Abdoul Sow invite les potaches à patienter parce que pour leur inscription à l’Office du Bac, une procédure particulière sera mise en place ultérieurement. Idem pour leur inscription sur la plateforme «Campusen» pour leur admission dans les établissements publics d’enseignement supérieur. Pr Amadou Abdoul Sow rassure qu’ils seront informés dès que toutes les dispositions seront prises.
Dealer de drogue
Chassez le naturel, il revient au galop ! Après dix longues années passées en détention à la maison d’arrêt et de correction de Thiès pour trafic et détention de chanvre indien, Vieux Gueye est à nouveau tombé dans les mailles du filet. Fraîchement élargi de prison, l’homme marié à trois épouses et père de quatre enfants, a été arrêté par les éléments de l’Ocritis à Diourbel. Au moment de son interpellation, cet inconditionnel de la drogue était en train d’effectuer une transaction avec un autre individu en plein centre-ville. D’après certaines sources bien informées, Vieux Gueye dont les moindres mouvements étaient épiés par les forces de l’ordre, aurait été pris en flagrant délit, alors qu’il effectuait une transaction douteuse avec son «ami». N’ayant opposé la moindre résistance, tout comme son présumé complice, il a été alpagué, avant d’être placé en garde à vue au commissariat urbain de police de Diourbel. Tous deux présentés au procureur avec la drogue mise sous scellée, ils ont été inculpés pour cession, détention et usage de drogue et placés sous mandat de dépôt à la prison de Diourbel. Et à moins d’être jugés devant la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Diourbel, Vieux Gueye et son présumé complice feront face aux juges des flagrants délits pour répondre des charges qu’ils ont pourtant réfutées à l’enquête.
Elles sont une petite trentaine en grève et habitent hors ou aux portes de Paris. Elles viennent du Sénégal, du Mali ou du Congo et sont chargées de faire le ménage dans les 700 chambres de l’hôtel depuis 2, 5 ou 10 ans
Bondy Blog |
Latifa Oulkhouir |
Publication 27/08/2019
En grève depuis mi-juillet pour l'amélioration de leurs conditions de travail, les femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles ne comptent rien lâcher. On vous raconte l'histoire de Mama N'Diaye, femme de chambre gréviste et avec elle celui de leur combat et de leur quotidien.
Cela fait plus de cinq semaines qu’elles occupent le devant de l’hôtel Ibis imposant et gris des Batignolles. Elles sont là chaque jour entre 9h et 17h environ. Elles ont installé une petite table sur laquelle trônent une caisse de solidarité, des tracts en français et en anglais à en-tête de la CGT, quelques poêles dont elles se servent comme cymbales et une sono qui crache, entre autres, un tube du chanteur ivoirien DJ Kerozen. « Tous ceux qui ont gagné sont des gens qui ont bataillé », clame-t-il. La bande son est choisie.
Une grande partie des femmes de chambre de l’hôtel sont en grève et il est difficile de ne pas les entendre. Demandez aux agents de sécurité à l’entrée ou aux touristes qui entrent et sortent de l’hôtel toute la journée. Parmi leurs seize revendications : une diminution de la cadence, un arrêt des mutations et l’embauche des salariés de la sous-traitance STN par l’hôtel Ibis Batignolles.
Métier : femme de chambre
Elles sont une petite trentaine en grève et habitent hors ou aux portes de Paris. Elles viennent du Sénégal, du Mali ou du Congo et sont chargées de faire le ménage dans les 700 chambres de l’hôtel depuis 2, 5 ou 10 ans. Parmi elles, il y a Mama N’Diaye. Elle fait partie de ceux que l’on appelle pudiquement « travailleurs pauvres » dans les rapports économiques ou les médias. Mais elle fait surtout partie des ces femmes que l’on croise tous les jours même sans les voir. Elles nettoient les bureaux, refont les lits, aseptisent les toilettes. Et ont une histoire.
Mama N’Diaye a 40 ans, elle habite Montreuil et est arrivée en France en décembre 1995. Elle a commencé à travailler en 1996. Elle faisait des tresses. Puis est devenue gouvernante à Saint-Mandé, chez des particuliers. Elle le dit avec fierté. Elle a aussi fait de la garde d’enfants, de personnes âgées. Elle a été animatrice dans des écoles. Elle rappelle qu’elle, son métier, c’est aide-soignante mais « il n’y avait pas beaucoup de places au concours ». Elle est devenue femme de chambre car c’est plutôt facile de trouver une place. « C’est un métier où l’on ne chôme pas ». Avant l’Ibis Batignolles, où elle est arrivée grâce à une amie, elle avait travaillé dans deux autres hôtels.
