SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
21 juillet 2025
FIN DE «L’EXIL »
Karim se libère enfin de sa prétendue “prison’’ dorée de Doha, après l’écoulement du délai prononcé par la Crei. Reste à savoir si l’homme fort du PDS osera remettre les pieds à Dakar où les tenants du pouvoir l’ont toujours menacé de contrainte par corps
Inculpé en avril 2013,condamné à 6 ans ferme en février 2015, “gracié’’ en juin 2016, Karim Wade se libère enfin de sa prétendue “prison’’ dorée de Doha, après l’écoulement du délai prononcé par les juges de la Crei. Renforçant, du coup, la thèse du “deal international’’ qui l’aurait contraint, jusque-là, à rester dans son pays d’accueil pour purger le reste de sa peine.
“Le président de la République, par décret n°2016-880 du 24 juin 2016, a gracié Messieurs Karim Meissa Wade, Ibrahima Aboukhalil dit Bibo Bourgi et Alioune Samba Diassé. Il convient de préciser que cette mesure dispense seulement les condamnés de subir la peine d’emprisonnement restant à courir. Ainsi, les sanctions financières contenues dans la décision de justice du 23 mars 2015 et la procédure de recouvrement déjà engagée demeurent’’.
C’est en ces termes très laconiques que la présidence de la République avait, le 24 juin 2016, vers les coups de 3 h du matin, rendu public que le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade a bel et bien été gracié. Depuis lors, jamais l’ex-célèbre prisonnier n’a été entendu nulle part, en dehors du Qatar. Même pas en France pour rendre visite à ses parents ou filles, alors même que ces derniers y étaient domiciliés. Hier, les choses ont pris une toute nouvelle tournure. Le quotidien “L’As’’ a, en effet, révélé que l’ancien pensionnaire de Rebeuss a été aperçu à Kigali, au Rwanda, par le journaliste Mamadou Thierno Talla.
“Selon Mamadou Talla qui raconte la scène surréaliste, Karim Wade, habillé en noir, de pied en cap, s’apprêtait à entrer dans le mémorial (du génocide de Kigali) en compagnie de quatre autres personnes, lorsqu’il l’a aperçu. Complètement médusé, notre interlocuteur rapporte qu’il a aussitôt ôté ses lunettes avant de les remettre pour vérifier s’il rêvait ou pas’’, rapporte le journal qui ne rate aucun détail des échanges entre les deux hommes. Malgré les tentatives de certains responsables du parti libéral de démentir l’information, tout tend à croire en sa véracité.
Joint par téléphone, Amadou Ba, Directeur de la publication, confirme et ajoute : “C’est même ridicule et de mauvaise foi que de vouloir remettre en cause cette information. Les deux hommes se connaissent parfaitement. Je ne sais pas pourquoi certains veulent nier l’évidence. Thierno Talla a voulu même le prendre en photo, mais Karim a refusé.’’
Mais si “EnQuête’’ parle de ces faits, c’est surtout parce qu’ils corroborent parfaitement une information reçue, il y a longtemps, mais dont il ne disposait pas de suffisamment d’éléments probatoires pour la traiter. En fait, certaines sources se sont toujours interrogées sur le fait que l’ancien ministre d’Etat soit, depuis sa libération, resté cloitré à Doha.
Soutenant bec et ongles, à l’instar des membres du Pds, que l’ancien détenu a été “’exilé’’ au Qatar pour y purger le reste de sa peine. Pour étayer leur propos, ils invoquaient “la non disponibilité’’ du décret de grâce, dument signé et publié par le chef de l’Etat. En tout cas, ce qui est constant, c’est que trois ans après sa supposée “déportation’’ à Doha, Karim daigne enfin sortir de la capitale qatarie. Si l’on y ajoute les trois autres années passées à Rebeuss, cela fait exactement six ans, soit la peine prononcée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite en mars 2015. Autant d’éléments de nature à renforcer la thèse avancée à l’époque par Idrissa Seck. En effet, déjà au lendemain de sa libération, le leader de Rewmi évoquait la thèse d’un “deal international’’ conclu entre l’Etat du Sénégal, l’Etat du Qatar et les Wade. Pour sa part, l’opinion a pendant longtemps épilogué sur les circonstances rocambolesques de cette libération.
Pour rappel, Karim Wade est sorti de Rebeuss vers les coups de 1 h 30 du matin. Par la suite, il a été conduit directement chez Maitre Madické Niang où il devait rencontrer le fils ainé de Cheikh Sidi Mokhtar Mbacké, alors Khalife général des mourides. Après des séances de prières, l’ex-détenu, escorté, s’est immédiatement ébranlé vers l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Sans placer un mot à l’endroit de ses sympathisants qui, malgré la fraicheur de la nuit, avaient tenu à l’accueillir.
Sur le tarmac, l’attendait déjà un hôte bien spécial, en la personne du procureur général du Qatar. Finalement, c’est entre 3 h et 4 h du matin que l’avion s’est envolé pour Doha, avec à son bord Karim Wade, le procureur général qatari et Madické Niang.
S’exprimant devant la presse, l’alors ministre de la Justice, Sidiki Kaba, s’était limité à affirmer que le président Macky Sall avait décidé de gracier le fils de son prédécesseur ainsi qu’Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi et Alioune Samba Diassé pour des raisons humanitaires. “Une fois gracié, disait-il, Karim Wade est libre d’aller où il veut, au Sénégal ou ailleurs. Si vous voulez savoir où il se trouve, allez lui poser la question’’, tranchait-il, interpellé sur la destination de l’opposant politique. Ce qui avait d’ailleurs fait parler beaucoup d’observateurs, particulièrement les avocats et proches de l’ex-prisonnier qui n’ont cessé de parler d’exil.
Reste à savoir si l’homme fort du Pds osera remettre les pieds à Dakar où les tenants du pouvoir l’ont toujours menacé de contrainte par corps.
DU PAIN SUR LA PLANCHE DES BOULANGERS
''L'application du nouveau règlement sera contraignante pour les boulangers qui ne sont pas aux normes''- Amadou Gaye refuse la diversion
Les boulangers ne parlent pas le même langage. En effet le regroupement des boulangers du Sénégal a entamé ce mardi une grève de 72h sans pain. Ils fustigent le manque de réaction des autorités par rapport à leurs doléances dont l’application de la vérité sur l’augmentation du prix du pain. Par contre au meme moment, le président de la fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs), Amadou Gaye rassure les consommateurs parce que sa fédération n’a donné aucun mot d’ordre de grève.
« La fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs) qui est dans toutes les régions du Sénégal n’a donné aucun mot d’ordre de grève. Donc je tiens à rassurer les gens par rapport à cette information. Notre revendication principal par rapport à la réglementation a été satisfaite . Nous avons bien dit à l’Etat que nous voulons une solution définitive des problèmes de la boulangerie sénégalaise. Et nous avons mis deux mois à faire un projet de décret qui va réguler le secteur. Parce que les boulangers sont pris en otages par le système», dit-il sur Iradio. Avant d’ajouter que «le nouveau decret va interdire le système des intermédiaires. Il n’est plus question que quelqu’un livre du pain sans avoir un registre de commerce ».
Toutefois, Amadou Gaye renseigne que «l’Etat a accepté la mise en place d’un nouveau format supérieur qui permettra aux boulangers de faire le pain par rapport au gramme».
Le président de la Fnbs invite « l’Etat à prendre ses responsabilités. Parce qu’il y a ceux qui ne veulent pas que la nouvelle réglementation entre en vigueur sont dans la diversion pour qu’on n’applique pas le nouveau règlement. C’est ça la réalité.
Ainsi, Amadou Gaye indique que l’application du nouveau règlement sera effectivement contraignante pour les boulangers qui ne sont pas aux normes. « Nous avons travaillé pendant des années pour qu’on obtienne ce nouveau projet de décret. Il n’est plus question qu’on nous fasse de la diversion», a-t-il conclu.
Par MAHMOUDOU WANE
AMATH DE CŒUR
Amath Dansokho est au confluent de plusieurs torrents en même temps qu’il est le reflet de leur impétuosité.
«Quand le soleil s'éclipse, on en voit la grandeur » – Sénèque
Par quelle entrée accéder à la caverne d’Amath Dansokho ? Par le canal du politicien fougueux faisant feu de tout bois ? Celui de l’aventurier intrépide qui se risqua, sur les chemins de l’exil sans savoir ce qu’il allait advenir de lui ? L’homme sensible qui n’hésite pas à révéler son émotion par le mouchoir au moment où on s’y attend le moins ? Le leader charismatique qui, à coups de finesse, tenue et retenue, sut fédérer des forces politiques hostiles entre elles ? Peut-être par tous ces bouts à la fois. Amath Dansokho est au confluent de plusieurs torrents en même temps qu’il est le reflet de leur impétuosité
Par quelle entrée accéder à la caverne d’Amath Dansokho ? Par le canal du politicien fougueux faisant feu de tout bois ? Celui de l’aventurier intrépide qui se risqua, sur les chemins de l’exil sans savoir ce qu’il allait advenir de lui ? L’homme sensible qui n’hésite pas à révéler son émotion par le mouchoir au moment où on s’y attend le moins ? Le leader charismatique qui, à coups de finesse, tenue et retenue, sut fédérer des forces politiques hostiles entre elles ? Peut-être par tous ces bouts à la fois.
Amath Dansokho est au confluent de plusieurs torrents en même temps qu’il est le reflet de leur impétuosité. Tempête et zéphyr ; calme et explosif ; froid et sensible ; loyal et libre ; doux et terrible ; chinchilla et lion, “l’enfant de Kédougou’’ est tout cela. Comment comprendre cette ambivalence ? S’agit-il d’ailleurs d’ambivalence ?
En vérité, Amath Dansokho fut la synthèse vivante et intelligente de pulsions contradictoires. Il pouvait être terrible, presque suicidaire dans l’action, lorsqu’arrive le moment du combat. Mieux vaut alors être de son camp. Mais lorsque la voix Colombe tonne en lui, parce que le clairon annonce des lendemains meilleurs pour le peuple, le “lion’’ savait radicalement se transformer, comme il l’a largement prouvé, pour dépasser les contradictions politiques et créer un nouvel ordre. Mais, à notre humble avis, son vrai trait de charisme est son cœur. Sa lumière est dans la poitrine et elle ne pouvait aucunement être contenue lorsqu’elle irradie. Le véritable fil d’Ariane pour connaître Amath Dansokho, c’est son cœur. Visitons le donc ! Ce petit appareil irradie tout son cerveau.
C’est pourquoi, même briefé par la Direction de son parti (le Pit est, à mon avis, le parti le plus démocratique du Sénégal), Dansokho y allait de son grain de passion. Mais toujours l’axe central reste la bienveillance. Plusieurs fois, je l’ai vu distribuer de l’amour comme rarement savent le faire les politiques.
De la bonne humeur partout, même quand le pays est sur le point de brûler. Autour de sa table à manger, de son salon modeste, dans la rue et même dans les restaurants de Dakar, Amath était le même. Il administrait la même bise chaleureuse à la serveuse dégoulinant de sueur qu’au patron de la maison. J’ai vu ça de mes propres yeux. Je n’ai jamais pu percer le mystère de ce talent qui l’habitait, presque à fleur de peau, qui faisait qu’il pouvait adapter son niveau de discours en fonction de son vis-à-vis. Il savait, en effet, baisser le niveau du curseur jusqu’à se hisser à la hauteur de son interlocuteur et lui parler le langage qu’il pouvait entendre. J’ai vu des visages tendus arriver chez lui, alors qu’il habitait à Imofrom à Mermoz, dans le fameux appartement d’où se sont tenues les réunions de l’opposition de 2001 à 2012, repartir illuminés par le simple bonheur d’avoir été bien accueillis, servis et bien accompagnés jusqu’à la porte. Il recevait le paysan de Kédougou avec la même chaleur qu’il recevrait un Moustapha Niasse. Ecce Homo ! On aurait facilement pu inscrire au fronton de son appartement : “Que nul n’entre ici s’il n’est pas généreux.’’
Pas seulement les politiques, tout le monde défilait : intellectuels, artistes, anarchistes, religieux, journalistes, paysans, ouvriers etc., personne ne s’empressait de quitter, lorsqu’on pénètre dans son territoire. Il y est souverain parce que c’est son cœur qui gouverne les lieux. Chacun s’y croit roi. Personnellement, c’est ce qui m’a fait aimer l’homme que j’ai connu grâce à Sémou Pathé Guèye, alors que j’étais étudiant en première année de Philosophie à l’Ucad, avec Souleymane Jules Diop, Birane Thiam, Marie Louise, etc.