Je ne suis pas une machine
Cela fait maintenant dix ans qu’elle officie là, dans ce gigantesque hôtel qui est un des plus grands de la chaîne. Et l’année qui vient de s’écouler n’a pas été simple. Mama N’Diaye a eu une tendinite qui l’a obligée à rester chez elle durant plusieurs semaines avant de reprendre à mi-temps. Un mi-temps thérapeutique, sa tendinite ayant été reconnue comme maladie professionnelle. « Les draps que l’on change, les vitres que l’on nettoie, les poussières, tout ça jusqu’à ce que nos muscles, ça n’aille plus ». Au lieu des 21, Mama N’Diaye ne fait donc plus que 9 à 10 chambres en trois heures. Mais elle se bat pour les autres et leur cadence à réduire. Aujourd’hui, elle est à 3 chambres et demi à l’heure, les femmes de chambres réclament un passage à 2 chambres et demi à l’heure. Faire une chambre en 17 à 20 minutes, c’est impossible selon elle. « Enlever les serviettes et les draps sales, mettre les produits, aérer, passer l’aspirateur, la serpillière. Tout ça, ça prend du temps, rappelle-t-elle.Je ne suis pas une machine. »« Le problème aussi, c’est qu’il y a des filles ici, qui font jusque 50 chambres par jour et on ne leur paie jamais les chambres supplémentaires ou on leur propose de poser des jours. Ils profitent trop de nous. »
Elle raconte également comment le travail l’a épuisée à l’époque où avant de venir travailler à l’hôtel, aux alentours de 9h, elle se levait à 4h, prenait le premier métro pour se rendre à la Défense et faire le ménage dans les bureaux entre 7h et 8h. « J’ai arrêté car j’ai eu des problèmes de tension, je ne dormais pas assez ». Ce rythme-là, certaines autres femmes de chambre le tiennent encore pour des raisons financières. En moyenne, une femme de chambre perçoit une rémunération comprise entre 800 et 1100 euros.
Mama N’Diaye fait partie des femmes de chambre que le sous-traitant STN veut muter dans un autre hôtel, à Marne-la-Vallée. « Ils me disent que je leur fais perdre de l’argent car je ne fais plus que 9 chambres mais c’est le médecin du travail qui m’a dit ça ». C’est la troisième des revendications des femmes de chambre : « arrêt des mutations des salariées partiellement inaptes et des mutations non justifiées de manière générale ».
6 semaines de grève et une détermination intacte
La femme de chambre remarque que la situation s’est détériorée depuis l’arrivée du sous-traitant STN il y a trois ans et analyse la situation de manière simple et lucide : « eux, ils ne connaissent pas notre souffrance, et ils se disent qu’on est des Africains et qu’on ne connaît rien à part l’argent, mais ici on est dans un pays de droits et de loi ».
Ce jour-là, leurs délégués étaient en réunion de négociation. Lorsque des membres de la STN apparaissent, les femmes de chambre les accueillent à coups de « STN voleurs » ou « STN dégage ». Aucun accord n’a pour l’instant été trouvé. « Et toi, qui va payer ton loyer ? » s’interrogent les femmes entre elles et en riant.
Leur inquiétude n’a aucune prise sur leur détermination. « On va jusqu’au bout, même si on doit rester là jusqu’en 2022, on va jusqu’au bout, on est déterminés quoi ». Le rire dans lequel Mama N’Diaye a dit cette phrase ne laisse aucune place au doute. « Si je travaille, si je me bats, c’est pour mes enfants de 12 et 19 ans et ils me soutiennent ».
Les finances et la santé de Mama N’Diaye sont un peu trop fragiles pour se permettre des vacances. Ça fait 6 ans qu’elle n’est pas allée au Sénégal. Elle et son mari travaillent pourtant et lui aussi la soutient, « il fait à manger quand je rentre et que je suis trop fatiguée. Ce travail, ça rend KO ».
Les femmes de chambre de l’Ibis Batignolles entrent dans leur sixième semaine de grève, sans que rien ne semble les déstabiliser, pas même la devanture grise du Pôle Emploi situé juste en face de l’entrée de l’hôtel. « Il y a des gens qui sont en haut, qui ne nous aiment pas et qui disent qu’on ne va pas gagner mais rien ne peut nous arrêter ».
Sur le sol, devant l’hôtel, des milliers de petits confettis rectangulaires « faits maison ». Les grévistes ont patiemment découpé des dizaines de magazines aux ciseaux. Une autre idée, s’il en fallait une, de leur détermination.