Bref ! Ce tempérament quasi unique est la base de son charisme. Ce qui fait d’ailleurs qu’il n’a jamais eu besoin d’un cabinet de com’ pour faire la Une de journaux. On pourrait penser que c’est un “don’’ du Ciel. Mais à bien l’écouter, on sent bien que son âme a été sculptée dans les épreuves de la vie.
Sa personnalité a été fortement travaillée, que dis-je, forgée par l’exil. Il faut savoir que Dansokho a quitté très tôt la terre sénégalaise, pour d’abord s’exiler à Bamako au début des années 60. Il aura, avant cela, fait son baptême du feu à Saint-Louis, aux côtés de Majmouth Diop qui avait une grande affection pour le jeune Amath, selon les confidences du défunt. Puis Alger où il put rencontrer – très peu de personnes le savent – Che Guevara. Des combattants – de vrais – Kwame Nkrumah, Amilcar Cabral, Frantz Fanon, Mandela, pour ne citer que ceux-là, Dansokho en a vu au fil de sa longue traversée de désert qui le mènera à Alger, ensuite à Prague.
Prague où il rencontrera d’ailleurs sa femme, “Babette’’, Elisabeth Feller de son vrai nom dont le père, Marcel Feller fut un responsable très actif et charismatique du Parti communiste français (Pcf). Ce dernier aidera d’ailleurs très activement le Pit qu’il couva jusqu’à la mort. Forgé donc dans le feu et l’acier de l’exil, Amath Dansokho s’évertue à rendre le pays meilleur, dès son retour en “terre promise’’ en 1977.
De longues périodes de lutte, entrecoupées par des trêves qui se nomment Gouvernement de majorité présidentielle élargie en 1991 ou en 2000 alors que Me Abdoulaye Wade prenait les rênes du pouvoir. Et chaque fois le PIT, Amath Dansokho avec, quittait le gouvernement pour avoir dénoncé la “mal gouvernance’’ ou des “dérives naissantes’’. En vérité, ils n’ont jamais profité des fruits de leurs luttes. Leçons ! Que retenir donc de Dansokho ?
L’homme ne voulait point être idolâtré. C’est pourquoi il ne cachait point ses zones de faiblesses. Et bien souvent des mots sont sortis de sa bouche qui étaient de trop, mais pour excessifs qu’ils fussent, ils n’ont jamais été haineux. Je jure qu’Amath ne connaît pas la haine. Sans doute ne suis-je pas le Ciel pour sonder la profondeur des âmes, mais je ne l’ai jamais vu détester quelqu’un. Et, détail important, c’est un des rares marxistes à ne point incommoder les religieux, de quelque bord qu’ils soient. Sa vie, me semble-t-il, est une leçon de conduite, surtout pour les politiques. Leçons : pour avoir le cœur des hommes, il faut d’abord “nettoyer’’ le sien. Adversité politique ne signifie point détestation politique.
Son affection pour Me Abdoulaye Wade était réelle. Il aimait l’homme. Mais il n’a jamais compris pourquoi le “Pape du Sopi’’ ne pouvait pas discriminer entre les relations personnelles et les différends politiques. La singularité d’Amath réside indiscutablement dans cette capacité qu’il a de ne pas confondre intérêts stratégiques du pays – du continent ou des damnés de la terre, pour parler comme Fanon – et les sentiments qu’ils pouvaient avoir pour les uns et les autres.
Cela peut se nommer : grandeur !
Post scriptum :
J’ai été témoin, ces dernières années, de l’affection et de l’amour dont Babette, son épouse depuis plus de 50 ans, sans extravagance aucune, a su faire montre dans l’épreuve. Impressionné aussi par la fidélité de son camarade Pape Mbaye, par la présence continue et émouvante de son frère Alseyni et de ses enfants. De l’omniprésence intellectuelle de feu Sémou Pathé Guèye, Maguette Thiam et Samba Diouldé Thiam. De l’aile protectrice du Commissaire Tall. Mais surtout celle, bienveillante et très touchante, de celui qui fut, à mon avis, son meilleur ami : Babacar Touré, Pdg de Sud-Communication.
«IL FAUT QUE L’ÉTAT NOUS ACCOMPAGNE»
Augustin Senghor appelle à un sursaut pour sauver le football local
La situation de la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) ne laisse pas Me Augustin Senghor indifférent. Conscient des enjeux, il a une fois de plus lancé un appel à l’Etat pour sauver le football local.
Me Augustin Senghor appelle à un sursaut pour sauver le football local. Face au démarrage tardif du championnat lié notamment à plusieurs problèmes, le patron du football sénégalais est monté au créneau pour alerter. « On a aujourd'hui une bonne organisation, notre championnat se déroule normalement. Ce qui reste, ce sont les moyens. Et pour ces moyens- là, il faut que l'État comprenne que nous sommes un secteur économique à part entière. Chaque club utilise au moins une quarantaine de personnes qui sont rémunérées. Donc, il faut que l'État nous accompagne », a plaidé Me Senghor. Selon le président de l’US Gorée, l’Etat dispose de mécanismes pour accompagner le football local, englué dans une crise. « Les signaux sont au vert. Si chaque club recevait au moins 50 millions d'une société nationale, moyennant une visibilité, je pense qu'on en serait pas là. Nos joueurs resteraient ici et je suis certain qu'on pourrait même concurrencer les meilleurs clubs africains », a-t-il indiqué.
Pour un décollage du football local, Me Senghor estime que la visibilité sera un aspect taille. Ainsi, il invite les décideurs à s’intéresser au secteur, tout en appelant à la résolution du cas Star times, le partenaire chinois de la Ligue Pro. « Il faudra que les sponsors reviennent pour appuyer les clubs. Mais pour cela, nous avons une part de responsabilité. Nous devons régler les droits télé, notre championnat doit être visible. Cela peut être avec des télés étrangères ou nationales. Et pour cela, l'équation Star times doit être réglée. Aucun sponsor ne viendra, si derrière, il n'a pas cette visibilité, à travers la télé et les panneaux dans les stades », estime-t-il.
Pour décanter la situation dans laquelle se trouve la Ligue Pro, Me Augustin Senghor invite à des échanges pointus. « J'appelle tout le monde à la retenue. Qu'on se retrouve. La fédération, à travers son comité d'urgence et Conseil d'administration se retrouvera.
On se regardera dans le blanc des yeux pour se dire des vérités. La vérité n'est pas totalement du coté des clubs, mais elle n'est pas aussi totalement du coté des responsables de ce pays là. Il faut qu'on sache qu'aujourd'hui, le football est un bon ambassadeur pour notre pays, mais aussi un vecteur de développement, mais aussi d'occupation de notre jeunesse », a ajouté le président de la Fsf.
ABDOULAYE DIOP PROMET LA RELANCE DU FESTIVAL DE TAMBACOUNDA
Le festival en léthargie depuis deux ans, participe dans la valorisation du potentiel artistique et culturel de la région
Le ministre de la Culture et de la communication a rendu visite aux acteurs culturels de la région. Accueilli dans une grande diversité culturelle, il s’est réjoui du talent des artistes qui ont fait valoir le potentiel culturel de la région. Venu s’enquérir de leur situation, il a promis de relancer le festival de Tambacounda, absent depuis deux ans.
Cette année, si on en croit le ministre de la Culture et de la communication, le festival de Tambacounda aura bel et bien lieu. En léthargie depuis deux ans maintenant, Abdoulaye Diop, qui rencontrait les artistes de la région, a donné l’assurance quant à sa tenue et promet tout le soutien de son département pour une bonne réussite de l’événement. C’est au centre culturel régional où ila reçu les artistes et autres acteurs culturels de la région, que la tutelle s’est exprimée dans ce sens.
Le festival participe dans la valorisation du potentiel artistique et culturel de la région, a expliqué le ministre. C’est pourquoi, renchérit-il, notre département apportera tout le soutien nécessaire pour une bonne réussite de l’événement. Autre question abordée par le ministre, la rénovation du centre culturel. Interpellé par tous les intervenants sur la question, il promet d’apporter sa contribution à la réhabilitation du joyau. «Je suis venu avec le directeur en charge de la question dans ma délégation. Et au sortir de la salle, instruction va lui être donnée pour voir avec ses équipes ce qu’il y a lieu de faire pour redonner à la structure tout son éclat afin de permettre un meilleur épanouissement des artistes. Vous pouvez compter sur moi sur cet aspect et être rassuré que le ministère fera quelque chose», promet la tutelle.
Sur un autre registre, il est revenu sur l’appel lancé par le gouverneur pour une discrimination positive envers les régions comme Tamba et Kédougou. A ce niveau aussi, l’appel semble entendu car le ministre reconnaît que ces localités méritent une attention particulière. Et il sera donné des instructions, rassure-t-il, aux services de travailler à mieux aider les artistes de ces régions pour qu’ils puissent mieux porter leurs projets et mieux s’épanouir culturellement. Abdoulaye Diop a aussi rappelé les nombreux efforts faits par le gouvernement dans le secteur de la culture. Des indépendances à nos jours, martèle-t-il, jamais un gouvernement n’a autant fait pour le monde de la culture. En attestent le Fopica mis en place, le fonds pour le livre et celui pour les cultures urbaines, entre autres appuis, détaille le ministre. Terminant ses propos, il a exhorté les différents acteurs à une union des cœurs et des esprits pour un développement du secteur.
LA LIGUE PROFESSIONNELLE DE FOOTBALL EN ZONE DE TURBULENCE
Alors que certains clubs ont même repris les entrainements, aucune date n'a jusque là été retenue pour le démarrage de la saison 2019-2020
Rien ne va au niveau de la Ligue professionnelle. Alors que certains clubs ont même repris les entrainements, aucune date n'a jusque là été retenue pour le démarrage de la saison 2019-2020. Une situation qui ne rassure pas, à l’entame de la 10ème année de professionnalisation de la discipline au Sénégal.
Alors que les clubs devraient être dans leurs derniers réglages pour entamer la saison, la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) peine toujours à trouver une date adéquate. Réuni le 20 août dernier, le bureau de la LSFP a échoué dans sa tentative de fixer une date pour le démarrage de la saison 2019/2020. « Au regard de la situation dans laquelle se trouve la LSFP, aucune date de démarrage des compétitions n’a été proposée », indiquait le texte. Dans une impasse totale, le bureau de la LSFP avait annoncé une réunion d’urgence pour décanter la situation. « Un Conseil d’administration d’urgence se réunira incessamment pour apprécier la situation actuelle de la Ligue Pro et décidera de la date de démarrage de la saison 2019/2020 », pouvait-on lire dans le communiqué. Mais cette donne semble inquiéter les acteurs du football, plus que jamais dans l’incertitude.
LA LIGUE PRO ASSAILLIE PAR DES DIFFICULTES FINANCIERES
A l’heure où elle boucle ses dix ans d’existence, la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) fait face à d’énormes problèmes financiers. « Nous avons des difficultés ; en 2009, l'Etat du Sénégal avait pris l'engagement d'accompagner le football professionnel. On ne peut pas faire du foot professionnel au Sénégal, sans l’accompagnement de l’Etat dans le processus », a révélé Ousmane Thiané Sarr, trésorier général de la Lsfp, dans une sortie sur la RFM. Invité dans la même émission, l’économiste Mounirou Ndiaye semble avoir un avis nuancé. « Il y a des Sénégalais qui sont intéressés par le football et d'autres moins. Je pense que l'État peut être un catalyseur pour sortir les financements initiaux qui vont permettre de faire éclore le potentiel financier, sportif. L'Etat ne doit être qu'à la base. Mais le reste, il faudrait que ceux qui utilisent le sport puissent quand même contribuer au développement de ce sport là.
Il y a des Sénégalais qui diront qu'ils ne regardent pas le football, car cela ne les intéresse pas. Mais l'État ne doit pas mesurer ce qu'il doit mettre dans le football pour faire attention à ceux qui ne sont pas intéressés par cette discipline », affirme l’économiste. Présent à Thiès lors de la rencontre Génération Foot / LPRC Oilers, le président de la fédération sénégalaise de football (Fsf) Me Augustin Senghor a évoqué la précarité des clubs sénégalais à faire face à leurs charges. « Le problème est que le football sénégalais repose aujourd’hui sur un pied. Puisque nous ne sommes ni subventionnés, ni accompagnés par les sponsors, comme c’est le cas de certains pays. Les clubs sont obligés de vendre chaque année leurs joueurs pour pouvoir s’engager dans la saison suivante. Nos joueurs locaux touchent des salaires infimes, comparés aux autres pays d’Afrique, mais également d’Europe », a déploré le patron du football sénégalais.