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L'AFRIQUE, L'AUTRE TERRE DU REGGAE
Même si la philosophie héritée de Bob Marley - se libérer de l'esclavage mental, résister à l'oppression, se battre pour ses droits - a largement infusé le reggae africain, celui-ci a réussi à trouver sa propre voie
Entre l'Afrique et le reggae, l'histoire d'amour musicale dure depuis près de quarante ans. Le reggae africain a ses stars : Alpha Blondy, Lucky Dube, Tiken Jah Fakoly, et ils sont nombreux à vouloir leur emboîter le pas. Même si la philosophie héritée de Bob Marley - se libérer de l'esclavage mental, résister à l'oppression, se battre pour ses droits - a largement infusé le reggae africain, celui-ci a réussi à trouver sa propre voie, notamment grâce aux sonorités africaines et à l'emploi des instruments du continent.
L'ALCOOL, NOUVELLE PLAIE DE L'AFRIQUE, POURSUIT SA PROGRESSION
Jusque-là, l'Afrique consommait peu d'alcool, protégée notamment par les interdits religieux. Mais le continent est le dernier terrain à conquérir pour les alcooliers, et ils mettent la pression
France Télévisions |
Jacques Deveaux |
Publication 27/08/2019
La consommation d’alcool en Afrique ne cesse de s’accroître et inquiète autorités locales et instances internationales. Même si, comme le dit l'Agence Ecofin,"contrairement aux idées reçues, l’Afrique, dans son ensemble, n’est pas un continent très porté sur la bouteille. Bien moins que les Européens."
En effet, quand la moyenne européenne se situe à 10/12 litres d’alcool pur par an et par habitant, le champion africain, le Gabon, ne consomme "que 9 litres". Mais, premier bémol, si on exclut les populations abstinentes, notamment pour des critères religieux, le chiffre s’emballe. Du coup, les pays musulmans deviennent de mauvais élèves. Il y a peu de buveurs, mais de très gros buveurs. Au Tchad, cela frôle les 34 litres par personne non abstinente.
L’alcoolisme en Afrique est totalement ignoré. On parle d’Ebola, du sida, du paludisme, mais très peu des risques de la consommation d’alcool. Et l’industrie l’a bien compris qui fait du continent un marché à conquérir. Une zone de développement dans un marché mondial qui stagne. A côté de programmes de responsabilisation sociale, les brasseurs créent des gammes "low-cost" ou des bières moins alcoolisées. La filière met en avant des bières locales, jouant ainsi sur la corde sensible du nationalisme.
Ainsi en 2017, la croissance du secteur de la bière a été trois fois plus élevée en Afrique que dans le reste du monde. Cette année-là, Heineken, associé au distributeur CFAO, investit 150 millions d’euros à Abidjan (Côte d'Ivoire) dans une immense brasserie, prévue pour produire à terme 1,6 millions d’hectolitres. Le marché ivoirien est porteur.
"L'Afrique est notre source principale de croissance à l'avenir avec le développement de la classe moyenne", explique à l’époque le président Afrique du groupe néerlandais, Roland Pirmez. Ajoutez à cela la jeunesse de la population, le faible coût de la publicité et la réglementation assez lâche, vous avez un terrain idéal de développement.
Santé publique
Face à cela, les enjeux de santé publique semblent peser bien peu. Ainsi, dans les années 2010, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale ont vu se développer la vente d’alcool en sachet. Des doses de 5 ml de whisky, vodka ou gin sont vendues entre 100 et 150 francs CFA (entre 0,15 et 0,22 euros) à la porte des établissements scolaires. Selon plusieurs médias, les lycéens consomment entre deux cours. Accoutumance garantie, les alcooliers préparent ainsi le terrain.
La plupart des pays ont réagi en interdisant la vente de ces produits. Au Cameroun, l’interdiction remonte à 2014. C’est l’un des premiers pays à avoir réagi face à cette menace d’addiction. Pourtant à en croire le site internet Actu Cameroun, "cinq ans après cet arrêté ministériel, la vente de ces produits se porte toujours bien."
Les professionnels avaient deux ans pour écouler leur stock. Force est de constater, selon les journalistes sur place, que les produits sont toujours disponibles. "Il n’y a pas de contrôle", explique une vendeuse du marché de Yaoundé à Géraldine Ivaha, de Cameroon-info.net. Si des salariés du ministère du commerce passent, "on leur fait savoir qu’on n’est pas au courant de l’interdiction et s’ils insistent on s’arrange et ils s’en vont."
Le Sénégal également a interdit la vente de l’alcool en sachet. Et ici aussi, la consommation continue. Pour Alioune Samb, le chef du service régional du commerce de Thiès (ouest), il s’agit d’un trafic à petite échelle. Une revente d’alcool en bouteille reconditionné dans des sachets afin de toucher un public jeune. Selon Alioune Samb, cela ne constitue pas "une production industrielle". Sans doute pas une production industrielle, mais en tout cas un véritable trafic.