LE SPONSORING EN QUESTION
Outre les difficultés financières, la Ligue Pro doit encore faire face à l’absence de sponsors. Rares sont les clubs qui parviennent à convaincre quelques privés. Et au niveau de l’instance dirigeante, cette question du sponsoring a toujours été agitée. L’arrivée de la firme chinoise Star times avait redonné un peu d’espoir aux acteurs du foot. Mais jusque-là, les problèmes demeurent. « Depuis des années nous n’avons personne pour nous accompagner. Et au moment où nous avons pu décrocher celui sur qui nous pouvions compter pour décoller, l’Etat à travers ses démembrements, nous met des bâtons dans les roues », a déploré Ousmane Thiané Sarr, par ailleurs président du club Port autonome de Dakar. Et de l’avis de Mounirou Ndiaye, il faudra revoir le système. « Je pense que l'Etat qui a en la responsabilité, est défaillant sur le plan sportif. Quand vous allez au Ghana ou en Côte D'Ivoire, vous allez découvrir pourquoi les clubs de ces pays nous dominent souvent. Ce sont des pays qui disposent d'infrastructures permettant aux jeunes de pratiquer. Ici, nos jeunes jouent dans la rue. Donc il faudrait un accompagnement dans le financement des infrastructures », soutient l’économiste.
Toutefois, il estime que les acteurs ne devraient pas tout attendre de l’Etat. A l’image des grands clubs du monde, ils doivent eux aussi trouver des mécanismes pour être autonomes. « Ceux qui utilisent le sport doivent eux aussi trouver des moyens de se financer. Cela peut se faire à travers les stades, les abonnements, la vente des maillots ou encore les droits de diffusion. Il faut que les Sénégalais soient conscients que ce n'est pas en s'abonnant à Canal qu'ils vont financer le football africain. Le modèle financier de notre sport doit être repensé. Il y a des pays qui font des efforts et le Sénégal ne doit pas être en reste. Ce n'est pas facile, mais il y a tout un arsenal juridique, économique et financier à remobiliser », a ajouté M. Ndiaye.
ABC OUBLIE SON ALPHABET
Le médiateur de la République, habitué à de fortes déclarations sur l’affaire Khalifa Sall, a refusé de commenter la dernière sortie du président Macky Sall
Alioune Badara Cissé a refusé hier de réciter son alphabet. Le médiateur de la République, habitué à de fortes déclarations sur l’affaire Khalifa Sall, a refusé de commenter la dernière sortie du Président Macky Sall sur cette dite affaire dans les ondes de Rfi disant qu’il accorderait une grâce à Khalifa Sall, le jour où il en aurait «la volonté et le désir». Il déclare : «Je n’ai pas écouté cette interview, je ne peux pas en parler.» A la question de savoir s’il a déjà fait une médiation pour sortir Khalifa Sall de prison, en sa qualité de Médiateur, le patron de la médiature fait planer le doute : «Je ne vais pas répondre à cette question.»
Pourtant il avait déclaré au micro de Dakaractu le 5 juin dernier, après la prière de la fête de Korité, qu’il «avait pris des dispositions pour faire libérer Khalifa Sall». Le médiateur de la République s’est, en outre, beaucoup épanché, en marge de la cérémonie d’installation de son correspondant à Thiès, sur le rôle qui lui est assigné. Il a surtout attiré l’attention sur le fait que le Médiateur est nommé par le président de la République et ce dernier ne peut le révoquer. «Il est protégé à tel point que dans l’entendement de l’autre il est patron de celui qui le nomme.» Pour dire que «le médiateur est protégé mais pas au-dessus de la loi».
UNE CENTAINE DE REQUETES PROVIENT DE THIES, D’APRES ABC
La cérémonie officielle d’installation du correspondant du Médiateur à Thiès a permis à Me Alioune Badara Cissé d’annoncer qu’une centaine de requêtes sont en provenance de Thiès.
Et le médiateur de la République d’expliquer que la plupart de ces requêtes sont d’origine ou d’essence foncière ou des réclamations de nature salariale ou de pension. «Thiès à des industries historiques qui, pendant longtemps, n’ont pas été à jour par rapport à leurs anciens employeurs. Et dans cette phase de rattrapage et de régularisation, le médiateur a été très actif. Il y a également beaucoup de litiges fonciers, peut-être pas trop, dans le département de Thiès, mais dans le grand département de Mbour. La frénésie autour de la terre est devenue une réalité dans notre pays. Mbour et son espace maritime en regorgent énormément et au-delà de Mbour jusqu’aux limites de Pointe Sarène et partout ailleurs».
Il rassure : «Nous nous y attelons, parce que les réclamations foncières, ce sont des conflits permanents entre le droit foncier ancien et celui qui est nouveau, mais également le droit traditionnel, les titres de propriétés anciens que la loi ne reconnaît plus. Et ce sont des drames dans les familles parce qu’elles vendent et la vente est contestée par un autre qui a eu le temps de régulariser.
Ce sont des arrestations, des emprisonnements et tant d’autres choses pour quelqu’un qui ne pense pas avoir violé la loi parce que l’espace foncier qu’il vient de céder à titre onéreux aurait appartenu à ses arrière-grands-pères». Il fera noter : «Nous avons une satisfaction parce que les réclamations qui sont portées à la Médiature ne se règlent pas d’un seul coup de fil. Il faut beaucoup de suivi et de ténacité, de perspicacité. Et souvent les réticences administratives ne sont pas seulement dressées contre les populations, elles sont aussi dressées contre nous.» Et de signaler que sur «le plan national, le taux de résolution de la Médiature est à prêt de 40 à 45% pour chaque année». Parce que, explique Alioune Badara Cissé, «les conflits durent plus d’une année pour leur résolution. On peut être saisi en 2019 et la solution définitive n’interviendra qu’en 2023. C’est difficile de tenir des statistiques à ce niveau».
400 agents d’hygiène à la retraite réclament 3 milliards Au cours de la cérémonie d’installation du correspondant du médiateur de la République à Thiès, les doléances n’ont pas manqué. Les 400 agents d’hygiène à la retraite ont sollicité l’appui du médiateur de la République, Me Alioune Badara Cissé, pour régler les 3 milliards de francs Cfa que l’Etat du Sénégal leur doit. Leur porte-parole, Ousmane Diop, soutient : «Nous avions rencontré l’ancien directeur de Cabinet du Président, Omar Youm, mais il nous avait dit que l’Etat du Sénégal ne pouvait pas nous payer cette somme qu’il considère colossale, alors que c’est notre dû.» En effet, ces retraités du Service d’hygiène ont perçu pendant 20 ans (1981-2001) des salaires variant entre 38 et 40 mille francs CFA avant de voir leurs salaires régularisés par l’ancien Président, Me Abdoulaye Wade, en 2001. Mais depuis, ils courent toujours après l’Etat pour recevoir leur argent.
DE GROS NUAGES PLANENT SUR L’ANNÉE SCOLAIRE
Les syndicats d’enseignement ont sonné l’alerte lundi lors de la cinquième session pré-rentrée initiée hier à Saly par le Haut conseil du dialogue social
L’année scolaire risque de connaitre des perturbations, les syndicats d’enseignement ont sonné l’alerte hier lors de la cinquième session pré-rentrée initiée hier à Saly par le Haut conseil du dialogue social pour une année scolaire apaisée et moins de conflits.
L’année scolaire 2018 a connu une accalmie et s’est déroulée sans heurt. Mais celle qui pointe son nez à l’horizon risque d’être mouvementée. C’est pourquoi, le Haut conseil du dialogue social a initié une cinquième session prérentrée pour arrondir les angles, afin d’éviter que l’année scolaire connaisse une crise. La présidente du Hcds, Mme Innocence Ntab Ndiaye, rappelle que l’absence de crise en 2018 a été l’œuvre du monitoring fait par l’ancien Premier ministre. «Nous voulons donc consolider cette accalmie, faire en sorte que cette année, nous ayons le même apaisement du secteur, mais cela passe nécessairement par deux choses : par la mesure du niveau d’application des accords signés le 30 avril, mais aussi par le renforcement des capacités des acteurs. Nous avons estimé que le déficit de formation est une cause de pérennisation des crises dans le secteur et nous avons mis en place une commission mixte composée aussi bien des plénipotentiaires des syndicats que de l’Administration», a assuré Mme Ntab.
La rupture du monitoring décriée
Malgré cette intention, les acteurs sont très inquiets du fait du monitoring qui connait actuellement une rupture depuis la formation du gouvernement. Mais face à cette nouvelle situation, le Haut conseil du dialogue social promet une issue heureuse. «Pour le monitoring, nous avons initié des actions qui sont encore en cours. L‘autorité a été saisie parce qu’effectivement, ce monitoring rapproché avait permis aussi bien au haut conseil en relation avec la Primature qui aujourd’hui n’est plus dans l’architecture institutionnelle de notre pays, de travailler pour ce résultat. Donc, c’est une situation nouvelle à laquelle les autorités vont faire face. Il s’agit juste de désigner une autorité qui pourrait assurer ce monitoring en relation avec le Haut conseil et les syndicats, car nous sommes signataires des accords. L’autorité a été saisie, nous avons tenu une réunion de haut niveau avec le ministre d’Etat auprès du président de la République,Mahmouth Saleh, pour évoquer cette question», a déclaré Mme Innocence Ntab .
Des propos qui sont loin de rassurer les syndicats d’enseignants. Leur porte-parole, Abdoulaye Ndoye, Secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems), représentant le G7, les syndicats les plus représentatifs dans le secteur de l’éducation et de la formation, avertit sur les gros nuages qui planent sur l’année scolaire. Il explique : «Pour cette session pré-rentrée scolaire du Hcds, nous avons pris de manière précise, nette et claire que la stabilité du système éducatif dépendra de l’application stricte des accords consignés dans le protocole signé le 30 avril 2018, mais également la reprise des négociations avec le syndicats des inspectrices et inspecteurs, ce syndicat est en grève depuis plusieurs mois et n’a pas d’interlocuteurs.»
Ce dernier de lister les points sur lesquels ils attendent la réponse du gouvernement : «Il y a la question des lenteurs administratives qui persistent toujours et il n’y a pas d’indicateurs pour mesurer le niveau de production des actes et les lenteurs administratives plombent la carrière des enseignants. Il s’agit des actes d’intégration, d’avancement, de validation et de radiation. Il y a les prêts Dmc, l’engagement pris par le gouvernement dans le protocole d’accord et durant les séances de monitoring, cet engagement n’a pas été respecté. On n’a pas versé les deuxième et troisième tranches, alors que c’est un engagement ferme du gouvernement du Sénégal. Il y a la question des parcelles non viabilisées, cet engagement n’a pas été également honoré. Le paiement des rappels, les retards sont inquiétants de même que les alignements.
Mais la question des mises en solde, cette année l’objectif était de mettre en solde 10 000 enseignants, entre janvier et juin 2019 on n’a mis en solde 2000 enseignants, c’est grave et c’est inquiétant. Il y a aussi, la lancinante question du système de rémunération qui a fini de fédérer toutes les organisations syndicales enseignantes, tous les agents de la Fonction publique.» Pour cette rentrée des classes, les syndicats d’enseignants veulent des mesures fortes. «Il ne s’agit plus de négocier, ni de discuter.
Donc, le Haut conseil doit veiller à l’application des accords si l’on veut une année scolaire stable et apaisée, parce que nous avons une stabilité précaire. Nous sortons d’une année électorale, mais vous n’avez pas entendu les syndicats, nous ne sommes pas des politiciens. Nous allons continuer le combat, maintenant nous avons alerté, nous sommes à un mois et demi de l’ouverture des classes, il incombe aujourd’hui, au président de la République de régler ce problème.
Il faut aller très rapidement dans les sens de la matérialisation des accords, manifester une volonté politique, faire de l’école une priorité si on veut un enseignement de qualité», a martelé de façon catégorique le porte-parole du G7. Très déterminés à en découdre avec le gouvernement, les syndicats d’enseignants avertissent : «Si toutes ces conditions ne sont pas satisfaites, la hache de guerre sera déterrée. Nous sommes un syndicat, notre rôle c’est de défendre nos intérêts.»
Manque criant de professeurs
Les syndicalistes soulignent aussi que le Sénégal fait face à un manque criant de professeurs dans certaines disciplines. «Aujourd’hui, nous avons un déficit criard de professeurs de mathématiques, de philosophie et d’espagnol, parce que le secteur n’est plus motivant. Même si on forme 2000 professeurs de maths, s’ils ne sont pas mis dans de bonnes conditions, ils vont quitter l’enseignement pour aller ailleurs», indique M. Ndoye. Il ajoute qu’un enseignant qui a Bac +6 qui a fait 30 ans de carrière, ne peut même pas avoir un salaire de 450 000 francs CFA.
Aujourd’hui, dit-il, «les salaires tournent autour de 200 000 francs CFA et les enseignants représentent 70% de la Fonction publique mais ils représentent 11.6% de la masse salariale et le président a dit que le Sénégal a une masse salariale de 1000 milliards, c’est-à-dire il y a problème quelque part». Ainsi, les syndicats d’enseignants invitent le gouvernement à prendre ses dispositions. Face à une telle situation, l’Union nationale des parents d’élèves et des étudiants du Sénégal (Unpees) a invité le gouvernement à mettre les vacances à profit pour se pencher de manière définitive sur toutes les questions qui agitent le système pour que cela se passe dans les meilleures conditions.
Selon Abdoulaye Fané, le président, la préoccupation des parents d’élèves, c’est de faire en sorte qu’il y ait un système éducatif performant à travers des enseignements-apprentissages performants dans le cadre d’une école de la réussite pour tous. Mais dira-t-il, cela requiert que les accords soient respectés et appliqués. «De février 2014 à avril 2018, il s’agissait de stabiliser, le gouvernement avait pris des engagements et nous les appelons à respecter les engagements. Le monitoring qui avait été fait par le Premier ministre a été fait de manière géniale et nous pensons que si les questions ne sont pas respectées pendant les vacances, je crois qu’elles risquent de resurgir et ce sera au détriment du système éducatif», plaide le président l’Unapees.
«LA SITUATION SOCIALE EST FAVORABLE À DES AFFRONTEMENTS»
Le secrétaire général de la CNTS/FC s'exprime sur l'actualité sociopolitique nationale, dans un contexte tendu
Déclaration controversée du Président du 1er mai dernier, signature d’une convention collective dans le secteur du pétrole, état des lieux des accords dans le secteur de l’éducation, les premiers actes de la présidente du CESE Aminata Touré. Le secrétaire général de la CNTS/FC est revenu sur toutes ces questions dans cet entretien avec «L’As» avant d’alerter sur la situation sociale.
En quoi consiste cette convention collective des travailleurs du secteur du pétrole que vous venez de signer ?
Nous venons il y a deux semaines de signer la convention collective de la branche pétrole et gaz. C’est un travail qui a duré presque 3 ans de négociations et nous venons enfin de conclure la convention pour le pétrole. Une première au Sénégal qui règle en fait beaucoup de problèmes à l’orée de l’économie pétrolière que nous allons connaitre. Donc, il était extrêmement important avant d’engager cette économie pétrolière, de régler la question des textes qui régissent le dialogue social dans le secteur du pétrole étant entendu que le syndicat du secteur du pétrole est un syndicat historiquement responsable, qui a toujours initié des procédures de dialogue social. Il apaise le secteur, parce que nous savons que c’est un secteur stratégique de notre économie nationale. C’est un secteur qui a besoin de stabilité mais également de partager correctement la croissance générée par les travailleurs. C’est la raison pour laquelle, nous avons dans un premier temps négocié ce qu’on appelle l’indexation du coût de la vie au salaire. Cela veut dire deux fois par an, on calculait l’inflation et indexait les salaires à l’inflation. C’est une forme de négociation qui nous épargne de celles sur les augmentations de salaire. Nous avons réussi également ce qu’on appelle le pacte social.
Il a duré 3 ans durant lesquels nous anticipions sur tout ce qui pouvait être revendications et il n’y avait pas de conflits. A l’arrivée du président en 2012, il s’est inspiré du pacte pour effectivement négocier. C’est vous dire que le pétrole a toujours eu des initiatives qui confortent le partage correct des fruits de la croissance. Et aujourd’hui, nous avons ce qui manquait à savoir la convention et nous venons de la signer. Toutefois, il y a une partie du secteur du pétrole qui traine les pieds avec cette convention, c’est la section du transport des hydrocarbures qui ne se retrouvait pas dans la convention collective et qui avait demandé à ce qu’on négocie une convention annexe spécifique au transport d’hydrocarbure et nous l’avons accepté. Mais force est de constater que le gouvernement se rétracte, ce qui risque d’amener une perturbation dans le secteur du pétrole. Le syndicat doit déposer un préavis de grève pour amener les employeurs du transport d’hydrocarbure à poursuivre les négociations faute de quoi, le secteur risque d’être bloqué dans les semaines à venir.
Selon vous aussi, la part de la dette dans le secteur du pétrole est importante et avait un peu bloqué les négociations ?
Effectivement, la dette a impacté sur les négociations et c’est d’ailleurs ce qui a entrainé les lenteurs dans les négociations qui ont trainé sur plusieurs années. La dette dans le secteur du pétrole est devenue extrêmement lourde pour les sociétés importatrices comme La SAR et autres. Elle tourne autour de 300 milliards et c’est devenu insoutenable. C’est la raison pour laquelle nous pensons que l’Etat doit tout mettre en œuvre pour éponger cette dette qui a rendu très difficile nos négociations et continue à impacter le fonctionnement du secteur. Le secteur du pétrole est un secteur sensible et l’Etat doit aller vers l’apurement de cette dette qui en réalité concerne l’ensemble des entreprises du secteur privé, les BTP en particulier. Un mécanisme a été mis en place, mais il ne fonctionne pas .On avait mis en place le Fonds de Soutien à l’Energie (FSE) qui devait engranger en cas de prix bas sur le plan international des surplus pour alimenter la caisse .Et si les prix se relèvent ou que l’Etat maintienne les prix à la pompe, ce qui serait salutaire, la caisse devait jouer son rôle pour les importateurs et combler le gap Malheureusement cela n’a pas été le cas car les fonds qui devaient alimenter la caisse sont utilisés à d’autres fins.
C’est la raison pour laquelle, les travailleurs pensent que le FSE doit être géré autrement , par les acteurs avec l’Etat qui a un droit de regard .
Vous avez plaidé aussi pour une revalorisation du taux de participation du personnel dans le capital de la SAr ?
La SAR est en train d’être entièrement privatisée et le processus n’est pas encore à son terme. C’est l’Etat qui est majoritaire, mais il y a des actionnaires comme LOCAFRIQUE et ITOC qui sont actionnaires et qui cherchent à avoir le monopole. LOCAFRIQUE, particulièrement doit détenir près de 50% pour pouvoir contrôler entièrement la SAR .Aujourd’hui comme c’est le cas dans beaucoup de secteurs, nous pensons que les travailleurs doivent avoir au moins 10% du capital de la SAR .Ceci peut être une source de motivation, mais également une source de stabilité dans le secteur .Nous devons intéresser les travailleurs dans le capital des sociétés parce que ceci peut participer à booster la production et à apaiser le climat social dans les entreprises mais aussi à générer des négociations collectives de qualité .
Dans un autre registre, vous avez invité le président Macky Sall à épurer le passif social.
Disons que la situation du dialogue social se tourne autour de quelques points essentiels. Le passif social, la crise qui secoue le secteur de l’éducation et de la santé , le faible pouvoir d’achat des travailleurs, les inégalités avérées dans les rémunérations, la recrudescence des violations des droits des travailleurs dans certaines entreprises mais également il y a le retard des entreprises en difficulté .Voilà essentiellement les questions qui plombent le dialogue social .Pour ce qui concerne le passif social et l’Etat c’est d’abord les accords au niveau de l’éducation et de la santé mais également au niveau des ex-travailleurs de la SIAS et des chemins de fer .Ce passif là, l’Etat avait pris des engagements pour les résoudre. Nous avions fait beaucoup de rencontres. Il y avait une réunion interministérielle à l’époque avec le premier ministre le 10 mars 2017. Le président dit souvent que le passif est trop lourd mais celui qui concerne l’Etat n’est pas aussi lourd que ça. Ils ont même commencé à régler des dossiers. Au niveau des chemins de fer il y avait trois dossiers. Et le dossier sur les indemnités de salaire a été réglé. Il ne reste que les dossiers des ex temporaires et du plan social. Pour le secteur de la santé, les techniciens supérieurs de santé ont un problème qui me parait aussi urgent.
Ces techniciens sont sous classés par rapport à des agents qui sont sous leur supervision ou des agents qu’ils encadrent. Nous demandons à l’Etat de régler très rapidement cette question. Pour l’éducation, le chef de l’Etat avait posé un acte fort à la veille du premier mai 2018 en rencontrant les syndicats, en décrétant un monitoring. Mais je pense que la solution demeure le résultat de ces conclusions. Et aujourd’hui nous constatons que cette rencontre n’a pas encore produit tous ses effets. En plus, il y a un maillon très important du secteur de l’éducation qui est le corps des inspecteurs. Ce corps des inspecteurs avait fait plusieurs rencontres avec le Premier ministre de l’époque. Aujourd’hui, nous avons des propositions concrètes de protocole d’accord qui règlent définitivement le conflit qui sévit dans le secteur. Et nous étions en phase avec l’Etat et il ne restait qu’à se retrouver pour signer ce projet.
Mais est-ce que vous êtes optimiste si on sait que le président a dit qu’il ne pourra pas augmenter les salaires?
La déclaration malheureuse du chef de l’Etat lors du premier mai ne règle pas le problème à mon avis. Et il y a eu beaucoup d’incompréhensions à travers cette déclaration, parce que nous pensons que les revendications des organisations syndicales sont très précises. Dans la fonction publique, la question était de régler les accords dans la santé et dans l’éducation. Le passif des accords, c’est également de poursuivre les actes qui ont été posés lors de la rencontre avec le chef de l’Etat. Mais aussi et surtout d’ouvrir des négociations autour du système de rémunération qui est un système inéquitable. Pourquoi le chef de l’Etat met les pieds dans les plats en disant qu’il n’augmente pas les salaires ? Nous ne crachons pas sur la valorisation du taux indiciaire mais nous avons tellement de questions à régler avant de poser ce problème. La déclaration du président a malheureusement plombé les négociations surtout dans le secteur privé qui n’avait aucun problème en réalité.
Vous parliez des crises. A quoi faites- vous allusion ?
La situation est favorable aux affrontements : Faire une inflation tous azimuts tout en bloquant le pouvoir d’achat des travailleurs. Des négociations qui étaient entamées pour l’augmentation généralisée des salaires sont bloquées. Les négociations qui étaient entamées sur la convention collective interprofessionnelle sont bloquées à cause de la déclaration du chef de l’Etat. Donc il y a problème, il faut qu’on s’explique pour qu’on se comprenne sinon on va vers des confrontations. Ce qui n’est pas souhaitable et ce n’est pas aussi notre volonté d’aller vers cela. Notre finalité est de négocier et de trouver des solutions aux préoccupations des travailleurs. Mais en toute logique, la CNTS/FC est en train de se préparer à cette situation d’affrontements.
Par ailleurs, vous êtes membres du Conseil économique, social et environnemental, comment jugez-vous le baptême du feu de la présidente Mme Aminata Touré ?
En toute sincérité nous n’avons pas l’habitude de jeter des fleurs. Mais aujourd’hui, nous constatons pour cette première session que le Conseil s’inscrit dans une logique nouvelle qui doit produire des avis de qualité. Et la dynamique enclenchée par la présidente est une approche intégrale. Elle est en train de faire beaucoup de consultations, de motiver par des rencontres, par des discussions et par des échanges avec les groupes socio-professionnels pour dire son agenda. Dire son intention de faire travailler plus et mieux notre institution.
Beaucoup de voix s’élèvent pour dire que les leadeurs syndicaux sont devenus des hommes politiques encagoulés. Que répondez-vous ?
Bon cela n’engage que ceux qui le disent. Mais très souvent, les gens apprécient de manière superficielle. Mais nous, en tant que mouvement syndical, nous ne portons pas le complexe de l’opposant c’est-à-dire voir tout négatif. S’opposer coûte que coûte à l’Etat. Nous, encore une fois notre finalité, c’est le progrès social. Mais si l’Etat pose des actes en direction de ce progrès social, pourquoi ne pas accompagner ? Notre action s’inscrit dans celle du peuple.
Il y a une désunion dans le mouvement syndical. N’est ce pas un facteur de fragilisation ?
J’appelle à l’unité. Aujourd’hui, la dispersion des forces syndicales pose un problème. La désunion des entités du mouvement syndical pose problème. Je dois rappeler que le mouvement syndical repose sur deux piliers essentiels : l’élite engagée et le mouvement ouvrier. Pour l’élite engagée, comprenez-les organisations syndicales d’élite mais aussi les intellectuels de haut niveau engagés pour le progrès social. Ces deux piliers ont posé les fondements idéologiques du mouvement syndical. Aujourd’hui, il est malheureux de constater que dans beaucoup de syndicats d’élite, ils n’intègrent pas le mouvement ouvrier qui se retrouve dans les centrales syndicales.
Ils cheminent seuls, et c’est malheureux, parce que c’est développer le corporatisme. Encore que le corporatisme n’est pas le syndicalisme. Nous avons intérêt à inviter les enseignants entre centrales syndicales à se retrouver et à travailler ensemble. C’est un cri du cœur que je lance aux syndicats